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Héloïse se retournait et se détournait sans cesse dans ses draps, ne parvenant pas à trouver le sommeil. La jeune fille souffla de dépit, les couches des troisièmes classes étaient vraiment des plus inconfortables. Pourtant, ce n'était pas ce qui l'empêcher réellement de dormir. Une autre chose lui tourmentait l'esprit. Depuis un an c'était ainsi, et heureusement qu'ils étaient déjà morte, car sinon elle aurait bien pu mourir de fatigue. Chaque jour était un nouvel échec. Elle avait beau courir après Jack, le supplier de l'écouter, il se dérobait toujours à elle, refusant de l'écouter. Chaque refus essuyé était une nouvelle fêlure dans son coeur, toutefois, ce manège durait depuis maintenant un an. Elle ne parvenait pas à s'en séparer, elle devait lui parler, lui expliquer. Elle ne supportait pas qu'il la voit comme un monstre et une étrangère alors qu'ils s'étaient tant aimés. La jeune blonde comprenait qu'il se soit senti trahi, mais comment aurait-elle pu lui dire au cours des si belles années qu'ils avaient passé ensemble ? Un meurtre ne s'avoue pas aussi facilement, surtout qu'elle voulait s'éloigner de son passé.
Et puis il a avait cette sale peste de Lydia, la soeur du Jack, qui ne manquait jamais de répandre son perfide venin dans les oreilles de son frère. Ses paroles étaient pires que du poison. Héloïse aurait bien écrasé cette punaise. Pourtant ce n'était pas elle qui avait commencé à la détester. Dès le premier instant où elles s'étaient rencontrées, Lydia l'avait immédiatement haïe mais la blonde n'avait jamais pu en connaître les raisons.

Agacée en songeant à cette peste, Héloïse rejeta violemment sa couverture et s'extirpa promptement de son lit. Tout à coup, elle avisa la personne qui partagée la cabine avec elle et espéra ne pas l'avoir réveillée. Comme cela ne semblait pas être le cas, elle attrapa un chandail et sortit de la chambre, avec plus de discrétion. Elle avait besoin de prendre l'air et de fumer un peu pour évacuer tout son stress. Elle serait bien allée voir Peter qui savait toujours la réconforter, mais il était tard et elle avait peur de devenir un poids pour lui. Elle se résigna donc à arpenter le pont toute seule, néanmoins, elle espérait rencontrer le lord durant son errance, comme lors du premier soir à bord du Titanic. Cette rencontre avait été inattendue. Elle ne l'avait pas vue depuis tant d'années. Autrefois, il avait été son fiancé. Elle serait déjà mariée avec si elle n'avait pas tué Henri.

Elle s'alluma une cigarette et laissa la première bouffée qui s'échappa de ses poumons s'élever dans le ciel, comme si elle avait voulu qu'elle touche les étoiles. Il ne faisait pas froid ce soir-là, mais un vent marin s'était tout de même levé et faisant danser ses cheveux blonds autour d'elle. Tout à coup, elle aperçut une personne accoudée au bastingage. Elle pensa tout de suite à Peter, mais en s'approchant, elle reconnut la silhouette d'une femme dans la nuit. La passagère sursauta soudain, comme si elle venait d'avoir une vision d'horreur dans l'océan noir d'encre. Dans son geste, elle avait fait tomber sa cigarette. Elle en chercha une nouvelle dans sa pochette, mais apparemment, celle qui venait de finir à la mer était sa dernière.

Héloïse s'approcha lentement, pour ne pas trop la surprendre

"Le noir exacerbe toujours nos peurs et nous fait parfois voir des choses qui n'existent pas."

Puis elle lui tendit son étui à cigarettes qui était ouvert.

"En voulez-vous une mademoiselle ? offrit-elle. J'ai vu que vous aviez fait tomber la vôtre à la mer."