Adélaïde Ҩ Katherina

« Et si on jouait aux échecs ? Je suis la reine, tu es mon pion. »

Katherina venait d’entrer dans le jardin exotique : ce petit salon d’hiver où les plantes se font nombreuses, elle se sentait tellement sereine lorsqu’elle se trouvait dans celui-ci. Tous y étaient calmes. Tous y étaient agréables, et accueillant. Comment ne pas se plaire dans se jardin qui était l’endroit où se trouvait sans doute le plus de plante sur ce paquebot ? Katherina ne comprenait pas les personnes qui ne venaient jamais dans ce jardin, c’était tellement beau. Elle avait quelques fois l’impression de devenir une autre, plus calme, les pensées moins manipulatrices, du moins elle était comme cela lorsqu’elle se trouvait seule. Après si une autre personne venait s’ajouter aux décors, peut être le caractère de la première classe changerait-il, qui sait ? Tout le monde croyait que la Dashwood était une femme tendre, naïve, douce, faible, frêle, délicate…et tous ce qui vas avec. Et pourtant, ils avaient tous tord, elle était totalement l’inverse, se cachant derrière de la naïveté. Katherina était ce qu’on pouvait appeler une garce… Et oui, en fait, elle était manipulatrice, égoïste, méprisante, destructrice, et autoritaire. Depuis plusieurs minutes, la jeune femme était entrain de faire le tour du jardin sans s’arrêter, elle était perdue dans ses pensées. Elle fut brutalement ramenée à la réalité lorsqu’elle entendit la porte du jardin exotique s’ouvrir. Des faibles bruits de pas se firent ensuite entendre. D’après le bruit, cela devait être une femme. Katherina tourna son visage vers l’entrée, elle fut surprise d’y trouver l’un de ses pions : Adélaïde. Ah…Adélaïde, cette jeune femme de troisième classe âgée de 18 ans, qui croyait tous ce qui sortait de la bouche de Katherina. Elle était rapidement devenue un pion. Un pion sur l’échiquier de la première classe. Un pion qu’elle déplaçait à sa guise selon ses envies. Et s’il fallait sacrifier se pion pour accéder au roi, Katherina n’hésiterais pas. Merveilleuses pensées, n’est ce pas ? Merveilleuses façons de voir les choses, vous ne trouvez pas ? La Dashwood avait depuis qu’elle vivait auprès de sa tante Eleanore un caractère mauvais. Comment aurait-il pu en être autrement ? Après tout, entendre cette phrase « Dans un monde égoïste seule les égoïstes réussissent » en boucle durant la plus importante partie de sa vie, elle a bien sûr fini par entrer dans l’esprit de la jeune femme. Katherina s’approcha d’Adélaïde, en arborant un sourire en coin. Ah ! Elle avait enfin son plus fidèle pion entre ses doigts, que rêver de mieux ? Dire que la première classe s’ennuyait en venant ici, cette journée allait vrais la ravir de joie.

« Adélaïde –dit- elle en signe de bonjour, inclinant légèrement sa tête. Elle avait mis son masque de naïveté, mais en elle voici ce qui se disait : viens, viens chère Adélaïde. Retombe, retombe entre mes mains expertes. Je suis la reine, tu es mon pion, n’est ce pas ? Heureusement que la troisième classe n’entendait pas ces dires, elle aurait sans doute pris peur. – Comment vas-tu ? »

Comme si Katherina s’intéressait réellement à l’humeur des personnes, tant qu’ils la servaient aveuglement tous allait pour le mieux. Après, qu’ils aillent bien, ou mal, elle n’en avait que faire. Garce. Vipère. Voilà ce qu’était Katherina, et si tout le monde la voyait sous son véritable jour, ils penseraient la même chose.

Katherina Ҩ Adélaïde

« C'est peut-être cela le Purgatoire, une solitude éternelle. »

Depuis ce matin je me sentais fatiguée, la soirée avait été mouvementée, étant donné que bateau coulé ou pas les fêtes continuaient chez les troisièmes classes, avec autant d'ambiance. Néanmoins, quelque chose avait changé, de nouvelles têtes étaient apparues, des premières et secondes classes qui, curieux ou n'ayant plus rien à perdre avaient décidé de se joindre à nous et l'ambiance en était pas plus mauvaise, au contraire, les troisièmes classes dansaient avec des premières classes et personne n'y voyait d'inconvénient, je pense que cela permet aux classes supérieures de se changer les idées et il faut dire que nos fêtes étaient bien meilleures que les leurs, les musiciens n'étaient jamais fatigués et jouaient toute la soirée une musique entraînante qui ne donnait qu'une envie, rentrer sur la piste de danse.
Rien à voir avec les fêtes de premières classes, je n'avais jamais eu l'occasion de voir à quoi cela ressemble, mais il se disait que c'était la chose la plus ennuyante qui existait.
Certes, le monde de ces gens m'attirait, j'aurais aimé voir à quoi cela ressemble, mais je pense cependant que dans ce genre de circonstance il fallait mieux être troisièmes classes et goûter aux meilleures fêtes de la planète plutôt que d'être premières classes et penser sa soirée les pieds sous la table à boire des boissons hors de prix et manger du caviar ou autres nourritures à petite bouchée tout ça pour seulement se faire bien voir et montrer que nous sommes bien élevées et que nous méritons notre rang social.
Donc j'avais fait la fête la veille et maintenant mon cerveau était dans la brume complète, mais ça valait le coup, je m'étais bien amusée.
Il était pour moi impossible d'écrire dans ma cabine, car mes colocataires avaient organisé un petit jeu de cartes avec les voisins de chambre, cela arrivait souvent dans la semaine et j'en faisais partie, mais aujourd'hui je n'avais pas envie, malgré les : "Adélaïde, viens te joindre à nous, nous allons bien rire !" je préférai aller m'isoler dans un coin du bateau pour écrire tranquillement.

Il se trouvait quand ce moment je visitais les côtés premiers et seconds classe, je connaissais ma partie du bateau par coeur et je n'avais pas trouvé d'endroit adéquat à la tranquillité et à l'écriture, donc je changeais tous les jours, espérant que j'allais finir par trouver.
Sur mon chemin, comme à mon habitude les regards de reproche fusèrent, mais j'essayai d'y faire abstraction, après tout nous étions tous mort, donc tous égaux, ils étaient dans le même pétrin que nous, mais en juger leur tête les mondes rester différents. Aujourd'hui se rajoutèrent quelques commentaires comme : "Mais regardez ses chaussures ! Et ses cheveux mal coiffés ! Croyez-vous qu'elle fait sa toilette ? Nous ne nous approchons pas trop, nous risquons d'attraper une maladie..." Je préférais ignorer ce genre de remarque et continuer à marcher, de toute façon je n'avais pas assez de répartie ou de caractère pour leur répondre. De plus je savais que j'étais propre et que mes cheveux étaient bien coiffés. Je m'étais lavé le matin même et j'avais vérifié si je n'avais aucun noeud, donc leurs commentaires m'importaient peu. Je baissai la tête et continuai de marcher.

Un peu plus j'aperçus derrière une vitre des plantes, de très belles plantes, poussée par ma curiosité je poussai la porte se trouvant à côté et pénétrai dans la pièce. C'était juste splendide, il y avait des plantes de toutes sortes et de toutes les couleurs, malheureusement je n'avais aucune expérience et ne reconnu que les plus banals tels que les roses. Il y avait de la couleur partout, rouge, rose, bleu, violet, vert, jaune... C'était un artifice.
Je cherchai des yeux un banc pour pouvoir m'asseoir et profiter de cette beauté silencieuse pour me plonger dans mon monde, mais je fus coupée par une de mes connaissances, qui me nommer Katherina, je l'avais rencontré avant le naufrage et faisant partie de la première classe je pensais qu'elle avait pu se sauver, ce qui n'était apparemment pas le cas.

- "Comment vas-tu ?
- Plutôt bien et vous ? Je suis étonnée de vous voir là, je pensais que vous aviez pu vous sauver." Répondis-je.

Cela est vrai je vouvoyais Katherina, mais chez moi on m'avait appris à ne jamais tutoyer les personnes que l'ont ne connaissaient pas depuis longtemps et qui étaient plus âgée que nous. Certes, elle n'avait qu'un an de plus que moi, mais c'était une marque de respect enseigné par mon père et ma belle-mère que je suivais à la lettre.
Katherina était une personne que j'aimais beaucoup car elle était une des seules à être gentille malgré la différence de classe. J'attendis sa réponse tout en balayant la salle du regard.

Adélaïde Ҩ Katherina

« Et si on jouait aux échecs ? Je suis la reine, tu es mon pion. »

«Plutôt bien et vous ? Je suis étonnée de vous voir là, je pensais que vous aviez pu vous sauver. »

Et bien, comme Adélaïde pouvait le voir, Katherina n'avait guère pu se sauver, elle n'avait même pas eu le temps de quitter sa cabine... Elle dormait lorsque le naufrage avait eu lieu, la secousse l'avait dérangé certes, mais elle n'avait pas pensée que c'était important. Après tout le bateau était surnommé l'insubmersible et elle y avait cru...Jusqu'au moment, où ouvrant la porte de sa cabine, une rafale d'eau y était entré, elle était décédée en suffoquant... Oui, elle aurait pu être sauvée si sa tante était venue la prévenir... Oui, elle aurait pu être sauvée, mais elle ne l'était pas et s'en portait très bien ainsi. Katherina faisait partie de cette majorité qui se trouvait heureux mort à bord du Titanic. Après tout, comment ne pas aimer ? Eternellement jeune, sur le paquebot de rêve. Mais il existait tout de même une minorité qui pleurait les êtres perdu, qui eux étaient vivants. La première classe se demandait dans quelle catégorie se trouvait Adélaïde. Peut être le saura-t-elle un jour...Qui sait...

« Je vais fort bien, merci. Et bien, je n'ai guère eu le temps de me sauver, l'eau a été bien trop rapide. Je suis heureuse de vous revoir Adélaïde -Katherina avait choisi d'adopter aussi la forme de politesse, le 'tu' lui avais échappé.- »

La première classe détaillait Adélaïde en souriant, ce n'était guère d'une façon mauvaise que son regard était posé sur elle, mais plutôt bienveillant. Etrange...n'est-ce pas ? Alors que tout en Katherina est mauvais. Mais, après tout, elle était experte en double jeu, sa naïveté n'était qu'une façade. Et lorsque cette façade s'abaissera enfin, tous s'apercevront qu'elle n'est guère bienveillante, mais plutôt le contraire.

« Venez donc vous asseoir. »

Katherina se rapprochait de l'un des bancs le plus près d'elles, puis s'y installa avec douceur. Elle posa son regard sur Adélaïde attendant qu'elle s'installe en souriant délicatement. Au bout d'un certain temps, Katherina entrouvrit ses lèvres, laissant s'échapper ce flot de curiosité.

« Je sais fort bien que cela soit indiscret, mais, êtes-vous heureuse à bord du Titanic ? Ou...non ? »

Certes c'était la des paroles dignes d'une trop grande curiosité de la par de Katherina, mais celle-ci aimait bien poser la question. Surtout pour voir le nombre de personne comme elle. Et ceux qui gâchaient leur seconde vie en ruminant le passé.