Voila trois jours que j’avais décliné les invitations de jeunes filles de première classe, ne supportant plus le fait d’être pouponné et tenté d’être formé à leur instar, j’étais fatigué de leurs cours de bonne conduites. Je trouvais cela très instructifs, mais au bout d’une heure je décrochais, je ne serais jamais celui qu’elles voudront, avant ma mort nombreuses furent celles qui tentèrent l’expérience et il en avait résulté ma fuite. J’avais la volonté d’apprendre de nouvelles choses, mais pas de devenir quelqu’un d’autre. Et c’était en sortant du salon de lecture où j’avais passé une paire d’heure à apprendre l’anglais avec ma bienfaitrice, j’avais appris de nouveaux mots et cela ne fut pas une mince affaire. Quand je fus enfin libéré je poussais un cri de joie en ma langue maternelle qu’était le roumain ce qui me valut un regard de travers de chaque lecteur présent dans la pièce. Je sortais de l’endroit sous l’œil amusé de mon professeur qui reprit sa lecture. A peine eus je fais quelques pas dans les couloirs que je fus abordée par une jeune femme qui m’invita à faire un tour dehors. J’acceptais ne trouvant pas d’excuses pour m’éclipser. Nous sortions et je me retrouvais assis à la terrasse devant une bonne tasse de chocolat chaud, deux amies de la jeune femme nous rejoignirent. Elles parlaient beaucoup, un peu trop d’ailleurs. Et puis parfois, elles me posaient des questions pour me faire participer à la conversation, elles gloussaient à chaque fois que je trébuchais sur un mot, me trouvant « craquant », j’avais plutôt l’impression qu’elles se paient ma tête. Je demeurais silencieux un long moment, j’observais les passants avec intérêts, j’aimais beaucoup observer les gens en général, je les trouvais tous particuliers et j’en apprenais beaucoup sur eux sans vraiment comprendre ce qu’ils disent. Les jeunes femmes reportèrent leur attention sur moi « Andreï. Ce n’est pas une tenue voyons. » elles éclatèrent de rire alors que je me redressais car j’étais complètement avachis sur ma chaise, je me sentais assez gêné quelques secondes sentant les regards poser sur moi. Je leur adressais un faible sourire, puis les bavardages poursuivirent « Andreï, seriez vous là pour le brunch de mardi ? »... Tout à coup mon regard se posa sur un visage familier, une première classe pas vraiment comme les autres, un sourire se dessina sur mes lèvres, ainsi qu’un espoir de faire autre chose qu’écouter des leçons de bonne conduite. Je levais le bras pour lui faire signe en m’écriant tout naturellement

« Salut Constance ! »

Probablement m’étais tenue sage beaucoup trop longtemps pour faire attention à ce que je faisais. La jeune femme à la droite me donna une légère tape sur l’épaule indignée « On n’interpelles pas les gens comme cela voyons ! Et puis ce sont les pauvres qui disent ‘Salut’, nous disons ‘bonjour’. » Je tournais mon regards azur sur la jeune femme et je lui répondais amusé

« Moi, je suis pauvrrre. Alorrs je dis salut ? Je vais lui dirrre salut de plus prrrès ! »

Les joues de la jeune femme s’empourprèrent de honte ou de colère, puis je me levais leur faisant une petite courbette qui était sensé être une révérence et je m’en allais rejoindre la jeune femme aux rempares en manquant de rentrer dans une noble assez imposante qui me fusilla du regard, je lui faisais la même petite courbette ridicule ce qui fit éclater les jeunes femmes que je venais de délaisser soit disant pour saluer Constance, mais je n’avais pas l’intention de retourner auprès d’elles. La noble poursuivis sont chemin après m’avoir jeté un regard méprisant, je rejoignais Constance avec le sourire aux lèvres, celles-ci semblait amusée par mes gaffes à répétitions, je n’en pouvais plus, j’avais besoin d’être à nouveau dans mon élément.

A peine eus je réussis à me frayer un passage mon regard azur se posa sur Constance qui avait porté sa main sur ses lèvres pour masquer son rire. Je lui adressais un large sourire alors qu’elle me prit dans ses bras, je fermais les yeux quelques secondes puis je déposais un baiser du bout des lèvres sur le haut de sa joue. Je ne doutais as que les demoiselles à la terrasse allaient être choquées de ce geste, déplacé ? Mal poli ? Pff, pourquoi ne pas être naturel de temps en temps ? Pourquoi ne pas nous prendre dans les bras si l’envie nous prenait ? Pourquoi ne pas nous interpeller bruyamment si la personne se trouve loin ? Pourquoi utiliser quarante fourchettes au lieu d’une seule ? Pourquoi fallait-il laisser quelque chose dans le fond de son assiette pour ne pas paraitre goinfre alors que vous avez encore faim ? Beaucoup de question que je ne cesser de répliquer à ses femmes qui voulaient faire de moi un homme « parfait aux yeux de la société », mais je n’avais pas envie de tout ça, j’en avais souvent eu l’occasion par el passé et j’avais préféré ma vie de vagabond à la bien-aisances. J’avais préféré la liberté qu’à l’opulence. J’observais la première classe rire, elle était rayonnante, comme toujours. Je souriais en l’écoutant s’annoncer être ma sauveuse avec un clin d’œil. Je m’adossais contre la rempare, ce n’était pas une tenue mais je m’en fichais j’étais bien installé et je devais avouer avoir mal au dos à force de me tenir droit comme un piquet depuis le début de la matinée.

« Je me souis fait pé... Pèger ? Piè... Piéger ? »

Un passant me jeta un regard de travers en entendant mon accent, je haussais les épaules puis reportais mon regard azur sur mon amie. J’avais l’impression qu’on me prenait pour un enfant qui ne savait rien. Je n’étais pas un idiot, avoir une autre éducation ne signifiait pas être un demeuré, et j’étais bien plus âgé que la plus part des jeunes femmes qui me courtisaient et voulaient jouer les « formatrices », c’était trop tard pour m’inculper quoi que se soit. A la trentaine, mon caractère était déjà forgé, et je ne voulais pas attraper les défauts des nobles, je me sentais bien ainsi et elles profitaient que je ne comprenne pas tout ce qu’il se passe autour de moi, mais je n’étais pas naïf et j’avais très bien vu ce qu’elles tentaient de faire de moi. Un parfait petit anglais. J’aimerais certes ne plus avoir cet accent roumain et comprendre ce qu’on disait autour de moi, mais je ne voulais pas devenir comme eux non plus. Je tenais bien trop à ma liberté, à mon identité. J’observais Constance me tendre une petite fleur en me faisant les yeux doux, je pus m’empêcher de rire en prenant entre mes doigts la fleur avec délicatesse tout en répondant à la jeune femme

« J’ai passé la matin à prrendrre des leçons. Ma tête va exxploser je crrois. »

Un homme arriva du bout de la balade accompagné de sa femme, il semblait parler de tout et de rien, mais surtout de rien de toute évidence vu le désintérêt de sa femme de ses dires. Et quand il passa devant moi il me traita de vermine, je fronçais légèrement le sourcils ne comprenant pas vraiment ce que cela signifiait, mais je me doutais qu’il m’insultait, comme la plus tard des gens de première classe à vrai dire, j’avais fini par m’y habituer même si selon moi personne n’avait le droit d’être ainsi dénigré et qu’on avait tous le droit au respect, il arrivait un stade où j’étais fatigué de débattre dans un langue que je ne maîtrisais pas des valeurs dont les gens se fichaient pas mal. En tournant mon regard bleu vers Constance je lui répétais le mot « Vermine ? » d’une voix interrogative ce qui fit avoir un léger hoquet de la femme de ce noble personnage qui prit l’insulte pour son mari.

Constance m’affirma que c’était bien « piégé », puis elle ajouta que c’était ce qu’il en coutait d’être beau, je dessinais un sourire amusé à cette remarque. Ma famille (sauf ma mère et deux de mes sœurs) m’avait toujours dit que j’étais quelqu’un de banal, mon père avait vu en moi un moins que rien, une bouche à nourrir. Je n’étais pas aussi fort que mes frères, je ne servais donc à rien à la ferme. Aussi mes frères m’avaient toujours mené la vie dure, j’étais trop naïf selon eux, et bien j’avais fini par partir de la ferme. En Roumanie, j’avais toujours été banal, mignon tout de même. Mais des types comme moi, il y a en avait à tous les coins de rues me disait mon tout premier employeur qui m’avais sacrément bien arnaqué. C’est dans les autres pays que j’avais acquiert une identité, j’étais un étranger. Et l’étranger était différent de tous les autres. Parfois on disait encore de moi que j’étais banal, à conditions de trouver que les personnes doté de gentillesse soit une personne banale. Si la gentillesse était la banalité, il y avait beaucoup d’hommes et femmes hors de commun. Avec le temps j’avais appris que ceux qui agissent dans la bonne voie, passaient inaperçus aux yeux des autres, ceux qui possédaient de vraies qualités humaines étaient ignorées. Et les pires ordures étaient au centre des intentions. Aussi, à bords du Titanic, j’avais choisi mes amis par leurs valeur et non pas par leur porte feuille comme bon nombre devait le penser de moi, certes je trainais souvent sur les ponts de seconde et de première classe, ce n’était pas ma place. Mais des gens c’étaient intéressés à moi, je préférais en ignorer certains comme cette Katherina Dashwood qui cachait bien son jeu, mais avec moi ; il était inutile de mentir, j’étais un étranger pas un idiot.

La jeune femme s’approcha de ma tête pour voir s’il n’y aurait pas une fissure quelque part, sait-on jamais. Elle plaisanta en parlant assez lentement pour que j’aie le temps de traduire tout cela en roumain dans ma petite tête. Je lui en été reconnaissant pour cela d’ailleurs. Elle me félicita pour mes efforts à m’intégrer sur le Titanic, on m’insultait de toute part parce que je n’avais rien à faire ici, mais il n’y avait que dans les classe supérieurs que j’avais rencontré des gens qui voulaient m’aider sans rien me demander en retour. Car évidement, les propositions étaient diverses et variées un peu plus bas et j’avais déjà eu quelque surprise. Mais voila, j’avais trouvé deux personnes de confiance, qui m’aidaient car c’était pour elles une façon de se racheter après là mort. Ils ne me demandaient rien en retour, seulement que je m’améliore.

Quand je questionnais la jeune femme sur l’insulte qu’on venait de me lancer, elle me conseilla de laisser tomber, que c’était pour les imbéciles. Imbéciles, ça je comprenais, d’ailleurs cela avait été la seconde insulte que j’avais apprise, la première était « grosse vache » qu’une troisième classe avait vociféré dans les couloirs et que j’avais répété comme un idiot ce qui m’avait valut de devoir m’enfuir avec cet inconnu dans la salle des machine car la « grosse vache » en question n’était vraiment pas contente. Je souriais légèrement à se souvenir quand j’entendis les pas de l’homme qui venait de m’insulter se mélanger et un léger soupir de sa femme, le couple s’arrêta en colère et Constance les provoqua davantage.

« Non, non, non. Madame, ça c’est êtrre mal polie. Fairre la grrimace c’est mal. »

Je jetais un regard amusé aux filles derrière qui ne cessé de lui dire ça toute la journée quand je faisais une moue ou ne serait-ce qu’une expression du visage un peu marquée. Quand je reportais son regard azur sur la femme, je constatais qu’elle avait toujours... La même tête. En fait, c’était sa tête habituelle de toute évidence. Je tournais mon regard bleu vers Constance, de mes yeux ronds qui signifiaient « J’ai encore fait une gaffe ». Je voyais le mari bouillir sur place, je me demandais si ce n’était pas le moment idéal pour... Courir ! Je pris la main de Constance pour l’attirait vers la droite et j’entendais un bruit de canné frapper la rempare à l’endroit où j’étais il y a trente seconde, personne n’aurait jamais rien dit s’il m’avait frappé. J’avais insulté sa femme et je « méritais » une correction. J’éclatais de rire en entrainant Constance un peu plus loin sur la balade.

Avec Constance, je devais l’avouer je m’amusais beaucoup. En sa compagnie je pouvais être moi-même sans être jugé de mal élève... Alors que nous courions j’éclatais de rire car la situation était tout simplement risible, on devait nous prendre pour des dingues, et je m’en fichais et elle aussi. Elle criait qu’il allait nous jeter sa canne, je ne pouvais pas me retenir d’éclater de rire encore une fois, décidément nous avions le don... L’homme était vraiment énervé et ne se cachait pas pour le montrer, certains étaient en permanence sur les nerfs, et cet homme faisait parti de ses gens là. La canne fut envoyé en l’air et frappa la cheville de Constance, je passais mon bras autour de sa taille au cas où elle se serait fait mal en la regardant grimacer. Nous passion à travers un groupe de vieilles dames qui rouspétaient après nous, je ne pouvais pas m’empêcher de pouffer de rire, probablement qu’on ne me pardonnera pas mon impolitesse cette fois ci, mais à vrai dire je me fichais de ses gens là, il n’y avait que les premières classes comme Constance qui avait de l’intérêt à mes yeux. Nous nous arrêtions enfin, on nous regardait assez étonné, je relâchais la jeune femme et j’éclatais à nouveau de rire à sa remarque

« Tu vas bien ? Il est fou ce typppe ! »

Je m’appuyais à nouveau contre la rempare le dos contre celle-ci, je fixais Constance un léger sourire aux lèvres. Je n’avais pas couru de la sorte depuis... Depuis cette nuit où j’étais mort, la nuit où j’avais couru chercher de l’aide pour mes compagnons écrasés suite à la secousse, une aide qui n’est jamais venu, puis j’avais couru encore et encore, sans vraiment savoir où aller, je savais seulement que j’allais mourir, mais je ne voulais pas que ses enfants meurent, mais je ne pouvais rien faire, je n’avais été qu’un homme... Un étranger... Impuissant... Je revenais doucement à moi alors que mon sourire avait disparu et que mes yeux laissaient voir un immense désespoir. Constance me fixait et je lui adressais un large sourire, j’avais souvent ses moments d’absences, je ne voulais pas en parler, tout le monde l’avait bien compris. Pourtant souvent on me questionné, les enfants me demandaient souvent comment j’étais mort, je répondais seulement « comme toi », je ne voulais pas en parler, et beaucoup voulait que j’en parle, parce qu’ils savaient que ça me ferait du bien d’en parler même je ne m’exprimais pas correctement. Mais je n’étais pas ce cet avis... Je voulais oublier, mais c’était impossible... Il me fallait en parler pour aller mieux, pour ne plus faire de cauchemars, mais je ne le pouvais pas tout simplement... Je n’étais pas prêt...

« Je suis désoléi. Je t’aporrrte toujourrrs des ennuis... »

Je me retournais pour regarderait de l’autre coté de la rempare, on pouvait voir d’ici les ponts inférieur où tout le monde s’amusait et riait, ici... On chuchotait... Mais je n’avais pas envie de descendre pour le moment, j’étais bien, en compagnie de Constance. Je me tournais à nouveau vers elle et j’ajoutais en reprenant la conversation précédente

« Et toi, qu’as-tu fais ce matin ? »