Les faux semblants, c’était ce qu’il y avait de mieux dans ce bas monde. La comédie, les faux sourires, le mensonge, tous ces artifices aidaient une personne peu commune à devenir l’être le plus banal en ce monde. Scarlett Hamilton, veuve noire de son métier, femme mariée mais qui se voulait célibataire et qui avait montré aux yeux du monde qu’elle était désormais seule, jouait de la manipulation pour obtenir ce qu’elle désirait. Se faire passer en victime, elle adorait par-dessus tout et cela contribuait à la rendre brave aux yeux des autres. Elle n’était pourtant en rien aimable, aussi piquante qu’une épine, son regard pouvait en transpercer plus d’un, même le plus valeureux des hommes. Menteuse, elle s’en sortait toujours et cela durait maintenant depuis un an. Voilà une longue année que personne ne l’avait démasquée et cela malgré toutes ses mauvaises actions. Elle avait manipulé, triché, tué et tout cela, sans impunité et sans jamais ne s’être fait prendre. Des amis, elle en avait, tout comme des ennemis. Si bien qu’il est étonnant qu’après tant de temps, elle n’avait pas été démasquée. Cependant, la veuve noire avait le bon sentiment qu’elle allait pouvoir encore couler des jours heureux un moment, notamment avec l’arrivée du majordome de son cher et tendre époux, retour inattendu, qui lui apportait beaucoup de bien et du soutient.
En ce jour, Scarlett Hamilton avait l’intention de se comporter comme la femme la plus banale du monde, sauf en cas d’imprévu, ce qui en toute logique ne devrait pas arriver. Elle avait passé sa matinée à converser avec d’autres femmes, avait mangé, s’était préparé et là, à l’heure du thé, elle avait rejoint un petit groupe au café/véranda, avec qui elle conversait à propos des séjours et des pays que les femmes de la table avait découvert. La veuve noire machiavélique profitait d’ailleurs de cette situation pour montrer de la nostalgie à propos de sa séparation avec Thomas, faisant voir à ces femmes, qu’elle n’y était pour rien, alors que c’était tout le contraire. Si seulement ces dindes savaient qu’elle avait déjà assassiné six époux, elles fuiraient pour se tenir loin de cette âme damnée. Son thé maintenant à bonne température, Scarlett put enfin le boire, tout cela dans l’art et la manière d’une lady, sans aucuns faux pas. Il faut dire que la première classe s’y connaissait, depuis le temps qu’elle s’entraînait à être une femme du monde, elle ne pouvait pas manquer à son devoir. Même si au fond d’elle, elle n’était rien une noble femme, elle en avait les gestes et les apparences. Son thé au citron était agrémenté de quelques petites pâtisseries que ces compagnes de table jugeaient d’excellente. Scarlett en picora une, pour montrer sa bonne foi, mais stoppa rapidement devant cette affluence de gourmandise, depuis toujours, elle faisait attention à son corps, qui était sa meilleure arme. Alors qu’elle terminait son thé, elle aperçut un spécimen de sa connaissance entrer dans la pièce et s’installer seul sur un table. Nathanaël Oliver. La femme le haïssait, bien plus depuis qu’il tentait aux yeux de tous de se racheter une conduite. Cependant, Scarlett n’était pas prête à le laisser passer vers le bon côté et elle avait bien l’intention de pourrir le cœur de l’homme un peu plus qu’il ne l’était.

« Pardonnez-moi mesdames, mais je dois aller saluer une vieille connaissance. » Accorda-t-elle à ses compagnes, tout cela avec un charmant sourire.

Telle une lionne qui glisse sur la proie, elle s’approcha du première classe et s’installa face à lui. Un sourire provocateur aux lèvres, elle l’aborda.

« Monsieur Oliver, cela faisait longtemps. » Disait-elle tout en faisant glisser un doigt sur la main de l’homme. « J’ai entendu des choses très étranges à propos de votre personne, il semblerait d’après la rumeur, que vous devenez une bonne personne. La rumeur est-elle vraie ? » Ajouta-t-elle tout en gardant le ton de l’ironie et de la provocation.

Nathanaël Oliver n’était plus le même et ça Scarlett Hamilton le remarqua tout de suite, il était monotone, moins amusant qu’auparavant et surtout, il n’entrait plus dans son jeu. A croire qu’une force surnaturelle avait remis à zéro son esprit. Vouloir se racheter une conduite, voilà une chose folle. Oliver avait toujours été un dragueur invétéré, un fourbe et il l’avait bien prouvé en assommant le mari de cette pauvre Aryane Valentyne pour prendre sa place au bal masqué. Et cet homme essayait de lui faire croire que sa fourberie avait disparu, non c’était complètement fou et improbable. Quand un cœur était taché de noir, il était difficile d’effacer cette trace indélébile. Le pire c’était que l’homme ne chercha pas à l’attaquer et il était vraiment temps qu’elle cherche à remédier à tout cela.

« Oh mais vous savez les rumeurs peuvent être très intéressante et vous voyez, vous venez de la confirmer Monsieur Oliver. Par contre, je ne vois pas en quoi je suis une mauvaise personne, après tout je suis une honnête femme. » Disait-elle en faisant un sourire innocent. Et quand il lui proposa un thé, elle répondit : « Volontiers ! »

Elle le détailla se posant de nombreuses questions sur cette personne qui avait tant changé. Comment pouvait-on se transformer à ce point. Autrefois il était la nuit et aujourd’hui le voilà sous la lumière du jour. Scarlett se demandait comment son épouse devait prendre cette transformation, cette idiote bien sûre devait être heureuse, son mari devenait un homme bon, quoi de mieux pour la combler. Celle-là, la veuve noire allait devoir s’en occuper prochainement, mais pas tout de suite, elle avait d’autres affaires à régler, tout d’abord son mari et il y avait aussi ce Marcus Cream avec qui elle avait débuté une partie d’échec. Ce jeu était d’autant plus amusant qu’il était dangereux. Cependant, elle ne voulait pas perdre l’un de ses pions et de ses amusements préférés.

« Cependant, j’ai du mal à comprendre un tel changement Monsieur Oliver et j’ai aussi du mal à le croire, après tout un cœur noir, le reste à jamais. »

Puis alors qu’on leur servait le thé, une vieille dame que tous surnommés la Comtesse s’approcha d’eux et s’installa à leur table en leur accordant un froid « Bonjour ». Au fond d’elle-même Scarlett était furieuse, pourquoi cette vieille femme était-elle venue telle une sans gêne perturber une conversation qui s’annonçait prometteuse. Scarlett non sans garder une certaine neutralité, la regarda froidement et lui demanda la raison de sa présence.

« Comtesse, sans vouloir vous offenser, ceci est une conversation privée. » Disait-elle froidement.