EVENEMENT n°4 ♦ Le bal masqué

« Event #4 ¤ Le bal masqué. »

Ce soir c'est le grand bal, Mets du fard sur tes idées pâles.

Robe pourpre. Collier blanc en perle véritable. Chignon négligé. Bracelet en perle. Décolleté sur le côté. Masque rouge foncé avec des plumes blanches qui partaient sur le côté.

Telle une princesse russe dans ma longue robe, je rentrais non pas sans appréhension dans la salle des réceptions des premières classes. La dernière fois que j’y avais foulé le sol, c’était pour chanter au côté de Mathilde Garnier et il y a eut ce fou qui nous avait effrayé et le feu qui c’était déclenché… Qu’est-ce-que ce serait cette fois-ci ? J’avais longuement hésité à venir à ce bal masqué, je redoutais ce que j’allais y trouver. Finalement, James Spencer m’ayant poliment invitée, je lui ferais honneur de ma présence même si je n’avais pas précisé qu’elle serait ma tenue. Ce soir, c’était moi « la folle » qui foulait ce sol. Nous verrons bien. J’étais là également, non pas que pour ce séduisant première classe, mais aussi pour me venger du capitaine ! Encore lui, toujours lui. Je redoutais ce bal, nous serions naïfs de penser que nous sommes là pour nous amuser, néanmoins j’essaierais. Même si cela devait être la dernière danse… Il nous réunissait tous pour pouvoir nous tuer, j’en étais sûre ! Parano, oui je le devenais. A mon arrivé, déjà la musique se faisait entendre. La salle grouillait de monde, il y avait ceux qui hésitaient car ne sachant pas qui se cache derrière tels masques, et ceux qui tentaient leur chance par ci par là. Je regardais à travers mon masque si je reconnaissais le sourire charmeur de James mais non. Je regardais les gens avec un verre à la main, ou les hommes entouraient de femmes. Je ne le voyais pas. Quelles rencontres allais-je encore faire ? Certaines personnes, j’espérais ne pas les croiser. A force, d’errer ici je commençais à connaitre les passagers… et certains étaient comment dire ? A éviter. J’étais certaine que nous étions entre la vie et la mort. Que nous devions payer le prix de nos péchés, bientôt nous nous confesserions, bientôt nous serons brûlés pour rejoindre les enfers. Un serveur passa à côté de moi, je l’arrêtais délicatement par le bras, en baissant la tête silencieuse pour m’excuser de mes manières et je pris une coupe de champagne.

Mes jambes commençaient à bouger, et à tourner toutes seules au bruit de la musique. Telle une poupée, une danseuse dans une boite à musique je tournais sur moi-même en attendant mon prince charmant. Moi, perdre la raison ? Ayant des actions détachées ? Si peu encore. Si peu. Que craignons-nous ? Sinon la mort et encore… Je n’avais plus peur de rien, je n’avais pas peur du regard des autres. J’avais osé franchir les portes du fumoir ! Et quoi ? Je n’avais pas été brûlée vive telle une sorcière sur son bucher. J’osais donc danser seule en attendant mon cavalier et que les invités finissent d’arriver. Je n’étais pas la seule à avoir commencé à danser, certains avaient même attaqué le buffet comme des morts de faim. J’avais peur, je redoutais cette soirée mais je me montrerais forte qu’importe épreuves que je devrais endurer.

Ce soir, elle laisserait ses conflits filiaux et conjugaux à la porte de sa cabine. Ce soir, Ariane avait, une fois n’est pas commune, un sourire radieux affiché aux lèvres. Ce soir, elle chantonnait un petit air de Paris souvent repris dans les guinguettes ou les cabarets, car elle était d’humeur enjouée. Quoi de moins étonnant, les festivités du jour s’y prêtaient merveilleusement bien. Un bal ! Il fallait bien illuminer leur triste existence de morts-vivants de temps à autre, la situation était déjà assez morne comme ça. En somme, la jeune Valentyne ne savait pas qui était l’organisateur de l’évènement mais elle aurait pu le bénir.

Elle se leva de sa coiffeuse encore en bustier et jupons, lorsque Maxim pénétra dans leur cabine. Il était déjà prêt à se rendre dans la salle de réception des premières classes. Cela était très étonnant parce que son cher et tendre époux, n’aimait pas ce genre de soirées luxueuses. Mieux encore, il lui tendit un écrin. Il s’agissait d’un collier magnifique, il lui expliqua qu’il aurait voulu lui offrir lorsqu’ils auraient posé le pied sur le sol de New York, mais puisque cela n’arriverait jamais, il avait choisi l’occasion du bal pour le lui remettre. Pour cette charmante attention, tandis que l’architecte venait de s’asseoir sur leur lit, Ariane rampa à lui, féline à souhait à cet instant, et le gratifia d’un long baiser.

Sans plus attendre, il le lui mit autour du cou et en effet ce collier de saphir était magnifique. En outre, il irait très bien avec la robe qu’elle allait porter ce soir-là. Il s’agissait d’une toilette bleu roi faite de satin et d’un masque vénitien noir aux bordures de fils d’or à quelques plumes. Ces dames de la première classe n’avaient qu’à bien se tenir ce soir. Du pont inférieur où elle se trouvait encore, elle en dépasserait sans doute plusieurs, pas par sa beauté mais par son maintien ou sa façon de danser. Quelques-unes, trop occupées à se lamenter ou nées d’une caste bien inférieure et parvenues à leur place à cause de leur arrivisme, ne sauraient jamais ce que signifie le mot classe. Ariane n’était pas d’un naturel prétentieux à écraser les plus pauvres que soi, mais les plus insupportables si. Ce soir on la jalouserait.

Bon ce n’était tout de même pas son but premier, elle désirait tout simplement profiter de la fête en compagnie de Maxim. Ils arriveraient peut-être à avoir une conversation sans qu’elle ne devienne houleuse. Elle lui avait interdit d’évoquer sa mère ou son père pour ce soir. Il avait accepté et depuis le lever du jour il tenait parole. Même lorsqu’il aida à revêtir sa robe et à attacher une épingle à cheveux dans les boucles qu’elle s’était tuée à faire durant l’après-midi, il ne dit rien. Il avait pourtant eu mille occasions de parler durant cette bonne demi-heure.

Tendrement lorsqu’il eut terminé, il enlaça sa taille et embrassa son cou avant de sortir de la cabine. Une touche de rouge à lèvres et de fard à joue, ses gants blancs à enfiler, et son petit sac à main à prendre et elle en avait terminé. Excitée comme rarement depuis qu’elle se trouvait sur ce paquebot, elle se dirigea à grand pas vers le lieu du bal. La salle était somptueuse, les lustres scintillaient, un buffet était dressé et déjà plusieurs couples virevoltaient sur la piste. Pour sa part, elle attendrait Maxim pour une valse ou un tango quelconque. D’ailleurs où était-il ? Parti avant elle, il aurait dû être déjà présent …

Comme Cendrillon.

Comme Cendrillon à son premier bal, elle se sentait toute excitée. Elle était belle, comme jamais dans sa jolie robe blanche. Elle se sentait comme une princesse qui allait toucher pour la première fois au luxe du bal. Vêtue d’une robe de princesse, son cou nu contrasté avec la beauté de sa tenue. Ses cheveux bruns attachés en chignon, dégagé son doux visage, qu’elle avait malicieusement caché avec un loup d’or. Ses doigts fins avaient passés beaucoup de temps à coudre, broder et assembler les tissus de la robe, elle était fière du résultat et fière de se montrer à son prince. Ce soir, lors du bal, Georgiana le savait, elle montrerait aux yeux du monde sa relation avec lord Earnshaw. Elle, la pauvresse, la fille de rien allait enfin pouvoir goûter à son conte de fée. Elle avait tout misé sur cette soirée, elle voulait la rendre unique et être aussi belle qu’elle le pouvait, aux yeux de Joseph. Elle l’avait si peu vu, tellement qu’elle préparait minutieusement cette surprise. Elle le savait, sans ses talents de couturière, elle n’aurait jamais pu s’offrir le luxe de porter une robe digne d’une des plus grandes maisons de couture parisienne.
La jeune femme se contemplait à travers le petit miroir de la cabine, elle souriait fière d’elle. Son cœur battait à la chamade, heureuse de pouvoir retrouver l’homme qu’elle aimait. Cependant, elle avait une petite appréhension, elle avait peur des réactions des autres passagers. Bridget était la seule au courant de cette situation incongrue et Georgiana craignait que la relation entre un première et une troisième classe posa quelques problèmes. Elle inspira pour se donner contenance, elle allait devoir surmonter ses peurs, pour le bien de cette relation et aussi pour faire plaisir à Joseph. Elle aurait tout de même préféré que cette fête n’ait jamais lieu, pour la jeune femme, elle ne serait synonyme que d’une énième catastrophe, comme à chaque fois qu’il y en avait eu une. Depuis sa seconde mort, depuis qu’elle a vu la tombe de son père, elle n’était plus pareille, elle doutait de cette existence. Et si tout ceci n’était qu’un mauvais rêve, qu’elle allait se réveiller dans son ancien lit, chez elle, auprès de sa famille. Georgiana sourit, si sa mère serait présente, elle serait si fière de découvrir cette robe. La jeune femme aurait aimé la serrer dans ses bras et pouvoir se confier à elle. Elle avait toujours été proche de sa mère et cette dernière lui manquait un peu plus chaque jour.

Il était l’heure et elle ne voulait pas faire attendre son prince, cette nuit, c’était la leur. Heureuse, elle gravit les marches et parcourut les couloirs qui la séparaient de la salle de réception. La dernière fois qu’elle avait franchi le seuil de cette immense pièce, c’était lors de la soirée avec le passager fou. Elle repensa à cet évènement traumatisant et tout en franchissant les portes de la salle, en espérant qu’il n’y ait pas de problèmes durant ce bal. L’endroit était noir de monde, tous avaient joué le jeu et il était dur de reconnaître les passagers. Plus rassurée, elle s’engouffra un peu plus entre les passagers, regardant à chaque fois à sa droite et à sa gauche, à la recherche de Joseph. Elle ne le trouvait pas. Peut-être n’était-il pas encore présent. Georgiana ne s’en formalisa pas et elle accepta bien volontiers, une coupe de champagne que lui proposée un serveur qui passait par-là. Elle admira alors les tenus de tous, certaines étaient luxueuses, d’autres plus modestes, mais tous resplendissaient en cette magnifique nuit. Certaines personnes mangeaient, buvaient et d’autres commençaient à fouler la piste de danse. Georgiana eut une soudaine envie de se dégourdir les jambes, mais elle finit par la voir, Elisabeth. Son ancienne amie d’enfance. Elle aimerait tellement la voir, mais voilà des mois qu’elle n’osait pas. Peut-être qu’elle la détestait, surtout depuis le souvenir amer de leur dernière rencontre. La brune se souvenait alors de cette poupée de porcelaine, que son amie lui avait offerte, mais, elle l’avait laissé là, dans la chambre de la petite fille riche, ne gardant que de la tristesse de cette amitié à peine commencé.
Elle n’alla donc pas danser, préférant attendre son doux prince pour mieux pouvoir se laisser bercer dans ses bras et goûter à ses baisers. Georgiana espérait qu’il la reconnaisse dans ses vêtements de reines, oui il la reconnaitrait, après tout, il l’aimait.

You don't care if it's wrong or if it is right...

Nathanaël jeta un dernier coup d’œil à sa propre image dans le miroir qui se trouvait dans sa chambre. Il passa une main dans ses cheveux avant de s’accorder à lui-même un sourire satisfait. Il était parfait. Il s’avança un peu, vérifia l’état de ses dents, passa ses doigts sur son menton, sans que son sourire ne le quitte. Oliver n’était pas exactement un narcissique, mais il faisait grand cas de son apparence physique. Il savait qu’elle lui avait longtemps servi de sauf conduit, lui avait longtemps ouvert des portes qui seraient restée closes, et lui avait permis de se coucher à côté de personnes véritablement charmantes, et il ne pouvait s’empêcher de ressentir comme de la gratitude pour ce que la nature lui avait donné. Il entretenait son visage et son corps avec application ; et si cela suffisait à quelques esprits médiocres pour le qualifier de superficiel, il faisait la sourde oreille. Il laissait aux intellectuels le soin de leurs âmes et de leurs intelligences : il était un homme d’action. Il pouvait sans peur ni honte mentir et voler, plonger ses mains dans la fange humaine, par une merveille du destin, il en ressortait toujours aussi blanc en extérieur et cela avait été longtemps tout ce qui comptait.

Sans s’inquiéter de sa femme ou de ses enfants, il quitta sa cabine, absorbé par ses pensées. Ce temps-là était révolu. Son beau visage ne suffisait plus pour qu’il se fasse des amis, et sa réputation le précédait partout où il allait sur ce bateau. En quelques mois, il s’était fait connaître et démasquer trop de fois, et la société qui l’entourait était à présent bien informée sur son compte car trop petite. Il y avait toujours une poignée de personnes qui ne savait rien de lui, mais ces gens-là ne l’intéressaient pas vraiment. La plupart des jolies femmes avaient une idée de ce qu’était véritablement Nathanaël Oliver, et cela l’embêtait beaucoup, car il se prenait soudain à s’ennuyer. Il lui fallait un nouveau but que celui qui avait régi toute la vie nocturne qu’il menait depuis plus de quinze ans, et celui-là était dur à trouver. Il avait laissé échapper quelques mots devant ses amis, mais ceux-ci l’avaient regardés d’un air narquois, ou lui avait proposé une rédemption parfaite. Mais l’irlandais n’était de toute évidence pas un grand amoureux du genre humain – ou plutôt, ce qu’il y avait de philanthropie chez lui s’était doucement changée en misanthropie au fur et à mesure qu’il se retrouvait confronté à l’échec et la méfiance. Il savait qu’aux yeux de la majorité, il ne pouvait pas regarder une jolie femme sans avoir une idée derrière la tête ; et si cela était généralement vrai, il existait toujours des exceptions qui le frustraient singulièrement. Alors quoi ? Que lui restait-il ? Faire semblant d’être quelqu’un d’autre ?... Une mascarade… Un bal masqué.

Il était décidé à essayer. Mais à essayer complètement. Prendre l’apparence de quelqu’un d’autre, pour de vrai. Et sa victime était déjà toute trouvée : Maxim Valentyne. Ce cher Maxim avait plusieurs attraits qu’on ne pouvait pas lui ôter : tout d’abord, il s’agissait d’un type bien et vertueux, du genre à astiquer ses ailes et son auréole deux fois par jour, ce qui consistait tout de même les plus grandes des qualités recherchées par Nathanaël puisque celles dont il était le plus dépourvu ; ensuite, il avait une femme des plus délicieuses que le brun aurait vraiment voulu allonger à ses côtés et qui se trouvait bien placer pour l’aider à faire du mal à Yolanda dont il finissait par se lasser ; et finalement, les deux hommes étaient en guerre l’un contre l’autre depuis le naufrage, et cela ne serait qu’une vengeance de plus…

Il jouait tout quitte ou double. Il se tenait tout près de la porte des Valentyne et ne la lâchait pas des yeux, priant pour que sa victime sorte seule. Il eut un rictus quand la silhouette de l’architecte se dessina devant la porte. Il le laissa faire quelques pas avant de le siffler. Maxim se retourna et eut juste le temps de reconnaitre Nathanaël que celui-ci lui envoyait déjà une droite sur la tempe. Sans lui laisser le temps de réagir, l’irlandais recommencer à cogner jusqu’à ce qu’il soit sûr que son adversaire ne se relèverait pas avant un bon moment. Très calmement, il l’empoigna et poussa une des portes sur la droite – la chambre d’un ami rencontré par hasard qui avait bien voulu lui prêter la clé et qui dormirait très certainement dans la chambre d’une troisième classe présentée par Nathanaël. Sans attendre, il retira ses vêtements et enfila ceux de sa victime, passant un doigt sur la fleur qu’il portait à présent à sa boutonnière. Ce n’était plus une rose, mais un myosotis, Monsieur Valentyne cultivait sa différence. Il jeta un vif coup d’œil aux chaussures de l’autre, compara avec ses propres pieds, et les enfila trouvant heureux le hasard qui lui avait donné la même taille que l’architecte. Il passa le masque de Maxim et vérifia son aspect dans le reflet. C’était vraiment parfait, le masque prenait juste assez de son visage pour qu’il ne soit pas reconnaissable. Il le caressa doucement en se demandant si Ariane l’avait trouvé pour lui, ou pas, et en songeant qu’il faudrait qu’il soit discret sur un certain nombre chose car complètement ignorant de la vie du couple. Le banquier ne pouvait s’empêcher de la situation excitante et amusante, malgré la facilité avec laquelle elle virerait au vinaigre si le subterfuge était découvert. Ses yeux s’arrêtèrent sur son annuaire et il resta immobile un instant, comme dans un songe. Il se demandait si ce n’était pas trop. Oh non, un rien pourrait le trahir, et cela ne devait pas arrivé. Son alliance était un parfait mélange d’or commun et d’or blanc qui s’entrelaçaient et elle était extrêmement caractéristique. Très calmement, il l’ôta et la glissa dans l’une de ses poches, puis retira celle de Valentyne et la passa à son doigt en remarquant avec satisfaction qu’elle lui allait. Il attrapa alors sa victime inconsciente, et sans plus de cérémonie l’enferma dans l’armoire la plus proche. Un moment, il s’entraina à parler un peu pour modifier légèrement le son de sa voix, rassuré d’entendre que son timbre était assez semblable à celui du seconde classe pour qu’on ne remarque pas la différence. Le jeune homme eut pour lui-même un sourire rêveur. Il portait de très loin le plus beau masque que l’on verrait à ce bal : l’apparence complète et parfaite d’un autre. Comme s’il lui avait volé son existence. On était très loin de la rédemption, mais il devenait un autre homme d’une façon un peu plus inattendue…

Ce nouveau Maxim Valentyne passa donc la porte de la salle de cérémonie sans que personne ne puisse remarquer l’éclat surprenant de ses yeux. Il chercha sa femme des yeux, et l’apercevant, marcha d’un pas décidé vers elle. Le sourire de prédateur que l’on connaissait à Nathanaël Oliver n’était pas peint sur cette figure, et il jouait merveilleusement bien son rôle. Arrivé à hauteur d’Ariane, comme il se tenait derrière elle, il tourna la tête et lui déposa un léger baiser sur la joue, simplement. « Pardon de mon retard, j’ai fait une mauvaise rencontre… »

La pire du monde, il s’était retrouvé face à lui-même…

Un bal était annoncé ce soir. William hésitait à y aller. Qu'arriverait-il une fois là bas? Serait-ce encore un piège où étais-ce vraiment un événement neutre et sans grande importance? Étais- ce un moment de détente, un calme après la tempête ou avant une nouvelle tempête? William était vulnérable depuis l'épisode de la salle des désirs. Il avaot compris qu'a trop rêver le rêve pouvait devenir un véritable cauchemar et c'était ce qui c'était passé. Il se disait que la soirée de ce soir serait sans doute plus calme et il n'aurait pas une autre occasion pour porter le seul costume qu'il avait gardé. George lui avait conseiller le blanc, la couleur lui allait à merveille. George avait toujours eu le goût de tout, autant de la vie, que de la manière. Will , lui, ne se serait jamais senti capable de pouvoir trouver le bon costume. Il aurait hésité devant de nombreux autre qui ne l'aurait pas mis en valeur, mais celui là était spécial. Il l'avait porter le jour de son mariage. Il le gardait comme un devoir de mémoire, c'était idiot ce n'était qu'un bout de tissu bien cousu et pourtant pour lui c'était bien plus. Le jeune serveur décida donc de se préparer pour la soirée. Tout le monde était invité. Il ne devrait pas servir ce soir et c'était un soulagement, il aurait été bien plus maladroit que d'habitude tant il était déstabilisé.

Il se prépara longuement et se rappela alors toute les fois où il avait passé du temps à être présentable lorsqu'il vivait chez George, son presque père et son sauveur. George était un homme riche qui lui avait permis de vivre aisément durant longtemps. Les gestes revenaient d'eux même, se coiffé , boutonner la chemise, poser les boutons de manchettes. Il avait un masque poser quelque part. Il avait tenter de le faire de lui même. Ce n'était pas le grand luxe mais il respecterait ainsi les normes de la soirée. Lorsqu'il fut fin près il se regarda dans le miroir de sa cabine. Il ne portait pas encore le masque mais son reflet lui était bien étranger. Il avait l'impression d'avoir veilli ou alors il ne s'était plus regarder dans un miroir depuis longtemps. Toujours est-il qu'il avait l'air d'un homme bien plus important qu'un simple serveur. Les apparences étaient trompeuses. Il n'était rien de plus qu'un lâche et qu'un simple serveur. Il pose son masque sur les yeux et sortit enfin de sa cabine.

Le bal semblait déjà commencé lorsqu'il arriva dans la salle de bal. Il aussi impressionné que la première fois par la beaté des lieux. Rien n'avait vraiment changer. Il chercha Anastasia des yeux. Il aurait reconnu son regard son trop d'effort. Elle ne semblait pas être présente et il en fut un peu déçu, il avait besoin de voir une personne qu'il connaissait. Bien sur il y avait beaucoup de monde et trop peu en même temps pour que ses craintes d'un second cauchemar s'envole. Rien n'était sur avec ce capitaine. Il essaya de ne pas trop y penser à attendit dans un coin observant les gens qui dansaient et qui semblaient avoir oublier jusqu'à leur propre mort<.

N’ayant pas de réponse à la question : Où se trouve Maxim ? Ariane s’était avancée vers le buffet où plusieurs coupes de champagne fraichement servies étaient posées en bord de table. Malgré la délicatesse du geste visant à prendre un pied de verre avec une main gantée, elle parvint sans difficulté à porter le breuvage pétillant à ses lèvres. Elle ferma un instant les yeux pour déguster comme il se doit ce début de soirée. Elle faisait valser le liquide de temps à autre au rythme de la musique. Mais les valses, les tangos et parfois même les polkas défilaient sans que son cher et tendre époux ne fasse son apparition.

Son absence commençait très sérieusement à la tarauder. Que faisait-il ? Ils s’étaient pourtant séparés sans la moindre dispute, et sans le plus petit agacement dans la voix. Ils avaient scellé une trêve et comptait sur un nouveau départ de leur couple. Alors pourquoi ? Etait-il tombé sur une mauvaise rencontre ? Ariane n’avait aucun préjugé sur les classes inférieures, mais elle ne pouvait pas crier haut et fort que tous les visages de la troisième classe reflétaient l’amabilité. Certains au contraire avaient des faciès à vous glacer le sang, de véritables têtes de bandits. Or ce soir, toutes les portes n’étaient-elles pas ouvertes ? Tout le monde n’était-il pas convié à ce bal ? Si justement. Maxim était habillé richement, pour une jaquette ou pour leur alliance de mariage, on aurait pu l’agresser pour le voler par la suite. Mais cette explication tenait à peine debout, car celle qui portait des bijoux, c’était elle … Il aurait été plus facile de l’attaquer donc, lui n’avait que très peu à apporter, même s’il ne se séparait pas de son portefeuille.

Soudain la jeune Valentyne déglutit et balaya la salle de bal d’un regard inquisiteur, elle ne voyait pas sa mère, pourtant même masquée elle aurait reconnu entre mille son insupportable génitrice. Maxim prenait constamment sa défense, et tous deux n’étaient pas là. Cette mante religieuse était capable de tout, surtout dès que son regard se posait sur un homme. Yolanda n’avait aucun scrupule, serait-il possible que … qu’ils soient ensemble quelque part ? A conspirer contre elle un plan pour que sa mère et elle se rencontrent ou bien pire, peut-être avait-elle décidé de lui voler son époux ? L’hypothèse fit briller les yeux si bleus de la traductrice mais ce fut qu’un instant. Elle s’en voulut terriblement la seconde d’après, comment osait-elle imaginer ça de Maxim ? Décidément la présence de sa mère sur ce navire la rendait folle et si méfiante ! Elle s’efforça de se calmer, si son mari arrivait, il ne devait pas la trouver dans cet état de jalousie. Ariane ne devait pas mette de côté toutes leurs bonnes résolutions parce qu’elle avait eu un instant de paranoïa. Elle respira donc profondément plusieurs fois et but une nouvelle gorgée de champagne.

Elle était plus détendue, quand elle vit enfin apparaître celui qu’elle aimait par-dessus tout. Elle le reconnut bien évidemment à ces myosotis à la boutonnière à l’opposé de toutes ces roses que ces messieurs portaient. Ils avaient cultivé leur différence à cause d’un épisode de leur relation, Maxim lui avait offert des myosotis lors de leur premier rendez-vous. Il était toujours si attentif, Ariane se mordit cruellement la lèvre, comment avait-elle pu douter de lui ne serait-ce qu’un quart de seconde ? Elle était impardonnable ! Cependant ils allaient maintenant profiter des festivités, il était sain et sauf et elle avait confiance en lui comme jamais. Ils étaient soudés.

Son premier geste à l’intérieur de la pièce fut très tendre, puisqu’il l’embrassa sur la joue. Combien de ces chères dames pouvaient se vanter d’avoir un époux aussi charmant et surtout de l’aimer autant qu’elle le pouvait ? Les mariages de raison étaient encore si répandus surtout parmi les plus riches ! Sans plus attendre, car heureuse de ce bonheur là qu’elle avait construit à ses côtés et mérité après une enfance si difficile, elle lui sourit. Ce sourire disparut malgré tout un instant sous l’inquiétude.

- Comment ça Maxim ? Que t’est-il arrivé ? Tout va bien, on ne t’a fait aucun mal ?

Elle palpa son torse par-dessus sa queue de pie puis tâta à même la chemise convulsivement à la recherche d’une plaie quelconque. Son premier sentiment ne l’avait pas trompée, il avait été peut-être attaqué par des voyous ! Heureusement il n’avait rien. Elle pouvait être rassurée. Seulement ils étaient à présent gênés par d’autres personnes désireuses de se rendre au buffet, elle s’écarta entraînant Maxim sur la piste de danse. Elle posa sa main sur son épaule et mis l'autre dans la paume de sa main comme toute partenaire lorsqu’une valse débuta. Aussitôt elle commença à tournoyer dans ses bras mais toujours anxieuse.

- Mon chéri, raconte-moi tout, je ne supporte pas l’idée que l’on puisse t’avoir attaqué. Je suis parfois difficile mais je t’aime de tout mon cœur, n’en doute jamais.

Elle se pencha légèrement sur le côté pour que ses lèvres se scellent aux siennes le temps d’un baiser. Ce soir, lorsqu’il lui avait dit cette phrase, elle avait senti à nouveau cette sensation qu’elle avait eue au moment du naufrage, cette peur de le perdre ! Elle ne le supporterait pas, ils devaient se rapprocher coûte que coûte ! S’embrasser était un bon début non ? Comment avec de telles douces pensées, aurait-elle pu se douter qu'elle était la victime d'une mascarade ignoble ?

Un bal masqué quelle drôle d'idée, et en plus c'était encore chez les 1ères classes comme la dernière fois, où tout était partie de travers. Cela me faisait remonter de mauvais souvenirs avec ce passager fou qui avait bien failli tous nous faire tuer, même si tout avait bien démarrer. Mais ce soir, il fallait être masqué, et je n'aimais pas ça du tout. Je ne saurais même pas reconnaître les quelques personnes que je connais si cela se trouve, c'est triste. Enfin, je ne connais pas tellement de monde sur le navire, je m'enferme tellement sur moi ... C'est vrai, je ne suis pas quelqu'un qui aime fréquenter les autres, et puis quand j'essaye de me socialiser, il y a toujours quelques choses qui ne va pas vraiment, c'est bien le plus désolant. La première fête, la salle des désirs, la neige avec Georgiana ne sont que de petits exemples de ce naufrage personnel. Il n'y a qu'avec Alfred que les choses se déroulent assez normalement et encore ce n'est pas une relation simple que nous avons, je ne sais même pas la relation que nous avons à vrai dire, c'est bien le plus triste. Amour ? Amitié ? Soutien ? C'est quelques choses entre tout ça certainement, je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autres de toute façon. Mais bon, puisque le Capitaine organisait un bal masqué, nous ferrions l'effort d'y assister, et ce n'était pas un petit effort croyez moi. C'était tout ce que je détestais ce genre de soirée, mais bon, je devais bien bouger ma carcasse un petit peu dans les méandres du navire et de mon esprit.

Je me parais donc d'une des robes que j'avais ainsi donc que du masque réglementaire, quelques choses de simple sans artifice. Il y aurait bien plus resplendissante que moi lors de cette soirée, j'en étais convaincue mais je ne jouais pas à ce jeu là. Je n'y allais pas pour me faire admirer comme certaines 1ères classes, j'y allais, j'y allais pour une raison que je ne connaissais pas à vrai dire, du moins que je ne connaissais pas vraiment consciemment dirons nous. J'arrivais dans cette pièce, il y avait déjà du monde, mais au moins, je ne me ferrais pas remarquer, je me fondrais dans la masse plus facilement. Je ne regardais pas en hauteur, je regardais mes pieds, et j'avançais simplement pour aller me caler dans un coin en observant qui semblait être là et si je connaissais quelqu'un.

Un bal masqué sur le Titanic, l'idée n'était pas forcément original, non, parce que le Capitaine nous avait déjà organiser une réception, il y a peu de temps, je m'en souviens bien, mais il était plein de ressources. Que nous réserverait-il cette fois ? Je n'étais pas tombé dans son piège de la salle des désirs, comme si nous allions pouvoir voir quelques choses de notre vie, enfin quelques choses en rapport avec cela. Il fallait vraiment être bête pour croire que ces images étaient le reflet de la réalité. Si cela se trouve, nous ne vivons que dans l'imagination d'une personne qui a créé ce monde où nous vivons actuellement tel des fantômes. Il y a tellement de choses qui ne s'explique pas sur ce navire, des choses qui ne peuvent vraiment se passer dans un monde bien réel. Mais passons outre tout cela, ce soir était donc organisé un bal masqué qui serait sans doute bien plus qu'un simple bal. Je connaissais un peu de monde sur le navire mais mon accoutrement ferrait de moi un inconnu aux yeux de chacun, chacune. Je prenais donc un costume très classe que j'ai pris dans le dressing d'une cabine vide de 1ère classe, un costume qu'on aurait dit taillé pour moi tellement il m'allait bien. Il y avait de petites rayures blanches, alors que le costume en lui-même était d'une noir éclatant. Mon masque était dans les même tons, ce serait donc parfait pour jouer le grand jeu de la séduction envers une belle jeune femme. Et ça ne manquerait pas le moins du monde, j'en était persuadé. J'arrivais donc dans la pièce, il y avait déjà pas mal de monde, mais ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Directement, je repérais ma proie qui semblait être hésitante quand à ces mouvements. Voulait-elle danser ou ne voulait-elle pas ? Je ne savais pas vraiment, alors j'allais lui proposer simplement une danse, histoire de faire le gentleman. Elle regardait la piste de danse comme si elle voulait danser mais étant seule, elle regardait aussi en direction du bar et du buffet, comme si elle allait trouvé un regard approbateur qui viendrait la sauver de sa solitude apparente. Mais j'étais là pour cela.

" Bonsoir gente demoiselle. M'accorderiez vous cette danse ? Vous semblez être seule, quel dommage, puis-je vous accompagner ? Je m'appelle Marcus et vous ? "

Derrière son loup, je sentais son regard intéressé, et ces lèvres étaient d'une magnificence absolue, je n'en avais jamais vue de telles ! J'avais déjà envie de l'embrasser mais ça ne serait pas pour tout de suite sans doute, j'attendrais encore, je ne pouvais pas aller trop vite en besogne, ce serait dommage.

Andy était enthousiaste. Un bal s'annonçait pour le soir même, quoi de mieux pour cet admirateur de fête? Il ne pouvait que se réjouir. La fête lui manquait, lui qui ne vivait que de ça avant de mourir prématurément dans ce naufrage, ne demandais rien de plus. Il allait pouvoir festoyer, danser et admirer ces jolies dames vêtues de leur plus beaux atouts. Il ne lui en fallait pas plus pour apprécier sa mort. Il se leva d'excellente humeur ce matin. Il trouvait dans sa mort un nouveau tournant chaque jour. Il se disait qu'il devait continuer à faire semblant et faire tout ce qu'il faisait lorsqu'il était vivant, s'amuser, rire, danser. Rien n'était plus important. Il avait vécu si longtemps dans le milieu de la fête que devoir rester là sans rien faire l'ennuyer. Ce soir il pourrait enfin faire ce pourquoi il était le meilleur. Il avait l'habitude des soirées, il y en avait une tous les soirs au moulin rouge. C'était étrange de ne plus pouvoir en profiter autant. Il espérait donc que ce bal serait exceptionnel. Il se demandait souvent ce qu'il advenait de son moulin rouge. Il espérait juste qu'il ne tomberait pas entre de mauvaises mains et que, ses Ladies comme il aimait les appeler n'étaient pas déjà passées à autre choses. Il leur avait toujours appris à se dépasser et être les meilleures. Il ne regrettait rien de son parcours, il le trouvait juste un peu trop court à son goût. Il était mort à l'aube de ses trente ans. Il était mort à l'aube de son succès et c'était peut être ce qui l'attristait dans cette histoire.

Il passa sa matinée à flâner dans les recoins du Titanic à la recherche de quelque chose à faire. Il passa un moment dans le fumoir et discuta avec quelques gentilshommes, fuma un cigare et bu un peu ce délicieux Whisky qu'on servait encore. Une chance que tout ne soit pas tomber dans les profondeurs de l'océan. Tout avait réapparut après le naufrage et leur réveil, comme si rien ne c'était passé, c'était sans doute ça le plus étrange. Il quitta les lieux un peu après midi. Il déjeuna en compagnie de son ami qui l'avait accompagné et qui était mort avec lui, puis passa l'après midi à se promener sur le pont des troisième classe à la recherche d'une nouvelle conquête qu'il ne trouva guère. Il retourna dans ses appartement de seconde classe, bien plus petits que ceux des premières mais ça lui convenait. Il prit n bain durant de longues minutes savourant ce moment comme il se devait. Il aimait prendre soin de lui et passait presque autant de temps qu'une femme dans la salle de bain. En sortant du bain il se sécha et sorti de l'armoire de sa chambre un costume noir qu'il avait porter à plusieurs reprise mais qui lui allait toujours aussi bien. Un masque était posé sur la basse commode, il suivait avec ses vêtements et l'enfilerait en dernier. Il s'habilla prenant soin de ne rien froisser. Lorsqu'il fut enfin près il s'admira dans le miroir jugeant son reflet parfait. Il sourit ayant retrouver toute sa confiance. Il attrapa son masque doré le garda dans la main jusqu'à ce qu'il arriverait dans la salle de bal. Il voulait faire sensation, Andy aimait se faire remarquer. Il traversa les couloirs et arriva devant la grande salle de bal qu'il avait déjà vu une fois ou deux. Elle était splendide, évidemment, tout était toujours aussi parfait, comme si … rien n'avait changer. Les portes étaient ouvertes. Il s'arrêta avant d'entre observant toutes les personnes qui s'y trouvait déjà. Il mit alors son masque et entre comme un gentleman.

La foule était assez éparpillé et il était encore possible de savoir où on mettait les pieds. Tout le monde n'était pas encore là. Andy commença sans tarder ses recherche de la femme qui serait sa compagne pour la soirée. Il était dans son habitude de procéder ainsi. Il avait toujours aimé rechercher des femmes. C'était presque l'histoire de sa vie après tout. Il n'était pas du genre à se stabilisé dans une relation alors il changeait souvent de conquête. A Paris c'était un peu pareil, sauf qu'il avait ses préférences, mais ici il ne connaissait pas encore ces dames et devait donc leur faire la cour comme tout gentilhomme. Il remarqua une proie possible, du moins il n'en voyait que ces cheveux. Elle était blonde. Il aimait les blondes. Elle marchait la tête basse, elle n'avait visiblement pas l'air à son aise. Anderson ne se fit pas prier et la devança l'empêcha ainsi de continuer sa route vers un endroit ou personne ne la verrait.

«Bonsoir madame, vous a-t-on déjà dit que vos yeux étaient magnifiques? Je suppose que votre visage l'est aussi. M'accorderiez-vous une danse?»

Il n'avait pas perdu la main. Il trouvait toujours les bon mots à dire, même mort il s'amusait à se conduire comme un coureur de jupon. Il ne connaissait que ça, que pouvait-on lui reprocher? La mort avait bien des aspects pourquoi ne pas faire qu'elle soit aussi bien que la vie?

Le monde est dangereux à vivre. Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire...

Le sourire d’Ariane dévoilait ses dents blanches, il s’étirait le long de ses lèvres pour finir sur des fossettes que l’imposteur qui se tenait face à elle aurait aimé embrasser. Yolanda Yeabow était belle, c’était un fait indéniable ; elle avait gardé de sa jeunesse un corps souple, une beauté grave et sérieuse, une profondeur dans son regard qui transperçait et qui avait beaucoup plu à Nathanaël, mais sa fille avait elle aussi gagné à la grande roulette russe que l’on jouait tous à la naissance. La blondeur de la jeune femme l’éblouissait et son regard posait des taches écarlates partout où il se posait s’il la fixait trop ; ses yeux bleus étaient un ciel d’été qui le ramenait dans son enfance, c’était… Non, il fallait qu’il se calme, il commençait à s’emballer. Il connaissait très bien ce sentiment d’affolement qui le prenait quelque fois quand il en faisait trop, qui vu par quelqu’un d’autre aurait pu passer pour de l’affection mais qu’il savait très bien être un simple jeu de son imagination. Il ne devait pas y céder ; car s’il était plus passionné, plus emporté, plus vrai peut-être, il devenait plus amer et déçu quand la réalité reprenait le dessus. Et ce n’était pas la peine de gâcher cette trêve avec lui-même qu’il s’était offerte.

L’irlandais en vint presque à regretter ses paroles en voyant le sourire s’évanouir sur le visage de sa cavalière, mais il la sentait inquiète, véritablement inquiète – et cette inquiétude était pour lui ce qui lui donnait soudain un prix incomparable. Depuis combien de temps ne s’était-on pas inquiéter pour lui ? Sa femme ne lui demandait même plus d’où il venait, elle ne comptait même plus les minutes qui s’égrenaient en son absence, et elle avait été la seule à le faire. Le brun sentit son cœur se serrer quand Ariane palpa son torse, furieusement blessé dans son égo. Qui ferait cela pour lui ? Personne ? Pourquoi ? Pourquoi… Il savait très bien pourquoi : il avait poussé les autres à le détester, il s’était conduit comme un monstre ! Non. Il s’était conduit comme un homme, il s’était laissé guider par ses instincts. Il avait été librement l’animal qui était caché en chacun, quand tous nier jusqu’à son existence. Ils étaient tous plus pathétiques les uns que les autres avec leurs masques, ils ne montraient jamais leurs vrais visages. Lui si, cela lui arrivait, il s’ennuyait assez par moment pour laisser sa nature première prendre le dessus, et cela le rendait plus fort que tous ceux qui luttaient en permanence contre eux-mêmes, puisqu’il ne perdait pas inutilement cette énergie. L’inquiétude d’Ariane lui sembla soudain ridicule, il se rappela de sa dispute avec Maxim qui était venu le voir en plein naufrage… L’architecte avait en lui cette même rage animale, il l’avait vu dans ses yeux quand son insulte avait fusé, mais il luttait contre. Cette mascarade n’en était finalement peut-être pas une : peut-être que le banquier rendait simplement son essence première à Valentyne… Ou peut-être attribuait-il à la grande majorité ses propres vices, peut-être était-il réellement et simplement un monstre, un animal, sans aucune similitude avec ce visage de vertu qu’il avait endossé en volant l’identité d’un pareil homme. Peut-être… Il ne savait pas, il n’était pas sûr de vouloir savoir.

Toujours était-il qu’Ariane était touchante. Il était ému par cette tendresse et cette douceur qui lui rappelait sa fille. Il se laissa entrainer sur la piste de danse et écouta son aveu d’amour avec un sourire qu’on ne lui connaissait pas. Il goûta à ce baiser qu’il n’avait pas exactement volé comme à un fruit nouveau, et il se surprit à souhaiter un moment que l’apparence qu’il avait empruntée soit réellement la sienne. Il lui semblait évident qu’il aurait pu connaître une sorte de félicité s’il avait vraiment été Maxim Valentyne, que le destin avait été mauvais avec lui en lui donnant une malchance déguisée. Aussi était-il vraiment sincère quand, serrant sa femme (car après tout, il portait leur alliance) contre lui, il lui répondit d’une voix très douce. « Je sais ma chérie, et tu ne peux pas savoir combien je suis désolé par chacun de nos désaccords… Oh, je suis tellement triste que tu sois ici, et que tu ne puisses pas être arrivé à New York toi, et y vivre la vie qui était décidée ! Je t’assure que j’aurais tout fait pour que tu sois heureuse ! Tout ça, c’est ma faute… Et ce collier… Ce collier… » Quelque chose le gênait atrocement, comme une poussière lourde et humide dans l’œil. Il ne parlait plus à Ariane, il revoyait sa fille qui se serrait contre lui alors qu’ils s’enfonçaient lentement dans l’eau glacée. Son Elsa, sa petite Elsa, qui avait tant souffert alors que la vie lui avait tant promis. Tout ça à cause d’une bêtise, d’un cadeau de son père que son père lui-même avait oublié. Sans s’en rendre compte, il serra plus encore Ariane, avec une tendresse et un Amour qu’il ne s’était jamais permis en public. Il était d’une importance capitale que personne n’apprenne jamais ce qu’il ressentait pour sa cadette, il était urgent que tous continuent de croire qu’il la méprisait comme les deux autres, car la pauvre enfant aurait pu souffrir des bêtises de son père… Cela pouvait être si idiot, des grandes personnes en colère…

La musique cessa, et Oliver se réveilla d’un rêve. Il n’aurait pas dû penser à cela, pas dû réfléchir à sa fille. Ce n’était pas sérieux, pas là, pas alors qu’il mentait et que la vérité pouvait lui coûter si fort. Il relâcha un peu son étreinte, et se concentra à nouveau sur la blonde. « Je t’aime Ariane. » Sa voix était exactement celle de Maxim, et il éprouva de la satisfaction à le penser. Il se pencha vers celle qui devait être son épouse et l’embrassa. Calmement il la libera de son étreinte. « Il ne s’est rien passé de grave, on m’a simplement demandé quelque chose que je n’avais pas, et j’ai dû expliquer plusieurs fois que je n’avais rien pour qu’on me laisse tranquille. » Nathanaël inventait, et pourtant il ne mentait pas. Dans cette situation, combien de voix demandaient dans sa tête s’il avait un cœur ou un respect minimum pour autrui ? Combien faisaient-il taire avec un sourire mauvais, rétorquant que ces valeurs-là n’étaient pas pour lui et qu’il fallait qu’on le laisse profiter…

« Tu veux boire quelque chose ? Je vais te chercher quelque chose à boire. Je suis désolé, il ne fallait pas t’inquiéter. Ne bouge pas, je vais te chercher à boire, tu veux ? »

Oui, profiter, juste profiter. Et jouer aussi. Oui, Nathanaël brûlait d’essayer ce nouveau masque.

«Aussi blanche qu'une brebis. Qui se roule dans la boue.»

Quelques instants plus tôt tu te trouvais dans ta chambre le visage rivé sur la silhouette d'une femme qui se dessinait sur le miroir. Une femme ravissante aux courbes fortement souligné par la robe beige qui accentuait la pâleur de son corps. Les lèvres de la femme ressortaient vivement, ses yeux d'un merveilleux bleu, étaient mis en valeur par des traits sombres l'entourant. Se posant enfin sur son visage de porcelaine, un masque blanc cachant ainsi le centre du visage de la belle. Encadrant ces doux traits une chevelure blonde parfaitement ondulé retombé sur ses épaules. Elle était ravissante... Et cette femme, c'était toi : Katherina. Tu avais passé de longues heures à te préparer pour ce bal masqué : tu voulais être parfaite. Et je pense bien que cette perfection tu l'atteins. Oui...Tu es très belle à l'extérieur, mais quel dommage qu'à l'intérieur ce ne soit pas pareil. Tu devrais tant changer douce colombe, oui, tu devrais changer, car bientôt tous pourrons découvrir que tu n'es qu'un vilain corbeau. Ce masque que tu portes, te cache moins bien que tes mensonges, alors fait attention à ne pas te dévoiler trop durant cette soirée... Car, plus d'un pourront reculer de stupeur face à tes véritables traits.

Désormais, tu te tenais au milieu du couloir, le temps semblait pour toi comme aller au ralentit. Parvenir à la salle de bal semblait être terriblement long et pourtant, ce n'était guère le cas. Tu t'interrogeais. Tu t'interrogeais comme ces derniers temps à propos du Capitaine. Après tout, que lui apportait de faire un bal masqué ? Rien, strictement rien hormis de vous tenir comme de magnifiques petits pantins. Tu craignais ce qui allait ce passé et pourtant, tu t'y rendais quand même. Ta curiosité pourrait bien te mener à ta perte...Un sourire apparut au coin de tes lèvres pendant qu'avec délicatesse tu plaças le masque sur ton visage et que tu t'avanças vers les grandes portes qui te cachaient la salle de bal. Tel un Cygne tu fis ton entré, personne ne pouvait savoir qui tu étais -le masque jouait fort bien en ta faveur- seul les personnes les plus proches pourraient te reconnaître sous cette tenue. Tu parcourus la salle du regard te fondant parmi les invités quelques un riche et d'autre pauvre et oui, toutes les classes étaient mélangées lors de cette soirée. Tu en reconnaissais certains, mais d'autres t'étais totalement étranger, ou alors était-ce la richesse de leurs vêtements qui t'empêchaient de regarder au-delà de leur apparence... ? Tu te rendis au bar, où tu pris délicatement une coupe champagne. Après tout, tu étais là pour t'amuser, non ? A nouveau ton regard parcouru l'assemblée pendant que la coupe était portée à tes lèvres d'un délicat rose. Tu bus une gorgée en bougeant très légèrement sur le rythme de la musique.

« Event #4 ¤ Le bal masqué. »

Ce soir c'est le grand bal, Mets du fard sur tes idées pâles.

Le Capitaine fit son entrée. Mon sang se glaça. Mon corps se figea. Je m’arrêtais net. Il était là. Il venait d’arriver. Lui, notre bourreau. Si seulement il n’y avait que le Capitaine. Malheureusement pour moi, Nathanaël était là. Lui, qui faisait une véritable obsession sur moi. Quoi qu’il avait eut jusqu’à présent d’autres chats à fouetter. J’étais là uniquement pour James sinon je ne serais pas venue, à chaque fois la même chanson, à chaque fois le même refrain, nous étions punis de nos pêchés, maudits pour l’éternité. D’ailleurs, où était-il mon chevalier ? Mon cavalier pour ce soir ? Le beau prince charmant qui viendrait me sauver de ma tour prisonnière d’un dragon ? Ici, la tour était le Titanic. Le dragon était le capitaine sans nul doute. Dragon croisait à un serpent qui crache son venin sur les passagers. Mon but ultime depuis la Salle des Désirs trouvait des personnes, qui comme moi, voulaient se venger du Titanic. J’étais certaine de ne pas être la seule à vouloir cela ! Pourtant rien ne m’y destinait, j’avais prévu de profiter de mon éternité et de vivre paisiblement. Le destin en avait décidé autrement. J’avais trouvé rêver d’aventures, et de péripéties – on pouvait dire que là j’étais servie. Un jour, j’avais dis à une petite Georgiana, la fille de la couturière de ma mère qu’avec moi elle ne s’ennuierait jamais. Ce fut vrai le temps que nous jouions ensemble. La phrase serait révélée vraie de nouveau à bord du paquebot. Pas un jour où il ne se passait pas quelque chose. Pas un jour où je pouvais reposer en paix.

Où était James ? Grande question ! Peut-être ne t’avait-il pas reconnu ? Néanmoins, si j’apportais peu d’importance aux hommes quoi qu’il avait eut la gentillesse de m’inviter. Au-delà de ces masques, de ces regards cachés, un jeu commençait, un jeu de piste qui était qui ? Le capitaine ne passait guère inaperçue, et je m’en détournais rapidement. Que pouvais-je faire ? Pour le moment, pas grand-chose… Mon regard s’arrêta sur une personne, deux .. Marcus Cream, je ne pouvais que le reconnaitre. Deux idées contradictoires se bousculaient en moi. L’Elisabeth lucide serait allée, telle une impulsive, dire à la jeune fille future cavalière du meurtrier de faire très attention à elle, qu’elle était en danger. Cependant, l’Elisabeth un peu folle avec des poussées de mort n’en fit rien. Bien au contraire… Pourquoi bougerais-je le petit doigt alors que personne n’était venu à mon secours dans les Bains Turcs ? Marcus, la folie avait commencé par lui, mon marionnettiste. Je ne lui en voulais même pas de m’avoir tuée. Ma haine allait envers le Capitaine. La vie à laquelle aspirait Marcus m’attirait, un interdit, quelque chose de délectable, d’envoutant. La mort… Peut-être pourrais-je devenir sa disciple ? Former un couple de meurtrier faisant couler le sang à bord du Titanic ? Peut-être pourrais-je l’aider dans son entreprise ? L’idée me séduisait, autant qu’elle me charmait. Un sourire sadique était sur mes lèvres. Mais comment étais-je devenue…

J’allais aller lui glisser quelques mots à l’oreille, cependant je fus arrêter net. Mon regard tomba sur Katherina au bar… comme ça ne m’étonnait pas ! Elle ne valait que ça ! Je ne la supportais pas ! C’était plus fort que moi, je ne pouvais pas la voir en peinture ! Etait-ce bien elle ? D’un coup, j’eus un doute sa blondeur étincelante… Mes joues bouillonnaient, décidément entre la Capitaine, Katherina, Nathanael je n’avais pas que des amis sur ce paquebot ! Je me dirigeais d’un pas assuré vers le bar, si c’était Katherina elle réagirait certainement, si ce n’était pas elle et bien tant pis. Je pris un verre. Noyer sa folie dans l’alcool, je n’avais plus que ça. Je restais certainement trop avec James Spencer. Je bus plusieurs gorgées, j’allais sortir de la salle de réception – l’ambiance était oppressante, étouffante. Je sentais les embrouilles à plein nez.

Trop de vipères, trop de problèmes ici, la vie sur le Titanic allait bientôt devenir insoutenable.

Comme Cendrillon.

Elle avait tout juste vingt-trois ans et elle les aurait à jamais. Poupée de porcelaine, elle resterait à jamais jeune et belle. Dans sa robe blanche, sublimée par ses longs cheveux noirs et son masque d’or. Qui pouvait connaître dans cette tenue, la petite couturière de troisième classe, personne, sauf l’homme qui l’aimait. Elle attendait là, son prince charmant observant le monde qui l’entourait. Les danses de certains, elle voulait danser, se dégourdir les jambes, s’évader comme elle aimait le faire. Elle admirait Elisabeth son amie qui dansait avec insouciance, elle aimerait tant la rejoindre et accomplir avec elle, son étrange ballet. Il y avait aussi Sacha Masters, en compagnie d’un homme entreprenant. Georgiana souriait en voyant cela, peut-être que cela rendrait les sourire à cette amie si triste. Plus loin, dans un coin se cachait Katherina, seule, comme beaucoup dans cette salle. Peut-être que certains devaient penser à leur famille, à une femme qui n’était pas à leur bras, ou bien une jeune adolescente qu’on ne verra pas se rendre à son premier bal. Le Titanic nous avait enlevé beaucoup de chose, mais pas nos sentiments. Georgiana le vit alors entrer dans la salle. L’homme qu’elle aimait. Elle l’observa longuement et attendit, allait-il la reconnaitre ? Il observa la salle, puis au bout d’un court moment, il finit par capter son regard. Elle se mit à sourire et l’admira le temps qu’il s’avança vers elle. Il semblait émerveillé et son regard caché par un masque était bien plus captivant que jamais. Après ce soir, Georgiana le savait, elle aimerait à jamais cet homme. Elle voulut dire les premiers mots, mais Joseph commença, il la trouvait sublime, au point qu’il en perdait ses mots. Ce fut tout naturellement qu’ils s’embrassèrent, là devant tous les passagers, qui devaient se demander qui pouvait bien être ce couple. Georgiana coupa le baiser, ses joues étaient rougies de gènes, mais à la fois de bonheur, mais cela, le masque le cachait en parti.

« J’ai réalisé cette robe pour vous, je voulais qu’elle vous plaise et vous faire honneur pour cette soirée. » Dit-elle les yeux pétillants de bonheur.

Malgré le bonheur, le sang de la jeune femme ne fit qu’un tour à l’arrivée du Capitaine, elle n’avait pas vu cet homme depuis le terrible moment de la Salle des désirs. Depuis ce jour, elle ne faisait que des cauchemars, revoyant la mort de cette pauvre fille, la tombe de son père et les blâmes de ceux qu’elle avait aimé. Si Joseph n’avait pas été là, elle serait devenue folle. Elle agrippa le bras de l’homme qu’elle aimait, suivant du regard le Capitaine. Elle ne masquait pas son effroi et sa colère après cet homme, pour elle, il était la cause de tous les maux des passagers. Elle s’était posé beaucoup de questions ces derniers jours et les récits qu’elle entendait de ses compagnons d’infortune ne faisaient qu’accroitre ses suppositions. Le Capitaine, c’était le Diable en personne. Georgiana se détourna de l’homme pour mieux se rassurer auprès de Joseph, elle avait envie de danser. Cependant, elle savait que cela n’était pas l’activité favorite de l’homme. Elle n’osa pas demander et regarda avec envie les danseurs. Certaines personnes la regardaient intriguées, elles devaient sûrement se demander qui pouvait bien accompagner le richissime Joseph Earnshaw. La jeune femme avait fini par l’apprendre bien avant le début de leur relation, l’homme était très riche, mais cela ne l’intéressait absolument pas, surtout ici. Dans ce lieu, l’argent n’avait plus lieu d’être.

« Beaucoup doivent se demander qui peut bien vous accompagner. J’imagine que ce soir nous allons choquer toute la bonne société londonienne. » Dit la jeune femme d’un regard malicieux.

Au fond d’elle, elle jubilait, elle était heureuse de cette situation et de voir les langues se délier. Peut-être que maintenant beaucoup finiront pas oublier la barrière des classes et se montrer bien plus respectueux. Mais cela, Georgiana en doutait encore.