Se redressant à la seule force de ses reins, comme elle ne l’avait plus fait depuis des dizaines d’années, Alexandra scruta la pièce d’un œil critique. Elle l’avait déjà vue quelque part, pour sûr, mais elle n’arrivait pas à resituer le contexte. Ce n’était pas petit, ni particulièrement grand en fait. Elle y dénombrait deux couchettes, un secrétaire, une commode, une coiffeuse, le tout assorti dans un goût de début du siècle. Au fond une fenêtre ronde la laissa deviner qu’elle se trouvait dans un bateau. Cela avait tout l’air d’une cabine, de fait, plutôt douillette et coquette. Sur sa table de chevet se trouvait un recueil de carte qui sentait encore l’imprimerie, malgré que les frontières dataient de cinquante ans au moins, d’avant la première guerre mondiale. Elle fronça les sourcils, nota les éléments dans un coin de sa tête mais ne jugea de rien pour l’heure. Il lui fallait tout d’abord s’habiller pour effectuer un premier repérage des lieux : elle ne portait pour l’heure qu’une chemise de nuit qui, pour être confortable, était un peu chaude à son goût.
Un coup d’œil à la penderie renforça encore un peu ses doutes : les vieilleries qui s’y trouvaient, elle n’en avait plus vu en-dehors des reconstitutions depuis un bon demi-siècle. C’était à peine si elle se souvenait encore comment les enfiler, songea-t-elle un moment, mais les gestes revinrent d’eux-mêmes à l’instant où elle s’y attela. Elle choisit après réflexion une robe dans les tons clairs, simple mais ample dans sa coupe et dépourvu des falbalas qui auraient pu gêner ses déplacements. Elle la compléta d’une veste légère, pour paraître plus habillée, et ramena sommairement ses longs cheveux bruns en chignons. Elle enfila de petits souliers dans la même gamme et, après un petit détour à la coiffeuse pour vérifier sa mise, rincer son visage dans le petit bassinet à sa disposition et souligner le tout d’un brin de maquillage, elle prit la direction de la porte pour débuter l’exploration.
Elle déboucha sur un couloir du même acabit que la cabine, bordé de part et d’autre de portes semblables à la siennes, toutes commençant par D suivi d’un numéro à deux chiffres. Il s’agissait donc bien d’un bateau, il lui semblait sentir le vague remous de la houle. Ses yeux se posèrent sur la sienne pour imprimer soigneusement dans sa tête le numéro, puis commença à arpenter la coursive dans le sens décroissant. Le silence était de rigueur, mais des échos de voix ricochaient de ce côté. Elle n’était pas seule.
Un claquement dans son dos la fit se retourner. Une jeune femme venait de sortir d’une des cabines, lui renvoyant un regard aussi surpris qu’elle-même. Elle voulait voir du monde, eh bien il y avait quelqu’un désormais.
« Bonjour ? », se hasarda-t-elle en français, de cette voix douce qui la faisait encore tiquer.
Dernière édition par Alexandra David-Néel le Mer 6 Fév - 16:54, édité 1 fois
Invité
Invité
>
PROFIL
RPG
Sujet: Re: En terrain méconnu Mar 5 Fév - 17:15
En terrain méconnu Ft. Alexandra & Grace
Une journée totalement normale, une journée des plus banale débutait sur le Titanic, une de plus. Je me suis réveillée et j'ai fait ma toilette, je me suis ensuite choisie une tenue dans les tons verts émeraudes avec de la mousseline noir. J'aime particulièrement cette tenue qui s'accorde à mes yeux... Bien que je la trouve un peu austère. Je suis cependant forcée de faire appel à ma domestique pour qu'elle m'aide à lacer mon corset afin d'avoir ma traditionnelle taille de guêpe. Il était clair que le port du corset est une damnation je trouve cela fort désagréable. Mais la mode est la mode. Qui suis-je moi pour dire quelque chose à propos de cela je ne suis qu'une jeune femme peu influente dans ce milieu. Certes je sais coudre et dessiné j'ai même fait des étude de mode et de couture mais les vêtement que je crée restent dans les normes des grande dame je n'ai pas assez d’expérience et de clientes pour faire changer les choses.
Une fois vêtue Maggie, ma dévouée domestique me laisse finir ma préparation seule. Je m'assois devant ma coiffeuse prenant mes cheveux, les nouant en chignon. Je le fais tenir avec une trentaine d'épingles à cheveux. Je rehausse mes pommettes avec un peu de blush rosé et souligne mes yeux avec une pointe de khôl et pose du rouge à lèvre de couleur rose afin de mettre en valeur mes lèvres. Je mets quelque gouttes de parfum dans mon cou en guise de touche finale. Je souris à mon reflet et me lève afin de prendre mes gents posés sur la commode et mon écharpe en renard. Mon frère devait sans doute déjà m'attendre sur le pont pour la promenade du matin que nous faisons rien que tous les eux avant de rejoindre mon père et mon fiancé pour le petit déjeuner.
Mais nous avions le temps il n'avait qu'à patienter après tout cela fait déjà un an que nous sommes tous à bord et la routine m'ennuie affreusement. Je prend donc le temps qu'il faut je choisi soigneusement une paire de chaussure noire et range un peu ma cabine. Puis quand enfin il me semble que je n'ai plus rien à y faire je prends ma clé et en sort avant de refermer la porte derrière moi. je m'apprêtais à monter sur le pont supérieur lorsqu'une douce voix m'interpelle en français ! J'adore le français je trouve cette langue magnifique. Je me suis donnée comme tâche de continuer à l'apprendre, même morte car avant de monter à bord, lorsque je vivais encore à San Francisco une des cuisinières de notre manoir était française et elle me l'apprenait. Désormais je n'ai plus que les livres de grands auteurs français qui me permettent de me familiarisé avec la langue. Je me retourne alors vers cette femme qui semblait perdue. Je lui offre un sourire bienveillant tout en m'approchant:
« Bonjour Madame » Répondis en français avec un très fort accent américain. « Pu..Puis-je vous... offrir mon aide ? » Osais-je à nouveau je ne l'ai plus parler depuis si longtemps j'ai un peu peur de ne pas dire les mots correctement. Mais c'est étrange, cette femme j'ai l'impression de l'avoir déjà entrevue à bord mais après après le naufrage... non, avant. je en lui ai jamais adressé la parole cependant je crois l'avoir déjà croisée. Mais comment est-ce possible que je ne l'ai pas vue depuis un an ?!
Mauvaise pioche, songea la centenaire d’un sourcil froncé : la jeune fille ne parlait visiblement qu’un français très sommaire, sans doute limité aux formules d’usage. Cela expliquait en tout cas le contraste entre phrasé hésitant et langage ampoulé : même à l’époque il n’y avait bien que le petit personnel ou les représentants officiels – sans oublier les étrangers bien sûr – pour s’exprimer aussi mécaniquement. Ce joli brin de demoiselle (dont le port indiquait une appartenance à cette « bonne » société qui étouffait la femme sous les corsets) semblait au moins toute disposée à l’aider. Elle avait même dans le regard une étincelle de curiosité qui n’était pas pour lui déplaire.
« Peut-être, trancha-t-elle d’un britannique chantant teinté d’accent français, alors qu’elle détaillait le visage de son interlocutrice pour estimer jusqu’où elle pourrait aller avec ce cœur tendre sans la brusquer. Tant qu’elle ne connaîtrait pas les codes de cet au-delà (si tant était que c’en était un), il valait mieux se montrer prudente. Je crois bien que je me suis égarée. Je ne reconnais pas cet endroit. Savez-vous où nous sommes ? Où mène ce couloir ? »
L’approche n’était pas plus mauvaise qu’une autre, et elle avait l’avantage de recouvrir aussi bien les plans physiques que métaphysiques. Pour tangible qu’elle lui paraissait pour l’heure, cet univers d’avant-guerre pouvait n’être qu’une allégorie, une énigme à résoudre avant de poursuivre son chemin vers une autre vie. S’il y en avait bien une, évidemment. La mort n’était pas forcément la révélation promise, elle en avait conscience depuis bien longtemps : celui qui vivait avait pour lui la certitude de sa fin à venir, celui qui mourait en revanche plongeait dans l’inconnu. Elle y était maintenant, des deux pieds plutôt que d’un. Un petit frisson bien terrestre lui traversa l’échine à la perspective de cette nouvelle découverte.
« Je ne sais pas si cela peut vous aider, ajouta-t-elle après réflexion, mais de là où je viens on m’appelait généralement Madame David-Néel. Alexandra David-Néel. Identité usuelle, s’il vous faut aussi les noms de baptême je vais être obligée de vous demander : lequel ? »
C’était qu’elle en avait eu pas moins de trois, sans compter les sectes orientales plus ou moins farfelues de sa jeunesse. D’ailleurs, la franc-maçonnerie comptait aussi ? la question lui arracha un sourire canaille.
Invité
Invité
>
PROFIL
RPG
Sujet: Re: En terrain méconnu Ven 8 Fév - 20:18
En terrain méconnu Ft. Alexandra & Grace
Je dois bien l'avouer mon français laisse un peu à désirer, mais le pratiquer que par la lecture ne m'aide pas vraiment pour le parler du coup je dois sans doute avoir un accent des plus pitoyable et mon interlocutrice s'en est rendu compte en me regardant un sourcil froncé. D'un air navré et respectueux je baisse la tête, joignant mes mains gantées humblement sur mon ventre plat et dur, comme l'imposait le corset que je portais particulièrement serré, car malgré tout je trouve que la taille de guêpe et une silhouette magnifique.
Cette femme semblait très distinguée et même perdue elle dégageait un grand charisme et beaucoup de grâce. Je suis certaine de l'avoir déjà vue, un jour ce visage ne m'est vraiment pas inconnu, mais où ? Quand ? Je ne saurais le dire. Ce qui est certain c'est qu'elle n'était pas sur le Titanic avant enfin en tout cas pas durant cette année écoulée. Mais... comment cela ce fait-il ? C'est impossible ! Personne ne peut monter à bord ni quitter le navire d'ailleurs c'est totalement incompréhensible. Moi qui pensais vraiment avoir compris le fonctionnement de l'errance éternelle j'avais tout faux c'est le désordre dans ma tête, mais en dame de la haute société que je suis je ne montre nullement mon incompréhension lorsque la femme s'approche quelque peu de moi avant de s'adresser à nouveau à moi... Je fronce alors les sourcils, incrédule. Je ne me permettrais jamais de me moquer d'elle en réalité j'étais d'un coup tout aussi perdue qu'elle.
« Madame, je crains que vous en soyez piégée sur le RMS Titanic qui, depuis un an maintenant voyage éternellement sur l'océan sans que personne, jamais ne puisse prendre contacte avec d'autres bateau ou même toucher la terre ferme vous m'en voyer fort désolée » dis-je avec une once de tristesse dans la voix. « Si vous continuez à marcher dans cette direction vous aboutirez aux ascenseurs du pont D. » Repris-je en désignant la droite du couloir « A gauche, ce n'est qu'un labyrinthe de cabine de secondes classes. et des escaliers les reliant à l'entre pont » J'observe sa réaction avec attention elle semblait très pensive je me mords la lèvre inférieure, tic que mon père n'a de cesse de réprimandé trouvant cela fort peu classe pour une jeune fille de mon rang.
L'inconnue, toujours aussi pensive, du moins elle me semblait pensive se présenta alors me demandant si cela pouvait m'aider, en réalité cela ne m'est d'aucune utilité administrative je ne suis qu'une passagère, cependant, je suis contente de pouvoir mettre un nom sur un visage. Je souris de manière bienveillante. « Je suis ravie de faire votre connaissance madame David-Néel. Je me prénomme, pour ma part Alice Grace Helen DeWitt-Harper, mais Grace est mon prénom usuel. » Répondis-je en lui tendant la main pour la serrer délicatement afin de sceller nos présentations.
« Puis-je cependant vous poser une question peut être indiscrète mais... Faisiez-vous parti des passagers du Titanic ? » Demandais-je après un court instant de silence. Oui cette question tournait dans ma tête depuis que j'ai croisé son regard. Je suis certaine de l'avoir déjà vu et j'aimerais en avoir le coeur net.
Hm, hm. Le RMS Titanic, rien que ça. Il coulait à pic la dernière fois qu’elle l’avait vu, celui-là. Ainsi ce coquin voguait encore sur les mers immortelles. Intriguant, mais pas vraiment digne d’intérêt : les bateaux fantômes n’avaient jamais peuplé ses fantasmes. Un navire était fait pour arriver à bon port, pas pour se perdre éternellement dans le grand bleu. Les nimbes ne pouvaient se limiter à un paquebot, fut-il le plus grand qui ait jamais existé – elle l’explorerait le temps qu’il faudrait puis passerait à autre chose. L’horizon seul avait toujours délimité sa course. Son regard vif suivait impassible les indications de la demoiselle, les enregistrant une à une sans commentaire pour dresser une première ébauche de carte mentale. Cela ne manquerait pas de lui servir plus tard.
« Un plaisir de vous rencontrer, Miss DeWitt-Harper, répondit-elle, courtoise, en la saluant d’une ferme poignée de main. Pour ce qui concerne le RMS Titanic, si vous parlez de celui qui a été chatouiller les icebergs de Terre-Neuve en 1912 j’étais en effet à son bord. Terrible histoire. Ils en ont encore fait un livre et deux films quarante ans après, c’est dire que ça a marqué les esprits. »
S’éloignant de sa guide, elle s’approcha des parois pour tâter, curieuse, les boiseries, se demandant si leur texture avait changé entretemps. Malheureusement sa mémoire n’allait pas jusque là. Ses méandres tortueux dérivèrent au contraire sur le premier vers du poème éponyme de Fondane, imprimé au fer rouge de l’impuissance de l’homme face à la mort :
« C’est un rêve effrayant et je m’y trouve encore, récita-t-elle, songeuse, avant de tourner vers la jeune fille un sourire narquois : Ou à nouveau, dans mon cas. Alors comme ça il se paie une nouvelle vie dans l’au-delà, le coquin. Un an, vous dites ? Et combien d’âmes damnées à son bord ? Il était grand de ce que je me souviens, mais pas assez pour contenir tout l’Enfer et le Paradis réunis. »
Et elle ne comptait là que les baptisés de la chrétienté, puisque les autres y étaient paraît-il interdits. Elle aurait peut-être dû envoyer cette lettre au Vatican pour demander son excommunication, à la réflexion, si faire partie des bergers du Christ lui valait de croupir dans un rafiot qui avait pris le fond il y a un bon demi-siècle. Ah, les belles promesses de la religion !
Invité
Invité
>
PROFIL
RPG
Sujet: Re: En terrain méconnu Sam 16 Fév - 16:20
En terrain méconnu Ft. Alexandra & Grace
D'où venait donc cette étrange femme ? De l'au-delà ? De New York ? Est-elle vivante ? Morte ? Les questions se bousculent dans ma tête et ne trouvant nullement de réponses satisfaisantes. Ce qui semble normal vu que la seule personne détenant les bonnes réponses se trouvent en face de moi.. Elle me serra d'ailleurs une main vigoureuse qui m'étonna. Ce petit bout de femme avait une sacrée poigne. Le contraste était saisissant avec son allure plutôt fluette. Mais j'avoue que cela ne me déplait pas elle semble avoir un fort caractère les discussions sont souvent plus animées et intéressantes Lorsque tous les partis défendent avec vigueur leurs opinions personnelles.
J'écoute attentivement chacune de ses paroles qui soulevaient davantage de questions encore comment cela quarante ans ? Le Titanic n'a-t-il point sombré il y a tout juste un an ? Comment est-ce possible. Cela fait un an, je le sais, les jours, je les aie comptés et je les compte toujours je sais exactement quel jour, quel moi et en quelle année nous sommes, se serais donc surréaliste d'imaginer que cela fait quarante ans que ce paquebot vogue sur les eaux éternelles. Mon dieu ma tête, je ne comprends plus rien c'est du pur délire ! Cependant, comme toutes grandes dames je reste impassible, stoïque et calme ne me laissant pas submergée par toutes ces incompréhensions.
« Je parle de celui-ci même en effet. Vous avez donc survécu à cette terrible épreuve ?! » J'en étais très heureuse pour elle ainsi a-t-elle pus vivre sa vie et vieillir comme cela devait se faire dans la logique de monde. Mais une question me brûle toute de même les lèvres et je ne peux contenir une certaine impatience. « Comment cela ce fait-il, quarante ans après ? Ne sommes-nous point en 1913 ? »
Je lui offre un sourire soulagé en quelque sorte lorsqu'elle me pose une question à laquelle je n'aurais aucun mal à répondre. Toute cette histoire me dépasse je dois bien le reconnaitre.
« En réalité, seul les passager étant mort dans la catastrophe se sont retrouvés ici à naviguer pour l'éternité entre la vie est la mort. Mais cela soulève à nouveau une question de ma part Madame, comment est-ce possible que vous vous retrouviez ici si vous avez pus prendre un canot de sauvetage et rejoindre New York ? »
Répondis-je laissant transparaitre mon incompréhension face à cette situation au combien déstabilisante «»
Le ton était tranchant, magistral, un peu péremptoire. Il ne fallait pas y voir d’hostilité, mais plutôt une posture d’observatrice neutre, tellement plongée dans ses réflexions qu’il lui fallait encore un peu de répit pour trier toutes les informations à sa disposition. Un détail la chiffonnait : la jeune fille semblait se référer à un calendrier très précis (ce qui prouvait que ces âmes damnées n’avaient pas perdu toute notion du temps), mais ce dernier avait cinquante-six ans de retard sur celui qu’elle connaissait. Cela voulait-il dire que le temps s’étirait plus lentement, ou que quelque chose les empêchait de se rappeler d’un état intermédiaire entre leur mort et leur retour fantomatique sur le paquebot ? Difficile à dire. Apparemment c’était la première fois qu’une survivante foulait le pont du bateau-fantôme. Cela voulait dire que tous ceux qu’elle croiserait y avaient trouvé la mort.
« Si l’apparence que vous montrez est bien celle que vous aviez en 1912, se hasarda-t-elle, empathique, je ne peux que vous présenter mes condoléances pour votre triste sort. C’est un âge bien jeune pour partir. En ce qui me concerne, le dernier réveillon que j’ai fêté était celui de 1969. À cette date l’année 1913 fait partie de l’Histoire, et pas la plus récente. Entretemps l’humanité a vu passer deux guerres mondiales, une Grande Dépression économique et… (Elle marqua une pause, hésitante, puis se ravisa.) … et certaines choses qui n’auraient jamais été envisageables du temps du Titanic. »
Le tableau était déjà assez effrayant en soi que pour annoncer de but en blanc que l’Homme avait la puissance de feu de détruire plus d’une fois sa planète. Autant passer sous silence le concept de « guerre froide », même si les tensions inter-étatiques du début du siècle n’avaient au fond rien à envier à la psychose entre bloc de l’Est et de l’Ouest – sinon que les enjeux prenaient des proportions autrement plus problématiques. Elle s’égarait toutefois.
« J’en suis au même point que vous, Miss DeWitt-Harper, avoua-t-elle. Si un ange avait eu l’amabilité de me souffler le sens de ma présence ici vous vous doutez que je ne serais pas à vous poser toutes ces questions. J’imagine que l’Au-delà ne diffère pas du monde terrestre sur ce point précis : c’est à nous de nous frayer notre propre voie vers la sortie. Si, à vous croire, seuls les morts du Titanic hantent ces nimbes (moi excepté), c’est qu’il doit exister d’autres strates pour d’autres âmes. Ne pensez-vous pas comme moi ? »
Procéder par raisonnement logique pour théoriser l’inexplicable, il n’y avait décidément qu’elle pour faire ça.
Invité
Invité
>
PROFIL
RPG
Sujet: Re: En terrain méconnu Dim 10 Mar - 19:15
En terrain méconnu Ft. Alexandra & Grace
Cette nouvelle rencontre est des plus déstabilisante, je l'avoue bien volontiers, était-elle morte, oui je le suppose mais si elle à pus rejoindre New York comment ce fait il qu'elle soit maudite elle aussi cela n'a aucun sens, c'est comme si... tout les gens ayant pris le Titanic avaient signé sans le savoir un pacte avec Satan.
Madame David-Néel reprends alors la parole commençant par me présenter ses condoléances pour ma mort précipitée. Il est évident que vingt ans n'est pas un âge pour dire adieux à la vie, c'est plutôt l'âge propice au mariage et à l'enfantement. malheureusement je n'ai et n'aurait jamais cette chance. Il m'est encore très difficile de l'accepté et j'ignore si j'y arriverais un jour me dire que je resterais pour l'éternité une jeune fille sans enfant et sans vie réelle me rends effroyablement triste. J'enviais cette femme, qui, après le traumatisme du naufrage s'est relevée et est allé de l'avant vivant sa vie comme elle l'entendait, enfin je suppose qu'elle à dut avoir une belle vie, je l'espère pour elle en tout cas. Sinon à quoi bon vivre ? Elle interrompit un court instant avant de reprendre et je reste très choquée par ce que j'apprends. Je poste un main devant mes lèvres, horrifiée, comment étai-ce possible Je me sens presque défaillir. 1969, deux guerres, une crise économique... C'est impossible ! « Oh mon dieu... », soufflais-je, retrouvant lentement mon calme en respirant profondément. Cependant, je suis très curieuses, la première guerre était envisageable en 1012, je part ensuite du principe que la dépression économique en résulte et le la seconde guerre résulte quant à elle de la grande dépression. C'est vrai que en y réfléchissant un peu c'est logique. « Quelles sont ses choses si inenvisageable est-ce si terrible que cela Madame ? », demandais-je, trop curieuse pour contenir cette question.
La discussion dévia cependant sur la question de sa présence ici, c'était pour moi, comme je le disait totalement illogique et improbable sauf évidement si chaque passager était maudit et que tôt ou tard tous devrais subir l'éternité à bord de ce paquebot. Je l'écoute attentivement. J'avoue ne jamais vraiment avoir penser à cela mais maintenant cela prête à réflexion. « Oui, peut être en effet... j'avoue que j'en suis restée au point de base qui est que nous sommes maudit d'être monté un joue sur ce paquebot, disait-on insubmersible. » dis-je simplement avec un petit sourire. « Vous souvenez-vous des divers chemins traversant le bateau ? Sinon je me ferais une joie de vous remontrer certains endroit. » Dis-je ensuite avec douceur. C'est une rencontre étonnante je l'avoue mais dans le bon sens du terme, moi qui suis débordante de curiosité peut être qu'a moyen terme elle acceptera de me raconter comment était la vie après le naufrage, qu'est ce qui c'est passé durant toutes ses années. j'espère grandement.
C'est alors que des bruits de pas attirent mon attention je me retourne et constate la présence d'un nouveau venu. Celui-ci approchait d'un pas décidé et résolu. Il s'agissait de Edward, un troisième classe avec qui j'entretiens le rêve de percer le mystère du Titanic et de pouvoir m'enfuir, quitter cet endroit maudit que je ne supporte plus. Un sourire illumine dès lors mon visage alors qu'il s'arrête près de moi. « Edward ! Quel plaisir de te voir ici » dis-je très sincèrement. « Permets moi de te présenter lady Alexandra David-Néel, cette femme à survécu au naufrage ! » Je savais qu'avec cette phrase je piquerais la curiosité du troisième classe. « Madame » dis-je alors en me tournant vers Alexandra « Je vous présente monsieur Edward North. »
À la réflexion ce n’était peut-être pas une si bonne idée d’effrayer cette âme pure avec la douleur du vingtième siècle… La pauvre en faisait presque une crise d’asthme, le visage tiré dans une expression scandalisée, mais son souffle lui revint peu à peu en même temps qu’un semblant de sérénité. Était-ce le choc d’avoir manqué un demi-siècle ou le contenu de ses propos qui la faisait réagir ainsi ? Alexandra nota soigneusement d’user de plus de tact lors de ses prochaines rencontres, avant d’en venir à tuer les morts (oh la bonne blague !) avec ses révélations. Il était malheureusement trop tard pour préserver l’innocence de celle-ci – elle en avait dit trop ou pas assez – et c’est d’un ton funèbre qu’elle annonça à sa guide jusqu’où allait la bêtise humaine, cinquante-sept ans après sa mort :
« Des armes d’une puissance si terrible qu’une troisième guerre de l’envergure des deux précédentes entraînerait la fin de toute vie sur Terre… Ils en construisent de plus en plus pour se faire peur les uns les autres, sans jamais les utiliser : ils continuent à se faire la guerre à l’ancienne, dans ce qui était les colonies. (Elle soupira.) Quand j’y pense l’humanité reste pareille à elle-même, seuls ses moyens évoluent… et parfois ses lois. La femme a le droit de vote (le bel hochet, ah !), mais pas encore un salaire égal. Il reste du chemin à faire et j’ai bien peur qu’il doive se faire sans moi – cent ans de lutte, c’est déjà assez lourd à porter pour que je joue éternellement les prolongations. »
Son œil acéré s’arrêta un instant sur le visage de la jeune fille, guettant ses réactions pour déterminer sa position face au féminisme (thème loin de faire l’unanimité à l’époque, y compris parmi les femmes). Ce qu’elle y vit satisfit bientôt sa curiosité et la revenante accepta de bon cœur la petite visite guidée qu’elle lui proposait : avoir le goût de l’exploration ne voulait pas dire cracher sur un premier repérage en agréable compagnie. Elle aurait tout le temps, le moment venu, de découvrir par elle-même des recoins plus secrets… elle en était à cette pensée quand un bruit de pas, à l’autre bout du couloir, les fit se retourner toutes deux pour découvrir un homme à la démarche assurée. Miss Dewitt-Harper devait bien le connaître, car immédiatement elle l’interpela pour faire les présentations. Le regard de la dame se posa donc sur le nouvel arrivant, scrutateur comme à son habitude, à l’affût de ces détails qui permettaient de deviner un homme avant même qu’il se dévoile.
« Ravi de vous rencontrer, Mr. North », salua-t-elle d’un signe de tête plein de dignité.
Son anglais, résolument influencé par l’accent londonien, ne trahissait pas moins encore ses origines françaises.
Invité
Invité
>
PROFIL
RPG
Sujet: Re: En terrain méconnu Dim 28 Avr - 19:05
L'écho de quelqu'un qui marche, dans un couloir. Que leur rythme soit régulier ou non, ils conservaient toujours ce caractère à la fois étouffant et inquiétant que le cinéma saurait si bien magnifier dans ses œuvres les plus sombres, de celle qui génèrerait en vous un mal-être à la fois indescriptible, mais bel et bien claustrophobe. Seulement, face à l'immense écran de cinéma, vous pouviez toujours sortir, ou bien détourner le regard, vous rassurer en vous assurant qu'il ne s'agissait que d'une pellicule défilant sur un grand drap blanc, un huis clos au final factice dont vous réchapperiez sous peu. Imaginez à présent que vous vous trouviez sur un navire de métal voguant dans les limbes du purgatoire jusqu'à la fin des temps... Bien plus anxiogène, n'est-il pas ?
Mais pour Franz Dreinberg, ce voyage tenait de la fiction, réellement, et c'était donc pourquoi il ne frémissait pas, ne voyait pas son quotidien hanté par des pensées dépressives, ou ses nuits par des cauchemars dantesques. On pouvait dire ce que l'on voulait sur son scepticisme quasi légendaire -voire même pathologique, à certaines occasions-, mais cette mauvaise foi le plaçant clairement en opposition avec bon nombre des passagers lui permettait au moins de continuer à mettre un pied devant l'autre chaque jour, sans abattement ni crise de désespoir. Métaphoriquement... Et également physiquement, puisque c'était bien l'Allemand que nous retrouvions au pont D, traversant le long couloir donnant sur maintes et maintes portes de cabines se ressemblant toutes afin de gagner un discret escalier permettant de s'aventurer encore plus avant dans les entrailles du vaisseau fantôme. Sa ronde aux étages supérieurs venait de se terminer, sans qu'aucune nouvelle de Lukas ne lui soit parvenue, autre que l'habituel signal assurant que tout allait bien de son côté, mais qu'il n'avait rien de neuf à lui transmettre. Une serviette légèrement décalée par rapport à ses consœurs, un rideau à peine tiré, deux pétales tombés d'un bouquet, et formant un motif particulier... Des petits détails anodins, mais qui pour les deux hommes signifiaient autant que de longues phrases rédigées à l'encre invisible. Certes éphémères et fragiles, abandonnés ainsi à la portée de tous, mais complètement hermétiques à ceux n'ayant point été au fait de leur langage secret... Bref, quoi qu'il en fût, l'aîné des Dreinberg avait du temps libre devant lui, et bien qu'il regrettât un peu de ne pas avoir son cadet à ses côtés, il s'était mis en tête d'aller examiner une énième fois de plus la fameuse Port Blanche, ce panneau devenu pratiquement légendaire, car impossible à ouvrir. Beaucoup pensaient que la mort se trouvait derrière, tel un châtiment, ou au contraire une libération... Toujours aussi pragmatique, Franz y voyait plutôt la cachette d'un secret, peut-être une machinerie imposant la dérive au Titanic, ou une merveille de technologie qui leur permettrait de contacter la terre. Ou peut-être l'espion était-il simplement poussé par sa curiosité, une qualité à cultiver dans son métier...
Quoi qu'il en fut, il fut arrêté par un sourire, une interjection amicale, une présence aussi bienveillante qu'en plein milieu de son chemin : en un mot, une femme, en plusieurs, Grace deWitt-Harper, passagère de sa connaissance, plutôt positive à vrai dire, mais pas au point d'être sincèrement ravi de la croiser. Néanmoins, comme toujours, ce fut instantanément que l'Allemand se glissa dans son rôle, répondant avec autant de spontanéité au prénom d'Edward que si celui-ci avait été le sien.
-Grace...la salua-t-il avec un signe de tête posé, lui souriant gentiment comme le font les gens à la fois polis et amicaux.
Son regard passa bien naturellement à l'autre dame présente, alors que la demoiselle achevait de faire les présentations ; Franz ne prit d'ailleurs pas la peine de relever la remarque de la seconde classe concernant la "survie" de sa camarade de conversation, habitué désormais aux excentricités des voyageurs certains d'être devenus des fantômes perdus entre vie et trépas. D'ailleurs, son indifférence quant à cette information suffisait sans doute à témoigner du peu de cas qu'il faisait de ces croyances pourtant répandues.
-De même, Madame. Te croiser est toujours une bonne surprise,reprit-il à l'intention de Grace,mais il semble que vous étiez sur le point de sortir... Je ne voudrais pas être impoli, et vous retarder.
Exquis petit menteur qui n'attendait qu'une chose, l'occasion de se retrouver seul face à la Porte... Ce qui empêcha l'étranger de de suite se remettre en route ? Le regard que lui avait dédié cette madame David-Néel, celui qu'ont souvent les femmes d'un certain âge rencontrant un nouveau venu, ce genre de coup d'oeil à la fois strict et correct, vous jaugeant et élaborant dès à présent une ébauche d'avis à votre sujet. Dreinberg le connaissait si bien, pour avoir appris à le repérer, mais aussi à l'usiter... Avec ce genre de figure, mieux valait soigner un minimum les premières apparences, puisque miss deWitt-Harper semblait proche de la "revenante", et qu'elle pourrait peut-être un jour être utile, si tant était qu'Alexandra ne lui affirmât pas qu'il n'était pas quelqu'un de fréquentable. Voilà donc pourquoi il attendit patiemment que Grace le congédiât, arborant toujours cette attitude disponible quoi que discrète qui cachait si bien ses réelles intentions.
Contenu sponsorisé
>
PROFIL
RPG
Sujet: Re: En terrain méconnu
En terrain méconnu
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum