Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth}
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Sujet: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Sam 16 Fév - 23:21
Manoir des Lockwood, périphérie de Londres Juillet 1903.
Il devait être aux environs de huit heures quand Ann-Elizabeth Lockwood, seize ans, ouvrit les yeux. Dans la pièce baignée de pénombre, l'unique source de lumière provenait des quelques rayons de soleil qui passaient à travers les volets. Cependant, on pouvait distinguer les meubles avec une certaine clarté : ici, l'immense et fournie bibliothèque, là, le bureau de bois précieux. Les colonnades du lit a baldaquin se découpaient avec netteté sous le regard encore endormi de la jeune Lady.
Un grattement à la porte, discret mais bien présent, eut pour effet de sortir Ann de sa somnolence. Avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche, on la devança.
"Ann ? Tu es réveillée ?"
Marianne. La Lady sourit en entendant le murmure feutré de sa jumelle, qui couchait dans la chambre adjacente à la sienne. Toujours allongée sur le dos, les bras croisés derrière sa tête, Ann lui répondit sur le même ton :
"Plus ou moins. Entre, si tu veux."
Il y eut un déclic, le grincement léger de la porte bientôt suivi d'un second déclic, puis le bruit ténu des pieds déchaussés sur le plancher de bois clair et enfin, Ann sentit sa soeur s'allonger à ses côtés. Elle se tourna vers elle et lui sourit. Pleinement réveillée, Marianne lui renvoya son sourire. Physiquement, toutes deux se ressemblaient beaucoup, rien d'étonnant pour des jumelles : même teint de lait, même chevelure brune, épaisse et légèrement bouclée, visage quasiment similaire ; leur grande différence venait de leurs yeux. Là où Ann-Elizabeth arborait des prunelles bleu ciel, aussi claires et limpides que de l'eau de roche, Marianne avait des yeux noisette, d'un marron presque doré, pétillant et chaleureux comme du miel sombre.
"Alors, prête pour la garden-party ?"
Le sourire d'Ann se mua en grimace.
"Ne m'en parle pas. J'ai autant envie d'y assister que d'aller me pendre, si tu vois ce que je veux dire !"
Le marquis et la marquise avaient en effet prévu d'organiser une pompeuse réception dans l'immense parc de leur manoir périphérique. Tout le gratin de la haute société anglaise serait présent, autant de gens qu'Ann n'avait aucune envie de voir. Pour la plupart, ils étaient stupides et maniérés, imbus de leur petite personne et aussi intolérants que possible. Le seul plaisir qu'elle retirait de des évènements -et il n'était pas des moindres- était de soutirer le maximum d'anecdotes et de situations cocasses, le maximum de répliques aussi, autours desquelles elle basait bon nombre de ses récits.
"Ne dis pas ça, j'ai entendu Mrs Mitchell dire à Mr Maddock que les Abbot et les De Neuveille étaient de la partie."
Vivement intéressée, Ann se tourna vers sa jumelle.
"Tu es sérieuse ? Mary et Héloïse seront là ? - Tu connais d'autres Abbot ou De Neuveille, excepté leurs parents ?"
Toute impression d'ennui et d'agacement avait déserté le visage de l'anglaise. Au contraire, c'était une joie pure, presque enfantine, qui illuminait ses traits.
"Ce serait extraordinaire qu'elles viennent ! J'aurais moins l'impression de gâcher ma journée !"
Marianne eut un de ses doux rires dont elle seule avait le secret.
"Elles viendront, ne t'en fais pas. Mais j'espère que tu passeras quand même un peu de temps avec les adultes aussi, et les pires. Il y a bien longtemps que la romancière des problèmes sociaux n'a pas renouvelé ses écrits !"
Ann pouffa, le visage à moitié dans l'oreiller. La romancière des problèmes sociaux... Depuis quelques mois, Marianne la surnommait ainsi par dérision ; mais force était de reconnaître qu'il y avait du vrai dans ce qu'elle disait, car Ann écrivait essentiellement des critiques sociales assez acides, qui feraient scandale si un jour elles étaient publiées. Ce sobriquet avait tant plu à Thomas et Victoria, les deux seuls membres de la famille a savoir qu'elle écrivait en dehors de Marianne, qu'à présent ils la surnommaient ainsi. Le bruit d'un pas rapide et précipité dans le couloir ramena les jumelles à l'instant présent.
"Ne devrais-tu pas y aller ? - Si. Je vais filer avant que Mrs Mitchell me trouve ici, sinon nous sommes bonnes pour une bonne réprimande. - Pas toi, tu passeras entre les mailles du filet, comme toujours ! - Mais ce ne sera pas ton cas, et je n'aime pas quand tu te fais punir. - J'ai l'habitude. - Je sais, c'est bien ça qui me pose un problème. - Entre toi qui es trop sage et moi qui ne le suis pas assez, nos parents ont de quoi se faire du souci ! - Je ne pense pas qu'on puisse vraiment être trop sage, Ann. - Et moi, je ne pense pas qu'on puisse être trop rebelle, Marianne. Tu vois !"
Marianne leva les yeux aux ciel, et toutes deux se mirent à rire, le plus discrètement possible. Enfin, Marianne se leva, se pencha et embrassa doucement la joue de sa jumelle avant de tourner les talons et de s'enfuir vers ses propres appartements. Demeurée seule dans le noir, Ann-Elizabeth se surprit à sourire. Deux minutes plus tôt, elle se préparait mentalement à affronter une réception à laquelle elle n'avait aucune envie de participer. Maintenant, elle s'en faisait une joie, car ses amies étaient de la partie. En fin de compte, cette soirée ne serait peut-être pas aussi nulle que prévu !
Le reste de la matinée s'écoula sans incident notoire. Alors que l'armada de domestiques achevait les derniers préparatifs sous l'oeil vigilant de la marquise Lockwood, les quatre derniers de la nombreuse fratrie, les seuls à ne pas avoir encore quitté le giron familial, à savoir William, Marianne, Ann-Elizabeth et Victoria, s'occupaient en lisant, brodant (pour Victoria), écrivant, dans l'attente du signal qui leur annoncerait l'arrivée des invités, donc le moment de rejoindre leurs parents dans le parc.
Les trois soeurs étaient dans la bibliothèque quand on cogna avec sécheresse sur le bois de la porte, qui s'ouvrit, laissant entrer la gouvernante, Mrs Mitchell.
"Miladies, votre mère vous attend en bas. Les invités ne vont pas tarder à arriver."
Et elle s'écarta avec sa raideur habituelle pour laisser passer les demoiselles. Dans le pars, les convives affluaient déjà, venaient les aborder, mais Ann ne leur prêtait pas la moindre attention. Habitués à son comportement dénué de tout sens des conventions, ils ne semblèrent point s'en formaliser, contrairement au marquis qui ne cessait de lui lancer des regards noirs de sous-entendus. Le soir venu, quand tous auraient regagné leurs demeures respectives, elle passerait un mauvais quart d'heure, mais s'en fichait. Rapidement, ses yeux clairs allaient d'un visage à l'autre, guettant les deux personnes qu'elle avait envie de voir en dehors de ses soeurs : Mary Abbot et Héloïse de Neuveille.
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Dim 17 Fév - 14:06
Childhood games, woods and lakes.
Mary & Heloïse & Ann-Elizabeth
La campagne anglaise, une résidence de nobles et un calme ambiant...Enfin presque!
"Mademoiselle! Jeune maîtresse! Venez ici, nous avons un thé!... Roh! Mais où est elle cette petite? "
Une servante pesta avant de sortir de la chambre de la fille du Comte Abbot. Cette gamine était âgée de 12 ans et était déjà un vrai boulet d'énergie qui se fichait des conventions... Qui aurait cru qu'elle s'assagirait autant dans quelques années au point de figurer parmi la fine fleur du beau monde et de figurer dans la liste des meilleures partis de la noblesse anglaise? On en aurait rit, très certainement!
Des rires se firent entendre provenant d'une énorme garde robe puis un grincement et une petite forme rousse sorti du meuble.
"Elle a vite abandonnée! C'est pas drôle! En plus, quand cesseront-ils de m'obliger à assister à leur petite garden party?... "
Elle alla s'asseoir sur son lit pour prendre le dernier livre qu'elle avait commencé en maugréant: "pas moyen de lire en paix!" . Elle était en pleine lecture qu'elle n'entendu pas quelqu'un entrer dans chambre et sursauta quand elle entendit un rire. Elle en lâcha son bouquin qui glissa sur le sol en se redressant:
"mère?!"S'exclama t'elle. Elle rougit comme une pivoine.
"Je savais que tu étais dans ta chambre ma fille... J'ai eu douze ans moi aussi!"
Sa mère la connaissait trop. Elle connaissait toutes ses petites cachettes. Elle rougit encore plus, énervée.
"Je sais que tu n'aimes pas ces fêtes auxquels ont doit assister, mais cela fait partie des obligations de notre rang..."
"Mais je sais même pas chez qui on va! J'ai pas envie d'y aller!"
Sa mère soupira: "on va chez les Lockwood"
Mary piqua un fard en sautant de son lit: "on va chez Ann-Elizabeth et Victoria?"
"Oui, oui, j'avais prévu de te faire la surprise mais si j'avais continué, on aurait été obligé de te tirer jusque là par le jupon!" dit sa mère en tapotant le siège de la coiffeuse de Mary. Celle ci obéit et la Comtesse Abbot prit la brosse pour peigner les longs cheveux roux/bruns de la jeune fille.
"En plus, j'ai ouïe dire que les De Neuveille seront là eux aussi!"
Elle lui attacha un ruban sur la tête avant de l'emmener au centre de la chambre pour détacher la robe de nuit de dentelles de sa fille et l'aider à mettre un robe blanche à col avec une ceinture de soie et une veste de lin beige. Elle la parfuma et la maquilla un peu
"Voila, une vraie petite Lady!"
......
Quelques temps plus tard, la famille des Comtes Abbot était parti pour le manoir des Lockwood où ils arrivèrent après une heure de route. Le père fut le premier à sortir, suivi de son épouse et, enfin, la petite Mary qui observait l'immense manoir avec ses vitres qui brillaient. Ils furent escortés jusqu'au parc des Lockwood. A peine arrivée, mary cherchait déjà après Ann-Elizabeth et Victoria. Elle remarqua la soeur aînée:
"Ann!"
FICHE PAR STILLNOTGINGER.
Dernière édition par Mary A. Abbot le Jeu 10 Oct - 16:59, édité 3 fois
Héloïse observait son sombre reflet dans l'imposant miroir de sa coiffeuse. Les rideaux des fenêtres étaient encore tirés et plongeaient la pièce dans la pénombre. Le reflet que lui renvoyait sa glace n'était que celui d'un visage où se disputait haine et souffrance. Vengeance et chagrin. Une larme de rage perla soudain sur sa joue pâle tandis qu'elle serrait avec force la brosse à cheveux qu'elle avait emprisonnée dans sa main. Ses traits étaient crispés, sa mâchoire convulsivement serrée. Dans quelques semaines, cela ferait bientôt dix ans que le comte l'avait enlevée, arrachée à sa terre natale après avoir assassiné sa mère et ce poète qui était peut-être son père ses yeux d'enfants. Dès lors, il lui avait ôté une innocence, une enfance et une candeur qu'elle ne retrouverait plus jamais. La terreur que lui avait d'abord inspiré le comte lorsqu'elle était petite fille s'était ensuite muée au fil du temps en une sourde haine emplie de représailles. Elle sentait les feux de la colère ériger une funeste vengeance envers ce monstre rongé par la jalousie. Depuis qu'il avait quitté Paris pour Londres afin d'échapper à la police, il agissait comme si rien ne s'était produit, comme si ce double meurtre n'avait jamais été qu'un terrible songe. Mais Héloïse ne pouvait oublier et elle ne supportait pas que cet homme qui se prenait pour son père puisse ainsi occulter pareille horreur. Folle de rage, la jeune fille lança brusquement son brosse sur le miroir qui se brisa en une multitude morceaux de verre où les yeux rougis de larmes de l'enfant venaient se refléter à l'infini. Plus que tout, c'était la perspective que le comte soit dans le vrai qui l’abhorrait le plus. Elle ne pouvait être la fille d'un tel meurtrier. Et pourtant, durant cinq ans il avait réservé des droits exclusifs sur sa mère comme si elle n'était pas plus qu'une simple marchandise. Il était presque certain qu'Henri de Neuveille était son géniteur mais l'ombre de ce poète planait. Héloïse espérait de tout son coeur qu'il soit son père, car elle le considérait déjà comme tel. Il était celui que sa mère avait choisi. Celui qu'elle avait aimé de tout son être. La petite fille se souvenait encore quelle avait été la joie de sa mère quand elle lui avait annoncée qu'elles avaient enfin s'enfuir du Moulin Rouge avec le poète. Malheureusement le comte avait mis un terme à ce beau rêve sans scrupule, ni regret. Les remords ne l'étreignaient pas.et il vivait tel un innocent. Il profitait de cette vie que sa mère ne détenait plus. Il fallait qu'il soit puni pour ses actes et elle était persuadée qu'un jour elle pourrait la venger. Mais pour l'heure, patience se devait d'être maîtresse de sa raison même si parfois elle était mise à rude épreuve. Une exclamation se fit soudain entendre de la porte qui venait tout juste d'être ouverte.
" Comtesse !! Qu'avez-vous encore fait à votre miroir ?! Voilà le troisième que vous brisez en l'espace de deux mois ! Votre père va finir par perdre patience, expliqua la gouvernante en s'approchant de la jeune fille.A force vous risquez de vous attirez de longues années de malheur !"
L'enfant détourna un regard venimeux vers la gouvernante. Elle ne l'aimait que très peu et elle la trouvait d'une idiotie certaine. Elle parlait de malheur qui pourrait lui arriver ? Mais sa vie était déjà placée sous le signe du malheur. Aurait-elle pu espérer pire à cet instant ?
" Éloignez-vous donc de cette coiffeuse, vous risqueriez de vous couper avec tout ce verre brisé, fit la gouvernante en attrapant la jeune fille par les épaules pour la relever de sa chaise puis elle l'étudia sommairement pour vérifier qu'elle ne s'était pas blessée. Et puis enlevez-moi cette si vilaine grimace de votre visage ! On a sans cesse l'impression que vous êtes de mauvaise humeur ! Cela ne sied pas à une jeune fille de votre rang !"
Malgré les remarques de la vieille nourrice, Héloïse n'en fit rien et laissa sur son visage une expression dure et froide.
"Et il fait si sombre ici ! s'exclama-t-elle en tirant les rideaux pour faire entrer la lumière dans la chambre. Maintenant il va falloir que vous vous prépariez. Il y a une garden party de prévu et votre père compte sur votre présence."
"Je ne veux pas y aller."
La nourrice souffla de dépit. Cette enfant était si pénible et si têtue. Elle avait tout et pourtant elle ne semblait jamais heureuse.
"Malheureusement ce n'est une chose à négocier. Il vous faut y aller. Le comte a été très stricte à ce sujet et puis vous devriez être contente, cette journée va se passer chez les Lockwood."
Pour la première fois, cette annonce éveilla soudain son intérêt et même un sourire fleurit sur son visage. Elle pensa à la famille Lockwood et à leurs enfants. Ils faisaient partis des rares avec qui elle avait des liens amicaux. Surtout avec l'aîné, Ann-Elizabeth. Son côté indépendant et rebelle lui plaisait et forçai même son admiration. Elle accepta alors de se laisser habiller et coiffer par la gouvernante qui était fière d'avoir réussi à amadouer la fillette. Puis il la parfuma un peu et lui mit une léger maquillage. Enfin apprêté, elle descendit dans l'entrée où le comte de Neuveille l'attendait déjà.
" Ah Héloïse ! Te voilà enfin prête. Nous risquons d'arriver en retard si tu ne te dépêches pas plus."
La jeune fille continua de descendre lentement les marches. Son visage avait repris un air sévère, tandis que celui d'Henri s'adoucissait en la contemplant.
" Tu deviens si belle ma fille. Tu ressembles de plus en plus à ta mère."
Héloïse eut un sursaut choquée en l'entendant parler de sa mère. Comment osait-il bafouer ainsi la mémoire de sa mère ?! La jeune fille darda un regard assassin à cet homme et se dépêcha de grimper dans la calèche. Pendant qu'elle les conduisait jusque chez les Lockwood, Héloïse fuit les yeux du comte, ses propres yeux étant brillant de rage. Quand enfin ils arrivèrent à la garden Party. La jeune fille descendit immédiatement de la calèche, presque en en jaillissant. Rejetant toutes bienséances, elle fondit la foule qui se trouvait dans les jardins cherchant du regard l'objet de sa recherche. Enfin, elle vit Ann et Marianne, il y avait même Mary. Heureusement qu'elles étaient toutes là. La petite fille s'y engagea immédiatement, mais avant, elle se forma un masque joyeux en arborant un sourire radieux sur son visage.
"Comme je suis heureuse de vous voir, s'égaya Héloïse à l'adresse du petit groupe."
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Dim 24 Fév - 15:42
Héloïse, Mary, Ann-Lizzy
« Il y a des choses de l’enfance que seule l’enfance connaît. »
Debout aux côtés de Marianne, Ann-Elizabeth eut un sourire radieux comme un soleil en apercevant une charmante tête rousse fendre la foule en criant son prénom.
"Marianne ! Elle est là, regarde, Mary vient d'arriver !"
Et elle se précipita vers la fillette, suivie de près par sa jumelle et leur cadette, âgée de treize ans.
"Comment tu vas, ma belle ? Vous avez fait bon voyage ?"
Autour de leur petit groupe, les convives affluaient sans leur prêter grande attention. Du coin de l'oeil, Ann constata avec soulagement que son père, pris dans sa conversation avec le Comte Abbot, n'avait pas vu le vent magistral qu'elle venait de mettre à un jeune Lord de dix-huit ans que ses parents aimeraient avoir pour gendre, ne serais-ce que pour garantir la fortune familiale. Avec un peu de chance, il y renoncera rapidement, sinon le pauvre va prendre pour cher, songea la Lady. Hors de question qu'elle se plie aux règles imposées par ses parents : elle n'épouserait qu'un homme qu'elle même aurait choisi, quitte à demeurer célibataire, que ses géniteurs le veuillent ou non.
L'arrivée de la française Héloïse de Neuveille chassa toutes ses pensées agaçantes, et ce fut le même sourire enjoué qui fendit le visage de la brunette.
"Moi de même, Héloïse ! Comment ça va ?" Puis, après une courte pause, elle avoua : "je n'avais strictement aucune envie d'assister à cette réception jusqu'à ce que Marianne ne me dise que vous étiez de la partie. - Et heureusement que vous êtes là, sinon Ann aurait été d'une humeur de chien toute la journée, et aurait encore réussi à pulvériser l'ambiance ! " rit Marianne, qui venait de saluer à son tour Mary puis Héloïse.
La journée s'annonçait idéale, beau temps et températures douces. Ce n'était pas la première fois que Mary et Héloïse déjeunaient chez les Lockwood, leur petit groupe exclusivement féminin avait d'ailleurs l'habitude de laisser de côté les adultes pour aller pique-niquer au bord de la rivière, en contrebas. Là-bas, au moins, elles étaient libres de papoter à leur guise, voire de se tremper les pieds dans l'eau, sans souffrir de la moindre remarque sur leur comportement.
"Bon, et si nous descendions chercher les paniers, nous ?" lança Ann à sa jumelle avant de se diriger à grands pas vers l'intérieur du manoir. Puis elle se tourna vers sa cadette et ses amies avant de leur crier : "attendez nous cinq minutes, on arrive !"
Les deux soeurs se précipitèrent à l'intérieur pour aller chercher les paniers pleins de nourriture en cuisines. Ouvrant la petite porte donnant sur l'escalier de bois qui y menait, l'anglaise se tourna vers Marianne.
"Je descends, fais le guet et préviens quand les parents rappliquent ! - Compte sur moi."
Et Ann descendit, laissant Marianne en haut de l'escalier. En effet, le marquis et la marquise interdisaient formellement à leur progéniture de se rendre dans les étages inférieurs, c'est à dire ceux réservés aux domestiques, où l'on trouvait les cuisines et leurs appartements, ainsi qu'une foule de pièces que la Lady avait visitées dans la plus totale illégalité. Trop timorée pour braver directement les interdits parentaux, Marianne acceptait toutefois de dissimuler et d'aider à rebelle soeur dans des cas comme celui-ci. Habituée aux lieux, Ann trouva sans peine les cuisines, et appela le maître des lieux.
"Mr Branson ! Mr Branson ! Vous avez nos paniers ? - Comme toujours, Milady. J'y ai même rajouté des macarons, c'est une pâtisserie française. - Excellente idée", fit Ann en songeant aux origines françaises de Mary et Héloïse.
Revoyant au cuisinier son clin d'oeil, elle attrapa les trois paniers qu'il lui tendit et s'engagea dans l'escalier. Elle n'avait pas monté deux marches que la voix de sa jumelle résonna dans le couloir.
"Albatros ! Albatros !"
Le code ; autrement dit "bouge toi, les parents arrivent !". Ann grimpa quatre à quatre des marches de bois, fourra un des paniers dans les bras de Marianne et lui chuchota précipitamment :
"Allons vite rejoindre les autres avant de se faire attraper !"
Marianne partit devant, Ann ferma la porte d'un coup de pied et la suivit. Par chance, aucune d'elles ne se fit prendre et elles retrouvèrent rapidement leur petit groupe, munies de leur déjeuner.
"Nous voilà ! Clama la Lady britannique. On a eu légèrement chaud, je crois que les parents sont rentrés au moment où je sortais des cuisines. Notre escapade ressemblait assez à un roman d'espionnage, rit elle. Par contre, je crois que Mr Branson nous à encore gâtées, vu le poids des paniers !"
Souriante à nouveau, elle regarda tour à tour le trio face à elle : la brune Victoria, la rousse Mary et la blonde Héloïse formaient un charmant tableau.
"Et bien, mesdemoiselles, que diriez-vous d'un bon repas loin des adultes, au bord de la rivière ? Pas très original, je vous l'accorde, mais c'est toujours mieux que de rester ici ! Non ?"
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Dernière édition par Ann-Elizabeth Lockwood le Sam 14 Déc - 23:22, édité 1 fois
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Jeu 28 Fév - 16:02
Childhood games, woods and lakes...
"Marianne ! Elle est là, regarde, Mary vient d'arriver !"
Mary était heureuse de se trouver là! Enfin, heureusement que cette garden party se déroulait chez les Lockwood sinon la petite fille aurait plombé l'ambiance! Faites lui confiance la dessus!
Les soeurs Lockwood se précipitèrent sur elle:
"Comment tu vas, ma belle ? Vous avez fait bon voyage ?"
"Un peu fatigant, Ann! Mais sinon tout s'est bien passé" sourit la jeune héritière Abbot. Elle sourit en voyant un jeune lord d'une vingtaine d'année tenter de saluer son amie mais elle l'ignora comme si il avait autant d'importance qu'une herbe dans une pelouse. Elle pouffa quand elle le vit s'éloigner complètement dépiter:
"Ann" dit elle entre deux rires "tu es au courant que tu viens de mettre un vent à un homme là?" Elle regarda du coin de l'oeil, le marquis, père de Ann-Elizabeth et des autres, en pleine discussion avec son père. Heureusement, personne ne l'avait vu au moins son amie n'allait pas se faire crier dessus après leur petite sauterie.
"J'espère pour lui qu'il va vite renoncer à te courtiser...Sinon, il va en perdre des plumes!"Malgré son jeune âge, Mary avait un sens de la répartie plutôt mur. Certainement le nombre de livres qu'elle lisait!
Pendant qu'elle discutait avec ses amis, la jeune de Neuveilles arriva:
"Comme je suis heureuse de vous voir"
"Bonjour Heloïse"dit Mary avec une petite courbette. Elle fit un sourire timide au père d'Heloïse qui, apparemment attendri, lui ébouriffa. Immédiatement après, elle se lissa les cheveux de ses mains, elle ne supportait pas qu'on vienne lui mettre la main dessus!
"Moi de même, Héloïse ! Comment ça va ?" Dit Ann-Elizabeth. Puis, après une courte pause, elle avoua : "je n'avais strictement aucune envie d'assister à cette réception jusqu'à ce que Marianne ne me dise que vous étiez de la partie. - Et heureusement que vous êtes là, sinon Ann aurait été d'une humeur de chien toute la journée, et aurait encore réussi à pulvériser l'ambiance ! " Rajouta Marianne. "Ca ne m'étonne pas! Les réunions de riches et Ann ça n'a jamais été une histoire de coeur!"Elle marqua une pause"moi non plus je n'avais pas envie de venir, je m'étais cachée dans mon armoire quand ma gouvernante me cherchait mais mère m'a retrouvée! Elle aurait pu me forcer à venir si elle ne m'avait pas dit que c'était ici qu'on l'a faisait cette fête!"
Elle espérait que leur petit groupe de filles allait vite fausser compagnie aux adultes. Du coin de l'oreille, elle entendit déjà leurs potentiels prétendants parler d'elle dont un homme qui devait avoir entre 24 et 30 ans jeter son dévolu sur elle. Il n'était pas loin et discret comme un blizzard! Il disait: "vous avez vu la petite rouquine? C'est la jeune héritière du Comte Abbot! Son unique enfant, sa fille adorée! Il parait qu'à la mort de son père, elle sera à la tête du immense empire! Si seulement son père voulait bien me la donner en fiançailles!... L'autre dit: "vous? Fiancé à la jeune Comtesse? Ne dites pas de bêtises! Elle n'a que douze ans même si son intellect est évolué, il parait qu'elle est infernale!"..."Oh mais elle va vite être dressée! Comme vous l'avez fait signalé, elle n'est qu'une enfant!"..."Laissez tomber vous dis-je! Vous êtes trop vieux pour elle et, de toute façon, le Comte Abbot chéri tellement sa fille qu'il refuse de donner son accord à qui que ce soit avant ses 14 ou 15 ans! Si elle doit se marier, il tient à que se soit après ses études et ses dix huit ans!"..."Je suis prêt à attendre!" Mary, complètement tétanisée parce qu'elle venait d'entendre, s'accrocha instinctivement à Heloïse.
Heureusement, Marianne et Ann-Elizabeth revinrent des cuisines, un panier à la main chacune. Enfin, deux paniers pour Ann.
"Nous voilà ! Clama la Lady britannique. On a eu légèrement chaud, je crois que les parents sont rentrés au moment où je sortais des cuisines. Notre escapade ressemblait assez à un roman d'espionnage, rit elle. Par contre, je crois que Mr Branson nous à encore gâtées, vu le poids des paniers !"
En effet, elle sentait la délicieuse odeur de gâteaux sortant du four et de pain chaud lui titiller les narines mais encore chamboulée parce qu'elle venait d'entendre, elle ne pouvait pas y prendre de plaisir et elle serrait encore, comme à une bouée de sauvetage, la main d'Heloïse. "Elle sera vite dressée"...C'est ce qu'elle avait entendu mais quel message est ce pour une gamine de douze ans? Certes, elle est mature pour son âge et connait tout les sacrifices comme des fiançailles et un mariage apportent mais elle espérait de tout son coeur que son père n'accorderait jamais sa main à cet abruti congénital (insulte qu'elle avait appris de Ann, en passant) qui parlait d'elle aussi bien qu'un animal. Son malaise passa loin d'être inaperçu, surtout aux yeux de Marianne, pendant que Ann-Elizabeth les invitait à la rivière pour pique-niquer.
"Et bien, mesdemoiselles, que diriez-vous d'un bon repas loin des adultes, au bord de la rivière ? Pas très original, je vous l'accorde, mais c'est toujours mieux que de rester ici ! Non ?"
"Avec joie" dit elle la voix tremblante. "Attend Ann!" dit Marianne, elle se pencha vers Mary "petite Mary qui a-t-il? Tu ne sembles pas aller bien depuis que nous sommes revenues" Aïe! Elle ne voulait pas mêler ses amies à ses problèmes mais elle était incapable de mentir...Elle avala douloureusement sa salive: "C'est cet homme là bas" dit elle en pointant discrètement du doigt l'homme qui prévoyait de la prendre comme épouse d'ici sa majorité mais elle fut incapable de continuer sa phrase, sa gorge enrouée par l'émotion et les larmes aux yeux toujours en train de serrer la main d'Heloïse.
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Dernière édition par Mary A. Abbot le Ven 1 Mar - 13:08, édité 1 fois
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Jeu 28 Fév - 19:51
Refusant toutes décences que son rang obligé tout de même, elle s'était rapidement dirigée vers le groupe qui l'intéressait. Victoria, Marianne et Ann-Elizabeth se trouvaient là et Mary venait, semblait-il, tout juste d'arriver. Héloïse offrit donc l'un de ses plus beaux sourires en manifestant son plaisir de les voir. Un plaisir apparemment partagé puisque Ann répondait sur un ton égal. Elle disait même qu'elle n'aurait pas assisté à cette réception si la rouquine et le blondinette n'avaient pas été là. Marianne surenchérit même en disant qu'Ann aurait encore fait montre d'un caractère de chien. Héloïse ne put s'empêcher de rire. Décidément, cette chère Ann ne changerait jamais. Elle était toujours dans la provocation et en-dehors de toutes règles. La chose était la même pour la jeune Mary. Toutefois, le sentiment qu'elles avaient éprouvé été partagé.
"Je dois aussi avouer que si ma gouvernante ne m'avait fait pas dit que la party se faisait chez les Lockwood, le comte aurait eu le plus grand mal à m'y emmener", annonça Héloïse sur le ton de la plaisanterie avec les traces d'un petit accent français qui lui restait encore à l'époque.
La petite comtesse se félicitait déjà d'une journée pareille. Il faisait beau et chaud et surtout, elle serait loin du comte et des terribles sentiments qu'il suscitait en elle. Elle pourrait pleinement profiter d'une journée en compagnie de toutes ces jeunes lady qu'elle affectionnait tant. Ces moments-là étaient toujours placés sous le signe du rire et de la bonne humeur. Rien ne venait assombrir leurs jeux ou contrarier leur engouement. C'était des moments de légèreté et d'innocence qui commençaient à manquer à la petite blondinette qui n'avait que de la colère, de la souffrance et d'ardents désirs de vengeance au fond d'elle. Ces jours-là, elle pouvait tout oublier. Elle aurait d'ailleurs tant voulu que sa mère la voit ainsi. Certainement aurait-elle préféré que sa vie se déroule toujours de cette manière. Malheureusement, la réalité en était bien loin et les évènements qui se produiraient dans quelques années.
Ann proposa ensuite gaiement à Victoria, Mary et Héloïse de les attendre là, le temps que les deux jumelles aillent chercher leurs paniers de victuailles pour qu'elles puissent s'établir un pique-nique un peu plus loin du groupe d'adultes. Elles préféraient rester entre eux, dans cette plaisante ambiance bon-enfant. Héloïse regardait le petit duo s'éloigner en courant, riant de la malice de ces deux charmantes soeurs. Elles semblaient si complices que la petite blonde les envia. Mais elle savait bien que tout cela était impossible. Chez qui aurait-elle pu trouver un frère ou une soeur ? Avec le comte ? Alors autant rester fille unique. Elle n'aurait pu supporter une autre personne du même sans que lui. Héloïse allait engager la conversation avec Mary et Victoria sur tous les jeux qu'elles pourraient faire dans la journée quand tout à coup, elle croisa dans la foule le regard d'Henri de Neuveille. Ce dernier tentait de capter son attention depuis maintenant plusieurs minutes et dans un premier lieu, elle décida de l'ignorer. Pourquoi venait-il ainsi gâcher son plaisir en voulant qu'elle vienne à son côté ? Puis comme elle voyait que le comte, excédé, avait décidé de se déplacer lui-même pour venir la chercher, elle prit la sage décision de venir docilement à la rencontre de son père pour éviter toutes scènes désagréables à ses deux amies.
"Je crois que le comte veut me dire quelque chose, fit la blondinette dans un charmant sourire rassurant. Je reviens très vite. Si Ann et Marianne reviennent en premières, partez au lac sans moi. Je vous rejoindrai. Je connais l'endroit, acheva-t-elle avec un clin d'oeil complice."
Quittant à regret les deux jeunes ladies, elle s'avança vers le comte et à mesure qu'elle s'approchait de lui, son visage perdait toutes traces de gaieté et retrouvait sa froideur habituelle. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, il lui attrapa le bras de manière à être sûr qu'elle ne se dérobe pas à lui de quelque manière que ce soit.
"Vous me privez de la compagnie de mes amies ! tempêta doucement Héloïse pour que seul le comte puisse l'entendre. Si j'ai accepté de venir, c'était uniquement parce qu'elles étaient là." "Tes amies pourront très bien t'attendre quelques minutes de plus, trancha le comte, habitué à recevoir des reproches de cette enfant.Il faut d'abord que je te présente à certaines personnes." "Je n'ai aucunement envie de les voir !" protesta-t-elle alors qu'il la traînait derrière lui. "Je ne t'en laisse pas vraiment le choix Héloïse."
Il continua de la tirer derrière elle sur plusieurs mètres avant d'atteindre un petit groupe d'adultes. Oh non ! Il n'allait quand même pas lui faire subir la compagnie de pareils gens ? Ils étaient si guindés, si ... aristocrates ! Dire que si le comte ne l'avait pas enlevée, elle travaillerait certainement dans la rue. Elle se sentait bien loin de sa vie d'avant. Beaucoup de convives se trouvaient là. Un homme dans la force de l'âge, un couple, deux femmes qui s’extasièrent immédiatement devant le petit minois de la fillette alors qu'elle leur lançait un regard acide. Le comte les présenta successivement et sembla montrer plus d'importance aux époux.
"Je tenais surtout à te présenter les Southston. L'amitié entre nos deux famille me force à faire ses présentations." Héloïse n'avait qu'une seule envie, s'éloigner au plus loin mais elle devait tout de même rester un minimum polie. Elle devait revoir ses gens, il faudrait tout de même qu'elle soit aimable. Ne départant pas de sa froideur, elle s'inclina devant les Southston, dont l'époux s'émerveilla comme s'il ne voyait pas sa mauvaise humeur mais plutôt sa beauté précoce.
"Quelle charmante jeune fille ! Elle semble être d'une délicatesse rare à cette âge, une vraie petite poupée." "En effet, agréa l'épouse. Elle deviendra un jour une magnifique jeune femme, certainement au goût de beaucoup d'hommes."
Puis c'est à ce moment précis que le comte et le couple eurent un regard entendu qui déplu énormément à la jeune fille. Qu'avaient-ils en tête en faisant de pareils commentaires ?
"Il me semble que les présentations sont désormais achevées. Mes amies m'attendent et je ne voudrais pas les faire attendre plus longtemps, lança Héloïse puis elle se courba devant les Southston. Cela a été un plaisir de vous rencontrer.
Elle tourna rapidement les talons sous le regard désapprobateur de son père, mais il ne la poursuivit pas pour son manque de politesse. Il aurait bien toute la soirée pour la disputer à ce sujet. Héloïse marchait donc d'un pas énervé vers Mary et Victoria, ne regardant que ses pieds en pestant contre le comte et ses projets. Ses présentations semblaient cacher autre chose et cela ne lui plaisait pas du tout. Quand tout à coup, elle heurta de plein fouet un convive avec tant de violence qu'elle se retrouva étalée dans l'herbe.
"Eh ! s'exclama une voix alarmée. Est-ce que ça va ?"
Héloïse se redressa difficilement sur ses coudes, encore sonnée par le choc de l'impact. Elle aperçut alors un jeune homme accroupi près d'elle. Immédiatement, elle rougit de confusion. Mais il n'y avait que cela. Tant de douceur se trouvait dans son regard, dans ses traits. Il était si beau qu'elle en resta muette et oublia même de répondre. Son coeur s'emballa tandis qu'il lui souriait. Il était pourtant beaucoup plus vieux qu'elle. Certainement était-il âgé d'un peu plus de cinq ans qu'elle. Elle retrouva finalement l'usage de la parole, bien qu'un peu hésitante.
"Je... je ... je suis vraiment désolée. Je ne faisais pas attention où j'allais." "J'espère que tu ne t'ais pas fait mal," poursuivit-il toujours avec le même sourire.
Son coeur fit une nouvelle embardée. Ses mains devinrent toutes moites.
"Non je n'ai rien."
Finalement, il l'aida à se relever et son coeur rata un battement lorsque sa main rencontra la sienne. Il lui adressa un nouveau sourire et cala une mèche de sa coiffure défaite derrière son oreille. Elle rougit d'autant plus, ce qui arracha un nouveau rire au blondinet.
"Je suis bien content que tu n'ais rien. Je m'appelle Peter et toi ?" "Héloïse." "Ton prénom est magnifique, français n'est-ce pas ?" "Oui, souffla-t-elle la respiration accélérée. "Bon j'ai été ravi de faire ta connaissance. Je dois y aller. Bon après-midi Héloïse."
Il déposa ensuite un doux baiser sur l'une des joues en feu de la fillette et s'éclipsa. Elle resta stupéfaite pendant un bon moment. Elle sentait venir en elle des sentiments nouveaux, des sensations qu'elle n'avait jamais ressenti avant. Était-elle amoureuse ? La jeune fille secoua la tête en repartant en direction du duo mais elle ne put empêcher un sourire de naître sur son visage d'habitude glacial. Elle se retrouva rapidement en compagnie de Mary et de Victoria.
"Voilà, je suis enfin revenue."
Mais à peine fut-elle arrivée que Mary s'accrocha instinctivement à son bras, effrayée. Héloïse allait s'enquérir de l'état de son amie quand tout à coup, les jumelles revinrent parmi elles, les bras chargés de paniers bien garnis.
"Nous allons nous régaler !" s'enthousiasma Héloïse.
Ann proposa alors de s'en aller vers la rivière pour être plus au calme qu'au milieu des adultes mais Marianne s'enquit tout à coup de l'état de la rouquine. Elle lui fit lâcher son bras et prit plutôt sa main pour la rassurer.
"Oui c'est vrai. Quelque chose a eu l'air de te troubler. Qu'est-ce qui s'est passé ?"
Puis finalement, elle désigna un homme dans la foule, et serra encore plus la main d'Héloïse. Les regards de toutes les fillettes convergèrent vers le personnage désigné. Puis la blondinette reporta son attention sur Mary, prête à pleurer. Touchée, Héloïse la prit immédiatement dans ses bras et la serra pour la réconforter. Elle n'avait pas besoin que la lady s'explique pour comprendre que tout cela était relatif au mariage et bientôt ce problème concernerait chacune d'entre elles.
"Ça va aller Mary, fit-elle en lui caressant les cheveux. Nous allons aller près de la rivière et tu nous raconteras tout au calme."
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Mar 23 Juil - 18:21
Héloïse, Mary, Ann-Lizzy
« Il y a des choses de l’enfance que seule l’enfance connaît. »
"Tu es au courant que tu viens de mettre un vent à un homme là ? - Oui oui", fit-elle avec un clin d'oeil malicieux. "Mais ne t'en fais pas, il va s'en remettre. - J'espère pour lui qu'il va vite renoncer à te courtiser...Sinon, il va en perdre des plumes ! - Des plumes et bien plus encore, ma belle. Bha, il n'aura qu'a courtiser Marianne si ça lui chante ! - Ann, garde des conseils matrimoniaux pour toi", grommela l'intéressée en jouant avec une de ses boucles brunes.
Ann-Elizabeth eut un rire moqueur, qui s'intensifia lorsque ses deux amies évoquèrent tour à tour leurs gouvernantes respectives.
"De vraies terreurs, n'est-ce pas ? Marianne à du courir un semi-marathon ce matin pour échapper à la nôtre."
Inutile de préciser qu'elle aurait mille fois préféré aller à l'école comme ses frères plutôt que de suivre des cours à la maison.
Elle ne fut guère choquée lorsque Héloïse parla de son père comme du "comte" : elle en avait l'habitude, et peu de choses la choquaient réellement. Ce qui la peinait, en revanche, c'était que son amie entretienne de si mauvaises relations avec son père. Elle se demandait bien pourquoi, sans oser poser directement la question à Héloïse. Après tout, elle n'était pas concernée, si ? Elle-même, Ann, avait des liens souvent conflictuels avec ses deux parents, sans toutefois imaginer parler d'eux comme du "marquis" ou de la "marquise".
Du coin de l'oeil, elle vit ses parents, la blonde Isabeau et le brun William, saluer courtoisement un autre couple d'invités, les Winchester. Cela ne dura qu'un petite minute, mais le père d'Ann lui jeta un regard contrit qui signifiait clairement qu'il n'aimait pas les Winchester. Ann lui renvoya un gentil sourire qui signifiait "bonne chance" ; et quand elle vit sa mère se retenir de rire en comprenant la scénette qui se déroulait dans son dos, ce fut comme un baume au coeur pour la jeune anglaise. Il y avait bien une certaine complicité entre elle et ses parents, qui ne se manifestait pas autant qu'elle le voulait.
En repartant à l'intérieur du vaste manoir familial aux côtés de Marianne, Ann se demanda subitement quel genre de vie menaient ses deux amies, Mary et Héloïse. Guère différente de la sienne en matière de réceptions, de richesse, de rythme, de noblesse, mais les deux jeunes filles étaient filles uniques, hors Ann dessinait difficilement ce que pouvait être sa vie sans sa fratrie. Si le devoir d'une épouse était d'assurer une descendance à son mari, alors Isabeau Lockwood avait magnifiquement rempli sa mission, puisque six enfants étaient nés. Certes, il y avait souvent des tensions, comme dans toute fratrie, surtout entre elle et leur aîné, Nicholas. Mais les moments de complicité qu'ils partageaient tous ensemble, tous les six, étaient nombreux et semblables à de petites étoiles. Malgré leurs origines nobles, le quotidien de Mary et Héloïse était certainement bien différent du sien.
Les jumelles, en quittant la demeure avec leurs paniers après leur folle course, furent à nouveau frappées par la perfection du temps.
"Avec un peu de chance, l'eau du lac ne sera pas trop froide", déclara Marianne en plissant des paupières sous l'effet du soleil.
Non loin, Ann distinguait leur petit groupe. Elle se dirigea vers ses amies et fut enchantée de voir qu'Héloïse partageait son enthousiasme.
"J'espère bien, sinon ce ne serait pas une vraie fête. - La gourmandise est un vilain défaut, Ann. - Marianne, très chère, veux-tu bien arrêter de jouer à la voix de la conscience, par pitié ?"
Nouvel échange de sourires. Finalement, quand elle proposa à tout le monde de rejoindre le lac, ce fut Marianne qui l'interrompit. Mary s'était emparée du bras d'Héloïse et tremblait comme une feuille, presque au bord des larmes.
"C'est cet homme, là bas."
Ann se sentit instantanément bouillir. Un homme ! Encore un homme ! Décidément, il étaient à l'origine de tous les maux de la planète ! Et il s'était permis de mal parler à celle qui était comme sa soeur !
"Qu'est ce qu'il t'a dit, cette ordure ?"
Alors qu'Héloïse prenait la jeune rousse dans ses bras et que Victoria alla lui caresser gentiment le dos, Ann attendit la réponse de Mary avait de se redresser, furieuse.
"Celui là, il va m'entendre. - Non, il n'entendra rien du tout, pas maintenant en tout cas. Ann ! - Tu ne comptes quand même pas le laisser balancer de genre de choses à tout va, si ? A Mary, qui plus est ? - Provoquer un esclandre ne t'apportera rien, et tu le sais. Alors garde ton calme. - Non mais attends, je ne vais certainement pas faire comme si de rien n'était ? Pour qui il se prends, cet uluberlu ? Encore un qui s'imagine avoir le droit de régenter tout le monde parce-qu'il a une paire de cou... - ANN, STOP ! Pas devant les filles ! Seigneur, il faut que je dise à Thomas d'arrêter de t'apprendre toutes les vulgarités possibles et imaginables !"
Ce fut Héloïse qui intervint, de sa voix douce.
"Nous allons aller près de la rivière et tu nous raconteras tout au calme. - C'est la meilleure chose à faire. Ann respire un bon coup et viens, nous en discuterons là-bas. Tranquillement."
La Lady rebelle pivota et jeta un regard assassin à l'homme en question, qui, désarçonné, la regarda avec stupéfaction. Il ne comprenait même pas les raisons de sa colère.
"Quel abruti fini", grogna Ann en prenant la main de Mary, avant de lui sourire gentiment. "Ne t'en fais pas, ma belle, il ne perds rien pour attendre. Fais-moi confiance là-dessus."
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Dernière édition par Ann-Elizabeth Lockwood le Sam 14 Déc - 23:24, édité 1 fois
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Dim 11 Aoû - 22:01
Childhood games, woods and lakes...
Mary éclata de rire à la réponse d'Ann-Elizabeth et à la réaction de Marianne! Elles faisaient vraiment la paire les jumelles! Une était trop indépendante l'autre était sage!
Elle regarda l'homme que sa grande soeur de coeur avait refoulé, il regardait leur groupe avec un air complétement déconfit qui failli arracher une autre crise de fou rire à une des cadettes du groupe. Puis, elles en vinrent à parler de leur gouvernante respective. Mary souri à la remarque d'Ann.
"De vraies terreurs, n'est-ce pas ? Marianne à du courir un semi-marathon ce matin pour échapper à la nôtre."
La mienne a du se lancer dans une véritable chasse aux trésors pour me retrouver!Elle prit un sourire malicieux avant d'enchainer avec:Ce qu'elle a, d'ailleurs, raté car au final c'est ma mère qui m'a retrouvée! Ma gouvernante cherche vraiment midi à quatorze heures! Elle m'a cherché jusqu'au grenier du manoir alors que j'étais pas plus loin que ma garde de robe!Elle marqua une pause:Vous ne vous êtes pas demandées pourquoi nous n'étions pas à l'internat comme les garçons vous? Pas que je n'aime pas être avec mes parents mais, des fois, partir du manoir me ferait le plus grand bien! Et, d'ailleurs, en parlant des garçons: Thomas vient aujourd'hui?Elle voyait un des frères Lockwood comme son propre grand frère...Tout en ignorant certains sentiments du Lord à son égard.
Bientôt, Mary resta seule avec Victoria. Heloïse avait répondu à la convocation de son père qu'elle nommait "le Comte" et pas "papa" ou, même, "père". Ce fait avait souvent titillé la curiosité de la jeune héritière des Comtes Abbot mais elle avait préféré laisser sa curiosité, déjà mal placée, là où elle était. Ann-Elizabeth et Marianne, tant qu'à elle, était partie aux cuisines de monsieur Branson, le Chef cuistot des Lockwood, pour chercher les collations que leur groupe exclusivement féminin allait déguster avec une bonne tasse de thé près du point d'eau de la propriété. Pendant qu'elle échangeait une conversation avec Victoria - qu'elle nommait, affectueusement, Vicky - elle capta une conversation qui la terrifia au point de s'accrocher à la manche (ou à la main, elle ne serait dire) d'Heloïse fraichement revenue de son entrevue avec son père.
Heloïse sembla sentir son malaise mais, au moment où elle se quérir de son état, les jumelles revinrent. Ann parla du fait qu'elle espérait que l'eau n'était pas froide et Heloïse du fait que les mets ramenés des cuisines allaient être succulents mais Mary, toujours effrayée, ne sortait pas de sa transe.
Marianne sembla s'être aussi rendu compte de l'état de détresse de Mary et voulu en prendre compte. Heloïse réussi à faire la faire lâchée sa manche - ce qui n'avait pas été de la tarte - pour prendre sa main et lui lança:
"Oui c'est vrai. Quelque chose a eu l'air de te troubler. Qu'est-ce qui s'est passé ?"
A force de patience et de courage, Mary désigna l'homme qui l'avait effrayée en le pointant du doigt et en laissant un faible: "c'est cet homme, là bas"enroué de larmes encore retenues.
Heloïse se tourna vers l'homme désigné et se retourna vers la petite fille de douze ans pour la prendre dans ses bras.
Ann Elizabeth piqua un fard et lança un agressif:
"Qu'est ce qu'il t'a dit, cette ordure ?"Pendant qu'Heloïse continuait à lui caresser les cheveux et que Marianne commençait à frotter son dos. Elle ne suivit pas vraiment l'échange entre les jumelles à part quelques éclats de voix mais la voix douce d'Heloïse ramena l'ordre dans leur groupe.
"Ça va aller Mary, fit Heloïse en lui caressant les cheveux. Nous allons aller près de la rivière et tu nous raconteras tout au calme."
Marianne approuva les dires de la Comtesse de Neuveilles et calma sa soeur comme elle seule pouvait le faire. Ann, enfin calmée, lança un air assassin à l'homme qui avait effrayé son amie et prit la main de Mary pour l'entrainer vers le point d'eau où elles avaient prévu de passer un peu de bon temps.
Bientôt, les filles de nobles se retrouvèrent sur un drap fraichement installée sur le sol pour ne pas salir leurs jupons. Elles avaient toutes enlever leurs chaussures et chaussettes pour éviter de salir le drap immaculé. L'ambiance aurait du être à la fête mais ce qui s'était passé "entre" cet invité et Mary plombait l'ambiance. La petite rouquine sanglotait, encore, dans les bras d'Ann-Elizabeth qui, au final, réussi à la calmer.
Mary raconta tout. Qu'un homme d'une trentaine d'années prévoyait de l'épouser pour empocher l'héritage de son père et allait la dresser si elle n'était docile. La scène lui revint en mémoire avec la puissance d'une bombe.
Citation :
"vous avez vu la petite rouquine? C'est la jeune héritière du Comte Abbot! Son unique enfant, sa fille adorée! Il parait qu'à la mort de son père, elle sera à la tête du immense empire! Si seulement son père voulait bien me la donner en fiançailles!... L'autre dit: "vous? Fiancé à la jeune Comtesse? Ne dites pas de bêtises! Elle n'a que douze ans même si son intellect est évolué, il parait qu'elle est infernale!"..."Oh mais elle va vite être dressée! Comme vous l'avez fait signalé, elle n'est qu'une enfant!"..."Laissez tomber vous dis-je! Vous êtes trop vieux pour elle et, de toute façon, le Comte Abbot chéri tellement sa fille qu'il refuse de donner son accord à qui que ce soit avant ses 14 ou 15 ans! Si elle doit se marier, il tient à que se soit après ses études et ses dix huit ans!"..."Je suis prêt à attendre!"
Mary n'oublia rien et elle sentait Ann trembler d'énervement à deux doigts d'aller dire sa façon de pensée.
FICHE ET CODES PAR EPISKEY.
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Ven 16 Aoû - 0:50
Le mépris est la forme
la plus subtile de la
vengeance.
Si Héloïse avait été profondément irritée par la manifestation du Comte, c’était désormais auprès d’une autre personne que toute sa colère était dirigée. Cependant, rien ne changeait au fait que c’était encore un homme qui causait son courroux. Ils étaient décidément des êtres abjects et répugnants ! Elle ne pouvait supporter que ce lord suscite la frayeur de sa chère amie Mary. Elle ne l’accepterait pas. Mais si Ann-Elizabeth, impulsive, avait laissé éclater sa colère comme un ballon rempli d’eau, la petite Comtesse se voulait plus calculatrice. Tandis que la rousse était dans ses bras, la réconfortant en lui caressant doucement les cheveux, Héloïse observait l’aristocrate d’un regard noir où se peignait le plus souverain des mépris. Elle allait lui faire payer. Jamais quelqu’un ne ferait souffrir ses amis et certainement pas la douce Mary. Elle ferait ravaler ses commentaires à ce pédant qui croyait pouvoir avilir les femmes et qui n’en faisait que des pions qui lui permettrait de gravir l’échelle social et de devenir plus riche qu’il ne devait l’être déjà. La rage bouillait au creux de sa poitrine, mais son esprit était froide, calculateur, à l’image de la vengeance qu’elle fomentait. Une vengeance glacée, une vengeance cruelle comme elle les connaissait si bien. Elle était devenue maîtresse dans cet art. Son existence avec le Comte l’avait rendue manipulatrice et d’une cruelle malice. Il ne s’en sortirait pas aussi facilement. Elle ferait justice. Mais pour l’heure, elle préférait tout d’abord apaiser l’esprit bouleversée de son amie. Aussi, elle préconisa de s’avancer jusqu’à la rivière, loin de ce repère de requins. Elle fut d’ailleurs contente de recevoir l’approbation de Marianne. Heureusement qu’elle était là pour tempérer le caractère bouillonnant de sa sœur jumelle. Elle était une vraie bénédiction. Héloïse comprenait la rage d’Ann mais pas son impulsivité qui n’était jamais la solution adéquate. Il leur faudrait être plus malines que ça si elles voulaient venger leur amie. Et déjà une idée naissait dans l’esprit de la blonde. Marianne prit la main de Mary dans la sienne et la guida auprès de la rivière, après qu’Héloïse eut desserré leur étreinte. Elle laissa les deux jeunes filles prendre de la distance. Puis elle aida Ann-Elizabeth à porter les victuailles près du point d’eau où elles comptaient toutes s’établir. Tout en marchant, la blonde glissa quelques mots à sa fougueuse amie, sur le ton de la confidence.
« J’ai une idée pour venger Mary. Attaquer ce salaud de front ne servira à rien. Il nous faudra l’humilier et de la pire des façons. »
Héloïse avait jeté ses mots d’un air sombre, presque inquiétant. Depuis la mort de sa mère, le cœur de l’enfant était rongé par la colère et elle trouvait dans n’importe quel homme un moyen d’assouvir sa haine viscérale envers le Comte et son désir de le tuer de ses propres mains. Ses amies ne l’avaient très certainement jamais vu dans cet état, mais elles se moquaient bien de ce qu’elles pourraient penser. Seule la justice comptait, car le monde en manquait cruellement et elle en avait l’exemple un peu plus chaque jour. Ce n’était pas une petite fille qui voulait bravement défier un homme pour les mauvais mots qu’il avait pu avoir. C’était une enfant détruite qui n’avait plus rien à perdre et à qui Dieu avait tourné le dos. Ann et Héloïse arrivèrent à temps pour aider les deux autres fillettes à installer les couvertures sur l’herbe fraîche afin qu’elles ne salissent pas leurs jupons. A l’exemple de ses amies, la blonde s’était délestée de ses bottines, laissant ses pieds à l’air libre. Ann-Elizabeth dut encore se porter à la rescousse de la rouquine qui sanglotait de nouveau et la prit dans ses bras. Héloïse observait cette scène, le cœur consumé de rage, mais sur son visage glacial, rien ne transparaissait. Elle aurait dû passer une journée formidable auprès de ses amies, oubliant l’espace d’un après-midi sa colère, mais Comte avait encore tout gâché et ce lord avec lui. Les hommes ! La blonde aurait bien voulu lui cracher au visage si elle l’avait eu en face de lui. Elle détourna ensuite le regard et chercha au loin la silhouette de cet homme qui avait causé la terreur de Mary. Elle le trouva bientôt, toujours en grande conversation. Parlait-il toujours de son désir de fiançailles avec l’héritière Abbot ? Se targuait-il encore de pouvoir la « dresser » ? Le sang d’Héloïse bouillonnait tandis que d’une oreille distraite elle écoutait les paroles rapportées de la bouche de la jeune rousse. Une fois de plus, un homme pensait pouvoir avilir une femme et en faire sa propriété. C’était tout bonnement abject ! Elle avait la sensation de retrouver là le comportement odieux du Comte. Les hommes étaient donc tous les mêmes ! Reportant son attention sur le groupe, le visage d’Héloïse s’adoucit en un instant, comme sous l’effet d’un charme. Ce visage froid et dur qu’elle arborait d’ordinaire venait de s’évaporer et elle reprenait ses petits airs de poupée de porcelaine. Elle se rapprocha de Mary et prenant son visage entre ses mains, elle essuya délicatement les larmes de la rousse avec ses pouces.
« Allons ma sœur, ne sois pas triste. Toi et moi savons très bien qu’une telle chose ne pourra jamais se produire. Ton père ne te livrerait jamais à quelqu’un qui n’a pas ton consentement. »
Héloïse avait parlé d’une voix douce, contrastant avec le ton empli de représailles dont elle avait usé pour s’adresser à Ann une demi-heure auparavant. Ses paroles avaient été accompagnées d’un sourire qu’elle souhaitait rassurant. Mais elle croyait tout de même en ce qu’elle disait. Le Comte Abbot aimait sa fille plus que tout, elle était la prunelle de ses yeux, et elle le savait incapable de livrer son unique enfant à un homme qui suscitait sa peur. Et si cela devait être un jour le cas, la blonde se promettait de lui venir en aide. Elle refusait qu’une telle chose se produise. Comme pour chacune d’entre elles rassemblées ici. Elle songeait même qu’il ne serait certainement pas dans l’intérêt du Comte de Neuveille de vouloir marier Héloïse uniquement pour accomplir des quelconques desseins ambitieux. Elle ne lui ferait pas ce plaisir et la mort serait sa sentence. Mais pour l’instant, elle pouvait encore espérer que les soucis de mariage étaient loin derrière elle.
« Une petite douceur pourrait peut-être sécher tes larmes ? » proposa la petite Comtesse désormais pleine d’espièglerie.
Elle souleva le drap qui recouvrait l’un des paniers. Ses yeux se perdirent devant la profusion de mets aussi alléchants les uns que les autres, quand tout à coup, quelque chose attira son regard. Son sourire s’évanouit aussitôt et elle resta prostrée quelques instants devant les macarons. C’était une pâtisserie typiquement française que ses amies avaient certainement dû ajouter à leurs victuailles pour lui faire plaisir. Elles étaient malheureusement tombées bien mal. En contemplant les petits gâteaux colorés, son regard se voila et son visage redevint dur comme la pierre. La France… La Moulin Rouge… Tant de souvenirs qui y étaient raccrochés, mais le plus cruel lui semblait que c’étaient les pâtisseries préférées de sa mère. Combien de fois ne l’avait-elle pas vu s’extasier devant une boîte de macarons que lui rapportait le Comte ? La courtisane conservait d’ailleurs ceux à la framboise pour sa fille, car ils étaient les favoris de l’enfant. Pourtant c’était aussi ceux de sa mère, mais elle se sacrifiait toujours pour faire plaisir à Héloïse. C’était une bonne mère… La blonde retint soudain une larme qui menaça de dévaler sa joue. Elle l’effaça d’un revers de main, qui emporta en même temps la brume de ses souvenirs. Elle retrouva par la même occasion son expression souriante. Une grande actrice.
« Regarde donc ce que nous avons là ! » s’exclama-t-elle avec enthousiasme. « Des macarons ! Il faut à tout prix que tu en goûtes un. En France, nous en mangions pour apaiser nos peines. » ajouta-t-elle en tirant une friandise du panier. « Prends donc ceux à la framboise. Ce sont les meilleurs. »
Elle tendit le macaron d’un rose éclatant à Mary, un sourire radieux sur les lèvres. Elle savait qu’une bonne dose de sucre redonnait parfois du baume au cœur, à l’exemple du chocolat et elle désirait voir la rousse sourire à nouveau. Tout à coup, Héloïse se frappa le front de la paume de sa main, comme si elle venait d’avoir une révélation d’une importance capitale. Elle se tourna vers Ann-Elizabeth et Marianne.
« Oh mais comment avez-vous pu commettre une telle erreur ! Il nous manque l’élément le plus important pour savourer au mieux cette friandise. » les réprimanda-t-elle avec affection avant de se lever d’un bond et d’attraper Ann-Elizabeth par le bras, ne lui laissant pas l’occasion de répliquer. « Allons ensembles corriger cette affreuse déconvenue ! »
Elle entraîna la brune avec elle, ne lui laissant même pas le loisir de remettre ses chaussures. Elle se retourna une dernière fois pour jeter à la cantonade.
« Commencez déjà à manger. Nous revenons très vite ! »
Ensembles, elles s’éloignèrent de la rivière et regagnèrent la foule où elles se trouvaient auparavant. Héloïse fendit la marée humaine, sa petite taille l’aidant à se faufiler. Puis elle s’écarta un peu et avant qu’elles n’aient pu franchir la porte de l’immense demeure des Lockwood, la blonde arrêta son amie.
« Ne t’uses pas plus la cervelle à savoir ce que tu as bien pu oublier avec Marianne car il ne manquait rien. Certains se plairont peut-être à te raconter que c’est meilleur avec du thé, mais tout cela est bien trop british. Du café à la limite, mais il faudra que nous nous levions tôt avant de trouver une seule graine de café sur le sol de l’Angleterre. En réalité, si je t’ai fait venir c’est que j’ai confiance en toi. J’aurai besoin que tu m’aides à mettre mon plan à exécution. On ne peut pas laisser cet ordure sans sortir sans rien faire. Est-ce que tu es avec moi ? »
Héloïse jeta un rapide coup d’œil autour d’elle pour s’assurer que personne ne les écouterait. Ses yeux pétillaient déjà de la satisfaction d’assouvir une vengeance prochaine.
« Quel crédit crois-tu que l’aristocratie pourrait accorder à un homme dont la réputation a été bafouée ? »
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Mer 21 Aoû - 14:31
Héloïse, Mary, Ann-Lizzy
« Il y a des choses de l’enfance que seule l’enfance connaît. »
Ann-Elizabeth rit de bon coeur au récit de Mary. Décidément, les gouvernantes étaient toutes les mêmes !
"Ann, tu exagères, j'ai la chambre à côté de la tienne."
Marianne, la raison incarnée, dont la mimique faussement agacée fit redoubler les rires de sa soeur. Certains des convives regardaient avec curiosité dans leur direction ; sans doute jugeaient-ils le comportement exubérant de l'anglaise déplacé et même indécent, mais comme souvent, Ann s'en fichait. Ridicule, cette mode de tirer une tête de six pieds de long à chaque événement ! Ils n'étaient pas à un enterrement, que diable !
"Vous ne vous êtes pas demandées pourquoi nous n'étions pas à l'internat comme les garçons vous ? Pas que je n'aime pas être avec mes parents mais, des fois, partir du manoir me ferait le plus grand bien ! - Ann casse les pieds des parents tous les jours avec ça", sourit Victoria.
Elle était dans le vrai, c'était le moins qu'on puisse dire.
"Dieu que j'aimerais le faire, moi ! J'essaie de convaincre mon père tant bien que mal, et il refuse tant que je n'ai pas 18 ans. Mais a force de lui rabâcher ça à longueur de temps, il finira bien par me laisser faire des études... J'aimerais bien aller à St Indra", acheva Ann en songeant à cette aile de l'Université d'Oxford qui accueillait les filles. "En plus, les gouvernantes ne nous apprennent rien. On doit tout savoir de Mozart, Léonard de Vinci et Le Lorrain, mais c'est Thomas qui m'a appris comment naissaient les bébés !"
D'ailleurs, Mrs Mitchell avait frôlé la crise cardiaque quand Ann le lui avait dit. Ça l'avait bien fait rire, et ça avait plu à Thomas aussi. La gifle que son père lui avait administrée juste après lui avait moins plu, mais elle s'en était remise. Des gifles, elle en avait prises, et en prendrait encore.
"Et, d'ailleurs, en parlant des garçons : Thomas vient aujourd'hui ? - En fin d'après-midi, normalement. Il avait quelques affaires à régler à l'Université... Avec un peu de chance, il arrivera avant votre départ !"
Le plus tôt serait le mieux : son frère, étudiant en architecture à Oxford, lui manquait cruellement. Alors que Nicholas prenait très au sérieux son rôle de futur marquis Lockwood et cherchait déjà une épouse à sa convenance, son cadet, Thomas, agissait comme sa soeur : au mépris des conventions et de la moralité, il se fichait bien des règles et des codes et aspirait à mener sa vie comme il l'entendait, à vivre de sa passion pour les bâtiments. Seulement on le lui pardonnait, à lui, parce-que c'était un garçon. A Ann, on ne lui permettait pas d'incartades. Mais cela ne l'empêchait absolument pas d'en faire constamment.
Ce qui expliquait peut-être la proximité entre elle et Thomas, et le fait que l'un occupait la position de préféré dans le coeur de l'autre.
***
Comme Marianne prenait, avec une grande douceur, la main de Mary dans la sienne, Ann fut bien contente d'accepter l'aide d'Héloïse pour porter les paniers. Sa jumelle l'avait calmée, mais seulement en apparence. Il suffirait d'une toute petite étincelle pour qu'elle explose à nouveau. Il en était ainsi, avec les impulsifs : tout feu tout flamme, Ann démarrait au quart de tour et déballait son sac avec une véhémence guère appréciée de ses pairs. Heureusement que Marianne la tempérait, c'était sans doute la seule a en être capable.
"J’ai une idée pour venger Mary. Attaquer ce salaud de front ne servira à rien. Il nous faudra l’humilier et de la pire des façons."
Ann-Elizabeth marqua un léger sursaut : Héloïse avait le visage fermé et terrible, évoquant les implacables héroïnes de romans. On aurait dit qu'un peu plus, elle sautait à la gorge de l'ordure qui s'en était pris à Mary.
"Tu me ferais presque peur, Héloïse. Mais... Je crois que tu as raison. Quoique j'ai plus l'habitude d'attaquer de front." Cependant, Marianne n'avait pas forcément tord : provoquer un esclandre n'apporterait rien, pire, lui porterait préjudice à elle. Mais pouvait-elle vraiment freiner son propre tempérament ?
"Et puis-je savoir quel est le fond de ta pensée, pour l'idée ? Si jamais je peux t'être utile."
Enfin, les bruits de la réceptions furent étouffés par ceux de la nature luxuriante qui régnait dans cette partie du parc, et Ann eut un soupir soulagé. Enfin, elles avaient retrouvé ce coin de paradis, hors du temps, hors du monde, où elles étaient libres. Vraiment libres. Avec Héloïse, Marianne, Mary et Victoria, elle installa les draps et chassa d'un coup de pied ses bottines, qui se retrouvèrent propulsées à l'autre bout de la clairière. On n'entendait rien d'autre que le champ des oiseaux, le souffle léger du vent, le bruissement de la rivière. Le brouhaha des adultes se résumait à un léger fond qu'il était facile d'occulter.
Comme Mary, sans doute soulagée aussi de l'absence d'adultes autour, pleurait à torrents à présent, Ann-Elizabeth la prit dans ses bras et la berça doucement, comme elle l'aurait fait pour Victoria. En réalité, c'était une bonne chose qu'elle eut Mary dans les bras, sinon elle se serait levée et aurait rebroussé chemin pour aller expliquer sa façon de penser à l'objet de leur haine commune. D'ailleurs, Marianne devait le sentir, puisqu'elle gardait sa main appuyée sur le bras de sa soeur, comme pour mettre un couvercle sur son impulsivité rageuse.
"Hélo a raison, Mary", fit Marianne, toujours modéré et raisonnable, "je doute que ton père se comporte ainsi. Pire, il enverrait balader l'homme si il savait de quelle manière il a parlé de toi. - C'est vrai", intervint Ann, "ton père ne ferait jamais une chose pareille. L'ennui, c'est que toi, tu dois te méfier des hommes, parce-que ce qui les intéresse avant tout, c'est la fortune dont tu vas hériter. Garde toi d'eux."
Marianne soupira, mais ne dit rien. Si elle désapprouvait fortement la façon crue dont sa jumelle parlait de la gent masculine, elle savait qu'en cet instant, Ann avait raison.
Ann-Elizabeth sourit quand Héloïse déballa les macarons et proposa ceux à la framboise à Mary. La blondinette eut un drôle d'impression, l'espace d'un instant, mais elle s'évapora bien vite... Pas assez, cependant, pour retirer l'inquiétude d'Ann : Héloïse allait-elle aussi bien qu'elle le disait ? L'anglaise aurait tout fait pour l'aider, mais hésitait à lui demander ce qui se tramait réellement. Car il se tramait quelque chose.
"Tiens, Victoria, prends ceux au chocolat, je sais que tu les aimes", fit la brunette en tendant le paquet à sa lumineuse cadette qui prit l'une des pâtisseries avec délectation. Alors que Marianne sortait les mets salés d'un des paniers, Ann s'attaqua au dernier : celui qui renfermait les boissons. En parfaite anglaise, elle commenca a préparer le thé, mais n'eut pas le temps de finir de verser le lait qu'Héloïse lui avait empoigné le bras, à la surprise générale.
"Hé, attends, je n'ai pas repris mes chaussures !" S'exclama Ann alors que la blonde la tirait vivement le bras. Oh, et puis quelle importance, après tout ? Elle haussa les épaules et suivit Héloïse pieds nus. Que se passait-il ? Dans sa tête, elle passa la liste des mets des paniers... Manquait-il quelque chose ? La réflexion d'Héloïse, venue comme si elle avait lu dans ses pensées, l'amusa.
"En fait, c'était du thé que je préparais... Je n'aime pas le café. Trop italien." Elle marqua une pause pour qu'Héloïse finisse de mettre au clair ses pensées, puis répondit sans la moindre hésitation : "je suis toujours avec toi, Héloïse. Que ne ferait-t'on pas pour sa famille ? Sa VRAIE famille ?"
Elle pensait du fond du coeur ses derniers mots. Mary et Héloïse étaient ses soeurs, au même titre que Marianne et Victoria.
"Quel crédit crois-tu que l’aristocratie pourrait accorder à un homme dont la réputation a été bafouée ? - Aucun. Strictement aucun. Mais il faudra être prudentes, car si on se fait prendre, c'est nous qui sommes bonnes pour la totale absence de crédit. Quoique cela ne me gênerait pas, je n'aurais plus a envoyer balader mes quelques prétendants, puisque je n'en aurais plus."
Jetant un coup d'oeil à droite puis a gauche, elle se pencha vers Héloïse :
"Dis moi ce que je dois faire. Je te suis."
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Jeu 19 Sep - 18:47
Childhood games, woods and lakes...
Quoi qu'on dise, ce n'est jamais facile, l'enfance. On s'illusionne quand on le décrit comme un paradis perdu.
Mary sourit à l'annonce d'Ann-Elizabeth quand celle ci lui dit que Thomas arriverait en fin d'après midi. Apparemment, il n'avait pas pu être là pour la Garden Party à cause d'une histoire à l'université. L'université! Qu'est ce que Mary aimerait y aller! Mais à douze ans, bonne chance et, en plus, comme elle était noble certaines personnes disaient qu'elle n'avait pas à se mettre en danger en fréquentant les écoles! Résultat? Elle était condamnée à suivre des études à domicile avec ses gouvernantes sur le dos.
Elle espérait que Thomas soit là avant qu'elle parte! Le jeune homme étudiait l'architecture et elle avait hâte qu'il lui montre ses livres! Qu'est ce qu'elle l'enviait! A partir du moment où il avait quitté le manoir Lockwood pour l'Université, on lui avait pardonné ses écarts de conduite! Bref, on lui avait rendu sa liberté! A Mary - ainsi qu'à ses amies - c'était chose impossible! Avec, comme conclusion, l'obligation d'étudier des sujets dont elle n'avait que faire comme les règles de savoir vivre, les bonnes manières à table, comment briller dans la haute société et...Tirer une tête de six pieds de long à chaque fête où elle était invitée! Heureusement, étant encore une enfant, on lui pardonnait ses écarts de conduite...Ce qui n'était plus le cas pour Ann-Elizabeth, Marianne et Heloïse!
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Cette après midi aurait du s'annoncer radieuse si un crétin de Lord n'avait pas parlé de Mary comme d'une chose! Maintenant la jeune Lady était effrayée et Ann ainsi qu'Heloïse était en colère...Chose que Mary détestait mais, heureusement, Marianne était là pour tempérer le caractère volcanique de sa soeur jumelle! Avec Thomas, elle était la seule à pouvoir calmer la jeune femme..Mais qui pourrait calmer Heloïse? Elle n'avait pas entendu la phrase et le ton à glacer le sang de la belle blonde et, encore moins, l'échange bref entre ses soeurs de coeur. Bientôt, elles se retrouvèrent pieds nus installées sur le drap qu'elles avaient dressés pour ne pas salir leurs jupons de dentelles et de soies. Comme Mary continuait à pleurer, elle accepta de se faire consoler par Ann et expliqua ce qu'elle avait entendu.
Heloïse prit son visage entre ses mains pour lui souffler des mots rassurants:
« Allons ma sœur, ne sois pas triste. Toi et moi savons très bien qu’une telle chose ne pourra jamais se produire. Ton père ne te livrerait jamais à quelqu’un qui n’a pas ton consentement. »
Propos qui fut soutenu par les jumelles Lockwood qui répondirent à tour de rôle: "Hélo a raison, Mary! Je doute que ton père se comporte ainsi. Pire, il enverrait balader l'homme si il savait de quelle manière il a parlé de toi." Dit Marianne. - C'est vrai! Ton père ne ferait jamais une chose pareille. L'ennui, c'est que toi, tu dois te méfier des hommes, parce-que ce qui les intéresse avant tout, c'est la fortune dont tu vas hériter. Garde toi d'eux."dit Ann. Elle renifla et essuya le peu de larmes qui continuaient à perler sur ses joues et souri quand Heloïse lui présenta un macaron à la framboise. Tout le monde savait que la mère de Mary était une française naturalisée anglaise après son mariage et la France était toujours un pays qui avait attiré Mary...Elle avait un sentiment de liberté et de joie quand on évoqua ce pays et sa capitale. Elle prit le macaron d'un rose éclatant et mordu dedans à pleines dents. C'était trop bon!
Ne vous inquiétez pas, je sais les désavantages qu'apportent le fait d'être noble!Dit Mary comme si elle avait dix ans de plus que son physique ne le laissait supposerJe fais confiance à mon père et à ma mère...D'ailleurs, je ne crois pas qu'ils s'opposeraient au fait que je reste célibataireSi elle réussi à faire ses preuves seule dans l'entreprise familiale! Rester célibataire...Comment réagirait elle si on lui disait que, dans quelques années, cette promesse sera rompue en la personne de Thomas Grey? Mary en aurait ri et ses soeurs de coeur aussi d'ailleurs!
Tout à coup, Heloïse dit qu'elles avaient oublié quelque chose pendant que Mary et Victoria se ruaient sur les macarons aux fruits rouges et au chocolat. Bientôt, elle disparu en trainant Ann-Elizabeth par le bras sans prendre le temps de remettre leurs chaussures. Les adultes allaient les regarder d'un drôle d'air! Pensa Mary en haussant les sourcils. Mais la jeune rouquine était loin d'être idiote! Elle savait qu'Heloïse puis Ann préparait une contre attaque! Marianne étant trop occupée à s'occuper de Victoria ne semblait pas s'être rendue compte que sa soeur et l'héritière du Comte de Neuveille étaient parties. Mary, derrière sa tartelette aux fraises, eu un sourire en coin. Elle avait hâte de voir ce que ses soeurs avaient préparé pour la venger.
Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Mer 25 Sep - 0:22
Le mépris est la forme
la plus subtile de la
vengeance.
Un étrange sourire flottait sur les lèvres de la jolie Héloïse. Son cerveau était tout à l’ouvrage de savoir ce qu’elle allait bien pouvoir faire subir à cet être abject qui avait osé parler de la sorte de son amie Mary. De cruels scénarios se mettaient en place dans son esprit, mais elle les éloigna bien vite, sachant qu’elle devrait se montrer magnanime en la présence d’Ann. Elle était peut-être parfois impulsive, mais pas inconsciente. La cruauté de la blonde ne serait sûrement pas à son goût. Il lui faudrait donc se rabattre sur des petites mesquineries qui risquaient tout de même de faire de lui la victime de toutes les moqueries. Mais peu lui importait, elle était portée par sa haine, par son désir de vengeance contre les hommes qui étaient à l’image du Comte de Neuveille. Si elle ne pouvait pas encore faire payer Henri pour son meurtre, elle trouverait tout de même le moyen de contenter sa soif de représailles, d’autant que ce lord l’avait plus que mérité. Il n’y avait pas que le Comte dans cette histoire, il y avait outrage. Un outrage envers l’une des personnes les plus chères au cœur d’Héloïse. Elle ne pouvait se targuer d’être l’enfant la plus sociable et la plus agréable qui soit, mais lorsqu’il était question de ses amies, elle pouvait se montrer être une vraie lionne. Peu de gens parvenait à toucher son cœur et à obtenir son amitié, mais si les filles Lockwood et Mary y étaient arrivées, c’était qu’elles étaient spéciales. Faisant d’elles des êtres qu’il fallait d’autant plus préserver. Et aujourd’hui, c’était l’honneur de Mary qu’il fallait sauver et elle comptait bien mettre tout son cœur à l’ouvrage. Toutefois, elle avait besoin d’un acolyte pour cette tâche et elle avait trouvé sa partenaire en la personne d’Ann. Qui mieux qu’elle pourrait l’aider à mener sa vengeance à bien ? Elle était animée de la même colère qu’elle et son esprit était tout aussi révolté. Il ne serait pas difficile de la convaincre. Car elle savait que si elle avait dû s’adresser à Marianne ou Victoria pour une telle requête, elle n’aurait certainement pas eu leur assentiment. Elles étaient bien trop sensibles et sages. Non, Ann-Elizabeth était parfaite. Elles seraient aujourd’hui comme le maître et l’élève, faisant la paire face à toutes les situations. Elle avait donc amené la jeune fille avec elle, faisant fi de ses protestations alors qu’elle ne lui avait pas même laissé le loisir de se rechausser. Un sourire amusé apparut sur ses traits lorsqu’elle suivit sa plaisanterie en annonçant que le café était bien trop italien à son goût. Puis son cœur se gonfla de fierté et d’une sorte de sentiment presque patriotique lorsqu’elle lui dit qu’elle serait toujours avec elle car elle était capable de tout pour sa famille. Oui… sa famille, sa vraie famille. C’étaient les filles. Pas le Comte, mais ses amies.
« Bien alors je crois que j’ai une idée. Mais il va falloir que tu fasses tout ce que je te dirai de faire Ann. Nous devons venger Mary, et ce, dans les règles de l’art. » chuchota-t-elle avec une malice presque malsaine.
Ann préconisait la prudence et sur ce point, Héloïse était entièrement d’accord. Elle hocha la tête pour démontrer son assentiment. Néanmoins, il n’y avait aucuns soucis à se faire de ce côté-là. Durant des années, la blonde n’avait cessé de multiplier les mauvais tours au Comte de Neuveille et jusqu’ici, elle ne s’était jamais fait prendre. Enfin, que très peu de fois en comparaison de tous les pièges qu’elle avait pu lui tendre. Œil pour œil, dent pour dent. Elle était sans pitié. Scrutant la foule de bourgeois qui se tenaient dans les jardins, elle repéra bien vite le lord anglais. A vrai dire, ce ne fut pas bien compliqué puisqu’elle ne l’avait presque jamais quitté des yeux. C’était d’ailleurs un miracle qu’il ne se soit pas encore rendu compte du regard noir qui était posé sur lui depuis qu’il avait osé ouvrir la bouche. Son esprit était encore tout à sa réflexion, plaçant les derniers rouages du plan qu’elle avait fomenté avec application. Puis enfin tout fut en place. L’attaque pouvait commencer. Héloïse se tourna alors vers Ann qui n’attendait que ses directives pour agir.
« Ma chère Ann je sens que nous allons bien nous amuser. » gloussa la jolie blonde.
Elle vit un petit groupe d’enfants qui jouaient au ballon non là d’elles. Elle s’approcha d’eux et elle leur demanda s’ils pouvaient lui prêter leur balle d’une voix angélique, battant presque des cils pour attendrir le groupe de garçons. Subjugués qu’une fille s’intéresse ne serait-ce qu’une seule seconde à eux, ils ne se firent pas prier et lui offrirent leur bien à Héloïse sans se faire prier. Elle les remercia et revint rapidement à Ann.
« Il va falloir que tu envoies la balle dans ma direction, mais suffisamment haut pour que je ne puisse pas l’attraper. Tu penses en être capable ? » lui demanda-t-elle avec un clin d’œil malicieux tandis qu’elle déposait le ballon dans ses mains. « Lance-là moi quand je te ferai signe et ensuite, profite du spectacle ! »
La blonde fit quelques pas en arrière. Elle se tourna, s’assurant qu’elle était bien dans la trajectoire de sa cible et puis elle se retourna vers son amie à qui elle adressa un clin d’œil pour lui signifier que la mission pouvait débuter. La brune prit son élan et la balle fut bientôt dans les airs. Beau lancé ! La blonde leva les yeux et vit le ballon partir au loin. Elle se mit aussitôt à courir, faisant mine de ne pas savoir où elle allait, si bien qu’elle entra en une violente collision dans l’homme qui suscitait toute sa haine aujourd’hui.
« ATTENTION ! » s’écria-t-elle.
Mais il était déjà trop tard. Enfin, si elle pouvait vraiment le dire car cette action était bien entendu prévue d’avance. Ayant été projetée dans l’herbe par la violence de l’impact, elle observa l’homme perdre l’équilibre, vaciller, prêt à tomber. Et comme elle trouvait qu’il mettait bien trop de temps à chuter, elle attrapa sa cheville et la tira à elle, de sorte qu’il partit en arrière dans un grand cri. Heureusement, personne n’avait surpris son geste et elle doutait que lord s’en soit rendu compte, bien trop préoccupé à retrouver son équilibre. Un rictus se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle le vit être précipité tout droit dans l’étang qui se trouvait tout juste derrière lui. Elle reçut quelques éclaboussures mais rien ne pouvait la distraire de cette excitation immense qui montait en elle et qui réchauffait sa poitrine. Il allait payer et ça ne faisait que commencer. Immédiatement, les gens autour se portèrent à son secours pour l’extirper de l’eau vaseuse dans laquelle il se débattait, pestant et battant des bras. La blonde ne put retenir un petit rire puis elle prit soin de modifier son expression. Elle allait à nouveau faire appel à ce qui commençait à devenir un vrai talent : soit ses qualités d’actrice. Elle se releva promptement, affichant une mine complètement horrifiée par ce qu’il venait de se passer. Pour peu, elle aurait presque cru qu’elle était honteuse et touchée par ce qui venait de se dérouler.
« Je suis vraiment désolée monsieur ! » s’excusa bien vivement l’enfant en s’approchant du lord qui venait de sortir de l’eau. Il était totalement dégoulinant d’eau et puait la vase. Elle dut faire un effort manifeste pour conserver son sérieux. « J’espère que vous ne vous êtes pas fait mal au moins ? »
Oh que si elle espérait qu’il avait souffert ! mais après une chute aussi ridicule, c’était certainement plus à sur son orgueil que le mal était fait. Quelques convives se pressaient autour de lui et elle vit son visage devenir cramoisie de honte, à moins que ce ne soit la rage. Ou bien les deux car il n’accorda aucune réponse à la jeune Comtesse, se contentant de lui jeter un regard noir. Mais ce qui aurait dû la désappointer causa encore plus son amusement malsain et un rictus prit possession de ses lèvres un bref instant. Bientôt, les parents Lockwood s’ajoutèrent au groupe et s’empressèrent de proposer au lord d’aller se sécher et se changer dans leur demeure. La maîtresse prit soin d’escorter l’homme jusqu’à la maison afin de lui trouver des vêtements propres. Jusqu’ici, tout se passait comme prévu. Héloïse se retourna vers Ann et lui fit un large sourire significatif. Elle allait la rejoindre quand soudain, une main agrippa son bras et la fit pivoter pour qu’elle se retrouve nez à nez avec… le Comte !
« Qu’est-ce que tu as encore fait ? » fit-il le plus bas possible pour que personne ne saisisse leur échange, mais son énervement était plus que palpable. « Je n’ai rien fait ! » protesta la jeune fille avec flamme. « C’était un accident ! » « Je l’espère pour toi Héloïse, sinon tu sais ce qu’il t’en coûtera. » la prévint Henri avec représailles. « Maintenant tu as intérêt à aller t’excuser auprès de monsieur le marquis ! »
Héloïse haussa un sourcil et elle eut presque envie de rire. C’était donc un marquis qu’elle venait de pousser à l’eau ? Belle pêche alors ! Changeant soudainement d’attitude, la blonde afficha une mine doucereuse et sa voix se fit mielleuse.
« Mais bien entendu. Et je compte lui présenter mes plus plates excuses ! » fit-elle en se défaisant de l’emprise du Comte.
Mais si son attitude aurait dû le soulager, il se mit à froncer les sourcils. Avant qu’il ne la retienne encore ou qu’il comprenne plus aux desseins de sa fille, la blonde s’éclipsa jusqu’à Ann-Elizabeth dont elle prit la main pour l’entraîner avec elle dans la demeure des Lockwood.
« Décidément, il n’en rate pas une pour me faire perdre mon temps ! » pesta Héloïse. « Dépêchons-nous, nous avons encore du pas sur la planche ! D’ailleurs il faudrait que tu m’apportes un costume de ton frère Thomas s’il te plaît. »
Ann s’exécuta immédiatement, s’évaporant dans les couloirs de la maison, tandis que la blonde restait pour veiller au grain. Se cachant derrière un mur, elle glissa un œil pour voir la mère des jumelles et de Victoria se presser pour donner des serviettes et des vêtements propres au marquis. Quant à ce dernier, il piétinait dans le couloir, grommelant dans sa barbe et dégoulinant d’eau. Qu’il était pathétique ! Mais son calvaire n’était pas encore fini. Oh non ! Loin de là ! Ann réapparut soudain, faisant sursauter Héloïse qui était toute à sa réflexion sur la manière dont elle allait entreprendre sa nouvelle phase du plan. Lorsqu’elle vit qu’elle était chargée de ce qu’elle lui avait demandé, son visage s’illumina.
« Tu es parfaite Ann ! Maintenant j’aurai besoin que tu distrais le marquis pendant quelques minutes le temps que je m’introduise dans la chambre dans laquelle il doit se changer. »
Elle déchargea la brune des habits et cette dernière partit accomplir sa mission. A pas de loups, Héloïse pénétra alors dans la chambre tandis que le lord avait le dos tourné et elle se cacha immédiatement sous le lit. Attendant patiemment, des voix lui revinrent. Celles d’Isabeau Lockwood, puis du marquis et même d’Ann, jusqu’à ce qu’elles se taisent finalement. Les pas du lord martelèrent bientôt le sol de la chambre dans laquelle il venait de rentrer et ses pieds apparurent dans son champ de vision.
« Sales gosses ! » l’entendit-elle ruminer alors qu’il commençait à se sécher avec les serviettes.
Relevant le regard, elle s’aperçut qu’il avait déposé ses propres vêtements sur la chaise à côté du lit. Il fallait qu’elle saisisse sa chance. Tandis qu’il était tout occupé à se sécher, le visage enfoui dans sa serviette, elle s’extirpa de sous le lit et subtilisa les vêtements qui devaient très certainement être ceux du père Lockwood pour les remplacer par ceux de Thomas. Elle en profita même pour courir vers la sortie et ce fut certainement un miracle qu’il ne l’entende pas refermer la porte derrière elle. Elle s’élança alors vers Ann, retenant son hilarité.
« En voilà un qui risque d’avoir une drôle de surprise. » s’amusa-t-elle en cachant les habits du père dans un meuble. « Maintenant on va rejoindre Mary, Marianne et Victoria pour profiter du reste du spectacle ! La représentation continuera plus tard pour ce marquis. »
Prenant la main de son amie, elle se précipita au-dehors et elles se hâtèrent de rejoindre au pas de course les jeunes demoiselles qui les attendaient. Elles les trouvèrent sagement assises sur l’herbe, mangeant leurs confiseries. Lorsqu’Héloïse arriva, elle fit une inclination théâtrale devant le trio.
« Tes chevaliers servants sont revenus ma chère Mary et nous t’avons vengée du vil sorcier ! » scanda-t-elle se prenant au jeu du chevalier avant d’éclater de rire.
Pour l’instant ce n’était que l’entracte, mais bientôt le rideau allait se relever pour une nouvelle représentation pour enfin arriver au clou du spectacle. Cette journée risquait d’être mémorable.
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Sujet: Re: Childhood games, woods and lakes... {Mary, Héloïse, Ann-Elizabeth} Dim 10 Nov - 18:49
Héloïse, Mary, Ann-Lizzy
« Il y a des choses de l’enfance que seule l’enfance connaît. »
"Bien alors je crois que j’ai une idée. Mais il va falloir que tu fasses tout ce que je te dirai de faire Ann. Nous devons venger Mary, et ce, dans les règles de l’art. - Les règles de l'art ? Tu lis trop de romans, Héloïse", sourit la jeune Lady.
Mais là encore, elle n'avait pas tord. L'ennui, c'est qu'elle avait beau vanter les mérites de la prudence, encore fallait-il qu'elle puisse l'être, prudente. Et discrète. Autant de qualités qui n'étaient pas dans son palmarès. Nerveuse, elle se mordait la lèvre inférieure presque jusqu'au sang, jusqu'à ce que l'image de sa petite soeur de coeur, sa chère petite Mary, tremblante du choc reçu, non pas physique mais bien psychologique. Et ses doutes s'éclipsèrent comme par magie.
"Ma chère Ann je sens que nous allons bien nous amuser. - Tant qu'une certaine personne morde la poussière, le reste importe peu. - Il va falloir que tu envoies la balle dans ma direction, mais suffisamment haut pour que je ne puisse pas l’attraper. Tu penses en être capable ?"
Ann regarda dans la même direction que sa jeune amie, et vit à son tour le groupe d'enfants.
"Compte sur moi. - Lance-là moi quand je te ferai signe et ensuite, profite du spectacle ! - Avec plaisir, très chère."
Et elle s'exécuta. Héloïse s'éloigna de quelques pas après avoir confié la balle à Ann-Elizabeth, et cette dernière visa avec soin pour, justement, manquer sa cible. Avec un cri de joie quand elle parvint à son but, qui était de, justement, louper Héloïse dans son lancer. Lequel cri fut succédé par un rire sonore lorsque la blonde percuta l'ennemi n°1, qui fit un splendide vol plané dans l'eau. Bien mérité, songea la Lady. Encore une chose à noter dans son journal. Diantre, que de choses n'aurait elle pas à écrire, ce soir ! Que d'histoires à raconter à Thomas ! Cela l'amuserait bien, et la suite promettait d'être encore meilleure.
Alors que les parents Lockwood se dirigeaient à grand pas vers le malheureux, Ann s'approcha du petit groupe avec un sourire ravi... Qui ne disparut que trop tard, après que son père eut levé les yeux vers elle. Le regard noir qu'il lui lança fit disparaitre toute trace de joie sur le visage de la jeune fille. Profitant de l'attention portée à l'accidenté, le marquis Lockwood se dirigea vers elle alors que le père d'Héloïse prenait sa fille à part.
"Ann-Elizabeth, je te préviens, si j'apprends que... - Je n'y suis pour rien, Père, je vous assure !"
Pas directement, en tout cas. Ann vira à l'écarlate, mais son père n'était pas dupe, et la connaissait.
"Je ne sais pas ce que toi et ton amie Héloïse avaient l'intention de faire, mais si tu jettes l’opprobre sur notre famille, si je dois m'expliquer pour ton comportement, tu vas avoir affaire à moi, ma fille. - Puisque je vous dit que je n'y suis pour rien ! - Ann, ne te fiche pas de moi. Tu devrais apprendre à mentir, Héloïse est meilleure que toi à ce jeu là. - Héloïse n'est pas... - Silence ! Qu'as-tu fait de Mary et tes soeurs ? - Dans les bois. A la clairière. - Bien. Je te mets en garde, Ann, si tu tu fais quoi que ce soit qui... - Je ne fais rien ! Je ne ferais rien !"
William la toisa d'un air glacial. Ann, rouge de confusion et de honte, soutint son regard jusqu'à lui arracher un soupir. Il la connaissait, sa fille. Jamais elle ne baissait les yeux face à n'importe quelle autorité, quoi qu'il puisse faire. Face à lui, Ann sentait sa nervosité grimper à la vitesse grand V : non seulement les yeux de son père semblaient voir jusqu'au plus profond de son âme, mais il lui faisait perdre un temps précieux.
"Tu as intérêt", finit par lâcher le père de famille avant de tourner les talons vers le groupe qui, entourant l'autre homme trempé jusqu'aux os, s'éloignait. Ann eut un soupir de soulagement, alors qu'Héloïse revenait vers elle.
"Décidément, il n’en rate pas une pour me faire perdre mon temps ! - Ne t'en fais pas, il n'est pas le seul", fit la brune avec un sourire à la fois crispé et acide.
"Dépêchons-nous, nous avons encore du pas sur la planche ! D’ailleurs il faudrait que tu m’apportes un costume de ton frère Thomas s’il te plaît."
La Lady s'exécuta. Mais par ou passer ? Certainement pas par l'entrée principale, le risque étant de tomber sur son paternel, chose qu'il valait mieux qu'elle évite. Les appartements des domestiques seraient mieux, aussi contourna-t-elle le manoir pour y accéder. Les domestiques en question, habitués à sa présence, ne firent pas grand-cas d'elle, et elle se faufila sans encombres jusqu'aux étages supérieurs.
Un couloir, un escalier, puis encore une succession de couloirs. Pourquoi le manoir était-il si grand ? Ç’aurait été tellement plus simple d'avoir une plus petite maison ! Mais évidemment, il fallait que les parents Lockwood ne fassent pas dans la demi-mesure. C'était presque une règle de vie, chez eux. Et aujourd'hui, Ann-Elizabeth en voyait un des inconvénients. Mais, pressant le pas, et sans cesser de maudire la succession de salons, de couloirs inutiles, elle parvint aux appartements de son frère plus vite qu'elle ne le pensait. Un jour, elle demanderait à sa femme de chambre de lui enseigner les couloirs dérobés qu'empruntaient les domestiques de cet étage. Elle connaissait ceux du rez-de-chaussée, forts pratiques pour épier les conversations des adultes. Mais pas ceux des chambres, hélas.
Le reste fut simple : prendre un costume dans l'armoire, puis refermer la porte et suivre le couloir en rasant les murs jusqu'à trouver le marquis trempé entouré d'autres gens, dont la mère de la Lady - chose guère difficile au vu du vacarme qu'ils faisaient. Elle n'eut pas non plus de mal à repérer Héloïse, tapie dans un renfoncement, à l'abri des regards.
"Et voilà le travail ! J'espère ne pas avoir mis trop de temps. J'avais oublié à quel point ce manoir pouvait être grand. - Tu es parfaite Ann ! Maintenant j’aurai besoin que tu distrais le marquis pendant quelques minutes le temps que je m’introduise dans la chambre dans laquelle il doit se changer. - A vos ordres, mon général. C'est celle-là, au bout du couloir, à gauche. Une de nos trop nombreuses chambres d'amis."
Elle se déchargea de son paquet et se précipita vers le marquis, en dépit des gros yeux que lui faisait sa mère.
"Monsieur le marquis ! J'espère que vous ne vous êtes pas fait mal. - Non, milady", fit l'homme, visiblement gêné, mais guère désireux d'envoyer promener la jeune Lady devant sa mère. - Remarquez, ça aurait pu être pire. Aurions-nous été en décembre que vous vous seriez fait mal au dos sur la glace avant de tomber dans une eau bien plus froide que celle-ci. Alors estimez-vous heureux, au lieu de vous plaindre comme si le ciel vous était tombé sur la tête !"
Le tout assorti d'un de ses sourires provocants dont elle seule avait le secret, et qui avaient le don d'exaspérer ses parents. Avant que sa génitrice n'aie pu faire le moindre geste, elle tourna les talons et s'enfuit dans le couloir, plantant là le marquis trempé, sa mère blême de colère, et d'autres soient choqués, soient amusés par son comportement. Mais leur avis importait bien peu à la jeune anglaise.
" En voilà un qui risque d’avoir une drôle de surprise. Maintenant on va rejoindre Mary, Marianne et Victoria pour profiter du reste du spectacle ! La représentation continuera plus tard pour ce marquis. - Je crois l'avoir un peu perturbé tout à l'heure, le pauvre".
Hilare, Ann avait du mal à reprendre son souffle, surtout dans leur course. Elles traversèrent le parc, leurs jambes à leur cou, jusqu'au petit bois qui abritait leurs amies, leurs soeurs... Sagement assises sur leurs draps, se délectant de pâtisseries françaises. Victoria avait encore des miettes sur le menton, que Marianne essuya avec son mouchoir. Avant de la regarder et de lever les yeux au ciel.
"Ann-Elizabeth, je peux savoir ce que tu as encore fait ? Tu es rouge comme une pivoine ! - Oh non, tu ne vas pas recommencer ! Tu es pire que Père, parfois, Marianne. Je ne croyais pas cela possible."
Et de nouveau, Marianne leva les yeux au ciel avec un agacement amusé. Ce fut Héloïse qui interrompit l'échange, en s'inclinant théâtralement devant Mary.
"Tes chevaliers servants sont revenus ma chère Mary et nous t’avons vengée du vil sorcier !"
Ann eut un éclat de rire qui se répercuta dans la clairière.
"Et pas qu'un peu, même si je ne crois pas que ce soit fini. Vous devriez venir, nous allons bien rire !"
Et, tendant la main vers Victoria, elle aida celle-ci à se relever, sans oublier de s'emparer d'une part de tarte aux pommes qui trônait sur la nappe. Marianne suivit vite le mouvement.
"Alors, on y va ? Je ne veux manquer ça pour rien au monde !"
Mystérieux jardin de ma lointaine enfance, Royaume ensorcelé perdu dans la distance.
Une heure, ce fut le temps que Ann-Elizabeth et Heloïse s'étaient absentées. Mary avait bien compris que ses "soeurs" n'étaient pas parties chercher du thé ou du café. Du thé, elles en avaient à revendre et le café aucunes d'elles ne courent vraiment après. Mary était en train de manger une part de tarte à la framboise saupoudrée de sucre et crème pâtissière. Délicieux! Il faudrait qu'elle fasse un détour secret dans les cuisines pour aller féliciter le chef cuisinier des Lockwood. En plus, ça sera la façon de découvrir si ce que lui avait appris Ann marchait. En effet, la fille Lockwood avait apprit à l'Abbot l'art de se faufiler là où une dame de leur rang n'avait pas à se trouver tout ça sans se faire repérer. Chez elle, elle avait réussi à s'introduire dans le bureau de son père pour avoir le journal et que son paternel refusait de lui donner sous prétexte qu'elle était encore trop jeune pour s'intéresser aux informations.
"Ann-Elizabeth, je peux savoir ce que tu as encore fait ? Tu es rouge comme une pivoine ! - Oh non, tu ne vas pas recommencer ! Tu es pire que Père, parfois, Marianne. Je ne croyais pas cela possible." « Tes chevaliers servants sont revenus ma chère Mary et nous t’avons vengée du vil sorcier ! »
Mary se retourna vers Heloïse qui s'était inclinée devant elle d'une façon digne d'une actrice célèbre. Elle n'avait pas entendu ses amies revenir et souri en les voyant rouge comme des tomates. C'était un signe qu'elles venaient de faire quelque chose dont elles n'étaient pas mécontentes. Ann rigola à la manière dont Heloïse avait eu de présenter la chose.
"Et pas qu'un peu, même si je ne crois pas que ce soit fini. Vous devriez venir, nous allons bien rire !"
Mary se releva en remettant ses chaussures à la va vite et sa ceinture qui avait un peu glissé pendant qu'elle était assise. Les autres qui étaient restées avec elle en firent de même.
"Alors, on y va ? Je ne veux manquer ça pour rien au monde !"
Moi non plus! Le groupe se dirigea vers le manoir qui s'élevait au bout du parc de la propriété des marquis Lockwood. elles arrivèrent assez rapidement et elles s'installèrent à une table recouverte d'une nappe en dentelles blanches et de superbes gâteaux et d'un service à thé ainsi que sublimée par de magnifiques fleurs dans un vase en cristal.
Que la fête commence! Mais avant:
Juste pour être sure de bien tout suivre: vous pouvez me dire ce qu'il s'est passé pendant qu'on était au lac?