Promenade sur le Pont C.

▬ ♫ Let's go
La vie sur le Titanic était parfaite, bon presque parfaite si on ne comptait pas quelques ennuis passagers qui pouvaient arriver à bord. Georgiana ne regrettait pas d'être toujours à bord, ce qu'elle regrettait c'était de ne pas pouvoir dire ses quatre vérités à son ex-fiancé Arthur. Quand elle repensait à toute sa vie, elle se disait qu'elle avait été bien idiote face à cet homme, elle n'aurait jamais du se faire avoir ainsi. Après tout il y avait tout de même des choses qui auraient du la faire douter, comme le comportement de l'homme quand ils se trouvaient sur le Titanic.
La jeune femme avait du temps pour enfin rassembler tous les éléments et les seules conclusions qu'elle avait, c'était que son ex-fiancé, c'était bien fichu d'elle. A bord du Titanic, elle avait découvert une nouvelle facette d'Arthur, une facette qui n'était pas du tout celle qu'elle connaissait.
Ainsi était donc la vie, même si le fait qu'elle soit toujours à bord du Titanic soit étonnant, jamais elle n'aurait pensé que la mort c'était cela. Elle trouvait cette mort plutôt pas mal, pourtant depuis quelques jours, la jeune femme était morose. En effet, elle avait pris conscience que plus jamais elle ne reverrait sa famille, que cela soit ses chers parents, ou encore ses frères. Elle se demandait comment tous avaient pris la nouvelle de sa mort, s'ils s'en remettaient et surtout si son père ne s'était pas encore plus plongé dans une profonde morosité. La jeune femme n'aimait pas cela, elle aimerait en savoir plus. Elle savait comment, mais elle n'osait pas le faire. Georgiana se méfiait beaucoup de la mystérieuse salle des rêves qui se trouvait à bord du Titanic, salle qui n'était d'ailleurs pas là avant le naufrage. Tout cela était bien trop étrange pour être réel, voilà pourquoi elle se méfiait. Son ancienne condition de fille d'ouvrier lui avait fait comprendre que rien ne pouvait être acquis gratuitement, tout un jour se payait, même un simple moment que l'on souhaiterait vivre.
La matinée était belle, comme d'habitude, qu'est ce que la jeune femme ne ferait pas pour revoir une bonne pluie, elle qui la détestait autrefois, aimerait bien voir à nouveau une tempête, comme celles qu'il pouvait y avoir à Londres.

Sa cabine ne comportait pas hublot, mais la mer calme sur laquelle le Titanic voguait ne signifiait qu'une chose que le soleil battait son plein. Comme pratiquement toutes les cabines de troisième classe, la sienne était plus un dortoir composait de quatre couchettes. La décoration était neutre, pas luxueuse, mais au moins ils dormaient tous bien. Cela n'avait rien à voir avec les petites maisons ouvrières de Londres, surtout la sienne, vu que Georgiana pendant toute son enfance avait dormi dans la même pièce que ses frères, avec un simple rideau pour lui donner un peu d'intimité. Ici au moins, elle ne dormait qu'avec des femmes dont sa meilleure amie Bridget.

La jeune femme venait de se vêtir, elle était habillé simplement, comme sa condition le lui permettait, une simple chemise en haut et une jupe bordeaux pour bas, sa taille était soulignée élégamment par un ravissant corset qu'elle avait « emprunté » à une première classe qui n'était plus présente sur le bateau, elle portait aussi de simple bottines noires. Enfin telle une femme du peuple, elle donnait toute liberté à ses cheveux qui cascadaient de toutes leurs longueurs sur son dos. C'est ainsi qu'elle quitta sa cabine, pour rejoindre le C, là où les troisièmes classes pouvaient se rendre sans embûches pour se promener. Aujourd'hui, ne voulait pas d'histoire avec les personnes de la haute société, elle préféra rester parmi les personnes de sa communauté. Elle gravit plusieurs escaliers avant de pouvoir enfin sortir. L'air était doux, agréable, un peu trop même. La jeune femme se rendit jusqu'à la rembarre et se pencha pour regarder l'océan. Ce dernier était là majestueusement et à perte de vue. L'eau était calme, un peu trop à son goût et on ne voyait pas l'ombre d'un dauphin eux qui étaient souvent là pour accompagner le Titanic pendant sa traversée inaugurale avaient complètement disparus. Cependant Georgiana espérait toujours, qu'un jour, elle puisse revoir l'un de ces mammifères. Après tout l'espoir fait vivre et même si elle était morte, elle avait bien le droit d'espérer.

Georgiana quitta la rembarre et entreprit de se promener sur le pont. Elle salua gaiement plusieurs passagers, qu'elle côtoyait maintenant depuis le naufrage. Cela était bien plaisant. Même si la paix n'était pas toujours présente sur le bateau, les passagers avaient appris à vivre ensemble et à se soutenir. Une fois sa promenade matinale faite, la belle s'installa sur l'une des chaises longues qui se trouvait sur le pont. Elle s'y allongea et ferma les yeux tout en pensant.
Le soleil vint lécher joyeusement sa peau, mais la brune savait qu'elle ne prendrait jamais aucunes couleurs. Son teint était bien trop pâle pour cela et elle doutait que maintenant morte, cela puisse arranger les choses. Donc elle s'était faite à l'idée que sans artifices, elle ne pourrait jamais prendre une seule couleur.
Georgiana profitait de se petit moment de solitude, elle se mit à penser au reste de sa journée et à ce qu'elle allait bien pouvoir faire. Depuis dix mois, c'était son soucis quotidien, pendant les premiers, elle avait eu matière à s'occuper, mais maintenant ce n'était plus pareille. Les recoins du Titanic ne lui était plus inconnus et elle avait l'impression d'entrer dans une routine qu'elle n'aimait pas. Bien sûr, elle s'occupait par moment en faisant de la couture. Bien sûr elle dansait toujours, mais rien n'était plus pareille, la vie avait perdu toutes ses couleurs et tout n'était maintenant plus que noir et blanc. Une vie sans saveur, qu'elle allait devoir supporter pour l'éternité.

Je crois que je me souviendrais encore longtemps de cette nuit là. J'avais décidé de me supprimer, je devais, je voulais en finir avec ma misérable vie, il ne pouvait pas en être autrement, mais le Titanic m'avais devancé, comme un signe du destin, comme si je mourrais cette nuit là que je le veuille ou non. Un iceberg, et je me laissais mourir sans résistance, parce que j'avais envie de mourir cette nuit. J'aurais pu essayé de survivre, en paniquant comme les autres passagers, mais il n'en était rien, j'étais calme, je savais que mon heure était arrivé. Sacha Masters devait sombré avec ce magnifique bateau qui ne ferait pas de 2ème traversée, comme si je ne pouvais revenir en arrière, comme si je ne pouvais aller de l'avant, comme si j'étais définitivement bloquée ici pour l'éternité. Serais-ce le cas ? Je ne le savais pas vraiment, le temps passait, mais je ne le comptais pas. Étions-nous encore en 1912 ? 1913 ? Ou plus tard dans le temps ? Je ne le savais pas, je ne savais rien, je me faisais discrète de toute façon, je ne vois pas pourquoi tout d'un coup je deviendrais la star de ce navire. Seconde classe, je ne me montrais que peu au niveau supérieur, même si ma curiosité m'avait poussée à aller au delà des portes et des escaliers qui me séparait de cette classe huppée. Je croisais régulièrement des 3ème classe, mais cela ne me posait pas de problème particulier, je n'étais pas raciste pour un sous, alors que des personnes de la classe inférieur me parlent, des personnes de couleurs me parlent, je n'en avais que faire. J'essayais de ne pas être trop distante, ou froide sans pour autant me montrer trop familière avec trop de monde. Je n'avais pas l'intention de retrouver l'amour après ce que j'avais vécu quoique ... A ce niveau, tout cela était bien confus. Jefferson l'avait remarqué, il me poussait à aller de l'avant avec Alfred, mais lui aussi était confus, sur ces convictions, sur ces sentiments, bref, sur beaucoup de choses même s'il est plus optimiste que moi.

J'étais donc dans ma cabine, je ne savais pas quoi faire. J'avais envie de me lamenter sur mon sort pour ne pas changer, me dire que ma vie aurait pu être différente si je n'avais pas fait tel ou tel choix, mais j'arrive toujours à la même conclusion. Chaque futur hypothétique que j'imagine se finit mal, d'une façon ou d'une autre, à croire que je n'avais pas de possibilité d'avoir un avenir un petit peu optimiste. L'espoir fait vivre vous dirons certains mais chez moi, l'espoir n'existe pas, il est retenu au fond de la boite de Pandore, comme un signe, comme si cette boite était scellée, sans que je ne puisse l'ouvrir, comme si je ne pouvais pas avoir d'espoir. Mais depuis notre retour, cette petite boite semble vouloir cédée, comme si finalement, je pouvais avoir droit à quelques choses, mais je ne sais pas. Mon coeur me dit d'aller de l'avant, mon esprit est réfractaire à cela, puis quand mon esprit semblerait s'ouvrir un peu mon coeur se referme pour ne rien délivrer de meilleur comme si j'étais en perpétuelle contradiction avec moi-même. Mais peut être le suis-je finalement. J'étais totalement seule avant d'arriver ici. En embarquant sur le navire, je quittais tout pour ne jamais rien retrouver. Étais-ce la bonne solution ? Pour moi oui, mais d'autres vous diront que la fuite est un moyen bien lâche de faire face à ces responsabilités, mais que voulez-vous que je vous dise ? J'ai fuit, j'avais tellement peur que j'ai était lâche, je l'admets, mais est ce que cela fait de moi un être abominable, un monstre ? Je vous laisserais répondre à cette question, mais pour moi, j'ai agit de la meilleure façon possible. Je ne pouvais plus encore attendre que tout se passe. Et avec ce naufrage, j'ai perdu tout, absolument tout ce que j'ai pu connaitre avant. Un mal pour un bien ? Je ne sais pas, je ne pense pas que j'ai retrouvé un mal pour un bien, ni même que ce soit vraiment un mal pour un autre mal. J'ai surtout abandonné un mâle qui ne m'aimait plus à ma juste valeur alors que j'avais toujours fait ce qu'il fallait pour rester pour l'éternité sa chère et tendre compagne.

Je repensais à mes parents, ils étaient morts tout les deux comme je l'étais à présent. Souvent en me réveillant sur le navire, je me suis imaginé le voir accosté sur une île ou dans un port que je ne connaissais pas forcément et je les voyais, ils semblaient m'attendre, comme pour me souhaiter la bienvenue dans ce royaume que je ne connaissais pas le moins du monde, mais finalement, je les voyais de loin, et jamais je n'arrivais à les approcher véritablement, comme s'ils ne pouvaient pas me voir, comme si je ne devais pas encore les atteindre, jusqu'au jour où peut être je pourrais les rejoindre. Mais ils n'étaient pas vraiment là, simplement dans mes rêves les plus optimistes, je voyais cette touche de passé, la seule qu'il me reste de vraiment joyeuses. Cette perte m'avait été très lourde, mais j'avais pu survivre grâce à mon amour pour cet homme devenu vil et mesquin. Mais souvent, je pleurais à chaudes larmes dans ma cabine en repensant à Abigail, cette enfant que j'avais laissé sans défense avec son père. Pourtant, il avait l'esprit paternel, il savait s'occuper de sa fille mais depuis la mort de sa mère il avait changer, pour une raison que je ne connaissais pas, et qui ne me faisait que plus mal encore. Je savais qu'il allait voir ailleurs, mais même si cela me brisais de l'intérieur, je l'aimais, je l'aimais encore un peu à cette époque. Mais cette amour me rongeait de l'intérieur, comme si mes os étaient en miettes, comme si mes organes se liquéfiaient sous le coup d'un acide très fort. Cette situation était pour moi si inhumaine, que je n'ai pas eu d'autres choix que de fuir loin de lui. J'aurais pu emporter avec moi ma fille, en la confiant à une parfaite inconnu sur le navire mais à quoi bon ? Elle méritais de vivre une vie des plus normale, alors même si elle n'avait plus sa mère, son père se trouverait bien une autre femme qui s'occuperait quand même d'Abigail, même si je l'espérais, je n'en savais rien.

Je me décidais donc enfin à sortir de ma cabine pour aller me promener sur le Pont C, là où les 2èmes et les 3èmes classes se rencontraient habituellement. Je crois que c'est ici que j'ai du rencontrer Georgiana pour la première fois. D'ailleurs, je la voyais étendue là sur cette chaise longue. Elle semblait être calme, profitant du bon air marin qui était autour de nous, du soleil qui venait chatouiller notre peau. Je ne savais pas si j'allais la réveiller, je ne voulais pas la déranger, alors comme nous nous connaissions un peu, je me mettais sur la chaise longue se trouvant à côté d'elle, comme pour lui dire que j'étais là, mais sans vraiment le lui dire.

Promenade sur le Pont C.

▬ ♫ Let's go
Les doux rayons du soleil vinrent lécher sa peau. Georgiana se sentait soudainement bien, elle ferma les yeux et s'imagina à Londres, dans son opéra, dans sa petite salle où elle confectionnait les robes des artistes. Cet environnement lui manquait tellement, elle qui voulait devenir artiste à New-York, elle avait tout perdu. Son rêve était évanoui, mais il lui restait toujours ses doigts de fée pour exercer une quelconque activité à bord du Titanic. En effet, la jeune femme raccommodait toujours des vêtements, mais seulement pour les personnes qu'elle appréciait. Avoir une activité était important pour Georgiana, au moins, elle se sentait moins inutile et elle s'ennuyait beaucoup moins. Même si elle pratiquait toujours la danse, pour ne pas perdre son niveau et sa grâce, coudre restait toujours une passion. Au moins, elle avait l'impression de ne pas être si éloigné de sa mère. Cette femme, Georgiana l'avait admiré, que cela soit pour son courage et pour son dévouement envers sa famille. Mrs O'Hara n'avait jamais abandonné, même quand son mari ne pouvait plus subvenir au besoin de la famille. Elle avait alors redoublé de travail. Sa mère avait toujours été un exemple pour Georgiana et elle espérait pouvoir le lui rendre une fois qu'elle serait devenue une danseuse à New-York. Le destin en avait voulu autrement et jamais Georgiana ne pourrait remercier sa mère convenablement, cependant, elle le savait, ses frères s'occuperaient de la famille, tous deux étaient promis à un brillant avenir. Ça, la brunette en était sûre, ses frères feraient partis des grands un jour.
La jeune femme ouvrit les yeux, pour regarder un enfant qui s'approchait d'elle pour réclamer son ballon, la jeune femme se redressa pour prendre l'objet et le tendre à l'enfant, tout en lui souriant. Le petit, elle le connaissait un peu pour l'avoir déjà vu parmi les troisièmes classes. Par chance pour lui ses parents étaient avec lui, mais était-ce vraiment une chance ? Cette famille aurait très bien pu être heureuse aux Etats-Unis et non pas coincée à bord du Titanic. Et l'enfant, que va-t-il lui arriver, maintenant qu'il est mort ? Va-t-il grandir, ou bien rester dans le même corps dans lequel il est décidé ? Cette énigme était celle qui animée le plus les interrogations des passagers et surtout des parents qui s'inquiétaient du sort de leurs enfants. Georgiana était bien heureuse de ne pas avoir d'enfants, elle aurait trop peur pour son avenir.
Le petit garçon retourna auprès de ses amis pour reprendre un peu plus loin leur jeu. Devant tant de vie, la jeune femme se mit à sourire. Par moment, elle voudrait retourner à cet état d’insouciance, où l'on pensait que les problèmes n'existaient pas et que tout était beau. Elle devait pourtant faire face à la réalité, elle était maintenant une adulte responsable, avec l'éternité devant elle.

Georgiana retourna dans le monde merveilleux qu'était son imagination, elle se laissa doucement bercé par la houle et l'air marin. Même si la vie était contraignante sur la Titanic, elle était tout de même paisible. Jamais avant cela, elle n'avait pu se reposer ainsi et elle en était sûre, à New-York, cela aurait été la même chose. Sur le Titanic, elle avait découvert le repos, le farniente et aussi s'amuser chaque soir. Sa vie avait changé, en mieux, même si elle avait le regret de la famille et de ne pas avoir pu entraîner Arthur dans la mort. Lui pourrir chaque jour sa vie et pour l'éternité aurait été une belle victoire.
Bientôt Georgiana ne fut plus seule, au bout d'un moment alors que ses pensées ont commencé à se tarir, elle sentit une présence à ses côtés. Elle ouvrit doucement un œil, pour voir qu'une jeune femme blonde était à ses côtés, sur un même transat. Sacha !

« Sacha ! Quelle surprise, cela fait un moment que tu es là ? » demanda la brunette quelques peu étonnée.

En effet, elle se demandait depuis quand Sacha était-elle arrivée. La jeune femme avait été si discrète, qu'elle ne l'avait pas entendu arrivé. La surprise était de taille, puisque cela faisait un moment que Georgiana n'avait pas croisé sur le Titanic la seconde classe.
Voilà maintenant plusieurs moi, que la jeune femme avait croisé le chemin de Sacha, toutes deux se connaissaient à peine, mais elles avaient noué un lien assez mystérieux. Ainsi, les deux passagères du Titanic avait pris l'habitude de se parler régulièrement de tout et de rien, comme si la vie était toujours simple. Un jour elle parlait de la cuisine, un autre des ragots. Il leur arrivait même de se moquer des premières classes, qui peuvent parfois se montrer si amusants.

La vie sur ce navire n'était pas forcément tout ce qu'il y a de mieux. Il y avait toutes les commodités de la vie, il ne faut pas s'en plaindre, mais il n'y avait que ce bateau, rien de plus, rien de moins. Et j'étais parfois lassée de toujours être là après plus de 10 mois. Je m'étais fait des amies sur le navire mais voilà, parfois j'aurais eu envie de retrouver mon ancienne vie malgré tout ce que j'avais connu, parfois j'aimerais être six pieds sous terre, en paix avec moi-même. A quelques parts, je n'étais pas en paix avec moi, comme si j'étais bloquée ici alors que si j'étais en paix, je pourrais peut être m'évader d'ici et partir l'esprit tranquille mais il semblerait que ça ne soit pas possible, du moins d'après ce que j'ai cru comprendre et entendre. Il est impossible de partir d'ici, nous serons là pour une éternité, et cette éternité ne me réjouissait pas le moins du monde. J'avais quelques rayons de soleil pour illuminé cela mais la pièce restait bien sombre malgré cela. Comme si j'étais dans une pièce où la lumière passait à peine à travers les stores entre ouverts, je n'étais pas à ma place dans ce monde, si je pouvais appeler ce Titanic un monde. Cependant, au lieu de m’apitoyer sur mon sort comme souvent, j'avais décidé de sortir de ma cabine. Je me promenais donc sur le Pont C et c'est là que j'ai vu Georgiana, assise tranquillement dans un transat. Elle semblait un peu ailleurs alors, au lieu de lui faire peur, je décidais de m'asseoir juste à côté d'elle pour ne pas la réveiller de ces songes à moitié éveiller. J'étais là depuis une ou deux minutes lorsqu'elle pris conscience que j'étais juste là, à ces côtés. Et elle ouvrit un oeil pour voir si c'était bien cela qu'elle avait perçue. Oui, oui, c'était bien moi qui était là. Elle était tellement surprise de me voir, c'était finalement assez marrant d'avoir été discrète pour le coup.

" Non, rassure toi, je ne suis là que depuis 2 minutes, pas plus, mais c'état instructif de t'observer là allongée. "

Qu'est ce que je voulais dire par instructif ? Je ne le savais pas moi-même, je l'avais à peine observer, mais elle semblait avoir été absorbée littéralement par ces pensées l'espace de quelques minutes sans doute. Il faut dire qu'il faisait bon sur le pont, avec ce soleil qui caressait notre peau. Je n'avais pas vu Georgiana depuis un petit moment, mais nous avions pris l'habitude de parler de tellement de choses insignifiantes, comme si nous étions chez le coiffeur, ou en train de faire nos courses, rien de plus. Comme si notre situation finalement n'était pas si désespérée que ça, nous essayions sans doute plus ou moins consciemment de parler de choses que nous ne connaîtrions peut être plus de la même façon.

Promenade sur le Pont C.

▬ ♫ Let's go
Sacha venait à peine d'arriver, cela rassura grandement Georgiana, elle n'aurait pas voulu que son amie l'est attendue trop longtemps et qu'elle l'ait aperçu dans ses rêveries. Cette situation aurait été beaucoup trop embarrassante pour cette fille d'ouvriers. Le fait que miss O'Hara soit rêveuse était très rare, en effet, la jeune femme avait toujours eu les pieds sur terre. En même temps, dans le monde dans lequel, elle avait vécu, il le fallait. Sa mère s'était tuée à la tâche pour les nourrir, elle et ses frères. Il y avait eu aussi son père, qui dans un tragique accident d'usine avait perdu un bras. Entre dépression, instabilité de la vie et travaille, Georgiana n'avait jamais eu le loisir de flemmarder. Le Titanic avait tout changé. Depuis le naufrage, la brune avait découvert une vie de plaisir, où elle pouvait se reposer où encore s'amuser comme elle le souhaitait. Cependant, contrairement à beaucoup d'autres personnes, Georgiana n'aimait pas se reposer, elle voulait avoir une activité. Ainsi, elle avait continué la danse, se perfectionnant un peu plus chaque jour, poussant son corps au delà des limites. Puis il y avait la couture, qu'elle pratiquait toujours, pour les plus riches et ses collègues de troisième classe. Non, Georgiana n'était pas faite pour une vie oisive et elle comptait bien rendre son quotidien un peu plus agité.
A Sacha, Georgiana accorda un charmant sourire à son amie Sacha, même si elles se connaissaient peu, l'attachement entre la blonde et la brune était réel.

« Tant mieux, dit-elle toujours en souriant. Et qu'as-tu donc appris en m'observant ? On m'a toujours dit que j'étais un véritable livre ouvert. »

C'est avec un doux rire, que la jeune femme termina ses mots, il était vrai que ses sentiments étaient facilement lisibles sur son visage. Ses frères lui disaient toujours qu'elle avait un visage trop expressif pour mentir, voilà pourquoi elle ne mentait pratiquement jamais. Georgiana était mauvaise menteuse et pour compenser cela, soit elle fuyait, ou sinon elle disait ce qu'elle avait à dire, sans prendre la peine d'utiliser des pincettes.
La jeune femme se mit alors à regarder l'horizon. Il était bleu, comme chaque jour, que ne ferait-elle pas pour retrouver une bonne pluie londonienne, ou encore de la neige, cette chère neige qui avait accueillit les jeux des enfants O'Hara pendant l'enfance. Tout ici était anormal. Georgiana se demandait toujours dans quelle monde elle avait atterri, entre Enfer et Paradis elle doutait, mais vu qu'il n'y avait aucun autre mort ici, les passagers du Titanic devaient se trouver dans une sorte de Purgatoire ou dans un monde qui serait l’œuvre du Seigneur.

« Sacha, la pluie te manque t-elle ? J'aimerais tant qu'on se retrouve sous une tempête. C'est bête, mais le ciel bleu est un peu lassant à force. »

Elle était mélancolique, de son ancienne vie et de tout ce qui se rapportait à elle. Mourir, elle ne le voulait pas, mais elle ferait tout pour revoir un jour ses parents et ses frères. Dire que si elle n'avait pas suivi Arthur, elle serait toujours vivante. Si elle n'avait pas été aussi bête, elle suivrait toujours les cours du professeur et rien n'aurait bouleversé sa vie. Qu'est ce qu'elle avait pu être bête. Maintenant tout était fichu, elle ne reverrait ni parent, ni aucun autre membre de sa famille.

Nos discussions avec Georgiana étaient toujours d'un banal affligeant finalement, et je ne sais pas pourquoi, nous n'allions jamais en profondeur entre nous, comme si nous ne voulions pas évoquer un passé qui est à présent très douloureux pour notre petite personne. Je ne sais pas quoi dire, mais je pense que c'est pour cette raison principale que nous parlons de choses qui ne nous concernent pas vraiment. J'étais donc là, constatant l'oisiveté de celle que je pouvais possiblement considérée comme une amie, pas très intime mais il y avait de l'affection entre nous deux, c'était l'évidence même. Je pense que cette sympathie, cette affection est réciproque, même si je n'ai jamais vraiment oser en parler avec elle de peur de la froisser ou de dire quelques choses qui n'irait pas. Elle était une 3ème classe, je faisais partie de la catégorie au dessus mais franchement, il n'y avait pas vraiment de différence sociale entre nous deux. Je n'avais jamais été très riche et elle encore moins que moi d'après ce que j'avais pu savoir, mais l'argent ne faisait finalement pas tellement de contraste entre elle et moi, entre les autres et moi. C'était devenu tellement secondaire pour moi, que j'aurais très bien pu être riche ou très pauvre que ça n'aurait rien changer pour ma petite personne. Bref, j'observais donc la jeune femme à mes côtés, et elle me demanda ce que j'avais pu apprendre sur elle durant ce court laps de temps puisqu'on pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Ce que j'avais appris ? Pas grand chose, je n'avais pas été fine observatrice.

" Et bien que tu es paisible dans ce genre de moment là, tu ne semblais pas être agitée. "

Bon, en même temps dans la logique des choses, nous sommes paisible quand nous "dormons", même si parfois le sommeil est agité. Mais les choses sont ainsi. Mon sommeil est très souvent paisible, même si je me prends à rêver de choses douloureuses, comme si à quelques parts, je ne pourrais rien faire de plus ici que si je n'étais pas partie. Si ma vie était différente, je ne serais peut être pas ici, à mon que ce soit mon destin, je ne saurais tellement vous dire, je l'ignore, et ce n'est pas la seule choses que j'ignore. Puis regardant l'horizon, la jeune femme à côté de moi me demanda si la pluie me manquait. Je dois bien avouer que cela ne m'avait guère traversé l'esprit, puisque le temps qu'il faisait dehors était bien le cadet de mes soucis. Il aurait bien pu tout le temps pleuvoir que ça ne m'aurait pas gêner. Mais, il fallait bien constater qu'il faisait tout le temps beau dehors, comme si cela voulait nous dire qu'effectivement nous n'étions pas dans la réalité, enfin la réalité que nous devrions connaitre, la mort, le noir, le néant. Alfred m'a souvent dit que les morts ne savent rien, que leurs pensées périssent avec eux dans la tombe, mais plus le temps passait, et plus cela semblait être impossible. Mon esprit vagabonda un petit peu jusqu'à revenir aux paroles de Georgiana. La pluie alors ? Bonne question ...

" Et bien, je ne saurais quoi répondre, je ne fais pas tellement attention au temps qu'il fait en général. Mais qui sait, si cela se trouve, nous traverserons une tempête un jour, ailleurs que dans notre tête ... "

Si le navire ne connaissait jamais la tempête, je peux vous dire qu'elle était souvent présente dans mon esprit, entre ce que je vivais ici, mes pensées et mes actes, c'était bien souvent le chaos le plus total. Je ne sais pas s'il en est de même pour la jeune femme mais pour moi, cette situation est compliquée, et elle le restera tant que je n'aurais pas certaines réponses à certaines questions ...

Promenade sur le Pont C.

▬ ♫ Let's go
Paisible. Un simple mot qui pouvait qualifier ce bout de femme dans un moment de rêveries. C’est avec un tendre sourire que Georgiana accueillie les paroles de Sacha. D’apparence, la jeune femme se montrait probablement paisible, mais tout au fond d’elle-même c’était le chaos total. Elle ne savait que faire, elle programmait ses journées pour s’occuper, mais là encore elle avait le sentiment d’étouffer dans une vie qu’elle n’avait jamais voulu. C’était désagréable comme sentiment. Après tout, elle aurait dû être une danseuse à New-York, recommandé par son professeur de danse et le Titanic lui avait brisé son rêve. Elle voulait vivre dans la danse, non pas comme couturière en troisième classe, devant danser seulement pour les personnes pouvant supporter la présence d’une pauvresse. La vie était injuste. Elle n’était pas la seule à la subir, combien de famille ont été brisé avec ce naufrage, combien d’hommes se sont retrouvés loin de leurs femmes et leurs enfants. Sans espoir de les retrouver un jour. Les seules souvenirs étaient quelques rares photos ou bijoux, voir même des vêtements. Les propriétaires n’étaient plus là, on ne pouvait plus que vivre avec leurs absences. Georgiana s’ennuyait loin de la présence rassurante de ses frères, eux qui la protégeaient toujours, il devait se sentir si mal de l’avoir laissé entre les mains de ce manipulateur d’Arthur. Peut-être avait-il rencontré de gentilles épouses ? Charles avait des vu sur une jeune fille de bonnes familles qui venaient souvent à l’université pour voir son propre frère. En imaginant toute cette vie qui se profilait sans qu’elle ne puisse y assister, elle déprimait. Elle ferait tout pour voir si tout allait bien chez elle. Elle avait imaginé se rendre dans la salle des désirs, mais elle en avait peur, comment une simple salle pouvait leur offrir ce qu’ils souhaitaient tous ? Elle avait déjà entendu plusieurs personnes en parler, que c’était magique, mais ce genre de choses n’étaient-elle pas maléfiques ? Après tout à force de trop avoir ce que l’on souhaite on peut sombrer dans la folie. N’était-ce pas cela qui est arrivé au passager fou lors du bal ? Non, elle devait s’éloigner de cette salle, pour son propre bien. Sacha ne s’attardait pas sur le calme plat de l’océan, cela n’étonna pas énormément Georgiana, elle savait que la blonde avait bien d’autres soucis que cela.

« J’y prête attention chaque jour. Quand j’étais à Londres, je faisais toujours attention aux jours de pluies ou encore au beau temps. Et la neige, j’adorais la neige, là je crains de ne plus jamais en retrouver. Après tout il n’y a jamais eu de tempêtes de neige en pleine mer. »

Sacha parlait de la tempête qui se trouvait dans tous les esprits, certains arrivé à supporter une telle situation, mais pas tous, c’était bien trop compliqué, un jour tout pouvait très bien se dérouler, mais le lendemain c’était différent. Les esprits pouvaient être troublés par la peine et leurs mauvaises pensées. Par moment, Georgie ne savait plus quoi penser. Devait-elle mourir ou vivre ici et profiter de l’éternité ?

« Sacha as-tu laissé du monde derrière toi ? Des personnes que tu aimais ? Moi je regrette tellement d’avoir embarqué sur ce paquebot, après tout j’étais heureuse à Londres. J’avais tout, mais l’amour nous fait faire des choses stupides. »

Georgiana ne voulait pas embarrasser Sacha, mais elle ne parlait pas souvent, voir jamais de tout cela, elle avait le sentiment qu’avec Sacha, elle pouvait en parler, après tout la blonde était aussi en souffrance qu’elle.

Oui, Georgiana paraissait paisible extérieurement en tout cas. Intérieurement, il m'était impossible de dire si la jeune femme l'était, car il faut se l'avouer, certains montrent plus de sentiments que d'autres. Je faisais partie de celles qui étaient ouvertement déprimées, cela se voyait à travers les pores de ma peau. Je transpirais la déprime, même si parfois, je souriais, une façade simplement de passage parfois, rien de plus, rien de vrai là dessous, mais ma nature était ainsi, que pouvais-je y faire ? Pas grand chose malheureusement. La joie de vivre cette non-vie ne faisait pas partie de mon être, mon âme était damnée ici, j'aurais tellement voulue qu'elle ne le soit pas, que je puisse survivre finalement à ce naufrage pour me donner la mort peut de temps après mon arrivée sur terre, mais je n'aurais jamais penser être ici après cette morte lente, à l'agonie dans une eau glacée étant entrée de toute part dans le navire. Mais bon, je me demandais bien pour qui ce n'était pas le chaos intérieur par ici. Alfred aussi ne savait plus tellement quoi penser de ces convictions religieuses, il était perturbé, mais pas autant que moi, il arrivait mieux à surmonter cela que moi, mais ça ne m'était pas suffisant pour autant. Il y avait peu de personnes optimistes sur ce navire, du moins, je n'en voyais que peu qui acceptaient pleinement leur condition comme s'ils étaient toujours vivants. Après, je ne connais pas non plus tout le monde dans le coin mais bon, si certains arrivent à être optimistes qu'ils me donnent leur recette pour cette potion magique. Georgiana me dit donc qu'elle prêtait souvent attention au temps qu'il faisait. Je dois vous avouer que ça n'a jamais été ma priorité. En fonction des saisons je m'habillais comme il le fallait mais j'étais loin de regarder les jours de pluies, de neige, de vent, de soleil et j'en passe. La météo m'était égale. Il pouvait bien avoir fait 300 jours de beaux temps depuis notre retour que ça aurait été pareil s'il avait tout le temps plu. Il n'y avait jamais eu de tempête de neige en plein milieu de l'océan, c'est vrai, alors elle ne reverrait sans doute plus la neige.

" Tu as sans doute raison, je ne pense pas qu'il neige au milieu de l'océan, mais est ce que c'est si grave que ça si tu ne revois pas la neige ? Personnellement, ça ne me gêne pas plus que ça. "

Oui, personnellement, je n'avais jamais apprécié la neige, donc s'il n'y en avait plus, ça ne me gênerait pas du tout, mais alors vraiment pas du tout. La tempête n'était pas en mer de tout façon, mais bien dans mon esprit, plus que jamais même. Alfred n'était qu'une maigre consolation vis à vis de tout ce que je subissais intérieurement. J'étais déchirée en mille morceaux, je ne savais où donner de la tête et c'est là que Georgiana pour la première fois me posa une question plutôt personnelle, la question qui tue. Si j'avais laissé des personnes derrières moi ? Je crois que j'ai du devenir blanche comme un linge à l'énoncer de cette question. C'était sans doute ce qui m'était le plus difficilement supportable, alors je fondais simplement en larmes, devant elle. Je ne saurais vous dire comment elle interpréterait cela mais je ne pouvais pas lui répondre, même en essayant de toutes mes forces. Je savais qu'elle voulait bien faire, mais pour moi c'était de trop, je n'arrivais pas à parler de ça, de mon mari, mais surtout de ma fille encore très jeune ...

Promenade sur le Pont C.

▬ ♫ Let's go
Sacha se moquait de la neige, mais Georgiana pensait bien qu’un jour le soleil finirait par agacer la plupart des passagers. Elle qui était pratiquement une fille de la rue, elle avait connu toutes ces choses, la pluie qui rendait les rues londonienne boueuse, la neige qui venait vous geler les pieds, quand vous devait vous rendre au travail. Le beau temps était pour elle, une chose des plus agaçantes, les jours de fortes chaleurs, les travailleurs souffraient. On était moins démuni face à la pluie qu’avec le soleil. Mais la jeune femme, ne pouvait pas proférer de jugements à l’encontre de Sacha, après tout, elle ne la connaissait pratiquement pas, ce qui était dommage, puisque la blonde était si gentille. Au cours de sa vie, Georgiana avait bien plus rencontré des personnes intéressées, par son travail ou aussi son physique, si on prenait l’exemple d’Arthur. Quand elle était plus jeune, elle avait eu une amie : Elisabeth Cavendish. La mère de Georgiana travaillé pour lady Cavendish et les deux petites filles étaient vite devenues amies. Malheureusement les différences sociales ont fait qu’on les avait séparés, pour que Georgiana ne vint pas à donner un mauvais comportement à Elisabeth. Ce jour marqua, la haine de la brune envers les plus riches et les inégalités sociales. Elle n’avait jamais compris en quoi les Cavendish étaient supérieurs aux O’Hara, si ce n’était l’argent. Sinon, sa famille avait bien plus de bonté et de modestie. Par la suite, la jeune femme avait fait la connaissance d’une autre personne, une costumière, qui travaillait à l’opéra. Ce fut grâce à elle, que Georgiana put entrer dans ce lieu majestueux pour devenir couturière. Ce tremplin l’avait aussi aidé à obtenir des cours de danse de la part d’un professeur. Cet homme, Georgiana l’avait tout de suite admiré, il était devenu comme un mentor. Cependant, Arthur avait fini par l’arracher à ce monde, lui et sa jalousie. Les choses avaient bien changé depuis. Même si elle avait Bridget, son ancienne vie et les choses simples du quotidien lui manquaient.

« La neige m’a procuré de bons souvenirs. » lui dit-elle. « Je jouais beaucoup dans la neige avec mes frères et les autres enfants du quartier. A chaque hiver nous n’attendions que cela. »

Georgiana tenta alors d’évoquer le passé de Sacha, mais cette chose, elle n’aurait jamais dû le faire. Dès les premiers mots, elle vit la blonde devenir blanche comme un linge. Mon Dieu, qu’avait-elle fait. A ce moment-là, elle ne savait plus quoi faire, surtout que le silence s’était maintenant installé entre les deux femmes. Honteuse, Georgiana n’avait plus qu’à s’excuser. Qu’elle était idiote, si le passé était si dur à être ressassé pour elle, cela devait être la même chose pour beaucoup de passagers, surtout pour Sacha, qui n’avait jamais réellement parlé de sa vie d’avant le naufrage. Le seul sujet, que la jeune femme ne voulait surtout pas en parler, c’était Arthur. Elle ne supportait toujours pas la trahison de son ancien fiancé, ni le fait qu’il s’en soit sortie à ses dépens. Dire qu’aujourd’hui, il devait être à la terrasse d’un sordide café new-yorkais avec une autre idiote à son bras. Elle avait vraiment du mal à croire, qu’elle s’était laissée berner, à ce jour, elle était tellement marquée par cet évènement, qu’elle ne faisait plus confiance en aucuns hommes.

« Sacha, je suis vraiment désolé, je n’aurais pas dû. Pardonnes moi. Si tu le souhaites, je peux te laisser seule. »

Elle s’adressa à son amie confuse, que pouvait-elle lui dire de plus, après cette erreur de sa part. Sacha n’aurait sûrement pas envie de lui parler après ça, en tout cas, pas pour le moment.

Oui, je dois bien avouer que la neige ne me faisait ni chaud, ni froid. Si durant toute l'éternité qu'il me restait, je ne la revoyais jamais, cela m'était franchement égal. Ce n'était pas une chose que j'avais aimé de mon vivant, et donc dans ma mort non plus ça ne me faisait rien. C'est vrai qu'elle manquerait peut être à Noël sur le navire mais bon, ce n'était pas pour moi quelques choses de vital à ma non-vie. Dit comme ça, je pourrais paraître froide, et sans coeur mais ce n'est pas le cas. Il faut dire que je n'avais rien de très spécifique comme souvenir vis à vis de la neige contrairement à la brunette. Elle s'était souvent amusée avec la neige, avec ces frères et soeurs. Ce devait être pour cela qu'elle était nostalgique de cette poudre blanche et froide. Personnellement, je préférais encore la pluie. Quand elle tombait sur les tuiles et que j'étais sous le toit, cela m’apaisait grandement. Ce petit bruit sourd me faisait m'évader dans les songes de la nuit. Mais la neige, non, je n'avais pas vraiment de bons souvenirs liés à celle-ci. Peut être que si c'était le cas, et bien elle me manquerait à un moment ou un autre, je ne sais pas vraiment. L'hiver la neige tombait parfois, mais souvent, il y en avait peu sur Southampton. Bref, le sujet allait de toute façon rapidement être éludé par le suivant. Depuis que nous étions là, souvent, nous nous contentions de parler de choses plus ou moins futiles, en tout cas pas très personnelles, mais là, aujourd'hui, les choses changeraient. J'avais moi aussi envie de partager certaines choses avec elle, nous nous entendions bien mais là, de but en blanc elle avait touché le point le plus sensible. Elle aurait pu me demander ce que j'avais fait de mon enfance, des choses comme ça, mais non, elle ne l'avait pas fait. Elle m'avait demandé si j'avais laissé du monde derrière moi ... Comment lui dire que j'étais venue ici, abandonnant mon mari et ma fille pour mettre fin à mes jours ? Comment ? Je ne me voyais pas lui dire cela, c'était une attitude tellement lâche de ma part, j'avais été tellement lâche ... J'avais honte, mais cette honte me pesait chaque jour un peu plus. Et si je n'étais pas venue sur ce navire ... Avec des si, je referais le monde, mon mari serait resté fidèle, je n'aurais pas été brisée par son infidélité ... Il y aurait tellement de choses différentes. Je ne serais probablement pas là mais le problème était que si ! A sa question, mon visage était devenue blême et les larmes m'étaient venues d'un seul coup sans que je les maîtrise vraiment.

Georgiana s'excusa alors de la question qu'elle avait posé mais ce n'était pas de sa faute finalement, n'est ce pas ? Tout venait de moi. Le passé était vraiment quelques choses qui m'était difficile, trop difficile encore même après plus de 10 mois ici. Que lui dire ? Je n'avais pas vraiment envie qu'elle parte, au contraire, si j'étais seule comme souvent pour pleurer sur mon sort cela ne me réconforterait pas du tout. J'essayais de sécher mes larmes mais c'était difficile, j'avais cette image de ma fille. Je l'avais embrassée en guise d'adieu. J'avais laissé un mot pour dire à mon mari de bien s'occuper d'elle. Qu'allait-il lui dire à mon sujet ? "Maman est partie, elle nous a abandonnée." S'il lui disait ça, je passerais pour une mère horrible, je ne voulais pas laisser ce souvenir là mais je ne pouvais plus savoir à présent ...

" Non, reste, je t'en prie ... C'est juste que ... voilà ... "

Oui, je n'arrivais pas à finir ma phrase. J'aurais pu lui dire que j'avais laissé ma fille, mon mari derrière moi. Mais que penserait-elle de moi après cela ? Elle me prendrait pour une mère ingrate et sans coeur. Je n'avais pas envie de perdre son amitié même si elle n'était pas encore très profonde.

Oserez-vous affronter le fantôme du Titanic ?

« Pensez-vous vraiment être le maitre de votre destin ? Pensez-vous vraiment pouvoir faire ce que vous voulez à bord du Titanic ? Ici, ce n'est pas vous qui décidez mes tendres agneaux, ici ce n'est pas le capitaine, ici c'est moi. The Ghost. Le fantôme du Titanic. Je suis le seul maître à bord. C'est moi qui décide de vos destins. Moi et moi seul. Craignez-moi car la mort n'était qu'un doux supplice pour vous. Votre destin est entre mes mains, vous n'êtes pas libres ici. Vous pensiez pouvoir profiter de votre mort ? Mais vous vous trompez! Je suis l'esprit frappeur de ce paquebot, et je vais faire de votre mort un véritable enfer.

Si j'étais vous, je sauterais par dessus bord avant de subir mon courroux. Oserez-vous affronter la volonté du fantôme du Titanic ? Vous n'avez pas le choix de toute manière, il a vos destins déjà entre les mains. N'ayez pas peur mes agneaux. »


Les souvenirs... Certains ont oublié leur souvenirs, d'autres ont une mémoire d'éléphant, certains peuvent parler de leur souvenirs sans être triste, d'autres au contraire sont nostalgiques. Décidément, The Ghost n'est plus ce qu'il était, c'est peut-être pour ça d'ailleurs qu'il va aller à la retraire, car il vous accorde mes dames un nouveau jour de clémence. Ah les souvenirs ! Des douloureux, des joyeux, j'ai tendance à préférer les douloureux c'est tellement plus délectable. Je vois que vous parlez de la pluie et du beau temps, vous êtes dans les Abysses profond de l'Océan. Vous êtes des fantômes ! Et pourtant, le fantôme en chef est là. Allez, je vais être gentils avec vous - pour mieux être méchant ensuite, il ne faut pas rêver.

Une vie sans saveur dites-vous ? Une vie sans couleur ? Savez-vous que '' Vivre sa vie en couleur, c'est le secret du bonheur '' ? Une vie en noir et blanc ? Une vie morne et fade ? Une vie triste et mélancolique ? Voulez-vous un peu de gaieté dans votre vie, quelque chose qui réchaufferai votre petit coeur tout fragile. Aujourd'hui, je vais être clément. Maitre de votre destin, je sais que l'avenir qui vous attend est sombre et que vous allez souffrir mes beautés. Alors, je vais vous offrir un dernier éclat de joie, une dernière étincelle de bonheur. Sentiments heureux que je vous enlèverais dés que le moment sera venue.

Vous sentez ? Non, vous ne sentez pas ? Faites un effort, voyons... Toujours pas ? Ce sentiment de froid qui envahit le Pont C, et plus précisément la Promenade des secondes et troisièmes classes. Le froid qui nous envahit tout autour de nous. Vous allez commencer à grelotter surement, je n'espère qu'une chose que vous mourriez de froid hum... pardon, que vous profitiez de ce cadeau que je vous offre. C'est rare, mais sachez que je peux tout me promettre, je peux tout faire, rien ne m'est impossible, je suis le roi sur ce paquebot, et je suis la maitre des abysses. Oh un flocon de neige qui tombe sur votre tête, oh un second là. Bientôt tout le pont C est redécouvert d'une fine couche de neige, les flocons continuent de tomber mais ne s'accroche pas. Tout ceci est éphémère mes demoiselles. Tout ceci est pour vous.

Vous êtes surprises n'est-ce-pas ? Vous ne comprenez pas pourquoi ? Comment ? Profitez bien mes mignonnes, ce que je donne, je le reprends ensuite aux centuples. Profitez de la neige qui glace votre visage, vos mains qui deviennent froides, attention que le froid ne devienne pas trop dévorant, cela pourrez-vous être fatal ! Mes chatons, quel dommage vous n'avez pas assez de neige pour faire un bonhomme de neige, il ne faut pas rêver non plus ! Craignez-moi mes agneaux, mes cadeaux pourraient être à double tranchants. Attention, restez sur vos grades. The Ghost veille, The Ghost n'est jamais loin, The Ghost est là pour vous tyrannisez.

Diaboliquement. Votre. The Ghost.

Promenade sur le Pont C.

▬ ♫ Let's go
Georgiana ne connaissait pas du tout le passé de Sacha, mais elle se doutait bien que la jeune femme avait dû souffrir. Elle préférait s’éloigner d’elle, mais tout de suite, la blonde lui demanda de rester. La brune aurait aimé ne pas avoir fait de peine à Sacha, après tout, elle l’appréciait. Elle s’installa à nouveau à ses côtés l’air désolé. Elle se sentait bête, ridicule, mais aussi très mal. Le passé faisait souffrir, chaque passager avait laissé quelqu’un derrière lui et tous souffraient de cette situation. Surtout, que personne ne savait si un jour on pourrait rejoindre l’au-delà, les passagers restaient ici coincés, sans aucunes perspectives.

« Je m’excuse encore une fois Sacha. J’essaye tellement d’oublier le passé, que j’en oublie qu’il fait toujours aussi mal. »

Mourir était peut-être une solution à cette souffrance, mais comment mourir, alors que même le suicide ne pouvait mettre fin à une vie. Georgiana le savait, beaucoup ont essayé de mourir, mais tous finissaient par se réveiller le lendemain dans leurs lits. La jeune femme souffrait de ce manque d’avenir, elle qui avait tant rêvé pour sa vie, ne pouvait qu’espérer mourir un jour. La jeune femme le savait, il y avait bien une solution pour mettre fin à ses jours, c’était cette mystérieuse porte blanche. Beaucoup de passagers ont disparu et certains les ont vus la dernière fois dans les parages de ce fameux couloir de la porte blanche. Oui peut-être que cela serait la solution. Elle pourrait ainsi revoir son très cher père, ses frères, sa mère. Depuis dix mois, sa famille avait dû évoluer. Mais la personne dont Georgiana aimerait connaître la destinée, c’était Arthur, elle aimerait savoir si il était mort, si le Seigneur l’avait puni de sa lâcheté. Puisque cet homme méritait qu’une seule chose mourir. Sacha se posait-elle les mêmes questions que la jeune femme ? Mais cette question restera en suspens, Georgiana ne désirait surtout pas raviver dans les yeux de son amie la tristesse.

« Tu as déjà été voir cette mystérieuse porte blanche ? On raconte chez les troisièmes classes que cet endroit est vraiment étrange et qu’il procure d’étranges sensations. »

Sacha aurait peut-être un peu d’information sur cet endroit. Mais même si la seconde classe ne pouvait lui répondre, elle irait se rendre compte de son côté, ce que cette porte peut faire. Depuis le naufrage, le Titanic n’était plus un bateau normal. Il gardait sa carcasse de fer et d’acier, mais quelque chose en lui, avait changé. Tout d’abord, il y avait eu la mystérieuse disparition du passager fou, mais surtout, il y avait ses salles mystérieuses, qui n’existaient pas avant. Pour le moment, on avait seulement dénombré la porte blanche et la salle des désirs. Ces lieux, Georgiana avait préféré à ce jour les éviter, mais il était temps qu’elle aille les voir. Elle en avait marre des rumeurs et des suspicions des passagers, elle aussi devait avoir des récits à raconter aux passagers de troisièmes classes.
Alors qu’elle se trouvait dans ses pensées, la jeune femme sentie quelque chose de froid se poser sur son visage. Quelque chose de doux, de glacé et qui se transforma en goutte d’eau. Georgiana se redressa tout de suite de sa chaise longue, elle leva les yeux au ciel et elle la vit : la neige. C’était improbable en mer, mais aussi sur un tel bateau, le ciel était magnifique, dégageait, rien ne pouvait prédire que la neige pouvait tomber. Elle se mit alors à marcher sur le pont et à lever la tête vers le ciel. Mon Dieu, c’était magique ! Elle goûta avec plaisir les flocons de neige, tomber sur son visage.

« Sacha, regardes il neige ! » dit-elle tout en éclatant de rire. Elle était heureuse, ce qui n’était pas arrivé depuis bien longtemps.

Le passé m'était douloureux, il l'était mais il le resterait toujours. Je ne vois pas comment, il ne pourrait plus l'être. Il me faudrait oublier plusieurs années de souvenirs pour cela, et je n'avais pas envie. Pourquoi cela ? Et bien parce qu'il y avait des bons moments parsemés, par ci par là dans le tas de mauvais souvenirs. La joie d'avoir une fille faisait partie de cela et je ne voulais que ces souvenirs disparaissent. Je sais que l'espace d'un instant, cela était possible dans la salle des désirs mais je n'osais pas sauter le pas, j'avais tellement peur que quelques choses de plus terrifiant n'arrivent après que j'ai pu connaître quelques minutes de bonheur intense. Si j'avais bien appris quelques choses, c'est que le bonheur n'est jamais gratuit ici. Depuis que le passager fou était venu, avait disparu, plus rien n'était comme avant, comme si le navire était vivant, alors que ce n'était pas possible, normalement. Mais comme nous étions toujours là, mort mais finalement vivant une forme de vie, je me disais que tout était à présent possible, et ça me faisait peur. Et si mon mari m'avait suivi sur le navire, et s'il n'avait pas survécu lui aussi et s'il apparaissait comme ça d'un coup après plusieurs mois ? J'imaginais vraiment le pire, et le pire me faisait peur, pire, il me glaçait le sang. Georgiana venait de faire remonter cette terreur en moi de façon bien involontaire. Jusqu'à présent nous avions parler de choses plutôt superficielles, sans jamais aller en profondeur, peut être par peur, à moins que nous n'osions pas le faire, je ne saurais pas vous dire. Mais ce pas avait été sauté en cette si belle journée ensoleilée, un signe du destin peut être. Elle s'excusa auprès de moi une nouvelle fois, mais ce n'était pas sa faute, c'est moi qui était à fleur de peau en permanence. Il n'y a qu'avec la présence d'Alfred que je me sentais mieux. Pourquoi lui ? Pourquoi lui alors qu'il ressemblait à mon mari et qu'il me rappelait tant de mauvais souvenirs que de bons ? La question me restait sans réponse, mais en repensant à lui, je séchais mes larmes. Elle me parla d'une fameuse porte blanche. Parlait-elle de la salle des désirs comme on l'appelait à présent ? Sans doute, mais je n'avais pas encore sauter le pas en tout cas. Mais peut être que c'était autres choses, je ne saurais tellement vous dire. En tout cas, si c'était cela ou une autre chose, je n'avais rien essayé.

" Non, je n'ai pas essayé, cela me fait peur, je n'aime pas l'inconnu même si nous sommes au plein milieu de nul part finalement ... "

Je n'écoutais pas vraiment les rumeurs et encore moins les on dit sur le navire. Je préférais restée seule dans mon coin, ou avec Alfred, en tout cas non loin de lui. Mais la solitude ne me faisait pas tant de mal que cela. Je n'étais embêtée par personne ainsi et ça me suffisait. C'est alors qu'un phénomène complètement innatendu se produisit. De la neige tombait sur le pont C. Impossible, improbable vous me direz, mais c'était bien le cas. Il n'y avait pas l'ombre d'un nuage dans ce ciel clair mais la neige était bien là. J'ai cru devenir folle, comment étais-ce possible ? Si Georgiana était ravie, ce spectacle, bien que me redonnant le sourire, ne me faisait rien de plus que cela. Je n'avais jamais été friande de neige, mais je prenais ce que l'on me donnait. Un petit sourire revenait sur mon visage. Ce serait étonnant qu'il neige assez pour que nous puissions faire un bonhomme ou un bataille de boule de neige, mais ces quelques flocons seraient comme un baume sur nos coeurs meurtris.

Promenade sur le Pont C.

Des enfants jouaient dans parc enneigé. Dans les rues de Londres, la neige tombait abondamment depuis quelques jours, pour le plus grand plaisir des têtes blondes. Une petite fille accompagnait de ses deux frères s’amusaient à leurs jeter des boules de neige. Elle riait aux éclats, courait, se roulait dans la neige. Elle paraissait être l’enfant la plus heureuse du monde. Charles et Georges qui étaient bien plus âgés, profitaient de ce moment de plaisir avec leur petite sœur Georgiana. Ils étaient proches et ils ne rataient jamais une occasion de jouer dans la neige quand celle-ci tombait sur l’Angleterre. Couverts de la tête au pied par une mère attentionnée, les enfants ne risquaient pas de tomber malade, enfin s’il ne se laissait pas trop aller aux plaisirs de la neige. Les deux ainés le savaient, le plus dur serait d’arracher la plus jeune à ses jeux. Un autre groupe d’enfant arriva dans le parc et tous se mélangèrent. Les plus grands s’amusaient à faire une bataille de boule de neige. Les plus petits avaient pour but de construire le plus gros bonhomme de neige du monde. La petite Georgiana se lassa bien vite de ce bonhomme, elle voulait en diriger la construction, mais un plus grand l’avait violemment rejeté, elle l’avait récompensé d’une boule de neige dans la figure. De peur, elle s’enfuyait dans les bras protecteurs de ses frères, qui n’avaient pas l’intention de voir leur petite sœur se faire frapper. La fratrie s’éloigna et ils jouèrent ensemble, comme au début. Cependant l’heure du départ arriva et c’était Patrick O’Hara qui à la sortir du travail vint chercher ses enfants. La petite fille sauta tout de suite dans les bras de son paternel, profitant d’être porté pour raconter son incroyable journée. En rentrant chez eux, tous profitèrent d’un bon chocolat chaud, que Liliane venait de préparer pour sa petite famille.

Georgiana prenait plaisir à sentir les doux flocons frais tomber sur sa peau. Cette sensation de fraîcheur lui faisait du bien, elle ne l’avait pas sentie depuis maintenant onze longs mois. Cette neige lui rappelait les plus beaux souvenirs de sa vie, ceux de l’enfance et de l’insouciance. A l’époque, elle n’avait pas à se préoccuper des soucis de la vie, des hommes ou encore de la mort. Elle était bien trop heureuse pour s’inquiéter. Avant cette première chute de neige, Georgiana avait demandé à Sacha, si elle avait été voir la mystérieuse porte blanche, elle avoua que non, qu’elle craignait l’inconnu. La brune n’en dira pas plus, il était vrai qu’ici, sur ce Titanic, tout était étrange et surnaturel. La disparition de l’homme fou en était la preuve. La jeune femme n’aimait pas ce bateau, en tout cas, ce qu’il était devenu, mais elle espérait pouvoir un jour avoir une autre vie. Elle ne savait pas à quoi cette vie ressemblerait, mais elle souhaitait beaucoup de celle-ci. Pourtant, pour le moment, elle n’était toujours pas prête à oublier le passé. Elle regrettait bien trop de chose pour l’éviter.

« Cette neige est peut-être annonciatrice de jours bien meilleurs. Elle est si belle. Cependant, j’aimerais pouvoir aller de l’avant, mais c’est bien trop difficile. »

Elle avait lâché ces mots, tout en s’approchant de la balustrade, admirant l’horizon qui promettait plein d’avenir. Georgiana rêvait de pouvoir un jour voir une terre, un tout petit bout de terre. Des mouettes, qu’est-ce que cela sera beau d’en voir à nouveau. Tant de choses que l’océan ne pouvait plus lui offrir, mais elle désirait que cette même eau qui l’avait arraché à sa famille puisse un jour lui donner un destin bien meilleur.

Cette neige était véritablement froide et si elle semblait réchauffer le coeur de Georgiana, à moi, ça ne me faisait pas plus d'effet que cela. Je n'étais pas une grand partisane de la neige. Mais le fait que cela fasse plaisir à celle que je pouvais considérer comme une amie me donnait un maigre sourire, bien maigre, mais il était là. Les propos qu'elle tient alors sur cet évènement extraordinaire me surprirent alors grandement. Cette neige était pour elle annonciatrice de bonnes choses, mais je n'étais absolument pas convaincu par cela. Pourquoi de la neige en plein océan serait-elle la preuve de bonnes choses à venir ? Pour moi, c'était tellement anormal que cela n'annonçait rien de bon. Depuis que le passage fou était intervenu lors de la petite fiesta du Capitaine, il n'y avait plus rien de bon, même les choses qui en apparence pouvait l'être comme cette neige. Si cela semblait être positif, sans doute cela était le calme avant la tempête. Que réservait le Titanic pour nous ? Certainement, de bonnes choses en apparence, mais derrière tout cela des affaires encore plus terribles, encore plus terrifiantes. Étais-ce mon côté pessimiste et un peu paranoïaque qui parlait en moi ? C'était certains lais en même temps, il était très réaliste depuis plusieurs semaines. Mais je n'osais pas contredire Georgiana sur le faire que des choses meilleures arriveraient. Elle semblait si heureuse dans l'instant. Elle voulait aller de l'avant mais n'y arrivait pas. A ce niveau là, je devais être encore bien pire, vivant dans un passé qui m'allait si mal.

" Moi aussi j'aimerais, mais je n'arrive vraiment pas à aller de l'avant. Je vis dans le passé de ma vie antérieure, mon mari ... ma fille ... "

Je sentais les larmes me monter au visage en parlant d'eux mais je réussissais à me retenir. Décidément quoiqu'il se passe, les larmes de mon passé revenaient sur mon visage de façon inexorable. Je n'arrivais pas à faire face. L'éternité ne me serait même pas suffisante, elle serait encore bien trop courte, j'en ai bien peur.

Promenade sur le Pont C.

La neige n’était point éternelle, elle s’annonçait à nous comme un beau collier de perle, rafraichissant notre cou et nos joues. Les flocons fondaient sur ses mains et bientôt la jeune femme ne put que dire adieu à cette neige bienfaitrice. A nouveau, elle ressentait l’espoir, une espérance de jours meilleurs. Elle se disait en ce moment même que les jours difficiles étaient terminés, mais avant, elle se devait d’avoir des réponses. Après, elle pourrait revivre. Cependant, Georgiana vit que son amie Sacha n’avait pas du tout le même espoir, elle paraissait au plus mal et quand elle parla de sa famille, qu’elle avait laissée, la brune put apercevoir ses yeux se remplir de larmes. Compatissante, la jeune femme ne se voyait pas rester là sans rien faire, elle n’était pas ainsi, surtout qu’elle appréciait beaucoup Sacha, même si pour le moment, on ne pouvait pas dire qu’elles étaient des amis. Georgiana s’approcha de Sacha et elle la prit dans ses bras pour la consoler. Une étreinte amicale qui pouvait donner un peu plus de courage à n’importe qui.

« Sacha, je suis tellement désolé pour ta famille… Je pense, que tu devrais en parler à quelqu’un, il y a un prêtre à bord de ce navire, il pourra être de bon conseil. Dit-elle tout en tentant d’être des plus rassurantes. »

Georgiana se sentait prisonnière comme un rat face à une horde de matous, elle ne savait pas comment aider son amie et elle espérait que ce précieux conseil puisse l’aider à quelque chose. La jeune femme ne préférait pas en connaître plus, même si elle le désirait, elle savait qu’elle allait trop mal pour accepter les malheurs des autres. Elle pouvait être à l’écoute avec n’importe qui, mais elle savait qu’avec Sacha c’était différent, la jeune femme avait vécu bien trop de choses compliquées. L’âme conseillère d’un prêtre ne pouvait qu’être bénéfique, surtout que cet homme qui était à bord, était toujours là pour n’importe qui, en tout cas, d’après les rumeurs.
Georgiana lâcha son étreinte, les larmes de Sacha s’étaient taris, tout comme la neige qui n’était plus qu’un lointain souvenir. La jeune femme regarda son amie, quand soudain un clairon annonçant le repas sonna, il était l’heure de se quitter et de rejoindre sa classe. Georgiana ne souhaitait pas quitter la jeune femme, mais elle savait que Bridget la chercherait. Autant ne pas inquiéter son amie.

« Je vais devoir te laisser. Si tu as besoin de parler, vient me voir, mais je te conseille vraiment de te rendre auprès du père Manred, il saura te faire aller de l’avant. » Dis-je en souriant. « Bonne soirée Sacha. »

La jeune femme s’en alla alors après un signe de main, elle quitta le pont des secondes et troisièmes classes pour descendre plus bas, dans la salle à manger où elle allait retrouver ses compagnons d’infortune. Bizarrement, elle se sentait mieux et elle voyait enfin une lueur d’espoir pointer à l’horizon.

Cette neige était finalement rare de par chez moi, il y avait plutôt de la pluie ou du brouillard. Je ne sais pas ce qu'il en était en France mais des amis m'avaient dit que dans les Alpes, ils avaient souvent beaucoup de neige, surtout l'hiver et que parfois l'été aussi il y en avait un peu. Bref, cette neige ne me donnait pas vraiment plus d'espoir contrairement à la 3ème classe. Elle me prit alors dans ces bras, comme un chien fait un câlin à son maître. La comparaison était sans doute mauvaise mais la réflexion me fit avoir un petit sourire, comme si je me retrouvais dans ma chambre avec mon mari et ma fille qui m'aimait. Je ne sais pas, je me suis imaginé qu'elle était mon mari qui me prenait dans ces bras et que ma fille n'était pas loin, comme si d'un coup, l'espoir était là mais je déchantais vite en entendant sa belle voix, mais une voix bien féminine et mature. Ce n'était donc ni mon mari, ni ma fille qui me parlait à ce moment là mais bien Georgiana. Elle me parla alors du prêtre qu'il y avait sur le navire. Elle ne croyait pas si bien dire, j'étais déjà aller voir Alfred, un bon nombre de fois, et nous étions à présent de bons amis. Le pire était qu'il ressemblait assez à mon ancien mari mais ce n'était pas lui, c'était certains. Alors en le voyant, je me souvenais des bons souvenirs que j'avais avec lui. Elle essayait de m'aider alors que jusqu'à présent nous ne nous étions pas vraiment confier l'une à l'autre. Étions-nous des amies ? A présent c'était presque le cas. La prochaine fois que nous nous croiserons, nous penserons sans doute à cette journée neigeuse sur le Titanic. Nous en sourions sûrement, nous disant que cela était finalement un bon moment peut être. En tout cas, j'avais arrêtée de pleurer, c'était déjà une bonne chose, mais mes yeux et mes joues étaient encore embués de ce liquide lacrymale. Elle me conseilla une nouvelle fois d'aller voir Alfred, chose que je ferrais.

" Oui, j'irais le voir, ne t'en fais pas. Bonne soirée. "

Je me retrouvais donc seule à présent, mais finalement, cette solitude m'allait bien. J'étais timide en temps normal, un peu associable peut être mais au moins, on ne me posait pas trop de questions que je n'apprécierais pas.