Je ne savais pas ce que Jack allait me répondre mais sa réponse n'avait que peu d'importance. Pour moi, ce soir, c'était le petit jeu que j'avais lancé avec Scarlett et Elisabeth qui m'intéressait le plus. Je ne savais pas non plus la réaction qu'aurait la veuve noire au moment où elle recevrait mon présent. Peter à mes côtés ne semblait pas être dans son assiette, mais il semblait ne rien y connaître en matière de poker, il se ferrait plumer facilement s'il suivait aussi bêtement que ça. Miss Everdeen semblait ne pas s'y connaître non plus, mais elle ne parlait pas pour ne rien dire, elle observait la scène presque de façon mystérieuse. Cette femme me plaisait mais je n'avais pas le temps de lui consacrer plus que ce regard. C'est alors que j'entendis une voix qui me parut familière. Le Capitaine était de retour pour nous jouer un mauvais tour, il ne fallait pas en douter, mais je ne pouvais pas me consacrer à lui, j'avais déjà tellement de sujet d'occupation. En fait, si cela avait été possible, j'aurais dû suivre pas moins de 4 ou 5 conversations, mais même en étant mort, cela n'était pas possible alors pour le moment, je me consacrais à ce qui se passait autour de cette table de poker sans oublier de jeter un oeil dans mon dos pour observer Scarlett. D'ailleurs, j'eus à peine le temps de la voir se lever pour arriver derrière moi et prononcer ces paroles plus ou moins choquantes. Elle posa ensuite la balle de pistolet sur la table me murmurant à l'oreille que miss Cavendish était tout en beauté ce soir. Avant qu'elle ne parte, je lui tenais à peine le poignet pour lui murmurer à l'oreille quelques mots.

" Je pensais que ce modeste présent vous ravirez, et qu'il vous serait fort utile mais j'ai du me tromper. Si Elisabeth est ravissante, vous l'êtes d'autant plus pour un cadavre défraichi. "

Et je la laissais repartir laissant la balle là où elle l'avait posé. Si elle croyait me déstabiliser de cette façon c'était raté. Les propos que Jack avait tenu juste avant me firent sourire, mais je n'avais rien à y ajouter. Il misa donc 20 dollars à son tour. Nous avions tous parlé me semble-t-il le croupier pouvait donc poser une nouvelle carte sur la table. Cette carte était intéressante, mais je ne disais rien. Je me retournais pour voir si Scarlett était allé mettre ces menaces à exécution concernant Elisabeth, mais mon regard fut attiré par une autre belle jeune femme : Pernelle. Ainsi, elle s'était décidé à venir. La chose qui nous unissait était si spécial. Et dire que si nous n'avions pas embarqué sur le Titanic, elle aurait été l'une de mes victimes sur Southampton. En même temps, s'il n'y avait pas eu le Titanic, je ne l'aurais pas croisée sans doute. Nous nous étions connus avant de monter sur le navire, nous nous étions presque aimé, du moins, pour elle cela avait du être ainsi. Depuis son retour, puisqu'elle fait partie des revenants, nous ne nous étions pas parlé, mais se souvenait-elle seulement de moi ? Mon regard s'était perdu sur ces pieds nus, lorsque mon ami Peter qui semblait avoir bu un peu trop se mit à pousser la chansonnette pour le Capitaine. Etait-il donc devenu plus fou que fou ? Après avoir mis à mal la Comtesse, voilà qu'il s'attaquait au Capitaine. Malheureusement, je ne pouvais plus rien faire pour le sauver à présent. J'essayais de me recentrer sur le jeu, mais j'avais un peu de mal avec toutes les belles femmes qui m'entouraient.

" Je relance à hauteur de 40 dollars ! "

Oui, je n'avais pas peur de sortir les jetons ! Je ne savais pas qui est ce qui oserait me suivre. Je n'avais pas peur, peur de personne, surtout de mes adversaires à la table de poker. Celles qui me faisaient frémir pour différentes raisons n'étaient pas ou plus à ma hauteur.

Spoiler:

Au vu du déroulement de la soirée, Mary-Ann ne s’attendait certainement pas à voir sa solitude se rompre. Seule avec l’alcool, elle ruminait contre Charles Wellington, l’homme qui émiettait un peu plus son cœur à chaque seconde. Furieuse, elle était même prête à partir, jusqu’à ce qu’un homme vint s’installer à ses côtés. Il était charmant et de son âge, mais bien vite, l’actrice le reconnut comme étant le Capitaine. Depuis le naufrage, elle ne savait que penser de cet homme, tantôt charmant, puis après ignoble, le Capitaine était bien trop changeant pour qu’elle puisse se faire un réel avis sur lui. La mère de famille avait beaucoup de mal à croire qu’il était le Diable personnifié comme beaucoup de monde le déclarait, elle l’accueillit donc avec un ravissant sourire, contente d’avoir enfin un peu de compagnie, durant cette soirée monotone. Le Capitaine l’aborda, lui demandant pourquoi une célébrité comme elle se trouvait seule, avant de s’installer à ses côtés. Elle se décala un peu sur sa gauche, laissant un peu de place au Capitaine, mais aussi mettant une légère distance de convenance entre lui et elle.

« Eh bien, il semblerait que la mort ne m’apporte plus la célébrité. Mais peu importe, une personne a enfin fini par se joindre à moi. » Répondit-elle tout en souriant.

Le Capitaine offrit le champagne à tous ses passagers et bientôt tous les regards convergèrent sur eux, Mary-Ann ignora volontairement Charles, après tout s’il était jaloux, il avait qu’à s’occuper d’elle depuis le début, au lieu de faire le beau devant de plus jeunes femmes. L’actrice ignora le monde et se concentra sur le verre de champagne que le Capitaine lui servait, elle trinqua avec lui, à son retour, même si cela semblait scandaliser beaucoup de monde. Même si ce n’était pas la meilleure des choses et qu’elle savait qu’elle jouait un jeu dangereux, au fond d’elle, l’ancienne star était contente, elle attirait à nouveau les regards. Maintenant, elle doutait face aux paroles des autres passagers, pour elle, le maître du navire n’était en rien un monstre, sinon il avait cas tous les faire tuer, cela pouvait être à son avantage. C’était dans une toute autre ambiance qu’elle but son verre de champagne, elle était de meilleure humeur et elle aurait au moins quelques anecdotes à raconter à ses enfants à propos de cette soirée qui avait si mal commencé. Un homme sûrement ivre finit par entrer dans la salle, malgré les insistances des stewards pour le retenir. Cette même personne se dirigea tout de suite vers une jeune femme, une revenante, comme Charles et il commença à la violenter. Choquer Mary-Ann regarda la scène avec effroi. Par chance plusieurs personnes eurent la décence de sauver la jeune femme. Cependant, elle se crispa bien vite quand elle vit son ancien amant donner un coup de poing à l’homme indélicat. Une vague de souvenirs lui revenait en tête, comme la soirée où un fan s’était montré trop avenant avec elle, Charles avait eu la même réaction, mais à ce moment-là, c’était par jalousie. La première classe se détourna de la scène et se concentra à nouveau sur le Capitaine.

« Les hommes, dès qu’il y a moyen de se battre, ils sont toujours les premiers à lever les poings et ça va encore plus vite quand il s’agit de sauver une demoiselle en détresse. Allez-vous faire quelque chose à propos de cet homme, il vient tout de même de frapper sa femme ? » Disait-elle tout en jetant un coup d’œil vers Charles.

Nombreux étaient les hommes qui battaient leurs femmes, mais par chance Mary-Ann n’avait jamais eu à en souffrir, son père avait toujours été attentionné avec elle et Charles un homme bon, qui n’irait jamais frapper une femme. Cependant, elle se souvenait encore du visage que sa costumière abordait parfois, la mère de famille avait vite compris qu’elle était battue par son mari, mais elle n’avait jamais rien pu faire pour elle. Malgré les malheurs qu’elle vivait, elle aimait toujours son époux. Oui, les hommes même avec toutes les souffrances qu’ils nous faisaient vivre, on ne pouvait s’empêcher de les aimer.

Cette superbe soirée qui avait beaucoup de classe allait vite se terminer en fête de taverne. Beaucoup de mes passagers étaient très alcoolisés et même si c’était normal, je refusais à ce qu’il y ait de la bagarre, même si en temps normal j’aimais ça. La discorde, la haine, tout cela nourrissait mon âme, mais ce soir, je voulais passer un moment normal, surtout que je me trouvais en compagnie d’une magnifique créature : Mary-Ann Fleming. Actrice que j’appréciais beaucoup, elle était l’un des joyaux de ma collection, une femme qui se voulait forte, mais qui au fond d’elle cachait le secret de la mort de ses enfants. De plus, ce qui était bien avec cette jolie brune, c’était qu’elle ne me repoussait pas et ne semblait pas craindre mes actions passées. Ainsi donc, je n’avais pas terrorisé tout le monde à bord. Tant mieux.

« Et je suis ravie d’être le premier et le seul à être à vos côtés, Mary-Ann. Puis-je vous nommer Mary-Ann ? J’ai tellement vu vos films, que j’ai l’impression de vous connaître depuis bien longtemps. » Dis-je avec un sourire charmeur.

Discrètement, je suivais aussi les réactions de mes passagers, pour le moment, je n’avais reçu aucun coup de poing, donc c’était beau signe et avec les revenants qui ne me connaissaient pas encore, je pouvais être tranquille. Tout en buvant ma coupe de champagne, je conversais avec l’actrice, jusqu’à ce qu’une bagarre éclate sous mes yeux, dans un premier temps, je laissais les choses se faire. Après tout quand il y avait un conflit conjugal, il ne valait mieux pas se mêler de l’affaire. En tout cas, si je comprenais bien, cet homme Jules, complètement éméché, venait rejoindre sa femme et il l’accusait de tromperie. Il finit par la frapper et d’autres vinrent à sa rescousse, comme Blanche, Héloïse et Charles, le père de ma douce compagne de soirée. Des coups furent donnés, mais la chose ne calma pas l’homme ivre qui alla agresser le prétendu amant de sa femme. Les choses s’aggravèrent quand le soit disant amant Elliott jeta une bouteille de vin au visage du mari. A ce moment-là, je me tournais vers Mary-Ann.

« Excusez-moi madame, mais je me dois de calmer ces énergumènes. » Je me levais alors et appelait Johnson le lieutenant de bord. Il se dirigea avec moi sur la scène, furieux j’attrapais le bras du blessé et sans mal je le mis debout, son visage était en sang. « Johnson mettait cet homme dans le bureau du commissaire du bord, une nuit derrière les barreaux, voire deux ne devrait pas lui faire de mal. » Je me tournais alors vers l’amant, Elliott Smith. « Monsieur Smith, je vous conseillerai dorénavant de ne plus gaspiller un si bon vin, surtout si c’est pour le jeter sur le visage d’un ivrogne. Retournez à votre table de jeu et que la fête reprenne. »

Je les toisais du regard et une fois que tout fut retourné dans l’ordre, je retournais auprès de mon actrice préférée, qui m’accueillit avec un agréable sourire.

/!\ Ceci n'est pas un nouveau tour, le Capitaine est juste là pour rétablir la situation, en l'absence de steward.

« Vous, faites attention vous risqueriez de vous noyez dans votre verre de champagne, très chère amie. »

J’avais insisté sur le ‘’amie’’ Scarlett était tout sauf une amie, et s’en était amusant de converser avec elle. Nos rencontres étaient trop rares en mon gout, je trouvais un certain plaisir à me crêper le chignon avec cette mégère même si tout se faisait en subtilité et en finesse. Lady avant tout ! Je n’allais pas me laisser marcher sur les pieds par Scarlett Hamilton, elle effrayait la chronique. Je ne la craignais pas. Qu’avais-je à perdre sur le Titanic, pas grand-chose ! A mon grand étonnement, Scarlett me faussa compagnie pour rejoindre Marcus. Je me levais d’un bond, mon verre de champagne à la main je regardais le spectacle me concentrant enfin, sur la table de poker. Je tâchais de rester calme, disciplinée et à ma place. Mes yeux étaient tour à tour fixés sur Marcus, et Scarlett. Pour Marcus, c’était plutôt un regard séducteur et de femme fatale. Pour Scarlett, un regard de défi et de méchanceté, elle ne méritait que ça. Elle reprit une coupe en me lançant un regard provoquant, je pris une grande respiration pour tâcher de rester calme. J’allais attaquer une nouvelle fois Scarlett, mais je fus couper dans mon élan. Que… quoi…. ? Le Capitaine ! En même temps, un seconde classe qui avait visiblement trop bu se mit à chanter à tue-tête ! Mais comment tournait cette soirée ? Les gens s’emballaient et devenaient fous. Le Capitaine fit, enfin, une chose raisonnable rétablir la situation. Enfin une bonne chose ! La partie de poker était fort intéressante, comme prévu des histoires de tricherie. Je lançais un dernier mot en direction de mon interlocutrice préférée.

« Vous vous donnez en spectacle, Scarlett, vous savez ? »

Je la regardais d’un regard noir, du coin de l’œil. Qu’est-ce-que je pouvais la détester celle-là ! Je ne m’étais pas re-assise, je me dirigeais d’un pas lent vers la table de poker. J’étais face à Marcus, c’était lui que je regardais. Que lui. Uniquement lui. Il y avait d’autres hommes à la table, et le Capitaine qui aurait du retenir toute mon attention et pourtant c’était Marcus que je regardais. Il fallait avouer qu’il avait un charme fou, et c’était tellement délectant le jeu avec Scarlett, était-elle jalouse de ne pas avoir été tuée par Marcus ? Je me posais la question, tiens. Je surveillais quand même mes arrières, on ne savait jamais, elle aurait pu venir m’agresser rien ne m’étonnais avec cette femme-là. Le Capitaine était occupé avec Mary-Ann, un petit poisson qui tomberait dans ses filets. Une sirène qui allait se noyer. La dernière carte du jeu se retourna, et on vint demander des vérifications auprès d’un troisième classe. Je souris, quel jeu de tricheurs le poker ! Un homme arriva, un homme fou, un peu comme celui qui avait mit le feu à la salle de réception, il y a un an. Il se bagarra avec les musiciens, mais … je restais ébahie face à ce spectacle. Quelques personnes s’étaient poussées, les danseurs surtout, les personnes proches des musiciens pour ne pas être la victime de cet homme à moitié fou. Avait-il trop bu lui aussi ? Je m’étais dirigée auprès de Marcus, peut-être m’aurait-il protégée en cas d’agression ? ! Il ne fallait pas trop rêver au prince charmant quand même ! Encore une intervention héroïque du Capitaine, décidément il se surpassait, ce soir. Je regardais le Capitaine charmait Mary-Ann, j’étais curieuse de connaitre sa réponse ! Les intrigues du Capitaine me plaisaient et me déplaisaient toujours, surement mon habitude des soirées mondaines de gens fortunés.

« Malgré tout ce tumulte, et cette vipère j’espère, Mr. Cream, que vous avez passé une agréable soirée ?! » Je lui fis un clin d'oeil malicieux, Marcus devait être à bord de ce paquebot le passager qui était pour moi le plus intriguant en tous points.