Le souffle court fixait la jeune femme, interdit. Il avait cédé à cette envie le tenaillant depuis tant de temps. Il avait souvent rêvé de ce moment qu'il partagerait rien que tous les deux. Et puis, son songe avait été bien loin de ce qu'il s'était imaginé. Le baiser avait été fort, intense et passionné et empli de tant d'amour qu'il était même difficile de se demander comment tant de haine, de pleurs avaient pu s'immiscer dans leur couple. Une personne ne connaissant leur passé les aurait regardé ainsi n'aurait pu imaginer tant de problèmes dans leur histoire, rien ne laissait présager autant d'eau dans le gaz. Et puis, les paroles de la jeune femme avait littéralement envoûté Jack qui était redevenu l'homme fort qu'il était. La confiance lui était revenue. Il était fou de voir combien la blonde avait une emprise sur le blond. En une fraction de seconde, elle était capable de le faire s'écrouler et de le relever en si peu de temps. Elle était véritablement la femme le complétant. Il avait besoin d'elle et ce baiser tant désiré laissait ressurgir cette sensation de manque tant éprouvé durant cette année. Désormais qu'il avait goutté à nouveau à cette délicieuse sensation du passé, il savait qu'il ne pourrait plus jamais s'en passer. Elle agissait sur lui comme une drogue et tel un toxicomane, il avait besoin de sa dose habituelle.
C'est pourtant lui même qui avait mis fin au baiser. La gêne l'avait enveloppé au moment ou il ne s'y attendait guère. Pour une raison obscure qu'il ignorait, il était devenu confus d'avoir ainsi pris possession de ses lèvres désirées. Craignant un courroux dans la tornade blonde, il s'était excusé d'un air penaud, rouge de honte. Il s'attendait même à recevoir une gifle encore une fois. En 1912, embrasser une femme ainsi pouvait faire scandale. Et puis, tant d'eaux avaient coulé que Jack n'était plus certain de comment elle pouvait réagir. Après tout, ce maudit Peter était bien capable de lui avoir inculper des manières de bourgeois. Certes, elle avait été autrefois une Comtesse et elle devait certainement déjà les connaître mais ce bougre pouvait lui avoir très bien rafraîchi la mémoire.
Au lieu d'un énervement auquel Jack s'attendait, la jeune femme semblait plutôt surprise et gênée également. Ce baiser l'avait elle tant désiré que Jack? Le jeune homme l'ignorait et aurait bien aimé le savoir... Ou peut être pas... Et si elle ne l'avait pas apprécié? La gorgée soudain sèche, le jeune homme n'arrivait à émettre d'autres mots afin de rompre ce silence. Héloise balbutia un mot mais sembla dans le même cas que le blondinet. Et elle prit la fuite.
Naturellement, cela devait se passer ainsi et pour une fois, Jack en était soulagé. Il n'y avait pas eu de gifle, de courroux juste la même gêne que lui. Ainsi elle était sans doute dans la même situation que lui: elle avait apprécié cette étreinte passionnée mais le rêve s'était tellement enlisé dans leurs disputes qu'il n'était devenu qu'un songe irréalisable. Restant debout, Jack l'entendit déverrouiller la porte et quitter la cale des automobiles. Au moment ou la porte claqua pour se refermer, le jeune homme releva enfin la tête. Son expression était indéchiffrable.
Et petit à petit... Un sourire finit par s'étirer sur ses lèvres. Quand il eut atteint la lisière de ses oreilles, Jack se mît soudain à rire. Non, Jack Cooper, tu ne rêvais pas! Vous vous étiez embrassés, fougueusement, avec une passion dévorante. Oui, elle t'avait avoué qu'elle t'aimait et que Peter ne sera jamais dans son cœur comme tu t'étais ancré dans le sien.
Et le jeune homme riait tant il était heureux de ce qui venait de se produire. Jusqu'à ce qu'il s'arrête, interdit.
" Et comment je vais me comporter la prochaine fois que je la verrais? " songea t-il. Oui, bonne question. Et à l'instant même ou ce doute vint dans sa tête, il s'imagina croiser la jeune femme... Jack se mît à rougir, cette tâche allait lui paraître insurmontable, comment devait-il se comporter? Comme l'élu de son cœur, comme un ami? Perplexe, le jeune homme cherchait une manière de l'aborder mais toutes lui semblaient ridicules et impossibles. Jack se passa une main dans les cheveux embarrassé. Il fallait qu'il trouve une solution à cela, il ne pouvait s'arrêter en si bon chemin.
Lentement, le blondinet retourna dans la voiture ou une fois arrivé, il s'installa à l'endroit ou il avait été précédemment. Il ferma les yeux se remémorant la scène et sourit. Elle avait été si proche de lui. Bientôt, il arriverait à la reconquérir totalement et elle sera à nouveau sienne. Bientôt..
Il suffisait de quelques jours, Jack était loin de se douter qu'il se réveillerait dans les bras d'Heloise un soir d'été, dans le fumoir des premières classes...
F.I.N