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 Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]

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MessageSujet: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyLun 31 Déc - 14:55

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Maybe we can drink some tea ?

En ce début d'après-midi, je m'étais installée dans le café-véranda, lieu que je fréquentais quelques fois pour y prendre le thé. J'appréciais particulièrement la vue, le fait qu'il ne soit peuplé que de femmes et le thé qui y était servi. Venant de quitter l'Angleterre -pour moi c'était quasiment la veille-, j'avais plaisir à déguster cette boisson qui me rappelait à la fois tant de souvenirs et savait me plonger dans un état de calme, quand bien même je pouvais me trouver en proie au plus effroyable doute.
Les quelques temps que j'avais passés à Londres et ailleurs dans ce pays m'avaient fait adopter cette habitude typiquement anglaise et la sorte de nonchalance qui l'accompagnait. Mais je restais une pure Américaine qui ne rejetait pas les autres boissons pour autant et ne prenait pas exclusivement le thé en milieu d'après-midi mais à toute heure qui lui plaisait. Je trouvais aussi que c'était un bon prétexte pour s'asseoir à une table et converser entre amies.
Et j'attendais justement une amie, tout en laissant vagabonder mon regard à travers les vitres donnant sur l'horizon que la mer infinie baignait.

Lorsque je me trouvais à Londres, mon vieil oncle me laissait participer aux fêtes mondaines que lui, pourtant, dépréciait. Je m'y rendais le plus souvent seule et m'y ennuyais quelques peu quand je ne connaissais personne, c'est-à-dire la plupart du temps. D'autant plus qu'engager une conversation avec des inconnus m'était plutôt difficile et peu naturel. Aussi restais-je généralement dans un coin, à observer les invités et écouter d'une oreille distraite les conversations en essayant de faire bonne figure et donner l'impression de m'amuser. En réalité, je trouvais ces réceptions tout de même fort sympathiques et y avais finalement fait quelques connaissances. Mary-Ann Fleming était de celles-là.
Lors d'une de ces soirées, au milieu de la foule de convives, j'avais repéré cette belle femme qu'il me semblait avoir déjà vu autre part. Bien que ma mémoire ne fusse pas si bonne que cela, les bribes de discussions m'aiguillèrent. Il s'agissait d'une assez célèbre actrice, que je me rappelais avoir déjà croisée lors d'une précédente réception. De plus, je connaissais un peu son travail et admirais beaucoup sa prestance et son succès. La forte envie d'aller lui parler m'avait tiraillée, mais je ne l'avais pas abordé directement, attendant le moment opportun pour engager la conversation. Ce fut entre deux verres, alors qu'elle se retrouvait seule un instant, que je m'approchais en lui remémorant les fastes de la soirée passée où je l'avais entrevue. C'est ainsi que nous commençâmes à sympathiser et lier une petite amitié, toute emplie d'admiration de ma part, qui ne cessait de croitre à chacune de nos rencontres.
Elles ne furent en réalité pas si nombreuses que cela, les occasions de se revoir, mais le plaisir était toujours partagé. Puis vint le moment où je quittais le pays pour un autre sans garder le contact avec l'actrice. Aussi quelles ne furent pas ma surprise et ma joie de retrouver cette connaissance à bord du paquebot.
Bien vite nous renouèrent les anciens liens qui jamais vraiment ne s'étaient dénoués et nous  en apprîmes davantage l'une sur l'autre. Mary-Ann était pour moi une amie avec qui j'aimais prendre le thé et c'est elle que j'attendais patiemment dans le café-véranda du navire.
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Mary-Ann J. Fleming

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Mary-Ann J. Fleming

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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyVen 4 Jan - 18:12

L'heure du thé.


« Une douceur de vivre, qui n'existe plus dans mon coeur. »

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Café-Véranda ♦ avril 1913
Un bouquet de rose rouge dans les mains, un sourire grandissant, une beauté fatale. Sous les applaudissements des spectateurs, elle était au sommet de sa gloire, les critiques disaient que c’était son meilleur film, sa meilleure prestation. En effet, c’était la réalité, elle avait tout donné, sa force, ses peines, tout cela pour son bien aimé qui avait disparu quelques semaines plus tôt. Ce film s’était pour lui qu’elle l’avait achevé, pour qu’il soit fier d’elle. Des roses, des félicitations et des applaudissements, Mary-Ann était connue de beaucoup de monde, elle était une célébrité, rien ni personne ne pouvait nier son talent, à moins que cette personne ne l’ai jamais vu jouer la comédie. En ce jour d’avril 1913, l’actrice se préparait pour aller prendre un thé en compagnie d’une jeune femme qu’elle avait souvent croisé au cours de sa carrière, même si elles ne se parlaient pas beaucoup, ces rencontres avaient toujours été un vrai plaisir. Plaisir, que la mère de famille ne gâcherait pour rien au monde, les rencontres agréables à bord du Titanic était déjà bien rares. Avec l’aide de sa servante, elle s’était habillée d’une ravissante robe couleur crème, ses cheveux coiffés en chignon étaient fermés par un magnifique bijou représentant une rose, un cadeau offert par l’un de ses producteurs. Ses bijoux Mary-Ann les transportait toujours partout, ainsi, elle les avait ici, à ses côtés, à bord du Titanic. Ils étaient les reflets de sa gloire, chacun avait une histoire, parfois belle, à d’autres moments tragiques. Il y avait des diamants, des émeraudes, des saphirs, des perles de toutes sortes. Ils étaient majestueux, d’autres d’une simplicité élégante. L’actrice adorait ses bijoux si bien qu’elle avait fini par les collectionner, achetant certains, se faisant offrir d’autres. Lily-Rose, sa fille, qui n’avait beau être qu’une enfant adorait aussi les bijoux, si bien que Mary-Ann lui avait offert ses premiers diamants quand elle avait cinq ans. L’enfant prenait toujours plaisirs à contempler ces merveilles en compagnie de sa mère, espérant qu’un jour, elle pourra en posséder d’aussi beaux. En mère aimante, Mary-Ann ne brisait pas le souhait de sa petite fille, du fond de son cœur, elle espérait aussi que sa fille atteigne l’âge adulte, mais cela semblait être de plus en plus compromis. Les enfants avaient un an de plus, mais ils ne grandissaient plus, alors que Harisson aurait dû prendre plusieurs centimètres en plus au cours de cette année. Le temps s’était comme figé et plus rien ne serait pareil.
Mary-Ann quitta sa cabine pour aller rejoindre sa bonne amie Madeleine Neist, elle avait laissé ses enfants en compagnie de leur gouvernante et d’une jeune amie qui passait toujours son temps avec les jumeaux. L’actrice avait parfois l’impression que ses appartements étaient une garderie, mais cela la faisait rire, voir plusieurs enfants dans une même pièce, apporté de la lumière dans des jours si sombres. Elle se rendit alors jusqu’au café-véranda où elle trouva la jeune femme.

« Madeleine, ne suis-je pas trop en retard ? » Demanda l’actrice quelque peu inquiète de voir Madeleine déjà attablée. « Comment allez-vous chère amie ? » Ajouta-t-elle avant de s’installer face à son amie.
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyMer 16 Jan - 20:56

L'actrice, parée de ses plus beaux atours, s'approcha sans que je m'en aperçoive. Trop occupée à admirer la vue -bien redondante en réalité, la mer n'offrant que peu de variété dans son décors- et plongée dans mes pensées, ce n'est qu'à l'entente de sa voix que je me rendis compte de sa présence.
Je tournais la tête pour la saluer d'un chaleureux sourire tout en l'écoutant se confondre en excuses à mots-couverts. Je la détallais rapidement en admirant la belle tenue qu'elle avait une fois de plus choisie et m'arrêtais quelques instants sur les riches bijoux qu'elle arborait. Tout particulièrement la fleur de pierre qu'elle portait dans sa coiffure.
De mémoire, je ne l'avais jamais vu sans au moins une pierre précieuse sur elle, qui brillait d'un éclat que seule la jalousie des femmes moins bien loties pouvait faire rivaliser. Mais en réalité je n'avais pas tant que cela côtoyé Mary-Ann et peut-être certains jours délaissait-elle ses parures. Elles restaient tout de même un gage de sa réussite sociale et rappelaient, aux yeux de tous, quelle grande actrice elle était.

Elle venait de prendre place sur le siège face au mien, de l'autre côté de la petite table et me regardait comme si elle attendait la réponse à ses questions. Quelques peu perdue dans les pétales de pierre précieuse qui retenait plusieurs mèches, je n'avais écouté mon amie que d'une oreille distraite. Aussi mis-je quelques instants à me remémorer les deux questions qu'elle venait pourtant tout juste de me poser.

''Oh non, non, vous n'êtes pas en retard le moins du monde ma chère !, répondis-je finalement après un court moment maladroitement laissé en suspens. Voyez, je n'ai même pas encore pris les devants de passer commande !''

C'est d'un léger rire amusé que j'espérais avoir correctement répondu à la première de ces questions de pure politesse amicale. J'avais eu tout le loisir de consulter la carte des mets en attendant la venue de mon amie, bien que je savais d'avance ce que je comptais prendre, mais cela ne m'avait occupé que bien peu de temps en réalité. Et rapidement je m'étais tournée vers la baie pour regarder ailleurs sans songer au temps qui s'écoulait.

''Je vais très bien, merci de vous en soucier
, continuais-je en souriant. Je suis heureuse que nous nous retrouvions de nouveau ! Et vous-même, comment allez-vous ? Je vois que vous ne vous portez pas plus mal que la dernière fois.''

Je ne me souvenais plus à quand remontait la-dite dernière fois, mais je doutais que cela fusse il y a bien longtemps. Toutefois, je me rappelais avoir ouïe dire que Mary-Ann avait d'adorables enfants et m'étonnais presque de ne pas les voir à ses côtés, bien que je ne les eussent jamais rencontrés. J'hésitais tout de même à poser la question, de peur de ranimer les trop présents souvenirs du naufrage, surtout si celui-ci était une pensée douloureuse pour la mère. J'envisageais tout de même d'attendre le moment propice pour poser la question, d'une manière aimablement amenée, tant ma curiosité naturelle était grande.
Mais le moment n'était pas encore venu d'assouvir cette question : le serveur, que j'avais prévenu de ne venir qu'après l'arrivée de mon amie, avançait en slalomant parmi les tables jusqu'à nous.
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Mary-Ann J. Fleming

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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptySam 26 Jan - 1:13

L'heure du thé.


« Une douceur de vivre, qui n'existe plus dans mon coeur. »

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Café-Véranda ♦ avril 1913
« Tant mieux, je craignais de vous avoir fait très attendre, les enfants prenaient eux aussi leur goûté, je faisais attention à ce qu’ils ne mangent pas trop de sucreries. » Disait-elle tout en souriant et en s’installant auprès de son amie Madeleine.

Mary-Ann n’était pas une personne qui aimait l’heure du thé, pour elle ce moment avait toujours été un véritable calvaire, mais avec le temps, elle avait fini par le tolérer, seulement pour respecter les convenances de tous. L’heure du thé, c’était le moment auquel elle ne pouvait échapper et où elle devait supporter, la présence de sa mère qui était déjà constante. Toujours les mêmes rituels, les mêmes gestes, les mêmes conversations, après plusieurs années de ce traitement, l’actrice avait fini par craquer. S’énervant contre sa mère, elle avait lors d’une prise de thé, fait tout voler par terre, choquant ainsi sa génitrice. Lors de ce moment, elle était déjà assez mûre pour comprendre que si elle voulait une autre vie, il fallait se rebeller. Elle fut très patiente, mais au fil des jours, elle devint infecte avec sa mère, la dénigrant, fuyant constamment sa présence. L’oiseau commençait à voler de ses propres ailes et le maître n’allait plus pouvoir le garder longtemps en cage. Fuir, elle l’avait fait et plus tard, elle ne recommença pas ce qu’elle avait vécu avec ses enfants, non cela n’aurait pu le faire, elle les aimait trop, sans être encombrante et envahissante dans leurs vies. D’ailleurs, en ayant des enfants, elle avait vite remplacé, l’impitoyable heure du thé, par un goûter avec ses jumeaux, qui se déroulait toujours dans la bonne humeur et avec beaucoup de joie. Ces moments intimes de la famille étaient toujours beaux pour Mary-Ann qui essayait constamment d’effacer son passé de sa mémoire. D’ailleurs, en retournant en Angleterre, elle avait bien espéré, en enterrant sa mère, d’oublier tout cela, mais les souvenirs semblaient être une chose à laquelle on devait toujours faire face.

« Je me porte bien Madeleine, tout ici semble identique chaque jour, que même ma santé ne semble vouloir changer. Et vous-même ? » Retourna –t-elle la question pour Madeleine.

Même si Mary-Ann avait voulu fuir pendant longtemps les convenances, elle restait toujours une femme attachée aux traditions et aussi à son statut social. En devenant actrice, elle avait vite appris, qu’il fallait jouer de ses relations pour rester plus longtemps sous les feux des projecteurs. Les sourires, les repas et les nombreuses fêtes auxquels elle avait assisté, l’avait beaucoup aidé à devenir ce qu’elle était maintenant. Il faut le dire, le métier d’actrice était parfois plus contraignant qu’autre chose, mais cela à force était devenu un plaisir pour cette femme qui tenait tant à son métier. Pour être actrice, elle s’était battue de tout son cœur et avec force pour arriver au sommet et même si elle pouvait s’en réjouir aujourd’hui, elle regretterait toujours de ne plus pouvoir vivre cette vie exalte. Le Titanic offrait une vie bien différente, plus calme, parfois même trop calme et les évènements qui s’y déroulaient terrorisés Mary-Ann quant à l’avenir de ses chers enfants. Ce paquebot n’était pas selon elle un lieu sain pour eux. Elle sortit bien vite de ses sombres pensées pour se tourner vers Madeleine. Un serveur venait vers eux pour prendre commande, ce que fit l’actrice.

« Je prendrais un thé, avec un soupçon de lait et quelques macarons. D’ailleurs Madeleine, je vous les conseille vivement. Même s’ils n’ont pas l’excellent goût de ceux que l’on trouve à Paris, ils vont tout de même vous satisfaire. » Conseilla-t-elle à son amie, tout en agrémentant ses paroles d’un sourire.

Alors que son amie commandait elle aussi, ce qu’elle désirait. Mary-Ann se tourna vers les quelques personnes qui se trouvaient dans la pièce. Il y en avait de toutes les classes, ce qui apportait à cet endroit un air de café parisien, ou encore de pub anglais, qui amusait beaucoup l’actrice et lui rappelait avec plaisir la vie de bohême qu’elle avait vécu durant sa jeunesse. A bord, il y a au moins, cela de bond, la mixité des classes et le mélange de culture, qui rendait ce paquebot beaucoup plus vivant selon la mère de famille. Par contre, cela ne serait jamais suffisant pour apaiser son cœur de femme meurtrie.
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyMar 5 Fév - 11:43

''Tout vient à point à qui sait attendre.'' Et je n'eus pas longtemps à patienter avant que ma compagne de discussion ne me parle de sa progéniture. Moi qui envisageais de lui demander ce qu'il en était, mes questions trouvaient réponses avant même d'avoir été posées.
Ainsi donc, Mary-Ann vivait à bord avec ses enfants. Cela signifiait deux choses : lors du naufrage, ils n'avaient pas été séparés et l'actrice était de ce fait une mère aimante et attentionnée, restant auprès de ces petits dans les moments les plus critiques. Il m'étais tout de même triste de voir cette famille n'être plus que fantômes, mais au fond, ils restaient ensemble. Ma camarade semblait prendre soin d'eux, tout autant que de leur vivant d'ailleurs à en juger par ses propos sur l'excès de sucreries qu'elle surveillait de près.
Je souriais intérieurement de cette remarque, moi qui n'ai jamais connu le désagrément de me voir refuser des douceurs sucrés par mes géniteurs. Cela restait une bien maigre compensation de ne pas les avoir connus. Mais je m'amusais d'imaginer mon vieil Oncle m'interdire de manger, à mon âge, à son âge !, et lui qui ne savait résister à la moindre bouchée de crème.

« Je vais très bien, je vous remercie, souriais-je en chassant mes amusantes pensées. Il est vrai que les jours ici se ressemblent. Mais les distractions sont encore assez nombreuses. Bien que l'on finira par en faire le tour...  Vos enfants ne s'ennuient pas trop à bord ? Qu'il doit être difficile pour une famille de trouver occupations...»

Je souhaitais continuer quelques peu sur le sujet, intriguée par cette mère et ses petits. Me retrouvant quasiment seule sur le paquebot, je m'imaginais bien mal ce que devait être la vie d'une famille. Et comment mon amie avait-elle exposé l'incroyable situation à ses enfants ? Je n'osais songer à la difficulté que j'aurais eu à sa place. J'avais déjà bien du mal à me l'expliquer à moi-même, ce surnaturel état dans lequel nous nous trouvions... D'ailleurs, je préférais ne pas trop y penser et le thé qui s'annonçait me fit vite oublier mes constantes préoccupations.
Le serveur que j'avais précédemment ordonné rejoignit enfin notre table afin de noter nos commandes. Mary-Ann se décida la première, me recommandant du même coup de goûter aux macarons. C'était là une très bonne idée, d'autant que les viennoiseries que j'avais trop souvent dégustées ici me lassaient doucement. Un peu de nouveauté ne me ferait que du bien. Cependant, je restais ferme sur le thé pour lequel je m'étais dès le départ décidé.

« Pour moi ce sera un Earl Grey bien brûlant, demandais-je à mon tour à l'employé qui prenait inlassablement notes. Et je vais suivre votre conseil Mary-Ann et choisir également des macarons. »

Le serveur s'éloigna sous mes remerciements pour aller satisfaire notre requête, tandis que je me retournais vers mon amie. Je n'avais totalement détaché mes pensées de cette mère, actrice aussi, qui jouait ses rôles avec la perfection que je lui connaissais. Elle avait dû beaucoup voyager avec sa carrière et visiter de nombreux pays ; voir tant de merveilleuses choses et être acclamer par des foules entières. Une vie rêvée en somme, pour qui convoite la gloire. Ce n'était pas mon cas et pour cause : j'avais eu la chance moi aussi de parcourir le monde. Mon Oncle était un passionné, un globe-trotteur qui m'avait emmenée dans de nombreux endroits. Paris a-t-elle cité ? Oui, je connaissais aussi.

« Alors, vous avez visité Paris ? C'est une ville tellement surprenante ! Et je ne parle pas seulement du goût de ses pâtisseries, rigolais-je doucement. Vous avez dû voir tant de villes avec votre métier d'actrice que cela laisse facilement rêveur. Puis-je vous demander si c'est pour cela que vous vous rendez en Amérique ? Pour continuer à y faire vivre le cinéma ?»
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Mary-Ann J. Fleming

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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptySam 16 Fév - 0:20

L'heure du thé.


« Une douceur de vivre, qui n'existe plus dans mon coeur. »

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Café-Véranda ♦ avril 1913
« Harison et Lily-Rose vivent tout cela plutôt bien, pour eux le Titanic est un véritable terrain de jeu. A croire, que contrairement aux adultes, ils ne s’ennuient jamais. » Répondit Mary-Ann à Madeleine, un sourire aux lèvres.

Oui pour n’importe quel enfant, le Titanic était une sorte de fête foraine, avec chaque jour son lot de curiosité. Cela peut être une personne avec un passé extraordinaire, un explorateur avec de mythiques histoires. Des aventures où il y avait des trésors à la clé. Le labyrinthe du Titanic pouvait parfois être digne de celui du Minotaure, au centre, on trouvait toujours quelque chose. Le dernier évènement en date était la trouvaille par les enfants du mystérieux chenil. Bon nombre de personnes qui avaient survécu, ont été obligé de laisser leurs animaux à bord. Etrangement, il n’y avait pas de chat, mais que des chiens. D’après un machiniste, qui avait raconté à ses jumeaux une histoire très étrange à propos du seul chat qui avait peuplé le Titanic, ce dernier se serait enfui à Southampton. L’animal était une chatte qui avait mise au monde il y a peu ses petits. Lorsque le navire arriva en Angleterre, on aperçut alors la chatte quitter le navire par une corde, emmenant un à un ses petits. D’après les marins, un chat était un bon présage à bord d’un navire, d’ailleurs ils aideraient à éliminer les rats. Peut-être que le départ de cette chatte était dès le début un mauvais présage pour ce navire. En tout cas, Mary-Ann se moquait un peu des histoires de marins, mais ses enfants les adoraient et jamais elle ne leur enlèverait ce plaisir. De toute façon, elle n’arriverait probablement pas à les écouter, ils étaient bien trop heureux d’entendre tout cela, même quand cela les faisait peur. Après tout, Lily-Rose et Harison étaient des enfants intrépides, courageux, qui n’aimaient qu’une chose l’aventure. Il lui arrivait parfois de chercher pendant plusieurs heures ses enfants qui étaient partis à l’aventure, par chance, deux enfants se promenant seuls, cela alertait toujours des personnes conscientes qui lui ramenaient ses enfants. Plusieurs fois, elle avait pensé à renvoyer la gouvernante, tellement qu’elle était incompétente pour garder les jumeaux, mais cette femme, elle y tenait trop pour s’en séparer.
Lors de cet autre aventure, que la mère de famille vivait seule, elle se trouvait en compagnie de la jolie Madeleine Neist qui acceptait volontiers ses conseils en matière de macaron. Après tout, il était difficile de céder à une telle friandise, surtout quand on y avait goûté une fois. Le serveur leur apporta tout de suite la commande et Mary-Ann ne résista pas bien longtemps à la tentation d’un macaron de couleur pastel. C’était les meilleurs. Ce goût délicieux avait toujours tendance à lui rappeler la douce ambiance d’un petit café parisien. Oh Paris, qu’est-ce que cette ville pouvait lui manquer, tout comme New-York et sa constante vivacité. Madeleine lui posa alors plusieurs questions, comme par exemple si elle s’était rendue à Paris, mais aussi la raison de son départ en Amérique. La première classe sourit devant la curiosité de la jeune femme. De toute évidence, la curiosité sur une personne était un bon moyen de faire la conversation.

« Effectivement, je me suis rendue plusieurs fois à Paris, j’aime cette ville, ses monuments sa douceur de vivre. C’est probablement l’endroit qui va le plus me manquer ici. » Commença-t-elle d’une voix presque rêveuse. « En fait si je me rendais à New-York, c’était tout d’abord pour rentrer chez moi, je vis là-bas avec les enfants. Mais c’était aussi pour mon travail. A mon retour, j’avais un scénario qui m’attendait. Je me demande d’ailleurs à qui ils ont pu confier ce rôle, qui d’après le futur réalisateur était fait pour moi. » Elle termina ses mots sur un ton amer, presque en colère contre cette mort injuste qui l’avait arraché à son existence. «Et vous Madeleine ? Parlez-moi des endroits que vous avez visitez, avez-vous beaucoup voyagé ? Ou le Titanic était votre première fois sur un navire ? » Questionna l’actrice.
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyVen 22 Fév - 13:47

Le serveur ne tarda pas à apporter nos commandes tandis que mon amie me racontait, en quelques mots, à quel point ses enfants s'amusaient sur le Titanic. Il est vrai que pour une petite âme, qui n'a pas tout un lot de tracas quotidien à porter sur ses épaules, le paquebot devait regorger de mille endroits où se cacher, d'autant de lieu à explorer et d'autres permanentes aventures pour qui avait un peu d'imagination.
J'avais moi-même de l'imagination, ce qui m'était bien utile pour coucher sur le papier les histoires qui s'ébattaient dans mon esprit, mais c'était une vision d'adulte. De celle qui vous fait voir le monde tel qu'il est, parfois. Et si j'entrevoyais tout à fait ce que les enfants de Mary-Ann pouvaient ressentir à bord du navire pour l'avoir aussi expérimenté, je ne retirais pas la même satisfaction de ces jeux. Car oui, je parcourais aussi, de temps à autre, le labyrinthe des couloirs, jouais à cache-cache dans les différents lieux publics et courrais à en perdre haleine à travers les nombreux ponts. Rien d'enfantin cependant dans ces activités, du moins pas en ce qui me concernait. Pour ce qui était de mon vieil Oncle par contre... il avait su garder, malgré son âge, une vivacité d'esprit et un regard candide, qui le faisaient passer pour un excentrique aux yeux des plus terre-à-terre et pour un grand enfants auprès des autres. Malgré toute l'affection que je lui portais, moi il ne faisait que me fatiguer. Surtout lors des interminables parties de cache-cache qu'il m'imposait, au seul motif de s'être perdu dans sa quête de je ne savais quelle salle secrète du bateau. Et si les enfants de mon amie étaient aussi actifs, elle devait souvent être épuisée. Mais, au vu de son rang, sûrement avait-elle une gouvernante pour l'épauler. Une telle aide devait de toute manière lui être nécessaire avec son prenant travail d'actrice. Elle m'expliqua d'ailleurs, comme réponse à mes questions, que c'est dans le cadre de son métier qu'elle se rendait à New-York mais surtout pour retrouver son foyer.
A l'entendre, je me sentis un instant mal à l'aise. Non pas de l'évocation de cette famille qui rentrait chez elle après un long périple, famille que je n'avais pas, mais de l'emploi des temps passés. Mary-Ann ne parlait pas au présent et cela me faisait frissonner. J'oubliais bien trop souvent, et consciemment, que notre voyage à bord du Titanic ne prendrait jamais fin. J'enfouissais dans ma mémoire le tragique événement qui avait eu lieu et le passais sous silence, aussi présent fut-il dans l'esprit de tous. Malheureusement, il m'était impossible d'échapper à cette triste réalité.
« J'ai également voyagé à travers le monde, dans de nombreux lieux tous aussi fantastiques à découvrir les uns que les autres !, répondis-je pour ne pas me laisser envahir par mes tourments. Mon Oncle, que j'accompagne, est une sorte d'explorateur. En réalité je n'ai jamais très bien compris ce qu'il faisait, mais le loisir de découvrir de nouveaux pays laisse peu de temps pour s'en soucier. »
J'eus un petit rire aux souvenirs des contrés que j'avais visitées et de toutes ces choses aussi étranges et magnifiques qui m'étaient arrivées. C'était le passé...
« Je n'ai pas souvent pris le bateau..., continuais-je d'un ton plus grave. Mais le Titanic n'est pas ma première traversée. »
Le présent. Oui, je vivais encore dans l'idée que nous arriverions un jour en Amérique. Au fond, je savais très bien que la chose était impossible, mais j'agissais comme si mon cas ne comptait pas. Non, les autres étaient peut-être morts lors du naufrage, mais pas moi. J'étais bien vivante et manger des macarons en compagnie de Mary-Ann suffisait amplement comme preuve. Toutefois je ne pouvais non plus m'empêcher de songer au tragique destin des autres. Comme cette famille, dont la mère sirotait son thé en ma compagnie.
Alors mon regard se baissa sur ma propre tasse brûlante tandis que je pensais à ce qui leur était arrivé. Pourquoi ces enfants, issus de la première classe qui plus était, se trouvaient encore à bord du navire ? N'avaient-ils pas échappés au naufrage ? La peine quant à leur sort envahit mon cœur.
Je relevais la tête et fixais mon amie, tout en touillant distraitement le sucre depuis longtemps dilué dans le Earl Grey, hésitant à lui poser des questions qui paraissaient redoutables. Finalement et avant qu'elle ne s'aperçut de mon malaise, je me lançais à tâtons sur le chemin des interrogations indélicates.
« Mary-Ann, lui demandais-je avec sérieux, comment se fait-il que votre famille soit si réunie ? Je veux dire, au-delà même de former une famille, pourquoi vos enfants se trouvent-ils encore avec vous ? Sans chercher à être intrusive, loin de là. Et excusez ma curiosité et ma maladresse si ma question vous blesse. C'est seulement que... le fait m'étonne. »
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Mary-Ann J. Fleming

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PROFIL♌ Double Compte : Georgiana, Esther & Scarlett
♌ Prénom ou Pseudo : Mari-Jane
♌ Signaux de Détresse : 1196
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyLun 25 Fév - 18:50

L'heure du thé.


« Une douceur de vivre, qui n'existe plus dans mon coeur. »

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Café-Véranda ♦ avril 1913
Par-delà les océans, à travers les chemins les plus sinueux, sur les rails, Mary-Ann avait usé de nombreux moyens de transports tout au long de sa vie. Que cela soit pour ses voyages professionnels ou personnels. L’actrice avait découvert les pyramides de Gizeh dont les mythes et légendes avaient émerveillés toute la petite famille Fleming. Il y avait eu le Maroc et sa nourriture épicée, la France et ses petites douceurs. Les voyages tout comme son métier d’actrice avaient construits sa personnalité. Aujourd’hui, cette vie rêvée était tout ce qu’elle regrettait. Quel ennui c’était pour elle de devoir rester toujours au même endroit. Le Titanic était un huit clos infernal duquel elle rêverait de partir, même si c’était pour son dernier voyage. Ce paquebot ressemblait plus à une traversée du fleuve Styx, mais un voyage inlassable à moins qu’il ne fait en sorte de donner un peu plus de longueur avant d’atteindre à tout jamais l’Enfer. De toute évidence, la mère de famille savait qu’en raison de ses nombreux péchés, elle devait finir en Enfer, quelle mère pouvait condamner ainsi ses enfants et ne pas les sauver. Ses choix ont été déraisonné et injuste pour Lily-Rose et Harison, ces pauvres petits ne méritaient pas de vivre ainsi.
La première classe finie par boire une gorgée de son thé, avant de se plonger à nouveau dans un délicieux macaron. Dommage que la maison Ladurée n’ait point installé un point de vente sur le Titanic, leurs petites douceurs lui manquaient, elles avaient toujours été les meilleurs de Paris. Voir même du monde. Durant cette petite dégustation, Madeleine lui parla de ses voyages et du fait que son oncle était une sorte d’explorateur. Mary-Ann avait eu l’occasion d’être présenté à lui lors d’une réception, mais cela c’était arrêté là. En tout cas, l’homme lui avait paru très aimable. La jeune femme lui avoua aussi n’avoir pas pris souvent la bateau, mais que le Titanic n’était pas son premier voyage. Pour la mère de famille, le Titanic n’était pas au début un paquebot comme tous les autres. Il était beaucoup plus luxueux, très moderne et confortable et ce qui était inhabituel, c’était que même les troisièmes classes avaient droit à leur lot de confort. Oh oui, les constructeurs avaient bien imaginé ce paquebot, lui donnant une impression de puissance, mais aussi de luxe. Cependant, les hommes qui avaient financé ce projet n’auraient jamais pu imaginer, qu’il coule aussi vite. Quelle tragédie de perdre un aussi beau bâtiment dès son premier voyage et toutes ces vies qui avaient péris, ces hommes et ces femmes dans la fleur de l’âge, ces enfants dans leur insouciance, tout cela était trop horrible. Puis alors que Mary-Ann était en pleine réflexion, Madeleine posa l’interrogation que la mère n’aurait probablement jamais voulu entendre. Même si elle se confondait en excuse pour cela, elle lui demanda pourquoi ils avaient tous perdu la vie. La main de la brune se crispa sur sa tasse, si bien qu’elle faillit la renverser. Elle la posa délicatement sur la sous-tasse et planta un regard assez sombre dans celui de la jeune Madeleine. Pourquoi lui posait-elle donc cette question ? A quoi bon cela pouvait-il bien la regarder ? Mary-Ann aurait pu crier, hurler envers cela, comme elle l’avait maintes fois fait au théâtre, mais elle resta calme comme une lady se devait de l’être en public.

« Nous avons seulement fait preuve de malchance. Cela est tragique certes, mais possible. Même si les premières classes étaient prioritaires durant cette nuit tragique, nous sommes bien la preuve que la malchance peut aussi être là. » Disait-elle d’une voix froide. « Pourquoi me demandez-vous cela avez-vous entendu des rumeurs à propos de la mort de mes enfants ? Après tout cela doit intriguer beaucoup de monde de savoir que la célèbre actrice est morte en compagnie de ses jumeaux. » Continua-t-elle sur le même ton, tout en gardant son masque de froideur.

Puis tout naturellement, elle reprit sa tasse pour boire une nouvelle gorgée, tout en se posant de nombreuses questions sur la raison de cette interrogation de la part de Madeleine. Mary-Ann n’aimait pas cela, vraiment pas du tout, elle qui tenait à rester discrète à propos du naufrage, elle craignait que la vérité arrive un jour aux oreilles de tout le monde à bord.
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyJeu 7 Mar - 12:17

Il n'était aucunement dans mes intentions de blesser Mary-Ann. Cette femme, une amie, m'était bien trop sympathique et tout malaise qu'elle pouvait ressentir n'était du qu'à mon extrême indiscrétion.
A trop vouloir bien faire, on en oublie parfois les essentiels. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'une telle situation m'arrivait. Lors d'une soirée mondaine, dans laquelle de nombreuses personnalités et toute la haute société, ou presque, s'était trouvée réunie, il m'avait été donné de rencontrer un homme dont j'ai, hélas !, depuis oublié le nom. Mais peu importe, bien qu'il n'y a pas à douter que ce gentleman se souvienne de moi, lui. Ainsi donc, cet homme que je ne connaissais pas, était l'objet de nombreuses rumeurs et autres tergiversations plus ou moins extravagantes. J'en avait eu vent, bien entendu, comme la majorité des convives alors présents. Pourtant, si ce n'étaient là que des ragots infondés, j'y avais prêté attention. Un peu trop peut-être. Aussi, lorsque l'on me présenta à ce gentleman, après plusieurs minutes d'échanges emprunt d'amitié, j'amenais dans la conversation et presque par mégarde, l'un des faits non-avérés, comme s'il s'agissait là d'une vérité certaine. C'est que je ne savais démêler le vrai du faux dans tous les murmures parvenant à mes oreilles et, jeune et peu au fait de ce monsieur, j'avais simplement agi avec naturel et insouciance. Par chance, mon impétuosité ne m'apporta pas l'ombre d'un blâme et le gentleman s'amusa de ce qu'il se promit de raconter désormais comme une anecdote supplémentaire. De la leçon j'avais retenu de ne pas me fier au vent de la rumeur et de ne pas hâter mon discours sans prendre, au préalable, un temps de réflexion. Leçon bien rapidement oubliée : chasser le naturel et il revient au galop.

Comme j'avais pu le faire lors de cette mémorable soirée, je baissais les yeux tandis que mon visage se teintait de rouge. Le ton de Mary-Ann, ses yeux fixement ancrés dans ma direction et son air sévère me mettaient des plus mal à l'aise. Elle employait presque le ton de la réprimande ; s'en était une à mots-couverts.
Telle une jeune fille fautive qui connait sa bêtise, je ne savais où me mettre. Et j'aurais préféré disparaître dans l'océan glacial plutôt que d'affronter ce visage froid et trop accusateur à mon goût. Je ne payais pourtant que le prix de mon indiscrétion.
« Oui, la malchance... », soufflais-je sans pour autant murmurer, concentrée sur la cuillère en argent tournant dans la tasse de thé.
Les rumeurs à propos de l'actrice et des ses enfants, j'en avais entendu certaines. Il semblait d'ailleurs impossible d'y échapper dès lors que l'on faisait parti de la première classe. Ce n'était pourtant pas tant ce que l'on disait qui m'avait poussé à interroger Mary-Ann. Toute curieuse que j'étais, la présence des jumeaux de l'actrice à bord avait de quoi intriguer.
« Mais il ne faut pas prêter attention aux rumeurs plus que nécessaire, continuais-je en relevant timidement le visage d'où le rouge s'estompait. Même s'il est vrai que votre situation m'étonne. Je ne voulais en aucun cas vous heurter et je m'en veux du tort que je vous cause. Mais de savoir vos enfants encore à bord, vous qui faites partie des premières classes... il me semble naturel de penser que votre place n'est pas ici... Mais je ne doute pas que cela ne soit du qu'à un malheureux concours de circonstances, oui. »
Je connaissais suffisamment Mary-Ann pour savoir qu'elle était une bonne mère, aimante et attentionnée, qui n'aurait sans doute pas laisser ses petits périr ainsi. Du moins était-ce ce à quoi je songeais en attrapant discrètement un des macarons aux couleurs acidulées.
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyMar 12 Mar - 22:40

L'heure du thé.


« Une douceur de vivre, qui n'existe plus dans mon coeur. »

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Café-Véranda ♦ avril 1913
Depuis le naufrage, Mary-Ann était en proie à des sautes d’humeur, surtout quand on lui rappelait inlassablement sa mort et celles de ses enfants. A chaque fois, la mère de famille avait le sentiment qu’on la soupçonnait de quelque chose, puisque c’était vrai, pourquoi une mère et ses deux enfants avaient péri durant le naufrage, de surcroit quand elle était en première classe, alors qu’elle avait tous les moyens entre ses mains pour s’en sortir. Le remord était déjà assez fort en elle, si bien qu’elle ne supportait plus les questions, c’était sa faute si les jumeaux étaient morts, sa faute et rien que la sienne. Si seulement, elle n’avait pas faibli au dernier moment, elle aurait pu monter à bord d’un canot de sauvetage. Elle aurait pu ne pas faire attention aux pleurs de sa fille et ne pas retourner dans leur cabine, étant persuadé que tous allaient mourir. Au dernier moment avait-elle eu envie de rejoindre le père de ses enfants ? Celui avait qui elle s’était senti le mieux ? Celui qui lui manquait le plus dans un moment aussi terrible. S’il avait été là, il les aurait tous sauvé, elle et ses jumeaux. Mais elle avait été toute seule durant cette catastrophe. Seule pour affronter la peur, le stress… Et aujourd’hui, alors qu’ils étaient tous morts, elle était à nouveau seule pour regarder ses enfants vivre dans le néant. Plus jamais, elle ne les verrait grandir, ni avoir leurs premières amourettes, ou encore se marier. Elle qui s’imaginait vieille dans son salon à montrer ses filles à ses petits-enfants, maintenant cette vie rêvée était à jamais révolu. Peut-être ferait-elle mieux de disparaître à tout jamais ? Après tout que ferait-elle le jour où ses enfants lui en voudrait, ou quand ils lui tourneront le dos. Jamais elle ne pourrait supporter cela, mais là encore, elle ne pourrait pas recourir au suicide quand cela arriverait.
Maintenant, alors qu’elle prenait le thé avec Madeleine Neist, elle s’en voulait d’avoir était froide avec elle. Après tout, elle n’avait fait que poser des questions, mais malheureusement pour elle, c’était la question qu’il ne fallait pas. Dès que les mots sortirent de sa bouche, elle s’en était voulu de les avoir proférés.

« Pardonnez-moi Madeleine, je n’aurais pas dû me montrer si odieuse. » Disait-elle d’une voix sincère.

Elle marqua une pause et pris un nouveau macaron, qui était de couleur verte. Celui-ci, elle le mangea sans envie, repensant aux yeux émerveillés de ses enfants, quand ils se sont rendus pour la première fois à Paris et que tous les trois ils s’étaient installés sur une terrasse pour déguster de bons petits gâteaux. Aujourd’hui, ces moments étaient aussi révolus.

« En ce moment, je me pose beaucoup de questions quant à l’avenir de mes enfants ici. Si bien, que cela change mon humeur. C’est difficile d’élever seule des enfants, surtout quand ils sont deux. Leur père est mort avant leur naissance, un accident de voiture. Du coup, j’ai toujours décidé pour eux, je les ai élevé, sans l’aide de personne, mais en ce moment, j’ai l’impression de perdre pied… » Elle termina la main tremblante, d’une voix émue.

Parfois, il serait plus simple de posséder une baguette magique pour pouvoir tout changer, reconstruire un monde différente, éliminant les personnes à éliminer. On pourrait avoir tant de possibilité. Mais rien n’était possible dans un tel univers où personne n’était maître. Mary-Ann le savait, elle n’était plus maîtresse de son destin, ici elle n’avait plus sa liberté d’antan et cela jusqu’à ce que la mort vienne enfin la chercher pour la délivrer de toute cette douleur.
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyDim 17 Mar - 19:23

Tant de questions tournaient à l'intérieur des têtes, d'interrogations sans réponses que se posaient les fantômes, les défunts habitants du paquebot, à tout jamais abandonnés à leur triste sort. Certains avaient appris à vivre avec, d'autres s'y étaient finalement résolus, ne pouvant rien faire de plus. Une part restante continuait cependant à ressasser l'ensemble de ces choses, la tragique situation, la vie à bord répétitive et infinie. Je faisais partie de ces dernières personnes. Mary-Ann, elle, me semblait appartenir à celles qui avaient accepté les faits et poursuivaient leur simulacre de vie. Si elle avait des doutes, des questionnements, la jeune mère n'en laissait rien paraître. Du moins la plupart du temps. Après tout, elle était actrice, rappelons-le. Aussi dissimuler ses tourments et adopter une figure de circonstance ne devait pas lui être bien difficile. En cela elle me paraissait une femme forte, qui savait se contrôler. Tout le contraire de moi en somme ! dont le moindre tourment se lisait sur mon visage comme dans un livre ouvert.
Pourtant mes questions, aussi indiscrètes et malhabiles furent-elles, eurent l'air de troubler mon amie. Il n'y avait qu'à entendre le ton de sa voix, devenu plus dur, ou voir son expression se fermer. C'est cette-dernière, ce visage sévère qui m'avait fait baisser les yeux d'ailleurs. Mais voilà que ma camarade s'était reprise, telle la femme forte et fière que j'imaginais, et s'excusait de son changement de comportement.
« Ce n'est rien. Et veuillez aussi me pardonner, repris-je en échos alors que ma pair se resservait en macaron. Je suis parfois très indélicate... »
D'un sourire des plus sincère et amical, je repris également l'une des douceurs colorées accompagnant la tasse de thé devenue tiède, tout en écoutant avec attention les propos de mon amie. L'émotion se lisait dans sa voix tandis qu'elle parlait de ses enfants et des difficultés légitimes rencontrées pour les élever. Une brève allusion à son défunt mari me fit de nouveau plonger mon regard dans les nuances du liquide odorant de ma tasse. Je me trouvais si désolée pour l'actrice que je préférais de loin garder le silence plutôt que retourner le couteau dans la plaie en avançant ce qui se voudrait être un mot gentil mais risquait de devenir, au regard de ma maladresse, une remarque malvenue.

Un silence inconfortable s'installa doucement à notre table. Une pause sans paroles, de celles où, si les protagonistes ne se regardent pas en chiens de faïence en projetant pour la suite de s'entretuer, personne n'ose prononcer le moindre mot par gêne et malaise.
J'admirais beaucoup cette mère courage qui prenait soin seule -ou quasiment- de ses deux enfants, cette femme qui n'avait plus d'époux à ses côtés pour l'épauler. Son histoire m'émouvait autant que le timbre avec lequel elle la contait et son aveu à demi-mots redoublait ce sentiment. Toutefois je sentais bien le sujet être beaucoup trop sensible pour en discuter librement. Alors que dire ? Quels mots employer pour doucement la réconforter, lui montrer toute la force dont elle faisait preuve et à quel point elle était une bonne mère ? Le tout sans faire encore preuve d'indélicatesse... D'autant que je sentais derrière ses propos, comme dissimulé sous un voile de sous-entendus, qu'une chose la tracassait. Sans doute était-ce en rapport avec les rumeurs sifflant dans son dos et dont certaines la tenaient pour responsable du sort de ses petits. Ragots que je n'écoutais pas, me disant qu'une chose si dure ne pouvait être la vérité, même s'ils constituaient une explication plausible pour la présence à bord de cette famille.
Quoi qu'il en fut, Mary-Ann avait largement de bonnes raisons de s'en faire : personne n'aime à être ainsi calomnié. Quant à son rôle de parent, bien que ne pouvant qu'entrevoir toute l'étendue de la tâche, je sentais le poids qui pouvait peser. L'actrice était finalement prise au piège, coincée dans son statut de mère aimante, courageuse, forte et passons sur le reste des qualificatifs élogieux que l'on pourrait ajouter. Au fond, Mary-Ann était loin d'être libre.
« L'on se pose tous des questions je pense, finis-je par rompre le silence. Et vous, vous devez vous en poser pour trois. Vous faites face à tout cela avec tant de courage, Mary-Ann... »
J'avançais ma main sur la table en un sincère signe d'amitié et de vague réconfort. « Vous êtes une femme courageuse, oui, quoi que les gens disent ou pensent. Et je suis certaine que vous faites les bons choix pour vos enfants. Ne regrettez rien. »
Cela me correspondait assez mal, moi qui me perdais souvent dans les regrets de ma vie passée. Mais ce qui était dit était dit et je ne comptais pas revenir sur ces dernières paroles que je pensais tout de même bien venues.
« Peut-être votre vie aurait-elle meilleure si vos choix avaient été différents, mais peut-être aussi aurait-elle été pire. Nous ne pourrons jamais le savoir... Une part de moi est fataliste vous savez, et je me dis que tout est arrivé parce que cela devait en être ainsi. Je regrette aussi d'être toujours sur le navire et de ne plus avoir la vie que j'aimerai avoir. A quoi bon au fond... C'est ainsi !  Et peut-être nous offre-t-on une seconde chance pour... faire des choses différentes sans doute... »
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyDim 24 Mar - 16:07

L'heure du thé.


« Une douceur de vivre, qui n'existe plus dans mon coeur. »

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Café-Véranda ♦ avril 1913
« Il est normal de se poser des questions, ne vous inquiétez pas, surtout quand les ordres durant ce naufrage étaient, les femmes et les enfants d’abord. J’ai juste réagi trop tard, en première classe les secousses n’ont pratiquement pas été senties et les enfants dormaient déjà. Quand les stewards sont venus nous prévenir, le pont des embarcations était noir de monde, tous étaient paniqués et j’ai su à ce moment-là que nous étions condamnés. Durant cette sombre nuit, nous avons vu bien des hommes succomber à la peur et dire non aux règles de bienséance. »

Courageuse ? Oui Mary-Ann devait probablement l’être, surtout avec tous ce qu’elle subissait depuis sa naissance. La mort de son père avait provoqué de nombreux changements dans sa vie, sa mère était devenue irritable, profondément archaïque et trop protectrice envers sa fille. Ce trop-plein d’attention, la petite fille de noble avait dû y faire face avec beaucoup de patience, attendant un jour l’heure de son départ pour une nouvelle vie. En quittant sa vie dans sa cage dorée, elle avait dû faire face à un nouveau monde, un monde bien différent de celui qu’elle avait toujours connu et pour monter jusqu’au sommet des étoiles, elle avait commencé par le bas de l’échelle. Durant sa jeunesse, elle avait aimé se produire dans les petits théâtres de quartier, elle avait été libre, mais cet univers devait lui demander beaucoup de sang froid et de courage. Il y avait les hommes, beaucoup d’hommes qui lui tournaient autour. Après tout, un petit oiseau qui descendait tout juste de son nid était bien plus attirant qu’un autre. Mary-Ann n’avait pas succombé, elle savait que pour aller plus haut, elle devait conserver son honneur. Puis arriva le jour où on la remarqua et là, elle put réaliser son rêve, elle monta sur les plus belles scènes de théâtre, avant de se tourner vers le cinéma. Là, la jeune femme atteignit les sommets, devenant riche par elle-même. Cela avait été sa plus grande fierté et elle ne regrettait en rien ce parcours. Ses enfants étaient une autre preuve de son courage, c’était sans homme qu’elle les avait élevé et elle les avait aimé du plus profond de son cœur, les élevant avec courage et amour. Oui en effet, peut-être qu’elle était courageuse, mais durant le pire moment de sa vie, elle ne l’avait en rien été. Elle avait cédé à la panique, préférant retourner dans sa cabine et tuer elle-même ses enfants, plutôt que de les voir mourir noyer.

« Vos paroles me vont droit au cœur Madeleine. » Disait-elle avec un doux sourire, qui contrastait face à sa colère d’il y a peu.

Madeleine évoqua par la suite les choix que nous faisons tous, oui peut-être que si elle avait agi différemment, sa vie aurait été plus heureuse, mais dans le cas contraire, la situation aurait pu être bien pire. Voilà des paroles bien sages qui sortaient d’une si jeune bouche. Madeleine était vraiment une personne remarquable, il était bien dommage que le monde doit se passer d’une telle jeune femme. Tant de personne de qualité était morte sur ce navire et en les perdant, le monde avait probablement une face importante de sa prochaine modernité. Il était étrange de voir que même les personnalités les plus riches de ce navire n’avaient pu survivre. Le monde avait perdu des écrivains, des artistes, des journalistes, toutes ces personnes-là qui pouvait apporter tant de choses, mais qui ne pourront le faire. Aujourd’hui, ces gens étaient prisonniers du Titanic et c’était ici dans un univers où la modernité ne pouvait existé qu’ils devraient exercer leurs talents.

« A croire que nous sommes tous dominés par le destin et que nous n’avons pas le choix sur notre propre destiné. Maintenant il ne nous reste plus qu’une chose à faire, avancer. »
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyJeu 18 Avr - 10:04

Décidément, Mary-Ann était une femme surprenante. Certes, je ne la connaissais pas tant -et connait-on vraiment les personnes que l'on côtoie?-, mais je ne m'attendais pas à ce souvenir pour toute réponse. Elle en parlait de manière si... détachée est loin d'être le terme adéquat, car il est difficile de faire preuve de détachement pour pareil évocation. Disons que mon amie abordait le sujet presque naturellement, sans craintes tout du moins. Encore qu'elle pouvait tout à fait les dissimuler, ses angoisses, comme je ne doutais pas qu'elle sache habilement le faire.
Ce souvenir, ce morceau de passé proposé là en explications, restait glacial comme l'océan nous entourant. Il ravivait de terribles pensées. Le naufrage avait été douloureux pour tout un chacun, moi y comprit. Et j'entrevoyais, par la porte que ma camarade venait d'ouvrir, que la tragédie avait été pour elle pire encore. Comme elle n'avait cessé de le dire, Mary-Ann avait du prendre soin de ses enfants. Deux petites têtes sur lesquelles il ne fallait pas rejeter la faute, non, bien sûr que non, mais je ne pouvais m'empêcher de penser que, sans sa progéniture, peut-être s'en serait-elle sortie. Mais que serait devenue cette mère sans la chair de sa chair à ses côtés ? Une femme bien triste, sans doute. Et je ne pouvais me l'imaginer ainsi.

Je ne sus que répondre lorsque mon amie me remercia. Je n'avais rien à dire de plus. J'avais été sincère dans mes propos. Oui, Mary-Ann était réellement une femme courageuse d'avoir fait ses choix, d'être restée auprès de ses bambins alors que la panique régnait, d'avoir choisit la mort en sommes plutôt qu'un combat sûrement perdu d'avance. Certains dirons et disent déjà dans les rumeurs du paquebot que l'actrice n'a fait preuve que de lâcheté. Moi je ne le pensais pas. A sa place, je ne sais comment j'aurais réagi. Aussi sa décision ne me semblait pas tant incongrue. Pour moi c'était une mère avant tout, celle avec qui je partageais tasse de thé et macarons. Dans la panique, le désespoir, la nuit noire et les ponts couvert d'une foule affolée, demeurer auprès des siens, prier peut-être, attendre surtout, avait été une solution pour de nombreuses personnes. Il ne fallait en rien leur reprocher ce choix. Puis l'issue avait été close pour beaucoup d'individus sur le navire, avant même qu'ils ne se décident à lutter ou non.

« Oui, le destin... », soufflais-je pensive à cette conclusion commune. Mary-Ann abordait le fait avec sagesse et philosophie. J'admirais beaucoup mon amie ; actrice de talent, mère sans pareil, esprit vif et charmant. Il était si dommage de la voir encore à bord. Elle aurait pu accomplir de si grandes choses ! C'était ainsi. Le Destin, oui, sans doute. Ou du moins la fatalité. Mais loin d'être pessimiste, c'est sur une note que je trouvais positive malgré tout que ma camarade achevait ses propos.
« Vous avez raison, autant aller de l'avant. Se morfondre sur un passé immuable et qui ne reviendra plus semble inutile. Puis il nous est possible de faire encore tant de choses ici !, dis-je presque rêveuse. Cette existence n'est pas si mal en certains points. Et nous avons toujours des macarons ! »
Un sourire amusé s'imposa sur mon visage ; petite plaisanterie bien plus légère de ton et d'esprit que le reste de la conversation. Oui, nous avions encore les macarons ! et dans la coupelle, il en restait un. Au citron, mon préféré !
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyMar 23 Avr - 11:43

L'heure du thé.


« Une douceur de vivre, qui n'existe plus dans mon coeur. »

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Café-Véranda ♦ avril 1913
Une existence pas si mal ? Si seulement Madeleine Neist connaissait toute la vérité, elle ne dirait pas cela. Certes, il y avait des avantages à être mort à bord du Titanic, comme le luxe, les mets délicieux et le confort présent dans n’importe quel pièce du bateau, mais il y avait l’envers du décor, la crasse cachait derrière toutes ces peintures, ces boiseries et autres dorures. Cette couche de saleté était bien trop importante pour qu’on ne puisse la nier. Cependant, Mary-Ann n’en voulait pas à la jeune fille, elle était jeune, belle, foudroyait dans la fleur de l’âge, pour elle le Titanic ne devait être qu’une aventure de plus, un défi à relever. Pour l’actrice, c’était comme si elle portait sur ses épaules le poids du monde. Elle devait vivre dans le remord, celui de ne pas avoir fait survivre ses enfants, d’avoir était trop faible au dernier moment. Puis elle avait tué ses propres enfants, jamais elle n’oublierait le moment où elle avait posé cet oreiller sur leur visage, jamais elle n’oublierait le fait qu’ils se soient débattu pour tenter de respirer. Jamais elle n’effacerait de sa mémoire le moment où elle avait retiré cet oreiller pour découvrir ses petits anges morts. Puis elle avait attendu la mort, la regardant et mettant sur la table tous ses péchés. Mais voilà rien ne s’était passé comme prévu, alors qu’elle avait prié pour que ses enfants aillent au Paradis, ils étaient restés, à ses côtés dans ce Purgatoire infernal, continuant leur vie, sans pour autant grandir. Un jour, ils souffriraient de cette situation et tout lui reviendrait en plein visage et là, elle le savait, elle ne serait plus rien. Le naufrage lui avait fait découvrir qu’elle n’était peut-être pas la femme forte qu’elle prétendait être, qu’au fond, elle cachait de nombreuses faiblesses qui la rendaient aussi plus humaines, mais cela, elle se cacherait bien de le dire. Y avait-il un espoir de se reconstruire après de telles épreuves ? Mary-Ann avait beaucoup de mal à le croire. Transformer sa vie ? Elle ne voyait pas comment et surtout que pouvait-elle faire, elle devait assumer son rôle de mère et avancer dans l’adversité tout en soutenant ses enfants. Elle était une mère et cela, elle le resterait à jamais, c’était aussi le plus beau rôle de sa vie, tout comme le plus compliqué, mais la première classe aimait les défis, cela ne lui faisait presque pas peur. Les questions étaient cependant trop nombreuses pour qu’elle puisse continuer cette nouvelle vie sans crainte et l’actrice ne voyait pas comment résoudre tous ces problèmes.
La mère de famille commanda alors à nouveau un thé, puis d’autres petits gâteaux pour parfaire sa gourmandise et celle de Madeleine. Ces petites mignardises étaient des douceurs que la vie pouvait leur apporter et il était vrai qu’elles avaient un bon pouvoir sur le moral.

« Vous avez raison Madeleine, que serait la vie sans de bons petits gâteaux, même si c’est mauvais pour notre corps, c’est tellement bon pour l’esprit. » Disait-elle tout en croquant dans une délicieuse Madeleine.

Puis une question lui traversa l’esprit, une chose qu’elle n’avait jamais posé à d’autres et qui pourrait peut-être résoudre son problème. En effet, beaucoup semblait arriver à avancer et à continuer leur vie à bord du Titanic. Comment faisait ces personnes ? La brune l’ignorait et elle aimerait bien percer un jour ce mystère, ce qui pourrait l’aider à avancer dans cette seconde vie.

« Madeleine, comment faites-vous pour avancer dans cette nouvelle vie ? Avez-vous des projets pour affronter cette longue éternité ? » Demanda la mère de famille.

Elle ne savait pas si Madeleine avait la réponse, mais elle aimerait bien connaître son avis sur la chose, après tout la jeune fille semblait être pleine de vie, comme si le temps ne l’affectait pas, ni les épreuves. Mary-Ann aimerait connaître son secret, mais si Madeleine en possédait un, peut-être qu’elle continuait tout simplement, sans faire attention aux épreuves qu’elle avait traversé.
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptyLun 20 Mai - 12:03

Une nouvelle fournée de gourmandises sucrées arriva sur leur table, aimablement commandée par Mary-Ann. A peine avait-on terminé les macarons que madeleines, chouquettes et autres biscuits faisaient leur apparition, comme si les sucreries étaient inépuisables. Tout semblait d'ailleurs en quantité illimité sur le paquebot, que ce soit la nourriture, les boissons, les distractions et même les jours. Au début, ce fut un réel bonheur que de tout consommer à profusion ; à la longue c'était devenu répétitif, parfois ennuyeux. Certains des passagers en souffraient grandement d'ailleurs : quand vous aviez fait le tour du menu, puis des cartes des restaurants suivants et même de ceux que vous appréciez le moins, il ne vous restez plus qu'à recommencer. Encore et encore. Et c'était pareil pour le reste.
Moi, je ne m'en plaignais pas. Si le temps me paraissait parfois s'éterniser, je passais outre cette sensation pour trouver d'autres tâches, de nouvelles choses à faire. Pour tout dire, je détestais songer à notre situation, songer à l'idée déprimante que l'ensemble des passagers du Titanic n'avaient rien de survivants. Aussi repoussais-je la plupart du temps ces noires pensées d'un grand sourire en me lançant dans une nouvelle visite, un autre passe-temps ou en me plongeant dans l'écriture que les milliers d'heures à voguer sans but m'offraient de libre. Mais, quelques fois, j'étais confrontée à cette dure réalité qui me frappait de plein fouet comme une tempête s'abat sur les falaises.
Je pris une madeleine du bout des doigts. J'aimais ce nom pour l'expression qui s'y trouvait associée : « pleurer comme une madeleine ». Je la trouvais amusante car, au-delà de la pâtisserie, mon tendre petit cœur me faisait facilement fondre en larmes. Une simple phrase suffisait, une question un peu trop personnelle ou embarrassante aussi. Une comme celles que Mary-Ann venait de poser.
Mes yeux rougirent malgré moi d'entendre évoquée notre situation une fois de plus. Je retins mes pleurs, comme j'avais depuis longtemps appris à la faire en société, pour conserver ce qui n'était qu'un masque et faire bonne figure. Que répondre à mon amie ? Sans doute ne souhaitait-elle pas écouter le récit de les journées. Et avais-je seulement des projets ? Je ne m'étais jamais vraiment arrêtée sur la question et, à part continuer une existence de divertissements et plaisirs éternels, du moins tant que ma jeunesse me le permettait, je n'avais rien prévu. Mais Mary-Ann n'avait plus cette chance.
« Je n'y pense simplement pas, répondis-je, énonçant ce qui n'était que pure vérité. Mais voyez-vous je n'ai plus rien à perdre. Mon vieil Oncle ne compte pas -non pas que je ne tienne pas à lui, bien au contraire, mais il vit sa propre existence sans trop se soucier de la mienne- et les autres personnes auxquelles je tenais étaient parties bien avant cela. »
J'eus une brève pensée pour les personnes en question : mes parents que je n'avais pas connu, mes amis qui allaient et venaient au gré de vies bien remplies, celui qui aurait pu être mon fiancé si je ne l'avais pas abandonné...
« Alors tout est comme... nouveau et neuf pour moi, continuais-je avec un enthousiasme en demi-teinte. Mais vous, ma chère, vous avez vos enfants. Le plus beau cadeau d'une mère. Vous avez cette chance qu'ils soient restés à vos côtés car ils vous font un but et une attache forte que vous n'avez pas perdu. Je comprends que cela doit parfois vous être difficile de les élever, constamment prendre soin d'eux. Mais c'est mieux ainsi, non ? Ils vous manquerez sûrement s'ils n'étaient pas à vos côtés. Je ne vous imagine pas sans eux... n'ose songer à ce qu'il serait advenu cette terrible nuit si vous aviez été séparés. Les auriez-vous laissé partir ? Aurez-vous eu la force de les confier à l'océan glacé ? De les faire mourir... »
J'avais senti, au fond, que ma camarade n'était pas si heureuse de sa situation et qu'elle cherchait, à travers ses questions, une voie rassurante. J'avais également du mal à aborder le point de vue des autres passagers, de ceux qui insupportaient ce que je considérais comme une vie nouvelle, une seconde chance. Atteindre les canaux de sauvetage la nuit du naufrage avait certes été salutaire pour certains, mais pour moi, maintenant que je vivais à jamais, cela s'apparentait juste à la mort.
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Mary-Ann J. Fleming

ETRE MERE ❧ le plus beau rôle qu'il y a au monde.
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♌ Age du Personnage : 35 ans
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MessageSujet: Re: Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine]   Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] EmptySam 25 Mai - 17:40

L'heure du thé.


« Une douceur de vivre, qui n'existe plus dans mon coeur. »

Maybe we can drink some tea ? [Mary-Ann & Madeleine] Tumblr_mfr4crfnCp1qe826to3_500

Café-Véranda ♦ avril 1913
Seules, tout compte fait ces deux femmes se ressemblaient, même si Mary-Ann avait encore ses enfants, elle était plus que jamais seule. Seule face à un avenir incertain et face à ses enfants, ses deux beaux enfants qui allaient vivre pour l’éternité une vie maudite. La mère de famille s’en voulait de les avoir condamnées à une telle existence, pour elle-même elle s’en fichait, mais l’actrice le savait, elle était une femme égoïste, jamais elle n’aurait pu vivre à bord sans ses chers petits, elle les aimait plus que tout et ils étaient les choses les plus chers qui lui restait. Ce thé aurait pu continuer en toute tranquilité si la curiosité de Madeleine n’avait pas encore frappé. Cette dernière lui avait avoué parvenir à avancer, puisqu’elle n’avait plus d’attache, ses proches étaient partis avant le drame et pour ce qui était de son oncle, même si elle l’aimait, il n’avait pas une grande place dans son cœur. Dans son ancien monde, elle n’avait plus personne, à part des amis, avec qui elle passait beaucoup de temps. Sinon ses parents étaient tous deux morts, elle n’avait ni frère et sœur et le père de ses enfants étaient lui aussi mort. Plutôt que d’être dans ce monde, la première classe aurait préféré le rejoindre et vivre dans l’au-delà avec lui. Revoir Charles lui aurait fait tellement de bien, mais le destin en avait décidé autrement, la mort devait se faire sans lui.

Les paroles de Madeleine lui allèrent droit en cœur, le brisant petit à petit et un peu plus à que mot. Elle lui rappelait cette affreuse nuit du naufrage, la nuit où elle avait failli, où elle avait tué ses enfants. Non, si elle n’avait pas été aussi faible, elle aurait préféré avoir ses enfants loin d’elle, heureux. S’ils devaient être séparé, elle aurait préféré qu’ils grandissent, qu’ils vieillissent, aient un avenir, qu’ils se marient, aient des enfants. Ainsi, les choses auraient été beaucoup plus simples et elle ne vivrait pas dans la peur du quotidien. Lily-Rose aurait pu devenir actrice, elle qui en rêvait tellement. Harrison, elle le voyait bien être avocat, ou médecin, lui qui était déjà si brillant dans ses études. Ses yeux se perlèrent de larmes face à la douleur. Non, ses enfants auraient mérité beaucoup mieux que cela, ils auraient été si heureux, et même si elle n’avait pas été à leurs côtés, des personnes auraient pris soin d’eux. Oh oui, l’avenir aurait pu être bien plus beau pour ses enfants, mais par sa faute, ils étaient condamnés à jamais.

« Vous vous trompez Madeleine, mais enfants auraient été bien plus heureux loin de cet univers. » Disait-elle les larmes aux yeux. « Et je m’en veux tellement de ne pas avoir pu les sauver, de les avoir condamnés et tués. Tout cela est de ma faute, ils sont morts par ma faute. » Bouleversée, elle se cacha le visage dans son mouchoir. « Pardonnez-moi Madeleine. »

Puis sans rien dire de plus, elle quitta la pièce, sous les regards intrigués de tous. Oui elle avait tué ses enfants, elle était un monstre, une femme qui méritait l’Enfer et non le bonheur de pouvoir être pour l’éternité avec ses enfants. Ce monde était une horreur, une aberration qui ne méritait pas ses chers petits, ils méritaient bien mieux que cela.
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