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 Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]

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MessageSujet: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptyMar 24 Déc - 15:34


       

       
       

       
Nayah & Natascha
Il faut comprendre pour juger.
       

       
Il faisait noir, et il faisait froid. Le vent était glacé, soufflait en hurlant, fouettait ses joues. Pour autant, elle ne tremblait pas. La neige tombait inlassablement, couvrait la plaine d'un manteau blanc sur lequel se heurtait la pâle lumière de la lune. La seule source de lumière, en réalité. On ne distinguait pas les étoiles, dans cette nuit d'encre. Et la jeune femme avançait, lentement, les pieds engourdis par la neige. Son coeur battait la chamade. Derrière elle, elle entendait des cris, des ordres, des aboiements de chiens loups, dont les crocs étaient prêts à se refermer sur sa gorge. Elle les devinait à l'image de leurs maîtres, assoiffés de sang et de vengeance.

Il ne fallait pas qu'elle s'arrête, au contraire. S'arrêter, c'était mourir. Le froid la tuerait, si ils ne s'en chargeaient pas avant. Elle ne devait pas mourir. Contre sa poitrine, elle tenait serrée une poupée de porcelaine, dont les boucles blondes et les yeux clairs lui rappelaient étrangement sa nièce. Elle ne devait pas mourir. Sa famille avait besoin d'elle. Elle ne devait pas mourir. Surtout, ne pas mourir. Ne jamais mourir. Avancer. Avancer encore. Leur échapper. Et ne pas mourir.

C'est à cet instant précis qu'elle s'écroula sur le sol. Non... Non... Elle essayait, mais n'arrivait pas à se relever. Derrière, les mouvements se faisaient plus pressants. Ils approchaient. Ils allaient la tuer. Mais en dépit de ses efforts, elle ne pouvait se relever. Ses jambes refusaient de lui répondre. Et derrière, tout n'était que cris de colère, haine farouche, ordres meurtriers. Relève toi, aller, relève toi, tu ne dois pas mourir, tu ne dois pas les laisser te faire mourir, relève toi, ta famille à besoin de toi, tu ne peux pas les abandonner, non, tu n'as pas le droit...

Elle se mit à tousser. Fort, une toux sèche et brûlante, qui lui irritait la gorge. Sentant quelque chose remonter, elle cracha sur le sol. Du sang. Du sang sur la neige blanche. Et dans son dos, elle sentit la lame d'une baïonnette lui effleurer la colonne vertébrale. C'était bon, elle allait mourir. Ils vont te tuer. Ils vont te tuer. Ils vont te...

"NON !"

Natascha s'était redressée d'un bond dans son grand lit, trempée, les cheveux collés à son front et sa nuque tant elle avait transpiré. Son coeur beaucoup trop fort et beaucoup trop vite. D'un coup de pied, elle expédia ses draps au bout de son lit et s'en extirpa, comme pour fuir... Trop vite. La tête bourdonnante, elle ne parvint à marcher droit et se heurta à un petit guéridon qui se fracassa contre le sol, répandant du verre brisé sur le plancher verni... Un bruit qu'elle avait déjà entendu quand les bolcheviks avaient brisé leurs miroirs. Comme la jeune fille de son cauchemar, elle s'écroula sur le sol, s'entaillant les genoux et les mains sur les morceaux de verre. Le sang en jaillit d'un coup, et elle essaya, sans beaucoup de succès, de l'éponger avec sa robe de nuit.

Natascha se recroquevilla sur elle-même en position foetale et inspira à fond, pour essayer de se calmer. Elle tremblait de tous ses membres, à présent. Durant de longues minutes, elle resta dans cette position, à attendre que sa frénésie et son coeur se soient apaisés, que sa force lui revienne. Et finalement, elle se déplia et s'aida du mur pour se redresser. Cherchant à tâtons ses rideaux, alors que ses pieds nus se heurtaient aux verres brisés, elle finit par les trouver et les tirer, laissant la lumière du petit jour entrer dans la pièce. Afin d'aérer les lieux, Natascha ouvrit grand la fenêtre. L'air frais de la mer l'apaisa, et elle se retourna.

Sa chambre était un carnage.

Le guéridon gisait lamentablement sur le sol jonché d'éclats de verre, dans une mare sanguinolente. On aurait dit qu'un massacre avait eu lieu. Elle même faisait peur à voir, avec son teint blafard, ses cheveux défaits, sa robe de nuit couverte de sang, comme ses mains, ses genoux et ses pieds. Étrangement, elle n'avait pas mal, mais ne s'était pas attendue à ce que de telles petites coupures puissent saigner autant. Ceci dit, Natascha s'exhorta au calme : la jeune fille qu'elle avait été aurait hurlé à en réveiller tout le paquebot, celle qu'elle était devenue ne craignait plus grand-chose. Lumière aidant, elle contourna l'étalage des dangereux morceaux de verre et rejoignit sa salle de bains.

Éponger ses petites blessures fut assez long, car si elles étaient minimes, elles saignaient abondamment. Quand elle eut fini, elle se prépara seule, se lava, peigna ses cheveux et les tira en ce chignon simple dont elle avait l'habitude depuis près d'un an. Du coin de l'oeil, Natascha observa la quantité astronomique de robes qui s'amassaient dans son dressing. Des robes de son ancienne vie, toutes de soie et taffetas, admirablement coupées, richement ornées, aux couleurs vives. Les vestiges d'une ancienne vie qui, parfois, lui donnait l'impression d'un trop long rêve. Elle chercha la plus sombre et la plus sobre et finit par en dénicher une, taillée dans un velours violet foncé. Infiniment plus luxueux que ce qu'elle avait porté ses derniers mois, mais suffisamment passe-partout. Le temps ou elle désirait capter toutes les attentions était révolu.

"Bon, et maintenant, il va me falloir ranger tout ça", marmonna l'aristocrate Russe en contemplant le désordre de sa chambre, après avoir fini ses préparatifs. Seule, elle n'y arriverait pas, aussi se résolut-elle à aller chercher Raïssa, sa femme de chambre, chez les secondes classes. Normalement c'était elle qui la réveillait, mais aujourd'hui, Natascha s'était vue levée bien plus tôt que d'habitude.

C'est dans un Titanic presque désert que la jeune femme circula, jusqu'à atteindre les ascenseurs dont elle poussa la grille. Une autre jeune femme s'y trouvait, qui lui rappelait étrangement quelqu'un. L'esprit ailleurs, entre son cauchemar et le travail de rangement qui l'attendait, elle ne la reconnut pas aussitôt et lui adressa un petit sourire poli.

"Excusez moi, vous descendez aussi ?"

       
       
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Dernière édition par Natascha A. Ianoukovitch le Ven 27 Déc - 21:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptyJeu 26 Déc - 19:10

Mes yeux restaient ouverts, j'avais beau vouloir dormir, rien n'a faire, mes paupières refusaient de se fermer. La fatigue se faisait pourtant ressentir mais j'étais partie pour faire une nuit blanche. Cela faisait quelques semaines que mon sommeil était devenu aléatoire, que mes rêves étaient peuplés de cauchemars, que j'avais tué Esther et Lisbeth.
Nous étions à la fin de l'été et beaucoup de revenants avaient été frappés d'une folie meurtrier. Je me souvenais encore comme si c'était hier. Me promenant sur le pont, le nid de pie m'avait paru intéressant et j'y avais trouvé deux autres passagères: la deuxième et troisième classe. Après quelques échanges, une brise m'avait caressée le visage  et avait modifié ma vision de mon monde. Les deux jeunes femmes étaient devenues des menaces, des créatures sans visages menaçantes. Décrétant qu'elle devait mourir, je leur avais couru derrière et de mes propres mains frêles, je les avais étranglées toutes deux, dominée par une force que je ne connaissais pas.
Elles avaient repris leur apparence dès l'instant ou elles étaient mortes me plongeant dans une horreur sans nom. Je m'étais enfuie ne sachant que faire tant j'étais secouée. Ainsi, c'était donc ça donner la mort à autrui? C'était cela ôter la vie à son prochain? Je m'étais enfermée dans une souffrance sans nom n'osant sortir tant mes sommeils étaient peuplés de cauchemars, tant j'avais honte de mon geste et que je n'osais affronter le regard de mes victimes.
Aussi, la nuit, mes yeux restaient grand ouverts. Je voulais tant dormir, connaître le repos mais dès l'instant ou mon esprit s'apaisait, je me revoyais encore et encore. Mes mains qui se posaient sur leur cou et serraient. J'appuyais si fort, je sentais des mains me griffer, essayant de me repousser mais j'étais déterminée.

Détermination sans faille me faisant sentir la vie de mes victimes s'en aller de leur corps. J'essuyais mes larmes roulant sur mes joues, résignées. C'était comme ça, chaque nuit, mon esprit ressassait sans arrêt ces images, ma honte. Quand je ne faisais rien de particulier, je pensais à tant de choses. Il fallait que je m'occupe, que je voie quelqu'un, que je lui raconte tout. Et je songeais immédiatement à mon amie d'enfance : Blanche. Il fallait que je lui révèle tout, elle seule, pouvait me prodiguer les meilleurs conseils. Aussi, je me levais d'un bond et je sortis immédiatement de ma chambre. J'étais vêtue de ma chemise de nuit en soie beige sur lequel j'avais revêtu une robe de chambre tandis mes pieds nus foulaient la moquette épaisse du couloir ou je me trouvais. Mes cheveux étaient lâches, et s'étalaient paresseusement sur mes épaules. J'étais tout sauf habillée pour sortir. Mais qu'importait, je voulais voir Blanche, mon amie la plus chère, ma demoiselle d'honneur à mon mariage, ma meilleure amie, il n'y avait d'autre mot.
Arrivant dans le hall, je m'engouffrais dans un ascenseur et attendis qu'un steward appuie sur le bouton. Cela dura quelques instants jusqu'à ce que je réalisais que l'endroit était désert. Nous étions le petit matin, tout le monde dormait sauf moi. Est ce qu'il valait mieux que je rentre dans mes appartements et laisse Blanche tranquille? J'étais tiraillée et je ne savais que faire, et je restais là, seule dans cet ascenseur attendant que la grille puisse se fermer pour descendre. Je ne savais que faire.

La réponse vint à moi toute seule, une splendide jeune femme vint dans l'ascenseur et me demanda à quel étage je souhaitais me rendre.  " A l'étage des appartements des deuxièmes classes, s'il vous plait. " lui répondis-je tandis qu'elle appuya sur le bouton demandé. L'ascenseur démarra dans un bruit silencieux. Je ne disais mot regardant le hall disparaître de mon champ de vision. Ma tenue accentuait mon malaise et je n'osais jeter un coup d'œil à ma voisine. Si ce n'était que la machine s'arrêta soudainement entre deux étages. Nous étions bloquées. Poussant un gémissement de désespoir, je ne pus m'empêcher de maugréer:

" Même dans la mort, ces machines tomberont toujours en panne. " En temps normal, un steward aurait été là pour résoudre la situation mais nous étions le petit matin et tout le monde dormait, nous étions coincées. Cette fois ci, je me tournais vers ma voisine d'infortune et alors que je m'apprêtais à lui communiquer quelques paroles aimables, son visage qui m'avait paru familier me revint tout a fait en mémoire.

" Vous! " beuglai-je en fronçant les sourcils. C'était Natascha! Comment ne pas oublier cette pimbêche hautaine que j'avais connu en Indonésie. Nous aurions pu être amies lors que j'avais 18 ans mais non, nous étions bien trop différentes. Et puis, je me souvenais de sa présence à mon mariage et de ce scandale qu'elle avait fait au sujet du placement des tables. Oh, comment ne pas oublier une personne dont l'envie de meurtre avait parfois été ressenti?
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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptyVen 27 Déc - 22:16






Nayah & Natascha
Il faut comprendre pour juger.


"A l'étage des appartements des deuxièmes classes, s'il vous plait."

Natascha eut un léger sourire.

"Ça tombe bien, je m'y rends aussi", déclara-t-elle en appuyant sur le bouton.

Elle s'en voulait de réveiller Raïssa aussi tôt, mais n'avait guère d'autre choix si elle voulait que tout soit en ordre avant le lever des autres passagers du Titanic. Personne ne devait être au courant de ses terreurs nocturnes, des crises d'angoisse qui ponctuaient ses nuits depuis que les balles des fusils avaient l'avaient atteinte. Personne n'était encore au courant, sauf Raïssa, et les deux slaves avaient bien l'intention d'en rester là, afin de ne pas réveiller leurs démons. En parler serait trop dur : le jour, tout allait bien, c'était la nuit que les choses se gâtaient. En parler ne risquait-il pas de gâter aussi le répit qu'offrait la journée, aussi répétitive soit-elle ? Elle l'était, à bord du Titanic. Mais elle était aussi le temps ou aucun démon ne venait frapper à la porte de Natascha. L'espace d'un instant, elle se demanda comment faisait Raïssa pour n'être sujette à aucune de ces tares. Sans doute qu'en aidant sa maîtresse, elle exorcisait ses propres démons.

Son cauchemar se faisait de plus en plus loin, maintenant, et la vie de tous les jours reprenait peu à peu le dessus. A mesure que l’ascenseur descendait vers les étages inférieurs, la sensation de déjà-vu se faisait de plus en plus prégnante. La jeune femme à ses côtés, elle la connaissait. Sa voix, sa silhouette... Natascha n'osait pas la dévisager, de peur de paraître malpolie, mais elle se retenait à grand peine, persuadée que son chemin avait croisé la route de son interlocutrice. Lorsque, brusquement, un bruit sourd se fit entendre et entraîna l'arrêt brutal de l'ascenseur, la russe sursauta.

" - Même dans la mort, ces machines tomberont toujours en panne.
- Et évidemment, il est trop tôt pour compter sur un quelconque steward,"
murmura Natascha.

Elle avanca la main vers les grilles de l'ascenseur sans trop savoir ce qu'elle comptait faire. Heureusement pour elle, la porte de sa cabine était fermée à clef : si il prenait à Mary, James ou quiconque d'y entrer, elle était protégée. Mais mieux valait éviter que cette maudite machine reste bloquée trop longtemps. Cependant, les doigts de Natascha n'eurent pas le temps d'atteindre les grilles : tout se passa en une demi-fraction de seconde. L'autre prisonnière s'était tournée vers elle sans qu'elle ne s'en aperçoive et l'avait immédiatement reconnue.

"Vous !"

Le mot avait été crié, et pour la seconde fois, Natascha sursauta avant de se tourner vers son interlocutrice. Enfin, elle put voir son visage, et après une petite seconde de flou, elle l'identifia à son tour. Les longs cheveux bruns, les yeux clairs en amande, le teint doré, les pommettes hautes et bien dessinées... La russe rougit avec violence.

"Nayah... Oui, bien sur. Pardonnez moi, je... Je ne vous avez pas reconnue, sur le coup."

C'était bien sa veine : un cauchemar, une chambre à ranger, et elle était à présent coincée dans un ascenseur avec l'une des personnes qui devaient le plus la haïr en ce monde : Nayah Gallagher. Au reste, elle n'en voulait pas vraiment à l'indonésienne de la haïr, elle s'était montrée plus qu'insupportable envers elle, depuis toujours. Se souvenir du temps où elle jouait les princesse face à la timide asiatique, c'était comme tout les événements d'avant la Révolution. Des parcelles d'une autre vie, des restes d'un autre monde. Des fragments brisés, comme les morceaux de verre qui jonchaient le sol de sa cabine. Parfois, Natascha se demandait même si cette vie avait bien été la sienne.

Elle avait parlé les yeux baissés, sans quitter des yeux ses mains légèrement meurtries par les mésaventures matinales. L'autre Natascha, la Natascha qu'elle avait été l'aurait toisée avec mépris en lissant les jupes de sa robe de satin et en faisant étinceler ses bijoux sertis de pierres précieuses sous les lumières artificielles de l'ascenseur. L'autre Natascha n'aurait ni rougi, ni baissé les yeux. L'autre Natascha n'aurait jamais fait de cauchemars, ne serait jamais sortie si tôt de sa cabine, encore moins pour se rendre dans les étages inférieurs. L'autre Natascha n'aurait jamais quitté sa salle de bains aussi simplement coiffée, aussi sobrement vêtue. Mais avait-elle vraiment été cette autre Natascha, celle qui vivait dans un monde ou la mort et les malheurs n'existaient pas ?

"Ça fait un bon bout de temps, n'est ce pas, Nayah ?", sourit la russe avec douceur, en levant enfin les yeux. En effet, voilà six ans qu'elles ne s'étaient plus vues, et au cours desquels elles s'étaient dépêchées de s'oublier mutuellement. "Comment allez vous, depuis que... Enfin... Depuis que nous... Depuis le naufrage ?"

Jamais l'autre Natascha n'aurait cherché ses mots. Elle savait toujours quoi dire, tout le temps, comme si ses phrases étaient perdues d'avance. Mais si elle avait un jour été cette autre, ce dont elle doutait, tant cette période s'apparentait à un rêve, jamais plus elle ne la deviendrait.

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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptyLun 30 Déc - 22:46

Natascha... Comment ne pas oublier cette poupée russe. Ses colères et ses caprices avaient baignés mon enfance. Nos parents respectifs avaient souvent fait affaire ensemble. Du fait que nous avions le même âge, nos pères avaient cru bien faire en pensant que nous pourrions être amies. Ils se fourvoyaient complètement. A l'époque j'étais bien timide et trop introvertie. Cela aurait été fort de dire qu'elle m'avait martyrisée, enfant. Mais loin de là, nous n'étions pas faite pour être de bonnes copines voilà tout. Seule l'indifférence façonna notre relation. Je me revoyais assise dans mon jardin en Indonésie, quand l'une jouait à la poupée, l'autre lisait et vice versa. Jamais, nous jouâmes ensemble. Non, nous n'étions pas faites pour nous amuser ensemble. Parfois même, elle me terrifiait.
Au fond, je l'avais toujours envié, jalousé son tempérament, elle était celle que j'aurais aimé être. Jamais, elle n'aurait accepté ce que mon père me força à faire ou du moins, elle aurait été ingérable si on avait tenté de l'obliger à faire quoi que ce soit. Ce sentiment de jalousie se transforma bien vite en colère le jour de mon mariage. Oui, elle nous fit son petit numéro, je ne me souviens plus très bien pourquoi. Mais du peu que je m'en rappelais, cela avait à voir avec l'organisation de ma noce. Peut être qu'elle n'était pas assez sous les projecteurs à son goût. Elle avait failli gâcher un beau moment dans la vie de ma famille et de la mienne. Je l'avais pourtant revu sur le Titanic brièvement avant le naufrage le temps d'un dîner avec nos époux. Les banalités soldèrent une relation sans avenir. Je ne la verrais plus, elle non plus et c'était très bien comme ça. Et puis, nos routes s'étaient séparées et j'entendais par là, qu'après le naufrage, je ne l'avais plus jamais revue.

Et voilà que désormais je me retrouvais coincée dans l'ascenseur avec elle. Mais quelque chose ne tournait pas rond dans sa gestuel, dans sa voix, dans sa posture. Elle baissait les yeux, rougissait et pourtant, elle m'avait reconnu. Sa voix n'avait toujours pas changé, aussi loin que je la connaissais, elle n'avait pas perdu cet accent chantant russe qui m'avait souvent fait envie. Et puis, elle s'excusait. Je crois que mes sourcils se froncèrent encore bien plus. Je ne disais mot tant j'étais perplexe et incrédule. D'ailleurs, elle ajouta d'une voix toujours aussi timide si j'allais bien et ce que je devenais depuis que nous nous étions vues sur le bateau il y a six ans pour elle et bien plus pour moi (j'étais morte à 105 ans).

" Mais... Euh.. Enfin... Vous ... Je .... Je m emmêlais les pinceaux dans mes paroles, bredouillant à souhait jusqu'à ce que je m'exclame un peu trop bruyamment : " Je vais bien!!! " J'étais surtout mal à l'aise. Je crois que jamais une seule fois, elle ne m'avait demandé comment j'allais. Le Titanic nous avait changé à jamais et se pouvait-il qu'elle ait changé également? C'était fort possible, Elyana m'a trouvé changeante entre notre rencontre en 1912 et mon retour. Je ne pus m'empêcher d'en faire part à ma compagne d'enfance : " Natascha... Vous allez bien, vous? " me sentant soudain gênée, je ne pus m'empêcher d'ajouter : " Je vous trouve étonnamment changée... Plus calme... "

Ma question était tellement impersonnelle que je me raclais la gorge afin de masquer mon trouble et tentait de regardait ailleurs que son visage. C'est là que j'avisais l'état de ses mains: elles étaient bien amochées. " Vos mains!!! Que vous est-il arrivé, Natascha? " disais-je sur un ton affolé. Elle devait avoir mal, il lui fallait peut être des soins! Et voilà que nous étions coincée dans ce maudit ascenseur. J'approchais ma tête du grillage et me mis à hurler sans demander l'avis de ma compagne : " Ohé! Il y a quelqu'un? Quelqu'un peut-il venir nous sortir de l'ascenseur! Il y a une personne blessée !!! "
Seul le silence me répondit, il était encore beaucoup trop tôt, tout le monde dormait. Je ne pus m'empêcher d'ajouter : " Je suis désolée, je n'ai absolument rien pour vous soigner... "
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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptyMar 31 Déc - 16:07






Nayah & Natascha
Il faut comprendre pour juger.

Elles étaient deux à ne pas savoir trop où regarder, coincées dans cet ascenseur. Aussi gênées l'une que l'autre. Une tierce personne n'aurait jamais compris, à les voir agir comme tel, qu'elles se fréquentaient depuis l'enfance, au mieux aurait-il compris que leurs rencontres ne s'étaient jamais passées à merveille. Les souvenirs de Natascha se faisaient plus clairs, à mesure que son cauchemar s'évaporait : à Saint-Pétersbourg, à Jakarta, en Angleterre, à bord du Titanic, toutes ces fois ou elle s'était retrouvée avec Nayah, ou elle n'avait affiché qu'un royal dédain à l'égard de la jeune asiatique. Trop différentes pour s'entendre, elles n'avaient jamais partagé le moindre jeu, la moindre complicité. A Nayah, la russe avait préféré la compagnie de ses grands frères.

Eux n'étaient pas revenus, contrairement à elle, Raïssa ou Nayah. Elle ne pouvait qu'espérer que Mikhaïl et Dimitri soient au Paradis avec leurs parents, leurs épouses, leurs enfants. Ils y retrouveraient toutes les victimes de la Révolution, ils siègeraient aux côtés de Nikolaï II et des siens. Ils connaîtraient une belle et heureuse éternité. Du temps ou elle et Nayah étaient forcées de se fréquenter, jamais Natascha n'avait pensé à la mort. A peine si elle savait ce que le mot 'malheur' signifiait, elle qui était tant convaincue que ces choses-là n'arrivaient qu'aux autres. La révolution avait au moins eu le mérite de lui faire ouvrir les yeux. Mais assez curieusement, elle ne regrettait pas la vie qu'elle avait mené avant 1917 : ce temps-là appartenait à la vie d'une autre.

"Mais... Euh... Enfin... Vous... Je... Je vais bien !"

Natascha sourit à nouveau, baissa les yeux, les releva, sans cesser de se triturer les mains. Le bafouillage de Nayah prouvait qu'elle était aussi gênée qu'elle-même, ce qui avait un petit côté rassurant. Au moins elles partageaient un même sentiment face à une même situation, pour la première fois de leurs vies respectives. Lorsque Natascha reprit la parole, ce fut de la même voix douce, une peu voilée :

"Tant mieux. Vous m'en voyez sincèrement heureuse."

Et oui, elle le pensait vraiment. Au fond, quel mal pouvait-elle souhaiter à Nayah, après toutes les crises qu'elle lui avait fait subir ?

" - Natascha... Vous allez bien, vous ? Je vous trouve étonnamment changée... Plus calme...
- Oui, je vais bien... Merci."


Elle déglutit lorsque son interlocutrice évoqua son calme, il faut dire qu'elle avait été habituée à autre chose de sa part.

"Je... Oui, je crois bien avoir changé. L'oeuvre du temps, sans doute. Vous et moi avons connu un autre monde que celui du Titanic, après tout. Nous... Je... Chacune a vécu ses propres expériences, n'est-ce-pas ?"

Comme Nayah, Natascha baissa les yeux, avant de les relever brusquement au cri de l'Indonésienne.

" - Vos mains ! Que vous est-il arrivé, Natascha ?
- Oh, ce n'est rien. Un simple accident, rien de grave, je vous assure."


Cependant, ce n'était pas beau à voir, et légèrement douloureux.

" - Ohé ! Il y a quelqu'un ? Quelqu'un peut-il venir nous sortir de l'ascenseur ! Il y a une personne blessée !
- Je ne crois pas que ce soit nécessaire, Nayah, personne n'est debout à cette heure."


La voix de la russe avait des accents de murmure brisé, et à mesure qu'elle parlait, elle s'approchait, comme Nayah, de la grille. Mais espérer un quelconque secours à une heure aussi prompte était vain : personne ne leur répondrait. Ce qu'il fallait espérer, c'était un redémarrage rapide de l'ascenseur, qui mettrait fin à cette étrange conversation et la mènerait plus vite auprès de Raïssa.

" - Je suis désolée, je n'ai absolument rien pour vous soigner...
- Ce n'est rien, rassurez-vous, c'est à peine si ça fait mal. Vous n'avez aucun souci à vous faire, croyez-moi."


Non, elle n'avait aucun souci à se faire. C'était Natascha qui se faisait du souci, en revanche : leur dialogue déviait vers une pente glissante, dangereuse, entre ses mains meurtries et son comportement plus calme. Aurait-elle été préparée à cette rencontre, elle aurait mis en oeuvre tous ses talents de comédienne pour atténuer le brusque changement de ses manières, sachant fort bien qu'elle ne pouvait le cacher. Mais là, c'était impossible, et les questions ne manqueraient pas, ce que la russe aurait préféré éviter. Elle avait déjà James et Mary à dos, ce n'était pas pour que Nayah s'y mette aussi !

"Cependant, un redémarrage de cet engin de malheur serait le bienvenu", grogna la jeune femme.


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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptyDim 5 Jan - 23:15

C'est étrange comme une seule personne pouvait faire affluer tant de souvenirs. Je me souviens de notre rencontre. De la première ou je rencontrais Natascha. C'était en Russie, c'était le printemps mais je me souviendrais toujours d'avoir eu énormément froid. C'était tout à fait l'inverse de nos saisons tempérées en Indonésie ou il fait souvent chaud et humide. Non, dans cette ville dont le nom me revenait plus, le froid m'avait saisi comme jamais et ce, malgré que j'étais chaudement vêtue. Je frissonnais, claquais des dents lorsque nous étions dehors. La neige avait rendu le paysage glacial à mes yeux. Et ne serait ce que l'accueil que me communiqua Natascha qui augmenta cette sensation de froid. Elle ne me quitterait jamais à chaque fois que j'avais fini par me retrouver en présence de cette jeune aristocrate. Mais aujourd'hui, dans ce bateau, tout était différent. Je ne saurais expliquer pourquoi mais elle me paraissait différente, trop changée. Le Titanic avait-elle changé sa vie comme cela avait été le cas pour la mienne? La jeune femme timide que j'étais s'était affirmée mais pour mon "amie" d'enfance, c'était plutôt l'inverse. Et j'étais bien déterminée à savoir pourquoi. Oui, je crois bien que j'étais devenue un peu trop curieuse ici. Et puis, je ne me voyais rester immobile dans cet ascenseur sans dire un seul mot. C'est pourquoi nous discutions... Et c'était bien calme comparé aux autres fois précédentes, il y'a des années en arrière. Ma compagne sembla heureuse que j'aille bien et je ne pus m'empêcher de lui sourire, tandis qu'elle m'avait expliqué vaguement les raisons de son calme apparent. Le Titanic nous avait changé à jamais, certes, mais là, c'était le jour et la nuit. À la limite, je ne la croyais pas vraiment dans ce qu'elle me répondait.

Ses blessures sur ses mains me firent oublier un instant mes interrogations. Mais le ton de Natascha me fit cesser mes inquiétudes. Elle n'avait pas mal. Pourtant, ses plaies semblaient aux premiers abords bien profondes. N'insistant pas, j'essayais quand même d'héler quelqu'un au cas ou mais c'était peine perdue. Il n'y avait personne à cette heure ci. Je me désolait auprès de la jeune femme sur mon incapacité à la soigner mais encore une fois, elle me rassura que tout allait bien. S'approchant devant la grille, elle avoua qu'elle aurait aimé que la cabine redémarre. Je ne pouvais qu'être d'accord avec elle.
" Je suis complètement d'accord avec vous. Dans la journée, il y a toujours quelqu'un pour venir à votre rescousse mais là... " Je soupirais alors avant d'ajouter : " Je crois bien que nous sommes parties pour rester ici un bon moment. "
A ses paroles, je joignis le geste et reculais jusqu'à fond de la cabine. J'aurais pu m'asseoir par terre mais je ne savais pourquoi en présence de Natascha, je tenais à garder cette posture que l'on attribuait aux riches. Je crois qu'elle m'avait vraiment traumatisée enfant et encore plus, que je ne le pensais. Un silence s'installa, je ne savais que dire et je me sentais mal à l'aise. Je tentais malgré tout de rompre cette gêne en me mettant à parler d'une voix nerveuse: " je me souviens de la dernière fois que nous nous sommes vues sur le Carparthia. Après, nos routes ne se sont plus jamais croisées, Natascha. " Un soupçon de mélancolie voila mes yeux et je ne pus m'empêcher de lui poser des questions. " que vous est-il arrivé après le naufrage? " Je songeais à mon mari, Jules. Il n'avait pas compris mon retour. Plus de quatre vint ans d'existence s'était écoulée pour moi mais pour lui, tout avait tourné au ralenti et aujourd'hui encore, il ne le comprenait pas. J'étais curieuse de savoir ce qu'elle était devenue après le naufrage. Qu'est ce qui avait bien pu la changer ainsi?
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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptySam 11 Jan - 16:37






Nayah & Natascha
Il faut comprendre pour juger.

Natascha renvoya à Nayah son sourire, espérant intérieurement que ces excuses lui conviennent et qu'elle ne cherche pas à creuser plus loin. De toutes les personnes du paquebot, il fallait qu'elle se retrouve enfermée dans un ascenseur bloqué avec quelqu'un qu'elle avait connu, quelqu'un à même de se rendre compte du changement opéré en elle. Au moins Nayah était moins inquisitrice que d'autres... Son fiancé, par exemple, ou lady Mary Abbot. Pour l'instant. La mésentente qui avait toujours relié l'indonésienne et la russe y était pour quelque chose, et si Natascha n'était pas fière de l'attitude qu'elle avait adopté par le passé, il fallait reconnaître qu'en ce matin, elle était bien utile. Au moins Nayah n'irait peut-être pas trop loin dans ses interrogations.

Plusieurs fois, Natascha avit tenté de redevenir celle qu'elle était, en apparence tout au moins, pour taire les soupçons. Mais jamais elle n'y était parvenue, même avec tous les efforts du monde. Sa dernière année de vie s'était inscrite en elle plus que n'importe quelle cicatrice, et elle avait beau faire tout ce qu'elle pouvait, la cicatrice demeurait. Et encore, "cicatrice" n'était pas le mot le plus juste : "plaie" serait plus exact, car la blessure ne s'était pas encore refermée. Au vu de ses cauchemars, au vu des démons qui l’assaillaient, il y avait fort à parier que cette plaie ne cicatriserait jamais. Le passé ne peut être guéri. Les souvenirs ne s'effacent jamais.

Comment lutter contre sa propre mémoire ?

" - Je crois bien que nous sommes parties pour rester ici un bon moment.
- Alors prions pour que l'équipage ne décide pas de prendre des vacances aujourd'hui"
, sourit timidement la russe.

Alors que Nayah reculait vers le fond de la cabine, Natascha s'éloigna aussi de la grille et, avec un soupir résigné, appuya son dos contre le mur de l'ascenseur. Si sa mère avait été dans les parages, elle l'aurait vertement rabrouée : "Dieu t'a donné une colonne vertébrale, ma fille, c'est bien pour que tu t'en serves ! Le mur tiendra sans toi !", mais Svetlana Grigorievna Ianoukovitch n'était plus de ce monde. Ni de celui des vivants, ni de celui-ci. Elle était auprès de son mari, ses fils et ses petits enfants, dans un monde meilleur que celui qu'ils avaient tous quitté en même temps, et certainement pas pire que celui dans lequel Natascha évoluait à présent.

Le silence qui s'était installé était gênant, surtout pour deux personnes qui, sans s'apprécier, se connaissaient. Natascha fixait ses mains sans ciller, heureuse que Nayah n'ait pas cherché à en savoir plus sur les raisons qui les avaient mises dans cet état. De fait, elle n'avait pas menti : si les coupures étaient impressionnantes, elles n'étaient pas douloureuses. La russe s'en étonnait encore lorsque son interlocutrice asiatique brisa le calme.

" - Je me souviens de la dernière fois que nous nous sommes vues sur le Carparthia. Après, nos routes ne se sont plus jamais croisées, Natascha.
- C'est vrai"
, sourit la slave. "Vous êtes restée en Amérique ? En ce qui me concerne, je n'y ai pas passé plus d'un mois."

Et ni l'une ni l'autre n'avait fait de grands efforts pour se revoir. La question de Nayah fit monter le rouge aux joues de Natascha, qui eut un raclement de gorge gêné, mais reprit vite ses esprits et son contrôle d'elle-même.

" - Que vous est-il arrivé après le naufrage ?
- Oh, et bien... Rien de bien exceptionnel. Je suis allée quelques mois en Angleterre, puis je suis rentrée en Russie, et je n'en suis plus repartie. Je... J'ai... Ma famille... Oui, ma famille avait besoin de moi, alors je m'en suis beaucoup occupée."


Nouveau rougissement. Décidément, elle avait non seulement perdu son exubérance, mais aussi ses talents de menteuse. Ou étaient-ils passés ? Inspirant profondément, elle parvint à envoyer un sourire à Nayah. Après tout, elle n'avait rien dit qui laisse entendre quoi que ce soit.

"Et vous, Nayah ? Qu'êtes vous devenue ?"

C'était une pirouette, certes, mais aussi une vraie question : la russe était curieuse. L'indonésienne avait sans doute eut une plus longue vie qu'elle, ce n'était pas bien difficile, puisqu'elle était morte à vingt-cinq ans. Que lui était-il arrivé, tout ce temps ? S'était elle remariée, avait-elle eu des enfants ? Avait-elle eu la vie que Natascha pensait avoir ? C'était fort possible. Et en dépit de tout ce qui s'était passé entre elle et Nayah, elle le lui souhaitait.


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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptyVen 17 Jan - 13:38

C'était une matinée bien étrange qui changeait de mon quotidien. En effet, tomber sur une "ennemie" d'enfance était tout à fait quelque chose de curieux et je ne m'y attendais pas. À vrai dire, ma mémoire ne s'était pas rappelée que j'avais vu Natascha à bord, même que nous avions partagé un diner mondain en compagnie de nos mari et fiancé respectifs. La froideur de l'entretien nous avait rappelé ce pourquoi nous nous étions jamais appréciées. Heureusement que nos conjoints avaient pu apporter un peu de chaleur dans ce repas en évoquait divers sujets de conversation. Ils n'avaient même pas remarqué qu'un froid glacial venait de s'installer entre la jeune russe et moi même. Pourtant, nous étions dans cet ascenseur et nous noua posions des questions comme des amies ne s'étant pas vu depuis un bon moment. A vrai dire, j'étais curieuse d'en savoir un peu plus sur elle, quelque chose avait définitivement changé dans son regard, dans ses gestes. Elle rougissait! C'était encore quelque chose de nouveau: elle ne ressemblait plus en rien à cette fille autoritaire et capricieuse que j'avais connu autrefois. Seule le prénom et le visage me rappelait qu'il s'agissait bien de Natascha. La regardant à nouveau, je l'écoutais me parler de l'après Titanic. A l'inverse de mon cas, elle n'était pas restée longtemps en Amérique. N'y tenant plus, j'étais sans doute trop curieuse d'en savoir plus, je lui avais donc demandé ce qu'elle était devenue par la suite.

L'écoutant attentivement, je remarquais quelque chose de curieux: elle me mentait ou du moins, elle n'était pas totalement honnête. Enfin, au début, lorsqu'elle m'indiqua être rentrée chez elle, je la vis rougir mais elle semblait dire la vérité. Par contre, la suite me laissait entendre qu'elle ne me disait toute la vérité. Son regard était fuyant, lointain et elle semblait vraiment mal à l'aise. En l'instant même, dans cet ascenseur, nos postures et nos manières de parler s'étaient inversées: c'était comme si Natascha était devenue Nayah et Nayah était devenue Natascha quelques années plus tard. C'était fort étrange. Mais je n'eus l'occasion de pouvoir la questionner davantage car elle me demanda, à son tour, ce que j'étais  devenue.

Raclant ma gorge, je me sentis soudain gênée de devoir raconter ma vie. Surtout qu'elle n'avait pas été dans la lignée de la société. J'étais ressortie du Titanic veuve et enceinte de mon premier enfant. Pourtant, après mon retour en Indonésie, je fis la rencontre de Camille, mon compagnon qui m'accompagna jusqu'à la fin de mes jours. Je me souviens encore du scandale que cela avait généré. La fille de Monsieur et Madame Ljesburg vivait avec un homme et ne s'était pas marié. Mais qu'importait? Camille et moi nous étions amoureux et cela suffisait à être heureux sans se soucier des préjugés. Mon défunt amour me l'avait appris ainsi. Faisant alors un sourire à Natascha je lui répondis :

" Et bien..  Quand le naufrage a eu lieu, je me suis retrouvée en Amérique veuve et enceinte de Jules. J'avais également récupéré la fille de mon amie Blanche Clive qui était morte sur le bateau avec son mari.  Et puis après la naissance de ma fille, je suis repartie en Indonésie rejoindre ma famille. J'ai vécu jusqu'à l'âge de cent cinq ans! Autant dire que c'est du vécu! " disais je en me mettant soudain à rire. J'avais omis de lui parler de Camille et c'était volontaire. Je ne voulais qu'elle soit choquée de cette relation: sa famille avait toujours été si attachée aux  règles mondaines et aux bonnes mœurs. Enfin, du moins, c'est le souvenir que j'en avais tiré d'eux. Ils avaient certainement du être secoués par les événements survenus en Russie avec les Bolcheviks. J'en avais entendu vaguement parlé mais je n'avais pas prêté attention. À l'époque, j'étais tellement accaparée par l'entreprise de Jules que je n'avais plus vraiment fait attention aux nouvelles du monde extérieur.

Je fis alors un sourire innocent à Natascha et ajoutais : " Je me souviens que votre pays avait été secoué par des événements sanglants. J'espère que vous en avez pas trop souffert... " disais-je avec sincérité.
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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptySam 18 Jan - 23:43






Nayah & Natascha
Il faut comprendre pour juger.

Nayah Gallagher lui faisait face, droite comme un i, ses yeux clairs dans ceux de Natascha, qui ne put s'empêcher de dresser un parallèle entre la jeune fille qu'elle avait connu de son vivant et celle qui lui faisait face : elle n'était pas la seule à avoir changé, c'était aussi le cas de l'Indonésienne, naguère si timide et effacée. A croire que les rôles s'étaient inversés ; comme si toute l'assurance de l'aristocrate russe s'avait désertée pour gagner le coeur de Nayah, qu'elle avait tant méprisée par le passé. Lequel passé était désormais pour la slave un long rêve, un mirage même, quelque chose qui n'avait jamais existé que dans sa tête. Lorsqu'elle pensait à sa vie, c'était des images de sang et de mort, des images de désastres, de villes brûlées, d'anarchie qui lui revenaient en mémoire. Rien d'autre. Et les bals, les fêtes, les diamants ? Du vent, de la fumée, des souvenirs qui n'en étaient pas, des rêves trop lointains.

Il lui apparut comme évident que son interlocutrice avait vécu, elle, une vraie vie. Quoi d'autre aurait pu lui donner une telle assurance ? Elle n'avait pas eu la même fin que Natascha, n'avait pas été mise à l'épreuve de la guerre civile, car on ne s'affirme pas pendant une guerre. Ce qui ne nous tue pas ne nous rends pas plus fort, Natascha en était un exemple en chair et en os. Sa camarade d'enfance, cette fillette d'Asie si timorée était une vraie femme, forte, droite, semblable peut-être à ce que Natascha avit été, le côté peste en moins. Jamais la russe n'aurait cru qu'elle penserait cela, mais force était de le reconnaître : Nayah Gallagher avait eu une plus belle vie que la sienne, elle-même en était heureuse... Et l'enviait, quelque part.

" - Et vous, Nayah ? Qu'êtes vous devenue ?
- Et bien.. Quand le naufrage a eu lieu, je me suis retrouvée en Amérique veuve et enceinte de Jules. J'avais également récupéré la fille de mon amie Blanche Clive qui était morte sur le bateau avec son mari. Et puis après la naissance de ma fille, je suis repartie en Indonésie rejoindre ma famille. J'ai vécu jusqu'à l'âge de cent cinq ans ! Autant dire que c'est du vécu !"


Au fil des paroles de Nayah, Natascha sentait ses yeux s'écarquiller, presque contre sa volonté.

"Cent cinq ans ! C'est incroyable... C'est merveilleux, même ! Diantre, je ne croyais même pas ça possible. Vous avez dû voir des choses époustouflantes, j'imagine... Des choses que nul passager du Titanic ne peut imaginer !"

Des choses qu'elle même ne pouvait imaginer, elle qui était morte à vingt-cinq ans en pleine guerre civile. Souvent, la jeune femme s'interrogeait : qu'était il advenu de la Russie, après la guerre ? L'armée blanche avait-elle pu annihiler la révolte rouge, les bolcheviks avaient-ils été détruits ? Le Tsar et sa famille avaient-ils été sauvés de leur prison d'Ekaterinbourg ? Ou les communistes avaient-ils pris le pouvoir ? Elle brûlait d'envie de poser la question à Nayah, mais ce retint : d'une, elle risquait de se dévoiler, de deux, étant donné la mésentente qui l'avait toujours liée à son interlocutrice, elle préférait s'abstenir. Et il fallait dire également qu'elle n'était pas sûre que la réponse fournie lui plaise énormément.

Cependant, et contre toute attente, le sujet des bolcheviks finit par être mis sur le tapis... Non pas par Natascha, mais par Nayah elle-même.

"Je me souviens que votre pays avait été secoué par des événements sanglants. J'espère que vous n'en avez pas trop souffert..."

Natascha déglutit. Comment lui dire ? Comment trouver les mots pour décrire ce qui s'était passé ? Le pouvait-elle seulement ? C'étaient des images qu'elle avait, des centaines de milliers d'images marquées de l'aigle à deux têtes des Romanov et du marteau communiste, bariolées de ce rouge des nouvelles armées révolutionnaires, de ce rouge qui ensanglantait les pleines blanchies par la neige. Elle n'avait pas de mots, car il n'y en avait pas. Il n'y avait rien d'autre que le sang, la sueur et les larmes. Et à présent, rien d'autre que les cicatrices sur son dos, marques des impacts des baïonnettes, et la blessure, bien plus dangereuse, de son coeur. Mais cela, Natascha n'était pas apte à l'expliquer à quiconque, et encore moins à une personne qu'elle avait pris de haut toute sa vie.

C'est pourquoi elle conserva un visage neutre et un sourire poli, avant de déclarer :

"C'est exact, nous avons fait face à une guerre civile... Notre Tsar a été renversé, j'imagine que vous le savez aussi. Quant à nous, et bien... Nous avons fait face à tout, avec toute la dignité possible."

Face à tout, et même à la mort. Mais cela, la duchesse slave se garderait bien de le dire.


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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptyJeu 23 Jan - 14:18

Notre conversation était douce et empreinte de sympathie l'une pour l'autre. A croire que le passé n'avait jamais existé, à croire que nous ne nous étions jamais détestées. A croire que tout redémarrait ce jour ci dans cet ascenseur en compagnie d'une ancienne compagne de jeu dont je n'avais pu apprécier plus jeune. Je devais reconnaître qu'elle avait réellement changé, son ton était plus doux, il n'y avait plus cette expression hautaine qui l'avait longtemps caractérisé. Je me souviens encore de ces journées dans le froid polaire de la Russie ou dans la chaleur humide de l'Indonésie, combien de fois les murs avaient tremblé quand la petite princesse avait exigé quelque chose sur le champ. Je me souviens encore de ma bonne, Indila, qui tremblait de peur quand Natascha enfant lui parlait sur ce ton dédaigneux qui avait fait d'elle une enfant terrible à redouter. Je devais avouer que face à la jeune femme qu'elle était devenue, je ne retrouvais plus trace de son ancien caractère comme si elle était devenue une autre personne, avait-elle été marqué par la guerre dans son pays? Je n'en savais rien, j'ignorais même l'âge de sa mort! Si elle avait été mon amie, il était certain que je me serais inquiétée pour sa situation mais elle n'avait gagné à l'époque que mon indifférence. Mais aujourd'hui, tout avait changé. Je crois que cela m'intéressait de savoir ce qu'elle était advenue, sa douceur et son sourire m'invitait à en savoir plus à son sujet.
Ses questions me laissaient sans doute penser la même chose pour elle. Et je ne pus m'empêcher de lui sourire quand elle fut surprise de l'âge à laquelle je mourus. Chaque personne à qui j'avais pu raconter cela, avait écarquillé les yeux. Et Natascha n'y avait pas échappé.

Puis notre conversation avait changé de sujet et j'avais abordé la guerre civile survenu dans son pays. Je ne savais même pas si elle avait souffert ou non, je ne savais rien. Peut être que mon Père aurait pu m'en dire plus: il était ami avec le sien. Mais il n'était pas sur le Titanic et seule Natascha pouvait en aborder le sujet. Pourtant au visage souriant qu'elle m'envoya, la guerre ne semblait pas l'avoir affecté ou blessé, ni elle ni sa famille. Ses paroles restaient mystérieuses tout de même, j'avais l'impression qu'il manquait une partie de l'histoire mais peut être me faisais je des idées? Un malaise apparut sur mon visage: je n'aurais pas du poser cette question. C'était inconvenant et mal placé. Elle avait peut être perdu des proches, je n'en savais rien et je remuais sans doute le couteau dans la plaie. Je me souvins qu'elle montrait rarement ses véritables émotions surtout quand elle était dans un moment de faiblesse. Aussi je l'avais rarement vu triste ou pleuré, du moins était ce l'impression qu'elle m'avait donné. Je me mis soudain à rougir et ajouta précipitamment:

" Je n'aurais pas du vous poser cette question au sujet de la guerre en Russie. " disais-je sur un ton confus. " Excusez-moi d'avoir évoqué le sujet.. " Et je baissais les yeux.

Je n'osais plus dire quoi que ce soit et pourtant, il fallait que je rattrape ma bourde. Alors relevant les yeux, je la regardais: "
enfin changeons de sujet, vous savez quoi? "
et ajoutais avec un sourire complice : " J'ai vu tellement de choses après le Titanic et pourtant, s'il y a bien quelque chose qui m'avait le plus marqué. " Mon sourire s'élargit encore plus tandis que je complétais ma phrase : " C'est d'avoir vu l'homme marcher sur la Lune un jour. "
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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptyLun 27 Jan - 21:27






Nayah & Natascha
Il faut comprendre pour juger.

Qui a manqué les adieux ne peut attendre grand chose des retrouvailles, dit le dicton populaire. En ce qui concernait Nayah Gallagher et Natascha Ianoukovitch, ce n'étaient pas les adieux qu'elles avaient manqué, mais l'essentiel du temps passé ensemble... Et ensemble était un bien grand mot, car nul ne pouvait dire qu'elles étaient ensemble. Elles se cotoyaient poliment, voilà tout. Ni moins, et surtout rien de plus. Le temps et la distance, après le naufrage, avait achevé d'éloigner l'une de l'autre deux âmes qui n'attendaient, au fond que cela. Qui aurait cru que le Titanic signerait leurs retrouvailles ?

Étranges, mystérieuses, inattendues retrouvailles, par ailleurs. Comment expliquer l'inexplicable, comment raconter quoi que ce soit à quelqu'un en qui nous n'avions jamais nourri la moindre affection de son vivant ? Impossible, et pourtant...

Pourtant, Natascha en avait envie. Peut-être était-ce cela, la plus étrange de toutes les étrangetés, elle avait une envie douce mais bien présente de s'excuser, de réparer ses torts, de corriger des erreurs accumulées pendant dix-huit longues années. Une envie prenante de repartir de zéro, de tout recommencer, de faire la paix avec Nayah et, pourquoi pas, d'aboutir à une amitié neuve, sans taches, pure ? C'est en tout cas dans cet état d'esprit nouveau pour elle qu'elle eut un sourire poli face à la gêne de Nayah :

" - Je n'aurais pas dû vous poser cette question au sujet de la guerre en Russie. Excusez-moi d'avoir évoqué le sujet...
- Ce n'est pas grave, je comprends tout à fait. En cent-quatre ans de vie,"
s'amusa Natascha, "je ne suis pas étonnée que vous ayez eu vent, de près ou de loin, des évènements russes. Une révolte populaire qui aboutit à une guerre civile, qui réclame le renversement de la monarchie, cela ne doit pas arriver tous les jours."

Elle se mordit la lèvre inférieure, un mauvais tic qu'elle avait pris de sa mère, mais qui n'était apparu que pendant sa dernière année de vie. Il fallait bien dire qu'avant, elle n'avait pas trop de raisons d'être soucieuse de quoi que ce soit ! Le souci ? Elle ignorait même ce que s'était ! Lorsqu'elle avait évoqué la situation de la Russie, sa terre natale, Natascha avait fait de son mieux pour rester évasive : le choc de cette rencontre passé, elle reprenait le dessus. En aucun cas elle ne voulait montrer à Nayah qu'elle ignorait complètement ce qui s'était passé dans le monde après 1918, en aucun cas elle ne voulait lui faire comprendre qu'elle était morte fusillée à vingt-six ans. Certes, elle-même avait reconnu être morte jeune. C'était suffisant. Si Nayah avait moitié autant de délicatesse qu'elle en avait autrefois, elle ne chercherait pas à creuser plus avant.

Là était la vraie raison, le vrai mur qui bloquait toute éventualité d'une potentielle relation amicale entre la russe et l'asiatique : le passé. On n'y échappe pas. Dix-huit ans d'antagonisme mutuel ne peuvent être réglés en quelques minutes, pas plus que Natascha pouvait régler les dernières heures de sa vie. On ne peut pas guérir le passé, quel qu'il soit.

Natascha eut cependant un élan de sympathie pour son interlocutrice lorsqu'elle préféra changer de sujet, avant de répondre, non sans une certaine timidité, à son sourire complice.

"J'ai vu tellement de choses après le Titanic et pourtant, s'il y a bien quelque chose qui m'avait le plus marqué, c'est d'avoir vu l'homme marcher sur la Lune un jour."

Natascha ne put retenir des yeux ronds comme des assiettes.

"Comment est-ce possible ? Un homme a marché sur la lune ?"

Elle était incrédule, éberluée même, mais pas un instant elle ne douta de la véracité des propos. Imaginant la scène, un sourire naquit sur son visage, par un sourire timide et calme auquel elle était habituée depuis le début de cet entretien, mais un vrai sourire, un large sourire, éclatant et faisant apparaître ses fossettes. Un sourire comme elle n'en avait pas eu depuis bien longtemps.

"Oh mon Dieu, mais c'est incroyable ! Comme j'envie celui qui y est arrivé, c'est... Incroyable ! Il n'y a pas d'autre mot. Ce devait être vraiment magnifique ! Mon Dieu, j'aurais donné cher pour voir ça !"


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MessageSujet: Re: Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha]   Il faut comprendre pour juger [Nayah & Natascha] EmptySam 1 Fév - 9:28

C'était une étrange rencontre, à une heure improbable de la matinée. Tout le monde devait dormir et moi, je me trouvais ici avec Natascha, une "amie" d'enfance que je n'avais jamais apprécié étant petite. Désormais, nous parlions de tout et de rien comme si nous nous étions jamais détestées enfin, ce n'était pas vraiment le mot. Je dirais plutôt ignorées. Et pourtant, nos dialogues étaient doux, j'aurais presque pu dire amicaux. Mais je restais trop sur ma réserve. Après tout, pourquoi une vieille rancœur existante depuis mon enfance aurait pu disparaître du jour au lendemain? D'un autre côté, nous étions sur le Titanic et plus rien ne m'étonnait désormais. Les gens changeaient et moi même avaient observé un changement dans ma personnalité. Pour ceux qui m'avaient connu après le naufrage, ils pourraient dire que ma longue vie avait affirmé mon caractère. Après tout, j'étais devenu mère, j'avais repris la gestion de l'entreprise de Jules et surtout j'avais affronté les conventions sociales en fréquentant Camille sans jamais me marier et en ayant même des enfants hors mariage.
Et puis, il y avait ceux comme mon mari dont le dernier souvenir datait de 1912, alors forcément ils ne comprenaient pas ou avait bien pu partir cette jeune adolescente timide et effacée dont le destin avait été d'épouser un homme qu'elle n'aimait pas. Dans le cas de Natascha, je dirais que c'était le fait d'avoir vécu notre vie après le naufrage. De la fille autoritaire, je retrouvais une personne douce dont le sourire sincère m'avait réchauffé le cœur. Ma carapace de glace était faible et il suffisait parfois de peu pour libérer cet aspect ouvert à l'empathie que je me connaissais. Pourtant, il m'avait semblé avoir touché un point sensible en parlant de son pays. Je me souvenais encore de ces événements sanglants survenu. Toutefois, la russe n'en tint compte et me répondit à mes excuses. Sa phrase me fit pousser un soupir et j'ajoutais alors :

" Je vous comprends. Le pire dans tout cela, c'est d'avoir balayé la Monarchie pour créer une dictature... " avais je dis en toute innocence sans me douter qu'elle pourrait avoir un impact sur mon interlocutrice.

J'avais préfère rebondir sur ma vie passée après le bateau. Je ne savais à quel âge elle était morte? C'est pourquoi, je ne pus m'empêcher de lui parler de cet événement, celui ou l'homme avait marché sur la lune. Je m'en souvins encore parce qu'à l'époque, je l'avais regardé sur la télévision. Et la réaction de Natascha ne se fit pas attendre. Sa mine stupéfaite déclencha mes rires et je ne pus que lui confirmer :

" Si, si je vous assure! "

Mes paroles eurent un effet sur la jeune femme qui afficha soudain un sourire sincère. Elle n'avait pas changé, toujours le même que celui qu'elle avait enfant et elle avait même ses fossettes que je lui avais toujours envié. Cela me rappela qu'à l'époque, j'étais une gamine avec tout ce qu'elle désirait au monde et ne manquant de rien et pourtant, mon rêve le plus cher, était d'avoir les mêmes fossettes que Natascha. Cette dernière n'en revenait pas, elle ajouta qu'elle aurait aimé pouvoir voir cela.  Et je ne pouvais que la comprendre.

" Je vous comprends. Beaucoup de gens ici m'ont dit la même chose. Et pourtant, cette boule lumineuse que l'on voit chaque nuit, et bien, un homme, un jour, y a posé son pied. Je me souviens encore, nous avons pu y assister en direct. Avec mes enfant, nous étions rivés sur notre télévision et nous l'avons vu. L'astronaute avait sa grosse combinaison toute blanche et puis, il marchait vraiment très lentement parce qu'il était comme en apesanteur. Il marchait comme ça ! " et pour acter mes paroles, je levais les bras à mi hauteur de mon torse et me mis à lever la jambe lentement en bougeant légèrement. Je crois que si un steward arrivait à ce moment là, je me prendrais une honte monumentale. Mais là tout ce qui importait c'est qu'actuellement, j'étais en train de rattraper le temps perdu avec Natascha, de rattraper ce que le temps et notre âme d'enfant nous avaient enlevés.
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