Une pause était bienvenue après une longue soirée de service. William avait besoin de prendre l'air. Il était tard. Du moins il le supposait. Il n'avait plus aucune notion du temps qui passait. Il aimait se promener sur le pont lorsque tout le monde était occupé ailleurs. Il se sentait libre. Il se souvenait chaque fois de son arrivé sur le Titanic. Il avait longuement préparer ce voyage qui avait finit au fond des océans comme pour beaucoup d'autres personnes. Il se voyait encore franchir le pont d'embarquement habillé de son vieux pantalon en toile qu'il portait ce jour là. Il sourit en y repensant. C'était de toute petite chose qui s'appelaient souvenir. Le souvenir d'une vie qu'il aurait aimé meilleure. On ne choisit ni ce qu'on est ni ce que l'on devient. Il l'avait bien compris.

Le serveur s'arrêta et regarda l'étendue d'eau. L'océan était trop calme. Il n'avait plus tellement peur de savoir qu'il était mort. Si au départ cette idée lui avait parut dénuée de sens, aujourd'hui il était près à admettre l'éventualité même qu'il puisse ne plus faire partis du monde des vivants. Un monde qui selon ne perdait pas grand chose de sa présence. Il avait fait bien des sacrifices pour monter à bord de ce paquebot qui aurait du le conduite loin de tout ce qu'il avait connu et le prix payer était dénué de sens. Il avait beau y réfléchir il ne trouvait pas de réponses à ses questions. Pourquoi les laissaient-on là? Dans cet univers entre vie et mort. Etaient-ils tous en tort et ainsi puni pour avoir fuit leur terre natale? Jamais il n'aurait de réponses et il le savait.

Will entendit alors des pas. Visiblement il n'était pas le seul à se promener ici la nuit. Il n'était pas sûr d'avoir envie de compagnie et se tourna pour laisser la place au nouvel arrivant. Qui en fait était une arrivante. Une demoiselle que le jeune homme avait déjà servit plusieurs fois lors de dîner. Grace Dewitt-Harper. Il l'avait toujours trouver belle et si elle était là ce soir c'était qu'elle n'avait pas réussie à monter à bord d'un canot. Il en fut attristé et en même temps il se disait qu'il connaissait au moins une personne d'avant le naufrage. C'était mince comme réconfort et un peu égoïste. Il n'avait jamais vraiment apprécié cette demoiselle aussi jolie soit elle. Il avait toujours trouver son air supérieur détestable. Lorsqu'il fut à sa hauteur il lui dit:

«Bonsoir Madame Dewitt-Harper. Je vois que vous n'avez pas réussit à atteindre les canots de sauvetages. C'est une bien triste nouvelle. Je n'encombrerez pas plus vôtre lieu de promenade.»

William se montrait un peu amer avec cette demoiselle sans réellement savoir pourquoi. Peut être digérait-il encore ce qu'il avait apprit la dernière fois. Grâce n'était pas une première classe mais une deuxième classe. Elle lui avait mentit et il c'était senti humilié de ce qu'il appelait une trahison. Il fallait dire que cette demoiselle lui avait plut et c'était sentit de cette façon trahi alors que lui même ne lui avait jamais dit qu'il avait été un temps plus riche qu'elle. L'argent était décidément au cœur de bien des problèmes.

Will avait connu Mme Harper avant le naufrage, il l'avait servit plusieurs fois et par moment il l'avait trouver hautaine, un peu imbu d'elle-même et ça ne lui avait pas tellement plut, mais il ne pouvait pas nier qu'elle était belle, extrêmement belle. Il n'avait pas tellement le droit de juger quelqu'un sur les apparences, elles sont toujours trompeuses, il suffit de le regarder pour le comprendre. On pourrait parfois croire qu'il fait parti d'une plus haute classe, des meilleurs peut-être, pourtant il n'est que serveur à bord du Titanic mort assommé, ce n'était pas vraiment glorieux si vous voulez mon avis. Le jeune homme fut surpris d'apprendre qu'elle avait céder sa place à d'autres personnes. C'était honorable, voyez les apparences, nous jouent souvent des tours. Il était vraiment navré qu'elle soit ici à bord de ce vaisseau fantôme qui pour la plupart d'entre eux n'était rien d'autre qu'en enfer.

« Vous me surprenez Madame, c'est un acte honorable.»

Il allait s'en aller, mais elle le pria de rester. Il était de plus en plus étonné. Il avait l'impression de voir certaines personnes changer et il aurait aimé qu'elles changent avant, mais ce qui était fait était fait, même pour lui. Au fond il n'avait rien d'un homme bien, il avait abandonné sa famille, sa petite fille qui grandissait désormais sans père et se doutait que c'était pour ça qu'il était là. C'était comme un purgatoire peut-être. Il le voyait comme cela et du fait ne comprenais pas très bien pourquoi elle était ici. Il se demandait si comme lui elle avait pu faire des erreurs dans le passée et le payer maintenant. C'était sans doute idiot de croire cela, pourtant il ne pouvait s'empêcher de le penser. Il fut touché de voir qu'elle s’intéressait à son sort. Ce n'était pourtant vraiment pas utile qu'elle le fasse, il méritait selon lui, ce qui lui arrivait.

« Oh ne vous inquiétez pas , je sais pourquoi je suis ici. Vous savez je ne suis pas vraiment quelqu'un de bien, alors je pense avoir ma place, mais vous je vous avoue que j'ai du mal à saisir pourquoi vous êtes là.»

Il n'osait pas tellement lui demander ce qu'elle avait pu faire, ce n'était pas comme si tout le monde sur ce navire avait des choses à se reprocher, il devait sans doute mélanger beaucoup de choses, mais que pouvait-on croire d'autre quand on a des journées entières à y réfléchir et à revenir sur ses erreurs ? Et il ne savait pas vraiment ce qu'il aurait fait là-bas, il n'avait personne. Il aurait fini serveur dans un bar miteux au pire, bref autant être ici, même si c'était loin d'être facile.

Le jeune serveur voulait bien croire ce qu'elle lui disait. La surprise plaît à beaucoup d'homme c'est sans doute pour ça que Mme Harper avait du succès. Elle était belle, ça aidait aussi, mais ce n'était pas forcément ça que les hommes attendaient d'une femme, même si pour beaucoup c'était surtout ce détail qui comptait, soit belle et tais-toi, s'en était pathétique. Il y avait bien plus à voir chez une femme que la beauté, ceci est un autre débat, pour le moment, la question n'était pas là. William se demandait ce qu'elle voulait dire par son geste était une évidence. Avait-elle appréhender de se retrouver seule? Elle avait donc choisit sa place. Il aurait sans doute fait de même s'il avait pu choisir, lui n'avait pas vraiment eu le temps de se demandait s'il partait ou pas et puis de toute façon il aurait fini ici, il n'y aurait pas eu assez de place pour un simple serveur et puis comme il se le disait qu'aurait-il fait à New-York ? C'était étrange de se le demander alors que le navire était à cette destination, il était monté à bord pensant que ça pourrait changer sa vie, mais il aurait vécu avec le remord et aurait finit soit par devenir fou, soit devenir ivre et serait mort de froid au coin d'une ruelle, autant être mort à bord du Titanic.

« Je n'ai pas envie d'être quelqu'un d'autre. Je me perdrais. J'ai déjà tout perdu, autant que je garde ce que je suis encore un peu.»

C'était une drôle de façon de penser, il le savait, mais au fond il avait vraiment tout perdu, sa femme, sa fille sa vie alors se perdre lui était la dernière chose qu'il voulait. Il avait besoin de sentir encore que tous ses souvenirs étaient là, qu'ils étaient siens. Les paroles de Grâce n'était pas inintéressantes, Will se demandait seulement qu'est ce qui la poussait à dire cela, elle avait du aussi faire quelque chose qu'elle jugeait mal. Il savait bien qu'il n'était pas le seul à avoir fait des erreurs, mais il avait trop de mal à se pardonner pour tenter de devenir meilleur. Il aurait parfois aimé être dans la tête des autres et voir ce qu'eux avaient fait, comprendre aussi comment ils faisaient pour tourner la page.

« Vous avez sans doute raison, mais j'ai trop de mal à tourner la page. »

Il n'avait pas que du mal à tourner la page, il n'en avait pas forcément envie non plus. Il ne pourrait jamais oublié sa vie, il était passé par tellement de chose, c'était impossible de tirait un trait sur tout ça.

La souffrance est le seul sentiment qui abrite William depuis qu'il est part après la mort de son épouse. Il n'a jamais compris pourquoi la vie s'acharnait ainsi. La vie est injuste, pour tout le monde, mais de manières différentes. Les secrets ont toujours fait partis des hommes, il est inutile de prétendre le contraire. William ne savait pas vraiment comment tourner cette page. Le passé était derrière lui, mais il n'arrivait pas à le mettre définitivement en arrière. Le serveur écoutait Grâce. Elle avait plus de classe qu'il ne l'avait imaginé, elle semblait un peu moins hautaine aussi. Le naufrage l'avait peut-être changer. Il n'avait aucune idée de la façon dont il s'y prendrait pour faire face à toutes ses erreurs. Il était trop tard de toute façon. Ils étaient mort.

«Je ne sais pas si ça servirait à grand chose de passer à autre chose. Nous sommes coincé ici et la seule chose qui nous attends c'est la mort. Enfin … La vraie mort, le paradis ou l'enfer, pas cet espèce de … pardonnez-moi du terme, mais pas cet espèce de limbes dans lequel nous sommes.»

Il n'était pas sur d'employer le bon terme. Les limbes étaient un endroit que personne n'aimait vraiment nommer et son existence est loin d'être sûr, mais William était persuader que cet endroit existait. Tout comme le paradis ou l'enfer, même si à vrai dire il ne savait pas à quoi cela ressemblait. Il était peut-être temps pour lui d'aller se confesser, son âme pourrait peut-être être sauver. Il n'était visiblement pas le seul à avoir du mal à passer à autre chose. Cela le rassurait pleinement de voir qu'il n'était pas seul à se poser beaucoup de question et à ne pas vouloir passer à autre chose. Il ne savait pas quoi répondre. Lui n'avait personne ici. Sa seul famille était loin de ce navire et en vie. Il ne l'avait d'ailleurs jamais connue. Il regrettait souvent d'être parti et de n'avoir laisser aucune chance à sa petite fille. Il aurait fait un bon père.

« Je comprends, au moins vous n'êtes pas seule ici, c'est bien sûr triste de se dire que nous avons tous étés emportés, mais vous n'êtes pas seul. Profitez de ceux que vous aimez. Trop de monde passe à côté de sa famille, alors que c'est la chose la plus importe dans une vie. »

Il savait de quoi il parlait évidement. Il n'avait jamais vraiment eu de famille et cela avait toujours été un vide en lui. Il espérait que Grâce avait eu la chance de connaître la sienne. Trop de personnes n'avaient pas cette chance.