Il y avait eu cette nuit où Nora fut la malheureuse témoin du meurtre d’Elisabeth Cavendish, puis il y eut le naufrage, une résurrection inexpliquée, et cette nuit avec les revenants. En quelques mois, Nora Vendel avait subit bien plus de drames qu’il n’en fallait en une vie. A plusieurs reprises elle avait croisé le fer avec la mort et de par deux fois, cette dernière avait gagné, retirant un peu plus à chaque fois quelque chose en Nora. Le sort s’acharnait, littéralement, et la suédoise sentit qu’elle devait vite agir pour ne pas sombrer dans la folie ou dans la peur. Depuis toujours, Nora Vendel n’était pas connue pour son goût de l’aventure, à la recherche de mystères enfouis, de trésors cachés. Elle aimait la vie, elle aimait la joie, les rires, les sourires et les fêtes. Prendre soin d’elle, prendre soin des autres, se sentir belle, rendre les autres beaux. Il n’y avait donc rien d’étonnant à savoir que la jeune femme était devenue masseuse et pas institutrice, commerçante ou travailleuse à l’usine comme son père. Elle aimait la beauté des choses. Rien alors ne la prédestinait à se retrouver dans les cales du Titanic, ce monstre d’acier qu’elle détestait tant. Quelque chose d’autre allait arriver, elle le sentait, car tout était bien trop paisible et calme ces temps-ci. Bien que de nature peureuse, Nora comprit qu’elle devait prendre d’une certaine manière les devants, qu’elle devait arrêter d’avoir peur de tout, sans cesse, que cela lui avait joué bien des mauvais tours, et notamment une seconde mort. Lassée d’entendre tout un tas d’histoires sur les entrailles du Titanic, et de se livrer à d’atroces scénarios seule sur son lit, la jolie blonde décida de se rendre dans les cales et d’aller voir par elle-même ce qui s’y passait. Etait-ce une bonne idée ? Peut-être pas, mais cela valait mieux que de rester là à écouter les possibles absurdités des autres passagers.

La jeune femme s’était véritablement préparée, comme pour une expédition. A plusieurs reprises elle repoussa le moment où elle devait monter dans les ascenseurs la menant tout en bas. Quelle idée idiote de descendre, pensa-t-elle, tu te crois à la hauteur de ce qui t’attends – peut-être – en bas ? D’ailleurs y a-t-il seulement quelque chose là-bas ? Tu ne te trouves pas ridicule de tourner en rond comme ça dans les couloirs, alors qu’il n’y a rien ? Une petite voix dans sa tête, la sienne, ne cessait de la tourmenter, et de plus en plus en ce moment. Elle se trouvait ridicule de s’imaginer toute une montagne d’une simple petite visite dans les cales, et prise d’un moment de clairvoyance totale, Nora prit l’ascenseur et se retrouva bientôt en bas.

Elle ouvrit les grilles, non sans mal, et pénétra à l’intérieur de cette immense salle, sombre et vide. Elle entendait clairement le bruit assourdissant des machines, et put enfin mettre un mot sur les bruits qu’elle entendait parfois en passant dans les couloirs des troisièmes classes. La jeune femme tira sur le bout de ses manches, et continua sa traversée des cales. A mesure qu’elle avançait, l’odeur du charbon se faisait de plus en plus forte, sa vision commença à se brouiller un peu sous les fumées, et la distinction entre le sol et le reste, notamment des caisses, se fit de moins en moins clair. « Aaaaah mon dieu mais qu’est-ce-que c’était que ce truc ?! » Nora Vendel venait tout juste d’être frôler par une petite troupe de rats, ses nouveaux compagnons d’un soir, à moins qu’une autre âme ne vienne perturber le mystère des cales avec elle, ou contre elle…