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 Un petit air de famille. ♣ Joseph & Odon

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MessageSujet: Un petit air de famille. ♣ Joseph & Odon    Un petit air de famille. ♣ Joseph & Odon  EmptySam 20 Oct - 21:16

Joseph Earnshaw & Odon Black
Un petit air de famille.
 
△ everleigh




Cet après-midi là, je n'avais pas grand chose de prévu à faire. Georgiana était en compagnie de son amie Bridget, et je comprenais tout à fait son désir d'entretenir ses liens avec ses amis. Je savais qu'elle ne voulait pas précipiter les choses entre nous et il était compréhensible qu'elle aie un peu de mal à s'habituer à notre relation. Il faut dire que nous n'étions ensemble que depuis quelques jours, même si je l'aimais depuis des mois. Pour ma part, je voyais les choses différemment. Je voulais passer chaque seconde qui s'écoulait à ses côtés, je voulais vivre notre amour avec passion, sans limite. Mais je comprenais la prudence de Georgiana. Elle avait été blessée en amour, et préférait suivre sa raison, ne point précipiter les choses, pour éviter d'avoir à nouveau des regrets. Elle n'avait rien à craindre car j'étais incapable de la faire souffrir...Mais je la respectais et restais patient.
Puisque cette fois je ne pouvais passer l'après-midi en compagnie de Georgiana , je décidais donc d'aller faire un tour au fumoir. J'aimais cet endroit et j'y étais assez habitué. Suite au naufrage, j'avais d'ailleurs passé d'innombrables soirs là-bas, à penser à elle, avant de retrouver sa trace.
J'aimais cet endroit car il était parfait à la fois lorsque l'on désirait être seul devant un bon verre de brandy, ou au contraire, lorsque l'on désirait discuter avec d'autres hommes autour d'une partie de carte en fumant cigare sur cigare.

J'entrais donc dans la pièce, et remarquais qu'apparemment, plusieurs autres hommes avaient eu la même idée que moi. Je m'installais au bar sur un tabouret libre.
A ma droite se trouvait un homme, qui fumant un cigare, était en pleine discussion avec un autre homme, qui resté debout, s'appuyait sur le comptoir. A ma gauche, devant un verre d'alcool, était assis un autre homme que je ne connaissais pas davantage. Je devais l'avoir croisé une fois ou deux, et si mes souvenirs étaient bons, il faisait partie de l'équipage. Je lui adressais un bref sourire courtois en m'asseyant, et me retournais ensuite vers le barman.
- Un Jack Daniels, commandais-je.
Le barman me servit ce que je lui avais demandé et posa mon verre devant moi. Voulant assembler les plaisirs de l'alcool et de la cigarette, je portais ma main à la porte intérieure de ma veste où se trouvait ma boîte à cigare. Et par mégarde, mon coude heurta le verre de mon voisin de droite et se renversa sur le comptoir.

- Oh toutes mes excuses ! Qu'est ce que je peux être maladroit !, lui dis-je. Monsieur, appelais je, regardant le barman, Je vous en prie, servez un autre verre à ce monsieur, et mettez cela sur ma note, lui demandais je. Je lui devais bien cela, c'était la moindre des choses pour réparer ma maladresse.


Dernière édition par Joseph P. Earnshaw le Mar 23 Oct - 21:52, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Un petit air de famille. ♣ Joseph & Odon    Un petit air de famille. ♣ Joseph & Odon  EmptySam 20 Oct - 22:19

« Tu t’es barré comme ça, comme la fumée d’une clope »
Dans l’obscur d’une belle cabine, un homme se tourne encore et encore. Son lit est du béton, immense étendue de transpiration et de mauvais souvenirs. Elle se dresse là, au loin dans une lumière blanche et épaisse, sa beauté le ravage, et il brûle de ne pouvoir apposer ses mains sur ce visage si grandiose, il rêve de la dévêtir et de se livrer aux actes qui feraient de lui l’homme qu’il était. Désirs ravagés, il contemple sa femme qui n’a pas changé. Son chapeau, sa robe ample qui marque ses formes somptueuses. Qu’elle est belle, qu’elle rayonne, qu’il a envie d’assouvir son désir le plus ultime, celui d’être avec elle pour l’éternité.

Il maudit le vent, il maudit la vie de lui avoir pris sa femme à jamais. Il maudit la vie, il maudit la mort. Il se maudit d’avoir pris ce bateau. Il se maudit d’avoir tué involontairement sa fille, il se sent mal. Rien ne peut le soulager que sa propre mort. Il rêve de mourir véritablement, de flâner dans les prairies vastes du Paradis ou de toucher les flammes infernales du châtiment, dans les étroites rues de l’Enfer. Mais il n’est dupe et il le sait. L’Enfer, c’est ici, sur la proue de ce bateau, dans le bar de ce navire, dans les cabines de ce vaisseau.

Ils avaient des rêves, il avait son dessein. Sa vie était tracée, sa vie allait être la plus belle, et sa fille finirait bien par retrouver le chemin de la raison, celui qui l’éloignerait définitivement des mauvaises gens. Elle serait toujours aussi belle, elle serait aussi parfaite que sa mère, et à son tour, elle partirait pour se marier, elle donnerait deux ou trois petits enfants à Odon, et ce dernier, dans sa maison de campagne aux alentours du Loch. Il avait un plan pour sa vie future, et il s’éteindrait sur des complaintes dramatiques, sur un air de Bach ou de Mozart, un Requiem ou une Flûte Enchantée. Il n’y aurait pas de noir, pas de triste à son enterrement, juste quelques robes d’un rouge pourpre et deux ou trois putains pour rendre le moment agréable.

Au lieu qu’un Dieu imaginaire trace sa vie comme il le souhaitait et qu’il puisse enfin retrouver la paix auprès de sa donzelle, le Seigneur impossible avait décidé de les faire périr à tous sur ce navire. Pourquoi ? Avaient-ils défié le Puissant en tentant de relier les Etats-Unis par la mer ? Cela ne plaisait donc pas à ce type que l’Atlantique soit bravé par de géniaux ingénieurs, par des pilotes expérimentés ? Non, et le co-capitaine avait compris bien trop tard que ce pauvre dirigeant avait la soif cupide que l’on pouvait lire chez les fous. Et cette façon de voir, il l’avait comprise avant même que le RMS Titanic, navire aux dimensions extrêmes, que ce dominateur des flots ait percuté le bloc de glace qui allait signer la fin de tous. Non. Il l’avait su depuis qu’ils avaient quitté le port, lorsque cet homme ne laissait aucune donnée de la navigation à son adjoint et qu’il se contentait de le congédier pour boire une quelconque bière germanique ou pour abuser de pommes rouges.

C’était ainsi qu’Odon avait su que cette croisière n’allait pas être de tout repos et que tôt ou tard, un accident allait arriver, et par cette nuit froide, alors que la plupart des badauds dormaient et que d’autres étaient entrain d’engloutir des paquets de cigarettes, l’impact n’avait pas pardonné lorsque le vaisseau n’était plus en mesure de manœuvrer face au bloc de gel immense qui se dressait devant eux, et ils avaient sombré. C’était la dernière chose dont il se souvenait, après, il s’était réveillé comme si tout était normal, mais il avait compris rapidement que quelque chose n’était pas normal. On ne pouvait résister à un choc comme celui-là.

« Aux génocides qu’on nous vend, à nos consciences nos tremblements » Il s’était exprimé à voix haute, alors que le rêve réaliste de sa femme venait de s’évaporer de nouveau. Il n’avait aucune envie de sortir, de voir ces pauvres gens qui comme lui étaient incapables de faire le bien, incapables même de penser. Il devait trouver sa fille, surveiller un peu ses fréquentations, mais il remettrait cela à plus tard. Il y avait quelque chose de plus grave à faire, ce Black Betty qui lui manquait, ce goût aux lèvres qui n’était étanchable que par le liquide douçâtre et sureau qui coulerait au fond de lui. Sa vie ne comptait plus qu’un seul brin de réconfort, au milieu de tous les problèmes qu’il rencontrerait pour l’éternité, puisque tous les levés du jour ne se levaient plus, c’était Black Betty, plus communément connu sous le nom de Whisky. Il s’était renfermé sur lui-même et ne parlait plus beaucoup, muet, sous la pression de l’alcool, en revanche, il devenait bavard, franchement pipelette.

Il avait pris soin de sa tenue, son uniforme d’équipage impeccablement repassé, son képi de co-capitaine, sans oublier ce qu’il trainait toujours avec lui, une chaine à la petite photo de sa femme. Il était presque paré à partir, après avoir révisé les boutons de manchette de sa veste en velours, il fut enfin paré à sortir. Lorsqu’il traversa les couloirs étroits, il rencontra du monde, des gens riaient. Comment est-ce que l’on pouvait encore rire en de pareilles circonstances ? Il attrapa un paquet de cigarette et une allumette dans la poche large de son pantalon, et la grilla. Il stoppa là quelques instants, en pensant à sa vie, à ses amours et à sa perte. Lorsqu’il sentit le besoin trop présent d’alcool en lui, il termina sa course et arriva dans le bar. Presque vide, le serveur livide faisait mine de nettoyer le comptoir. Odon s’en approcha d’un pas décidé, un peu comme si son pas était motivé par une violence extrême et invisible. Il aurait pu tuer si ils n’étaient pas tous morts… Il commanda un double Whisly , l’avala d’une traite, et lorsque le serveur lui apporta le second, un type s’approcha sur la gauche et commanda également quelque chose qui ressemblait à Betty. Alors qu’il alluma une autre cigarette, il sentit un liquide pénétrer son pantalon, et son uniforme. Avant qu’il ne puisse réagir, l’homme s’excusa et lui offrit un autre verre. Odon le regarda d’un air méchant, vicieux :

« Vous ne connaissez pas le sens d’attention ? En fait, qu’est-ce que vous foutez ici, vous avez pas la gueule de l’alcoolique de base. »
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MessageSujet: Re: Un petit air de famille. ♣ Joseph & Odon    Un petit air de famille. ♣ Joseph & Odon  EmptyMar 30 Oct - 12:34

- Vous ne connaissez pas le sens d’attention ? En fait, qu’est-ce que vous foutez ici, vous avez pas la gueule de l’alcoolique de base.

Le ton employé par mon interlocuteur n'avait rien d'amical, ce qui ne m'étonnait pas. J'aurais surement réagi de la même façon si j'avais été à sa place. Habituellement, je ne tolérais pas que l'on me manque du respect, mais je préférais cependant garder mon calme cette fois, et faire abstraction de cela...Cet homme avait l'air assez déprimé et il me semblait même fort probable qu'il aie déjà vidé plusieurs verres, ce qui expliquerait son impulsivité. Et puis, je n'étais pas venu chercher les ennuis.
Je n'avais pas la gueule "d'alcoolique de base", selon lui. Il avait raison, je n'étais pas dépendant. Cependant je buvais quand même de manière assez habituelle, avec modération certes, mais en sachant apprécier un bon verre de whisky. Son attitude me laissait penser qu'il disait cela car il était lui-même alcoolique, et voyait donc avec facilité que je ne l'étais pas. Il faut dire que, quelqu'un qui entre dans le fumoir souriant et détendu, n'est pas en effet l'image que l'on se donne d'un " alcoolique de base.", puisque les dépendants à la boisson, trouvent bien souvent dans leur verres, une façon d'oublier leur tristesse et leurs problèmes...

-Je suis un habitué de ce lieu., répondis je, préférant donc rester courtois. Vous savez, il ne faut pas nécessairement être alcoolique pour aimer l'alcool. On peut l'aimer sans en avoir sans cesse besoin et...je pense que c'est mon cas, répondis je. Et vous, pourquoi vous buvez ? Ajoutais je.

J'espérais qu'il ne perçoive pas ma question comme trop indiscrète car j'avais demandé cela dans le simple but d'engager la conversation. Mon interlocuteur avait peut-être besoin de parler de ses problèmes ou simplement de discuter avec quelqu'un.
Certaines personnes sur le paquebot devaient se sentir fort abandonnée. J'avais la chance d'avoir Georgiana, mais si je ne l'avais pas rencontrée, j'aurais moi-même probablement eu du mal à accepter la situation.



[HJ : Désolé pour le temps de réponse, je n'ai pas eu internet ces 5 derniers jours. Et désolé pour la qualité de ma réponse, elle est très courte et assez médiocre mais voilà, mon inspiration n'était pas au rendez vous aujourd'hui x) J'essaierais de faire mieux la prochaine fois Smile )
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