« Au poker, ce qui compte, ce n'est pas le jeu que tu as en main mais le jeu que ton adversaire se figure que tu as. »
Les dames sont en tenue de soirée, et les hommes sont sur leurs 31. Vous avez tous et toutes été invités dans le Grand Salon sur le Pont A pour une soirée Casino. Une soirée où les hommes pourront jouer au poker, les femmes profiter du bar et de la musique. Entre deux parties, vous pourrez vous dégourdir les jambes sur la piste de danse.
« Mesdames, Messieurs, Veuillez prendre place. »
Le Grand Salon est donc ouvert à tous, même si certains premières classes s'y sont formellement opposés. Les membres de l'équipage s'occupent du service. Les invités arrivent aux comptes gouttes, les hommes prennent place à la table avec leur jetons et leurs gains. Et les femmes s'installent dans les grands fauteuils avec leur cocktails, ou bien restent debout en spectatrices et supporters de leur hommes.
Tricherie, botte secrète, et savoir-faire sont au rendez-vous ce soir. Joueurs débutants, ou joueurs confirmés vont rentrer dans l'arène, et se battre pour leurs gains. Pensez-vous réellement que cela ne sera qu'une soirée casino comme une autre ? Le suspens est à son comble, les jeux vont être lancés, les revenants sont là au rendez-vous, la soirée promet d'être mouvementée. Un lot de surprises vous attend.
« Mesdames, Messieurs, Faites vos jeux. La partie va commencer. Tenez-vous prêt. »
♦ Informations sur le Jeu :
Une soirée Casino organisée spécialement pour tous nos joueurs sur le forum. Ce premier tour durera jusqu'au 20 avril 2013, il n'y a pas d'ordre de passages, vous pouvez répondre au moins deux fois. Ne choisissez pas vos cartes, un topic sera là pour ça - pour que ce soit aléatoire. C'est l'entrée officielle des Revenants, il va se passer des petites choses pour eux, restez sur vos grades et surveillez vos jeux ! Les murs ont des yeux et des oreilles partout.
Yolanda Yeabow avait souvent pensé qu’il n’y avait rien de plus beau – rien de plus beau au monde – que quelqu’un de faible qu’on pouvait manipuler à sa guise, surtout lorsqu’il s’agissait d’un homme, qu’on avait des comptes à régler avec cet homme-là, et qu’on était une des personnes qui le connaissaient le mieux au monde.
Au monde. Le monde. Souvent ils employaient encore les vieilles expressions du temps où ils étaient vivants, les expressions doucement dénuées de sens, les expressions qui avaient lentement perdu de leur valeurs, mais expressions quand même fixées dans leurs langages qu’ils continueraient d’utiliser. Mais ici – c’est bête ! – ce n’était plus le monde, ce n’était plus la Terre, ce n’était plus la vie ! – c’était le Titanic. Et sur le Titanic se mêlaient naufragés, assassinés ou suicidés, fantômes et revenants, tragiques ou moins tragiques pour qu’au final toute cette diversité revienne à la même chose – mais ce n’était plus le monde, ni la Terre, ni la vie. Hélas. Amen.
Mais si, dans l’existence, on avait essayé de parer la fadeur de la vie de dorures, et de masquer ses aspects douloureux avec le luxe, cela signifiait que dans la mort, on redoublait de ces préoccupations dérisoires. Yolanda ne comptait plus le nombre de soirées et de bals auxquels elle s’était rendue, de gens avec qui elle avait parlé – d’amants avec lesquels elle avait joués. On organisait les réceptions en surnombre, comme si quelques heures auraient le pouvoir de tout faire oublier, de tout faire renaître ; on voulait danser, on voulait rire, on voulait manger. Jamais Yolanda Yeabow n’avait senti les hautes sphères de l’aristocratie aussi vivantes que dans leurs morts.
Aussi ce soir, on avait organisé une soirée de jeu. Et Yolanda, en recevant le carton d’invitation, n’avait pas pu s’empêcher de sourire amèrement. Si n’avait jamais, de son vivant, mis les pieds dans un casino, son défunt mari avait été un grand joueur. Ah, son défunt mari ! Elle avait sourit encore. Quel sort malheureux avait connu cet homme ! Quelle malchance l’avait poursuivi, depuis l’instant où leurs regards s’étaient croisés ! Pauvre homme. Imbécile.
Sans y être opposée, Yolanda ne s’était jamais sentie attirée par le jeu, donc. Mais ce soir… oh, ce soir, maintenant ! il n’y avait plus rien à perdre ni à gagner. Elle serait grisée quelques heures – elle rencontrerait du monde et sentirait des regards aiguisés se poser sur elle ; ce serait amusant. D’ailleurs, elle s’était bien habillée pour l’occasion, en soignant sa tenue parce qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire, que ça l’empêchait de penser à autre chose, et qu’elle savait qu’elle n’était pas laide, lorsqu’elle portait une tenue qui lui allait bien. Ce soir, c’avait été une robe noire qu’elle portait – assez légère et décolletée, parce qu’il commençait à faire chaud. Soyeuse cependant, parce qu’elle adorait les belles étoffes… Oui, alors, amusant. Seulement amusant. Alors, pourquoi pas ? Si Ariane… Ariane ou John…
TAIS TOI. Tais toi. Pas Ariane. Pas John. Tais toi, maintenant.
Pas Ari… Nathanaël Oliver. Haha. Nathanaël Oliver.
Nathanël Oliver et sa beauté affolante ; Oliver et sa réputation effrayante ; Olivier, et sa mine déconfite. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait une expression grave et sérieuse remplacer ses sourires enjôleurs et ses mines tentatrices ; au lieu de s’en intriguer, au lieu de s’en décevoir, Yolanda Yeabow exultait.
Elle l’avouait sans honte, Oliver avait été un excellent amant. Seulement les choses avaient pris une tournure désagréable récemment. Elle savait que l’affront qu’il avait fait à sa fille n’avait pour autre but de s’attaquer à elle ; elle s’était rendue compte qu’il s’était lassé d’être. Néanmoins elle ne le laisserait pas s’en tirer comme ça. Jamais. Il n’avait pas le droit d’agir avec Yolanda Yeabow de cette façon – si facilement, si impunément – sans qu’elle ne se venge. Et chaque air affaibli, chaque regard sincère sur le monde, si elle avait été fort intriguée au début, elle avait fini par les voir comme une bénédiction…
Il s’efforça de ne pas la regarder. Radieuse, elle lui adressa un sourire ravi. Il y avait quelque chose de venimeux et d’irrésistible dans son sourire. Il s’efforça de changer la direction de ses pas. Souriante, elle se plante en délicatesse en face de lui. Il ne bougea plus – il ne pouvait plus bouger.
« Oh, mais je crois que nous nous connaissons, n’est-ce pas ? », susurra-t-elle malicieusement.
On disait que Nathanaël Oliver devenait doux et sincère. Il s’était rangé. Il en avait vraiment envie. Cependant quand on avait été si foncièrement mauvais de la sorte, quand on avait brisé tellement de cœurs autour de soi et fait tellement de mal – surtout quand on avait fait du mal à Yolanda Yeabow – on ne s’en sortait jamais indemne. Et si personne n’avait l’air de vouloir rappeler à Nathanaël qu’il ne pourrait pas – jamais ! – s’affranchir de ce qu’il avait fait, si personne ne voulait se dévouer pour lui faire mal comme il lui avait fait mal, alors Yolanda s’en chargerait. Avec plaisir.
Ils étaient proches de la porte d’entrée de la soirée Casino. Avec de la chance et à coup de sourires, son ancien amant l’y accompagnerait ce soir.
La mort est une renaissance. Vrai. Le passé ne peut renaitre. Faux. Depuis que le revenant était de retour sur le Titanic, cette nouvelle vie n’avait pas été facile et s’était montrée même très éprouvante. Alors que l’homme avait imaginé au départ qu’il était au paradis puisqu’il pouvait réparer ses erreurs passées, il s’était aperçu que finalement, il était en enfer. Le revenant était en train de broyer du noir lorsqu’il entendit des pas derrière la porte de sa cabine. Il n’avait pas le cœur de se lever pour voir si quelqu’un venait lui rendre visite. De toute façon, qui pouvait bien vouloir rendre visite au monstre qu’il était? L’homme entendit le bruit d’une enveloppe que l’on glisse sous la porte et se laissa tomber de son lit pour prendre connaissance de cette mystérieuse enveloppe. ..
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Lorsqu’il avait reçu une invitation pour une soirée casino, tous les tracas du revenant s’étaient volatilisés en un instant. Qui disait casino disait poker et ça, c’était l’univers de Charles John Wellington. Il avait tout perdu pour cette passion, mais c’était toute sa vie…
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« Elle doit être ici quelque part…Ah! Je t’ai trouvé petite coquine… » La petite valise près de la porte de la cabine de Charles contenait tous les effets personnels qu’il avait apportés avec lui, de son vivant, lors de son voyage sur le Titanic. Il savait exactement qu’il y trouverait son porte-bonheur; la bague de fiançailles qu’il n’avait jamais offert à Mary-Ann. Le revenant prit l’alliance et la porta à sa bouche pour y déposer un baiser avant de la glisser dans la poche de son veston. Lorsque ce fut chose faite, Charles jeta un dernier coup d’œil dans la petite glace de son miroir portatif et se souris; il était beau. Ses cheveux étaient lissés vers l’arrière et sa barbe de quelques jours lui donnait un certain charme. Ses souliers étaient cirés et le complet qu’il portait était le plus beau qu’il ait possédé puisqu’il lui avait été offert par Mary-Ann. Charles était prêt, ce soir, la chance serait avec lui!
Le Grand Salon du pont A avait été exclusivement réservé pour l’occasion. De son vivant, Charles n’avait pas pu y accéder puisqu’il était en troisième classe, mais ce soir, l’homme n’avait rien d’un homme pauvre. Il avait retrouvé sa confiance et son assurance d’antan. Ce soir, personne n’allait venir ternir son bonheur de retrouver son plus grand amour : le jeu. Le revenant marchait fièrement sur le pont A et vit au loin un rassemblement de gens. Il savait que le Grand Salon devait se trouver à cet endroit. Charles réalisa alors que ce serait la première fois depuis qu’il était mort qu’il allait être entouré d’autant de gens. Qui seraient présents ce soir? Tout le monde, évidemment, mais EUX, seront-ils présents. Charles John Wellington sourit, ILS seraient là…
Jack contemplait le carton d'invitation. Le carton aux reliures dorées avec les anagrammes du Titanic l'informait qu'il était invité à une partie de poker qui se déroulait dans le grand salon du Pont A. Un sourire apparaissant sur son visage, Jack envisagea de s'y rendre afin d'y rejoindre deux hommes dont il s'était lié d'amitié, tous trois voués à un amour inconditionnel de ce jeux de cartes. Plusieurs fois, ils s'étaient donnés rendez vous afin de s'embourber dans ce dédale de stratégie, de chance, qu'était le poker. Au fur et à mesure, ils avaient finis par se forger une réputation de vil joueur multipliant les victoires, les tricheries mais en se vouant une confiance inconditionnelle. Oui, vous l'avez compris, Jack s'était fait des amis. Les appréciant, le blondinet aimait passer du temps en leur compagnie, cela lui permettait d'oublier les soucis quotidiens sur le bateau et il semblait en être de même pour les deux autres.
S'habillant d'un pantalon noir et d'une chemise blanche, il se rendit compte qu'il s'agissait de ces seuls vêtements potables pour cette soirée. La propreté de ces vêtements faisait malgré tout ressortir sa condition de troisièmes classes. Mais Jack s'en moquait éperdument, cela n'empêcherait, que ce soir, il plumerait à nouveau ces riches. Son sourire s'agrandit à cette pensée et jovial, il indiqua à sa soeur ou il se rendait. Cette dernière lui confirma s'y rendre un peu plus tard. Après lui avoir dit au revoir, Jack se rendit au salon. La richesse des tapisseries, la vaisselle en porcelaine, le luxe frappait avec la modestie des cabines des Troisièmes classes. Cela lui fit apercevoir que ces vêtements ne se fondaient pas du tout dans le décor. Mais cela, il s'en contrefichait. Car il venait d'apercevoir l'un de ces deux amis, dos à lui, qui semblait attendre également.
Silencieusement, le blondinet alla vers sa direction. Et puis, sans crier gare, il arrivera et lui appliqua une claque joviale sur l'épaule en s'écriant:
" Hé, Charles! Tu sembles perdu? " Dit-il d'un air moqueur. Car son ami avait l'air de se demander ce qu'il faisait là. En effet, c'était cela les soirées mixtes du Titanic. On vous conviait à une soirée inter classes mais par contre, on vous rappelle la pauvreté des gens ne faisant pas partie des premières et deuxièmes classes. Les pauvres se mêlant aux riches. Le jeu qui allait se mêler aux vices et à la tricherie. Une bonne soirée en perspective pensa le jeune homme.
Thomas ouvrit l'invitation cachetée de la marque typique du Titanic. On le conviait à un casino organisé au Grand Salon, ce soir. Il fit un peu la moue: le poker ce n'était pas vraiment sa passion. Mais il y aurait surement d'autres jeux auxquels il pourrait miser, et il pourrait voir un peu de monde. C'est alors qu'une idée lui vint. Il posa la lettre sur sa petite table de salon et alla se changer dans sa chambre. Le jeune homme revêtit un smoking noir avec une chemise blanche toute simple. Il hésita entre un nœud papillon ou une cravate, une dans chaque main. Thomas soupira et sortit de son appartement, toqua à celui d'à côté et entra discrètement. Personne. Il fit quelques pas quand Mary apparut devant lui. Le jeune homme ne prit même pas la peine de lui dire bonjour, mais tendit ses deux bras devant lui, présentant le nœud et la cravate. L'air d'incompréhension de sa belle fiancé l'amusa et un rictus se forma au coin de sa lèvre.
- Tu n'as pas reçu l'invitation pour ce soir ? Tu sais le casino ?... Non ? Il fit exprès de soupirer bruyamment en levant les yeux au ciel pour la taquiner et l'énerver, il aimait ça. Je ne sais pas quoi mettre, alors je te laisse choisir, histoire que ne tu n'es pas trop honte de moi au salon. Enfin... si tu veux m'accompagner bien sur.
Le jeune homme avait à présent un regard amusé et espiègle, il aimait énervé sa belle, c'était un bonheur qu'il avait retrouvé il y a peu de temps et à l'heure d'aujourd'hui il en profitait un maximum. Mary était de nouveau à lui, et cette fois-ci, pour l'éternité. Il ne laisserait rien ni personne lui enlever une nouvelle fois cette 'vie' là, et serait près à se battre pour ceci. Quand Mary eut choisis il soupira encore et baissa la tête, les yeux fixant Mary, toujours à une certaine distance de lui.
- Le problème c'est que j'ai oublié comment ça se met... Tu veux bien venir ici et m'aider s'il te plait, chérie.
Il souriait sans retenu à présent et lui envoya un regard plein de désir quand elle s'approcha doucement. Le jeune homme la laissa faire tout en parcourant de ses yeux son beau visage. Quand elle eut finis il la prit par la taille et l'embrassa tendrement. Elle s'arracha à lui après un temps, ce qui surement pour aller se préparer. Il la regarda s'éloigner, ses yeux emplit d'amour. Thomas s'affala sur le canapé, et soupira, heureux. Un an qu'il ne s'était pas sentit aussi bien, l'avoir retrouvé l'avait radicalement changé, dans tout son être. Il ne buvait plus et ne passait plus des heures seul, ne déprimait plus. Avoir retrouvé Mary avait redonné un sens à sa.. mort, si l'on pouvait parler ainsi de sa vie actuelle. Thomas se rendit compte qu'il serait bien malheureux sans elle. Il resta là, allongé, pendant un bon moment, songeant à tout ceci, le yeux clos. Il ne les rouvrit que quand il sentit qu'on le fixait. Le jeune homme se redressa et regarda sa dulcinée. Qu'elle était belle !
Il se leva et présenta son bras. Une fois dehors, ils se dirigèrent vers le salon. Ce dernier n'était pas encore plein mais quelque invités était déjà présent. Thomas, lui, ne remarqua que le splendide piano situé sur l'estrade réservé aux musiciens.
Sans me préoccuper davantage des deux hommes chargés d'ouvrir les doubles portes du Grand Salon à tout nouvel arrivant, je les pris de court en saisissant les poignées avant qu'ils n'aient le temps de faire un geste, et s'ils m'en voulurent, aucune expression de leur visage ne vint les trahir. Enfin entré, j'enfonçai mes mains au fond de mes poches percés, observant les alentours d'un oeil à la fois vif et attentif. Un oeil de voleur, en somme. Malgré tout, malgré la mort qui s'empara de nos êtres, malgré la certitude d'être bloqués à jamais sur un paquebot de luxe dérivant pour l'éternité vers un but connu de lui seul – ou plus précisément, connu uniquement de son propre capitaine et de ses quelques sbires – nous en étions encore à profiter de la fête, de la nourriture, des excès de la panse et de la chair. Et moi, je ne pouvais réprimer les réflexes acquis au cours de longues, très longues années de pratique. Pour un orphelin élevé dans les bas-fonds de Southampton par une troupe de voleurs, la moindre babiole de valeur devenait un trésor, une récompense, un trophée, un jouet... Mais le plus souvent, elle gagnait à nos yeux un statut de protection : Revendre cet objet nous octroierait de l'argent, et en échange de cet argent, nous obtiendrions de la nourriture, et donc, des heures de vie supplémentaire. Même si nous étions morts, la faim conservait ses droits. Mais vu que l'on nous servait ce que l'on souhaitait, quelque soit l'heure et notre commande, nous l'avions. L'avantage d'un tel trésor naval : Du moment qu'on était embarqué, on pouvait y faire ce que l'on souhaitait. S'empiffrer, s'enivrer à en perdre la raison, participer à des orgies, tout péché se voyait pardonné. Enfin, pour certains seulement. Disons que la sécurité du navire se montrait plus tendre et compréhensive à mesure que le tour de taille de votre porte-monnaie enflait. Et pour ma part... Disons que pour faire simple, je passais davantage de temps à me faire discret qu'à profiter de l'éternité et de la joie infinie. Je poussais un soupir, repérant les deux rares hommes avec lesquels je parvenais à m'entendre, et me dirigeai vers eux d'un pas vif. Aucun des deux ne m'entendit arriver, et je leur tapotai à chacun l'épaule.
"Je ne suis pas le seul invité, à ce que je vois, lançai-je, sardonique."
Je saluais Charles d'un hochement de tête. Jack, plus proche de moi sur l'échelle sociale, eut droit à une poignée de main. Le blondinet et moi nous connaissions depuis le début du voyage. Avant le naufrage. Nous nous rencontrâmes dans un coin crasseux du navire, chacun à l'autre bout d'une table de poker. Nos adversaires abandonnèrent les uns après les autres, mais aucun de nous deux ne voulut lâcher l'affaire. Lassés par un tournoi qui s'éternisa tard dans la nuit, les spectateurs finirent par abandonner, et s'éclipsèrent les uns après les autres. Agacé d'être impuissant face à cet adversaire, je finis par me coucher à mon tour. Ce fut à cet instant que je remarquai l'habile stratagème de tricherie mis en place par Jack. Et ce dernier remarqua le mien au même instant. Ce qui aurait pu dégénérer en dispute virile se mua en extase d'intérêt, chacun se prenant au jeu et prenant des notes sur la manière dont il se fit bluffer par l'autre.
Quant à l'aristo ignorant l'existence du rasoir, nous le croisâmes au cours d'une autre soirée de poker, survenue elle bien après le naufrage. Il me sembla même ne pas l'avoir vu avant une bonne année, date à laquelle les revenants se mirent en tête de faire un retour fracassant à bord du navire.
"DDE ?"
Bien entendu, qu'ils se souvenaient de leur code. Ca n'avait rien de dur. Il suffisait de vérifier ses cartes, et que nous soyons tous trois côtes à côtes, et pas trop éloignés. Si le joueur du milieu avait besoin d'une ou deux cartes pour obtenir une main gagnante, il faisait alors signe à un de ses voisins, en tapant sur sa cuisse. Il indiquait avec ses doigts le nombre de cartes souhaité, puis indiquait leur rang. Il tapait du plat de la main sur sa jambe pour une reine, du poing pour un roi, et précisait un autre chiffre pour une autre. Le comparse échangeait alors sa ou ses cartes contre celles, inutiles, du tricheur. DDE : Discrétion, Diversion, Echange. Lorsque le marché avait lieu, le troisième larron se chargeait de détourner l'attention du reste de la table. En étant prix d'une quinte de toux, en racontant une farce d'une grosse voix, ou plus simplement, en faisant quelque chose d'amusant. Si jamais la probable bonne main pouvait revenir à un des deux voisins aux extrémités, ces deux-là ne pouvaient donc obtenir qu'un seul échange. Pas moyen de faire passer les cartes d'un côté à l'autre : Trop risqué, trop facile à repérer. Je me grattai le menton du pouce.
"Vous avez repéré des gens intéressants ? P ou L ?"
P pour Pigeon, nos proies favorites. Celles qui se faisaient plumer en un clin d'oeil sans rien comprendre. Quant aux L... Nous en étions : Soit des tricheurs experts, soit des joueurs compulsifs aux capacités d'observations extrêmement développées. Redoutables, pour des arnaqueurs de notre niveau. Nous n'étions pas assez rodés : On ne se connaissait pas depuis assez longtemps, et nos techniquement manquaient de réflexion. On pouvait facilement se faire beaucoup d'argent, mais face à certaines personnes, mieux valait oublier la tricherie, si l'on tenait à garder le contenu de ses poches à l'intérieur de celles-ci.
Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu. Jacques Folch-Ribas
Mary était en train de lire, installée sur son lit. Depuis qu'elle avait retrouvé Thomas, elle avait récupéré un peu de sa joie de vivre...Même si l'annonce du fait qu'elle avait été enceinte l'avait rendue un peu dépressive. Mais Thomas ne l'avait pas laissée tomber et faisait de son mieux pour lui mettre du baume au coeur.
Elle lisait quand elle entendu quelqu'un frapper à la porte du salon de ses appartements. Elle se leva pendant qu'elle entendait la poignée se tourner et se précipita dans son salon pour voir son amant. Celui ci, pour seul bonjour, tendu ses bras vers elle sur lesquels reposaient sur une main, une cravate et, sur l'autre, un noeud papillon. Elle haussa les sourcils, surprise. Il souri d'un rictus moqueur avant de dire:
- Tu n'as pas reçu l'invitation pour ce soir ? Tu sais le casino ?... Non ? Quel casino? Elle alla près de sa porte et vit une lettre qui avait du être glissée sous le panneau de bois. Elle se pencha et la décacheta pour lire une invitation. Elle soupira avant de re diriger son attention vers Thomas. Je ne sais pas quoi mettre, alors je te laisse choisir, histoire que ne tu n'es pas trop honte de moi au salon. Enfin... si tu veux m'accompagner bien sur. Elle souri avant de dire, taquine: "est ce que c'est un rendez vous? Essayerez vous de me séduire Lord Grey?"Dit elle en désignant la cravate tout en se rapprochant. Il soupira avant de baisser la tête. - Le problème c'est que j'ai oublié comment ça se met... Tu veux bien venir ici et m'aider s'il te plait, chérie. Lui alors! Elle s'approcha pendant qu'il lui lança un regard rempli de désir qui lui arracha une crise de rougissement. Elle lui prit la cravate des mains pendant qu'elle lançait le noeud papillon sur la table du salon. Elle passa le tissu autour du cou de son amant avant de faire le noeud comme on lui avait apprit. Quand elle avait fiancé, sa mère lui avait apprit comme faire un noeud à une cravate. Soudain, elle fut prise d'une envie taquine et s'approcha de l'oreille de Thomas pour souffler d'une voix chaude remplie de désir et de passion en un murmure: "votre lit sera libre après la fête?" Le voyant tout cramoisi en se reculant pour aller se changer dans sa chambre, elle éclata d'un rire cristallin. Ils avaient beau ne pas avoir entendu leur mariage pour consommer leur union, il était toujours aussi timide sur ce genre de sujet! Elle ferma sa porte pour fouiller dans son armoire et repéra une robe qu'elle avait acheté avec lui avant qu'ils ne partent. Elle la passa avant de se maquiller et de passer ses escarpins. Une fois fin prête, elle se coiffa en mettant une rose dorée pailletée dans ses cheveux qu'elle avait coiffé. Puis elle sorti de sa chambre, elle repéra Thomas affaler sur un des fauteuil autour de la table sur laquelle reposait un vase rempli de roses rouge offerte par l'homme qui se prélassait. Elle souri et, enfin, il se rendu compte qu'il était observé.
Il se leva en lui proposant son bras. Elle prit son chale transparent doré et son sac à main puis ils sortirent des appartements de la jeune Comtesse en fermant la porte à clé et se dirigèrent vers le Grand Salon où un casino avait été aménagé. Elle remarqua que Thomas observait le piano, elle le regarda avec une moue blasée... "Thomas... On jouera ce soir si tu veux, chéri!"
Je tenais dans mes mains tremblantes ce carton d'invitation reçu plus tôt. Ce dernier avait été présenté quelques heures avant par un membre de l'équipage. J'étais alors plongée dans un de ces romans dont j'appréciais la lecture bien que controversée: "Les Liaisons dangereuses". J'appréciais la lecture épistolaire et ces personnages, tellement envahis par cette jalousie, cette perversité. J'avais connu ce livre bien après le naufrage, durant l'été 1935 chez des amis en France. Je me souvenais encore de cette immense bibliothèque et de mon petit corps frêle se baladant de long en large afin de trouver une lecture distrayante. La couverture attira mon attention et je le pris. Commençant la lecture, j'avais été interdite devant tant de noirceur provenant de cette catégorie sociale. Le monde et les gens n'étaient pas blancs comme neige, comme je me l'étais imaginée du fait de mon éducation reçue. Par la suite, ce livre ne me quittait plus. Aussi, prenais je du plaisir à le lire, savourant le mensonge, ces pactes qui me faisaient parfois envie, surtout depuis mon arrivée sur le bateau et également ma condition de femme mariée. Aussi, lorsque je reçus ce carton, je vis là une occasion de liberté, être seule un soir sans mon mari autour demoi. Bien entendu, il finirait par être courant de la soirée mais avant qu'il n'arrive, j'avais largement le temps de profiter d'une soirée, seule en compagnie de gens dont j'ignorais totalement l'identité. Aussi, pendant que mon mari se trouvait avec ces amis. Je parcourais des yeux ma garde robe, cherchant un habit présentable. Hésitante, je finis par sortir une robe de soirée mauve que je n'avais jamais mise: et pour cause, elle avait pour effet de faire ressortir ma poitrine, non pas que j'étais avec des courbes généreuses, mais ma nature discrète d'antant, m'aurait empêché de mettre un vêtement si outrageant. Au diable, j'avais 105 ans de vie, il était temps de vivre, d'être heureux. Je me vêtis donc de cet habit, après avoir pris un bain et m'être maquillée. Cette robe de soie m'allait à merveille et faisait ressortir plus que jamais la blancheur de mes traits ainsi que mes origines asiatiques. Je relevais alors mes cheveux en un chignon, je choisis également de ne pas mettre de bijoux, à quoi servait les diamants à l'heure d'aujourd'hui? Vêtue de chaussures avec de petits talons, je me rendis au Grand salon ou se déroulait cette soirée "Casino".
Lorsque j'arrivais, la salle n'était pas encore remplie. Quelques personnes par ci, par là dont l'identité m'était inconnue. De ce fait, je me dirigeais droit vers le bar ou de petites tables et chaises s'y trouvait. Je m'installais alors tandis qu'un serveur venait de m'apporter une coupe de champagne. Le remerciant, je continuais à scruter les autres convives. Je vis au loin Elliot mais il semblait occupé avec d'autres personnes, le reste m'était inconnu. Profitant d'une petite gorgée de champagne, je savourais donc ce petit moment de solitude qui m'était accordé. La soirée n'avait pas commencé et j'avais espoir qu'elle se déroule correctement, que je pourrais à nouveau connaître le mot "s'amuser"
*Vous êtes cordialement invités au Grand Salon pour une soirée casino ce soir* Blanche fit la moue en voyant l'invitation...Un casino! Elle n'y avait été qu'une fois lors d'un voyage de Philip...Ils avaient dix neuf ans et étaient à leur deuxième anniversaire de mariage et leur fille avait également eu deux ans quelques jours avant...Si Philip avait profité du casino, Blanche avait préféré rester à leur suite d'hôtel pour s'occuper de leur fille même si son mari avait insisté pour qu'elle l'accompagne et avait même appelé une nourrice pour s'occuper de Charlotte...Mais Blanche avait renvoyé la nounou en disant que son devoir de mère était d'être à côté de leur petite perle!
"Qu'est ce Maya?"
Elle failli tressaillir quand elle entendu son mari l'appeler par son vrai nom. Pas qu'elle détestait ça mais cela faisait remonter une foule de souvenirs...Dont ceux de parents qui ont voulu se débarrasser d'elle en la vendant à un okiya. Elle se tourna en brandissant l'invitation.
"L'équipage invite les passagers à une soirée casino! Toi qui avait été déçu que je n'y aille pas pour nos deux ans de mariage, profite en!"
Il souri avant de se lever pour aller s'habiller mais Blanche le précéda, avec un sourire angélique, dans la salle de bain en lui disant d'attendre. Il fit la moue légèrement frustré que sa chère et tendre le devance. Elle sorti une heure plus tard blanchie, parfumée et habillée d'une robe longue dos nu en soie et drapé qui mettait ses formes en valeur. Cette vue arracha une crise de rougissement à son mari qui bredouilla un: "et bien, ça valait le coup d'attendre!" Elle souri avant de se mettre dos à lui pour montrer sa ceinture défaite qu'elle n'arrivait pas à attacher toute seule. Il soupira et fit un noeud papillon tout en volant un bisou dans le cou de sa femme. Elle soupira de bien être avant de se dégager de la porte pour que son mari puisse aller faire sa toilette tranquillement. Tant qu'à elle, elle s'approcha de sa boite à bijoux pour prendre un collier crocheté de perle ras de cou argenté que Philip lui avait offert. Elle se fit un élégant chignon qu'elle attacha avec une pince argenté et doré. Elle se maquilla. Pour ses chaussures, comme sa robe était longue elle voulu opter pour un modèle discret avant de retomber sur une paire de bottines. A peine eu t'elle fini d'attacher ses chaussures que son mari sorti, vêtu d'un élégant costume queue de pie, de la salle de bain et lui présenta son bras. Elle se leva en prenant son sac, en souriant, et prit le bras de son mari.
Ils sortirent en fermant la porté à clé et se dirigèrent vers le casino improvisé au Grand Salon. En entrant, Blanche ne vit personne qu'elle connaissait...Erreur! Elle voyait ce dénommé Elliott qui avait quasiment eu des propos racistes à son égard tout en la traitant d'idiote pourrie gâtée - ça y'est! Sa soirée était gâchée! - se dit elle jusqu'à ce qu'elle voie une autre personne qui allait réparé cet incident de parcours. Elle lâcha le bras de son mari puis fit un petit signe vers cette personne:
Depuis la soirée de la tempête, Héloïse n'avait cessé d'être tourmentée. Elle dormait mal, passait ses journées a se torturer l'esprit. Elle parcourait les différentes promenades du matin au soir, avec des sentiments très contradictoires. A la fois, elle s'exposait pour pouvoir rencontrer Jack s'il le fallait. Ce serait alors un signe du destin pour qu'ils puissent parler. Après tout, elle était désormais épuisée de forcer le destin depuis un an déjà. Mais d'un autre côté, elle tremblait de peur à la seule idée de le voir, d'avoir posé sur elle ses yeux qui la laissaient sans voix et d'essuyer des jugements réprobateurs à son égard. Elle était totalement terrifiée et ne parvenait pas à gérer son angoisse malgré son ardent désir de le revoir, de lui parler. Ou bien avait-elle peur que cette soirée ne soit qu'un songe et qu'il ne lui ait jamais parlé. Que ferait-elle si jamais il la rejetait encore ? Elle ne pourrait pas le supporter. Elle sentait qu'elle s'effondrerait. Pourtant, elle avait toujours voulu paraître forte. Elle n'avait jamais voulu montrer ses faiblesses au Comte, ni aux gens qui l'entouraient et surtout pas à Jack. Elle voulait être à la hauteur de cet homme pour en être digne. C'est ce qu'elle avait toujours pensé, mais aujourd'hui elle avait tout gâché et elle se sentait si misérable.
Essuyant les larmes qui avaient coulé sur ses joues, Héloïse regagna sa cabine pour aller chercher un châle. La soirée commençait tout juste à tomber et elle avait froid. Cependant elle ne retourna jamais sur le pont ce soir-là. En entrant dans la cabine, elle trouva sa colocataire Lisbeth qui tenait entre ses mains un carton richement décoré.
"Qu'est-ce que c'est ?" demanda la blonde, intriguée.
La petite brune tourna la tête vers elle avant de lui sourire. Puis elle lui expliqua que c'était un carton d'invitation du Titanic qui invitait les passagers à se rendre au Grand Salon pour une soirée poker. Manifestement, tout le paquebot semblait être invité. Désintéressée, la blonde allait repartir sur le pont, quand elle reconsidéra l'invitation. Après tout, cela lui changerait un peu les idées. Avec un peu de chance, des personnes qu'elle appréciait serait là, comme Ann-Elizabeth, Peter Somerset ou encore Lena Marlet. Il ne manquait pas de personne dont elle appréciait grandement la compagnie. Sans grand enthousiasme, elle décida donc de se rendre à cette soirée. Elle piocha dans son armoire où peu de robes se prêtaient à l'événement. Autrefois, ses commodes étaient garnies de toilettes toutes plus belles les unes que les autres. Mais c'était des présents du Comte qu'elle avait toujours dédaignés. Là se trouvait quelques habits que Jack ou elle-même avaient acheté. Elle posa finalement son choix sur une robe de perles aux reflets dorés. Ne voulant pas relever ses cheveux, elle les laissa tomber de par et d'autre de son visage. Elle ne se maquilla que très sommairement. Elle n'avait pas envie de plus de faste ce soir.
Enfin, elle s'engagea vers le Grand Salon. La première chose qui accrocha son regard quand la porte s'ouvrit fut le visage de Jack. Immédiatement, son cœur bondit dans sa poitrine. Quelle idiote ! Elle aurait dû se douter qu'il serait à une soirée de poker. Il était tellement passionné. Et justement, lorsqu'il était question de jeux, il était si absorbé qu'il ne remarquait pas l'environnement autour de lui, si bien qu'il n'aperçut pas Héloïse. Elle décida alors de se faufiler rapidement dans la pièce et de se perdre dans la foule. Lui-même était en grande conversation avec d'autres joueurs. D'ailleurs, Héloïse reconnut facilement l'un d'eux. Cet homme qui autrefois, lorsqu'elle mourrait de faim et de froid dans les rues de Southampton à son arrivée lui avait offert un morceau de pain. Elle se souviendrait toujours de ce geste auquel l'homme ne devait même plus penser. Il lui avait sauvé la vie.
Portant un regard circulaire sur l'ensemble de la salle, elle déplora ne reconnaître personne de connue mais fut tout de même bien heureuse de constater que cette satané Lydia n'était pas là, ou du moins pas encore. Elle fit la moue, puis partit au bar. Toutes les femmes commandaient des cocktails mais elle demanda un whisky. La blonde ne put réprimer un petit rire nostalgique et amère en voyant le verre rempli du liquide caramel où semblait se rejouer la soirée où Jack et Héloïse s'étaient rencontrés. Certainement la plus belle rencontre de sa vie.
Tout en sirotant son verre, elle se tourna vers Jack. Ce dernier ne la voyait pas mais elle si. Elle s'abîma dans la contemplation de cet homme. Ses yeux azurs perçants qui naviguaient entre son jeu de cartes, la table et ses partenaires, le petit rictus au coin de sa bouche quand il jouait au poker et cette petite ride qui barrait son front quand il était concentré. Il n'avait pas changé. Il avait toujours ce même plaisir du jeu et de l'adrénaline qui montait durant une partie. Elle entamait son quatrième verre de whisky, quelque peu perdue dans ses souvenirs. D'ordinaire elle ne buvait pas autant. Elle savait qu'elle ne supportait pas l'alcool bien longtemps mais si elle devait affronter Jack durant la soirée, il lui faudrait une bonne dose de courage que le whisky lui procurait. Au moins, elle parvenait à occulter sa peine et sa souffrance.
La rouge lui montait déjà aux joues quand elle aperçut à une table la belle Nayah. Comment avait-elle fait pour ne pas la remarquer ? Prenant son verre avec elle, elle quitta le bar, non sans chanceler. La boisson lui tournait la tête. Puis comme elle ne tenait plus vraiment debout, elle s'assit sur l'une des chaises libres qui se trouvaient devant la brunette. Sa attitude pouvait paraître inappropriée, mais enivrée comme elle l'était, elle ne s'en souciait guère. Elle lui offrit un radieux sourire, sincèrement heureuse de la voir.
"Nayah ! Comme je suis heureuse de vous voir ici. J'ai bien cru que j'allais rester seule toute la soirée. Les hommes sont tellement à leurs jeux !" rit-elle joyeusement.
Une exclamation lui fit tourner subitement la tête. Une nouvelle personne semblait avoir remarqué la présence de la jeune femme et s'engageait vers elle. C'était une magnifique asiatique. Si belle et si inattendue qu'Héloïse en resta bouche-bée durant quelques instants alors qu'elle s'approchait du duo.
Alors que j'étais à peine revenue sur le Titanic, j'entendis parler qu'on organisait une soirée casino dans le Grand Salon. Je ne savais pas trop si je pouvais m'y rendre étant là depuis peu, de plus j'étais à la base une des cuisinières des 3ème classe, jamais je n'aurais pu accéder à cette pièce du navire, jamais, mais il semblerait que je puisse me fondre dans la masse comme étant une jeune femme comme les autres. Je ne savais pas quoi faire. J'étais dans ma cabine, je regardais ce que j'avais à me mettre, je n'avais qu'une seule belle tenue de soirée. Est ce que je pourrais la mettre et faire comme si j'appartenais à l'une des classes ? D'ailleurs, j'avais bien du mal à faire une distinction entre celles-ci, vu que tout le monde se mélangeait, j'avais l'impression que les barrières des classes étaient toutes tombées, comme pour mieux nous réunir. A quelle classe appartenais-je ? Je n'en avais plus aucune, ce système était tellement vieux pour moi, il fallait bien se l'avouer, j'étais un peu perdue. Je décidais toutefois de me rendre au grand salon donc avec ma tenue de soirée. Je me suis un peu perdue pour arriver à la pièce, je ne savais pas exactement où se trouvait le grand salon mais il semblerait que ce soit sur le Pont A. Après quelques minutes de marches j'arrivais devant la pièce mais je me stoppais devant ces grandes portes. Comme si je n'avais pas le droit de rentrer, j'attendais là que quelqu'un m'invite à me joindre à cette soirée. Puis, finalement, je faisais une entrée en toute discrétion à l'intérieur de la pièce. Je me sentais complètement perdue, à l'ouest pour ainsi dire. J'essayais de chercher un regard compatissant mais je ne connaissais absolument personne et cela me désolait complètement. Je me souvenais de certaines personnes, des membres d'équipages principalement mais comme j'étais cuisinière, je ne voyais pas beaucoup de clients. Mais ce soir, je ne serais pas l'une de ces membres d'équipage comme toutes les autres, je serais une jeune femme pleine de vie qui s'adonnerait à un jeu qu'elle ne connaissait pas le moins du monde. Enfin, elle en avait entendu parler, mais elle ne connaissait pas bien le poker. Oui, je crois que j'avais du jouer une fois à ce jeu de cartes où il fallait bluffer. Je ne savais pas si les dames avaient le droit de s'adonner à ce jeu là pour ce soir. Cela ne m'empéchait pas pour autant de m'installer à une table en observant autour de moi. Je vis alors un homme que je connaissais dont j'avais retenu le nom.
" Monsieur Smith, enchantée. "
Oui, je le regardais, un peu gênée, tout en m'asseyant à une des tables de jeu. Il semblait y en avoir plusieurs alors ça me conviendrait tout à fait, je n'avais pas beaucoup d'argent quoiqu'il advienne, je ne miserais pas beaucoup, mais j'essayerais de ne pas repartir complètement bredouille, ce serait tellement bête.
J'observais, pensive, les bulles de champagnes qui remontait lentement dans mon verre. J'étais plongée dans mes souvenirs, me rappelant ces moments heureux que j'avais pu vivre. Cette soirée de poker me ramenait a ce voyage que nous avions fait avec Camille, dans le sud de la France, en Principauté de Monaco. Mon cher et tendre adorait parfois se livrait à des jeux d'argent et notamment la roulette. Petites boules qui pouvaient rendre intensément riche tour comme vous ruiner totalement. Camille avait insisté pour que je m'y rende avec lui. Farceur, il m'avait fait une tenue de soirée spécialement faite pour ce soir là. Une fois vêtue de cette magnifique robe, mon compagnon m'avait dit d'un air malicieux que ce soir, je serais mon petit porte bonheur et que ma présence a ses cotes lui rendraient la donne positive. Et, effectivement, cela avait été le cas, mon amour avait excellé dans son domaine. Maintenant, il était mort et je n'avais plus que des souvenirs au fond de mon esprit. Voulant chasser ses idées noires, je bus d'un trait le reste de mon verre et commandait un autre verre qui arriva à l'instant même ou j'entendis deux personnes, prononcer distinctement mon prénom. Ce fut d'abord la voix de Blanche qui se fit entendre tandis que mon champ de vision fut obscurci par une autre personne: en l'occurrence Heloise. Cette dernière était une troisième classe dont je m'étais prise d'affection: un après midi, nous avions fait connaissance alors que je l'avais surprise en train de danser. Il s'était alors ensuivi une après midi de rire et de danse, durant lequel, je lui avais montré les nouvelles danses qui était apparue bien après 1912. Blanche était une amie très chère. Nous nous connaissions depuis des années et j'avais élevé sa fille lorsque son mari me l'avait confié lors du naufrage. Depuis nos liens s'étaient renforcés après une période un peu difficile, le temps que tout redevienne comme avant.
Je la saluais de la main en lui faisant signe de venir, puis je me tourna vers la blonde aux yeux d'anges. D'un sourire radieux, je m'exclamais également :
" Heloise! Ça me fait tellement plaisir de vous voir. Je suis d'accord avec vous, les hommes et les jeux, c'est une bien étrange histoire d'amour " Disais je avant d'éclater de rire. Je remarquais lorsque la Troisième classe s'assit, sa démarche un peu vacillante. Cette joie un peu surnaturelle et le regard trouble ne me fit aucun doute sur le fait que mon amie était éméchée. Je savais qu'elle vivait des moments difficile côté cœur mais nous n'en avions jamais réellement évoqué. À vrai dire, je ne savais même pas le nom de cet homme qui la chavirait tant. Mais l'heure n'était pas aux potins amoureux mais à la fête. Alors je fis signe au serveur qui arriva à l'instant et je lui demandais avec un grand sourire :
" S'il vous plaît, Monsieur, amenez nous une bouteille de champagne bien fraîche. " Puis je me penchais vers Heloise tout en ajoutant : " Chère Heloise, oublions les hommes ce soir et trinquons avec notre meilleur ami du jour, j'ai nommé... Le champagne! "
La jolie blonde tenait entre ses mains un petit carton d'invitation aux couleurs du Titanic. Sur le papier rouge se découpait en lettres d'or manuscrites « Invitation à la soirée Casino ». En dessous, en plus petits caractères, et cette fois dessinés à l'encre noire, on pouvait lire : « Mesdames, messieurs. Vous êtes tous conviés à la soirée Casino organisée dans le Grand Salon, sur le Pont A. ». C'était là l'essentiel du message ; s'en suivaient quelques indications supplémentaires et de futiles formalités. Le poker serait visiblement au rendez-vous. Pour Desdémone, ce n'était qu'un jeu de cartes sans grand intérêt. Son défunt mari s'y prêtait avidement avec ses amis, en échangeant de vagues paroles, qui ne pouvaient s'avérer que d'une plus grande utilité du point de vue de la dame. Le jeu, c'était un vice qui vous faisait perdre de l'argent pour quelques sourires, une dose d'adrénaline et une déception presque certaine. A peser le pour et le contre, il allait de soi qu'il valait mieux s'abstenir d'y participer. En tous les cas, le poker était une animation qui semblait uniquement réservée aux hommes, lors de cette soirée. Quant aux femmes, on leur proposait de s'asseoir dans un fauteuil et de discuter autour d'un verre, ou bien de soutenir leurs maris, amants, frères, amis, et cetera, durant les parties qui s'organiseraient. Des activités d'apparence passives pour des êtres jugés inutiles. Non, pardon, il est vrai que les membres du sexe faible avaient au moins l'avantage de pouvoir enfanter et ainsi donner une descendance à leur promis. Un bien bel avenir, fort prometteur, que Madame Miller n'avait jamais su accepter totalement. Peut-être était-ce pour cela - si ce n'était pour préserver sa fille de la présence d'un père de substitution - qu'elle n'avait jamais réellement cherché à se remarier ? Sans époux, sans père, elle n'était sous la tutelle de personne, ne dépendait d'aucun homme ; c'était probablement là le début de la liberté : l'indépendance.
Par cela, elle avait le choix d'aller ou non au Grand Salon. Tout d'abord, l'idée de pouvoir rester ici, et de cette façon désobéir à l'ordre potentiel que Karl lui aurait intimé s'il se trouvait avec elle sur le paquebot, l'allécha tout particulièrement. Puis elle réfléchit et se rendit à l'évidence : elle s'ennuyait ferme, seule, le soir dans sa cabine. Sa fille se couchait tôt, et il ne lui restait alors plus que les livres pour assouvir sa soif d'aventure, de nouveauté. Autant participer à ce petit raout, même dans l'atonie.
Relevant la tête, elle s'éloigna du seuil de sa chambre et se dirigea vers son armoire, dont elle ouvrit les portes faites de bois. En passant près de son lit, elle déposa l'invitation sur les draps. A l'intérieur du rangement étaient suspendus à des cintres un assez grand nombre de robes, de châles, de foulards et de manteaux. Sur les étagères étaient disposés des dessous, des sous-vêtements, des chaussures. En conclusion, il y avait l'embarras du choix. Desdémone décrocha une robe rouge sombre et se saisit d'une paire d'escarpins de la même couleur. Elle se déplaça ensuite dans la salle de bains. Elle y revêtit les habits choisis et se maquilla légèrement : un coup de mascara et de rouge à lèvres suffiraient amplement. Décidant de laisser ses cheveux blonds s'éparpiller sur ses épaules et dans son dos, elle partit pour le Grand Salon.
La pièce était déjà bien remplie. Autour des tables, des joueurs étaient déjà assis, cartes en mains. D'autres personnes échangeaient des propos, le sourire aux lèvres et la mine réjouit. Certains visages lui étaient familiers, sans qu'elle pût placer un nom dessus. La jeune dame s'en alla vers les fauteuils et s'assit, avec toute la grâce dont elle avait coutume de se revêtir, dans l'un d'eux.
Une soirée Casino ? Interdite, Hélène dut s'y prendre a plusieurs fois pour bien cerner ce que voulait dire cette invitation qu'elle avait reçu de la main d'un des membres du personnel. Elle s'étonnait que les passagers du Titanic puissent encore penser à des choses de ce genre... Mais en fait, c'était des plus naturels : quitte à passer l'éternité ici, autant s'amuser un peu, non ?
C'est en tout cas ce que se disait Hélène en s'habillant pour la soirée. Elle était seule dans la cabine, mais avait écrit un mot a l'intention d'Elisabeth pour qu'elle la rejoigne au Grand Salon si elle le souhaitait. A moins qu'elle n'y fut déjà ? Quoi qu'il en soit, Hélène s'y rendrait : elle n'avait pas grand chose d'autre à faire et une fois n'est pas coutume, elle avait envie de voir du monde.
Avec l'aide d'une domestique, la Lady enfila une robe de soie rouge lie-de-vin qui dégageait les épaules et dont la jupe s'épanouissait autour d'elle comme les pétales d'une rose, puis rassembla ses boucles brunes en chignon assez sophistiqué. Elle se maquilla, se parfuma, passa un collier et des boucles d'oreilles. Elle était rodée à ce genre de préparatifs : toute sa vie, elle les avait connus. D'abord avec Elisabeth, ensuite avec sa tante, puis avec Mark, aux premiers temps de leur mariage, enfin, mais c'était alors devenu plus rare, avec ses enfants, ses filles surtout, qui semblaient prendre un plaisir inouï à voir leur mère s'habiller pour une soirée. Louise et Elizabeth ne perdaient pas une seule occasion de jouer à la princesse avec l'impressionnante collection de bijoux d'Hélène qui, attendrie, les laissait faire en souriant, veillant toutefois à ce qu'elles n'abîment rien.
Cette fameuse collection de bijoux... Elle en avait ramené beaucoup d'Angleterre : cadeaux de son père, de sa mère, de sa soeur. Sa tante lui en avait offert d'autres. Mark, lui, n'avait jamais regardé la dépense : il l'avait couverte de bijoux, littéralement, et Hélène avait possédé des parures absolument somptueuses. Tous ses biens qui devaient maintenant être en possession de Louise, sa fille aînée.
Du temps ou Elisabeth et elle étaient en vie, elle avait apprécié ses soirées. Elle s'était forcée à s'y rendre après le naufrage pour faire plaisir à sa tante ; ensuite, elle s'était aussi forcée avec Mark. Depuis le 15 avril 1912, ce genre de réceptions lui étaient devenues pénibles, mais elle jouait bien la comédie, et personne ne s'en était aperçu. Sans peut-être sa tante, mais elle n'avait jamais fait la moindre remarque. Mark adorait ces réceptions, pour Hélène, la naissance de Louise, puis celles de ses trois autres enfants, avaient été une échappatoire : elle devait rester à la maison pour veiller sur les enfants. Alors son mari s'y rendait seul et finissait la soirée dans la maison close du coin, pendant qu'elle, Hélène, lisait des histoires aux enfants, les bordait et les embrassait avant qu'ils ne s'endorment. Ses quatre trésors... Depuis la mort d'Elisabeth, ils étaient devenus son unique raison d'être.
Hélène Appleton née Cavendish gagna le Grand Salon ; déjà les jeux étaient lancés. Pas d'Elisabeth, avec un peu de chance elle la rejoindrait en lisant le mot qu'elle lui avait laissé. Hélène connaissait de vue plusieurs personnes pour avoir voyagé avec elle en première classe, d'autres lui étaient totalement inconnues. Elle chercha des yeux quelqu'un qu'elle appréciait et... Localisa bien quelqu'un, en la personne de Nayah Gallagher. Son amie était en pleine conversation avec une jolie blonde qu'elle ne connaissait pas, mais Hélène prit la liberté de les rejoindre.
"Oublions les hommes ce soir et trinquons avec notre meilleur ami du jour, j'ai nommé... Le champagne ! - Permettez que je me joigne à vous ? Je crois avoir grand besoin d'une coupe de champagne aussi !"
Joignant le geste à la parole, Hélène se saisit d'une flûte en adressant un grand sourire aux deux femmes.
Il y a de cela quelques jours je reçu dans ma cabine de troisième classe une invitation à participé à une soirée casino organisée par... je ne sais qui en fait. J'ignore qui est à l'origine de cette soirée mais cela me plait. Pourquoi ? Parce que je suis très douée au poker et l'idée d'être une femme à bord du Titanic et de jouer au poker me plaisait pourquoi ? Parce que cela risque fort de choquer et j'aime cela j'adore provoquer ne pas entrer dans le moule mettre les gens mal à l'aise. Cependant, quelque chose me chiffonne tout de même. Je n'ai pas de tenue adéquate. J'avais donc trois jours pour me faire une robe de soirée avec les vieux chiffon qui me servent de vêtement. C'était faisable quoique avec les machine manuelle de l'époque se sera plutôt serrer mais je vais y arriver. Je prends une robe de mon placard, m'installe devant ma vieille machine la toute première que j'ai eus, une véritable fierté enfin à l'époque. Dans un sens ça m'a fait plutôt plaisir de la retrouver. Au moins je n'ai pas tout perdu même si Gabrielle reste toujours introuvable.
Durant es jours qui suivirent je ne suis presque pas sortie de ma chambre afin de paufiner mon modèle de robe évidemment noire. je n'ai pas mus m'empêcher de crée un vêtement ressemblant plus à une robe des années 60, ma dernière collection datant de 1967 je m'en suis rendement inspirée pour cette robe. Pas de corset, jupe plus courte, moins de frou frou, les épaule dénudée, ma fois, oui j'allais sans doute en choqué plus d'un mais que serais la vie sans cela j'adore attiré l'attention sur mon originalité, originalité qui est devenu par la suite mon moteur pour créer. A l'époque trop peu de femme avait le courage de s'opposer à la mode dictée par le sexe soit disant fort mais pour moi seule une vrai femme sait ce que veulent et recherchent les autres femmes. Ce n'est pas pour rien que mon entreprise à vraiment bien fonctionné carmes vêtement étaient des plus chic mais également fonctionnel ! Pourquoi est ce qu'un secrétaire n'aurait pas le droit d'être élégante ? La mode descend dans la rue elle n'est pas juste en vitrine. La mode doit être utile et proche des femme ! Bref je suis en train de m'égarer totalement dans mes discours féministes.
Je termine ma tenue peu de temps avant la grande soirée je l’agrémente d'un collier de fausse perles, celui que je portais lors de ma mort, des bas puis des escarpins. Je remonte mes cheveux en un simple chignons banane et me maquille avec ce que j'ai à bord c'est à dire vraiment pas grand chose. je me demande bien comment j'ai pus vivre avec si peu. Juste avant de me rendre dans le grand salon je me suis discrètement rendu dans les cales ou se trouve la grande laverie pour chaparder une paire de gents blancs normalement réservés au sommelier ou au serveurs.. Je les enfile histoire de me donner un air un peu plus chic puis remonte, comme si de rien était et entre dans le grand salon, la tête haute et la démarche gracieuse mais décidée. Je me dirige vers la table de poker. Ne connaissant malheureusement personne je me racle doucement la gorge. « Puis-je prendre place ? » demandais-je d'un voix douce mais relativement ferme qui laissait peu de place au refus. C'est ainsi que je pris mes quartier à la table de poker du Titanic.
De son regard de braise elle admirait son reflet sur le miroir. Derrière elle se trouvait sa servante Thelma Herbert qui lui préparait les cheveux, coiffés en chignon, les agrémentant d’un bijou serti d’un diamant. Sur le côté de la coiffeuse était posée une invitation pour une soirée dans le grand salon, celle-ci avait pour thème le casino. Voilà maintenant plus d’un an, qu’elle n’y avait pas été et ces moments avaient toujours été un plaisir pour elle, si bien qu’elle veillait à se préparer minutieusement pour cet évènement qui s’annonçait comme étant le meilleur organisé par les membres de l’équipage du Titanic. Même si au fond d’elle, elle était impatiente, à l’extérieur, elle n’en montrait rien, gardant à jamais l’image de l’épouse modèle et cela même devant sa servante. De sa main, elle caressa les diamants qu’elle portait autour du cou, un cadeau de l’un de ses nombreux maris. Pour Scarlett Hamilton, les joyaux étaient les meilleurs amis des femmes et une femme se devait au cours de sa vie de porter un diamant. Une fois que l’horloge sonna sept fois, elle était prête, prête pour une nouvelle mise en scène et un spectacle qui s’annonçait grandiose. La veuve noire n’attendait plus son mari, elle ne voulait plus le voir et encore moins le côtoyer, désormais, ils n’étaient plus que mari et femme sur le papier et ce soir, elle avait bien l’intention de le montrer à tous. Elle ne voulait plus de Thomas et ne souhaitait qu’une chose retrouver sa liberté et qui sait, peut-être qu’un jour, elle trouverait le moyen de supprimer de cet univers son cher et tendre mari. Depuis un an, les choses avaient bien évolué entre eux et cela n’alla que de mal en pire. Auparavant, ils pouvaient encore se tolérer, ils partageaient le même lit, les mêmes ébats, mais maintenant, l’homme l’horripilait tellement, qu’elle n’en voulait plus et la chose devait être réciproque. Rancune quand tu nous tiens, tu peux faire énormément de mal. Une fois apprêtée, elle emplie son cœur noir de douceur pour se donner une allure de femme distinguée, ce soir même si elle avait l’intention d’être la pire des garces auprès de ses pantins préférés, elle serait comme toujours aux yeux de beaucoup de monde une noble femme.
Ce fut donc seule, et en femme célibataire que la veuve noire entra dans le Grand Salon des premières classes, les invités arrivés au compte goûte, mais la pièce comprenait déjà des sujets bien intéressants. La brune donna son manteau à l’homme qui venait de lui ouvrir la porte et elle s’engouffra dans la pièce, détaillant d’un regard avisé les personnes déjà présentes. Certains passagers ne se génèrent pas pour la regarder et commenter le fait qu’elle soit venue seule. Scarlett n’avait pas froid aux yeux et n’avait certainement pas peur des rumeurs, elle se moquait bien d’apparaître ainsi telle une célibataire. Ce soir plus que jamais, elle serait une femme libre, et sans contrainte, elle avait l’intention de profiter de cette nuit. Telle une araignée, elle tissa sa toile autour des passagers, déambulant entre eux et détaillant les tables de jeux à la recherche d’une personne, d’un nouveau pantin, d’un jouet qu’elle pourrait mordre pour mieux lui injecter son venin. Scarlett Hamilton était un poison mortel, poison dangereux duquel on aimait se délecté, mais avec lequel on risquait de périr, si on subissait trop son influence. On lui proposa une coupe de champagne, ce que la première classe accepta volontiers, elle adorait toutes ces bulles. Alors qu’elle faisait le tour de la pièce, elle aperçut une jeune femme de première classe Desdémone Miller, qu’elle connaissait un peu, pour lui avoir parlé parfois durant les repas. Elle s’approcha alors et s’installa face à elle.
« Vous passez une bonne soirée ? » Commença-t-elle pour engager la conversation.
Le revenant ne savait pas qui allait être présent à cette fameuse soirée casino, et pour parler franchement, il s’en moquait. Les cartes allaient être présentes, c’était tout ce qui comptait réellement! Bien entendu, la présence de deux hommes lui ferait une grande joie; Jack et Elliott. Avec ces deux hommes, bien que Charles ne les connaisse que depuis quelques jours, le revenant avait développé une certaine amitié, mais c’était l’amour du jeu qui avait réunis les trois hommes. Charles était assis à une table, noyant sa peine dans l’alcool et le poker lorsque deux hommes s’étaient approchés pour jouer avec lui. Charles avait accepté, confiant de remporter la partie. Ces deux hommes, Charles les avaient cernés immédiatement. Ils croyaient avoir mis la main sur une proie facile et le revenant souhaitait bien leur montrer que ce ne serait pas si facile. Il était Charlie Wellington. Malheureusement pour Charles, l’alcool ne l’aida pas et rapidement, Jack et Elliott s’étaient aperçus de son stratagème de tricherie. Le revenant s’était alors levé, près à fuir comme il l’avait souvent fait par le passé, mais à sa grande surprise, les deux hommes souriaient. Après avoir échangé un regard complice, les deux hommes avaient mis Charles en confiance et leur avaient expliqué l’art de la tricherie. En très bon élève qu’il était, le revenant était devenu le troisième membre de ce trio de tricheur. Étant plus âgé que ses deux compagnons, Charles avaient même appris certains trucs à ses acolytes.
L’homme s’était approché d’une table, admirant le luxe de ce salon qu’il n’avait jamais vu de son vivant lorsqu’il fut extirpé de sa rêverie par une claque joviale sur l’épaule. « Hé, Charles! Tu sembles perdu? » s’était alors écrié une voix que Charles reconnu immédiatement. Le revenant se tourna en souriant; c’était Jack. « C’est parce que je n’ai pas encore bu une goutte d’alcool! » avait répondu l’homme en serrant la main de son compagnon. Charles était si content de la présence de Jack car cela signifiait qu’Elliott allait être présent aussi et que ce soir, les trois amis allaient avoir beaucoup de plaisirs et finiraient la soirée avec les poches pleines d’argent.
« Je ne suis pas le seul invité, à ce que je vois » lança soudainement une autre voix accompagné d’une petite tape sur l’épaule. Les deux hommes s’étaient retournés au même moment pour apercevoir Elliott. Un sourire illumina le visage du revenant alors qu’Elliott lui adressait un signe de tête avant de serrer la main de Jack. Le revenant avait remarqué qu’Elliott était plus distant avec lui qu’avec Jack, mais il respectait cela. Après tout, les trois hommes n’étaient pas de réels amis, ils avaient besoin des uns des autres, mais l’homme se plaisait à imaginer qu’il avait des amis à bord de ce navire des enfers. « DDE ? » Elliott venait de leur dire le code. Discrétion, Diversion, Échange. Bien entendu que Charles savait ce que cela signifiait, c’était l’une des premières choses que les deux hommes lui avaient enseigné. « Vous avez repéré des gens intéressants ? P ou L ? » poursuivit le jeune homme. Charles, qui avait contemplé la décoration plutôt que de chercher des cibles faciles ou des escrocs comme eux, fit signe que non de la tête. Il comprit tout de fois qu’il était temps de s’y mettre et se mit à observer les gens présents dans le salon.
Plusieurs beautés que Charles ne connaissaient pas prenaient place au bar ou à des tables. Charles scrutait la salle lorsqu’une demoiselle s’approcha du trio. « Monsieur Smith, enchantée » avait dit la jeune femme en s’adressant à Elliot. Le revenant la regarda et la reconnue. La femme ne l’avait probablement pas reconnu, mais il se souvenait, de son vivant, avoir été lui demander des petits plats particuliers simplement pour la voir cuisiner. Regarder une femme cuisiner avait été l’un des plaisirs de Charles dans sa vie. Malheureusement pour le revenant, la femme ne semblait que regarder Elliott alors l’homme avait décidé de continuer à scruter le salon à la recherche de P ou L.
Alors que Lynn prenait place à la table de poker, une seconde demoiselle s’approchait vers la table de poker. « Puis-je prendre place ? » avait-elle dit d’un ton ferme, mais d’une voix douce. Charles plissa les yeux, il avait reconnu cette voix, mais c’était impossible qu’elle soit celle de la femme à qui le revenant croyait qu’elle était. Il se tourna vivement vers la femme et son cœur fit un bond lorsqu’il aperçut Alexandrine. C’était la jeune Alexandrine, celle que Charles avait rencontré à bord d’un canot de sauvetage, celle qu’il avait serré contre lui pour la consoler. Avant de mourir, cette femme avait été la dernière amie de Charles. Si le revenant était mort il y avait quelques jours seulement, comment se faisait-il qu’elle soit ici? Était-elle morte en même temps que lui? Quoi qu’il en soit, ce fut une joie immense qui imprégna l’homme. Il venait de retrouver la seule véritable amie qu’il savait avoir. Cette dernière ne s’était pas aperçu de sa présence, probablement qu’elle n’avait même pas imaginé qu’il puisse être ici lui aussi, à bord du Titanic. Le revenant regarda ses deux compagnons. « Pardonnez-moi messieurs » dit-il en leur adressant un clin d’œil avant de se diriger vers les deux femmes. Alexandrine était dos à lui. Charles se pencha vers elle et souffla sur sa nuque. Elle avait toujours détesté lorsqu’il faisait cela…
Je ne sais ce qui me poussa à entrer dans le grand salon. Je n'y étais pas attendu, personne ne se préoccupait de moi. En dépit de cette déprimante certitude, je décidai de traîner ma carcasse attristée et ma peine dans cette pièce des premières classes où je n'avais jamais été le bienvenu. Puisque l'on ne souhaitait pas ma présence, je décidai de m'incruster dans cette partie de cartes où je n'y entendais rien. A défaut de gagner la partie, je pouvais du moins la perturber et y proposer comme gains ma profonde détresse et une mauvaise humeur que j'espérais contagieuse. Je ne savais rien de ce poker, jeu où les apparences trompeuses et les regards complices valent triplette. Je ne savais pas jouer mais je savais tricher. Je ne savais pas jouer mais je savais dissimuler mes véritables émotions. Je pourrais, moyennant une mauvaise foi sans limite, faire illusion et prétendre avoir le meilleur jeu possible puis pousser de grands cris tout en affirmant que mon adversaire trichait, des cartes supplémentaires dissimulées au fond de ses manchettes. Oui, l'occasion était belle de m'y amuser aux dépens des autres et la soirée s'annonçait au bout du compte, surprenante et excitante.
Je pénétrai avec une arrogance non feinte dans le grand salon, dressant mon invitation comme un étendard ennemi gagné avec brio sur le champ de bataille sous le nez du personnel qui se serait fait une joie en d'autres circonstances de me refouler. Mais pas ce soir. Non ce soir, la chance allait me sourire, la cité interdite du grand salon m'appartiendrait et tous me mangeraient dans la main. Mon instinct, sûr en d'autres circonstances m'aurait hurlé dans les oreilles de faire demi-tour, me prédisant une soirée cauchemardesque et angoissante. Mais je n'arrivais plus à remettre la main sur ce fichu instinct qui m'avait sauvé de beaucoup de situations confuses et pernicieuses, enfoui ce soir sous un vernis d'inexpérience et imbibé par plusieurs verres de ce brandy de mauvaise qualité . Je n'étais pas le premier à pénétrer dans l'antre de la tricherie, de l'alcool ingurgité pour échapper aux affres de l'enfer du jeu tout en s'y adonnant de bon coeur. Les femmes élégantes et souriantes des premières classes promenaient leurs regards arrogants et leurs mises bourgeoises à travers tout le salon, restant à l'affût du mauvais goût et des ragots qu'elles se feraient un plaisir de rapporter dès le lendemain. Humiliations et moqueries. Victoire et descente aux enfers. Je jetai un regard sur ces femmes, sans appétit ni envie. Le dégoût s'insinua en moi quand je reconnus la voix de Scarlett O'Hara s'adressant à mon amie Desdémone Miller.
- Vous passez une bonne soirée ?
J'évitai soigneusement cette femme aussi dangereuse que la peste bubonique. C'est alors que j'aperçus mon ami Jack Cooper en compagnie de Charles Wellington. Je les aurais rejoints avec plaisir mais ils étaient en compagnie de cet Elliott Smith que je n'aimais guère et je ne voulus pas lui faire le plaisir de m'ignorer. Jack avait été mon ami avant d'être le sien. C'est du moins ce que je pensais du fond de mon coeur meurtri et possessif. Je soupirai tristement. Pourquoi était-il venu cet Elliott Smith, cet homme surgi du néant comme une ombre malfaisante pour perturber ma soirée ? Comment pouvait-on sérieusement s'appeler Smith et ne pas craindre d'éveiller des soupçons légitimes ? Un Smith dissimulait toujours quelque inavouable secret, un Smith cachait toujours un autre nom, une identité infernale et dangereuse. Il me faudrait le garder à l'oeuil pendant toute la soirée, voilà tout. J'aurais voulu rejoindre un groupe mais j'avais la sensation que personne ne m'accepterait. Héloïse se trouvait avec Nayah Gallagher et l'une comme l'autre ne me donnèrent pas l'impression de rechercher particulièrement la compagnie des hommes ce soir. Je l'avais bien compris quand je m'étais approché du bar pour y savourer une première coupe de champagne et que j'avais entendu Nayah avouer à mon amie et admiratrice, Héloïse de Neuveille plus tôt dans la soirée :
- Chère Heloise, oublions les hommes ce soir et trinquons avec notre meilleur ami du jour, j'ai nommé... Le champagne! "
Je m'emparai d'une bouteille de champagne et commença à descendre abruptement la montagne de bulles à l'écart des autres, à l'autre bout du bar. Seul, désespérément seul. En attendant l'ivresse passagère et apaisante, ma compagne, séduisante et chaleureuse.
Avant le naufrage, je raffolais de ces soirées mondaines qui rassemblaient les personnes de ma classe sociale. Je désirais toujours m'y rendre et m'amuser autant que je le pouvais, protestant vivement lorsque je ne pouvais y aller. Pour cela, j'étais tout le contraire de ma sœur Ann-Elizabeth qui elle, n'était pas une amatrice de ces grandes soirées et ce n'était pas fautes pour moi d'avoir essayé de les lui faire apprécier. Sans grand succès malheureusement. Mais tout cela s'était avant.. Le naufrage avait retiré une partie de mon insouciance d'enfance et m'avait enlevé l'envie de me rendre à ce style de soirée, la joie n'y étant plus, comme si elle avait disparu avec le paquebot, comme si elle était restée au fond de l'eau. Parfois j'essayais de m'y rendre, pour retrouver cette joie de vivre qui donnait le sourire aux autres, pour m'amuser et oublier les ressent événements. Mais il faut du temps pour récupérer, pour revenir légèrement à notre point de départ, à nos plaisirs et à nos envies. En tout cas, je n'avais pas encore réussi à me réveiller tout entière, les morceaux de moi remit ensemble, mais je ne cessais d'espérée que ce jour viendrait. Jour où je me sentirais plus vivante que jamais.
Lorsque j'avais reçu l'invitation à la soirée casino qui avait lieu dans le Grand Salon, j'ai tout d'abord eu envie de ne pas m'y rendre. De rester dans ma cabine, sur mon lit, avec un bon livre et ceux, pour ne pas être avec autant de personnes que lors de la soirée de la tempête. Car c'est là-bas, dans le restaurant des premières classes alors que tous les passagers se trouvaient, qu'avait été commis une chose affreuse. Une pauvre femme avait été assassinée de sang froid et à mon plus grand malheur j'avais vu son corps, la plaie qu'avait fait le poignard où s'était déversé son sang en même temps que sa vie. Tout du moins, si nous pouvons appeler une vie le fait de se trouver éternellement sur le Titanic. En tout cas, depuis ce fameux jour, mon humeur avait diminué : je ne parvenais pas à m'ôter l'image de cette femme de la tête et je ne parvenais pas à dormir pleinement, ne cessant de me réveiller à tout bout de champs. Après une longue hésitation, j'avais choisi de m'y rendre, me disant que cela pourrait m'aider à me faire sourire, rire et pourquoi pas à me divertir. J'avais, parmi ma garde robe, portée mon dévolue sur une ravissante robe bleue, plutôt fine, qui me permettrait de bouger avec aisance lors de cette soirée. Pour coiffure, j'avais tout simplement laissé mes cheveux lâché, ondulé, ne désirant pas les élever. Me trouvant fin prête, j'avais franchi le seuil de ma cabine, marchant dans les divers couloirs pour finalement arriver devant le grand salon.
Inspirant profondément, je fis mon entrée dans la pièce où se déroulait la soirée. Déjà beaucoup de personnes s'y trouvaient, malheureusement, personne vers qui je pouvais aller, n'étant proche avec aucunes d'elles. De simples connaissances. Je marchais durant quelques instants dans la pièce, détaillant les personnes : ceux qui jouaient et ceux qui au contraire préféraient se rendre au bar. Je remarquais alors l'une de mes amies d'enfance pour qui j'avais beaucoup d'affection : Mary Abbot. Elle se trouvait avec son mari et je souris de bonheur, car elle avait retrouvé l'amour de sa vie. Ils étaient tellement beaux ensemble, je ne pouvais que vouloir qu'elle soit heureuse. Elle le méritait. Je vis ensuite Héloïse de Neuville, qui tout comme Mary était une amie d'enfance. Cela me faisait tout étrange de la revoir. Elle qui avait disparu du jour au lendemain sans donner de nouvelle. Elle qui avait commis un acte immorale. En tout cas, même si elle m'avait blessé, je ne pouvais ressentir de la rancœur pour elle, ce qui aurait été une réaction tout à fait normale. Mais, je ne pouvais pas, je l'appréciais bien trop pour cela. Mais, même si je ne lui en voulais pas, je n'allais pas vers elle, car cette blessure allait sinon remonter, ce que je ne désirais nullement, voulant passer une bonne soirée. Enfin, mon regard se posa sur un homme, seul dans son coin avec une bouteille de champagne. Je ne le connaissais pas et pourtant, sans savoir pourquoi, je me dirigeais vers lui. Personne ne méritait de passer sa soirée seule. Arrivée à sa hauteur, je lui adressais un sourire amical, puis lui montra la place qu'il y avait à côté de lui. « Bonsoir, cette place serait-elle libre ? Monsieur... ? » Demandais-je en haussant un sourcil.
Au comportement de la jeune femme, peu aurait pu se méprendre sur son état actuel de personne déjà bien enivrée. Et en effet, Nayah semblait avoir remarqué ce fait mais elle accueilli la troisième classe avait autant de chaleur que l'avait fait la blondinette. Elle était tout aussi heureuse de la voir et son visage était éclairé d'un éclatant sourire. Héloïse, malgré les convenances ne put s'empêcher de s'exclamer :
"Comme vous êtes belle ce soir Nayah ! Vous éclipsez toutes les autres ici !"
La jeune femme accompagna ses paroles d'un regard teinté d'une réelle admiration. Elle aimait beaucoup cette demoiselle et ses propos étaient très sincères. D'ailleurs, depuis le premier jour où elle l'avait rencontrée, elle n'avait cessé de l'admirer. Nayah étaient une revenante, s'ajoutant ainsi au groupe croissant d'âmes égarées qui venaient s'échouer dans cet enfer avec eux. Pourtant, même si beaucoup les craignaient et les fuyaient comme la peste, Heloïse n'en avait pas peur et même elle était ravie de leur présence ici-bas.
Pour certains, de longues années s'étaient écoulées depuis le naufrage et ils étaient une grande source d'information et même d'inspiration. Généralement, ils ne faisaient plus vraiment la distinction entre les différents groupes sociaux, la société ayant évoluée. La blonde ne portait pas un grand intérêt à ce que l'on pensait d'elle, néanmoins, elle n'appréciait guère tous les regards désapprobateurs qu'elle recevait lorsqu'elle se rendait chez les premières classes pour voir Peter ou des amis, d'autant qu'autrefois elle avait fait parti de l'aristocratie. Et puis n'était-elle pas comtesse elle-même malgré qu'elle se soit enfuie de chez elle ? Si elle n'avait pas assassiné le comte, elle serait très certainement l'épouse de Peter et elle aurait embarqué sur le Titanic en tant que première classe. D'ailleurs elle ne serait pas non plus morte au bord du paquebot, et peut-être aurait-elle fini dans un lit, entourée d'une ribambelle d'enfants.
Mais elle se retrouvait ici en tant que meurtrière, une situation douloureuse avec Jack et une Lydia qui voulait sa peau. Et si jamais le créancier de Jack revenait à bord, que se passerait-il ? Voudrait-il se venger d'elle ?
Heloïse chassa ses pensées qui l'indisposaient en secouant la tête. L'alcool la faisait totalement diverger. Nayah se rappela à elle en répondant à la déclaration de la blonde. Le poker et les hommes ? Une étrange histoire d'amour ?
"Comme vous avez raison ! Je n'ai jamais compris l'engouement de Jack pour ce jeu." Rit-elle à son tour, finissant son verre par la même occasion."
Nayah commanda alors une nouvelle bouteille de champagne pour les nouvelles venues. Un sourire fendit le visage d'Héloïse. Son amie n'allait pas l'empêcher de boire au moins. Lorsque les coupes arrivèrent, Nayah trinqua en l'honneur d'elles, et de l'absence des hommes.
"Quelle excellente idée ! Oublions ces êtres qui nous font tant souffrir ! Le champagne lui, ne nous laissera jamais tomber."
Puis tout à coup, alors qu'elle levait son verre de whisky pourtant vide, une jeune femme s'approcha du groupe et prit la parole. Manifestement, Nayah la connaissait.
"Ma parole, vous n'êtes ici que depuis peu et pourtant vous semblez connaître plus de personne que moi en un an de naufrage ! rit Héloïse, puis elle s'adressa à la nouvelle venue. Asseyez-vous donc parmi nous ! Je serai ravie de faire votre connaissance. Vous me paraissez si charmante.
La blonde lui tendit une main amène, un sourire radieux flottant sur son visage aux joues rougies par l'alcool.
"Je m'appelle Héloïse, mais ne comptez pas sur moi pour vous donner mon nom. Cela a pour don de mettre certaine personne en mauvaise disposition !"
La jeune femme acheva par un grand éclat de rire. L'alcool et la douleur lui faisaient dire n'importe quoi et il faudrait bientôt qu'elle s'arrête si elle ne voulait pas prononcer des paroles trop insensées, mais ici personne ne put réellement connaître son hilarité car peu connaissaient sa réelle identité et le terrible crime dont elle était entachée.
Mary-Ann J. Fleming
ETRE MERE ❧ le plus beau rôle qu'il y a au monde.
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PROFIL♌ Double Compte : Georgiana, Esther & Scarlett ♌ Prénom ou Pseudo : Mari-Jane ♌ Signaux de Détresse : 1196 ♌ Points : 9 ♌ Jour d'embarquement : 17/11/2012 ♌ Age du Personnage : 35 ans ♌ Profession : Actrice ♌ Crédits : Love ♌ Photo :
Un peu de maquillage, du rouge sur ses lèvres pulpeuses, un collier autour du cou. Ses cheveux étaient coiffés en un élégant chignon, dont aucuns cheveux ne sortaient. Vêtue d’une robe couleur pourpre, elle enfilait les gants qui allaient lui protéger ses mains et ses avants bras. Un baiser sur le front de chacun de ses deux enfants et la voilà prête pour une entrée en scène. Sa vie avait comme basculé depuis quelques temps et Mary-Ann Fleming comptait sur cette soirée organisée par le personnel du navire pour renouer avec le passé. L’ancienne actrice n’avait point assisté à un tel évènement depuis sa mort, elle ne savait donc pas à quoi s’attendre, mais elle n’était pas étonnée de voir qu’elle n’avait pas perdu ses bonnes habitudes de célébrité. Elle n’avait pas besoin d’agent pour lui dire comment se vêtir, automatiquement, elle savait quelle robe allait mieux lui convenir. La pourpre, celle qui lui soulignait mieux la silhouette, cette robe, qui en montrait beaucoup, sans pourtant qu’on puisse trop en voir. Cette soirée serait comme une avant-première, même si pour cette fois-ci, elle ne serait pas l’unique personne à fouler le tapis rouge. Elle quitta ses appartements, laissant ses enfants s’endormir dans les bras de Morphée. La soirée qui était sur le thème du casino se déroulait au grand salon des premières classes. Bien sûr, toutes les classes y étaient conviées, maintenant on ne faisait presque plus de différence. Il y avait bien longtemps que l’actrice n’avait pas joué au casino, la dernière fois cela devait être à New-York, lors d’une soirée de charité. Même si l’évènement avait été exceptionnel, Mary-Ann n’avait pas été très friande de tous ces jeux et aussi du fait que l’on gaspillait plus son argent qu’autre chose. Même s’il y avait des gagnants, ils étaient rares, mais cela, beaucoup de joueur semblait l’oublier. Combien avait pu s’endetter pour ces jeux, dans l’espoir de gagner toujours plus ? Ils devaient être nombreux, trop nombreux. En arrivant au grand salon, la première classe confia son manteau à l’un des stewards et elle entra dans la pièce. Tout de suite et tel un aimant son regard fut attiré par Charles. Il était aussi élégant et beau que par le passé, mais le cœur de l’actrice se pinça quand elle le vit en compagnie d’une femme, avec qui il semblait proche, puisque ses lèvres étaient à quelques centimètres de la nuque de cette même femme. Elle ferma les yeux quelques instants et se retira plus loin dans la pièce. Décidément, cet homme ne lui faisait que du mal et leur relation semblait être de plus en plus compromise. Mais pouvait-elle encore considérer qu’il y avait une relation entre eux ? Elle avait beau être la mère de ses enfants, Charles avait disparu trop de temps et même si de son côté ses sentiments ne s’étaient pas éteints, cela ne devait pas être le cas pour son amour perdu. Au passage, Mary-Ann attrapa une coupe de champagne qu’elle but d’une traite, puis elle en prit une autre, qu’elle but avec plus de modération. Son regard se posa sur les tables de jeux, les hommes étaient nombreux ce soir, mais son cœur ne battait que pour l’être qui le brisait. Etait-elle folle à ce point ? A nouveau, elle termina son verre aussi vite que le premier.
« A tous ces hommes qui aiment briser nos cœurs. » Murmura-t-elle pour elle-même.
La salle se remplissait petit à petit de passager du Titanic : l'invitation semblait avoir été donnée à tout le monde. Jack reconnaissait des visages, des personnes qui étaient devenues des amis, ou tout simplement des gens dont le nom n'était pas encore connu. Il scrutait la salle à la recherche d'une seule personne. Il ne tenait pas à ce qu'elle soit là. Il s'agissait, en l'occurrence, de Heloise. Non pas que sa présence l'incommodait mais surtout du fait que le jeune homme préparait dans le secret un dîner ou il espérait que la belle viendrait. Le carton d'invitation devait partir demain matin à l'aube. De même, il ne souhaitait pas entrer en contact avec la belle, il n'était pas prêt dans le sens ou il savait pertinemment que, face à Heloise, il devrait alors avoir des arguments solides. Et dans le cas, ou une dispute éclaterait, le repas de demain ne servirait plus à rien. Il était donc primordial pour le blondinet de ne pas entrer en contact avec sa belle. De même, il savait qu'au poker, les émotions et les humeurs étaient un point faible et un moyen de se perdre dans des tentatives de bluff, aussi devait-il se montrer insubmersible ce soir. Aussi, il continuait de scruter la salle par des coups d'oeil discrets. Son attention fut ramené à son ami Elliot qui rappelait leurs stratégies de tricherie misés en place durant leurs précédents parties de poker.
Jack lui sourit avant d'ajouter : Pas trop de P En vue pour le moment si ce n'est que nous serons obligé de devoir faire preuve de galanterie " dit-il en faisant un infime coup de tête en direction des rares femmes qui s'attablaient aux tables de poker. Attendant une réponse de son ami, Jack en profita pour jeter un rapide coup d'œil dans la vaste salle.
Son cœur eut alors un raté. Elle était là près du bar, assise à une table en compagnie de femmes, sans doute de Première Classe au vu de leurs habits et postures. Au milieu de ces bourgeoises, la simplicité de sa belle apparaissait plus que jamais et Jack l'aima encore plus qu'il ne l'aimait déjà en cet instant. Mais se rappelant l'enjeu de ce soir et surtout la soirée de demain, il détourna alors les yeux de ce spectacle pour revenir à sa passion: le poker. Toutefois, il restait soucieux. Du peu qu'il avait vu, Heloise semblait boire du champagne et la gaieté, vue en l'espace de quelques secondes, ne présageait rien de bon. Le jeune homme se décida alors de garder un œil attentif sur sa bien aimé. Au cas ou... On ne sait jamais, l'alcool, parfois, pouvait délier des langues.
A chaque instant qui passait, la grande salle se remplissait davantage. En tant que gamin ayant vécu dans les bas-fonds de Southampton, vivant de larcins et de cambriolages en tous genre, on aurait aisément pu penser que ma présence au cours d'une soirée si fastueuse serait en réalité due à un tour de passe-passe de ma part. On aurait pu me soupçonner d'avoir subtilisé l'invitation d'un rupin en fouillant dans ses poches sur le chemin. Mais non. Après une nuit agitée – encore une – un membre de l'équipage me tira de mes cauchemars en tambourinant trois fois à la porte. Le temps que j'émerge des bras de Morphée, l'invitation glissait déjà sous l'entrée de la cabine, et son expéditeur mettait déjà les voiles. Bien entendu, me savoir invité de façon officielle à une soirée aussi huppée m'intrigua, et je fus même tenté de ne pas m'y rendre, craignant une entourloupe quelconque. Et pourtant, ma curiosité naturelle prit le pas sur ma prudence. Pourquoi une telle soirée ? Pourquoi faire l'effort d'y inviter un passager de Troisième Classe ? Bien entendu, à force de me balader, je me rendis compte que je n'étais pas le seul pauvre invité. Certains se pavanaient avec, d'autres encore ne le révélaient qu'à demi-mot. Mais tout le paquebot se voyait-il invité, ou seulement quelques privilégiés ? Si cette dernière option se révélait être la bonne, alors quelle qualité fit de nous des convives dignes de ce nom ? Toutes ces interrogations, plus pressantes encore que notre éternité incertaine et notre condition précaire, me poussèrent d'autant plus à répondre présent au cours de cette soirée. Ce que je fis. Le costume, en revanche, était bel et bien volé. Je devais bien l'admettre : Je ne possédais aucun habit de soirée. Pas de smoking, de haut-de-forme ou quoi que ce soit qui puisse valoir le coup au cours d'une réception mondaine. Je n'eus donc pas d'autre choix que de m'introduire dans une cabine de deuxième classe pour y chiper des vêtements de circonstance. Pas des fringues issues de la plus haute aristocratie, non plus. Si l'on m'invitait sous mon véritable nom, il y avait donc fort à parier pour que mon statut social soit connu de certains. Jouer directement la carte du comédien manipulateur aux yeux de tous se montrerait d'autant plus dommageable sur le long terme si ma véritable identité se voyait balancée sous le feu des projecteurs. Se contentant d'un signe de tête négatif pour toute réponse, Charles bafouilla ensuite une excuse pour s'éclipser au loin, se collant au dos d'une femme que je ne reconnus pas. Pourtant, sa longue chevelure sombre me parut familière.
" Monsieur Smith, enchantée. "
La grande blonde m'adressa un sourire gêné, avant de partir s'installer vers les tables de jeu. Avant même qu'elle ait eu le temps de s'éclipser, je lui saisis sa main avec douceur et me courbai vers celle-ci, lui offrant un délicat baisemain avant de me redresser.
"Tout l'honneur est pour moi, miss Everdeen."
Lynn et moi nous étions croisés il y avait quelques temps, déjà. Elle venait de se perdre dans les couloirs du Titanic et, ayant imploré mon aide, je l'aidais gracieusement. En échange, elle m'apprit deux ou trois choses sur sa propre vie, et nous finîmes par bien nous entendre. Quel dommage que nous n'eûmes pas droit à davantage de temps ensemble. J'étais certain qu'elle aurait pu hypnotiser les autres joueurs grâce à son regard. Puis elle s'éloigna, et je me tournai avec anxiété vers Jack, qui profita de notre soudain isolement pour répondre :
"Pas trop de P En vue pour le moment si ce n'est que nous serons obligé de devoir faire preuve de galanterie "
"Très drôle, répliquai-je sans l'ombre d'un sourire."
La fuite de Charles m'agaçait. Tirant une bague de ma poche, je la fourrai au creux de la main de Jack.
"L'aristo ne respecte plus les convenances, alors ce sera à toi de remplir son rôle."
Appartenant autrefois à une grosse dame issue de la première classe dont je tairai le sort, il s'agissait d'un anneau doré, au sommet duquel reposait un énorme bijou, soutenu par quatre attaches d'or. Faisant sauter le diamant d'un coup de couteau, l'un de nous – en général, Charles. L'or dénaturait moins sur sa personne. – enfilait l'anneau, les attaches tournées du côté de la paume, faisant ainsi passer le bijou pour un simple anneau de fiançailles ou de mariage. Grâce à lui, si jamais nos tactiques de tricheries en devenaient inutiles, et si nous perdions plus que de raison, je tapotai alors à quatre reprises le genou du porteur de l'anneau, qui enfonçait alors les attaches, coupantes comme des rasoirs, dans ses plus puissantes cartes. Ainsi, il ne lui restait plus qu'à jouer l'ahuri : "Eh ! Ces cartes sont marquées !" Combien de fois cette excuse suffit-elle à nous tirer du pétrin en retournant nos adversaires les uns contre les autres ? Si souvent. Sitôt qu'on affirmait avoir été dupés, tout le monde accusait tout le monde d'avoir triché, fouillait le contenu des manches, etc... Cela nous permettait de nous en tirer à bon compte, vu qu'à cet instant, plus personne ne surveillait l'argent. Au loin, un ivrogne sifflait une bouteille de champagne à lui tout seul, bientôt rejoint par une très jolie blonde aux yeux clairs. Nayah et Héloïse firent aussi déboucher une bouteille, d'autres femmes entrèrent, plus ou moins bien accueillies par le reste de la salle. Mais pour la plupart, je ne les connaissais pas. J'espérai juste que cette carence ne se retournerait pas contre moi au cours du jeu.
Ce soir c'était une petite soirée de Casino qui s'offrait à chacun, plus particulièrement aux hommes mais je ne douterais pas que quelques ladies se joignent à nous pour notre plus grand plaisir. Le simple fait de se faire plumer ou de plumer l'autre était un jeu qui était un pur régal. Je n'avais pas l'occasion de jouer souvent au poker, mais à chaque fois que j'y ai joué, j'ai réussi à remporter un bon petit paquet d'argent, ça n'a jamais fait mal à mes finances. En même temps, je n'y ai pas joué très souvent. Mais ce soir, c'était l'occasion rêvée de pouvoir séduire et de plumer adversaire un à un. Je mets mon plus beau costume pour me rendre dans le Grand Salon sur le Pont A, il ne faut pas qu'on me prenne pour quelqu'un de trop pauvre, même si ce costume n'arrivait pas à la cheville de ceux des premières classes, il était le plus beau que je possédais, alors le porter était déjà une grande fierté. Je regardais l'heure, je n'étais pas très en avance, mais il y aurait sans doute de la place aux tables de poker, au pire j'attendrais mon tour mais j'arriverais bien à jouer avec quelqu'un dans le pire des cas, pour lui porter chance. Je sortais donc de ma cabine dans mon beau costume noir, avec la chemise blanche qui allait avec, ainsi qu'un petit noeud papillon noir lui aussi. J'avais inséré un petit mouchoir blanc en guise de pochette. J'étais prêt à affronter la foule à présent, à gagner de l'argent même si celui-ci ne servait plus à rien dans ce bas monde. Le prestige n'en serait que plus grand. J'entrais donc dans la pièce et il y avait déjà beaucoup de monde. Je regardais la table de poker et il semblait y avoir encore de la place. Comme je le pensais, deux jeunes femmes s'y étaient assises, sans doute qu'elles ne savaient pas jouer mais qu'elles étaient là pour nouer des liens, ou peut être plus que cela. Je regardais la pièce avant de me diriger vers la table. Je voyais une certaine Scarlett Hamilton non loin de là. Je lui faisais un petit signe de la tête alors qu'elle parlait à une ravissante jeune femme blonde. Je ne sais pas si elle m'avait vue ou non, mais le poker m'appelait. J'arrivais donc à hauteur des jeunes femmes et des autres hommes qui étaient là aussi pour jouer.
" Ravi de jouer avec vous, surtout vous mesdemoiselles. J'espère que vous arriverez à gagner, ce serait un tel plaisir que de me faire plumer dans de si beaux yeux. "
Je m'adressais aux deux jeunes femmes, la brune et la blonde avec un petit sourire. Je prenais place entre les deux joueuses, la meilleure place qui soit pour ne pas être déstabilisé par leurs robes magnifiques.
Ce texte est décidément trop nul mais je ne bloquerais pas Vicky au moins
Une envie folle m'avait traversé l'esprit. Une envie folle m'avait bercé de cette aveuglante illusion que le casino m'aurait accueilli, les tapis grands ouverts, fourmillant de mille jetons qui n'auraient pas demandé mieux que de se glisser subrepticement dans mes poches. Le jeu est une abrupte drogue sans aucun remède que celui de ces furieuses bulles transparentes qui commençaient à m'enivrer. Une douce torpeur m'enveloppait, m'isolant du brouhaha qui trahissait la présence de nombreux participants à cette soirée. Une soirée ? Un jeu de dupes, oui ! Je n'y entendais rien au poker mais je sentais que la soirée serait mouvementée, séparant le temps d'une éternité rancunière, les tricheurs de leurs victimes. Je tournai la tête vers les joueurs. Thomas Grey était mon ami, tout comme Marcus Cream qui venait de rejoindre la table de poker. Je n'avais rien à craindre de leur part mais je jetais à nouveau un regard vers cet Elliott Smith qui ne m'inspirait aucune confiance. Il manifestait en toutes choses une telle arrogance que l'homme m'écoeurait au plus haut point. Que diable Jack pouvait bien faire avec lui ? Je les vis échanger un objet qu'ils se passèrent de main en main. Je baissai alors la tête, tristement. Si cet homme me volait l'amitié de Jack Cooper, il aurait en face de lui, un ennemi implacable. Je me mis à le détester et je détournai le regard, dégoûté d'un pareil spectacle. Je n'avais pas beaucoup d'amis à bord du Titanic et je tenais à les garder.
L'ivresse qui s'insinuait dans chacune de mes veines accueillantes anesthésiait mes pensées et me plongeait dans un monde rempli d'incertitudes et aussi fluctuant qu'un bain d'huile. Tout bougeait autour de moi et si ce n'avait pas été le fruit du doux breuvage que j'avais accaparé et qui m'enserrait les jambes dans un étau imaginaire mais liberticide, j'aurais pris mes jambes à mon cou pour fuir cet univers de perdition. Mes angoisses se confirmèrent quand j'aperçus Marcus saluer ce virus ambulant que représentait Scarlett J. Hamilton et prendre place entre elle et Desdémone P. Miller, une femme exquise. Pourquoi mes amis frayaient-ils avec le Diable, ce soir ? Je m'étais senti si seul que j'avais ressenti le besoin au début de la soirée de m'isoler encore davantage, saisissant au vol une bouteille de champagne. Une ombre gigantesque se profila dans le champ extérieur de ma vision panoramique. D'immenses tentacules blanches enveloppaient ce monstre marin qui s'était hissé jusque dans le grand salon des premières classes. Je cachai la bouteille de champagne par une espèce de réaction instinctive, protégeant le seul ami qui me restait dans cette magnifique salle. Puis le monstre marin lâcha échapper quelques mots.
- Bonsoir, cette place serait-elle libre ? Monsieur...
Je pris mon courage à deux mains et me tournai vers cette hydre des profondeurs. La voix était douce et mélodieuse , la pire de toutes. Elle allait m'ensorceler, elle allait me happer et me …..
- Mademoiselle Lockwood !
La plus jeune des soeurs Lockwood me souriait, dans l'éclatante beauté de sa blondeur. Mon ivresse évanescente et passagère s'était muée en une pathétique et effrayante vision du monde titanesque. Je ne fréquentais pas les premières classes par un de ces ostracismes affirmés qui n'étaient somme toute qu'un réflexe de défense. Ces membres-là m'avaient montré au cours du voyage inaugural du Titanic trop de mépris et j'aurais voulu effacer ce voile de suffisance sur leurs faces de rats. Pourtant j'étais à côté d'un de ces passagers-là. Je la regardais ce soir comme jamais je ne l'avais considérée . La jolie Victoria était charmante et je pouvais bien partager quelques bulles avec elle sans trop y perdre de mon intégrité.
- Je vous offre un verre, Mademoiselle Lockwood ? Ce champagne est divin et si vous m'accordiez en outre l'infini plaisir de votre aimable compagnie, mon bonheur deviendrait presque insupportable.
J'adressai un sourire plein de miel à la jeune femme. Je regardai les hommes et femmes prendre place à tour de rôle à la table de poker comme si se faire plumer était soudain devenu une occupation essentielle, presque un devoir.
- Vous êtes venue jouer, Mademoiselle Lockwood ? Il s'agit là d'une tout autre partition que celle dont vous avez l'habitude de vous jouer avec tant de maestria.
J'éclatai de rire, emporté par les bulles euphorisantes et une envie soudaine de jouir de ma mort. Avec délectation et sans aucun respect des convenances.
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mais je ne bloquerais pas Vicky au moins 
