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 Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson

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MessageSujet: Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson   Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson EmptyLun 3 Sep - 19:56


Sous l'ombre d'un mensonge.


« Thelma, vous pouvez me laisser. » Disait une voix douce et calme sous laquelle se cachait une pointe d’agacement. La dame doutait fort de la compétence de ses servantes, elle les détestait, voir même les méprisait. Elle pensait toujours que ces femmes ne faisaient jamais leur travail correctement. Cependant, ce dont, elle ne se doutait pas, c’était que son mépris la privait des doigts de fée que possédait Thelma, mais qu’elle cachait avec soin aux yeux de sa maîtresse. Thelma avait toujours été une douce jeune fille, mais dont la malchance l’avait cloitré aux services de cette vulgaire Scarlett Hamilton qui la traitait si mal. La jeune femme qui au début était tout à fait compétente, finissait par faire de moins en moins d’effort auprès de cette femme méprisable. Scarlett quant à elle, préférait donner les ordres et si ces derniers étaient mal réalisés, elle n’hésitait jamais à donner des soufflets à ses suivantes. La brune avait de la force dans les bras et elle n’hésitait jamais à s’en servir. Cependant, au fil du temps, elle avait fini par s’attacher à ce petit bout de femme qui lui rappelait tant que sa vie était bien mieux que la sienne. Egoïste, dame Scarlett l’était et cela n’était pas son unique défaut. Thelma l’avait découverte sous tous ses aspects et elle savait que les qualités de sa maîtresse étaient rares. De plus, la jeune servante se doutait bien que le caractère spontané et la vulgarité de sa patronne cachait énormément de choses. Pourtant, malgré la colère et le mépris, les deux femmes préféraient nettement se taire plutôt que de développer tout sentiment qui pourrait nuire à leur personnalité. Thelma le savait bien, lady Scarlett n’était en rien une dame fréquentable et elle l’avait appris à ses dépens.
Une fois Thelma sortit de la chambre, Scarlett soupira d’exaspération et se para d’un ravissant collier de perles et de diamants. Elle sourit en pensant dans quelles circonstances, elle s’était procuré ce cadeau. Il provenait de son quatrième mari, sûrement l’homme qui aima le plus ardemment la belle Scarlett et qui lui avait offert dans une veine tentative de réconciliation après qu’il l’ait trouvé au lit avec un amant. Au lieu de punir sa femme, le fou ne souhaitait que se faire pardonner. Le lendemain, il était mort, noyé dans le lac, alors qu’il faisait une balade romantique avec sa belle épouse. Même s’il y avait eu suspicion, on conclut bien vite à un terrible accident.
Les souvenirs étaient parfois marquants et Scarlett se souvenait des moindres détails de sa vie. De sa jeunesse dans le coquet appartement de sa mère. De sa vie à Paris, de ses nombreux maris. Toutes les histoires palpitantes qui faisaient qu’elle était désormais Scarlett Hamilton était ancrée au plus profond de sa mémoire. Si bien que parfois, elle souhaitait écrire sa vie, mais elle prendrait là le risque le plus fou, puisque le livre ferait office d’aveu et jamais elle n’avouerait avoir péché tout au long de son existence. Cela serait bien trop simple et elle préférait rester pour l’éternité cette femme mystérieuse, qui souriait avec hypocrisie à toutes les personnes qui le méritaient et qui devenait aussi transparente que le verre au contact de son si précieux amant Dantes Jekyll.
Une fois qu’elle eut arborée ses bijoux, elle enfila, une paire de chaussure et enfin, elle se jugea prête. Elle sortir de sa chambre pour mieux croiser son mari Thomas, qu’elle préféra ignorer. Ce dernier ne la lâchait pas du regard, lui lançant une remarque acerbe à propos d’un amant qu’elle allait retrouver.

« Thomas, je ne suis pas d’humeur à retrouver mes sois disant amant, je préfère nettement rester amère à propos du fait, que je n’ai pas pu me débarrasser de vous correctement. » Dit-elle avec un ton pour le moins provoquant.

Elle détestait cet homme, mais d’un côté, elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine passion pour lui. Il lui tenait toujours tête, ce qui l’amusait. Cependant, elle avait peut-être un peu trop joué de sa provocation, si bien que ses douces remarques, lui attirèrent un soufflet assez fort. Scarlett grimaça, tout en portant sa main sur sa joue qui contiendrait pendant un temps les marques de cette gifle.

« Je porterai avec joie sur ce paquebot les traces de votre violence. » Dit-elle, tout en sortant de la cabine.

Thomas le savait, leurs histoires de couple ne devaient pas aller au-delà de leurs appartements et il respectait toujours cette règle. Pourtant, Scarlett n’allait pas se gêner pour montrer à tous le coup qu’il lui avait été porté. Elle ne dirait rien de plus, elle n’assouvirait pas les ragots des nobles dames, mais elle laisserait planer le doute. Pauvre Thomas, il ne méritait pas un tel traitement, il aurait dû mourir comme tous ces autres maris, mais il avait fallu qu’il vive. Scarlett ne pouvait pas en faire autrement, même si elle était attirait pas cet homme, elle se devait de lui pourrir l’existence.
Une fois le dédale des couloirs parcourut, Scarlett poussa la porte du salon de lecture et d’écriture, l’endroit était toujours assez calme le matin et elle savait qu’elle trouverait la paix. Dantes lui manquait, mais elle ne pouvait se permettre de lui montrer sa joue rouge, il finirait par deviner le fin mot de l’histoire et elle ne voulait surtout pas lui attirer des ennuis. Sur une table, la veuve noire finit par trouver du papier et de quoi écrire et elle se mit par noircir les feuillets de ses souvenirs d’enfance. Si elle s’arrêtait au bon moment, elle n’avait pas besoin de révéler ses plus noirs desseins.


Dernière édition par Scarlett J. Hamilton le Sam 22 Sep - 22:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson   Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson EmptySam 22 Sep - 17:48




Oh, you're the evil !


« Mes grandes souffrances dans ce monde ont été les souffrances d'Heathcliff, je les ai toutes guettées et ressenties dès leur origine. Ma grande raison de vivre, c'est lui. Si tout le reste périssait et que lui demeurât, je continuerais d'exister; mais si tout le reste demeurait et que lui fût anéanti, l'univers me deviendrait complètement étranger, je n'aurais plus l'air d'en faire partie. Mon amour pour Linton est comme le feuillage dans le bois : le temps le transformera, je le sais bien, comme l'hiver transforme les arbres. Mon amour pour Heathcliff ressemble aux roches immuables qui sont en dessous: source de peu de joie apparente, mais nécessaire. Nelly, je suis Heathcliff! Il est toujours, toujours dans mon esprit ; non comme un plaisir, pas plus que je ne suis toujours un plaisir pour moi même, mais comme mon propre être. Ainsi, ne parlez plus de notre séparation ; elle est impossible et ... »

La poésie de cette oeuvre parvenait toujours à fasciner Junior. Sans être du genre romantique, il savait apprécier les beaux mots, les belles choses. Et la description d'un tel amour ne le laissait certes pas indifférent. Pour lui, Les hauts de Hurlevent était l'oeuvre la plus caractéristique des tourments amoureux, une tapisserie absolument parfaite de l'Amour et de la Haine. Il était tout simplement admiratif devant ces protagonistes atypiques.

Catherine, amoureuse mais trop soucieuse des convenances. Catherine, qui s'était mariée à un homme trop conventionnel. Catherine, l'enfant sauvage qui montait à cru dans les landes, avec son âme soeur derrière elle. Catherine, qui rentrait parfois le soir complètement couverte de boue mais radieuse, le sourire aux lèvres. La brune terrible qui s'interposait toujours pour défendre Heathcliff. Cette petite fille aux grands yeux, un peu joufflue, un peu enrobée mais tellement fascinante, qui tentait toujours de contrôler son frère, cet irascible tyran qui martyrisait Heathcliff pour un oui ou pour un non. Catherine, qui était morte. Qui laissait derrière elle un être brisé, corrompu par une haine amoureuse dont l'intensité dépassait les mots qu'Emily Brontë s'était acharnée à vouloir mettre sur ça.

Et puis Heathcliff, dont la profondeur des émotions ressenties prenaient aux tripes, bouleversaient, choquaient. Cet anti-héros marginalisé, maltraité, à la peau presque aussi sombre que les yeux et les cheveux. Amoureux de cette ingrate petite fille gâtée qui n'ose pas avouer son amour par simple peur des conventions sociales. James ne pouvait s'empêcher de comparer sa propre situation à celle de l'oeuvre. Parker était le Heathcliff vagabond et sans bagage qui séduisait le coeur de Grace qui prenait pour l'occasion les traits de Catherine. Et lui, pauvre imbécile au milieu, tentait de lutter pour avoir sa place. Il se haïssait de penser comme ça. Il détestait James Parker de tout son être et le comparer à Heathcliff était un compliment, dans une certaine mesure. Il était tellement passionné par ce personnage. D'un geste assuré, il tourna de nombreuses pages pour arriver à son passage favori, l'expression d'une détresse plus pure qu'une eau de source, plus profonde que les abysses sous-marines.

« Puisse-t-elle se réveiller dans les tourments ! cria-t-il avec une véhémence terrible, frappant du pied et gémissant, en proie à une crise soudaine d'insurmontable passion. Elle aura donc menti jusqu'au bout ! Où est-elle ! Pas là... pas au ciel... pas anéantie... où ? Oh ! tu disais que tu n'avais pas souci de mes souffrances. Et moi, je fais une prière... Je la répète jusqu'à ce que ma langue s'engourdisse : Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrais ! Tu dis que je t'aie tuée, hante-moi, alors ! Les victimes hantent leurs meurtriers, je crois. Je sais que des fantômes ont erré sur la Terre. Sois toujours avec moi... prends n'importe qu'elle forme...rends-moi fou ! mais ne me laisses pas dans cet abime où je ne puis te trouver. Oh ! Dieux ! C'est indicible ! je ne peux pas vivre sans ma vie ! Je ne peux pas vivre sans mon âme !»

S'il avait été un peu plus émotif, peut-être aurait-il pleuré devant ce passage. La première fois qu'il avait lu le roman, expressément importé d'Angleterre par ses soins, il avait versé une larme. Aujourd'hui, le charme de la nouveauté avait un peu passé. Mais il était toujours aussi émerveillé, cela allait sans dire. Ce n'est qu'au bout d'une petite dizaine de minutes qu'il entendit un bruit curieux et inédit qui lui fit lever la tête. Il était installé dans un de ces confortables fauteuils qui faisaient face à la cheminée éteinte, ceux dont le dossier immense cachait la présence et faisait dos à l'entrée du petit salon. Glissant le morceau de tissu rouge servant de marque page là où il s'était arrêté, Junior referma le livre et se pencha par dessus l'accoudoir pour regarder derrière lui. Un sourire effleura ses lèvres et il lança d'une voix nonchalante « Bonjour, Scarlett. Ton esprit tourmenté serait-il trop plein de néfastes pensées pour que tu martyrises ainsi la plume et le parchemin ? »

Souplement, avec un flegme tout britannique, il se leva et rajusta son costume brun sur ses épaules avant de s'avancer gracieusement vers sa diabolique amie et confidente. Sans lui en demander l'autorisation, il s'empara de la main qui n'écrivait pas pour y déposer un baisemain des plus français, plein d'une galanterie aristocratique. Son regard sombre brillait de malice et il était content d'avoir une aussi charmante compagnie.


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MessageSujet: Re: Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson   Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson EmptyMar 25 Sep - 19:32


Sous l'ombre d'un mensonge.


Docteur Jekyll et Mister Hyde, l’ombre et la lumière, le mal et le bien, tout cela en une même personne. Ironie du sort, la belle Scarlett était tombée sous le charme d’un certain Dantes Jekyll ? Mais elle qui était-elle, une Mrs Hyde ? Ténébreuse, parfois envoutante, Scarlett pourrait se comparer à une héroïne de roman, sauf qu’elle serait un personnage qu’on aimerait détester, à l’image de Emma Bovary, héroïne agaçante et pathétique à la fois. La veuve noire, on l’aime ou on la déteste, il ne pouvait y avoir de juste milieu, sombre manipulatrice, elle ne pouvait se complaire à sa propre existence, il fallait qu’elle ruine celle des autres. Sa vie quoique aventurière, avait pris un souffle bien trop calme à son goût depuis le naufrage. Ici, il n’y avait pas de mari à tuer ni de nouveaux visages à découvrir. Elle nous pouvait donc que faire le mal autour d’elle. Oh certains ne le savaient pas encore, mais pourtant, elle pouvait ruiner une vie avec n’importe quel jeu de manipulations. C’était parfois si amusant et c’était encore mieux quand on n’éprouvait pas de remord. Personne ne pouvait changer l’âme diabolique de la belle Scarlett, son mari aurait pu essayer s’il ne ressentait pas une haine farouche envers sa femme. Et son amant ? Que pouvait-il bien faire ? Peut-être lui donner un peu d’amour et encore, pouvait-on guérir éternellement le mal. « Chassez le naturel et il revient toujours au galop. » Disait le célèbre adage. Non si Scarlett souhaitait changer, elle devrait faire elle-même les efforts et cela n’arrivera pas avant un très long moment, quelques siècles peut-être. La brune aux yeux noisettes se doutait qu’un jour la vie pourrait la rattraper, que quelqu’un viendrait se venger du mal qu’elle avait causé. Que fera-t-elle ? Dans une cellule elle pourrait si plaire, mais une présence pourrait lui manquer, celle de son beau peintre de Dantes, celui qui savait la représenter aussi belle qu’elle était la rendant plus angélique, même dans la nudité.

« La tourmente, je l’ai connu bien assez tôt, j’étouffais dans cet appartement lourdement décoré, je voulais hurler, je voulais bouger, mais qu’étais-je donc à l’époque ? Une petite fille habillait comme une bourgeoise ? Non je n’étais que la progéniture de la putain. On me fuyait et quand les hommes de ma mère tombaient sur moi en venant à la maison, ils me scrutaient soit comme un objet, sinon il se pouvait, qu’ils cherchaient une quelconque ressemblance entre eux et moi. Ironie du sort, je savais que mon père était mort. Comment ? Je ne le sus jamais, Liliane adorait garder ses secrets pour elle. Je me l’imaginais donc étendu dans une flaque de sang, mort à la guerre. Le rêve de n’importe quel enfant de voir leur géniteur en héros. Moi je m’en moquais, je préférais le savoir mort plutôt que de le voir arriver dans ma vie, je préférais nettement être l’héroïne de mon propre destin. »

La veuve noire ne fut bientôt plus seule avec ses mots. En entrant dans le salon de lecture et d’écriture, elle n’avait nullement remarqué qu’un homme était assis sur l’un d’un confortable fauteuil de la pièce. Elle s’arrêta donc d’écrire quand elle entendit une voix la saluer. Scarlett leva son regard pour le poser sur la personne de James Robinson Jr, un jeune riche de seconde classe, qui franchement n’avait pas sa place là-bas. L’homme était jeune et très beau, si la brune n’avait pas assez d’amant, elle aurait pu le mettre déjà dans son lit, mais à défaut d’avoir le fiancé de la petit DeWitt-Harper, elle mettait volontiers le frère de cette dernière dans son lit. Le jeune fiancé lui accorda un baisemain, Scarlett lui gratifia d’un sourire séducteur, avant de lui montrer le fauteuil à ses côtés pour qu’il s’installe. Entre temps, elle rangea ses feuillets. Le cœur d’une femme n’était-il pas un océan de secret ?

« James quelle surprise, vous étiez si discret que je ne vous ai point vu dans la pièce. Dit-elle tout en regardant le livre qu’il tenait. Il semblerait que ce cher Heathcliff ait tourmenté ton âme. La belle Catherine Earnshaw vous ferait-elle souffrir ? » Continua-t-elle avec un ton charmeur.

En évoquant Catherine, Scarlett sous-entendait bien la fiancée de James, Grace. D’ailleurs, la belle en savait des choses sur la petite fiancée. Non contente d’avoir un riche compagnon, elle se tournait dans les draps du fougueux James Parker. Deux James pour le prix d’un, que cela était risible. Mais que pouvait donc faire la belle Scarlett, tout aussi manipulatrice qu’elle était, elle s’était mise à apprécier les deux hommes et si elle en faisait chuter un, cela ne serait pas équitable pour elle. Depuis qu’elle avait découvert le secret de Grace, la veuve noire réfléchissait beaucoup à cette situation et pour le moment, elle avait choisi de rester amie avec les deux James, conseillant le premier pour que celui-ci arrache la belle à l’autre et vice-versa. Elle jouait ainsi le rôle de la parfaite amie, tout en ne se mouillant pas avec la boue dans laquelle s’enfonçait la belle Grace.


Dernière édition par Scarlett J. Hamilton le Dim 9 Déc - 19:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson   Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson EmptyLun 3 Déc - 19:25




Oh, you're the evil !


« James quelle surprise, tu étais si discret que je ne t’ai point vu dans la pièce. » En effet, il avait pu admirer cette quasi invisibilité qui avait été la sienne pendant quelques temps. Il n'aimait pas être ignoré, en temps normal. Mais en compagnie de Heathcliff et Catherine, la vie était toujours moins grise, plus passionnée, plus intense. En l'occurrence, être ignoré ne lui avait pas posé de problème. Sa vanité et son ego restaient intactes. « Il semblerait que ce cher Heathcliff ait tourmenté ton âme. La belle Catherine Earnshaw te ferait-elle souffrir ? » Un rictus cynique effleura ses lèvres. Bien sur, Scarlett n'ignorait rien de cette situation cocasse et pour le moins inédite dans laquelle il se retrouvait. Prisonnier d'un navire qui n'allait nulle part, avec une fiancée qui semblait profiter des bras d'un autre, horrible individu qui lui faisait en plus l'affront de porter le même prénom que lui ... Oh, c'était comique, à bien des égards. Sauf pour lui, qui en pâtissait sévèrement.

« Hélas ma chère, ma vie n'est pas aussi palpitante que le roman de cette merveilleuse Emily, mais les protagonistes me donnent en effet du fil à retordre ... » Grace, sublime enfant gâtée à laquelle il s'était retrouvé fiancé sans avoir son mot à dire, batifolait ouvertement avec un malotru de troisième classe. « Si dans le roman, j'éprouve une profonde sympathie pour le personnage d'Heathcliff, je refuse d'attribuer à ce James Parker le moindre soupçon de considération. » Il se conduisait un peu comme un enfant puéril. Mais il détestait se sentir comme le pauvre Edgar Linton, époux potiche de la belle Catherine, incapable d'avoir son coeur malgré la tendresse et l'affection qu'il lui avait prodigué. Il détestait ce personnage, si bien élevé, si maniéré mais sans passion, sans feu intérieur. Il préférait se mettre à la place du passionnant et fascinant Heathcliff, homme intelligent, fourbe, mesquin mais amoureux jusqu'aux tréfonds de son âme, de son coeur corrompu. Feignant un sourire poli, il lança d'une voix amusée « Mais revenons en à la plume que vos doigts élégants s'acharnaient à martyriser ... Secrètes pensées occasionnées par vos noirs dessins, chère amie ? » Il aimait beaucoup Scarlett. Elle était franche et subtile, avec un esprit acéré et une répartie très noire, même si toujours élégante et conventionnelle. Une femme de fer, dans une robe faite de velours et de sourire, de regards doux. Une femme puissante, dangereuse.

Tout en attendant une réponse qui se faisait désirer, James gagna la commode sur laquelle reposaient les cigares et l'alcool, les verres. S'emparant de la lourde carafe pleine d'un liquide ambré très attirant, il s'en servit un fond de verre en cristal. « Je vous sers ? C'est du whisky, d'un certain âge d'après la couleur ... et l'odeur. » Enivrant parfum très fort, piquant mais pourtant suave. James raffolait des bons alcools. Il ne doutait pas qu'une femme puissante et forte comme Scarlett soit à même de tenir la distance avec des liqueurs plutôt masculine. Il n'osa cependant pas lui proposer un cigare, songeant qu'elle devait probablement préféré quelque chose de plus doux, comme une cigarette. Machinalement, il ouvrir la boite contenant les superbes Havanes et en choisi un, le coupant à l'extrémité avant de l'allumer et de retourner s'installer dans un des fauteuils, faisant cette fois face à la jeune femme, un sourire aux lèvres, son verre dans la main droite et son cigare dans la main gauche.


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MessageSujet: Re: Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson   Sous l'ombre d'un mensonge ♦ James Robinson EmptyDim 9 Déc - 20:15


Sous l'ombre d'un mensonge.


« Jolie petite princesse, je savais que mon esprit cachait les plus noirs dessins, devais-je les refouler ou bien les accepter ? Mon univers n’était que ténèbres, alors que tout autour de moi respirait le luxe. Un luxe volé, une fausseté dans un monde où je n’étais que pauvre. Ma mère vieillissait, les hommes venaient de moins en moins, à mon plus grand bonheur, mais nous avions faims, terriblement faim. Mes entrailles me tiraillaient, mon corps souffraient, tout comme mon esprit. Je voulais fuir, avoir une chance de survivre et de me construire. »
Dans un conte, elle aurait été la douce petite fille, celle à qui deux voies s’étaient présentées, celle du bien, lumineuse et bien trop compliquée, celle du mal, représenté par les ténèbres, mais la facilité. La suite, on la connait, les petites filles qui choisissaient la seconde voie, finissait par devenir des méchantes reines. Scarlett, sombre veuve noire, celle qui avait choisi la facilité, la richesse et le confort, ce qu’elle avait toujours rêvé. Après cela, elle n’avait plus jamais eu faim. Si la vie de Scarlett pouvait être digne d’un conte qui se termine mal, celle de son compagnon, James Robinson ressemblait bien trop à un roman d’amour, dans laquelle la douce princesse sombrait dans un attrayant triangle amoureux. La veuve noire, charmeuse avec le jeune homme, répondit à ses mots.

« James, vous êtes un maître dans l’art de tirer les ficelles, un homme de votre prestance et de votre charisme ne peut que s’en sortir. Par contre, j’ai bien du mal à croire que votre Grace soit proche d’un gueux, cela est presque impensable. » Commença-t-elle langoureuse, avant de terminer avec un ton faussement outré, qui en tromperait plus d’un.

Pourtant, elle le savait bien, la douce Grace, c’était acoquinait de James Parker, un homme de troisième classe, à qui on pourrait facilement donner le rôle d’Heathcliff. Pauvre James Robinson, que fera-t-il quand il prendra sa belle sur le fait, il était si charmant, mais il semblerait que sa tendre fiancée soit devenue gourmande, choisissant deux hommes pour ses plaisirs. Même si le sujet était plus qu’intéressant pour la sombre Scarlett Hamilton, James lui offrit le luxe d’une toute autre conversation, une sur sa propre vie. Les feuillets, l’encre et la plume se trouvait toujours à ses côtés, en ce qui concernait les pages noircies, elle les ôta de la vue de son compagnon.

« Mes actions sont telles toujours machiavéliques pour que vous pensiez que je note sur ce papier mes sombres pensées ? Mais vous savez James, le cœur d’une femme est un océan de secret, cet adage est bien connue par nous toutes. » Ajouta-t-elle avec un sourire exquis.

Il était rare que le monde ne la perçoive comme elle était vraiment, Scarlett était toujours une femme secrète, seul un esprit vif et une personne aux noirs desseins pouvait la connaître réellement. La veuve noire savait que James la comprenait et c’était plaisant. Tous ici ne pouvaient pas forcément supporter la langue acérée de cette femme. Même si elle jouait parfaitement la comédie, par moment, elle ne pouvait s’empêcher de sortir une remarque pleine de vérité, mais d’une vérité blessante, qui pouvait faire beaucoup de mal. Scarlett on l’aime, ou on la déteste, bien souvent, la seconde option est de mise. James de son côté proposa un délicieux breuvage à la brune, un whisky âgé comme elle les aimait.

« James, vous savez toujours parler à une femme, depuis tout ce temps, je ne comprends pas pourquoi miss DeWitt-Harper ne vous a pas épousé. » Disait-elle, tout en acceptant le précieux breuvage.

L’alcool était l’un des péchés mignon de la veuve noire, auparavant, elle était obligée de boire ces fameuses piquettes que l’on servait dans les quartiers pauvres, mais depuis qu’elle était riche, elle se laissait toujours aller aux plaisirs des boissons enivrantes. Face à elle, se tenait toujours James, charmeur et très charismatique, son verre d’alcool d’un côté, un cigare dans une main. Si elle avait été plus jeune, la brune aurait sûrement succombé au plaisir d’en faire son mari, aurait-il vécu ? Qui sait !
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