♣ Devine qui c'est ▬ Joseph & Apolline ♣

Apolline & Joseph

❝ Devine qui c'est. ❞

Il devait être aux environs de quatorze heures trente quand je poussais les porte du Grand Salon ce jour là. Avant le naufrage, j'avais pris pour habitude de me rendre à cet endroit un peu après le dîner, suivant un passage au fumoir, où j'appréciais discuter avec d'autres hommes de ma condition. Aujourd'hui, même si je passais la plus grande partie de mon temps à chercher un énième moyens de me retrouver en la présence de ma précieuse Georgiana, j'appréciais toujours l'atmosphère de cet endroit, comme j'appréciais celui du fumoir.

Je parcourais la salle du regard, m'assurant d'abord que Margareth Harrington n'était pas là pour me tenter avec ses avances plus qu'explicites, ou en me faisant davantage de flatteries et de compliments. Rassuré de la savoir absente, je m'apprêtais à aller engager la conversation avec des connaissances que j'avais repérée dans un coin de la pièce, mais en avançant vers eux je remarquai la présence d'Apolline, sagement assise sur l'un des fauteuil tourné vers le piano, devant lequel un musicien du navire était installé et jouait un morceau. Les personnes vers lesquelles je me dirigeais n'ayant pas remarqué que j'allais à leur rencontre, je changeais alors de direction, allant vers Apolline. J'avais passé peu de temps en sa compagnie ces derniers jours...Il faut dire que je trainais de plus en plus en troisième classe. Les autres riches de première classe devaient probablement critiquer cette attitude dès que j'avais le dos tourné, mais ils n'en faisaient rien en ma présence, ma renommée et mon prestige étant trop important pour qu'ils trouvent l'honnêteté de me le dire en face. J'inspirais le respect, c'est vrai, et j'en appréciais beaucoup les avantages...
Néanmoins, même si Georgiana occupait une place des plus importantes dans ma vie aujourd'hui, je ne voulais pas que ma petite Apolline aie l'impression que je l'oublie. Je tenais beaucoup à cette petite fille. Et bien que n'ayant aucun lien de parenté avec elle, je la considérais un peu comme ma propre fille, vu que je n'avais jamais eu l'enfant que je souhaitais tant avoir.

Sans faire de bruit, je passais derrière le fauteuil où elle était assise. Elle écoutait attentivement la musique et ne remarqua pas ma présence, comme je l'espérais. Une fois derrière elle, je posais délicatement mes mains sur ses yeux...

- Devine qui c'est., dis je, sachant que comme toujours Apolline reconnaitrait ma voix, et que cela trahirait ma surprise.

Ce matin je m’étais réveillée dans ma chambre, et à mon plus grand étonnement ma mère n'y était pas. Suzanne arriva quelques minutes plus tard. Je la regardai en lui demandant où était ma mère. La femme de chambre finit par me dire qu'elle était allée prendre un café avec des amis mais qu'elle serait là pour souper avec moi aujourd'hui. Je lui souris et sortis de sous ma couette. Je baillai puis je me dirigeai vers le petit salon de ma chambre où j'avais l’habitude de prendre mon petit déjeuner comme chaque matin depuis que j'étais arrivée sur le bateau. Par la suite elle m'emmena dans ma chambre et elle me brossa les cheveux puis m'aida à faire ma toilette. Elle me sortit une belle robe jaune en dentelle avec un beau ruban blanc au niveau de la poitrine. Elle mit une belle petite boucle jaune dans mes cheveux.

Puis elle me donna ma poupée et elle décida de m'amener dans le salon pour que je puisse entendre les musiciens qui avaient l’habitude de jouer à cette heure-là. Elle m'assit sur un petit divan et demanda à un serveur de garder un œil sur moi pour pas que je fasse de folie, car j'avais pris l’habitude depuis un moment d’attirer l'attention des grandes personnes sur moi. J'étais assise sur le divan bien tranquillement pour une fois depuis un certain temps. Je jouais avec ma poupée Amandie qui ne m'avait jamais quittée depuis mon arrivée sur le bateau. Je regardais au loin tous les adultes qui parlaient et qui dansaient. Parfois j'aurais aimé être une grande personne pouvoir être libre comme l'air et faire tout ce que je désirais. Mais parfois j'aimais être une petite princesse à qui on ne pouvait jamais refuser. J'étais donc bien assise comme les grandes dames sur le divan où ma nourrice m'avait laissée.

Quand tout à coup, je sentis des mains d’homme se mettre sur mon visage. Il me demanda de deviner qui il était. Un beau sourire apparut sur mon visage quand j'entendis sa voix. Je reconnus Joseph, mon père adoptif sur le bateau. Cela faisait déjà un petit moment que je ne l'avais pas vu. Je me demandais bien s'il m’avait oubliée. Mais aucune importance il était là maintenant. Je serrai Amandie contre moi et dis:

Monsieur Joseph c'est bien vous ? Si vous êtes cet homme je veux un gros câlin. Car cet homme m’a vraiment manquée.

Je souris tout en demandant si c'était bien lui. Car on savait jamais sur qui on pouvait tomber. Le serveur regarda pendant un petit moment dans ma direction pour voir si tout était correct comme Suzanne lui avait demandé. Puis comme il vit que tout allait bien, il continua son travail.

Apolline & Joseph

❝ Devine qui c'est. ❞

Comme je m'y attendais, la petite me reconnu, mais voulu malgré tout s'assurer qu'il s'agissait bien de moi. Elle ajouta que si elle ne s'était pas trompée sur mon identité, elle voulait que je lui fasse un câlin, car je lui avais manqué.
Je savais que j'avais à être plus présent pour elle. Je m'étais en quelques sortes engagé à l'être en m'occupant d'elle et en recevant son affection.
Maintenant qu'elle m'accordait une place importante dans sa vie, il n'était pas question que je la mette de côté. Il fallait que je parvienne à combiner le temps que je passais en troisième classe avec celui que je passais auprès des gens de mon rang, et donc en partie, avec elle.
J'aurais aimé pouvoir emmener Apolline sur le pont des troisièmes classes, de temps en temps. J'étais persuadé qu'elle s'y ferait des amis et qu'elle s'y amuserait...Mais je doutais que sa mère me laisserait l'y emmener, car après tout, j'étais tout à fait conscient du fait que les premières classes n'aimaient pas traîner avec des moins riches qu'eux, ayant partagé cette façon de pensée pendant de longue années...
Il est vrai que si Helen et moi avions eu un enfant, nous ne l'aurions surement pas laissé en compagnie de troisièmes classes sur ce paquebot. Nous aurions trouvé cela dangereux, je pense, et aurions pensé que cela pour nuire à sa bonne éducation.

- Toi aussi tu m'a manqué, ma belle. Dis je, en la soulevant pour la prendre dans mes bras, lui souriant.

Je la regardai. Elle était vraiment adorable dans cette belle robe jaune en dentelle. Elle était toujours adorable, ceci dit. Si j'avais eu une fille, j'aurais aimé qu'elle lui ressemble. Oh certes, j'aurais préféré avoir un petit garçon. Déjà car, c'était l'idéal pour l'héritage de la fortune. Un héritier qui aurait su, une fois adulte, gérer l'argent dont il disposait, et effectuer des placements intelligents qui n'aurait fait qu'accroître les richesses en questions. Et puis aussi, parce que j'aurais aimé avoir une relation de proximité avec mon fils. Je pense que j'aurais été un meilleur père pour un garçon que pour une fille. Quant à Helen, elle aurait été une mère parfaite, je n'avais aucun doute là dessus. Elle avait toujours aimé s'occuper des enfants, et faisait cela très bien. Mais il est vrai que si j'aurais eu une fille, j'aurais adoré qu'elle ressemble à Apolline. Qu'elle soit aussi jolie, bien élevée, gentille et intelligente qu'elle.

- Et bien ! Tu vas finir par rendre jalouse toute les demoiselles de ce paquebot ! Lui dis je, affichant toujours un grand sourire.

Je m'asseyais ensuite à la place où elle se trouvait lorsque j'étais venu vers elle, et l'installait sur mes genoux.

- Alors, comment va ma petite princesse et que me raconte- elle de nouveau ?

J'étais assise là, en train de caresser les cheveux de ma poupée tout en écoutant les musiciens jouer dans le salon. Quand tout à coup, un homme posa ses mains sur mon visage. J’ai sursauté, puis après j’ai souris en entendant sa voix. C'était Joseph, mon père adoptif sur le bateau, enfin je pensais que c'était lui. Il ne passait pas beaucoup de temps avec moi comme beaucoup de personnes sur ce bateau, d'ailleurs j'étais souvent toute seule. Une chance que je possède Amandie avec moi. Sinon, le temps serait vraiment long parfois. Je souris quand il me dit que je lui avais manqué. Quand il me prit dans ses bras, je blottis contre lui. J'étais tellement bien dans ses bras. Tellement bien que je ne voulais pas descendre et rester dans ses bras. Je lui répondis toute doucement.

C'est bien vous alors, j'avais peur que ce ne soit une personne inconnue. Bien, je suis contente de savoir que vous pensez à moi quand même.

J'étais toujours blottie dans ses bras chauds. Je n'avais jamais vraiment connu cela avant. Pour moi, être dans les bras d'homme était tout à fait nouveau. Enfin, je veux dire un homme qui me prend comme sa fille adoptive, ça jamais. Je peux dire que j’adorais cela, car j’avais toujours rêvé d’un père. Et je ne sais pas si je vais le connaître un jour, étant donné que je vois rarement ma mère. Je souris quand il me dit que j'allais rendre toutes les femmes jalouses. Je lui répondis:

Bien je ne pense pas qu'elles seront jalouses d’une pauvre petite fille comme moi. Elles doivent plutôt se dire : « pauvre petite, sa mère ne l’a pas sauvée et elle est morte à cause d'elle ». Jamais elles ne seront jalouses de moi. Elles me prennent trop en pitié ou presque sur ce paquebot, mon cher.

Les gens n’avaient pas besoin de le dire pour que je le sache malgré mon jeune âge. Mais des fois je les entendais en parler, et ils disaient cela de moi. Je m'assis sur ses genoux en le regardant.

J’ai eu de la chance de voir la plus belle vue du bateau, il y a deux jours de cela. J'ai rencontré un homme de troisième classe sur votre pont puis un homme a dit qu'il me ressemblait... Et vous mon cher, pourquoi vous ne venez-vous plus me voir autant qu’avant c'est temps-ci ?

Depuis quelques temps, j'avais remarque qu'il était moins là pour moi. Je me demandais même s'il m'avait oubliée car il passait tout son temps loin de moi. Vous allez dire que cet homme n’a aucune obligation envers moi. En revanche, depuis que je l’avais rencontré sur le bateau, il avait pris la place du modèle paternel pour moi, comme je ne savais pas où était mon père. Puis je pensais que j’allais le rencontrer un jour et bien cet homme le remplaçait pour le moment. En plus de son absence, il fallait avouer que je commençais à être habituée aux absences de ma mère, alors une autre personne loin de moi ne me ferait pas de mal. Une chance que j'ai ma femme de chambre Suzanne, elle était là tous les jours. Je faisais juste la demande puis elle arrivait sur le champ pour passer un peu de temps avec moi. Je la voyais très souvent et j'étais bien contente

Apolline & Joseph

❝ Devine qui c'est. ❞

Joseph était assez déconcerté par le réalisme des mots de la petite. Elle disait être contente de savoir qu'il pensait quand même à elle. Le quand même, montrait qu'elle avait ressenti ses absences régulières en ce moment.
Ces mots étaient encore plus dur lorsqu'elle parla de la vision que les gens avaient probablement à son sujet. Joseph ne su quoi répondre à cela. C'était réaliste, mais peut-être trop réaliste pour un enfant. Et il ne savait pas comment réagir à ce genre de situation. Il n'avait jamais été père, après tout. Heuresement, elle répondit bien vite à son autre question, ce qui le dispensa de répondre à ce qu'elle venait de dire.

-Et bien justement, je passe beaucoup de temps sur l'autre pont, avec des troisièmes classes. Je connais quelqu'un parmi les troisièmes classe pour qui j'éprouve beaucoup d'affection. Et puis, les troisièmes classes ont un point de vues intéressant sur certaines choses...J'aime apprendre à les connaître, et à les comprendre. Mais je ne t'oublies pas, ne t'en fais pas. Tu es ma petite princesse, comment pourrais je t'oublier ? répondit il.

Depuis plusieurs jours, il n'était pas venu me voir. Je me demandais bien ce qui pouvait bien se passer avec lui, car il était comment cela avant. J'étais assise sur un divan avec ma poupée Amandie que je serrais bien fort contre moi. Elle était ma seule vraie amie sur le bateau. Je pouvais tout lui dire et elle ne quittais pas. J'étais là et j'écoutais la musique en me demandant si je passerai la journée toute seule dans mon petit monde à moi. Puis quelqu'un arriva et mit ses mains sur mes yeux. C'était papa Joseph. Il était là quand j'avais besoin de calme et de bisous. Mais depuis un certain temps il était moins présent pour moi. Il me manquait beaucoup. Mais je pouvais changer les choses. Il expliqua qu'il aidait souvent les pauvres. Parfois je me demandais comment c'était en bas en troisième classe car je n'avais jamais eu la chance d'y aller. Faut dire que je n'avais point le droit de me rendre en bas. Ma mère me disais que tous ces gens étaient des voleurs mais je ne croyais pas tout ça. Selon Joseph, il y avait pleins de choses à apprendre de ces gens-là. Donc peut-être aurais-je cette chance moi aussi.

Bien vous le faites depuis un certain temps. Alors je suis persuadée que vous serez capable de le faire.

Je tournai mon regard en faisant la moue et je regardai les gens qui dansaient au loin. Parfois j'aimerais tant avoir du monde de mon âge sur le bateau. Parfois je trouvais ça vraiment ennuyant d'être entourée de toutes ses grandes personnes qui ne semblaient vraiment pas se rendre compte que j'étais qu'une simple enfant. Je passais la plus grande partie de mon temps toute seule à rien faire dans les salons ou sur le pont en train de promener ma poupée Amandie. Je regardai les gens danser. Puis je me tournai vers Joseph et lui dis :

Voulez- vous danser avec moi mon cher ? J'aimerais temps apprendre à danser comme le font les grandes personnes ici.

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