Sujet: Lost Dreams ▬ Bridget & Peter Lun 14 Jan - 0:13
Lost Dreams
A l'orphelinat, la directrice m'avait appris à lire et à écrire, ce fut donc tout naturellement que j'allais à la bibliothèque des secondes classes dorénavant accessible aux troisièmes classes. Je cherchais un ouvrage sur le cinéma pour me faire rêver, mais j’ignorais seulement si cela exister. Un ouvrage sur New York aussi m’aurait intéressée pour voir véritablement à quoi cela ressemblait. Mon rêve s’était effondré, j’étais une étoile qui ne naitrait jamais. Un diamant pur jamais serti. Je rêvais de cinéma, de théâtre, de la scène, de monter sur les planches, de devenir une grande actrice, une star. Une étoile montante. Une étoile qui rêvait de briller. Nostalgique, ce serait un vide qui ne pourrait jamais être comblé. Je cherchais des livres pour assouvir ma curiosité car New York je ne le verrais jamais. Nous l’avions vu en illusion, mais cela était tout. Une véritable torture pour ceux, qui comme moi, faisaient leur premier voyage en bateau outre-Atlantique pour la première fois. Je voulais vivre mon rêve américain, mais tant pis je vivais mon rêve de vivre pour l’éternité sur un paquebot luxueux. J’avais toute la vie devant moi, je pouvais jouer des rôles ici si je le voulais, être celle que je voulais, tout étais permis. Je savais que je n’étais pas la seule à avoir subi des désillusions, alors je me taisais. Il y avait pire dans la vie quoi que la vie ne m’avait pas toujours épargnée. La bibliothèque, mon refuge, je n’avais pas encore trouvé mon bonheur mais je ne désespérais pas. Je méprisais les premières classes qui prenaient les troisièmes classes comme des ignares.
J’avais laissé mes rêves derrière moi, j’avais laissé mes ambitions sur le quai. Il fallait trouver un autre essence à ma vie, une autre saveur cela dit avoir les pieds sur terre me suffisaient. Tant que je n’étais pas seule cela m’allait. J’étais libre. Libérée de tout, je ne verrais plus jamais mon père et c’était un soulagement. Même lorsque j’étais à l’orphelinat, je craignais le jour où il nous retrouvait – si seulement il nous avait cherché. Une chanteuse brisée, une vie à reconstruire. Pourquoi me plaindrais-je ? Je pourrais être à la rue, or j’avais un toit et de la nourriture. Je partageais ma cabine avec ma meilleure amie, quoi rêver de mieux ? J’avais des amis extraordinaires, et la mort m’ouvrait les bras. Ce fut toute joyeuse qu’en sortant d’un couleur de la bibliothèque, j’aperçus Peter qui était là aussi. Peter, un ami que je m’étais faite à bord. Un ami, on se comprenait, on avait subi les mêmes choses – lui plus que moi sans doute. Je n’avais jamais tenté ma chance en tant qu’actrice, je ne savais pas ce que je valais. Je chantais pour mes proches, ma voix de cristal avait séduit ma famille. A défaut de savoir lire ou écrire, je m’étais mise à chanter la seule gaieté que mes frères et sœurs ou même ma mère trouvait dans notre existence misérable.
Je m’approchais de lui, d’un pas assurée jouant avec ma robe légère. « Bonjour Peter, que fais-tu ici ? Tu cherches un livre de chevet ? J’essayais de trouver un ouvrage sur le cinéma, tu en as déjà vu ? Je voulais rêver au fil des pages. » Je n’aimais pas la solitude, et j’appréciais de le trouver ici. Comme le fait que j’aimais être en sa compagnie. Curieuse, j’avais hâte de savoir ce qu’il faisait ici. Peut-être était-il venu lire un livre ? Ou faire comme moi, cherche un ouvrage sur les étagères de la bibliothèque.
Chapitre 1 ¤ Peter Nicolas Somerset. Avril 1913. Bibliothèque Seconde Classe. Pont C.
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Sujet: Re: Lost Dreams ▬ Bridget & Peter Lun 21 Jan - 17:31
Etre acteur c'est se nourrir de ses émotions et des évènements de sa vie passée. Joies, peines, larmes, rires, misère ou extase, Peter Nicolas Somerset enfouissait précieusement dans son coeur chaque expérience de son existence comme autant de scènes hypothétiques et émotionnelles à jouer. Rien ne l'enthousiasmait plus que de donner vie à un personnage figé sur scénario glacé pour en faire un être de chair et de sang, fragile ou cruel, romantique ou excessif, faible ou intransigeant. Peter se croyait capable de tout jouer, un prêtre, un officier nazi, un vieillard malade ou un jeune soldat sur le point d'agoniser. Peu lui importait la nature de son personnage. Le jeune acteur n'était obnubilé que par une seule chose, le feu sacré de la comédie qui le dévorait. Transmettre à des spectateurs captivés et admiratifs les émotions humaines, les siennes, pour en revêtir son personnage le transcendait. Il voulait les émouvoir, rentrer dans leur vie et pénétrer leur coeur à tout jamais. Ce pouvoir de création artistique le fascinait, absorbait chacune de ses pensées, aspirait tout l'air qu'il respirait. Il y consacrait l'enthousiasme de ses jeunes années et l'énergie qui restait en lui une fois qu'il avait sacrifié à son devoir filial, en aidant ses parents à tenir leur boutique dans le centre londonien.
Peter eut un sourire ému en songeant à Juliet, sa femme, son coeur, un rayon de soleil venu éclairer son existence morose avec tant d'éclat et de chaleur. Juliet avait partagé sa vie, ses espoirs, ses rêves et l'avait suivi au bout du monde . Les Etats-Unis devaient le propulser tout en haut de l'affiche et la chute, sa chute fut terrible. Peter ravala ses larmes et se leva de son lit où il n'avait pas bougé depuis le matin. Pourquoi se serait-il levé ? Il avait désormais l'éternité pour effectuer le moindre geste ou prendre la moindre décision. D'ailleurs, quelles décisions lui restaient-ils à prendre si ce n'est choisir de quels tourments sa journée serait faite ? L'ennui, le désoeuvrement, l'oubli de soi dans quelques tournées de brandy avec les troisièmes classes ou bien encore la recherche de problèmes avec un de ses compagnons d'infortune ?
Peter avait trop mal pour rester là, tout seul dans sa cabine à ressasser l'absence de son grand amour et prit sur lui pour se rendre à la bibliothèque des deuxièmes classes. Une fois arrivé, le jeune homme eut la sensation que tous ces beaux livres n'attendaient plus que lui. Il hésita entre les différents rayonnages, porteurs de tant de trésors créatifs et artistiques , ne sachant où arrêter son choix. Herman Melville et son Moby Dick ? Trop symbolique et puis l'idée de se replonger dans un océan de larmes le fit fuir. Shakespeare dont il avait tant lu les pièces dans l'espoir de jouer un des personnages principaux dans le plus prestigieux théâtre londonien ? Le souvenir amer des longues heures passées devant une Juliet admirative à répéter un rôle imaginaire était trop douloureux. Peter se figea devant un vieux livre écorné, ne parvenant pas à en détacher son regard. Alors, il le prit et alla s'installer à une table. Il n'avait pas ouvert son roman que la douce voix de son amie Bridget J. Foster se fit entendre :
- Bonjour Peter, que fais-tu ici ? Tu cherches un livre de chevet ? J’essayais de trouver un ouvrage sur le cinéma, tu en as déjà vu ? Je voulais rêver au fil des pages.
- Oh bonjour, Bridget ! Un livre sur le cinéma ? Non, je n'ai pas regardé mais il doit bien y avoir de beaux et envoûtants ouvrages sur le septième art.
Peter le solitaire se livrait rarement à une femme. Depuis que le Titanic s'était fracassé au contact d'un iceberg bien mal venu, peu de femmes trouvaient grâce à ses yeux. Bridget était une de ces exceptions, merveilleuse et douce exception, dont il partageait la passion pour le septième art. Comme elle, il avait eu le rêve de vivre de la comédie. Comme elle, le navire maudit était venu briser ce fol espoir, ne leur laissant d'autre choix que ces longues et passionnées conversations sur le thème du cinéma, de leur passion pour la comédie et de leurs espoirs déçus. Peter aimait et recherchait la présence de Bridget, jeune femme douce et bienveillante et il était heureux de la voir. Il lui sourit.
- Regarde ce que j'ai trouvé. Bridget, n'as-tu jamais éprouvé la sensation incroyable qu'un personnage de roman serait un rôle parfait pour toi, celui de toute une vie, la tienne et que ce rôle ne conviendrait à nul autre que toi ? Ne t'es-tu jamais sentie si investie par une histoire, un récit, une femme, que que tu te sois dite : ah que ne ferais-je pas pour obtenir le rôle ?
Peter montra à Bridget le livre qui l'enthousiasmait autant, Les hauts de Hurlevent d'Emily Brontë. L'histoire d'Heathcliff, un jeune homme torturé et orgueilleux, vivant un amour impossible et tragique dans quelque lande secouée par les vents. Oui, le rôle de sa vie.
Dernière édition par Peter Nicolas Somerset le Mar 19 Mar - 16:10, édité 1 fois
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Sujet: Re: Lost Dreams ▬ Bridget & Peter Dim 24 Fév - 18:17
Lost Dreams
Peter Nicolas Somerset, l’un des rares hommes qui pouvait se vanter d’être mon ami et en qui j’avais un tant soit peu confiance. Lui avait connu les joies ou les peines, la vie de bohème d’un acteur. Moi, non. J’avais perdu mes rêves en même temps, que l’on m’offrait pour mon anniversaire le billet pour le Titanic. Triste destin. Tendre désillusion. J’avais trouvé en Peter un ami, un précieux partenaire qui avait les mêmes aspirations que moi. Etre acteur, c’était comprendre les autres avant tout. Comment jouer un personnage lorsqu’on ne le comprenait pas ? Etre observateur, et retenir ce que l’on voyait, imiter et inventer. Innover à chaque fois que l’on montait sur scène. Se maitriser, j’aurais été une actrice terriblement stressée. Trop perfectionniste, j’aurais tellement voulu que mon jeu d’actrice soit parfait. Mourir sur scène sous les applaudissements de la foule en délire qui acclamait mon succès. Une multitude de rêve m’envahissait, je rêvais les yeux ouverts et m’imaginais actrice d’un jour, chanteuse d’une heure. Un acteur cherchait à marquer les spectateurs, remplir leurs yeux d’étoiles et les faire rêver. C’était pour cela que j’étais ici d’ailleurs, à la bibliothèque – l’antre des petits rats de bibliothèques. Même si, moi, mon refuge s’était la salle de musique j’adorais ne serait-ce que regarder les partitions de musique une succession de notes incompréhensible et pourtant qui ont toutes un sens, toutes un rôle différent.
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« Les Hauts de Hurlevent, c’était ton rêve Peter ? » Je connaissais ce roman, Georgiana me l’avait montré. Il faisait partie de ses livres de chevet, les livres qu’elle adorait. « Tu crois que … » sans finir ma phrase, je parcourais les rayons des yeux, puis m’arrêta net et commença à toucher les ouvrages du bout des doigts lisant les titres. D’un coup, je me stoppai sur un ouvrage d’Emile Zola _ Nana. Je l’avais lu à l’orphelinat, l’histoire d’une courtisane. Une héroïne bien différente de Bridget et pourtant il fallait un début à tout. La petite voisine de Raphaël de Valentin dans la Peau de Chagrin _ de Balzac la tentait aussi. Rêveuse, j’avais toujours espéré décrocher un grand rôle. Le rôle de ma vie, un rôle qui marquerait les grands et les petits, un rôle qui ferait de moi une star. J’aurais tellement voulu mourir de mon succès et non pas dans le paquebot qui m’emmenait vers celui-ci. Au moins, je n’aurais jamais connu ça et mes rêves sont alimentés espérant que j’aurais un jour percé dans le domaine que j’aime. Car bien sur mes rêves ne se transformaient pas en cauchemars et je ne rêvais pas de ne pas réussir. « Nana aurait été une héroïne pour moi ? » Je lui montrais le livre en le mettant à côté de mon visage comme pour m’identifier à la couverture.
Peter me rappelait que le succès s’était dur à avoir. Avec Mary-Ann, une véritable actrice et à travers les cours de théâtre qu’elle me donnait mes rêves prenaient alors vies. Rêves qui ne seraient à tout jamais que des rêves. Le métier d’acteur, un travail fabuleux pour les véritables passionnés mais pour toucher son nom en haut de l’affiche il fallait passer par mille et une embûches. Il fallait gagner sa renommée. Je ne savais pas comment je m’y serais prise, j’aurais certainement assisté aux auditions pour tout et n’importe quoi en attendant qu’on me remarque dans une petite chambre d’étudiant à bas prix. Alors, j’étais loin de rêver d’un rôle en particuliers, loin de croire en l’étoile qui sommeillait en moi pour cela. Peut-être que j’en étais capable, ça je ne le saurais jamais. En tout cas, Peter croyait en moi et Mary-Ann également. Peut-être que si j’avais pu aller plus souvent au cinéma, un grand rôle m’aurait tapée dans l’œil. Mais ce n’était pas le cas, aller à New York était déjà un cadeau merveilleux, j’aurais pris ce que l’on aurait bien voulu me donner.
Ah rêver d’un rôle, celui de notre vie, un doux rêve. Mais pour vivre convenablement, il faut rêver. Rêver encore et encore, pour s’imaginer une meilleure vie et non une vie misérable. Etre quelqu’un l’espace d’un instant à travers nos rêves. Le travail ou plutôt la passion d’étre acteur s’est un peu comme les écrivains qui, en écrivant leurs livres l’espace d’un instant font vivre leurs personnages et vivent à leurs places. Un écrivain c’est comme un acteur, finalement.
Chapitre 1 ¤ Peter Nicolas Somerset. Avril 1913. Bibliothèque Seconde Classe. Pont C.
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Sujet: Re: Lost Dreams ▬ Bridget & Peter Jeu 28 Mar - 16:12
L'amour du jeu, le seul qui compte, celui d'un acteur, tour à tour sensible et délicat, agité et emporté, le happait et le grisait plus qu'aucune drogue ou aucun nectar ensorcelant n'aurait pu le faire. Les passions de Peter Somerset devaient trouver en quelque endroit un écho empreint d'empathie, à moins de l'étouffer, n'ayant pas de public pour la satisfaire. Héloïse de Neuveille était sa plus grande fan. Pour tout dire, elle était la seule. Mais le jeune homme éprouvait le besoin de confier ses espoirs déçus et son amour des planches à une personne qui comprendrait sa déception, ressentirait comme lui cet élan nécessaire du coeur pour une scène, un mot, une tonalité . Peter avait fait une rencontre inattendue et bienfaitrice à bord du Titanic, alors qu'il était encore vivant, marié et heureux. Bridget J. Fonda était une femme exquise, dévorée comme lui par les feux de la rampe. C'est ce qu'il pensait du moins, à évoquer à deux le monde merveilleux et naissant du cinéma. Le septième art était le leur. Ils auraient souhaité s'y adonner le reste de leur vie, jouant de mille effets trahissant les sentiments d'un personnage qui n'aurait jamais plus un autre visage que le leur.
Pourtant, si Bridget rêvait de ce métier inconsistant mais terriblement excitant, elle n'en avait jamais connu les drames ni les joies. Peter avait vécu tout cela : les longues nuits passées à répéter sa scène, où la fatigue se jouait de l'ardent désir de devenir acteur, l'humiliation de se voir rejeté après une audition ratée, auprès d'un directeur de casting cruel et franc, intransigeant et indifférent. Il n'ignorait rien de la fièvre qui saisissait un comédien en avalant les escaliers qui montaient jusqu'aux planches des théâtres qui n'avaient pourtant jamais voulu de lui. Il n'avait jamais passé le cap des entretiens et de la première audition. Mais Peter s'en moquait bien. Il se savait acteur, il s'estimait doué et ce n'était pas des administrateurs de théâtre, froids et incapables qui lui démontreraient le contraire. Aussi, en parler comme d'un métier qui l'occupait, temps et coeur réunis en une seule ambition, être une star lui faisait un bien fou. Peter venait de confier un secret à Bridget, un de ceux que vous ne pouviez révéler à n'importe qui. Il fallait une personne de confiance,une amie, la compatriote de votre univers. Il lui fallait Bridget J. Fonda. Il aurait pu rechercher Mary-Ann mais elle le blessait à chaque fois, bien malgré elle, par ses remarques peu obligeantes, la supériorité qu'elle affichait, parlant de son expérience d'actrice, rejetant Peter loin de son monde de comédienne confirmée et reconnue.
- Les Hauts de Hurlevent, c’était ton rêve Peter ?
- Oh oui, Bridget. Si tu savais comme j'aurais aimé jouer le rôle d'Heathcliff. Tous les jeunes acteurs britanniques doivent en rêver, non ? Aller chercher jusqu'au tréfonds de son âme les ressources et les émotions nécessaires pour incarner un être aussi emporté, passionné, amoureux, colérique, jaloux, complexe, déchiré....
Peter s'arrêta en plein coeur de son emportement et finit par éclater de rire en regardant la jeune femme.
- Excuse-moi, Bridget. Mais tu sais ce que c'est....
Bien sûr que Bridget pouvait le comprendre, lui et ses élans incontrôlables. Elle-même devait bien avoir un personnage qui l'inspirait au-delà de toute attente, où elle mettrait toutes ses peines d'enfant, la découverte de l'amour, les premières déceptions, cette sensation incroyable de ….
- Nana aurait été une héroïne pour moi ?
- C'est une femme libre. Moderne, aussi, à sa manière. Et puis, il faut bien avouer que la ressemblance est frappante, Bridget.
Peter sourit à la jeune femme qui cherchait l'assentiment de son ami.
- Oui, Bridget. Ce rôle était fait pour toi … enfin tu comprends. Je ne jouerai jamais Heathcliff et tu ne pourras donner tes traits merveilleux à Nana. Mais nous pouvons le rêver, l'imaginer comme si la réalité était tout autre.
Il fit une pause, comme s'il hésitait à poser la question.
- As-tu réfléchi à la manière de jouer le personnage ? Le jouerais-tu plus dans la démesure ou l'humanité de cette femme ? Au fait, dis-moi Bridget, où est-ce que tu vas puiser tes émotions ? Comment est-ce que tu vas chercher tes larmes amères, tes éclats de rire ? Dans tes souffrances passées ou dans la simple compréhension d'un texte, d'un scénario ? Tu vois, je doute parfois de mon jugement mais jamais de mes émotions. N'oublie jamais tes émotions, Bridget. Sers t'en. Nourris-les au contact de la vie. Enfin, de notre vie, ici.
Peter Somerset avait un peu trop tendance ces derniers temps à oublier le fait incontestable qu'il était mort. Se pouvait-il que la vie telle qu'elle lui restait, incongrue et irréelle, retrouvait grâce à ses yeux ? En présence de Bridget, au partage de leur passion commune, le jeune acteur ne pouvait en douter.
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Sujet: Re: Lost Dreams ▬ Bridget & Peter Ven 12 Avr - 22:17
Le monde est un bal de masques, un monde géant où chacun joue son rôle avec brio. On se cache derrière un masque, on est jugés sur nos apparences, on ment et on se fait passer pour quelqu’un d’autres. Certains savent mentir, d’autres sont profondément sincères. On se cache derrière un masque, on joue un rôle, on fait l’acteur. Des acteurs amateurs mais il le faut. On se protège. Se dévoiler de crainte, de peur d’être trahie. Avoir des secrets, mais parfois c’est trop lourd à porter. La vie est un éternel dilemme, un éternel recommencement
¤¤¤
Comme tous les jours, les jours recommençaient sans cesse, sans s’arrêter sur le Titanic. J’étais l’une des plus grandes lectrices de la terre, mais je m’intéressais aux choses. Il n’y avait de places que pour les intellectuelles, en tant que troisième classe on partait déjà avec un handicap. Je préférais lire les pièces des théâtres, et passer des heures à les apprendre. Me contempler dans un miroir, et passer des heures à jouer avec mes mimiques pour devenir une actrice dynamique. Non, une petite poupée statique qui se fera bien vite marcher sur les pieds, et avaler dans ce monde sans répit de sauvages sans cœur. Je comprenais Peter, peut-être mieux que personne. Nous avions connu la même déception, nos destins brisés, j’étais une étoile qui ne naitrait jamais. Une étoile montante, qui ne monterait jamais sur les planches. Jamais, je ne verrais le rideau rouge se levait devant moi, j’avais je ne recevrais d’ovation de la foule en délire qui acclame mon succès. Jamais, je ne connaitrais des groupies qui arrachent mes vêtements. Tout ceci c’était un rêve. Un doux rêve. Mais un rêve qui jamais ne se réaliserait. Je savais ce que ressentait Peter, une tonalité de tristesse dans son cœur d’acteur au destin tragique. Nous étions des acteurs maudits. Je n’avais pas réussis grand-chose dans ma vie, c’était le cas de le dire et l’on m’avait coupée dans mon élan alors que je partais pour New York, refaire ma vie et réussir. J’aimais quand Peter me racontait ses souvenirs, je le regardais avec des yeux pleins d’étoiles. Il avait connu, ce que je ne connaitrais jamais. J’ignorais l’ampleur de la confession que venait de me faire Peter, j’ignorais que j’étais l’une des rares à qui il avait confié son « secret. » On parlait des rôles, mais si j’en avais eut l’occasion j’aurais pris n’importe quels rôles, le premier qui me serait tombée sous la main. Il fallait bien un début à tout.
« Je l’ignore, j’aurais pris n’importe quels rôles qui me seraient tombés sous la main ou proposés. Nana, une femme libre, moderne tu me fais rêver là Peter. » Peter était un passionné, j’admirais la détermination dont il faisait preuve et avec quel talent il maniait l’art de la rhétorique. Je lui souris. Moi aussi, le soir dans mon lit ou bien à n’importe quel moment dés que je le pouvais, je rêvais. Je rêvais de monter sur les planches, de réciter mon texte, de jouer sur scène. Comme une danseuse, je voulais avoir les pieds en sang tellement de fois j’aurais répété. Encore et encore. Inlassablement. J’imaginais dans des costumes somptueux, être une grande star, que l’on s’occupe de moi et je revêtant les traits de la célèbre Nana. Elle m’irait bien Nana, une femme moderne et libre, c’était ce à quoi j’aspirais finalement. Je saisis un livre sur une étagère, et toute une pile de livres tomba sur nous. « Oh excuses moi ! Je ne t’ai pas fais mal ?.» A quatre pattes, je ramassais les livres que j’avais fais tomber. J’écoutais toujours Peter, ses conseils, ses questions et ses remarques étaient très précieux à mes yeux. . « Non, je n’y ai pas réfléchis enfin … je la jouerais comme je l’imagine dans ma tête ou comme le metteur en scène m’aurait dis de faire tout en rajoutant la touche Bridget, qu’en dis-tu ? Je la jouerais dans la démesure, ce serait tellement mieux je pense mais je n’y connais rien. Je n’ai pas gouté aux auditions, ni même aux plaisirs de tenir entre ses doigts sa pièce, son dialogue et son scénario. Oui, c’est de mes émotions et de mon vaincu que j’irais puiser pour jeu d’actrice. Mes larmes viendront toute seule lorsque je me rappellerais le traitement que me faisait subir mon père. Notre jugement peut parfois être faussé, mais je suis convaincue que nos émotions sont bien réelles elle. Il faut juste apprendre à les écouter, et les comprendre. L’imagination aussi prendra le relais si les émotions ne suffisent pas. J’imagine être sous le feu des projecteurs, je n’ai que ça de toute manière pour satisfaire mon gout de la comédie. »
Partage ma passion me faisait aussi bien mal que bien. Je n’avais que ça en même temps, et Peter était un très bon partenaire pour ce genre de discussion. J’avais trouvé en lui un ami qui me comprenait, et moi je le comprenais également. Cela faisait tellement de bien parfois, de se sentir compris et apprécié.