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 Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane}

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MessageSujet: Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane}   Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane} EmptyJeu 30 Aoû - 17:28

But primordial en ce début de soirée : Trouver un endroit plus ou moins désert, pour enfin se détendre et faire le vide dans son esprit ! En effet, la journée avait été épuisante, pour une fois ça n'avait aucun rapport avec ses parents, mais bien avec son travail. Elle avait dû traduire l'anglais terrible, tant son accent était affreux d'un grassouillet hindou à un diplomate tout droit venu de France. Thème de la conversation : la politique. Autant dire qu'il n'était absolument pas surprenant, que sa tête prête à exploser, lui fasse un tel mal de chien ! Un marteau piqueur en pleine action, aurait eu le même effet, c'est pour dire ... En un mot comme en dix, il lui fallait décompresser. Elle n'était pas d'humeur à supporter la foule, à se montrer dans les salons, à faire la conversation à qui que ce soit. Pas même à Maxim, son bien aimé mari, voilà pourquoi sa cabine n'était pas une bonne option ! Pire, elle qui aimait tant les livres, elle n'aurait pas pu en ouvrir un seul. Mais ce besoin de solitude semblait difficile à atteindre, avec le nombre de passagers n'arrêtant pas de déambuler sur le navire.

Il en fallait malgré tout beaucoup pour décourager Ariane, lorsqu'elle s'était fixée un but. Elle entreprit à grands pas de faire le tour de quelques ponts et soupirait dès qu'elle apercevait une seule personne, dans une pièce de son choix. C'était pourtant l'heure que la plupart des personnes rejoignent leur cabine pour le repas du soir. N'aurait-elle donc pas la paix quelques minutes ? Sourcils froncés, elle se massait les tempes, lorsqu'une idée lui vint. Il y avait bien un endroit, si si ! Un lieu où presque jamais personne ne se trouvait, tant elle était passée devant, elle même, sans jamais y pénétrer. Un endroit, qui n'attirait pas grand monde, peut-être parce qu'on en avait pas l'utilité, dont elle même généralement ... Mais aujourd'hui, ce serait parfait ! Exactement ce qu'il lui fallait.

Avant de le rejoindre au petit trot, elle remonta jusqu'à sa chambre et se vêtit de façon plus sportive, et donc plus adéquate. Elle noua ses cheveux à l'aide d'épingles pour les monter en queue de cheval et sortit en direction du pont F. Elle passa très facilement dans cette tenue légèrement débrayée jusqu'en troisième classe. Elle semblait être des leurs en effet dans cet accoutrement. Qu'importait qu'elle se sente davantage dans son moule en première classe, la jeune Valentyne était ce que l'on aurait pu appeler un caméléon. Elle ne prenait personne de haut, à quoi cela servirait-il ? Elle était bien placée pour savoir qu'ici se trouvaient des personnes dignes de confiance, tandis que chez les huppés se trouvaient parfois bien des hypocrites. Son père et sa mère en tête de liste ! Non, il n'y avait pas une once de morgue chez Ariane.

Si elle ne salua donc pas forcément chaque tête qu'elle croisait, c'était davantage dû à sa migraine, qu'à un manque de considération. Si elle pressa encore le pas, ce n'était pas pour les fuir mais pour arriver plus vite au court de squash. Oui, c'était là qu'elle se rendait ! Un peu de transpiration serait la bienvenue et à donner des coups de balle sur une raquette, voilà qui la défoulerait ! Avant de passer la porte qui y conduisait, elle leva les yeux au ciel afin de prier qu'il n'y ait personne ! Alleuiah ce fut le cas, de la salle attenante, elle voyait le court désert et le silence qui y régnait était déjà si relaxant. Elle ferma les paupières pour s'en laisser bercer quelques secondes puis entra entre les quatre murs. Sur des étagères de fer, étaient disposées raquettes et balles. Elle en attrapa une et commença à s'exercer. Cinq minutes, dix minutes, déjà bien essoufflée, la jeune femme sentait le stress l'abandonner, mais pour mieux évacuer, elle se permit de parler à voix haute, certaine que personne donc ne pourrait l'entendre.

- SATANE JOB ! SI J'AVAIS SU, JE N'AURAI JAMAIS ACCEPTÉ ...

De faire des études aussi poussées ? Sans doute, mais avec une respiration saccadée, elle ne pouvait pas faire de grandes phrases.

- TU PARLES D'UNE MISSION !

Mission diplomatique donc ! Mais voilà encore quelques mots malheureux qui pouvaient porter à confusion, car qui sait, si quelqu'un n'était pas déjà rentrer dans le court à sa suite ? Quelqu'un pour qui ses mots ne seraient pas rentrés dans l'oreille d'un sourd !
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MessageSujet: Re: Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane}   Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane} EmptyLun 3 Sep - 14:59

Depuis un bout de temps il la suivait. Depuis longtemps, il l'observait. Où apparaissaient les limites de l'admissible lorsque l'avenir de votre pays s'avérait être en jeu ? Franz n'y songeait pas. Il faisait partie de ses hommes qui, dès qu'ils possèdent un objectif, se concentrent sur lui de toutes leurs forces, oubliant le reste, négligeant jusqu'à leur propre personne ou renommée. Ainsi, lorsqu'Ariane Valentyne, ou quelle que soit sa véritable identité, était apparue dans sa ligne de mire, il ne l'avait plus laissée s'en échapper, tel un alligator dont les mâchoires refermées sur une proie ne se desserraient qu'une fois le monstre consentant ou mort. La notion de vie privée devenait alors une denrée rare pour ceux que filaient l'espion, et la jeune femme commençait à peine à le comprendre...

Suivre les moindres faits et gestes d'une personne devait théoriquement s'avérer simple : chacun possédait ses manies, ses habitudes quotidiennes répétées sans trop savoir pourquoi, parce qu'elles étaient commodes, agréables, parfaitement routinières. Lorsque l'armée faisait de vous un agent infiltré, elle vous apprenait autant à repérer ces tics comportementaux chez autrui qu'à vous même vous en dépolluer, changeant constamment, vous rendant capable de devenir quelqu'un d'autre du jour au lendemain sans accro aucun. Mais Ariane posait problème, ne correspondait pas complètement à l'une ou l'autre de ces catégories où, en temps ordinaire, chacun se retrouvait classé avec précision. Qui était-elle vraiment, une alliée par trop soupçonneuse, ou juste une femme comme un autre, inintéressante, à abandonner sans regret ? C'était sans doute cela le plus irritant : ne pas savoir, lorsqu'on avait soif de contrôle et faim d'action, tout devait être blanc ou noir, et se décider dans les plus brefs délais. Il n'existait rien de plus pénible que l'attente vous empêchant ne serait-ce que de programmer la suite des évènements, ne sachant de quel manière ce que vous aviez sous le yeux influerait sur l'avenir...

Dans la vaste salle se squash où résonnait encore l'écho des maints heurts entre les balles et le mur, ainsi qu'entre encore ces pauvres sphères et la raquette rageuse de miss Valentyne, une ombre se glissa, car même sur un bateau fantôme, il n'existait de repos pour les morts ayant par trop de fois titillé la roue du destin en s'en sortant trop bien. Bien sûr, Franz lui avait emboîté le pas, curieux de savoir où celle que Berlin avait peut-être envoyée pour l'épauler lui et son frère se rendait. Ne pas avoir son mari -ou pseudo époux- dans les pattes serait d'autant plus pratique pour l'aborder, quoi qu'à bien y réfléchir, même s'ils avaient été tous deux parfaitement seuls à bord du Titanic, l'approcher n'aurait de toute façon pas été une chose aisée, tant la belle tenait plus de la tigresse que de la colombe. Durant plusieurs longues minutes, l'Allemand l'observa passer sa rage sur des objets inanimés, sans retenue ni même tentative d'intériorisation. Pour sa part, Franz avait toujours préféré un bon sac de sable à boxer jusqu'à l'épuisement, l'exercice poussé à l'extrême étant doté de l'étrange pouvoir de décrasser vos pensées au point de les rendre limpides. Etait-ce cependant un bon point pour Ariane ? Car à peine Dreinberg statuait pour l'une ou l'autre des réponses, la passagère commettait un impair ou au contraire redressait la barre, le laissant à chaque fois un peu plus dans l'indécision. Et cela ne manqua pas d'advenir à nouveau : les cris hargneux de la joueuse, qu'elle devait penser connus d'elle seule, témoignaient potentiellement en la faveur de cette idée par moment tellement saugrenue voulant que cette seconde classe soit une collègue. Cependant, quel espion, même poussé à bout, en viendrait à ainsi se dévoiler, ne pouvant affirmer avec toutes les certitudes possibles qu'il ne serait point surpris ? La règle élémentaire dans ce milieu s'avérait plus que claire : ne jamais se faire prendre. Or, Ariane jouait ici avec le feu, pour tant est qu'elle fut bien de la maison.

Lorsque la balle rebondit trop fort pour que Valentyne puisse la réceptionner, une raquette derrière elle intercepta le projectile, le faisant rebondir sur le sol afin de freiner sa course. Ladite balle finit par s'apaiser, tel un fauve endormi, reposant pacifiquement dans la paume de Dreinberg.


-La précision vaut mieux que la puissance, miss.

Le conseil, innocent, indifférent, avait donné sans désir aucun d'obtenir une réponse, puisque de toute manière, la miss n'en aurait cure, son mauvais caractère la rendant particulièrement imperméable à toute incitation au bon sens, même justifiée, car dans l'opposition, elle rejetait tout avec humeur, le bon comme le mauvais, ce qui au fond lui permettait de se protéger efficacement...

-... Mais rien n'égale en revanche le travail d'équipe, conclut Franz, cette fois lui dédiant un énième sous-entendu, une des ces perches verbales par trop de fois repoussées ou demeurées incomprises.

Ce qu'il lui signifiait ? D'un, il comptait bien s'incruster dans sa partie, ne lui en déplaise. De deux, à quoi bon, si elle était bien envoyée par l'Allemagne, continuer à jouer autant sur la défensive ? Certes, les Dreinberg avaient toujours accompli leurs missions seuls, mais si jamais Ariane s'avérait bien ce que l'ainé de la fratrie croyait, ils seraient plus que jamais imbattables une fois réunis. Une notion que même l'esprit faible d'une femme pouvait comprendre...

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MessageSujet: Re: Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane}   Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane} EmptyMar 11 Sep - 14:45

Il existe des jours où l’on ferait mieux de rester blottie dans son lit et à ne pas sortir de sa chambre. Ce jour là était de ceux là. Après avoir subi des diplomates ventripotents et des traductions interminables, elle ne pouvait pas être tranquille quelques minutes, sans qu’on vienne l’ennuyer. L’avait-elle vue cette ombre se glisser derrière elle ? Non bien entendu, Ariane tout à son défoulement se concentrait sur la balle rebondissante aux quatre coins du court, et n’avait d’yeux que pour elle. Comment aurait-elle pu deviner que l’homme qu’elle voulait voir le moins à cette minute, l’avait suivie comme un rapace repère sa proie. Il semblait l’avoir prise dans sa mâchoire, comme un chien l’aurait fait à un chat pour ne plus la lâcher. Elle n’avait toujours pas compris la raison de cette attitude, son petit doigt lui disait que ça serait encore le cas aujourd’hui ‘hui.

Cela faisait plusieurs semaines que durait ce manège. Elle le voyait partout toujours les yeux plissés dès que son regard se posait sur elle, comme s’il voulait la deviner. Cette insistance la rendait prodigieusement nerveuse. Elle en avait fini par conclure qu’il n’était qu’un détraqué sexuel l’ayant repérée et désireux de la mettre dans son lit. La jeune femme était loin du compte, mais pouvait-on lui en vouloir ? Quelle femme n’aurait pas pensé semblable chose à être espionnée par un inconnu ? Elle le soupçonnait même d’être parvenu à rentrer dans sa cabine, il y a quelques temps. Rien n’avait été touché à l’intérieur mais elle l’avait croisé à quelques mètres seulement de la A.17 où elle vivait en compagnie de Maxim. Etait-il engagé par sa mère, la haïssable Yolanda, ou par son père, le lâche Jonathan ? C’était autant de questions qu’elle se posait, autant de soupçons portés à cet homme qu’elle fuyait comme la peste mais qui lui revenait toujours comme un boomerang peut le faire.

-La précision vaut mieux que la puissance, miss.

Et voilà ! Puisque la balle venait d’être interceptée, elle n’avait eu d’autres réflexes que de se retourner et de l’apercevoir là, en face d’elle. Aussitôt son regard s’était durci et si elle n’avait pas eu cette peur d’être seule avec lui, elle lui aura arraché la balle des mains. Que peut faire une femme contre un homme de cette musculature ? Toujours est-il qu’il avait une raquette à la main. Que croyait-il pouvoir faire ? Jouer avec elle ? Elle n’en avait aucune envie, mais s’il s’agissait véritablement d’un obsédé authentique, la dernière chose était de les contrarier. Cela dit elle n’était pas femme docile et son caractère bien trempé était déjà bien connu à bord.

- Madame, je vous prie.

Comment annoncer au cas où il ne le savait pas déjà, qu’elle n’était plus miss mais bel et bien mariée et que donc il n’obtiendrait jamais d’elle, le câlin érotique que sans doute il désirait ardemment.

- Je vous remercie de vos conseils, mais je ne visais pas la coupe du monde.

Elle s’approcha pour lui prendre la balle, lorsqu’il lui proposa ce qu’elle craignait au plus haut point.

-... Mais rien n'égale en revanche le travail d'équipe.

Pouvait-elle refuser ? Hélas non, le court était désert, personne n’aurait pu venir à son secours. Elle fit contre mauvaise fortune bon cœur et sans mot dire, l’invita à se placer au centre en sa compagnie. Elle cédait pour une seule raison, pouvoir se débarrasser de l’énergumène par la suite. Peut-être qu’après ce petit entraînement à deux, il trouverait une autre victime à placer au tableau de sa lubricité. Un coup de raquette puis dix, puis vingt, Ariane se surprit tout de même à constater qu’ils faisaient un beau tandem. Malgré son essoufflement, elle tenta de meubler la conversation entre deux pas de course.

- Est-ce que je me trompe ou ce n’est pas le hasard qui vous a conduit jusqu’ici ?

Elle connaissait très bien la réponse mais elle voulait le pousser dans ses retranchements. Elle arrêta à son tour la balle volante dans sa paume et fit face à son adversaire du haut de sa petite taille.

-Il faudrait être aveugle pour ne pas avoir compris vos motivations. Je sais pertinemment ce que vous voulez. Maintenant que vous m’avez retrouvée, vous allez pouvoir les rassurer, mais je vous préviens que je mets d’ores et déjà mes conditions.

Bien entendu elle voulait lui tirer les vers du nez par rapport à ses parents, persuadée qu’elle était, qu’il s’agissait peut-être d’un détective privé chargé de lui délivrer un message de leur part. Encore un pas de plus dans un quiproquo aux allures de casse tête chinois.
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MessageSujet: Re: Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane}   Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane} EmptyDim 21 Oct - 18:23



    « Notre méfiance justifie la tromperie d’autrui. »


    François de La Rochefoucauld






Franz n'avait jamais réellement eu un avis négatif sur les femmes ; en réalité, il s'en était même toujours un peu fiché, ce qui équivalait sans doute ne posséder aucun avis du tout. Certes, il y avait eu Kate, avec qui lui et son frère avaient eu à travailler par le passé, et devenue ce que l'on aurait pu nommer une "alliée" à bord du Titanic, si tant était qu'un pareil mot puisse avoir un quelconque sens dans le monde mensonger des espions, mais honnêtement, l'agente russe constituait l'exception confirmant la règle : le beau sexe et l'Allemand n'avaient pas vraiment été conçus pour vivre dans le même univers. Deux galaxies pouvaient cependant entrer en collision, choc forcé par certaines choses devant se produire. Oh, pour sûr, ignorer la recommandation de ses supérieurs aurait été si facile, tellement plus pratique : cette donzelle aurait continué son petit bonhomme de chemin, et lui-même n'aurait pas eu à perdre un temps si précieux en badinages sans résultats. Chienne de vie faisant que rien n'était jamais comme on l'entendait.

Ni même à la hauteur de quoi que ce fût. Qu'était-ce donc que cette infiltrée, tellement sur la défensive que son mal-être -sa crainte naissante ?- se devinait, pour un homme aguerri comme Franz, aussi aisément que la lumière d'un phare en pleine nuit brumeuse ? Un agent de la grande Allemagne ne devait trembler pour quoi que ce fût, même devant la mort. Ni la torture ni la menace ne devait parvenir à le faire plier ; il était un roc de flegme, prêt à mordre tel le serpent, en silence, dans l'ombre, en une fraction de seconde. Berlin lui aurait-il confié une novice, alors que lui et son frère voguaient sans doute vers la mission la plus capitale et la plus risquée que leur jeune agence ait jamais encore pu connaître ? Difficile à croire, et pourtant, il arrivait parfois à Dreinberg d'oublier à quel point Lukas et lui-même appartenait à l'élite de ces troupes sans existence officielle, ayant bénéficié des formations les plus poussées et réussis les tests les plus ardus. Ceux leur emboîtant le pas se montreraient forcément décevants comparés à eux ; il n'empêchait que si cette femme avait été correctement formée, se débarrasser d'un gêneur n'aurait pas dû l'émouvoir plus que cela, aussi frêle et petite soit-elle face audit importun. Encore faux également de ne pas se prétendre prête à atteindre plus que l'excellence : se contenter de peu n'était bon que pour les êtres médiocres et sans objectifs précis. Mais c'était vrai, bien sûr, la personne en face de lui n'avait pas plus de consistance qu'un personnage de théâtre, puisque la gentille épouse un peu caractérielle appartenait au monde des couvertures d'espions... Couverture protégée bec et ongles. Ôtant sa veste et relevant ses manches jusqu'en dessous du coude, l'étranger se plaça à ses côtés, penché en avant, la raquette roulant entre ses mains présageant de la dextérité dont il ferait preuve, tandis que son regard braqué sur le mur en face de lui témoignait de sa concentration. Un bref coup d'œil vers sa partenaire, suivie d'un imperceptible sourire -amusement ? certitude de gagner ?-, et le match s'engagea.

Avec fluidité, Franz lui renvoyait la balle aussi bien verbalement que physiquement, sans encore user de toute sa puissance, se déplaçant de manière preste et agile. Un professeur de langues appartenant aux troisièmes classes pouvait-il se révéler bon au squash ? Ma foi, sa condition physique d'espion rendait l'exercice simplissime, et un beau mensonge tout neuf expliquerait le pourquoi du comment.


-ça n'est pas le hasard, en effet, remarqua Franz avec un ton décomplexé, comme tentant d'apporter une touche d'humour à cette situation si pénible. Plutôt le couloir, en vérité. Est-ce un crime d'apprécier l'effort physique, à votre instar ?

Quel humour, mesdames et messieurs, il y en avait un qui avait raté sa carrière de comique professionnel. Avec un nouveau petit sourire se voulant amical -non mais on vous jure, tout ce qu'il fallait entreprendre pour plaire à ses chefs-, il tâcha de montrer patte blanche, l'appréhension de la miss ne constituant pas son but premier. Le match se poursuivait,

La suite du discours d'Ariane lui fit pourtant légèrement froncer les sourcils.

-Fort bien, dans ce cas, parlons peu parlons bien. J'aurais cru que vous auriez mené à bien vos petits arrangements sur le continent -nouvelle frappe, précise, un peu vicieuse du fait du rebond qu'elle produisit- mais si ce n'est pas le cas... Enoncez-les tout de même, bien que franchement, il vous faudra attendre d'avoir regagné l'Europe pour obtenir satisfaction.

Comme il se trouvait usant d'avoir à commercer avec des êtres si vénaux... Argent, gloire, statut social, pour un simple renseignement ou une faveur, il fallait parfois déployer des trésors d'imagination afin de proposer à d'éventuelles sources ou associés une récompense digne de les acheter. Parce que pour ces vermines, l'amour de la patrie ne valait rien ; c'en était détestable. Et comme pour bien asseoir sa volonté, Franz releva le menton, attitude d'autorité en imposant tout autant que le rythme de sa respiration, à peine plus rapide que naguère, alors qu'il ne s'était pas encore pris au jeu. Elle avait imposé une pause ; il ne lui laisserait aucun temps mort.
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MessageSujet: Re: Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane}   Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane} EmptySam 17 Nov - 16:43

" ça n'est pas le hasard, en effet. Plutôt le couloir, en vérité. Est-ce un crime d'apprécier l'effort physique, à votre instar ? "

Décidément cet homme au regard froid et dur la déroutait. Voilà qu’il s’adonnait à l’ironie et à l’humour. Si Ariane aurait pu en sourire et se sentir plus à l’aise en sa compagnie, le visage fermé de l’espion ne la fit pas s’hasarder à une réplique un peu plus amicale. Car à présent il semblait la fixer avec méfiance lui-même, et même peut-être une once de déception. Pourquoi ? Comment ? Qu’avait-elle fait pour cela ? Ariane ne savait plus que penser. Sans doute était-ce son jeu qui était loin d’être déplorable mais qui lui paraissait sans doute d’un niveau bien inférieur au sien. L'orgueil des hommes est ce qu'il est et la jeune fille devait bien l’admettre, l’allemand était d’une endurance physique redoutable. Chose qui ne la rassurait guère à vrai dire, si elle désirait s’échapper de cet endroit, il aurait été très facile de la rattraper. Ariane demeurait persuadée que son poursuivant n’avait pas à son égard des intentions très catholiques. Elle lui faisait donc face pour mieux lire en lui, afin de mieux percer ses intentions et son âme si tenté qu’il en possédât une. La tâche se révélait ardue à dire la vérité mais la détermination de la jeune fille restait intacte. Si l’homme avait été envoyé par ses parents, elle le découvrirait tôt ou tard. En attendant le duel persistait entre ces deux-là.

" Fort bien, dans ce cas, parlons peu parlons bien. J'aurais cru que vous auriez mené à bien vos petits arrangements sur le continent. "

Elle fronça les sourcils, assez incrédule. Cet homme n’était-il pas, tout au contraire, assez bien renseigné, au sujet des tensions exacerbées entre ses parents et elle-même ? Comment aurait-elle pu entreprendre un quelconque arrangement avec ces derniers ? Faisait-il exprès d’interpréter le rôle du parfait innocent pour ne qu’elle se doute guère de sa mission ? Peut-être attendait-il d’Ariane, qu’elle lui pose cette question qui lui brûlait tant les lèvres et ainsi d’en venir plus vite au but. Un but qui ne devait être que de la lancer sur ces rapports épineux afin qu’il puisse relater par le menu, tous ses propos aux intéressés. Un véritable jeu de chat et de souris, dans lequel la jeune Valentyne ne désirait guère chuter. Le bel allemand avait tort de la sous-estimer. La partie de squash pour l’heure n’était guère en sa faveur, cependant ce combat-ci ne l’aurait pas pour vaincue avant de s’être battue jusqu’au bout. Elle comptait mettre les points sur les i dès maintenant.

" Enoncez-les tout de même, bien que franchement, il vous faudra attendre d'avoir regagné l'Europe pour obtenir satisfaction. "

Sur ce point-là, l’homme n’avait guère tort et Ariane acquiesça, tout en avisant le coup vicieux que son adversaire venait de lui porter par un rebond de balle. Il aurait fallu en effet que tous puissent descendre de ce navire afin qu’elle puisse se sentir complètement délivrée et qu’elle puisse obtenir ENTIÈRE satisfaction. Mais ce jour n’arriverait jamais, car selon toute vraisemblance l’inconnu ne paraissait guère croire à leur mort à tous, elle prit donc pour de la simple négation des faits, cette allusion faite à leur retour en Europe. Elle ne se donna pas la peine de rétorquer quoi que ce soit à ce sujet, ouvrir un débat sur leur condition qu’était la leur n’était pas au cœur de leur conversation. Il fallait en revenir à ça et être ferme, le détective privé – si tenté qu’il le fût – paraissait croire que l’on allait pouvoir acheter son affection. Son ton ne lui avait guère plu, la pensait-il si aisée à manipuler ? Ses parents en étaient-ils venus au point de lui proposer une coquette somme d’argent afin de se réconcilier, afin de quémander son pardon ? Ça en était écœurant.

- Mes conditions sont bien simples, je ne veux guère avoir de contact direct avec eux, comme ils le savent pertinemment d’ailleurs. S’ils veulent me transmettre un quelconque message, je n’accepte que vous comme intermédiaire et vous pourrez leur signifier que tout l’argent du monde ne pourrait effacer leur inconduite à mon égard, je ne suis pas quelqu’un qui se vend, ils devraient pourtant connaître mon côté si entier. C’est ainsi, je suis liée à eux et je dois me faire une raison, ce n’est pas comme si on pouvait se débarrasser d’un claquement de doigts de ces gens, mais je ne veux pas avoir de rapports de près comme de loin avec eux. Est-ce clair ? Alors si vous venez m’offrir quoi que ce soit pour qu’ils rentrent dans mes bonnes grâces, vous pouvez emprunter le même couloir que tout à l’heure et qui conduit aussi bien à la sortie.

A parler à demi-mots tous deux en permanence pour ne pas laisser tomber la garde, le quiproquo engagé pouvait durer longtemps, tout comme le match d'ailleurs. Sa hargne à avoir été apparemment si mal jugée l’avait faite taper la balle qu’elle tenait jusqu'à présent dans la main, très violemment contre le mur. C’était à son tour de pratiquer quelques tours sournois dans cette lutte sportive qu'était la leur.

- Attention, vous avez baissé la garde monsieur ! A propos, comment vous appelez-vous ? Je voudrais connaître le nom de celui à qui je vais mettre une déculottée mémorable !

En vérité la partie était loin d’être gagnée et son partenaire était fort doué mais en matière de bravades, elle s’y connaissait. D’ailleurs un petit sourire s’esquissa sur ses lèvres et il était tout sauf angélique.
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MessageSujet: Re: Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane}   Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane} EmptySam 5 Jan - 20:26

Le petit air supérieure de sa potentielle collègue faillit presque lui arracher un sourire navré, presque. Aussi rebelle que soit son caractère, aussi prête soit-elle à braver l'autorité souveraine de son état-major, cette petite venait de se placer sous son commandement, volontairement, et s'imaginait qu'il allait se plier au moindre de ses caprices. Ne voyait-elle pas la contradiction évidente ? L'écueil qui tordait d'ores et déjà le cou à sa vision des choses ? Si la demoiselle s'imaginait pouvoir arriver comme une fleur au sein de leur équipe, et dicter sa petite loi, eh bien c'était que Berlin l'avait mal rencardée : les Dreinberg ne mangeaient pas de ce pain-là. Cependant, vous ne verrez point l'agent sortir de ses gonds, entrer dans une colère noir et jouer les dictateurs intransigeants ; la science de l'espionne vous apprenait la patience, la tempérance, et surtout à utiliser les émotions bien trop franchement affichées d'autrui pour les retourner contre lui.

-Peu m'importent vos états d'âme, remarqua simplement Franz. Ce seront les résultats qui m'intéresseront plus particulièrement.

Certes, en ayant gardé un œil sur la passagère, l'espion savait déjà dans quels cercles elle évoluait, et de quoi se composait la bulle d'illusions où avaient été intégrés faux amis et mari floué. Cependant, il désirait la voir réellement à l'œuvre, comme lui-même ou son frère pouvaient entreprendre dans l'espace limité et pourtant si vaste du Titanic, entre intrigues, entrée par effraction, et autres joyeusetés de la vie d'espion. Franz lui aurait bien d'entrée de jeu proposé -ou plus ou moins imposé avec tact, et de façon détournée- une mise à l'épreuve un peu plus corsé qu'un simple "babillage" de base, quoi que les meurtres à bord semblaient quelque peu complexes à mettre en place : une disparition se remarquerait, tant tout le monde finissait par connaître tout le monde à force de tourner en rond ; maquiller el tout en accident ou suicide devenait l'étape suivante inévitable, mais selon certaines rumeurs, ceux se jetant du haut du pont se retrouvaient comme par miracle à l'infirmerie... Dreinberg ne croyait absolument pas à ses fadaises, cependant, une petite voix intérieure l'encourageait à ne pas prendre le risque de vérifier la chose. Se faire démasquer, d'une façon ou d'une autre, ne serait pas un point positif... Et finir le voyage bouclé à double-tour dans une cabine vide reconvertie en cellule ne l'attirait pas le moins du monde.

-Vous avez été placée sous ma garde, et puisque ce qu'on vous a communiqué va dans le même sens, nous sommes donc tous au diapason, que ça vous plaise ou non : si cela est pour vous accepté, il n'est plus utile de jouer les demoiselles effarouchées ou rancunières. Nous n'avancerons aucunement avec de pareilles prises de position. Faîtes profil bas, ou quittez l'aventure, mais des atermoiements sur votre cas ne seront plus tolérés : je n'ai cure des ronds de jambe vous ayant placée ici, ils ne me regardent pas, et ne m'intéressent pas, tant qu'ils ne mettent pas en péril ce pour quoi j'ai embarqué sur ce vaisseau.

Ce serait la première fois que l'Allemand remettrait en cause une décision de sa hiérarchie ; cela ne l'effrayait pourtant en rien : Washington devait être atteint coûte que coûte, et toute menace potentielle venue d'une faiblesse de la part de leur équipe devait être tuée dans l'œuf. Le succès se révélait à ce prix, et Franz le voulait, oh, plus que tout : il ne vivait plus que pour ça depuis leur départ de France. Ce ne serait pas une gamine qui ferait tout capoter de par son désir d'émancipation auquel elle aurait dû songer avant de s'engager.

-Quoi qu'il en soit, j'imagine que je devrais vous souhaiter la bienvenue dans notre cercle... nota l'agent sur un ton laissant clairement sous-entendre qu'il en le ferait pas, leur équipée tenant plus du commando que de la promenade de boy-scouts. Je saurais où vous trouver, en cas de besoin.

Il inspira avant de continuer sur sa lancée, concernant les protocoles de base, des signaux différents laissés dans des endroits différents selon la situation, entre appel au secours, alerte ou mise en garde, mais il n'en eut pas le temps : dans un accès d'humeur pitoyable, la demoiselle avait lancé une balle qui, tel un projectile, avait failli lui arriver en plein visage. Réflexe quasiment inné, parade véloce, danger écarté. Trop rapidement pour un simple joueur du dimanche. Beaucoup trop rapidement pour un professeur lambda. Durant une fraction de seconde, le fauve avait percé sous l'homme, la machine de guerre sous le masque placide, rien de trop grave cependant, juste assez pour saisir qu'elle ne s'adressait pas à n'importe qui. Honnêtement, ces jeux futiles commençaient à le lasser.

-Inutile à présent de continuer à jouer votre personnage en ma présence ; contentez-vous d'amuser la galerie de votre effronterie, elle en sera ravie, et vous pourrez vous y complaire tout votre saoul, mademoiselle.

Peur de rien, peur de personne. Même à la mort, Franz avait ri au nez. ça n'était rien de plus qu'un aîné gourmandant un peu rudement une cadette de trop exubérante ; par chance, Lukas avait été un petit frère idéal, bien loin des débordements de sa collègue forcée.

-Vous pourrez m'appeler monsieur North. Et apprendre qu'il ne faut en aucun cas sous-estimer un adversaire dont vous ignorez encore la pleine et entière supériorité, ajouta-t-il avec un petit sourire fort semblable à celui d'Ariane.

Si le Titanic avait encore bel et bien flotté, on aurait pu parier qu'à eux deux, ils auraient pu le couler en moins de temps qu'il n'en fallait pour le craindre...
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MessageSujet: Re: Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane}   Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane} EmptyDim 20 Jan - 17:35

-Peu m'importent vos états d'âme. Ce seront les résultats qui m'intéresseront plus particulièrement.

Le corps d’Ariane se figea et sa mâchoire se crispa à cette riposte. Elle le fixait durement et même avec pitié. Cet homme était véritablement exécrable, il semblait même la détester pour une raison inconnue. Le ton condescendant qu’il employait avec elle, elle ne le comprenait pas mais sans doute leur différence d’âge devait jouer. Qu’était-elle sinon une gamine aux yeux d’un homme mûr et si sûr de lui, persuadé sans doute d’avoir tout vécu et tout vu ! A cet instant, elle ne pensait plus du tout, qu’il s’agissait d’un homme sexuellement détraqué mais bien d’un impitoyable détective privé. Sans doute n’avait-il que l’argent en vue, les billets de banque devaient tracer toute sa ligne de conduite. Un être froid et implacable, un ambitieux doublé d’un vaniteux.

- Pour les résultats, je vous conseillerais de vous accrocher ! Il se pourrait que vous en ayez mais pas vraiment ceux que vous voudriez.

Elle haussa les épaules tout en poussant un petit rire narquois. Elle se concentra à nouveau sur le jeu plutôt que sur cet individu, que décidément elle ne supportait pas. Sa première impression ne l’avait guère détrompée.

-Vous avez été placée sous ma garde, et puisque ce qu'on vous a communiqué va dans le même sens, nous sommes donc tous au diapason, que ça vous plaise ou non : si cela est pour vous accepté, il n'est plus utile de jouer les demoiselles effarouchées ou rancunières.

Ariane frappa la balle d’un revers de sa raquette et faillit s’étouffer, lorsqu’elle entendit les paroles de l’inconnu. Accepter d’être sous sa garde, se soumettre ? Mais savait-il, qui il avait en face de lui ? Elle ne s’était jamais abaissée à dire amen à ses propres parents, elle s’était rebellée au point de fuguer ! Alors de ça … Comment aurait-elle pu ne pas en être estomaquée ?

- Nous n'avancerons aucunement avec de pareilles prises de position. Faîtes profil bas, ou quittez l'aventure, mais des atermoiements sur votre cas ne seront plus tolérés : je n'ai cure des ronds de jambe vous ayant placée ici, ils ne me regardent pas, et ne m'intéressent pas, tant qu'ils ne mettent pas en péril ce pour quoi j'ai embarqué sur ce vaisseau.

S’arrêtant de jouer, Ariane arqua tout à coup un sourcil. La perplexité la gagnait. Mais de quoi lui parlait-il exactement ? On aurait dit qu’ils étaient finalement deux collègues de travail, discutant des conditions de travail et de son propre recrutement ! Entendait-elle bien ? C’était ridicule, elle ne le connaissait même pas. Pourtant au milieu d'un millier de personnes, peut-on connaître tout le monde ? Peut-être était-ce en effet un interprète lui aussi. Il avait un petit accent allemand si on tendait l’oreille. Ceci expliquerait cela, cette façon de la suivre depuis plusieurs semaines. Le milieu dans lequel ils évoluaient, était tel l’océan : rempli de requins. En effet, loin des apparences sophistiquées que leur imposait leur travail, les interprètes pouvaient en arriver à se combattre férocement pour décrocher un contrat juteux. Ils étaient parfois aussi bien payés que des banquiers eux-mêmes. N’était-elle pas elle-même attachée à des ambassadeurs sur ce bateau, à des diplomates, à des hommes d’affaires milliardaires ? Qui n’aurait pas vendu son âme au diable pour ne pas être à sa place et pour la lui prendre surtout ? Cet homme essayait-il de la prévenir que c’était le cas ? Qu’il faudrait faire bonne route avec lui, sinon ça serait contre lui ? Pour cette fois, la jeune Valentyne décida de prendre une attitude sage et ne se montra plus sur le qui-vive. En revanche, elle fit la moue quand d’un ton presque grandiloquent, il parla de ces soi-disant périls. Nous n’étions tout de même pas en guerre. Ceci dit, il fallait bien avouer que la situation sur le Titanic n’était pas reluisante et que les dangers étaient plus que jamais présents autour d’eux. Le Capitaine en était la preuve vivante.

-Quoi qu'il en soit, j'imagine que je devrais vous souhaiter la bienvenue dans notre cercle... . Je saurais où vous trouver, en cas de besoin.


Oui, il aurait dû lui souhaiter la bienvenue mais bien entendu n’en fit rien. Encore un de ces hommes d’un ancien temps méprisant la gente féminine. Cette manie sexiste était déplorable mais Ariane prit sur elle, malgré une féroce envie de lui assener une gifle cinglante.

- Je n’en doute pas, tel un vautour lorgnant sur sa proie, apparemment rien ne vous échappe.

Sa réponse était plus que jamais sarcastique mais sans doute ravirait-elle malheureusement son interlocuteur froid comme la glace.

-Inutile à présent de continuer à jouer votre personnage en ma présence ; contentez-vous d'amuser la galerie de votre effronterie, elle en sera ravie, et vous pourrez vous y complaire tout votre saoul, mademoiselle.

Cette fois, il allait décidément trop loin. Il ne serait pas le seul aujourd’hui à mettre les points sur les i. Sa patience était mise à rude épreuve avec cet individu.

- J’amuse peut-être la galerie, mais vous et moi savons très bien que mes talents ne s’arrêtent pas là. Sinon vous ne seriez pas là à me faire la conversation, je me trompe ? Peut-être même êtes-vous inquiet de me voir marcher sur vos plates-bandes, que je vous fasse de l’ombre ! Eh bien sachez que je n’en suis pas désolée ! Apprenez à digérer ! Je ne vous permets pas de remettre en question mes qualifications, sans doute pensez-vous que toute femme ne doit savoir que minauder, appâter la galerie pour réussir, ou même coucher … Je suis arrivée là où j’en suis parce que j’ai du mérite. C’est clair ? Si on doit travailler ensemble, pensez à vous en souvenir ! Sinon vous risquez de voir de quel bois je me chauffe !

Voilà les choses étaient clairement dites et son ton était plus que jamais ferme ! En effet, étant d’un naturel très machiavéliques dès qu’il s’agissait de faire du tort à ses propres parents et ceux qui l’avaient déçus, il ne faisait pas bon d’être son ennemi. Du haut de ses dix huit ans, son cerveau n’était pas en reste d’idées tortueuses. Comment aurait-elle pu deviner cependant avoir affaire à un agent secret ?

-Vous pourrez m'appeler monsieur North. Et apprendre qu'il ne faut en aucun cas sous-estimer un adversaire dont vous ignorez encore la pleine et entière supériorité.

Il recommençait avec ses grands airs arrogants, mais Ariane soupirant tout son sou préféra ne rien rétorquer sur le coup, à ce donneur de leçons.

- Moi c’est Violet Ashford.

Bien entendu, elle venait de donner son nom d’interprète-traductrice, celui qu’elle avait sur sa carte et qui donc différait de son nom officiel. Il n'avait pas à connaître le vrai après tout. Sans le savoir, la jeune fille s’enlisait dans des problèmes, dont elle n’avait pas encore pleinement conscience. Le quiproquo se refermait sur elle.

- Et ne vous en faites pas, je ne sous estime personne, contrairement à d’autres … J'aime qu'on me donne des conseils, mais j'apprécie davantage que ce soit de la part de quelqu'un qui les applique à soi même.

Elle fit quelques pas en direction des bords de la piste de squash, afin de reposer sa raquette. Ayant saisi la serviette qu’elle avait amenée, elle la passa autour de son cou afin d’essuyer la sueur dû au match.

- Je dois y aller, à bientôt donc, j’aurais bien dit au plaisir mais ça aurait été mentir !

Son collègue ne lui ferait pas changer son caractère de chien, cela il en était hors de question ! Qu’il lui plaise ou non, au contraire il devrait faire avec. Elle lui adressa un clin d’œil ironique et au pas de course, quitta les lieux. Qui avait remporté ce match, elle ne le savait pas et s'en moquait. Une seule chose était certaine, un combat bien plus important venait d’avoir lieu et tous deux, auraient encore sans doute beaucoup à perdre quand tout leur serait dévoilé.

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MessageSujet: Re: Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane}   Votre mission si vous l'acceptez est de vous faire tourner en bourrique ... {Franz & Ariane} EmptyVen 15 Mar - 19:16

Gagner ou perdre, une notion que personne n'aimait à débattre. Il y avait des échecs sans importance, comme celui de cette partie de squash -quoi qu'on ne puisse dire qu'il fût particulièrement dominé par sa concurrente, au contraire-, une simple façade, un jeu de gamins dont l'issue ne changerait ni la face de l'Europe, ni leurs histoires respectives. Et puis il y avait ces autres combats où l'on préférerait tout subir plutôt que la défaite ou avoir à demander grâce, poussé par un entêtement sombre, si sombre. Perdre la face avec elle ? Ah, quelle plaisanterie, même ses instructeurs lors de l'entraînement qui le métamorphoserait en parfait agent n'avaient réussi à le briser, malgré les coups, la torture, les réflexions désobligeantes. C'était à croire qu'il avait ça dans le sang, un gène particulier qui lui permettait d'imposer un "non" franc et massif à tout ce qui lui barrait le passage, que ce soit la douleur, cette passagère, ou même la mort, à qui il avait dit "pas aujourd'hui !". Il s'agissait d'une nature profonde sans aucun doute, plus qu'une décision consciente, qu'un trait de caractère : et si les âmes en fin de compte prenaient à la naissance la décision de ne s'en remettre qu'à leur propre force intérieure, et à maudire le reste de l'univers ?

Si le mur contre lequel leur balle frappait sans relâche ne portait aucune égratignure, rompu aux assauts des revers depuis l'inauguration du Titanic et les innombrables parties qu'il avait subi, la demoiselle, elle, laissait transparaître ses émotions, indécise, se voulant aussi imprenable que lui, mais plus impétueuse. S'ils avaient dû être deux animaux, lui aurait été un loup, glacial, mystérieux, quoi que trop coupé du monde pour pleinement le manipuler comme il le désirait, et elle une lionne, sublime, rayonnante, trop aveuglée cependant par la sensation de sa liberté de pensée pour voir que ses danses finiraient par la perdre. Oui, Berlin avait eu bien de l'humour de les rassembler, du moins telle aurait pu être une réflexion qu'aurait pu se faire Franz, sachant que Berlin avait bon dos, ce grand absent injoignable par radio et qui, en fin de compte, n'avait rien à voir là-dedans. Feu et glace, nuit et jour, blanc et noir ! La nature, prolixe de contraires, nous aurait permis de filer la métaphore jusqu'à la fin des temps, sans parler de cette opposition si basique, intrinsèque et biologique qu'était leurs sexes respectifs, l'éternelle dualité biblique qu'Ariane condamnait, sans réaliser que toute une société depuis des siècles reposait dessus. Bouleverser les codes, réinventer le monde ? Illusion de péronnelle : l'humanité ne faisait que se répéter sans arrêter, tel un disque rayer, et la meilleure preuve en était la guerre à venir, plus sanglante et plus globale que tout ce qui avait été connu jusqu'alors. De quoi captiver le "vautour" :


-C'est mon métier, mademoiselle, lui répondit-il avec un demi-sourire, comme s'amusant d'être aussi exécrable à ses yeux. Et le vôtre aussi, ce me semble.

Le bel héroïsme, encore un truc de bonne femme, une invention d'écrivain : pour œuvrer pour sa patrie, survivre et triompher, il était plus que nécessaire de salir les mains, les plonger jusqu'aux coudes dans le sang, les larmes et la sueur : ça n'avait rien d'un joli rôle, ça non ! C'était même d'ailleurs pour cela que l'espion avait trouvé pour le moins étrange de se voir affublé d'une coéquipière, en plus de son frère cadet : ce genre de précieuses petites choses ne supportait en général pas les sacrifices et les exactions allant de pair avec l'espionnage, avec tout domaine en rapport avec l'armée. Secrétaire, à la limite... À quoi bon s'acharner contre la nature ? Avoir le choix ne se révélait pas toujours être quelque chose de désirable et de superbe, car quand on vous ôtait cette liberté, un bien aigre manque vous prenait à la gorge... Du genre à vous faire regretter de suivre tellement au pied de la lettre les vœux de vos supérieurs, alors que débarquer cette touriste, véritable espionne ou non, le tentait assez. Ce ton si insolent... Où avaient-ils trouvé cette fille ? Une prostituée de la haute tombée sur un cas gênant, et à qui on avait proposé cette alternative, à moins que pour sauver sa tête, elle ne se soit portée candidate ? La thèse de l'agent étranger retourné tenait peu, à moins que les pistes ne tâchent de se brouiller avec cette attitude enfantine. Quoi qu'il en soit, mieux valait laisser couler sur lui ces caprices enfantins, en attendant ses "prouesses". Serait-ce un baume suffisant pour son égo de mâle que d'imaginer mille et une façons de se débarrasser de son cadavre ? Oh, le pseudo-mari remarquerait son absence, il faudrait donc s'occuper aussi de lui. Lequel des deux choisirait Lukas ? Son aîné lui laisserait la liberté d'élire son favori, supprimant celui qui resterait, comparant sa méthode à celle de son frère, à l'image de deux serial killers admiratifs l'un de l'autre, quoi que jouant en solitaires.

Et elle abandonnait la partie, pour mieux se concentrer sur leur duel oral, comme pour rassembler son énergie afin de dégoter un ultime pied de nez afin de se tirer de là avec maestria. Chante, chante, petit oiseau... Ton cou est fragile, ton chant peut cesser bien vite. Et elle parlait de mensonge ! Alors que clairement, de sa fausse identité abandonnée avec détachement, Dreinberg n'était pas dupe, lui qui avait déjà commencer à s'immiscer dans son univers au mépris des lois, tandis que la jeune femme croyait encore jouer selon les règles d'un jeu classique, quoi que révulsant. La tromperie aussi appartenait aux rouages de base, même entre collègues, êtres de la nuit sachant à quel point l'âme humaine avait la capacité de se faire retorse. Mais Dreinberg la laissa partir, méditant un instant après sa disparition, tout en reposant sa propre raquette : il lui fallait à présent remonter, et signaler à Lukas qu'il désirait lui parler ; un rendez-vous serait fixé, au fin fond du pont Orlop ou dans leur cabine au petit jour, afin de statuer sur le cas de Violet, puisque tel était son pseudo. Son frère, de bons conseils, prendrait peut-être alors le relais pour la surveiller, lui que la belle ne connaissait ni ne suspectait, afin que Franz prenne un peu de distance, maître d'orchestre d'une bande au final mal assortie. Sur un bateau maudit, quoi de plus délicieux cependant !

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