Il était déjà bien tard lorsque la petite Elsa regagna le confort de sa cabine. Bien qu'elle se soit levée à l'aurore, elle ne pouvait pas aller au lit tout de suite, du moins pas avant qu'elle ait vu son père. Elle ne l'avait pas vu de la journée alors que normalement, ils se voyaient ici et là, ce qui lui donnait l'occasion de lui raconter les péripéties de sa vie quotidienne pour de le tenir informé. De cette manière, le soir, lorsqu'il venait lui rendre visite dans sa cabine, ils passaient plus de temps ensemble à faire autre chose, comme lire des livres ou discuter d'autres choses.
Mais aujourd'hui, Elsa n'avait pas eu le temps de trouver son père dans le navire pour lui raconter ce qu'elle fessait, non. Elle avait passé toute la journée en compagnie d'une gentille dame qui lui avait promis de lui montrer à coudre et aujourd'hui avait été sa première leçon. Ensemble, elle et la dame, allaient fabriquer une robe pour la jeune demoiselle.
Elsa avait trouvé, quelque part dans les compartiments dans la cale du bateau où l'on entrepose les affaires des gens de première, de grands morceaux de tissus. Ils avaient sans doute été destinés à autre chose qu'à devenir un vêtement d'enfant, ils étaient d'un bleu royal parfait avec quelques petites fleurs de brodées, couleur or. Elsa ne les avait pas volés, non, ils appartenais à une certaine Penelope Sinclair. Après de courtes recherches, Elsa trouva son mari, Alister Sinclair, ils discutèrent ensemble un bon moment. Selon le vieil homme, la petite Elsa ressemblait à sa petite fille qui avait le même âge qu'elle et qui se prénommait Amilia. Elsa apprit aussi que la femme de Sinclair avait réussi à survivre au naufrage et que le tissu qu'elle avait trouvé dans la cale n'allait plus servir à rien et qu'il était extrêmement heureux qu'une petite fille veuille en faire une robe.
Fière d'elle, Elsa avait raconté l'histoire à sa nouvelle amie qui avait par la suite entrepris la lourde tâche d'expliquer à la fillette de huit ans comment assemblé une robe. Mais Elsa n'était pas du genre à abandonner facilement, elle savait que la fabrication de cette robe allait lui prendre beaucoup de temps, mais elle en serait très fière à la fin. Elle pourrait la porter fièrement et passer du temps avec son père qui complimenterait sans doute son dur labeur. L’approbation, l'amour et le respect de son père étaient les seules choses que la fillette cherchait. D’ailleurs, toute la journée, elle avait pensé au moment où elle lui parlerait de son projet.
C'était le sourire aux lèvres qu'elle rejoint sa cabine le soir, après un court repas en compagnie de sa mère, son frère et sa sœur. Elle ne leur adressa pas un mot du repas... et eux non plus, ils ne la regardèrent pas plus d'une seconde, trop occupé à discuter entre eux ou à se plaindre de la cuisson de leurs repas. C'était dans des moments comme ça qu'elle aimait que son père soit présent. Mais il n'était pas là, ils mangeaient sans doute avec des amis. Elle aussi, elle aurait peut-être dû rester avec ces amis, qui au moins, s'intéressaient à elle... Peu importe, de toute façon, elle savait qu'elle allait le revoir très bientôt.
Elle ne prit pas de dessert et partie vers les cabines en sautillant joyeusement. Bientôt, elle allait le voir. Elle referma la porte dernière elle puis s'enferma dans la chambre où elle retira ses vêtements pour mettre sa robe de nuit. Elle plia grossièrement sa robe et la déposa sur le lit de Luka, de toute manière il n'allait pas venir dormir là cette nuit, elle le savait. Tout comme Uliana d'ailleurs. Tous les deux allaient passer la nuit dans la cabine de leurs parents. Depuis le naufrage ils n'aimaient pas aller dormir, ils avaient peur et passaient la plus part des nuits dans la cabine d'en face. Elsa ne l'avait jamais fait. Pas une seule fois elle n'avais traversé le couloir pour rejoindre le lit de ses parents ou encore leurs canapés. Non. Parfois, elle avait peur, mais elle ne voulait pas qu'ils le sachent. Elle se montrait courageuse, elle voulait que l'on soit fière d'elle.
Après s'être changée, elle retourna dans le petit salon de la cabine et s’assied sur un fauteuil. Il allait arriver bientôt maintenant, elle le savait. Elle prit un livre et feuilleta les pages patiemment jusqu'à ce qu'elle entende la porte ouvrir. Elle le savait avant même que la porte ne soit complètement ouverte, c'était lui, il était là! Il ne l'avait pas oublié, il ne l'oubliait jamais.
Elsa| « Papa! »
Elle se leva d'un bond, sauta par dessus la petite table basse qui se trouvait au milieu du salon et sauta au cou de son père qui accueillie bras ouvert. Moins de vingt-quatre heures avaient passé sans qu'ils ne se voient, mais, Elsa eût l'impression que ça l'avait durer bien plus longtemps. Elle embrassa son père sur la joue avant de serrer un peu plus son étreinte.
Elsa| « Je me suis ennuyée de toi, papa »
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RPG
Sujet: Re: Enfin! Mer 29 Aoû - 13:18
Celui qui m'a fait croire aux plus fous de mes rêves En y rêvant aussi...
Une silhouette brune avançait d’un pas lent mais assuré sur la promenade des troisièmes classes. De loin, on eut aisément trouvé cet homme qui se mouvait lentement déplacé dans un pareil lieu, car, si depuis le naufrage on les voyait un peu plus souvent, les premières classes poussaient rarement leurs balades jusqu’à cette partie du bateau – et le fantôme en était indéniablement : sa veste de velours, ses chaines, bagues et autres bijoux en or dénotaient d’une richesse accessible seulement aux élus à qui la chance avait accordé plus à la naissance que ceux qui avaient lutté toute leur vie et qui erreraient à jamais sur les ponts C, E et F du Titanic. Mais étrangement, Nathanael aimait cette sensation de ne pas être là où le Destin avait voulu qu’il soit. Il s’était habitué à mépriser ce qu’on lui avait donné – sans jamais le refuser pourtant, et admirer la force de ceux qui n’avaient jamais rien eu avec un sourire rêveur. Il avait vécu son existence entre orgueil et dégoût de soi-même, il avait méprisé ceux qui étaient comme lui tout en ayant la vanité de s’avouer supérieur. Mort, il continuait cette folie, ce paradoxe sans même le comprendre, un simple sourire sur les lèvres.
Il revenait de chez une femme. Il frotta doucement la marque qu’il savait que le rouge à lèvre avait laissé sur son cou. Aurore pouvait bien le voir, il s’en moquait. Mais il allait voir Elsa, et Elsa, sa petite fille chérie, devait garder de lui l’image d’un dieu sans tache. Il dissimulait à sa fille ses vices et feignait devant elle les vertus qu’il n’avait pas. Il la voulait parfaite à tous les égards, il refusait de croire qu’elle pouvait admirer son être qu’il savait imparfait en connaissance de son imperfection. Il se demanda un instant s’il portait un peu du parfum de la femme qu’il était allé rejoindre, et si sa fille le sentirait. Il fit non d’un signe de tête, répondant à ses propres pensés. Il s’était lavé le visage, les cheveux, les mains et les bras en partant, et il avait ôté tous ses vêtements en entrant dans la cabine pour que l’odeur ne s’incruste pas dans leurs fibres. Elle ne verrait rien.
Le sentiment de culpabilité, comme beaucoup des sentiments qui donnaient leur humanité aux hommes, était quelque chose que Nathanael Oliver connaissait fort mal. Mais il le ressentait à l’égard de sa fille préférée. Il avait honte de ses choix égoïstes qui avaient conduits à la mort cette figure si belle, si charmante, si douce, ce cœur si tendre et si généreux, cette enfant qui aurait du tout avoir et qui par sa faute n’aurait probablement jamais rien. Il se souvenait des rêves qu’il avait fait, il se souvenait avoir imaginé sa fille grande et belle, fiancée à l’homme de ses rêves – homme qu’il haïrait probablement puisqu’il allait lui prendre le plus précieux de tous ses trésors, mais qu’il admirait aussi puisqu’il aurait su se faire aimer d’elle. Il l’avait imaginée adulte à son bras, tandis qu’il la conduisait devant l’autel, il l’avait rêvée adolescente que les garçons s’arracheraient pendant que lui les repousseraient avec son sourire blasé qui était sa marque de fabrique depuis ses vingt ans. Il aurait tellement aimé la voir en Amérique, souriante, rêveuse, le monde à ses pieds, vivant comme lui et avec lui le rêve Américain.
Il aurait aimé qu’elle puisse vivre et grandir. Et lui qui avait depuis si longtemps choisi d’être démon plutôt qu’ange sentait la culpabilité le dévorer en songeant que ce n’était pas possible par sa faute. Quelque chose d’humide jouait sous sa paupière, mais il refusait de se laisser aller. Il devait être fort. Cette fois-ci pas pour Elsa, juste pour lui. Pour son orgueil, sa vanité. Parce qu’il était un monstre, et que quitte à être un monstre, mieux valait ne pas avoir de failles.
Ses pas et ses pensées l’avaient conduits jusqu’à la cabine de ses trois enfants. Pourtant, si son aînée ou son benjamin étaient dans la pièce avec sa cadette, il ne leur porterait pas la moindre attention, il le savait. Il ne pouvait pas expliquer pourquoi il les avait tous deux en horreur, mais c’était un fait indéniable et terrible. Il poussa la porte du salon.
Il aimait le bleu, la décoration simple, et le globe terrestre qui ornait la pièce. Il l’appréciait plus en tout cas que le luxe étouffant de sa propre cabine. Le cri de sa cadette l’accueillit, et il ouvrit les bras pour la réceptionner, et la regarda courir comme une furie à travers la pièce pour le rejoindre. En l’enlaçant, il inspira son parfum, et pensa que toutes les femmes du monde de valait pas sa fille. Il rit en l’écoutant. Elsa aurait dû être une princesse, pas une âme en peine errant à jamais dans un éternel purgatoire. Il chassa cette sinistre pensé de sa tête et sourit à sa fille. « Ennuyée vraiment ? C’est vraiment triste cela. Il n’y a rien de pire que l’ennui Mademoiselle. Vous n’avez rien fait pour vous occuper un peu ? » En parlant, et sans la lâcher, il se dirigea lentement vers un tapis sur le sol, et s’y laissa tomber lourdement, comme un homme épuisé par une longue journée de travail l’aurait fait. Il se retrouva allongé, sa fille au-dessus de lui, et il joua un instant avec ses cheveux avant de venir lui faire des guilis dans le cou. Il finit par la libérer et s’assit en tailleur face à elle. « Raconte-moi ta journée Elsa. »
Le Nathanael connu de tous avait disparu. Il n’y avait plus d’homme à femmes, plus de monstre sadique, plus de mauvais époux, plus de séducteur… Il y avait juste un père aimant qui voulait savoir ce que sa fille avait fait, juste parce qu’il l’aimait et qu’il s’intéressait à elle.