Une expérience qui tourne court... [PV Artémis]

La balle atterrit sans douceur sur l'arrière de mon crâne, puis chuta sur le sol après quelques séries de rebonds disgracieux, pour finalement s'immobiliser aux pieds du garnement responsable de ce mauvais lancer. Ramassant son bien, il me regarda avec une certaine appréhension dans les yeux, craignant de quelconques représailles qui ne vinrent jamais. En lieu et place d'une vengeance gratuite contre un môme incapable de se défendre, jaillit de mes lèvres une simple remarque, dépourvue de méchanceté, mais pas d'humour :

"Apprends à mieux viser, la prochaine fois. J'suis pas un poteau de but.
- S'cusez, m'sieur."

Pas grave, gamin, pas grave. Je soulignai cette pensée d'un haussement d'épaule, puis tournai les talons, abandonnant le gavroche dans les étroits couloirs du navire en perdition. Inutile de le perturber dans ses jeux, après tout.
Ce fut un cet instant précis qu'un détail se décida à éclairer ma caboche, me faisant stopper net mon avancée. Pivotant sur moi-même, mon regard tomba à nouveau sur le mioche, qui reprenait déjà son amusement, avant de se figer en constatant son retour dans mon cercle d'attention. J'avançai d'un pas preste vers lui. Le gamin, ne sachant que faire, cala sa balle sous son aisselle et s'apprêta à mettre les voiles, mais je lui saisis le col avant même qu'il n'ai put faire un pas.

"Fiston, tu pourrais me prêter ta balle, quelques heures ?"

Surpris, il me toisa.

"P'rquoi faire ?
-Disons que j'ai besoin de faire quelques tests, et ton jouet pourrait bien m'y aider."

Ses iris reflétèrent peur et méfiance. Une chose aisément compréhensible. Depuis plus d'un an, je voyais le gamin s'amuser comme il pouvait avec son petit ballon. Son histoire, connue de tous parmi les troisièmes classe, fut celle d'un pauvre mioche séparé de ses parents. Ceux-ci, par chance pour eux, parvinrent à évacuer le navire à temps. Pas leur fils unique.
S'enfuirent-ils dans l'espoir de conserver une chance de survie en oubliant délibérément leur fils ? Ou bien échouèrent-ils à le retrouver dans les temps ?
La première solution semblait la plus logique, mais pour avoir dû fouiller les cales dans le but de retrouver Penny quelques heures avant le naufrage, je ne pouvais qu'affirmer que la tâche se montra d'une extrême difficulté. Et pourtant, je connaissais les habitudes de Penny et ses cachettes favorites, ce qui facilita grandement mes investigations. Et je n'eus que les ponts inférieurs à fouiller.
Crurent-ils leur enfant mort ? Refusèrent-ils d'embarquer avant qu'on ne les y pousse ? Comment des troisièmes classe purent être sauvés aussi promptement là où la plupart des couples furent tragiquement séparés ? Nul ne le savait vraiment, même si j'avais ma théorie.
Je soupirai, puis repris, tout en extirpant de ma poche une flasque d'étain, récemment vidée de son contenu alcoolisant.

"Écoute, en échange, j'te confie ça. J'y tiens beaucoup, alors tu n'as pas intérêt à la perdre, d'accord ? Juste quelques heures, et après, on se retrouve ici pour récupérer nos affaires, ça te va ?"

Après une longue hésitation, il consentit à me tendre son jouet, non sans une certaine réticence, et récupéra ma flasque. Je me redressai et, avec un sourire, lui ébouriffai doucement le crâne.

"Promis, je te la ramène dès que j'en ai terminé.
-Vous allez vraiment revenir ?
-Allons, gamin... Nous sommes perdus au milieu de l'océan. Où pourrais-je aller, sinon ?"

Il acquiesça, me laissant le champ libre pour tourner les talons et reprendre mon bonhomme de chemin.
Chemin qui me conduisit aux ponts supérieurs, à l'air libre. A un point aussi élevé que possible, afin de vérifier ma théorie dans le détail. Bien entendu, le nid-de-pie se trouvait bien plus haut, mais j'aurais alors manqué de place.
Zigzaguant entre les passagers de deuxième et troisième classe, je me choisis un coin relativement désert, et en posai la balle sur le sol, avec une infinie douceur. Puis la lâchai.
Et rien.
Rien de rien.
La balle demeura immobile.
Je lançai un coup d’œil au-delà du bastingage, appréciant la vue de l'océan qui filait à toute allure contre la coque.
Je jubilai. Et en même temps, j'enrageai. Une réponse, qui insufflait davantage de questions.
"Elle ne bouge pas ! M'exclamai-je. Elle ne bouge pas !"
Répétant cette litanie, je fis quelques pas en arrière, pour au final heurter quelqu'un. Je me retournai à vive allure et, pris d'une frénésie de réflexion, agrippai les épaules de la victime de ma bousculade, la fixant ainsi droit dans les yeux et reprenant mon discours :

"Elle ne bouge pas ! Alors que le bateau file à pleine vitesse ! Elle reste immobile ! Vous comprenez ce que ça veut dire ?"

Ce fut alors que je pris conscience de mon geste. La jeune femme que je tenais, à deux doigts de la trentaine, me jaugeait de ses yeux bridés, et son teint jaune me renseignant plus que n'importe quoi d'autre sur ses origines. Croiser des asiatiques en troisième classe, ce devint une chose presque courante. Le vieux Wu, un chinois incapable de parler notre langue – ou refusant de l'apprendre, allez savoir – et qui communiquait avec nous par quelques borborygmes et de multiples signes, en devenait la preuve évidente.
Mais elle... Vêtue avec assez de richesse, mais pas trop, pour qu'on la sache affublée de revenus assez conséquent pour nourrir toute sa famille sans jamais connaître la pauvreté... Elle détonait dans le paysage.
Après un instant d'incertitude, mes mains desserrèrent leur emprise sur ses bras.

"Vous êtes qui, vous ?"

Une expérience qui tourne court...

Blanche s'était réveillée calmement lovée contre son époux. L'odeur de son epoux, cette eau de cologne, la fit sourire. Elle remua légèrement pour se redresser en espérant ne pas le réveiller mais il se réveilla à cause du changement de chaleur à l'endroit de son corps où elle se tenait... Il gémi en baillant à s'en décrocher la machoire, ce qui la fit rire.
Philip la regarda d'un regard amoureux et un sourire en coin, le genre de sourire qui l'a faisait craqué. Il caressa sa joue en disant:

"Bonjour, ma femme"

Elle sourit en rougissant et dit: "bonjour, mon époux"

Plus tard, après avoir fait leur toilette, ils allèrent au restaurant des secondes classes pour déjeuner. Puis, voulant être seule, la jeune femme prit congé de son époux non sans un dernier baiser.

Elle se promenait calmement sur le pont promenade réservé aux deuxièmes et troisièmes classes. En passant, elle vit un homme habillé plus simplement qu'elle agenouillé auprès d'une balle en marmonnant elle ne sait quoi dans sa barbe. Croyant avoir affaire à un dingue, elle se prépara à partir quand, tout à coup, il se releva en la bousculant qui failli la faire tomber. Heureusement, ou malheureusement, il se retourna pour la saisir par les épaules avant qu'elle ne se mange le sol. Il dit, avec une voix hystérique:

"Elle ne bouge pas ! Alors que le bateau file à pleine vitesse ! Elle reste immobile ! Vous comprenez ce que ça veut dire ?"

Hein? De quoi il parlait lui? Comment voulait il qu'elle le sache? Mais, passé la première folie, il se calma en la regardant de haut en bas comme un animal de foire. Pas très bien élevé avec ça! Ce qu'elle pouvait reconnaitre à son éducation de geisha c'est qu'elle avait appris plus que lui connaissant les bonnes manières! Surtout si on juge par sa dernière question en desserrant l'emprise qu'il avait sur ses épaules:

"Vous êtes qui, vous ?"

Elle haussa un sourcil avant de se dégager d'un habile mouvement d'épaules en disant simplement: "je peux vous retourner la question!"

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"Je peux vous poser la même question, répliqua la jeune femme en se dégageant d'une secousse d'épaule.

-Oh, oui, désolé, m'excusai-je. J'oublie la politesse, quand je réfléchis trop. Je suis Elliott, et..."

Je m'interrompis.

"Attendez, mais ça n'a aucune espèce d'importance !"

Je tournai les talons, attrapai le biceps de la belle asiatique, sans pour autant lui faire mal, et lui désignai de ma main libre la sphère immobile au centre du pont, décidée à ne pas glisser ne fut-ce que d'un millimètre dans une direction quelconque.

"Nous sommes sur un paquebot, au beau milieu de l'océan, sans aucune terre à proximité. Nous sommes à la merci des secousses des sept mers, et pourtant, cette balle ne roule pas."

Je lâchai la damoiselle et m'avançai vers les bastingages. Je me penchai par-dessus bord, puis ramenai ma tête au-dessus du navire, et repris :

"Si nous nous trouvions sur une mer d'huile, en plein calme plat, je pourrais comprendre, même si le paquebot demeurerait soumis aux mouvements de l'eau, parce qu'il n'a rien sur quoi se retenir en dehors de son propre poids. Dans le cas présent, nous allons vite. Nous fonçons à plusieurs nœuds à l'heure depuis je ne sais combien de temps. Or, aucun roulis de vague ne fait bouger la balle d'un millimètre. Que devons-nous en conclure ?"

Je me rapprochai de la balle et, constatant que celle-ci ne remuait toujours pas, glissai mon pied par en-dessous, puis la propulsai en l'air, avant de la rattraper entre mes doigts.
Si l'asiatique trouva la réponse à ma question, elle n'en laissa rien paraître sur l'instant. J'avais déjà testé cette expérience, avant le naufrage. Un gamin de deuxième classe laissa échapper ses billes, qui roulèrent sur le pont, d'un côté à l'autre, ce qui causa la chute de certaines personnes, dont une vieille aristocrate qui se retrouva les jupons par-dessus la tête en hurlant comme une truie qu'on égorge.
Un spectacle qui nous fit bien rire, Penny et moi.
Calant une des billes sous ma chaussure, je stoppai net son mouvement, et supprimant ainsi toute son inertie. Pourtant, sitôt que je relevai ma godasse, elle recommença à se mouvoir d'elle-même.
Revenant au moment présent, je fis tournoyer la balle entre mes doigts pendant encore quelques secondes, puis la lançai, en une courbe harmonieuse, sur la belle asiatique, qui la rattrapa par pur réflexe.

"Pourquoi ne subissons-nous pas les effets de la houle ? Est-ce que cela signifie que nous sommes oui ou non toujours en vie ? Ou est-ce que cela prouve autre chose ?"

Je me passai les mains dans les cheveux, sentant poindre l'agacement.
Des questions, toujours plus de questions, mais jamais de réponse définitive. Était-ce trop demandé ? S'agissait-il d'une gigantesque mise en scène dont nous étions les acteurs ? Condamnés à jouer une pièce sans en connaître les écrits à l'avance ?

une expérience qui tourne court...

-Oh, oui, désolé, s'excusa t'il. J'oublie la politesse, quand je réfléchis trop. Je suis Elliott, et..."

Effectivement! Mais au moment où elle croyait que cet homme avait perdu son grain de folie qui l'avait fait sursauté, elle s'apprêtait même à se présenter, il se "reprit"...Si on puis dire!

"Attendez, mais ça n'a aucune espèce d'importance !"

Dit il tout en la saisissant par le biceps. Si cela ne lui avait pas fait mal, elle en avait été très surprise! Jamais un homme ne s'était permis - mis à part son mari - autant de familiarité à son égard!
Il désigna la balle immobile posée sur le pont qu'il observait il y a quelques minutes avant de la percuter.

"Nous sommes sur un paquebot, au beau milieu de l'océan, sans aucune terre à proximité. Nous sommes à la merci des secousses des sept mers, et pourtant, cette balle ne roule pas."

Il la lâcha pour se diriger vers le bord et elle en profita pour remettre son châle sur ses épaules. Pendant qu'il parlait, elle écoutait, mais elle pensa une seconde à prendre la poudre d'escampette et de le laisser à son délire! Il regarda l'horizon avant de reporter son attention sur elle.

"Si nous nous trouvions sur une mer d'huile, en plein calme plat, je pourrais comprendre, même si le paquebot demeurerait soumis aux mouvements de l'eau, parce qu'il n'a rien sur quoi se retenir en dehors de son propre poids. Dans le cas présent, nous allons vite. Nous fonçons à plusieurs nœuds à l'heure depuis je ne sais combien de temps. Or, aucun roulis de vague ne fait bouger la balle d'un millimètre. Que devons-nous en conclure ?"

Qu'est ce qu'il voulait qu'elle en sache! Elle était tombée avec un psychopathe ou quoi?! A quoi rimait ces expériences digne d'un savant fou? Il passa son pied sous sa balle avant de faire un mouvement pour catapulter l'objet devant son visage et de la rattraper au vol. Il sembla perdu dans ses pensées pendant un moment à jouer avec cette balle avant de la reprendre en main pour la lui lancer. Elle la rattrapa par pur réflexe. Il n'y avait pas à dire! Ses entrainements pour devenir geisha à rattraper des éventails au vol lui était utile! Elle aurait eu des difficultés à expliquer à Philip pourquoi elle avait un oeil au beurre noir!

Mais bon, même si cet homme était...Comment qualifier ça avec tact?...Original! Elle devait admettre qu'il y avait une part de vérité. Elle répondit:

"Que nous sommes immobiles?"

"Pourquoi ne subissons-nous pas les effets de la houle ? Est-ce que cela signifie que nous sommes oui ou non toujours en vie ? Ou est-ce que cela prouve autre chose ?"

Il passa sa main dans ses cheveux comme agacé.

"Je ne saurais vous dire!" Elle prit une pause: "Si je suis votre raisonnement...Elliott c'est ça?... Nous serions victime d'une espèce d'hallucinations collectives? Pourtant nous sommes bien morts!" Elle reprit une pause: "D'ailleurs, sauf votre respect, je pense que vous vous prenez la tête pour rien! Ce paquebot lui même ne devrait pas se trouver ici, comme nous d'ailleurs et cette dimension ne devrait même pas avoir lieu d'être!"

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"Si je suis votre raisonnement...Elliott c'est ça?... Nous serions victime d'une espèce d'hallucinations collectives? Pourtant nous sommes bien morts!"

"Qu'est-ce qui vous permet de l'affirmer ? Répliquai-je sans plus de douceur."

Je demeurais un instant ainsi, à la toiser de mon air supérieur, qui s'il n'allait pas si bien que ça aux membres de la Troisième Classe, avait selon beaucoup tout à fait sa place sur mon visage. Cette expression en poussait même certains à baisser la tête et à ne plus oser me contredire. Des personnes à l'intellect limité à l'extrême, et je doutai que ce fut le cas de l'asiatique. Au pire souffrait-elle d'un manque de motivation flagrant, ou d'une lâcheté la poussant à refuser de voir les choses en face. Aussi repris-je sans attendre :

"Nous pourrions très bien être toujours en vie, sous l'emprise d'une drogue, devenus les jouets de quelques obscurs manipulateurs... Et tout notre voyage sur le Titanic n'aurait alors été qu'un long rêve chimique."

Je poussais un soupir.

"La seule chose qui me permet de savoir que ce n'est pas le cas, c'est ma logique. Pour avoir déjà ressenti les effets de la drogue, je peux vous assurer que cette saleté me débarrasse de ma capacité à réfléchir posément. Si nous étions confrontés à un traitement médicamenteux quelconque, aucun de nous n'aurait pu se rendre compte des multiples incohérences qui bordent notre voyage."

Profitant de ma reprise de souffle, elle se lança à nouveau dans une litanie d'affirmations farfelues :

"D'ailleurs, sauf votre respect, je pense que vous vous prenez la tête pour rien! Ce paquebot lui même ne devrait pas se trouver ici, comme nous d'ailleurs et cette dimension ne devrait même pas avoir lieu d'être!"

"Oh, bien sûr !"

J'en levais les bras, par pure moquerie.

"Pourquoi se préoccuper de ce qui nous entoure ? Après tout, nous sommes condamnés à errer, probablement pour l'éternité, sur un rafiot gigantesque et temporellement inamovible. Alors allez-y ! Retournez donc à votre si belle petite existence routinière ! Profitez de votre "vie", mangez et buvez à vous en faire exploser la panse, et surtout, ne vous interrogez pas sur la manière de s'en échapper."

Enfonçant mes mains au fond de mes poches percées, j'adressai à l'asiatique un ultime regard méprisant.

"J'espère juste que vous ne viendrez pas vous plaindre, lorsque vous comprendrez que ce que nous vivons n'a rien d'un Paradis."

Et sans un mot de plus, je lui tournai le dos, avant de me reprendre. J'avançais vers elle et réclamai la balle d'un geste de la main. Ce n'était pas la mienne, et je ne pouvais me permettre de l'abandonner entre les mains d'une inconnue, aussi belle soit-elle. Pire encore, si jamais le gamin propriétaire venait à apprendre la disparition de son jouet quelque part dans la première Classe, il m'en voudrait à mort, et plus jamais je ne pourrais compter sur son aide...
Aussi, mieux valait éviter de le contrarier. Et de toute manière, j'ai horreur de me parjurer.

une expérience qui tourne court...

-Qu'est-ce qui vous permet de l'affirmer ? Répliqua t'il d'une voix glaciale qui failli arracher un frisson le long de la colonne vertébrale de Blanche. Il la toisa d'un air supérieur à quoi elle répondu d'un regard blasé qui signalait qu'elle trouvait sa réaction ridicule et à la limite de l'enfantillage! Elle soupira et répondu

"Parce que nous nous sommes vus mourir! Et nous l'avons senti! Cela n'avait rien d'un rêve ou d'une hallucination quelconque!"

"Nous pourrions très bien être toujours en vie, sous l'emprise d'une drogue, devenus les jouets de quelques obscurs manipulateurs... Et tout notre voyage sur le Titanic n'aurait alors été qu'un long rêve chimique.
La seule chose qui me permet de savoir que ce n'est pas le cas, c'est ma logique. Pour avoir déjà ressenti les effets de la drogue, je peux vous assurer que cette saleté me débarrasse de ma capacité à réfléchir posément. Si nous étions confrontés à un traitement médicamenteux quelconque, aucun de nous n'aurait pu se rendre compte des multiples incohérences qui bordent notre voyage."

Houla! La c'était pire qu'elle ne l'imaginait...Soudain, elle eu une révélation. Cet homme avait peur de la mort et refusait catégoriquement le fait que celle ci aie pu l'avoir dans ses filets

"A supposer que cela soit le cas, je ne connais aucuns pays qui auraient acceptés une expérience aussi grotesque! Il y a, ici, diverses personnes qui n'ont pas le même statut social, certains étaient très importants dans la société! Croyez vous vraiment qu'on aie accepté le fait qu'ils soient tous relégués à de simples....Rats de laboratoire?"

Elle répondu, par la suite:

"D'ailleurs, sauf votre respect, je pense que vous vous prenez la tête pour rien! Ce paquebot lui même ne devrait pas se trouver ici, comme nous d'ailleurs et cette dimension ne devrait même pas avoir lieu d'être!"

"Oh, bien sûr !" dit il en levant les bras. Dieu qu'il était énervant! Heureusement qu'elle n'avait pas de clients comme lui par le passé ou qu'elle ne soit pas rester geisha assez longtemps pour devoir en supporter!

"Pourquoi se préoccuper de ce qui nous entoure ? Après tout, nous sommes condamnés à errer, probablement pour l'éternité, sur un rafiot gigantesque et temporellement inamovible. Alors allez-y ! Retournez donc à votre si belle petite existence routinière ! Profitez de votre "vie", mangez et buvez à vous en faire exploser la panse, et surtout, ne vous interrogez pas sur la manière de s'en échapper."

Il enfonça ses mains dans ses poches en lui adressant un regard méprisant.

"J'espère juste que vous ne viendrez pas vous plaindre, lorsque vous comprendrez que ce que nous vivons n'a rien d'un Paradis."

Elle serra dans ses mains la petite balle que l'homme lui avait lancée et qu'elle aurait, certainement, reçu en pleine figure si elle n'avait pas eu de réflexes assez rapides pour la rattraper. Il était détestable et elle se mit à penser à se servir de lui pour apprendre à faire mouche!

Il resta à s'éloigner d'elle de dos avant de se retourner et de lui réclamer la balle en tendant la main. La, elle en profita et lui balança en pleine figure.

"Parce que vous croyez que ça me plait d'être ici! Ma fille n'est plus là et la seule personne qui m'a permis de tenir c'est mon mari! J'ai certainement plus souffert que vous! On a tous souffert!"
Elle marqua une pause: "et vous voulez que je vous dise le fond de ma pensée?...Vous êtes un trouillard! C'est ça en fait, vous avez peur! Vous êtes mort et vous n'arrivez pas à vous le dire en face! Il serait temps de se réveiller mon vieux! Et d'utiliser votre cerveau, si vous en êtes capable bien sur!"

C'est bien la première fois qu'elle était aussi familière avec un homme mais, surtout, aussi grossière mais il fallait le dire qu'il l'avait mérité là! Déjà il "l'agresse" façon "savant fou", lui baragouine une expérience complètement dingue et, maintenant, qu'elle avait dit sa façon de pensée, ses hypothèses, il l'envoyait bouler! Il n'aime pas qu'on soit contre lui? Il était désespéré? Et bien il allait comprendre et apprendre à vivre avec!

Elle tourna les talons et prit le parti de partir mais, au bout de dix pas, elle se tourna au trois quart et dit:

"Au fait, je m'appelle Blanche"

Et elle recommença à marcher pour s'éloigner de lui.

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"A supposer que cela soit le cas, je ne connais aucuns pays qui auraient acceptés une expérience aussi grotesque! Il y a, ici, diverses personnes qui n'ont pas le même statut social, certains étaient très importants dans la société! Croyez vous vraiment qu'on aie accepté le fait qu'ils soient tous relégués à de simples....Rats de laboratoire?"

Je poussai un profond soupir de découragement, tout en levant les yeux au ciel. Même Penny, qui prenait pourtant plaisir à agir sans réfléchir, se montrait un chouïa plus attentive à mes paroles. Le fait d'avoir à faire à une deuxième classe me revint soudain brutalement en mémoire. Quel idiot ! Voilà pourquoi la damoiselle n'écoutait aucune de mes paroles : Son intérêt, similaire à toutes les autres personnes de son rang, ne tournait qu'autour de l'argent et des apparences offertes par le luxe et la gloire du nom. Pour une orientale, je devais admettre qu'elle s'était sacrément bien intégrée à la culture britannique. Même si, en l'occurrence, je doutai qu'il puisse s'agir d'une qualité.

"N'écoutez-vous donc pas ? Je viens de vous dire que je savais que ce n'était pas le cas. Vos oreilles ne servent pas qu'à la décoration, je vous signale !"

Mes ultimes remarques, particulièrement assassines et visant notamment son incapacité à faire attention à ce qui l'entouraient, suffirent à la faire bouillir de rage. Je le devinai aisément, à la manière dont ses doigts se crispèrent sur la balle du gamin. Ballon qu'elle prit un malin plaisir à m'expédier dans la figure lorsque je vins la récupérer, profitant de ma proximité. Par ailleurs, elle ne le lança pas en courbe, comme je le fis plus tôt, pour me permettre de la rattraper sans risque, par réflexe. Non, la teigne jaune visa directement ma face, et lança le jouet comme une arme de ninja.
Si mon cerveau perçut la menace à temps, mon corps échoua à réagir en conséquence, et la sphère m'atterrit sur la joue.
Par chance, elle ne disposait pas d'autant de force que le vieux Wu, et il s'agirait donc d'une sacrée déveine de ma part si jamais je me retrouvais avec ne serait-ce qu'une égratignure. Au pire resterait-elle rouge pendant une ou deux heures.
La balle ricocha et tomba à terre, roula légèrement, puis s'immobilisa.
Je soupirai. Toujours pas plus d'influence de la part de la houle, et personne n'avait assez de neurones pour s'en apercevoir... Quelle bande d'imbéciles finis.
Je me penchai et rattrapait la sphère entre mes doigts. Mais alors que je me redressai, l'asiatique cracha son venin :

"Parce que vous croyez que ça me plait d'être ici! Ma fille n'est plus là et la seule personne qui m'a permis de tenir c'est mon mari! J'ai certainement plus souffert que vous! On a tous souffert!"

"Oui, tout le monde a souffert. Mais c'est tout de même impressionnant : Les aristos ont toujours tendance à considérer qu'ils ont davantage souffert que les autres."

Mon regard la transperça. Je ne la fixai plus avec agacement, et encore moins avec colère. Je la regardai juste. Une pauvre idiote. Elle voulait se fondre dans la masse des riches, et y parvenait avec brio. Au détriment de ses émotions et de sa modestie.

"Et vous voulez que je vous dise le fond de ma pensée?...Vous êtes un trouillard! C'est ça en fait, vous avez peur! Vous êtes mort et vous n'arrivez pas à vous le dire en face! Il serait temps de se réveiller mon vieux! Et d'utiliser votre cerveau, si vous en êtes capable bien sur!"

Sa dernière phrase manqua de me faire exploser de rire. Peur ? Oui, très certainement, que j'avais peur. Peur de voir Penny revenir parmi les naufragés, peur d'être condamné à jamais dans les limbes. Oui, je le reconnaissais sans peine. Mais que elle, m'ordonne d'user de ma réflexion, alors qu'elle se bornait à conserver la sienne en sommeil me fit me bidonner en silence. Pour la peine, j'aurais eu envie de la balancer dans les pales du Titanic, juste pour voir si son sang était aussi rouge que le mien.
Ou juste pour la faire taire.
S'il m'avait fallu choisir une raison, la décision m'aurait coûté du temps et de la réflexion...

"C'est l'hôpital qui se moque de la charité, dirait-on..."

Elle m'ignora. Ou alors, sa réponse demeura inaudible.
Elle s'éloigna de plusieurs pas, et au bout d'une dizaine, se retourna vers moi.

"Au fait, je m'appelle Blanche"

Puis elle refit volte-face et reprit sa fuite lente.

"Drôle de nom, pour une asiatique..."

Je devais l'admettre, user de termes aussi racistes ne faisait clairement pas partie de mes habitudes. Mais l'arrogance de cette gamine m'irritait au plus haut point. Si jamais elle souhaitait se mesurer à quelqu'un, elle devrait recourir à l'aide de beaucoup plus costaud et intelligent qu'elle. Sauf qu'en l'occurrence, très peu de riches présents sur le pont semblèrent prêts à lui accorder davantage de soutien qu'à moi...