"La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet]
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Sujet: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Ven 9 Aoû - 17:20
Je me trouvais sur le pont des Troisièmes Classes accoudée sur une balustrade. Je pouvais voir une autre partie du pont juste en bas de l'endroit ou je me trouvais. J'observais un homme allongé sur un transat profitant sans doute du beau soleil qu'il y avait aujourd'hui. Nous étions le lendemain de ce concert et mes souvenirs étaient encore confus. Je souffrais d'une migraine qui ne me quittait plus. J'avais été à l'infirmerie mais ces derniers n'avaient pas été capables de la faire disparaître malgré leurs bons soins prodigués. De ce fait, j'étais de surcroît de mauvaise humeur. Cela l'était d'autant plus depuis que j'avais aperçu Charles Wellington dans la salle de musique. Ce vaurien était entouré d'une femme et des enfants, probablement son épouse et ses mioches car je me souvenais encore trop bien de cette bague que j'avais trouvé à côté de son cadavre... Quand je l'avais tué... Mais il était là et je rêvais de pouvoir le faire souffrir à nouveau. Le voir se vidant de son sang, me suppliant de l'épargner. Je le tuerais alors en portant un coup fatal et peindrait sur le mur un immense "tu es enfin mort" avec son sang. Oh oui, que la vengeance serait belle. Je me mis à glousser en imaginant cette scène si agréable, si belle qu' "elle" avait fini par me dire:
" Qu'est ce qu'il me tarde de le tuer! "
Je souris en l'entendant et reportait mon attention sur l'objet de mes désirs. J'avais décidé ce matin de le suivre, de surveiller chacun de ses mouvements, de vérifier qu'il n'avait pas de faille ou de point faible dont je pouvais me servir, en dehors des enfants. Il était certain qu'ils souffriraient si je m'attaquais à leur père mais il s'agissait là d'une souffrance morale et non physique. Mon cerveau malade ne faisait plus la même distinction entre la normalité et ma propre manière d'agir. De ce fait, j'étais incapable de me rendre compte combien mes intentions étaient mauvaises. Tout ce que je voulais, c'était me venger. J'étais liée à cet homme, c'était un fait irréfutable. Dès que j'avais entendu son nom et son prénom pour la première fois, j'avais alors décidé d'avouer mes sentiments à James qui était mon patron. Par la faute de ce condamné, l'homme que j'aimais, avait décidé que je serais sa prochaine bête à abattre. Il n'avait que faire d'une meurtrière amoureuse, il me prenait pour une folle.
" Et pourtant, je ne suis pas folle... " avais je murmuré à voix basse.
Et je m'étais rappelée le moment de sa mort. Une balle derrière la tête et Charles s'était effondré pour ne plus jamais se réveiller. Il était alors venu mon tour alors que je ne m'y attendais point. Ce fut la surprise, le "cadeau" de James. Je me souvenais encore de la douleur, puis de ce vide étrange qui s'était abattu autour de moi. Me visant de mes entrailles, j'avais alors regardé le cadavre de cet homme et cette bague qui était tombée à côté de lui. Le remords m'avait envahi et j'avais été désolée pour cet homme.
Mais aujourd'hui, tout avait changé et je voulais qu'il souffre autant que j'avais souffert durant ma mort. Alors que je m'enfermais dans une froide dépression, il vivait une petite vie tranquille entourée de sa femme et ses gosses, assistait à des concerts et prenait du bon temps.
Non, cela ne pouvait être ainsi.
" Non... Charles Wellington doit mourir..." avais je dit à haute voix sans que je m'en rende compte. Mon imprudence risquait de me couter cher si l'on m'entendait.
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Lun 26 Aoû - 19:06
Cela faisait longtemps que je n'étais pas sortie sur le pont, pour profiter de l'air marin vivifiant. J'inspirais profondément l'oxygène chargé du parfum âpre des embruns. Avant, une telle odeur m'aurait soulevée le cœur. Je n'avais jamais vu la mer et n'étais jamais montée sur un bateau, avant le Titanic. On ne pouvait pas dire que la première fois avait été la bonne. Avec un sourire amère, je repensais aux premiers instants à bord du paquebot. J'y avais été malade comme un chien, rendant tout mon petit-déjeuner à l'écume des vagues. Maintenant, je m'étais accoutumée à l'atmosphère océanique. J'en profitais même. Rien ne valait une petite promenade matinale, alors que tout le monde dormait encore à poings fermés, enfoui dans leurs couettes, au fin fond de leur cabine, spacieuse ou non. Il y avait eu un concert, la veille au soir. Même si j'avais été tentée d'y mettre les pieds pour me divertir et me changer les idées, j'avais renoncé à l'idée. D'ordinaire, j'adorais m'amuser et, de mon vivant, je participais souvent au bals populaires. Mais je craignais d'y croiser Charles. Maintenant que Mary-Ann m'avait appris la véritable nature de mon ancien amant, je ne voulais plus avoir à faire avec lui. Croiser ses yeux pleins de regrets, son visage empli de compassion me donnait envie de me jeter par dessus bord. Ou de le jeter par dessus bord. Cela dépendait de mon état d'esprit sur le moment. Je voulais l'éviter le plus possible. Et il aurait surement été au concert avec sa famille. Je me voyais bien mettre les pieds dans le plat et gâcher leur petite soirée. Quelle nuisance cela aurait été ! J'avais préféré passer ma soirée à scruter les profondeurs obscurs de l'eau, écoutant la lointaine musique qui résonnait sur le Titanic. Ici, j'avais appris que la solitude était la meilleure des compagnies. Mieux valait être seule que mal accompagnée. L'expression prenait tout son sens. Malgré mon tempérament naturellement enjouée, je n'avais lié d'amitiés et de relations avec personne d'autre que Charles (que je désirais ardemment oublier et que j'ignorais) et Mary-Ann (la femme dudit Charles). Même si j'appréciais cette dernière, on ne pouvait pas dire que les fondements de notre amitié -si j'osais l'appeler ainsi- étaient bâties sur des fondements sains. Le contraire était même plutôt de mise. Même si j'essayais d'accepter tout cela, quelques fois, la vérité était difficile à avaler. J'avais l'impression de mâcher encore et encore cette situation. J'étais morte. Je ne reverrais plus jamais ma famille et mes amis. Mon amant m'avait menti. J'étais toute seule. Sur ce grand navire où grouillaient les fantômes, il était ironique de dire que je me sentais atrocement seule. Toute ma vie, j'avais tâché de voir le bon côté des choses. Une optimiste à toutes épreuves, me vantais-je d'être. Peut-être avais-je été stupide de penser ainsi. Tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Or, je n'étais plus dans le « monde ». J'étais autre part. Cela s'appliquait-il ici aussi ?
Je secouais la tête. Depuis quand me tourmentais-je pour ce genre de chose ? Le plus important était toujours là. J'avais la tête sur les épaules. Ma conscience allait bien. Ma mémoire aussi. Morte ou pas, j'étais en forme. Le soleil brillait. Une belle journée s'annonçait.
Décidée à prendre les choses du bon côté, comme à mon habitude, je déambulais tranquillement quand un gloussement me fit tourner la tête. Une autre femme était accoudée à la rambarde du pont. Ses cheveux noirs tombaient sur son visage, si bien que je n'arrivais à déchiffrer son expression. Pourquoi riait-elle ? Elle ne semblait pas m'avoir aperçue. Je plissais les yeux pour étudier cette femme que je ne reconnaissais pas. Je ne l'avais jamais croisée sur le bateau. Elle marmotta quelque chose dans sa barbe. J'étais trop loin pour l'entendre. Elle semblait fixer intensément le pont inférieur. Je craignais de m'approcher d'elle et de lui faire peur.
_Non... Charles Wellington doit mourir...
Sa voix froide ma glaça d'effroi. De quoi diable parlait-elle ? Pourquoi voulait-elle le tuer ? N'étions-nous pas tous déjà morts ? Mon estomac se serra en entendant la haine, le venin que distillait sa voix. Une autre conquête déçue de Charles ? Elle était belle et jeune, tout à fait son type. Que lui avait-il donc fait ? Moi aussi, j'avais envie de lui faire sauter la tête et de la frapper jusqu'à ce que l'envie me passe. Pourtant, je m'en savais incapable. Comment aurais-je pu faire du mal à quelqu'un ? Je n'avais même pas envie de le faire souffrir. Alors que cette femme...
Je me raclais la gorge pour lui indiquer ma présence. Même si j'aurais préféré passer à côté d'elle et faire comme si je n'avais rien entendu, ma curiosité était piquée au vif. Que lui fait donc fait Charles le terrible pour qu'elle lui en veuille autant ?
_Oh, excusez-moi, madame. Je vous ai entendue. Ce n'était pas dans mon intention mais le nom de Charles a attiré mon oreille. Vous parlez bien de Charles Wellington, n'est ce pas ?
Je m'approchais d'elle doucement en prenant garde de préserver un distance convenable entre nous. Je regardais le pont inférieur. Charles était étendu sur un transat, le visage tourné vers le soleil. Je pinçais les lèvres et m'arrachais à sa vue. Je m'adossais à la rembarre, le cœur dans la gorge.
_Vous avez bien raison, confessais-je à l'inconnue. Si nous n'étions pas déjà tous morts, je me serais fait un plaisir de mettre fin à ses jours.
Ma voix était amère, bien sûr, mais pas aussi mauvaise que celle de la femme. Même si mes mots étaient trop violents pour être ceux d'une femme, la nostalgie et la mélancolie qui s'en dégageaient n'avait rien à voir avec la colère et la détermination. J'étais résignée à répétée cette maudite phrase à qui voulait bien l'entendre sans jamais mettre mes menaces à exécution. Je n'étais pas ce genre de personne. Je n'étais pas la femme vengeresse assassinant le mari adultère. J'étais la prostituée trompée et destinée à arpenter le pont sans personne à son bras.
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Ven 30 Aoû - 10:25
J'observais ce visage endormi que je haïssais tant. Il semblait si paisible en ce moment qu'une personne ne connaissant ce personnage n'aurait pu croire qu'il avait pu avoir tant de tragédies dans son existence. A vrai dire, les tristes événements de sa vie ne me faisait ni chaud, ni froid. Ce qui m'enrageait le plus était de voir combien il était heureux, plus ou moins, depuis son retour sur le bateau. Il avait retrouvé sa femme, ses enfants et menait une petite vie de famille paisible et heureuse. Quand à l'inverse, je vivais un véritable calvaire sur ce paquebot. J'étais dans un huis clos qui avait augmenté ma claustrophobie et les passagers étaient tout simplement détestables. Comment pouvaient-ils vivre et faire semblant? Il fallait que quelqu'un les réveille. N'y avait-il pas une bonne âme pour se soucier de ce souci de cage dorée dans lequel nous étions tous? Comme je te haïssais Charles, comme je vous détestais tous, autant que vous étiez. Mes pensées avaient fini par franchir ma bouche et j'avais parler à haute voix. Ce dont je ne me doutais pas était que quelqu'un m'avait entendu. J'entendis alors un raclement de gorge qui me fit sursauter tellement fort que je me retournais en même temps que je sautais de peur. Cela me permit de faire face à une jeune femme que je ne connaissais pas. Ne disant mot, je la regardais, le cœur battant la chamade. Avait-elle entendu ma menace de tuer Charles? Qu'était-elle pour cet homme? Des milliers de questions fourmillaient dans ma tête et j'étais, de ce fait, incapable de prononcer le moindre mot, ou de prendre la fuite. Mais à quoi bon s'échappait dans un huis clos quand je savais, pertinemment, que nos chemins se croiseraient à nouveau?
" A moins de la tuer...? " avait-"Elle" dit dans ma tête. Cela me fit froid dans le dos. Je n'avais pas encore ressenti les prémices de mes pulsions meurtrières, "Elle" était restée docile également et ne m'avait rien ordonné pour l'instant. Mais je savais que ça ne durerait pas. Tôt ou tard, le naturel reviendrait au galop et le sang coulerait sur le bateau. Je la regardais ne disant aucune parole jusqu'à ce qu'elle parle la première, sa curiosité piquée au vif. Sa réponse me fit écarquiller les yeux de stupeur. Ainsi donc, elle le connaissait? J'espérais qu'elle n'était pas une amie proche de cet homme, sinon, j'étais tout simplement bonne pour finir dans les cachots du Titanic, ou dans la prison, enfin je ne savais même pas comment on enfermait les psychopathes.
J'acquiesçais d'un mouvement de tête, de haut en bas, pour répondre à sa requête. Oui, il s'agissait bien de Charles Wellington. D'ou elle le connaissait? Ma curiosité était à son tour piquée au vif. Mais je ne desserrais point les dents. Elle sembla alors tenir compte de mon mutisme, car elle reprit la parole. Et là encore, je manquais ma respiration tant sa réponse était.... Surprenante. D'ordinaire, les gens s'offusqueraient d'entendre de tels propos venant d'une femme. Ils me dénonceraient. En aucun cas, je ne m'étais attendue à entendre ceci. Qu'avait-elle avec Charles? Pourquoi me donnait-elle raison? Je n'avais peut être pas besoin de mentir. Ou du moins, en partie. Mais pouvais je compter sur sa discrétion? Je m'empressais de lui répondre:
" Il y a des gens parfois... Vous les haïssez à un point que vous souhaitez les voir mourir... Ce qui est le cas pour moi..." disais je tout en affichant une mine penaude. Je l'entendis alors me murmurer dans ma tête: " Mens, ne lui dis pas la verité..." Alors, je me mis à lui sourire tout en ajoutant : " Mais malheureusement, il ne faut pas prendre ses rêves pour une réalité. Je ne suis qu'une faible femme... "
Ma lâcheté et ce qu'"Elle" m'avait dit m'obligeait à mentir. Je ne voulais prendre le risque que mon découvre que j'étais différente des autres et surtout qu"Elle" me parlait à moi et moi seule. Je me devais donc de nous défendre corps et âmes contre quiconque tentait de nous nuire. Mais j'étais également piquée à mon tour par la curiosité et c'est pourquoi, je lui posais la question à mon tour, la mine soucieuse et interrogative :
" Et vous... Pourquoi souhaitez vous la mort de ce mécréant? "
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Sam 14 Sep - 20:02
Je vis l’inconnue sursauter, comme une enfant ayant été surprise par sa mère, la main plongée dans un bocal de cookies. Ses yeux écarquillés me toisaient, me jaugeaient et me détaillaient de pied en cape. J’en fis de même. Pauvre femme, j’avais vraiment dû lui faire peur, même si ce n’était pas intentionnel. Je n’étais pas le genre de petite farceuse à arriver sournoisement dans votre dos et chuchoter un « bouh ! » enfantin dans le creux de votre oreille en attendant de vous entendre hurler. Elle me regardait comme si j’étais un fantôme fraîchement revenu à la vie. Ses joues blanches comme la mort détonnaient d’avec ses cheveux sombres.
Si cela était possible, elle sembla encore plus retournée de ce que je venais de lui annoncer. Son visage devint encore plus pâle et ses prunelles sombres encore plus larges. Tout son corps était tendu. Je le voyais aux jointures blanchies par ses poings serrés, aux traits de son visage fermés. Les mâchoires serrées, elle hocha lentement la tête pour répondre à a question. Oh, elle connaissait Charles ? Quelle surprise ! Et elle semblait ne pas vraiment le porter dans son coeur, c’était le moins que l’on puisse dire. Non pas que cela me dérange. Charles était également loin d’être mon meilleur ami également. L’inverse aurait été étrange, avec tout ce qu’il avait fait.
Mais lorsqu’elle me répondit, son expression changea du tout au tout. Elle perdit la haine, la colère et l’inquiétude pour revêtir une mine triste et désolée. Aux sentiments dansant sur son visage et à ses paroles, je pouvais dire sans me tromper que Charles avait encore fait des siennes. Une autre femme au coeur brisé. Il avait dû passer dans sa vie, tout dévaster sur son passage et ne laisser que des ruines. Cette inconnue n’était pas la première. Le même scénario s’était produit pour Mary-Ann et moi.
_Ce Charles Wellington... grinçais-je. Ce n’est pas un enfant de coeur. Si je peux vous rassurer, sachez que vous n’êtes pas seule dans cette situation. Je crois que cet homme éprouve un malin plaisir à faire tourner les femmes en bourrique... Une sale habitude qu’il a, croyez moi.
Je levais les yeux au ciel, exaspérée à la simple évocation de mon ancien amant. Même si j’essayais de me dire qu’il ne comptait plus, j’avais toujours cette bile acide qui me brulait la gorge lorsque je songeais ou que je parlais de lui. Il fallait croire que je n’avais toujours pas tourner la page. Mais peut-être que cette jeune femme pourrait m’aider. Mary-Ann et moi nous étions lancées dans une enquête effrénée à propos du réalisateur et tentions de recueillir le maximum d’indices sur sa vie passée. Sur ses problèmes, ce qui l’avait amené à nous tromper et sur la cause de sa mort, de son assassinat. Cette étrangère avait surement quelques informations à nous fournir. Du moins, elle ne pouvait pas nous apprendre moins. Et chaque nouvelle progression était bonne. En tout cas, elle ne pourrait que nous aider.
_Oh, je vous en prie, ne dite pas cela ! m’offusquais-je faussement, les mains sur les hanches. Ne soyez pas si défaitiste. Nous savons toutes que les femmes valent bien mieux que les hommes.
Je lui lançais un petit clin d’oeil complice. Je pensais vraiment ce que je disais. La supériorité masculine m’avait toujours semblé être un drôle de postulat. Pourquoi seraient-ils plus importants ? Parce qu’ils portaient des pantalons et des hauts de formes ? Ridicule. Si l’étrangère pensait ainsi, j’allais me faire un plaisir de lui remonter le moral. Contre Charles, nous autres, femmes bafouées et ridiculisées, devions nous serrer les coudes. J’avais d’ailleurs l’impression que Charles avait fait des dégâts dans les coeurs à chaque détour de couloirs. Je n’arrêtais pas de tomber sur des victimes de ce menteur menteur éhonté et de ses belles paroles à trois shilling.
_Pourquoi je souhaite de le voir six pieds sous terre en train de grignoter les pissenlits par la racine ? m’esclaffais-je, m’attendant à sa question. Hé bien, madame, c’est une longue histoire !
Je pensais bien avoir fait naître des questions dans la tête de la mystérieuse femme. Désinvolte, je haussais les épaules.
_On peut plus où moins dire qu’il est le responsable de ma mort. Pas très galant pour un gentleman, je vous l’accorde.
Je jetais un oeil par dessus la rambarde du pont et toisait l’homme avec dédain avant de focaliser mon attention sur l’inconnue.
_Alors, oeil pour oeil, dent pour dent. Je pense qu’il mérite la monnaie de sa pièce. Enfin, je ne me sentirais tout de même pas de l’assassiner. Vous savez, le sang m’a toujours répugnée.
Je réprimais un frisson en imaginant une des scènes qu’on m’avait fait jouer de mon vivant. Je venais de quitter la maison de Madame Hawk et avait trouvé ma place parmi la petite troupe de théâtre. Nous interprétions la pièce d’un artiste inconnu et incompris dont le nom m’échappe. On m’avait badigeonnée les mains de peinture rouge pour donner l’illusion d’avoir les doigts souillés de sang. J’avais eu énormément de mal à jouer mon rôle, déconcentrée et dérangée par cette fausse hémoglobine.
_Avant d’aller plus loin dans le « pourquoi et comment le grand Charles Wellington a gâché nos vies », je vous propose une petite introduction rapide. Je m’appelle Violet Grantham et je suis ravie de faire votre connaissance !
Je hochais la tête, un sourire ornant mes lèvres. Rencontrer une amie dans la lutte contre mon ancien amant était toujours un plaisir.
_Maintenant que c’est chose faîte, puis-je vous demander en quoi Charles mérite-t-il votre courroux ? Il n’a pas dû aller avec le dos de la cuillère, pour vous aussi...
J’avais conscience de ne pas faire dans la dentelle. Peut-être même étais-je en train de brusquer cette femme méfiante et craintive. Elle semblait si apeuré qu’on aurait dit un chat qu’on aurait tenté de noyer et qu’on replongeait dans l’eau à nouveau. Mais, après tout, je n’avais rien dit de mal. Enfin, rien de mal à son encontre. En ce qui concernait Charles, par contre, je ne pouvais en dire autant...
Spoiler:
Je suis désolée pour l'attente ! >.<
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Mer 18 Sep - 16:17
Mon coeur battait toujours autant la chamade. Chacun de mes sens étaient en éveil et je me maudissais intérieurement d'avoir pu parler à haute voix comme je venais de le faire. J'en payais le prix fort puisqu'une inconnue venait de m'entendre proférait des menaces de mort à l'encontre de Charles Wellington. Et alors que je venais de lui demander pourquoi elle ne l'aimait pas non plus. Je remarquais qu'elle avait sans doute du avoir une aventure avec cet homme. Et choses curieuse, elle sembla persuadée que ce fut le cas pour moi. Bien entendu, le lien entre le réalisateur et moi même n'avait rien à voir avec cela. Mais je ne connaissais pas cette personne, je ne savais de quoi elle était capable. Je me devais donc d'être sur mes gardes. Bien que cela me semblait difficile tant sa sympathie était contagieuse. Elle m'amusait même surtout lorsque je la vis mettre ses mains sur ses hanches et s'offusquer lorsque je lui disais que j'étais faible. La voir ainsi me fit sourire et me fit lui répondre:
" Oui, vous avez raison. Nous sommes des guerrières! " Disais je tout en riant avec elle, de manière simple et franche. Au fond de moi, je riais de ce que cette belle jeune femme pouvait ignorer de moi. J'étais vraiment une guerrière. Lorsque j'avais été embauché, James m'avait préparé physiquement à ce que je puisse me défendre autant contre que les femmes que les hommes. De ce fait, je savais me défendre, chose que nul ne pouvait voir tant j'avais une apparence frêle, un physique de femme voilà tout. Et puis, vint le moment ou la jeune inconnue me parla de son lien avec Charles. Tout comme moi, il était responsable de sa propre mort. Cependant, je doutais vraiment que les raisons soient les mêmes. Au vu de la première phrase lancée par l'inconnue, elle était plutôt tombée dans les mailles du filet de Charles, de cette séduction qu'il opérait sur la gente féminine. Son pouvoir était grand et il le savait certainement après j'étais bien curieuse de savoir en quoi il avait séduit ma compagne. Car elle semblait vouloir se venger également, simplement, elle ne supportait pas la vue du sang. Je la vis même frissonner de dégout. C'était là un opposé par rapport à moi qui aimait la vue, qui m'abreuvait de son odeur. J'aimais enlever la vie, elle faisait partie de mon être. Je ne pouvais pas compter sur cette femme pour commettre un crime. J'aurais du rebrousser les chemins et pourtant, il y avait quelque chose en elle qui me poussait à rester, à sourire, chose que je faisais très rarement.
Sa gentillesse.
Oui, cela devait être ça. Et son humour aussi, cette répartie. Je crois bien que je n'avais plus vu de personne aussi simple et joviale depuis une éternité. Mon univers avait toujours été composé d'ombres et peu de lumières en faisait partie. Je voyais chaque humain composant mon existence comme un danger. Et cette femme là avait quelque chose de différent. D'ailleurs, c'est non sans humour qu'elle se présenta: elle s'appelait Violet. Je lui répondis alors:
" Ravie de vous connaître. " Disais je avant d'ajouter : " Je m'appelle Livia. " Terminais je tout en gardant une part de mystère autour de mon nom de famille. Moins les passagers en savaient sur moi, mieux ils se portaient. Mais Violet, puisqu'elle s'appelait ainsi, semblait curieuse tout comme moi. Elle devait certainement mourir d'envie d'en savoir plus sur mon cas, sur ma relation avec Charles. Peut être voyait-elle là un moyen d'en savoir un peu plus sur l'homme responsable de sa mort. Peut-être voyait-elle en moi une issue, un moyen d'aller de l'avant? Je n'en savais rien. Et sa question, bien que je m'y attendais, me fit accélérer mon rythme cardiaque. Je ne pouvais lui dire la vérite. Non, j'avais de sombres desseins pour Charles. Il était donc hors de question qu'elle puisse savoir quoi que ce soit. D'ailleurs, je refusais de lui faire confiance. Une seule fois. Une unique fois, j'avais donné ma confiance à une personne que je croyais être mon amie. Sa trahison m'avait value dix ans dans un asile. Non... Cela ne pouvait recommencer. Je voulais ma liberté à tout prix et je voulais me venger. Mais cela serait seule.
Je pris le temps de répondre à Violet et je m'étais détournée d'elle pour contempler l'océan, pour regarder l'homme endormi. Je poussais un soupir comme si j'étais lasse de tout. Je regardais l'horizon en affichant un doux sourire et en lui répondant:
" Cette question est si simple mais il m'est si dificile d'y répondre... " Disais je tout en posant mes mains sur le bastingage du bateau. Puis je me tournais vers elle et la regardait droit dans les yeux: " Tout ce que je peux dire, tant l'histoire est incroyablement longue, c'est que je suis morte par sa faute. " Puis, j'affichais une mine triste tout en ajoutant: " Le pire dans tout cela, c'est qu'il ne me connait même pas. Et pourtant, je suis morte par sa faute... Alors je lui en veux. "
Je m'étais tue sachant que ma réponse demeurait pour le moins énigmatique. Je ne disais par pourquoi je le haissais. Je ne disais rien. De même, Violet risquait de comprendre que cela n'avait rien d'une histoire de coeur à moins qu'elle ne me prenne pour une fan du réalisateur. Mais je ne crois pas, nous étions, toutes deux, bien au delà de cette adoration.
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Mer 23 Oct - 22:48
Mes yeux allaient de l’inconnue à Charles. Elle lui jetait des coups d’oeil, par moment, avant de reporter son attention sur moi. C’était un peu étrange, mais j’avais l’impression de me regarder dans un miroir. Cette femme était une autre Violet. Mais à quelques petites différences prêt. Elle semblait plus amère, plus lasse et dépitée. Peut-être était-elle mon reflet, dans une de ces dimensions parallèles que s’amusaient à décrire les livres de fiction qui fleurissent de plus en plus sur les étagères des libraires. Une Violet qui n’aurait pas fait les mêmes choix que moi. Peut-être n’avait-elle pas eu une épaule sur laquelle pleurer, une âme compatissante qui l’aurait aidée à dépasser cette épreuve. Dans mon cas, Mary-Ann était celle qui m’avait tirée des profondeurs vers la vérité, en me donnant un but, en soustrayant la détermination à la colère. Je lui en étais redevable. Grâce à elle, mon ivresse vengeresse envers Charles s’était plutôt transformée en curiosité exaspérante. Je voulais tout découvrir de lui. Ses mensonges, sa vie, la vérité. Les raisons de sa présence en Angleterre, pourquoi il avait voulu m’emmener en Amérique... Même si un soupçon de rancoeur subsistait dans mes pensées lorsqu’elles étaient dirigées vers lui, j’avais décidé de ne pas lui en vouloir. Du moins, pas pour l’instant. Je verrais lorsque mon museau fouineur (ou celui de Mary-Ann, autrement plus distingué) aura trouvé la clef menant au petit réalisateur dont la fourberie également l’intelligence.
Une irrésistible envie d’être cette personne compatissante m’envahit lorsque je croisais les yeux tristes de ma nouvelle connaissance. On m’avait donné et je voulais donner à mon tour. Je voulais l’aider. Je voulais que, comme moi, elle réussisse à passer à autre chose. Charles avait gâché nos vies. Il n’allait tout de même pas se mettre à gâcher nos morts ! Maintenant que nous étions de l’autre côté, est ce que tout ceci avait de l’importance ? Toutes ces mascarades importaient-elles vraiment ? La religion prônait le pardon. Je n’avais jamais vraiment été pieuse. Mais peut-être que je pouvais y croire, pour une fois.
_Des guerrières ? Des amazones, voulez-vous dire ! Ah, comme tout serait plus simple si nous vivions entre femmes... Et que nous puissions torturer les hommes à notre guise. Un monde où nous serions celles qui dominent... La société idéale, ne pensez-vous pas ? Enfin, pour l’instant, continuons simplement à nous battre avec nos robes trop longues, c’est plus facile pour l’amplitude des mouvements.
Pourtant, j’avais un peu de mal à imaginer cette femme qui semblait si frêle, si fragile, un glaive à la main, hurlant de rage pour attaquer son ennemi. Mes rôles m’avaient appris qui je voulais être, même si la personnalité du personnage n’était absolument pas la mienne. Je laissais glisser ma peau pour en revêtir une autre.
_Je suis enchantée, Livia ! C’est un très joli prénom que vous avez là. C’est italien ? Vous n’avez pas d’accent étranger pourtant, vous maîtrisez la langue à la perfection !
J’avais fait cette petite remarque sans rien trop attendre derrière. Je n’avais jamais vraiment parlé à un vrai italien venu tout droit du pays, qui sentirait l’huile d’olive et le soleil et qui parlerait avec les mains. Cela devait être amusant, d’ailleurs. En tout cas, Livia, si elle venait vraiment du pays de César parlait anglais comme moi, avec une légère intonation américaine. Elle devait avoir grandi là-bas. Ses parents devaient être des immigrés, voilà tout.
Ma question la laissa perplexe quelques instants. Confuse, elle fixait l’océan. J’attendais patiemment sa réponse, sans la brusquer. Je n’étais pas toujours des plus fines, mais je sentais lorsqu’il fallait que je me tienne à carreaux. Et cette femme semblait si facilement impressionnable, je ne voulais pas l’effrayer avec mes manières plus que discutables.
_Oh vous savez, lui répondis-je lorsqu’elle trouva la force de me répondre, nous avons l’éternité devant nous !
Je m’esclaffais en englobant l’océan infini d’un large geste de bras.
_Il ne vous connaît pas, vous dîtes ? Tout cela m’a l’air bien complexe... J’ai une petite tête, mais je comprends vite lorsqu’on m’explique lentement. Enfin, allons discuter de tout ça dans un lieu plus tranquille. Nous ne voudrions pas médire sur ce cher Charles alors qu’il se fait cuire juste en dessous de nous, n’est ce pas ?
Sans réellement lui demander son avis, je l’attrapais gentiment par la bras et l’attirait en trottinant vers une petite terrasse où des tables, ombragées par des parasols écrus, semblaient nous appeler. Personne ne s’y trouvait et j’en déduisis qu’il s’agissait du lieu idéal pour nous raconter nos peines. Peu de personne arpentait le pont et on ne s’arrêterait surement pas pour écouter des racontars de jeunes femmes.
_Installons-nous donc ici ! Les murs ont des oreilles, mais mieux vaut ne pas tenter le diable...
Je tirais une chaise et me laissais tomber comme une masse.
_Allons, j’ai une idée ! C’est rare, alors profitons-en. Faisons un pacte. Vous me parlez de vous et de Charles et je vous dirais ce qu’il en est de moi. Ce n’est pas très glorieux, mais enfin... D’ailleurs, cela me fait penser, je ne vous ai jamais vu sur le bateau auparavant... Pourriez-vous être une revenante ?
Je cherchais un moyen de la stimuler. Livia était très mystérieuse et énigmatique. Si je la motivais par la curiosité, peut-être que cela délierait sa langue. De plus, je n’avais jamais discuté avec un revenant. Le seul de ma connaissance était Charles et je ne pouvais décemment pas allez lui taper un brin de causette sur ce qu’il avait vécu après le naufrage du Titanic. Je me demandais vraiment à quoi pouvait ressembler le monde qui j’avais quitté en 1912 et qui avait continué d’avancer sans moi.
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Mar 29 Oct - 21:44
Je crois bien que j'appréciais la présence de Violet. Son exubérance et sa façon naturelle de parler me plaisait beaucoup. Voilà une personne qui semblait ne pas souffrir du huis clos qu'était devenu ce Titanic de malheur. J'étais aussi curieuse de savoir comment elle faisait pour aller de l'avant quand la personne l'ayant tuée se trouvait ici même en train de jouer l'histoire mélodramatique de sa romance avec Mary Ann. Je pense que cela venait du caractère des gens. Je savais qu'il m'était impossible de passer à autre chose, j'étais rancunière de surcroît, je n'oubliais pas facilement. A vrai dire, je n'oubliais jamais. Chaque blessure ne se refermait pas, elle me rappelait qu'il ne fallait faire confiance à personne et encore moins aux gens sur ce bateau. Les ragots allaient si vite... Que je ne voulais me faire prendre au risque que quiconque puisse découvrir la réalité de mon état. "Elle" me répétait tout le temps de faire attention, sinon il risquait de lui faire du mal. Ce scénario me remplissait d'effroi tant l'idée de me retrouver seule me faisait peur, de même j'étais inquiète à l’idée de revivre les mêmes instants vécus dans cette asile. Dix ans dans cet endroit sordide, ça forgeait une carapace indestructible. Et puis, ma vie en Amérique m'avait transmis une force que je n'avais jamais connu et elle était à la fois ma principale faiblesse. Seul le désir de tuer me maintenait en vie, me rappelait cette ivresse qui m'enveloppait quand je tenais un cadavre dans ma main. Elle me rappelait la fois ou j'avais tué mon père et "son" apparition telle une entité divine: elle avait jurer de me protéger. Cette fois, c'était à mon tour et je devais la sauver contre tous ces détracteurs, même Violet.
" Vous avez raison une vie sans hommes serait parfaite! " disais-je en souriant timidement, puis je dirigeais mon regard vers l'océan tandis que j'ajoutais: " De surcroît, ils aiment nous briser le cœur.. " avais-je plus murmuré à moi même qu'à Violet. Elle me rappelait le rejet de James au moment ou il m’avait demandé de tuer Charles. Et puis, son regard quand il avait levé son flingue sur moi, sa voix froide et cruelle avant qu’il n’appuie sur la gâchette et me renvoie ici. Oui, les hommes étaient la pire espèce du monde, bien pire que les femmes d’ailleurs. Sauf peut être Violet… Elle semblait d’ailleurs ne pas avoir entendu ma dernière phrase puisqu’elle s’était présentée tandis qu’à mon tour, j’en avais fais de même. Sa phrase me fit sourire et je la regardais :
«Oui, vous avez raison, c’est italien. Je suis née en Italie. » disais je en songeant à ma terre natale fuie il y a bien des années. La peur que l’on me retrouve là bas m’avait incitée à ne jamais y remettre les pieds. C’est pourquoi, après le Titanic, j’étais restée en Amérique, ce dont j’expliquais à ma voisine bien curieuse : « Quand je suis arrivée ici, je parlais très peu l’anglais. J’avais gardé quelques notions de ce que l’on m’avait appris. Une fois arrivée à New York, j’ai fini par apprendre à parler la langue américaine. » Je me mis à pouffer d’un rire sans joie réalisant un détail que je n’avais jamais remarqué : « Maintenant, que vous me le dites, je me rends compte que tout ce que j’ai appris après le naufrage est tout de même resté à mon retour ici. Je veux dire, je suis revenu il y a quelques années en arrière quand je parlais peu l’anglais et là, ce n’est pas le cas... Voilà quelque chose de bien étrange… » Terminais je sur un ton énigmatique.
Nous enchaînâmes alors sur Charles qui dormait toujours aussi paisiblement sur le pont inférieur au notre. Violet était très désireuse d’en savoir plus sur le fait que je le connaissais. Tout comme, elle souhaitait ardemment savoir l’origine de mes menaces de mort. D’ailleurs, quand je lui répondais que c’était trop long à expliquer espérant qu’elle se découragerait, ce ne fut pas le cas à mon grand désarroi. D’ailleurs, elle semblait tout à fait encline à essayer de comprendre le mieux possible. Elle me prit le bras gentiment et m’emmena vers un coin plus tranquille du bateau. J’appréciais ce contact qui était le premier depuis mon arrivée. Je la suivais ainsi sans dire mot quand soudain je l’entendis me dire :
« Livia, que fais tu ?! Ne la suis pas ! » me hurlait-« Elle ». Il est vrai que je désirais m’enfuir me sentant soudain emprisonnée. Mais je ne pouvais le faire, Violet allait sans doute trouver cela louche et resterait également sur cette première vision de moi en train de marmonner des menaces de mort à l’encontre de Charles. De même, j’aurais pu lui tordre le cou et m’en aller, laissant son cadavre se décomposer dans la chaleur ambiante mais le pont était rempli de passager et ce n’était pas le moment de dévoiler ma véritable identité. Aussi, je la suivis docilement et m’installais en souriant à la jeune femme. C’est là que tout se corsa, qu’elle me proposa ce … pacte. Révéler mon lien avec Charles ?
« Non, non et NON… Disait-« Elle » d’un ton menaçant, et ajoutant : « Fais quelque chose, tue là ! Elle est bien trop envahissante ! » Fort heureusement, l’adorable pipelette qu’elle était enchaîna me demandant si j’étais une revenante. Je me sentais soudain soulagée et je lui répondis avec un sourire cette fois ci joyeux :
« Oui, je suis revenante ! J’ai vu l’Amérique ! Et vous savez ce que j’ai le plus aimé… ? Broadway ! » Disais je les yeux brillants à ce souvenir. Puis, soudain, je me tus inquiète. « Cela ne vous dérange pas que je parle de l’Amérique ? » ajoutais-je, consciente que je pouvais créer toutes sortes de sentiments telles que l’envie ou la jalousie pour ces passagers, prisonniers ici depuis plus d’un an désormais.
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Dim 22 Déc - 0:43
La vengeance est un plat qui se mange froid
J’avais beau ne rien laisser paraitre, j’étais intriguée. Intriguée par l’aura énigmatique que dégageait la ô combien mystérieuse Livia. Quels mystères reposaient derrière ses grands yeux sombres ? Elle était le physique de la briseuse de coeurs. Grande, athlétique, pulpeuse, la peau mate à souhait et une chevelure aussi brune que l’ébène. Exotique. Elle aurait pu faire des ravages et ne laisser que des gravas sur son passage. Détruire les hommes, les réduire en bouillie et les faire plier l’échine pour un sourire sincère. Cependant, elle avait beau être incroyablement belle, elle semblait également très réservée. Je ne dirais pas timide. Plutôt craintive. Comme une petite fille sortant des jupes de sa mère pour partir à la conquête du monde et que serait effrayée par sa propre ombre. Moi, je trouvais ça attendrissant. Voire même vraiment adorable. Elle dégageait une certaine fraîcheur que je n’avais pas sentie depuis belle lurette. Si elle ne laissait pas planer les énigmes autour de sa jolie tête, j’aurais entièrement pu lui faire confiance. Mais enfin, nous avions tous nos petites choses à cacher. J’étais la première à conserver ma petite vie, bien dissimulée dans ma boite de Pandore. Alors, je n’allais pas lui jeter la pierre. Surtout que nous étions d’illustres inconnues l’une pour l’autre. Ma curiosité me relançait pourtant sans que j’arrive à la contenir. Elle appuya d’ailleurs mes dires quant à un univers sans hommes. Je ne pus retenir un rire. C’était étrange de refaire le monde avec cette femme qui ne me ressemblait pas. Quand j’exerçais encore mon métier des bas fonds, nous aimions, les autres filles et moi nous peindre un nouvel espace de vie sans haine, sans douleur et sans peur. C’était amusant, grisant et triste. Nous y allions toutes de notre petite touche personnelle et le résultat, sans queue ni tête, était toujours très excentrique. La cohérence ne nous dérangeait cependant pas. L’important était la divertissement, les rêveries hors de Whitechapell et de cette crasse qui pourrissait tout. Mais nous savions toutes que nous étions bel et bien là, chez Madame Hawk et qu’un client franchirait la porte d’une seconde à l’autre. L’une d’entre nous serait appelée et le fantasme prendrait fin. Retour à la malheureuse réalité. Peut-être que Livia aimerait partager avec moi ces illusions créées de toutes pièces. Cela la ferait peut-être sortir de sa coquille cuirassée.
Elle ajouta une dernière parole, dans un souffle et je ne saisis pas totalement ce qu’elle voulut dire. Enfin, cela ne devait pas être très important puisqu’elle enchaina très vite sur l’Italie, ce pays que je connaissais si peu. A vrai dire, je ne connaissais rien d’autre à part l’Angleterre. Enfin, à part Londres et ma campagne natale. Le monde était et resterait une vaste étendue inconnue et étrange pour moi. Alors, entendre Livia parler de son expérience, de ses voyages, attisa en moi le désir -plus profond que ma curiosité maladive- de liberté.
_Oh, c’est fascinant, Livia, soufflais-je émerveillée. Et bizarre aussi.
Je rajoutais ma dernière constatation en prenant un air pensif.
_Vous voulez dire que vous avez gardé tous vos acquis ? Enfin, vous avez même gardé votre mémoire, donc c’est peut-être normal, après tout.
Encore un mystère à élucider. Ah, ce fichu bateau ne cesserait jamais de nous tourmenter les méninges. Food for though, comme nous autres anglais le disons si bien. Mais, peut-être me torturais-je trop l’esprit et devrais-je simplement me laisser vivre. Enfin, vivre, c’était vite dit. Disons attendre que quelque chose se passe. Ce qui ne manquait pas de se produire à bord du Titanic.
Livia éluda très habilement ma petite proposition. Hop, je la vis contourner ma question sur la pointe des pieds, très doucement et se jeter sur ma dernière interrogation. Elle m’offrit un adorable sourire que me laissa désarmée, à lui sourire à mon tour. Elle était fermée comme une huitre, cette jeune femme. Loin de me décourager, elle épaississait le mystère autour d’elle et m’incitait encore plus à fourrer mon nez dans ses affaires. Mais pas tout de suite. Elle était maligne. Surement (probablement) plus que moi, mais je pouvais toujours tenter d’en savoir plus plus tard. Là, il me semblait que toutes tentatives seraient vaines et que je ne pourrais rien tirer d’elle qui puisse satisfaire ma curiosité.
Mais pour ce qui était des rêves, elle en avait à revendre et les étalait devant moi joyeusement. Alors, sans y réfléchir plus, je me jetais dans la liberté garrotée qu’elle m’offrait.
_Oh, je le savais ! m’exclamais-je en tapant des mains, enjouée. Je n’ai jamais rencontré d’autres revenants. Vous êtes plutôt discrets après ce qu’il s’est passé lors de... Bref.
Que Livia s’annonce revenante comme ça, à haute voix et presque avec empressement, renforça mes doutes sur le fait qu’elle ne veuille pas répondre à mes questions. Ou peut-être avait-elle compris que je n’étais pas du genre méfiante, comme les autres passagers, à leur égard. J’avais bien conscience qu’ils n’avaient pas agi consciemment. Encore un coup tordu du navire.
_Mais absolument pas ! m’écriais-je devant ses craintes. Je vous en prie, continuez !
L’italienne avait réalisé mon rêve le plus fou, fouler la terre américaine et découvrir le Nouveau Monde. Mais je n’éprouvais rien d’autre qu’un incroyable intérêt et une fascination folle pour son récit. Comment pourrais-je éprouver autre chose ? Tout ce qu’il nous arrivait n’était pas de notre faute.
_Broadway, vous dites ? Je ne peux pas en croire mes oreilles !
Une bouffée brulante me prit la gorge. Il y a avait le rêve de toute ma vie, à Broadway. Les planches. Un public. Une scène magnifique. J’aurais tant aimé évoluer à New York et interpréter les personnages de comédies musicales dont j’avais entendu parlé dans les journaux...
Je m’approchais de Livia, le visage à quelques centimètres du sien et entamais, sur un air de comploteuse :
_Je peux vous dire un secret ?
Je jetais un regard à gauche et à droite, comme pour vérifier que notre conversation n’était pas épiée pour un petit indiscret.
_Je suis une grande actrice en fuite ayant changé d’identité pour refaire ma vie en Amérique... Je n’aurais pas pu mieux tomber que sur le Titanic, pas vrai ?
Je m’écartais brusquement et mon visage se fendit d’un sourire radieux.
_Rocambolesque comme histoire, pas vrai ? J’aimerais bien qu’elle soit vraie. Ma vie aurait eu plus de piquant ! Plus sérieusement, je rêvais de devenir actrice.
Il y avait une pointe de tristesse dans ma voix que je m’empressais bien vite de dissimuler. Je me recomposais un visage jovial et enjoué, effaçant bien vite l’éclair douloureux qui avait contrit mes traits. De toute façon, tout cela était fini, maintenant. Pas besoin d’en faire un fromage.
_Qu’y avez-vous vu ? Des acteurs célèbres ? Des réalisateurs connus ? Des réalisateurs comme Charles ? L’auriez-vous rencontré là-bas ?
Malgré mes bonnes résolutions, je ne pus m’empêcher de poser cette question indiscrète. Chassez le naturel, il revient au galop...
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Lun 30 Déc - 14:37
Je crois bien que j’appréciais de plus en plus la jeune femme au fur et à mesure que le temps défilait. Il était facile de discuter de tout et de rien avec elle et pourtant, notre rencontre se fit alors qu’elle venait de m’entendre proférer des menaces de mort à l’encontre de son ancien amant. Et voilà que désormais, nous étions assises toutes deux, à piailler telles deux amies de longues dates qui venaient de se revoir. Je crois que je trouvais cela étrange mais ça ne me dérangeait pas pour autant. Au contraire. Quand était-ce la dernière fois que j’avais tenu une conversation avec quelqu’un ? Fuir avait toujours été mon mot d’ordre, ma manière d’agir. Rusée, je réussissais toujours à m’en sortir mais parfois, quand le piège se refermait autour de moi, j’utilisais alors l’option numéro 2 : la mort. Mais là, c’était bien différent. Et bien qu’ « Elle » voulait que je m’en aille, je ne pouvais m’empêcher de rester ici et de discuter avec Violet. Un sourire sincère s’était étalé sur mon visage. Je devrais me méfier mais non. Au lieu de cela, je confirmais que j’étais une revenante. Bon, j’aurais peut être du me taire concernant ce point là. En effet, nous étions assez mal vu ces temps ci avec ces histoires de génocide contre les passagers. C’est pourquoi, je ne pus m’empêcher de répondre à la jeune femme après sa dernière phrase songeuse et emplie d’hésitation.
« Oui, on ne les entend plus ces temps ci. Mais, je vous rassure.. » Je fis un sourire timide, empreint d’innocence afin de gagner sa confiance. « Je n’étais pas encore revenue quand ceci est arrivé. Dieu merci ! Je crois bien que je n’arriverais à faire semblant si je devais vivre avec des morts sur ma conscience. » Je mis ma main sur mon cœur, prenant un air choqué. « Se dire que l’on a tué des innocents… Comment pourrait-on se regarder à nouveau dans la glace ? » Cela pourrait surprendre mais j’étais sincère dans mes propos. Moi, je tuais aussi. Mais ce n’était pas pareil, j’avais besoin de cela pour aller bien, pour me rassurer. Ce n’était pas comme ces autres revenants qui avaient volontairement tuer. Ou pas. Ces derniers disaient avoir été dupés. Mais moi, je ne les croyais pas. Quand on voulait donner la mort, il n’y avait rien de plus simple, on ne pouvait faire semblant à moins d’être sous la menace. Et dans leur cas… Et bien, ils étaient responsables.
Fort heureusement, nous changeâmes bien vite de sujet, évoquant ma vie en Amérique. Mes yeux s’étaient mis à briller lorsque j’évoquais Broadway. Mais je m’étais tue craintive de parler de ce que Violet n’avait jamais pu voir. Mais je me trompais. Bien au contraire, elle apprécia que je lui parle du Nouveau Monde et en redemanda encore. Il m’en fallut bien peu pour comprendre pourquoi. Elle était actrice et cet endroit devait sans doute être un rêve jamais réalisé. La compassion me fit afficher un petit sourire triste malgré ce qu’elle évoquait : ses envies, ses rêves. Tout était parti à la poubelle : elle ne deviendrait jamais cette grande actrice. Soudain, je m’en voulus d’avoir évoqué des souvenirs sans doute douloureux mais son sourire fut si jovial, si sincère que je ne pus m’empêcher de lui répondre :
« Oh, si vous saviez comme j’aime le cinéma. J’étais tout le temps dehors à regarder les films. Après, je n’ai jamais vraiment côtoyé les acteurs ou réalisateurs. Mais j’ai beaucoup aimé leurs prestations. » Ma main se posa sur son bras et mes yeux brillèrent à nouveau, tandis que j’ajoutais : « En Amérique, j’ai découvert un acteur qui me bluffa plus que d’autres. Il s’appelait Charlie Chaplin. » Je me mis à rire franchement me souvenant de son dernier film : « C’était un vrai pitre et combien de fois, j’ai éclaté de rire devant ses prestations. »
Mes yeux furent soudain envahis d’un éclat de nostalgie. Cet acteur était à la fois fort et innocent. Combien de fois m’étais je identifié à lui, combien de fois avais-je eu envie d’être célèbre comme lui. Non, au lieu de cela, j’avais fini par m’entiché d’un mafieux ayant eu pour seul intérêt de m’utiliser pour tuer ses victimes. Grâce à lui, j’avais gagné énormément d’argent me permettant de vivre décemment. L’Amérique avait eu ses hauts comme ses bas. Mais ce dont je me souviendrais toujours, était : « Les voyages. J’ai énormément foulé les terres américaines et croyez moi, c’était le plus beau pays du monde. »
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet] Mer 12 Mar - 16:14
Violet A. Grantham a écrit:
La vengeance est un plat qui se mange froid
Encore amusée de ma petite blague innocente, je me dandinais sur ma chaise, toute guillerette. À discuter ainsi avec Livia, j’en oublierais presque les petits tracas qui me tourmentaient l’esprit. La femme, agréable à souhait, me servait également de fenêtre sur le monde, univers étrange et inconnu que je ne connaîtrais jamais. Prisonnière à vie sur un paquebot dont nous étions les fantômes, ne pouvais-je rêver mieux qu’une conteuse d’histoires et d’aventures ? C’était tout ce que je pourrais obtenir pour rassasier ma curiosité et mes envies de voyages et de découvertes. Je m’en contenterais. J’étais bien trop heureuse de pouvoir échanger avec une revenante, intéressante de surcroît. Si les autres passagers s’en effrayaient et les fuyaient comme la peste, ce n’était pas mon genre. J’avais toujours trouvé étrange cette affaire de meurtres, mais puisque tous les nouveaux venus sur le bateau prétendaient ne se souvenir de rien, je les croyais bien volontiers. Après tout, pourquoi des personnes aussi différentes auraient-elles voulu mettre fin aux jours de chaque être qu’elles croisaient ? Insensé ! Surtout qu’ils savaient qu’on ne mourrait jamais vraiment, par ici, et que s’ils commettaient leur crime devant des paires de mirettes avides de nouvelles sensations et promptes à crier au scandale, les pions sur l’échiquier de seraient pas bien avancés. Ils gagneraient l’étiquette de serial killer. Merci bien. De ce fait, je ne voyais pas comment de tels meurtres avaient pu être perpétrés de plein gré. Personne ne voulait qu’on lui colle une étiquette sur le dos et qu’on le pointe du doigt pour l’éternité. Le Capitaine était probablement derrière tout ça.
_Oh, m’exclamais-je, alors vous êtes vraiment toute nouvelle par ici ! Vous ne vous êtes pas encore lassée de la monotonie de l’existence à bord du Titanic. Quant aux meurtres, je comprends parfaitement ce que vous voulez dire, quelle horreur.
Je pinçais les lèvres et arrangeais une mèche de cheveu derrière mon oreille, l’air pensive.
_Enfin, je tiens tout de même à défendre un peu les revenants... Leur geste est incompréhensible, soit. Mais je ne peux pas me ranger du côté de ceux leur jetant des pierres. Qu’ils aient assassiné ainsi, sans le moindre ressentiment ou motif est trop étrange. Et je ne peux pas croire qu’une si grande partie des passagers ait succombé à la folie si subitement !
Malgré mes arguments, Livia semblait vraiment outrée et peut-être même effrayée par de tels agissements. Elle ne semblait pas être une personne à avoir eu une vie morne et teintée de douleur. Pour ma part, j’avais déjà vu trop de cadavre.
Aussi, comme nous étions toutes les deux des ladies respectables -quoi qu’on en dise-, le fait de parler de mort, de meurtre et d’autres armes blanches de correspondait pas vraiment à une conversation normale entre des jeunes femmes bien éduquées. Cette simple pensée me fit presque rire, mais j’écoutais alors avec ravissement une chose qui m’intéressait beaucoup plus : les expériences cinématographiques de Livia.
_Charlie Chaplin ? lui demandais-je. C’est un drôle de nom. Redondant, vous ne trouvez pas ? Enfin, je n’en ai jamais entendu parlé. Surement est-il devenu célèbre après ma mort.
Je lui souris en essayant de m’imagine le-dit Charlie Chaplin. Un pitre, avait-elle dit ? A la manière des clowns ? Sans raison, je me représentais un petit obèse aux joues rouges et aux yeux pétillants de malice. Peut-être ne ressemblait-il pas à cela, mais c’est ainsi qu’il apparaissait dans mon esprit. Je me demandais quels genres de films comiques pouvaient choisir d’engager un tel acteur comme rôle principal. Je me remémorais les nombreuses pièces de théâtre auxquelles j’avais participé comme comédienne et spectatrice. Des pièces absurdes et drôles, j’en avais vu des dizaines. De loin mes préférées, devant les tragédies où je terminais le plus souvent en larmes ou le moral au plus bas. Rien de mieux pour me gâcher la soirée. Je ne voulais pas aller au cinéma pour pleurer. Je voulais y aller pour rire. Et je voulais faire rire les autres. Si j’étais restée en vie assez longtemps, j’aurais aimé rencontré Charlie Chaplin. S’il avait fait rire Livia, une femme aussi discrète et réservée, aucun doute qu’il aurait su me dérider en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire !
_Vous avez donc voyagé sur tout le territoire américain ? Quelle vie fascinante vous avez eu ! Je suis restée cloitrée à Whitechapell trop longtemps à mon goût, alors je n’ai rien de bien intéressant à vous raconter, je m’en excuse. Sauf si vous voulez entendre la fois où un rat gros comme un chat de salon à jailli de sous mon lit ? Une véritable horreur. Vous ne pouvez imaginer comme j’ai hurler avant de réussir à le jeter dehors à coup de balais.
Même si le souvenir me paraissait affreux, je ne pus m’empêcher d’en rire. Je me rappelais les visages inquiets des autres filles lorsqu’elles étaient montées, alertées par mes cris suraigus et comme elles avaient ri quand elles m’avaient vue, serpillère en main, prête à démarrer ma lutte sans merci avec ce maudit rongeur.
Entre deux hoquets, je finis par me calmer. Je n’avais pas croisé de rat sur le navire. Pourtant, il devait y en avoir dans les cales. Peut-être étaient-ils réellement morts, ceux là.
_Ah, Livia ! soufflais-je en regardant la mer azurée s’étirant à perte de vue, vous ne pouvez vous imaginer le bien que me fait cette discussion ! Cela faisait des lustres que je n’avais pas parlé normalement avec quelqu’un. D’ordinaire, on parle toujours dans la peur en se demandant ce que le bateau nous réserve. Mais enfin, le ciel est bleu, l’océan brille et vous êtes charmante !
Une bourrasque plus forte que les autres fit claquer les bâches et les parasols blancs du pont. Le chapeau de paille qui me protégeait du soleil s’envola bien loin sans que je puisse le rattraper. Avec un cri du surprise, je sursautais.
_Oh, zut ! jurais-je. S’il veut me fausser compagnie, il se fourre les doigts dans le nez, et jusqu’au coude ! Je suis ravie d’avoir fait votre connaissance, Livia, vraiment ! Et si vous voulez jouer un sale tour à Charles, vous savez à qui vous adresser !
Après un clin d’oeil et un sourire, je me lançais à la poursuite du chapeau fuyard.
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Sujet: Re: "La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet]
"La vengeance est un plat qui se mange froid." [avec Violet]