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 You're not supposed to look back. You're supposed to keep going

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MessageSujet: You're not supposed to look back. You're supposed to keep going    You're not supposed to look back.  You're supposed to keep going  EmptyDim 14 Avr - 19:36

" You're not supposed to look back.


You're supposed to keep going. "


Jasper Donovan & Nayah L. Gallagher



Le soleil venait de se lever que je levais alors les yeux vers le pendule carillonnant. Il était aux environs de huit heures du matin. Je me trouvais dans mes appartements et j'étais debout depuis cinq heures. J'avais pris le temps de prendre un bain, de me vêtir et j'étais actuellement attablée à mon petit secrétaire. Il se trouvait dans cette chambre de Première Classe que je partageais toujours ce lieu avec mon mari Jules, bien que je lui avais demandé de faire chambre à part désormais, chose qui l'avait agacé mais qu'il avait compris dans le sens ou revenir sur le bateau avait tout chamboulé dans mon esprit. Toutefois la vérité était ailleurs. Baissant les yeux, je contemplais la lettre que j'étais en train de lui écrire. Je me mis à la relire à voix haute, m'imaginant sa réaction quand il la lirait :

"Cher Jules,
Je me permets de vous écrire cette lettre car il est temps de mettre les choses au clair.
En effet, voilà une semaine passée sur le bateau depuis mon retour, et ma vie ne peut plus être la même tout comme ma personnalité. Il faut que vous sachiez que ma vie a continué, j'ai eu l'opportunité de vieillir, de voir mes enfants grandir... Et j'ai rencontré l'amour. Non pas le même que j'ai éprouvé avec vous, lors de notre union mais celui que l'on ressent, quand on rencontre LA personne que l'on attendait, celle que l'on oubliera jamais.
Cher Jules, pardonnez moi... Mais ce que vous avez ressenti pour moi, je l'ai également ressenti mais pour un autre... "
A ces derniers mots, ma voix se brisa. J'étais incapable de pouvoir lui remettre une telle lecture ni de poursuivre le reste de mes écrits, ce serait alors lui lacérer le cœur. Comment pouvais je faire pour lui dire que plus rien ne serait comme avant. Une l'arme vint alors s'écraser sur la papier à lettes brouillant quelques endroits de la lettre noircie encre noire.

Tout à coup, j'entendis toquer à la porte qui s'ouvrit: c'était ma femme de chambre qui me salua avant d'ajouter:

" Madame Gallagher, il y a votre époux qui vous demande si vous acceptiez de prendre le petit déjeuner dans vos appartements respectifs? " dit-elle avec un air anxieux. Elle avait sans doute compris que ses patrons ne s'entendaient plus aussi bien. Mais par solidarité féminine et se mettant à ma place, il lui arrivait souvent de mentir pour moi. Froissant alors la lettre que je tenais, j'essuyais alors mes yeux humides et je répondis donc à ma bonne :

" Marie, veuillez dire à Monsieur Gallagher que lorsque vous êtes venus toquée à la porte, je n'étais pas la, s'il vous plaît... " ajoutais je avant de me lever, je pris alors un châle histoire de couvrir mes épaules et mon cou découvert tout en regardant Marie. Elle avait ce petit sourire de femme, celui qui vous faisait comprendre qu'elle vous soutenait totalement et que mon secret serait bien gardé. Puis, je sortis de ma chambre, passant par le salon et je sortis dans le couloir des Premières Classes.
Saluant quelques passagers qui se trouvaient dans cette partie du bateau, je décidais alors de me rendre au café véranda, un endroit que j'affectionnais particulièrement. En effet, la salle ouverte sur de grandes baies vitrées étaient très lumineuses et il y régnait une atmosphère paisible. Jules n'aimait pas trop cet endroit car les plus richissimes de ce bateau s'y rendaient. Aujourd'hui, ce détail m'importait guère car je souhaitais vraiment trouver un endroit calme ou je pourrais continuer à rédiger ma lettre inachevée et surtout trouver un moyen, par cet écrit, de faire comprendre à mon mari que je ne souhaitais plus être son épouse.

Une fois arrivée dans le café, j'eus le souffle coupé devant le monde qu'il y régnait. L'ensemble des places étaient prises par des passagers dont je connaissais les trois quarts, de visage uniquement. Cela ne faisait pas longtemps que j'étais revenu sur le paquebot, aussi, je n'avais pas eu une année entière pour m'intégrer. Enfin, maintenant que j'étais là, ce n'était pas le moment de rebrousser chemin. Aussi, prenant le courage a deux mains, je cherchais une table ou m'asseoir.
Je finis par repérer une table ou était attablé un jeune homme dont le visage était tout simplement magnifique. A vue d'œil, il ne semblait pas prendre le était déjeuner avec quelqu'un, aussi, je me permis alors d'aller à sa rencontre et de lui demander d'une voix douce :

" Bonjour... Pardonnez moi de vous déranger... Mais toutes les tables sont occupés, alors, est ce que je peux déjeuner avec vous ? "
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MessageSujet: Re: You're not supposed to look back. You're supposed to keep going    You're not supposed to look back.  You're supposed to keep going  EmptyDim 23 Juin - 3:46



You're not supposed to look back.  You're supposed to keep going  314715jaspnayahgif
You're not supposed to look back.
You're supposed to keep going


L'exorde d'une autre journée venait de poindre. Encore. Toujours. Indéfiniment. La même roue qui pivotait continuellement, ou plutôt... le même navire cinglant les flots d'un océan infini. Il n'éprouvait aucune objection à ce que les aurores se succèdent. Non. Ce qui provoquait cette furieuse envie de dégorger était plutôt cette réalité plus que barbante qu'il était encore captif en ces lieux. Ou peut-être que cette fâcheuse nausée qui lui tordait les entrailles était causée par le nombre de bouteilles de rhum qu'il avait ingurgité la veille ? Fort possible aussi. Si l'on combinait les deux suppositions en un même moule, le résultat augurait à être catastrophique. Médiocre mélange, à n'en pas douter ! Le corps vautré sur le matelas du lit, encore partiellement endormi, le jeune anglais tressaillit à peine lorsque l'on tambourina vigoureusement contre la porte de sa cabine.

- DONOVAN ! Il est l'heure, vermillon ! Debout ! Les chaudières t'attendent !, aboya Hank Russell, de l'autre versant de la porte close.

Jasper ne cilla pas, n'esquissant aucun mouvement susceptible de démontrer qu'il avait l'intention de s'acharner, comme à chaque matinée, de gorger les chaudières endiablées du Titan d'acier. En vérité, rien ne lui faisait envie...


« Je suis mort... j'essaie de reposer en paix... va-t-en...», grommella-t-il, le visage enfoui dans l'oreiller.

Sans attendre qu'il ne daigne - ou pas - ouvrir la porte, le grand gaillard Irlandais prit l'initiative de le faire lui-même, connaissant son comparse sur le bout de ses doigts. Le seuil de la porte franchit, Hank se heurta un pied contre l'un des multiples cadavres de bouteilles d'alcool qui jonchaient le sol, esquissant une grimace d'agacement.


- Je vois... encore une phase de prostration... et combien de temps comptes-tu éterniser cette phase dépressive cette fois ?
« Il semblerait que j'ai pour seule compagne l'éternité... j'ai du temps à noyer. Alors laisse-moi m'abaisser à l'état de... de moribond... en stade avancé de putréfaction. Je suis souffrant... j'ai été foudroyé par un horrible mal de mer... qui perdure depuis une année... tu transmettras le message à nos collègues. »,, marmonna-t-il amèrement, agrippant un bout de draperie afin de se couvrir la tête.

- For god sake, Jasper. Reprend-toi. Il faudra bien un jour assumer la réalité... Ne crois-tu pas qu'il est temps pour toi de faire ton deuil ? Tu es ici, elle est ailleurs. Maintenant tâche de conserver un tant soit peu de dignité.

Il lui accordait le mérite d'avoir raison en une chose : il n'avait rien, touchant de près ou de loin, à la définition de '' dignité '' en cet instant. À moitié dénudé, gisant vulgairement sur le matelas, les cheveux donnant l'impression d'avoir combattu férocement un troupeau de rhinocéros, le teint cireux et des cernes sous les yeux... sans compter cette effluence de liqueur et de sueur qui lui collaient à l'épiderme... ainsi que cette barbe de trois jours... effectivement, il n'avait rien de convenable. Il repoussa sèchement les draps et prit place sur le rebord du lit, se massant péniblement la tempe du bout des doigts.

« Fort bien, chef ! Je vais de ce pas... m'affubler de décence... mais il est hors de question que je mette ne serais-ce qu'un seul pied à la cale aujourd'hui... à prendre ou à laisser. »

Hank soupira de lassitude et acquiesça malgré tout.

- Très bien... je dirai à nos comparses que tu as égaré ta tête et que tu la cherches ! Pendant ce temps, peut-être pourrais-tu remettre de l'ordre dans ce chaos qu'est ta cabine, te purifier, te raser et te vêtir proprement ?

Sans attendre une réponse, l'Irlandais quitta la cabine, prenant soin de refermer la porte derrière lui, le laissant seul avec son capharnaüm...


•••

Une heure, peut-être deux s'étaient étiolées depuis la visite de Hank et Jasper avait de nouveau l'aspect d'un homme relativement convenable. Vrai, il avait maronner tout au long de cette démarche fastidieuse qu'avait été de se redonner fière allure. Difficile, tout de même. Surtout avec cette céphalée qui se complaisait à vriller son crâne. La prochaine fois, il tenterait d'éviter d'ingurgiter en un très court laps de temps une quantité d'alcool démesurée. Évidemment, un jour il apprendrait à écouter ses propres conseils... un jour, peut-être.

Maintenant attablé au café, n'ayant que pour seul repas un petit plateau de fruits agrémenté... d'un verre d'eau frais... il tenta tant bien que mal de mastiquer le bout d'une mangue sans en être trop convaincu. Il avait presque l'impression qu'elle avait cette saveur de rhum, ce qui ne manqua pas de lui retourner un peu l'estomac. Il poussa le plateau, craignant d’aggraver son cas et se contenta de quelques gorgées d'eau, ce qui semblait être une alternative plus prudente. Tandis que son regard erra en direction des baies vitrées, alors que les tables à sa proximité se remplissaient à vue d’œil de passagers affamés, une voix l'interpella doucement, ce qui lui fit tourner lentement le visage. Une jeune femme se tenait à ses côtés, sourire courtois et charmant sur des lèvres accortes. Ses sourcils se froissèrent d'étonnement à sa demande... et il conserva un instant le silence, tandis qu'il précisait de ses yeux les traits délicats de son visage. Puis, laissant glisser un chétif sourire sur ses lèvres...


« Je suis foncièrement navré, my lady... mais je crains que ce ne soit pas une bonne idée. »

Il se redressa légèrement, la mine songeuse.

« Voyez-vous... si je vous invite à ma table, je devrai user de bienséance et préluder une conversation, cela va de soi, naturellement... là n'est pas le problème, soyez-en certaine... en vérité, la situation se compliquera au moment où j'amorcerai un interrogatoire indiscret avec intention de vous connaître davantage. Je suis un homme très franc et doté d'une curiosité phénoménale... Vous finirez donc par quitter cet endroit, sans doute vexée et marquée à jamais par cet entretien. Vous en parlerez longtemps à vos amies, leur révélant à quel point cet homme qui gentiment avait accepté que vous vous joignez à sa table, s'avéra à être un incorrigible impudent. »

Il esquissa un petit rictus et se leva lentement de table, prenant position à l'arrière de la chaise libre afin de la tirer, l'invitant à y prendre place.

« Mais je vous en prie, prenez vos aises... à vos risques et périls... toutefois, je peux vous assurer... je ne mord pas... ou si peu. », finit-il par dire, laissant un sourire faquin étirer ses lèvres.

Il la laissa prendre place pour ensuite s'assoir à son tour. Un peu de compagnie allait peut-être lui changer les idées. Ce qui ne lui ferait pas de tort, assurément... il s'inclina en sa direction et lui tendit la main afin de se présenter.


« Jasper Donovan, je suis charmé d'apprendre à vous connaître... mademoiselle ? », dit-il, l'interrogeant du regard.


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MessageSujet: Re: You're not supposed to look back. You're supposed to keep going    You're not supposed to look back.  You're supposed to keep going  EmptyDim 23 Juin - 21:46

" You're not supposed to look back.


You're supposed to keep going. "


Jasper Donovan & Nayah L. Gallagher



Dans l'attente d'une réponse, je réalisais combien ma demande pouvait être déplacée. Je n'étais plus en 1955 mais en 1913. Les femmes ne demandaient pas aux hommes de s'asseoir à la table ou ils se trouvaient. Cela était plus que déplacé au regard des conventions sociales. De même, en observant le jeune homme à la dérobée, je remarquais, par ses habits, qu'il n'était sans doute pas une première classe. Mais je m'en moquais, je n'avais pas vécu de longues années et vu les barrières hommes femmes s'effondraient pour ignorer un homme parce qu'il n'était pas riche. D'ailleurs, lorsqu'il me répondit, je m'étonnais qu'il ne m'ignore pas étant une aristocrate. Non, au contraire, il m'expliqua que je risquais d'être froissée par ses manières de questionner toute personne qui pouvait venir lui parler. Il semblait craindre une réaction courroucée de ma part face à son comportement à venir.
Puis, sans attendre ma réponse, il se leva et tira la chaise ou je voulais m'installer. Il ajouta qu'il ne mordait pas ce qui me fit sourire. Puis, il termina en se présentant  : il se nommait Jasper Donovan.  Je jetais une regard rapide dans la salle remarquant combien la salle était bondée et puis, cet homme... Par cette franchise, il m'avait amusée. J'étais une personne assez simple et je ne me vexais pour peu. Au contraire, s'il avait des questions à poser, je lui répondrais naturellement. Depuis l'arrivée sur le bateau, je me sentais seule sans personne à qui dire les choses réellement sur ce que je pouvais ressentir en ce moment même.

Je lui souris alors et lui serrait la main tout en lui répondant: " Enchantée, je m'appelle Nayah Gallagher.. Je vous rassure, vous pouvez me poser toutes les questions qui vous passeront par la tête. Je ne suis pas comme ces bourgeois qui sont outrés d'un rien. " Disais je tout en souriant de plus belle. Puis, je pris place à sa table tandis qu'un serveur venait à ma rencontre pour prendre ma commande. Je pris alors un thé aux fruits rouges et en profitait pour sortir ma lettre que je posais sur la table. Cela me permit de garder un œil sur ce que je devais réellement faire: écrire une lettre de rupture à mon mari. C'était là, le seul moyen que j'avais trouvé pour ne pas le tuer comme me l'avait conseillé Scarlett. Cette idée me révulsait et j'avais espoir qu'il y ait une autre possibilité. Toutefois, l'écriture n' était pas mon grand hobby. Mais désormais, il était le seul moyen que j'avais de pouvoir faire comprendre à Jules que la Nayah de 1912 n'était plus depuis bien longtemps. Ce qu'il avait du mal à admettre. J'étais une femme libre et dans ce Paradis qui m'était offert, je faisais désormais ce que bon me semblait. Comme parler à ce jeune homme. Je lui fit un sourire tout en lui disant:

" Jasper, dites moi, êtes vous de ces passagers qui sont coincés ici depuis un an ou bien venez vous de revenir sur le bateau comme pour moi? " Il m'avait dit avoir été curieux mais il en avait face de lui une curieuse également, désireuse de savoir ce qui avait pu se passer sur le bateau, si effectivement, c'était un passager de longue date. Ma commande arriva alors et j'en profitais pour boire une gorgée tout en écoutant attentivement ce qu'allais dire mon interlocuteur.
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MessageSujet: Re: You're not supposed to look back. You're supposed to keep going    You're not supposed to look back.  You're supposed to keep going  EmptyMar 25 Juin - 4:47



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You're not supposed to look back. You're supposed to keep going


Nayah Gallagher, tel était le nom de cette jeune femme qui, de première vue, semblait plus aérée d'esprit que ses condisciples conformistes. Ce n'était qu'un constat, mais Jasper ne se fiait jamais aux apparences. Bien qu'elle était affublée telle une ravissante bourgeoise, son sourire complaisant laissait deviner une femme de cœur impartiale. Enfin, si elle n'était pas du peloton de la première classe, visiblement elle avait des atours plus élégants que lui ! Il serra délicatement sa main et sourit, hochant lentement la tête à ses précisions concernant le fait qu'elle était loin de jauger les hommes à leur allure ou leur statut et qu'il pouvait ouvertement palabrer sans avoir la crainte de l'offusquer.

« Vous êtes une femme admirable, my lady... j'apprécie déjà votre caractère intrigant. Dans ce cas, la discussion devrait être davantage captivante ! C'est dans la justesse et l'éloquence des mots qu'une femme parvient à pleinement s'épanouir ! Amen ! », s'exclama-t-il, laissant un rire sincère se faufiler hors de son gosier.

Ce n'était en aucun cas une moquerie à son intention, il croyait foncièrement qu'une femme était plus séduisante et plus authentique lorsqu'elle confiait ses idées ouvertement plutôt que de les conserver sous silence afin de bien '' paraître '' aux yeux des hommes et même des femmes. Ce qu'il trouvait ridicule. À ses yeux, un être humain, qu'il soit homme ou femme, fortuné ou impécunieux, serait indéniablement malheureux s'il passait sa vie - ou sa mort, tant que nous y sommes - à ne jamais révéler ses véritables sentiments ou convictions de vive voix. Et le temps devait être si long lorsque l'on revêtait un visage factice par crainte d'être ridiculisé. C'est ce qu'il avait apprécié chez sa défunte et bien-aimée Katrina. Jamais elle n'avait mâché ses mots, qu'elle soit en présence de '' nobles '' gens ou de personnes déshéritées. Sa franchise délicieusement audacieuse l'avait conquis.

Une fois attablés, la damoiselle commanda un breuvage chaud et déposa un pli dont il pu admirer le papier buriné de lettres tracées avec cette précision et délicatesse qu'avaient les femmes. Toutefois, il se garda de ne pas en faire la lecture de biais, ce qui aurait été plutôt inconvenant. Bien qu'il était '' inquisiteur '' de nature, il savait s'imposer des limites. Une fois sa demande au serveur terminée, elle reprit la parole et il y porta une attention particulière. Elle le questionna, à savoir s'il était présent depuis une année sur le navire ou s'il était de ceux qui étaient revenus... il fit une mine étonnée.


« Vous me prenez de court. Je croyais avoir l'honneur de questionner le premier ! Attention, si vous poursuivez en ce sens, c'est moi qui devrai révéler à mes camarades que vous êtes une femme beaucoup trop téméraire ! », dit-il de bonne foi.

Après un instant de silence, moment où il reprit son sérieux coutumier, il émit un soupire et laissa ses doigts se saisir d'un morceau de pomme de son plateau. Toutefois, il ne fit que l'observer sans avoir l'intention de l'engouffrer.


« J'y suis depuis que ce bateau a sombré. Je crois avoir été l'un des premiers à périr lors de cette... tragédie. En toute confidence, une année ici m'a donné l'impression d'y avoir été une éternité. J'ai... beaucoup de questionnements concernant cette malédiction, puisque c'en est une, du moins de mon point de vue... et je ne comprend toujours pas... si dieu existe, alors il est perfide... ou alors il est doté d'un sens de l'humour douteux. »,finit-il par dire, un tantinet amère.

Il releva son visage et laissa un petit sourire orner ses lèvres.


« Alors, j'ai devant moi une revenante... je vous avoue que vous êtes la deuxième que je rencontre depuis peu. Votre retour ici est un réel mystère... avez-vous des regrets ? Je veux dire, êtes-vous heureuse d'être de retour ou auriez-vous préféré être... ailleurs ? Si des gens que vous chérissez étaient sur ce navire lorsqu'il a sombré et qu'ils ont trépassé, je présume que vous êtes enchantée de les retrouver aujourd'hui... est-ce le cas ? », lui demanda-t-il, incertain.

Si c'était bien le cas, elle avait une grande chance malgré la malédiction. Au moins, elle pouvait se consoler en songeant au fait qu'elle vivrait sa mort auprès de ses aimés d'autrefois. Ce qui n'était pas son cas à lui...
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MessageSujet: Re: You're not supposed to look back. You're supposed to keep going    You're not supposed to look back.  You're supposed to keep going  EmptyJeu 27 Juin - 13:33

" You're not supposed to look back.


You're supposed to keep going. "


Jasper Donovan & Nayah L. Gallagher





Cet homme était plaisant tant sa jovialité m'était contagieuse. Déprimée, plus que jamais seule, j'étais venue chercher une tranquillité afin d'y trouver l'inspiration nécessaire pour annoncer officiellement ma séparation avec mon mari. Notre mariage n'était plus pour moi qu'un lointain souvenir que le temps avait effacé durant mes longues années d'existence après le naufrage. Non, au lieu de cela, je riais aux paroles de mon interlocuteur qui semblait ne pas avoir sa langue dans sa poche. J'aimais les gens francs et cela m'apportait du réconfort de me dire que l'honnêteté n'avait pas réellement disparu. Quand je voyais mon mari incapable d'admettre la réalité, je me disais que les passagers avaient tous perdu la notion de vérité. Vraisemblablement, je me trompais. De ce fait, ma curiosité fut immédiatement éveillée et à l'inverse de ce qui devait se passer, ce fut moi qui ouvrit le bal des questions.
Jasper le prit avec humour et sa réponse me fit rire aux éclats. Il m'arrivait de remarquer combien mes réactions, mes attitudes n'étaient plus en adéquation avec les conventions sociales du bateau. Une Première Classe ne devait pas s'assoir avec un homme d'une classe inférieure, elle ne devait pas le questionner de manière aussi impolie. Non, la femme de 1912 devait se trouver au bras de son mari, amoureuse ou haineuse, et non se promenait sur le paquebot, allait dans un café et de surcroit, s'adresser à un inconnu. Cette situation était presque irréaliste et cet homme en face de moi l'avait compris et l'avait accepté. Par la suite, il m'expliqua qu'il était mort depuis un an, année qui lui avait semblé interminable. Il faisait partie de ces insatisfaits qui cherchaient pour tous moyens de comprendre le pourquoi? Pourquoi ici et pas au Paradis? Pourquoi la Bible mentait-elle, tout comme tout autre religion, au sujet de la mort... Puis, il me questionna, c'était son tour. Ces questions étaient personnelles certes, elle m'obligeait à révéler ma vie mais cela ne me choquait point. J'étais à un stade ou j'avais plus que jamais besoin de parler, de me confier, à défaut de sombrer dans la folie. Je poussais alors un soupir et inspirant, je lui répondis ainsi:

" Nous avons pensé la même chose à un an d'intervalle. Lorsque je suis revenue, j'ai cru qu'il s'agissait d'une farce. Je ne comprenais pas du tout, je me disais perpétuellement que Dieu nous avait menti au sujet du Paradis... Où était ce que la Bible nous disait? " Disais je tout en affichant une mine sombre fixant Jasper, les yeux dans les siens. Puis, j'ajoutais: " Le pire dans tout cela, c'est que je meurs à 105 ans avec une vie incroyablement belle, longue et plein de bonheur. Et en guise de repos éternel, me revoilà coincée dans ce corps de jeune femme et... Mariée à un homme dont j'ai oublié la notion d'amour de sa part et ce, depuis des années. La seule différence entre lui et moi, c'est qu'il n'a eu qu'un an pour mettre une croix sur notre mariage tandis que moi... j'ai eu énormément de temps pour... passer à autre chose... " Puis, je me tus avant d'émettre un rire nerveux. Il devait certainement être outré par mon comportement, par ce que Jules Gallagher, mon époux, subissait depuis mon retour. Mes agissements choquaient beaucoup de personnes déjà, du moins, les amis de Jules. La gifle qu'il m'avait donné avait redoré mon blason, lors de la soirée casino, mais elle n'avait pas suffi pour que je me sépare définitivement de lui. Non, Jules refusait purement et simplement.

Amère, je lui disais alors, parlant aussi à moi même: " Vous devez certainement vous dire que je suis ignoble par ces agissements envers mon époux... " Disais je dans un murmure. Je sentais que ma voix se brouillait par l'émotion, mes larmes ne tarderaient sans doute pas à faire leur entrée. Je souffrais. La souffrance lacérait mon coeur et je ne pus qu'ajouter avec une pointe de tristesse dans la voix: " Mon paradis n'est qu'une cage et cela, pour l'éternité..."
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