«Aussi blanche qu'une brebis. Qui se roule dans la boue.»

Tu voyais bien que ta réponse l'avait désarçonné et surpris. Il s'était sans doute attendu à ce que tu le rejete. Ce que bien sûr tu ne fis pas. Après tout, qu'importait les classes et le rang social vous étiez, si je puis dire, tous dans le même bateau. La seule chose qui départageait les passagers du Titanic, c'était leurs pensées concernant leur situation. Il y avait deux groupes : ceux qui étaient heureux de rester éternellement sur ce paquebot. Et ceux qui ne rêvent que d'une chose : quitté cet endroit. Tu faisais bien entendu partie du premier groupe, tu ne désirais quitter le Titanic pour un prétexte, car qui sait ou, vous seriez la prochaine fois. Et puis, c'était l'endroit rêvé pour y passer l'éternité, non ? Le jeune homme face à toi, vida sa coupe pour laisser ses paroles se déverser de ses lèvres. Tout comme toi, il fut franc, ce qui eut pour effet de te faire sourire.

« C'est n'est pas vous qui me faite fuir, c'est juste que je ne vois pas ce que je peux faire à côté d'une aussi belle personne que vous. Je me sens tellement ridicule, vous m'impressionnez. »

« Vous allez réussir à me faire rougir. » Tes lèvres s'étirèrent délicatement. Et sens le vouloir les paroles de ta tante s'échappèrent de tes lèvres. Paroles qui à ton arrivée à Londres elle avait prononcé lorsque tu lui avais dit que tu te sentais inférieur aux autres dames durant les soirées mondaines. « Vous savez William, rien ni personne ne peut vous faire vous sentir ridicule ou inférieur, sauf si vous êtes d'accord avec ses dires ou qu'alors vous n'avez pas assez confiance en vous même. Sachez une chose, je n'ai pas essayée de vous impressionner et je m'en excuse si c'est le cas. Durant cette soirée, ne pourrions-nous pas être comme des égales ? »

Quelques instants passèrent lorsqu'un membre de l'équipage vint perturber la soirée. Il annonça qu'il y avait une terre en vue pour ensuite boire cul sec une coupe de champagne. Après cette annonce, il eut deux sortes de réaction : ceux assez naïf pour y croire qui étaient des plus surexciter. Et ceux comme toi qui se doutais bien que cette nouvelle ne pouvait être plausible. Tes sourcils se plissèrent très légèrement, signe de ton mécontentement. Tu te doutais que c'était un mauvais tour du Capitaine. A dire vrais, dès ton plus jeune âge, tu doutais de tout ce qui ne pouvait se révéler vrais et qui ne pouvait pas se vérifier très clairement. Ton regard se posa sur William qui venait de prendre une seconde coupe de champagne, tu souhaitais avoir son avis sur cette déclaration, ce qu'il fit sans que tu es eu le temps de le lui demander.

«Il se moque de nous, s'est encore un coup du capitaine, je ne sais pas ce qu'il attend de nous, mais croyez-moi il ne m'aura pas sur ce coup-là. »

« Je suis tout à fait d'accord avec vous, le capitaine se moque de nous. C'est certain, la nouvelle n'est pas fondée. Après tout, cela fait bien longtemps que nous sommes sur ce paquebot sans aucun signe de terre et soudain il y en a un, difficile à croire. » Tout comme lui, tu pris une seconde coupe. « Et si on continuait la soirée comme si rien ne s'était passé ? »

A quoi bon te gâcher la vie ou plutôt ta mort pour une nouvelle qui n'allait rien changer ? Tu voulais profiter de ce bal masqué, après tout, il n'y en avait pas tous les jours...

A force de vouloir céder à nos tentations, nous leur cèdons enfin malgré nous et les rendons irrésistibles.

Le souhait d’Ariane n’avait été écouté que d’une oreille, et l’homme masqué s’était déjà élancé vers le bar. Ce jeu-là lui plaisait comme aucun autre auparavant – ou aucun qui lui revenait en mémoire dans l’immédiat. Il prit son temps en passant devant ces gens qui ne le reconnaissaient pas, il accordait des sourires aimables, ravi de son déguisement. Il se sentait joyeux comme il ne l’avait pas été depuis longtemps : il échappait à sa propre compagnie, et ne subissait plus sa propre influence. Il avait l’impression, et c’était assez fou, qu’il arrivait à devenir la vertu dont il avait pris le visage. Il sentait un cœur soudain innocent battre dans sa poitrine, et il se voyait soudain candide à la merci des loups, cherchant son berger. Il semblait comprendre le temps d’un instant la douleur de ses victimes, et s’il s’était retourné pour regarder Ariane, il aurait pu éprouver quelque chose comme du remord. Nathanaël se pinça. Oh ! Qu’est-ce que tu me fais-là mon grand ? Tu te ramollis ma parole ! C’est pas possible, pas après tout le reste, pas maintenant. Personne ne te croirait de toute façon, aussi sincère que tu puisses être. Mais, était-ce une raison suffisante pour ne pas essayer ? Oui ! Non… Peut-être devenait-il faible, peut-être cela lui permettrait de devenir bon…

L’imposteur revint avec les deux verres. Il jeta un coup d’œil aux enfants qu’Ariane lui désignait. Elle n’avait pas d’enfants et n’en aurait jamais. L’image de sa fille ainée et de son benjamin s’imposa à lui, et il réprima difficilement une moue de dégout. Des gamins pleurnichards et pourris gâtés… Pourtant, tous les enfants n’étaient pas comme ça. Son Elsa, sa petite Elsa… Une douleur montait en lui en songeant à cette petite fille qui ne grandirait jamais, cette petite princesse qui ne pourrait jamais être reine. Il songea à ce qu’il aurait voulu lui montrer, lui apprendre. Il lui aurait acheté ses premiers colliers de perles comme il l’avait fait pour ses poupées, il l’aurait regardé jalousement se faire courtiser en méprisant d’avance tous les prétendants. Il ne pouvait exister quelqu’un d’assez bien pour sa fille chérie. Pourtant… Oui, pourtant, si l’un d’entre eux avait su toucher son cœur, si un Amour véritable s’était offert à elle, avec quelle joie et quelle tristesse il l’aurait donné à ce garçon ! Et qu’importe sa naissance, sa fortune. Il la voulait heureuse, juste heureuse. Il n’aurait pas été comme le père d’Aurore, il ne l’aurait pas forcé à épouser un autre lui. Il l’aurait protégée des hommes comme lui. Oui ! Oui… Oui ? Aurait-il vraiment pu ? A nouveau, il se faisait d’un monstre, en songeant à ce qu’il avait voulu faire à Aurore Kovalev, ce qu’il aurait fait si son père n’avait pas vu. Quelqu’un aurait pu faire à son Elsa ce qu’il avait fait à cette petite russe, et il n’aurait même pas pu réagir… Une bouffée de haine contre lui-même grimpa, et il serra un peu plus fort Ariane qui venait de passer ses bras autour de son cou. Il la regarda sans vraiment la voir, tandis qu’elle lui faisait une proposition qui, en toute autre circonstance, lui aurait semblé alléchante. Mais pas ce soir. Ce soir, il voulait être bien. Digne de cet homme dont il avait pris la vie et qui était enfermé dans une armoire. Il aurait voulu que cette soirée ne finisse jamais. Qu’il reste toujours cet autre meilleur que lui, cet autre à qui il avait fait du mal. Il se pencha à l’oreille de la jeune femme pour le lui dire, mais la voix du capitaine lui arriva aux oreilles. Il fallait retirer nos masques.

Non.

Il ne voulait pas redevenir lui-même. Il se méprisait, il se détestait, et il ne voulait pas être à nouveau cet être mauvais qui portait son visage. Il tourna son visage vers le capitaine, désespéré. Ce masque, c’était son vrai visage, dans l’instant. On ne pouvait pas lui demander de l’ôter pour en porter un autre, pour porter celui que la nature lui avait imposé. Des larmes de haine et de désespoir coulait déjà de ses yeux vert. Pitié, grâce pour l’assassin, grâce pour le traître, grâce pour le fourbe, grâce pour le menteur ! Laissez-le donc se mentir à lui-même un instant ! Nier jusqu’à sa propre nature qui le dépassait. Laissez-le être bon, un soir, un simple soir, un seul soir ! Être ce qu’il aurait pu devenir, si les choses avaient été différentes. Si on l’avait laissé rêver, et choisir ses amis… N’était-il pas victime lui aussi à sa façon ? Victime de sa famille, victime de son caractère, victime de la vie… Si on lui donnait une chance, une toute petite… Il saurait prouver qu’il en était digne ! Mais après cette mascarade, après cela, plus jamais personne ne l’écouterait. Il tourna la tête vers Ariane, à nouveau, et quand il parla, il ne cherchait plus à déguiser sa voix. « Je… Je suis désolé. Tellement désolé. Je sais que tu ne vas pas me croire, pas m’écouter, mais il faut que je te le dise. Je suis navré, vraiment… Et je… Enfin… Je crois que… Non… Si… Oh ! » Sans réfléchir, il retira l’alliance de Maxim, et la lui donna ; il arracha la fleur et le jeta au sol, puis se retourna sans lui laisser le temps de réfléchir. Il n’était peut-être pas trop tard pour rattraper ses folies !… Il n’avait qu’à aller libérer Maxim, et lui rendre son masque, et le repousser dans cette foule. Tant pis pour sa chance de devenir quelqu’un d’autre juste un soir.

Il s’était perdu au milieu de la foule, pour qu’Ariane ne le retrouve pas, et avait retiré son masque. Là, il redevenait lui, un lui terrible, un lui affreux qu’il ne voulait plus être. Il se frayait un chemin entre les couples pour gagner la sortie, en priant pour qu’Ariane peine autant que lui, et ne parvienne pas à le rattraper. Mais la voix de l’homme le cloua sur place. Terre en vue. Terre en vue ?! Il se retourna lentement et chercha des yeux celui qui venait de parler, oubliant un instant qu’il devait aller libérer Maxim. Cela voudrait-il dire qu’il y avait une chance de s’évader ? Qu’ils pourraient finalement s’échapper de cette prison ? Cela voulait-il dire qu’il y aurait un avenir pour sa fille, et une chance de rédemption pour lui ?

Il était fou, fou et aveugle. Il espérait de toute son âme que tout était vrai. Elsa, où était Elsa ? Il fallait qu’il la trouve ! Il fallait qu’il lui dise qu’il voulait qu’elle lui apprenne à être comme elle, qu’il voulait devenir le merveilleux petit Papa qu’elle voyait en lui ! Il fallait qu’il lui dise qu’il était prêt à tout changer ! Où était-elle ?

Il ne la vit pas. Il vit quelqu’un d’autre. En cherchant sa fille du regard, il trouva Ariane.

« Event #4 ¤ Le bal masqué. »

Ce soir c'est le grand bal, Mets du fard sur tes idées pâles.

Ton attention se porta sur Katherina Dashwood qui s'approcha très près de ton visage, si bien qu'elle te susurra quelques mots à l’oreille. Tu la detestais, non c'était pire que ça ! Toutes les occasions étaient bonnes pour se crêper le chignon ! Tu ne pouvais pas voir Katherina en peinture, c'était viscérale. La blonde était insupportable, tu voyais clair dans son jeu car vous vous étiez pris en grippe. Dire que certains tombés dans le panneau. Tellement pathétique.

« Si c'est de ton sang que ma robe est tâchée, cela ne se verra pas. Ce serait regrettable n'est-ce-pas Katherina ? »

Un petit air de défi se lisait dans tes yeux, tu n'étais pas du tout impressionnée par elle. Des pulsions meurtrières, une tonalité macabre Katherina jouait avec le feu. Tu étais devenue redoutable depuis que Marcus t'avait tuée dans les bains trucs. Tu étais devenue intenable, tu n'avais plus peur de la mort, tu ne craignais plus le Titanic. Tu rêvais de vengeance, avide de te venger de ce paquebot maudit et tu n'en oublierais pas de t'amuser un peu avec Katherina ! Elle l'aurait chercher de toute manière, vous êtes témoins...

Cet instant, tel un tableau dans un tableau, une courte scène de ta vie où seul toi et Katherina en auront le souvenir, fut coupé par James qui venait te chercher.

¤¤¤

« Vous êtes très mal placés, Monsieur Spencer, pour me faire la morale sur la boisson. Si je peux me permettre. »

Autant pendant un instant, tu avais eut l'impression d'avoir à faire au bon vieux James autant l'instant d'après quand il te proposa de sortir de regarder les étoiles, c'était un autre homme. Tu te laissa faire, allons dehors s'il le désirait. Le capitaine venait de faire son entrée, tu en avais cure. Valait mieux sortir en effet. Tu saisis son bras avec aisance, et de l'autre tu pris une bouteille de champagne qui trainait sur le bar. Trinquons !

« Je vous suis, sortons prendre un peu l'air. » dis-tu d'une voix enjouée, l'alcool commençait déjà à te monter à la tête. Ma pauvre fille...

¤¤¤

Je rentrais dans la salle après avoir pris un peu l'air au dehors. J'étais au bras de James qui était, tel un gentlemen, allé me chercher une cape pour que je la mette sur mes épaules pour ne pas avoir froid. Les masques avaient été ôtés, j'enlevais le mien délicatement. On formait un couple parfait avec James Spencer. Qu'est-ce-que j'étais fière d'être à son bras ? Je ne jurais que par lui, depuis que mes yeux s'étaient posés sur ce vilain garçon de première classe. Ma soeur n'en reviendrait pas si elle voyait cela ! Je n'irais pas jusqu'à dire que c'était le grand amour entre nous. Les chats restent des chats, n'est-ce-pas ? Justement, entre nous, nous étions comme chiens et chats, ou plutôt chat et souris ? Un jeu de phrases, un jeu de qui-aura-le-dernier-mot s'était installé entre nous ce qui rendait la relation attrayante et intéressante. Nous n'étions pas le seul couple dans la salle de réception. Mon regard s'arrêta sur une brunette qui me rappelait vaguement quelque chose. Une troisième classe au bras d'un premier classe. Cela allait faire désordre. Un doute surgit, c'était elle ? Georgiana comment déjà ? O'Hara, le même visage de poupée de porcelaine. Je fis un sourire que le monde était petit n'est-ce-pas ? Mais je ne puis aller la voir pour le moment, déjà elle était en charmante compagnie et moi aussi d'ailleurs mais...

¤¤¤

Un homme entra dans une fougue sans pareille, pendant un moment tu eus une absence tu te rappelais la réception du Titanic où l'homme était fou et avait mis le feu aux rideaux. Mon dieu cela recommençait ... Celui-ci cria que la Terre était là. Les autres passagers semblaient ne pas y croire. Mais toi, tout ton être s'emballa. Mon dieu ! Une lueur d'espoir enfin ! La Terre ! Était-ce possible ? Avions-nous finis ce voyage dans l'éternité ? Tu te retourneras d'un bond vers James avec un sourire et une euphorie soudaine. Mon dieu... peut-être que la fin du voyage était là. La fin du calvaire aussi. J'allais retrouver ma soeur. Ce moment tant attendu, un moment que j'avais attendu depuis que j'errais sur les ponts du Titanic.

Et si ce n'était encore qu'un mauvais coup du destin ? Mais si c'était l'espoir que nous attendions tous ? Une nouvelle vie, pour un nouvel avenir. Une farce ou la vérité ? Peut-être fallait-il y croire pour que cela se réalise ? Peut-être que ceux qui n'y croyaient seraient à tout jamais enfermés sur le paquebot. Tu lançais un regard interrogateur à James. Tu étais une grande rêveuse, lui était plus terre à terre - c'était le cas de le dire. Les passagers n'étaient plus dupe Capitaine ! Nous étions les marionnettes du destin, mais peut-être qu'il était tant de couper nos fils. La terre était là tout prêt, une lueur d'espoir apparut dans mes yeux. Et si c'était vrai ?

Plus je regardais son visage, plus je la trouvais magnifique, elle avait un physique de rêve, sans doute que je ferrais durer le plaisir au maximum avec cette belle et jeune femme répondant au doux prénom d'Amber. Les masques avaient dévoilés nos visages et honnêtement aucun de nous deux ne le regrettait. Je dansais, elle dansais, elle me suivait tranquillement dans cette danse simple mais terriblement efficace pour continuer à la charmer. Nos visages n'étaient pas loin l'un de l'autre comme si nous étions prêts à nous embrasser mais n'allons pas trop vite en besogne. Ce fut alors à son tour de me faire un compliment sur mon physique, comme si à son tour elle entrait dans le bal du charme, de la drague attitude. Je la sentais bien, elle m'appréciait déjà plus qu'à ma juste valeur mais ça, c'était parce que je savais divinement me vendre. Je fermais les yeux une seconde tournant la tête légèrement sur la gauche, avec un petit plissement des lèvres comme pour lui faire sous entendre qu'elle n'avait pas tord.

" Vous savez vous aussi faire de magnifique compliment, mais vous n'avez pas d'égal sur ce navire, vous êtes divine. Dieu aurait pu vous prendre pour épouse tellement vous reflétez sa pureté, son image. "

J'essayais de surpasser son compliment, et je pensais y être arriver sans trop de soucis. Son visage était rosi par les compliments que je lui disais et par celui qu'elle venait de me faire, elle n'avait visiblement pas l'habitude de cela, mais si elle continuait à me fréquenter, elle en prendrait sans doute l'habitude. Nous n'étions plus que tout les deux ou presque à ce moment là, il aurait pu se passer beaucoup de choses, rien ne pourrait nous faire revenir sur terre. Pourtant, je n'osais pas imaginer ce qui allait se produire. Un homme essoufflé, surpris, hors de lui venait de débarquer dans la pièce pour nous dire qu'il avait vu la terre, que nous allions donc pouvoir accoster alors que nous étions en mer depuis pratiquement une année sans voir le moindre pic de terrain vague, même au loin, même un iceberg. Il parlait de miracle mais je n'y croyais pas un seul instant. Le timing était si mauvais que cela était louche. Le Capitaine avait organisé cette petite fête pour que nous soyons tous là pour entendre cela. Ce n'était probablement qu'une mirage, ou je ne sais quoi. Il avait tout pouvoir sur ce navire alors rien ne m'étonnerait. Elle me regardait alors avec une certaine appréhension. Son regard n'en était que plus magnifique et je ne manquerais pas de le lui dire. Elle me posa alors la question fatidique. Est ce que je croyais à cette terre.

" Le timing est bien trop mauvais pour que cela soit la réalité ma chère Amber. Nous ne sommes pas près de partir d'ici. En tout cas votre regard lors de cette annonce était encore plus magnifique que le plus magnifique des flamants roses sur cette planète. "

Je ne serais jamais avare de compliment avec une telle beauté devant mes yeux, vous pouvez en être certains. Je reprenais notre petite danse même s'il n'y avait plus vraiment de musique, comme si de rien n'était.

J'étais toujours aux côtés de cet homme que je n'appréciais pas vraiment même si au final, il ne me paraissait pas aussi antipathique que cela. Je ne l'apprécierais de toute façon jamais à sa juste valeur, j'en ai bien peur. Il avait commis l'erreur d'essayer de me draguer et ça passait mal. Il n'était sans doute pas méchant, mais je déteste qu'on essaye de faire cela avec moi. Il y avait eu la levée des masques, puis cet homme qui venait crier au loup, il y avait la terre, mais je m'en fichais royalement, je ne voulais pas savoir, je ne voulais pas voir cette terre qui était loin d'être paradisiaque pour ma petite personne. New York n'était pas faite pour moi, je n'avais nullement l'intention d'y mettre les pieds malgré les apparences puisque j'avais embarquée sur ce navire, c'était une histoire compliquée. Le gentleman me demanda alors ce que j'aurais fait là-bas, dans cette grande ville. C'était une bonne question à laquelle je n'avais pas réfléchis puisque dans ma tête, je ne devais pas y arriver.

" Ce que j'aurais fait à New York ? Je ne sais pas, pas grand chose assurément, de toute façon, je n'aurais pu voir la ville ..."

Et là tout d'un coup, je me rends compte que j'en ai trop dit et pas assez à la fois, il n'aura pas fini de me poser des questions, j'en ai bien peur. Cependant mon attention se porta sur une jeune femme qui interloquait directement le capitaine, elle n'avait peur de rien assurément. Ce dernier avait ce sourire narquois. Le matelot sous l'invitation de son chef nous montra la terre. Nous allions sur le pont et finalement, ce ne serait peut être pas si mal de prendre l'air, je commençais à suffoquer ici, devant les dernières révélations que je venais de faire bien involontairement. Je le prenais alors par la main comme si nous formions un couple, un réflexe de défense pour qu'il ne me dise rien de plus.

" Venez suivons le Capitaine ! "

Nous arrivions rapidement sur le pont et c'était un vrai miracle, le matelot ne nous avait pas mentis. Pourtant, devant la stupéfaction de cette vision, j'avais du mal à avoir le sourire. Je n'arrivais pas à réaliser que nous allions peut être accoster à bon port. Pouvait-il vraiment nous donner cette illusion là ? Il le pouvait, avec ce que j'avais pu vivre dans la salle des désirs, le Capitaine était capable de tout ! Étais-ce la fin de notre périple sur le Titanic après une année entière ? Je ne sais pas, il y avait une part en moi qui était pessimiste, qui n'y croyait pas. Mon côté défaitiste ressortait peut être à ce moment là, mais j'avais cette impression de voir une illusion et non une certaine réalité. Mon regard restait cependant perché sur la flamme de la Statue de la Liberté.

Comme Cendrillon.

Parler du capitaine et gâcher cette belle soirée, non la jeune femme se refusait à cela. Pour le moment, elle ne voulait pas évoquer les tristes souvenirs qu’elle gardait de la salle des désirs. Se souvenir de la mort de son père, de cette tombe et de ces cris, non, elle ne donnerait pas ce plaisir au chef de ce navire. Cette soirée était la sienne et non celle du Capitaine et même s’il préparait un mauvais tour, rien ni personne ne pourra gâcher ce tendre moment, qu’elle passait dans les bras du lord. Délicatement, elle posa son index sur sa bouche pour la faire taire et elle murmura un : « Plus tard, ne gâchons pas ce moment avec de mauvais souvenirs. » Elle continua la danse qui serait la dernière de la soirée, savourant ce moment comme s’il serait le dernier.
Alors que toute une troupe se trouvait autour du matelot, Georgiana resta lovée dans les bras de Joseph, préférant attendre les nouvelles, plutôt que de courir après. Elle profita d’ailleurs, de la belle révélation de l’anglais. La jeune femme ne pouvait pas nier les si belles paroles de Joseph. Cela lui procurait un doux bonheur de savoir qu’elle était son trésor et que les choses matérielles n’étaient pas importantes face à elle. Après avoir réalisé l’ampleur des mots, elle embrassa l’homme qu’elle aimait, d’un amour sincère, comme elle n’en avait jamais ressenti auparavant. Tout ceci était un rêve, comme Cendrillon, elle se sentait renaître, Joseph lui procurait tellement de bien et de bonheur, que jamais elle ne voudrait échanger cet avenir avec lui, contre une vie d’Enfer, mais dans le monde des vivants avec Arthur.

« Joseph, vos paroles me vont droit au cœur, si je devais choisir entre mille vies, je prendrais celle où je serais à vos côtés. » Disait-elle tout en l’embrassant.

Elle se trouvait dans un rêve, mais une personne finit par l’en sortir, ce maudit Capitaine, qui emmena tous ses passagers sur le pont. Fallait-il le suivre dans sa mascarade, ou bien attendre. Peut-être était-elle trop sur la défense, en tout cas, la brune de troisième classe avait un mauvais pressentiment. Elle se laissa tenter par Joseph et le suivit, ne quittant pas d’une seconde, son bras. Inquiète, elle suivit la troupe et son meneur, jusque dehors. Une légère brise soufflée en cette nuit étoilée, la soirée était belle, annonciatrice de malheurs. Une foule se massait sur les rebords et Georgiana finit par entendre des exclamations et des cris de joie. Elle se mit sur la pointe des pieds pour pouvoir apercevoir quelque chose. Au loin, tel un mirage trônait New-York. Soupçonneuse, la brune se tourna vers le Capitaine, mais ce dernier s’écartait déjà de la scène, se noyant dans la foule.

« Si c’est une illusion, elle est parfaitement réussie, qu’en pensez-vous ? » Demanda-t-elle septique à Joseph.

Elle devait être bien trop pessimiste, mais ses convictions anglicanes lui empêchaient de croire à une telle mascarade. Comment New-York pouvait-elle apparaître alors que tous étaient morts et au fond de l’océan. A l’heure qu’il était, leurs cadavres ne devaient même plus exister. Georgiana serra un peu plus le bras de Joseph. Au loin, à plusieurs kilomètres se dressait la Statue de la Liberté, aussi majestueuse que dans ses rêves. Mais tout ceci n’était qu’un rêve, une telle chose ne pouvait exister, encore moins de telles espérances. Le Capitaine était un parfait illusionniste, dans une autre vie, il aurait fait fureur. La lèvre de la jeune femme se mit à trembler de colère, elle cherchait le Capitaine du regard et finit par le voir, leurs regards s’accrochèrent et la fureur s’empara de la brune au tempérament de feu. Trop c’était trop, il fallait agir.

Je savais comment agir avec la gente féminine en temps normal, et Amber rentrait parfaitement dans le moule de ces femmes si facilement amadouables. Je me souviens de ce bain de vapeur que j'avais pu prendre avec cette chère Elizabeth Cavendish, elle m'avait étonné, une lady dans ce genre se laissant séduire de la sorte, mais j'avais apprécié, elle fut mon premier meurtre sur le navire, une jouissance incommensurable. La fin avec Amber serait sans doute la même, ou quelques choses y ressemblant très fortement. Elle était sous mon charme, la couleur de son visage témoigné pour elle. Elle était devenue rouge pivoine à mon premier compliment sur son prénom, avant même que les masques ne tombent. Pourtant mon plan pourrait bien être mis à mal à cause du Capitaine du navire qui faisait voir la terre à tout le monde ! Comme si cela était possible que nous puissions enfin arriver à New York après tout ce temps là. Nous n'étions même pas dans la réalité de la vie puisque nous étions morts alors même si jamais nous arrivions dans cette ville, ce ne serait pas la vérité, mais une illusion de plus comme ce que nous étions en train de vivre chacun ici présent. Il y aura peut être bien une fin à tout cela, peut être qu'un jour nous ne nous réveillerons pas finalement, mais ce jour n'était pas sur le point d'arriver alors je profitais de mon physique pour draguer les jeunes femmes comme Amber ce soir, le tueur en série au grand coeur était en train d'agir sans qu'elle ne puisse s'en apercevoir une seule seconde. J'écoutais alors le Capitaine qui nous proposait de suivre le matelot sur le pont afin de voir la Statue de la Liberté. Je ne montrais aucun signe, mais je riais à cela intérieurement. Un jour, il faudrait que je cause avec ce bonhomme, pour lui dire mes 4 vérités mais aussi pour essayer de le tuer lui, ça ne pourrait pas lui faire de mal. Amber se déconnectait de moi, je n'aimais pas cela, mais je serais obligé de suivre un minimum. La curiosité de la jeune femme l'emportait sur tout le reste alors si je voulais continué à la draguer et à ne pas la brusquer, je devrais agir dans son sens. Ce n'était pas trop demandé donc ce serait largement possible. Elle disait que cela était trop mauvais mais qu'elle voulait bien voir cela. Je n'en avais pas envie du tout, voir une illusion de plus que ce que nous vivions chaque jour ne m'intéressais pas, mais je ferrais comme si.

" Je pense que ce n'est qu'une illusion de plus mais bon, si elle est bien réalisée, cela peut être beau à voir, mais ça ne sera jamais aussi beau que votre visage quoiqu'il advienne. "

Oui, j'allais dans son sens sans oublier de la charmer, encore et toujours avec le plus beau des sourires, important le sourire. Elle regardait par la fenêtre accrochée à mon bras.

" Allons sur le pont, le spectacle semble être grandiose, vous m'accompagnez ? "

Et nous étions partis pour voir ce qui semblait être la ville de New York au loin, à quelques kilomètres, des kilomètres, je l'imaginais bien que nous ne comblerons sans doute jamais, mais bizarrement, cela redonnait de l'espoir à tout ces gens. Foutaise, le Titanic avait sombrer, nous étions au fond de l'océan pour la plupart, nos corps avaient été repêchés pour les plus chanceux ...

Comme Cendrillon.

Jamais la jeune femme n’avait ressenti une telle fureur. Ses origines irlandaises devaient peut-être ressurgir de très loin, mais Georgiana ne rêvait que d’une chose, se défouler sur le Capitaine. Impulsive, elle l’avait déjà été, fille des faubourgs, elle avait déjà eu quelques crêpages de chignon avec des filles de son âge. Cogner, elle s’était déjà permise de le faire à quelques hommes entreprenant, vivre avec des frères protecteurs lui avait beaucoup appris, si bien que la jeune femme pourrait très bien se battre comme une chiffonnière. Cela pourrait être amusant, mais à bord du Titanic et surtout en compagnie de Joseph, la brune avait de la retenue. Un certain bon sens qui lui disait que se battre devant un gentleman qui vous courtisé, n’était pas correct. Pourtant, Dieu sait à quel point Georgiana aurait rêvé mettre deux, trois soufflets à cette Margareth Harrington, cette pimbêche n’avait pas dû en recevoir beaucoup dans sa vie, ce qui devait être un réel manque pour elle et sa conduite. Si elle avait pu avoir des enfants avant de mourir, miss O’Hara en était sûre, elle leur aurait inculqué une bonne éducation, les empêchant d’être égoïste et surtout dans le respect d’autrui, comme ses parents lui avait appris.
Ce soir, la belle aurait peut-être mieux fait de boire à outrance, ainsi, elle n’aurait pas été lucide de cette stupide mascarade. New-York ? Pff commun certains pouvaient-ils croire que cette ville était devant eux, ils étaient tous morts, par deux fois pour quelques personnes, comme Georgiana. L’anglaise n’avait plus d’espérance et ne croyait plus en le Capitaine, il n’était qu’un mythomane, avide de puissance et de cruauté. Voilà le visage qui se cachait derrière ces charmants sourires et cette bienveillance à toute épreuve. Il n’était qu’un comédien, comme beaucoup d’homme, mais était-il un homme à ce stade ?
Joseph la retenait, il avait probablement compris ses intentions, voulait-il la protéger du Capitaine ou mettre fin à sa folie passagère. La jeune femme se calma et envoya un sourire un l’homme qu’elle aimait comme pour le remercier. Troublée, elle envoya un regard vide vers l’horizon, New-York, un rêve qui aurait pu se réaliser, mais le destin en avait décidé autrement. Puis, alors que la vision commençait à devenir plus nette, elle disparut, adieu le rêve américain, bonjour la mascarade. Certains semblaient étonnés, d’autres blasés. Georgiana ne savait comment réagir, elle s’en doutait, mais été surprise que tout cela arrive si soudainement. Elle tourna à nouveau son regard vers le Capitaine, celui-ci lui envoya un sourire machiavélique. Se doutait-il de son agacement ? Mary Abbot s’approcha du couple, la jeune femme lui fit un léger sourire, presque faux, à l’entente de ses mots. Trop troublée, elle se détourna et vit que le Capitaine avait disparu.

« Oui beaucoup trop beau. » Dit la jeune femme avant de fuir aussi, laissant Joseph et Mary.

Demain elle pourrait avoir honte de son comportement, mais aujourd’hui, elle devait avoir une explication. La brune savait qu’elle pouvait rêver, mais qui ne tente rien, n’a jamais rien ! Elle s’élança alors à l’intérieur du navire, suivant le chemin que le Capitaine aurait pu prendre. Il était un peu plus loin, comme si, il s’attendait à la voir, toujours avec son sourire charmeur. Elle se moquait bien de ses charmes, les hommes elle s’en méfiait, elle avait trop souffert avec Arthur, seul Joseph pouvait désormais prendre son cœur.

« Comment pouvez-vous nous faire ça ? Cela vous excite de voir toutes ses personnes malheureuses de vos mascarades ? Un jour vous le paierez cher de tout cela et je ferais parti de ceux qui vous détruiront. » Elle termina ses mots, tout en envoya son point de la figure du Capitaine.

Elle pouvait remercier George et Charles pour l’avoir exercer à cela, mais qu’est-ce que ça faisait mal. La belle se détourna alors envoyant un regard noir au Capitaine, le laissant seul avec sa méditation. Son point lui faisait mal, elle espérait vraiment ne s’être pas cassé quelque chose, mais cela en valait tout de même la peine. Une fois qu’elle fut bien loin du monstre, elle s’arrêta et se posa contre un mur, laissant aller les larmes. Elle détestait cette vie, heureusement qu’il y avait Joseph, sans lui, elle le savait, elle serait perdu depuis bien longtemps.

Nous arrivions sur le pont pour voir de plus près ce spectacle qui semblait être si beau, même s'il ne pouvait être véritable. Je connaissais les façons de faire des psychopathes dans le genre du Capitaine. Je ne serais même pas étonné s'il était un lointain de mes cousins, à croire que c'est de famille. Mais comme je voulais faire plaisir à Amber, nous étions venus sur le pont, mais presque aussitôt ce que nous avions pu voir à travers la fenêtre partie pour ainsi dire en fumée. C'était à la fois triste, mais tellement prévisible, du moins je parle pour moi. Un peu d'espoir donné pour vous faire rêver n'était qu'une ruse pour vous l'enlever aussitôt et vous briser un peu plus. Et il l'avait fait plutôt brillamment au vue des mines tristes que je voyais autour de moi. Le but de la soirée était donc le suivant ? Malin, je dois vous l'avouer. Mon but était différent et pour le moment, j'y arrivais sans trop de difficulté. Amber était le genre de femme que j'aimais à séduire par mes paroles et mon charme naturel. D'ailleurs avec son attitude, je l'aurais croqué tout de suite, mais elle n'était pas encore à point selon ce que j'aimais, il ne manquait cependant que peu de cuisson. Un steack saignant sera toujours moins bon qu'un steack bien cuit après, je ne fais pas non plus la fine bouche, ça reste bon. Le Capitaine en avait profiter pour s'échapper de la scène de crime, il contemplerait cela d'ailleurs. Pourtant, il me semblait avoir vu une jeune femme le poursuivre, sans doute qu'elle lui ferrait sa fête, et ça ne lui ferrait pas de mal, même si je m'en fichais pas mal. Elle me dit donc que j'avais raison, qu'elle avait été trop naïve. Elle ne croyait pas si bien dire, mais je lui pardonnais son attitude, pourquoi la blâmerais-je d'y avoir cru ?

" Ne vous en faites pas. Beaucoup ici présents ont cru ! C'était bien le but de la manœuvre : donner un peu d'espoir avant de l'enlever. Il semblerait que nous sommes ici pour encore quelques temps mais qui s'en plaindra ? Nous ne sommes pas si mal que cela sur ce Titanic, n'est ce pas ? "

Pas de compliment sur sa personne ? C'est vrai, j'aurais pu lui dire que son visage reflétait cette lueur d'espoir ou quelques choses dans le genre, mais parfois, il faut savoir faire la part des choses et ne pas trop en rajouter. Mais je vis alors sur son visage une autre expression, comme si elle avait vu un fantôme. Je sais, nous le sommes tous, mais là, cela semblait être vrai. Quelqu'un de présent ici appartiendrait-il à son passé ? Ou alors peut être qu'elle l'avait croisé avant le naufrage et ne voyant pas la personne, elle pensait qu'elle s'en était sortie indemne. Je ne savais pas trop, et je dois vous avouer que c'était le cadet de mes soucis. Je sais, j'aurais pu essayé d'en savoir plus, peut être que plus tard, je lui demanderais mais pas tout de suite. Elle remit une de ces mèches rebelles qui lui venait sur la visage derrière son oreille mais celle-ci retomba presque aussitôt. Dans un geste tendre presque comme pour la réconforter, je passais ma main sur son visage pour remettre sa mèche à sa place. Cela ferrait sans doute son petit effet, je n'en doutais nullement. Nous revenions donc à présent dans la salle de réception mais la fête semblait être bien finie. Tant pis, cela m'arrangeait, je pourrais accompagner Amber à sa cabine par cette occasion là. Il semblerait que nos esprits soient en connexion, elle était fatiguée à présent, et souhaitait que je la raccompagne jusqu'à sa chambre. Ce serait un plaisir ma chère.

" Mais très certainement, ce sera fait avec plaisir Amber. Laissez moi vous raccompagner. Prenez mon bras lady, et parvenons jusqu'à votre cabine. "

Pas de compliment mais je lui tendais mon bras qu'elle pourrait entrelacer ou qu'elle pourrait simplement le prendre par sa main, comme elle le désirerait. Elle se retournait une dernière fois en direction de la salle pour voir quelqu'un. Cela semblait lui tenir à coeur, je lui demanderais plus tard dans la soirée, du moins, si elle était toujours en vie, cela allait de soit mais ça, elle ne le saurait pas avant sa nouvelle mort, si je décidais bien évidemment que celle-ci interviendrait ce soir.

William avait depuis longtemps arrêté de croire à ce que pouvais dire ce capitaine. Il ne leur voulait que du mal c'était évident. Une terre alors qu'ils étaient là depuis des mois, c'était impensable. Il y avait malgré tout une petite lueur d'espoir et si c'était vrai si pour une fois il ne mentait pas? Les paroles de Katherina l'avait un peu rassuré un peu adouci aussi, elle n'avait pas l'air si orgueilleuse qu'il n'y paraissait. Elle était d'accord avec lui et il se senti un peu moins seul. Ce n'était pas évident de parler à des personnes qui sont persuadés d'être encore en vie, heureusement que certains étaient lucide. L'idée de poursuivre la soirée comme si l'intervenant n'avait rien dit lui plaisait. Il acquiesça satisfait de cette idée.

«C'est une excellente idée. Voulez-vous une autre coupe ou préféreriez vous aller danser?»

William avait toujours été un homme galant, il était aux service des autres après tout c'était bien à lui de trouver les choses à faire et les femmes paraissait-il aiment qu'on les servent alors autant rester droit et galant. Il n'avait jamais perdu les bonnes manières et ce ne serait pas une prétendue terre en vue qui changerait cela. Les autres étaient plutôt divisés en ceux tout d'abord qui voulait y croire et ceux qui comme eux n'y croyaient plus, pourtant lorsque le capitaine les insista à aller voir cette vue de New York qui semblait être là William ne pu s'empêcher de croire que ce n'était pas une illusion. Il était divisé entre la curiosité et la raison. Que ferait-il si jamais c'était vrai ? Il n'avait jamais vraiment réfléchi à ce qu'il aurait pu faire une fois arrivé là-bas .

«Allons-voir cela m'étonnerait fort que notre cher capitaine dise la vérité, mais sait-on jamais peut-être que pour une fois ce n'est pas un mensonge.»

Il en doutait fort. Il entraîna la jolie Katherina avec lui et se rendit sur le pont, ou toutes les personnes présente s'exclamaient de façon différente face à cette vue de New York. C'était encore loin, mais il semblerait que se soit bien là. William ne savait vraiment plus quoi penser. C'était étrange il avait le sentiment que ce revirement de situation n'était pas normal. Il n'arrivait pas à être pleinement satisfait de voir cette vue et puis soudainement tout s'effaça. Ce n'était une fois de plus qu'une illusion. Le capitaine s'en était allé avec cette illusion. Il allait se mettre à dos tous les passagers de son bateau. Résigné et abattu William observa Katherina d'un air désolé.

«Rentrons ce n'était qu'un mensonge de plus. »

Il présenta son bras à la belle Katherina et espérait qu'elle lui accorderait au moins une danse, autant oublié cet épisode, les illusions ne sont pas faite pour durer.

Anderson écoutait cette jeune femme, dont il ignorait d'ailleurs encore le nom, comment pouvait-elle ne pas savoir ce qu'elle aurait fait là-bas? Il devait y avoir une raison à sa venue sur ce navire, c'était évident ce qui semblait apparaître c'était qu'elle y avait été plutôt contrainte. Elle ne semblait pas vraiment intéressée à cette conversation. Il avait l'impression qu'elle cherchait à le fuir. Ce ne serait pas gagner de la faire danser. Lui aurait continuer de vivre sans vraiment de logement fixe, il avait toujours aimé aller à droite à gauche dormir parfois dans des hôtel minable et le lendemain dans une charmante auberge, c'était comme ça qu'il aimait la vie. Il aurait aimer ne pas être bloquer ici, il s’ennuyait. Il ne rechigna pas lorsqu'elle l'emmena voir ce qui se passait dehors, si c'était vrai il pourrait enfin sortir d'ici et retrouver sa vie qu'il aimait tant. Les uns semblaient ravi les autres dubitatif, Anderson lui préférait y croire. Il avait tellement envie de voir autre chose que ce bateau que n'importe quoi serait acceptable et visiblement la ville était tout proche. C'était pourtant complètement dingue. Comment pouvait-il y avoir une terre en vue alors qu'ils étaient morts et qu'ils avaient coulés au fond de l'océan? Ça devenait bien trop compliqué dans son esprit et pourtant il se plaisait à croire qu'ils arriveraient bientôt à terre. Et puis tout s'effaça. Rien n'était vrai. Anderson resta sans voix. Comment avait il fait? Comment pouvait-il leur donner de fausse illusion, c'était une ignoble façon de procéder. Anderson était un peu en colère d'avoir cru à cette parfaite illusion. Il n'avait d'ailleurs plus du tout envie de faire la fête. Il pesta intérieurement contre le capitaine et salua cette jolie blonde, tant pis il aurait d'autres occasion de lui faire la cour.

«Pardonnez-moi de vous laissez ainsi, profitez dont de votre soirée. Bonsoir.»

Il gardait ses bonnes manières pour ne pas paraître désagréable, mais il aurait bien voulu s'en passer. C'était aussi stupide que d'être coincé ici. Il avait besoin d'aller dans sa cabine et de passer sa colère sur autre chose que sur les personnes qui étaient présente ici. C'était désagréable de constater qu'ils avaient tous étaient manipulés. Le capitaine n'était vraiment pas recommandable. Il retourna dans la salle de bal et profita de passer près du bar pour prendre une coupe de champagne et retour à sa cabine. Il n'était plus d'humeur à faire la fête.

Je savais bien que ma phrase lui ferrait poser des questions sur moi, mais il n'en savait pas beaucoup, je ne lui avais rien révéler me concernant, il chercherait donc dans le vide, s'il avait envie de chercher évidemment, ce qui n'était pas forcément gagner évidemment mais qu'est ce que je pouvais y faire ? J'étais resté mystérieuse, je savais qu'il s'appelait Anderson, mais moi, je ne lui avais pas dit mon prénom, et finalement c'était sans doute mieux ainsi. Le Capitaine voulait encore se jouer de nous en nous montrant New York. Je voulais pourtant y croire, je m'imaginais accoster à New York, en essayant de refaire ma vie, en repartant de rien, mais ce n'était pas ce que je m'étais imaginé, je n'avais pas de vie après le Titanic, je ne devais pas voir la fin de son périple, mais il m'avait devancé.

Cependant, alors que mon regard se perdait sur la Statue de la Liberté, celle-ci se mit à être flou, avant de disparaître complètement comme tout le reste. Une illusion, voilà donc ce que c'était. Il était fort cet homme à nous faire voir tellement de chose, à nous faire croire à des balivernes, à nous donner un peu d'espoir avant de tout nous reprendre. J'en avais fait la douloureuse expérience dans la salle des secrets, et ce soir, c'était la même chose, grandeur nature. Mon compagnon du moment semblait être complètement estomaqué par cette vision d'horreur. Peut être s'était il imaginé accosté là-bas et refaire sa vie, mais ces espoirs avaient été brisés en un instant. Il semblait chamboulé par cela, je distinguais une pointe de colère en lui alors que je commençais à accepter sa présence à mes côtés, comme si j'allais céder dans ces bras, mais ce ne serait pas le cas, pas tout de suite en tout cas. Mais il pris congé en s'excusant de me laisser ainsi. Je me retrouvais à présent seule, sans personne ou presque puisqu'il y avait encore du monde autour de moi. Je redescendais alors d'un étage pour revenir dans la salle de réception, mais la fête semblait être gâchée, tout du moins, elle semblait se finir ainsi. Je reprenais mon masque que j'avais laisser sur une chaise et je retournais donc à ma cabine. Anderson était déjà loin. Je ne savais même pas de quelle classe il était, je ne savais pas grand chose de cet homme et il en savait encore moins sur moi. Mais bizarrement, je ne doute pas qu'on se recroise prochainement sur le navire ...

« Event #4 ¤ Le bal masqué. »

Ce soir c'est le grand bal, Mets du fard sur tes idées pâles.

Las de tout ceci, fatiguée de tout cela. New York à l’horizon, c’était elle. La fin du voyage arrivait. Mais non, James avait raison tout ceci n’était que fabulation de la part du capitaine qui quitta la scène avant de subir notre courroux. Ca me fatiguait tout cela. Car même, si au font de nous on savait que c’était un mauvais tour du capitaine. Tous, on espérait secrètement que c’était la lumière au bout du tunnel qui nous sauverait. La fin de ce calvaire, la fin d’une épopée macabre. Le Capitaine… cette ombre insaisissable, ce marionnettiste qui nous mène tous par le bout du nez. Je l’avais vu, j’avais vu les buildings, j’aurais pu revoir Hélène, c’était là tout prêt – on pouvait toucher notre destin du bout des doigts. Et non rien, l’illusion se dissout alors que je lançais un regard malheureux à James, je l’embrassai sur la joue tendrement avant de tourner les talons. Je ne voulais pas voir la désillusion des autres. J’en avais cure. Quelle existence sans but, si ce n’est celui de se faire baratiner par un Capitaine qui n’est finalement qu’une mauviette refusant de nous affronter ! Nous étions tous là, la même expression du visage, la même désillusion, la même réaction retournait à l’intérieur rentré se coucher. Nous n’avions plus que ça à faire après-tout. J’avais peur. J’étais effrayée par l’avenir, que deviendrons-nous ? L’espace d’un instant, j’avais eut peur d’être la seule à voir New York … mon dieu New York ! Au moins, on l’avait aperçue, l’espace d’un instant notre rêve, notre but à tous avait été là devant nos yeux. On avait senti la chaleur des buildings, les lumières de la ville, un nouveau monde … un nouvel avenir…

Qu’allait-il advenir de nous ? Nous étions en enfer, l’Au-delà qui se jouait de nous. Le malheur des autres était tellement délectable. Je n’en pouvais plus, comment sortir de ce cercle infernal ? Tuer le Capitaine… notre bourreau, le malheur venait de lui, même avant le naufrage c’était ainsi. Il n’avait pas pris les bonnes décisions au bon moment. Cet homme, je le détestais, je le haïssais. C’était pire que tout, pire que la haine que je ressentais pour Katherina. Nous allions moisir ici, comme des poissons morts échoués sur la plage, abandonnés sur le récif. Cette soirée se finissait encore en queue de poisson, sans explications, nous restions dans le doute mais on savait que cette fois-ci c’était une manigance du capitaine. C’était comme ça. Les jours s’enchainent, se ressemblent et se répètent. On deviendrait tous fous à bord du Titanic. Nous étions tous perdus, nous avions eut chacun une raison de ne pas pouvoir monter sur les canots mais si on avait su on aurait sauvé notre peau. Et encore… comment savoir si les survivants vivent aujourd’hui en paix ? Hélène… douce Hélène… tendre Hélène… tu me manques ma sœur. Où es-tu ? Que deviens-tu ? J’ai tant besoin de toi ma sœur…