Je me suis toujours demandé ce que le monde avait à nous offrir. Je pense que c’est ce que la plupart des passagers de ce bateau se sont dit en montant dessus. Voyager, se sentir libre, voilà ce que je ressentais moi. Mais tout s’est écrouler. Nous ne découvrons pas le monde, mais les abysses de l’océan Atlantique. On ne voit que ça depuis le terrible évènement. Je connais le Titanic par coeur maintenant. Que d’allers et retours, j’erre, tel un fantôme. Je me balade, ne savant plus quoi penser. Georgiana est partie, seule. Moi aussi je me sens seule. Je ne veux plus vraiment retourner sur cette île qui me rappelle des mauvais souvenirs. On ne se voit plus beaucoup Bridget et moi. Je ne sais plus quoi faire. Alors je suis partis prendre l’air, en quelques sortes. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, ni même si nous en avons un. Pour la énième fois, je me promène sur le pont des deuxièmes et troisièmes classes. Trop de souvenirs vint en ma mémoire. Des rigolades, entre Bridget, Georgiana et moi. Je m’en souviens comme si c’était hier. Mais le temps n’a plus son sens depuis et je me dis avec tristesse que jamais ces scènes de se reproduiront. Pourquoi tout ça arrive ? Je ne pense pas trouver une réponse à ma question aujourd’hui. Ils auraient dû écrire « Bienvenue en Enfer » sur les murs du Titanic. Ce bateau n’est plus le même depuis le naufrage, il y a un peu plus d’un an déjà. Je l’admirais beaucoup avant. C’est toujours le cas, mais il n’a plus gardé de sa valeur. J’essayais donc d’apprécier la petite marche sur le pont, comme j’aimais le faire autrefois, mais évidemment il y avait moins de monde, et j’entends plus vraiment de rires. Je regardais devant moi, et vis un jeune homme. Son visage m’était familier et je crus le reconnaître. Je m’avançais donc un peu, et m’appuyais contre la barre tout en regardant vers l’horizon, c’est à dire le vide.
« Alors, pas de victime aujourd’hui ? » lui demandais-je avec ironie. C’était bien Marcus à qui je parlais. Je me souviendrais toujours de son visage, le visage de celui qui côtoie beaucoup trop les femmes.

Depuis quelques temps, il neigeait, et j’étais tout aussi émerveillé que quelques personnes sur le bateau. Je n’avais jamais ressenti une telle ambiance depuis le naufrage. En ce moment, j’aime me promener sur le pont, contempler le vide, ne penser à rien. En effet, il y a pas mal de problèmes que je ne veux pas ni en parler, ni en penser. Ces promenades m’aident à me détendre parfois. L’océan s’était montré sous un différent jour ce jour-là, il était plus calme. Ça me faisait rappelé le déchainement de la mer lors du naufrage. On a tous cru mourir, vraiment mourir et non pas devenir des fantômes qui ne savent qu’errer sur le bateau depuis un an déjà. Cependant, ma condition ne me déplait pas tant que ça. Évidemment, ma famille et mes amis me manquent c’est vrai, mais j’ai rencontré de magnifiques personnes, et nous étions devenus comme une famille. Seulement, cette famille là commence à disparaître petit à petit. Je ne la vois plus tellement, alors que j’ai besoin de leur compagnie. De plus, on ne sait pas pendant combien de temps tout cela va durer. De plus, on n’avait pas finit d’avoir des surprises. L’arrivée de cette île avait causé encore plus de soucis. Nous sommes perdus au milieu de nulle part, et tout ce que je voulais, c’était rester sur le bateau que j’affectionne tant, malgré tout ce qui a pu se passer ces derniers-temps. Je ne connaissais pratiquement rien sur cette île, et je ne voulais pas en savoir plus, ne voulant pas avoir plus de problèmes. Les Hommes sont de toutes façons incapables de vivre en paix, ensemble, pendant plusieurs années. Il faut toujours qu’il y en ait quelques uns qui mettre le feu aux poudres et qu’ensuite tout explose. Cet étrange naufrage nous avait apporté plus de malheurs qu’on en a eu en une vie, mais je réussissais quand même à rester positif. Il le fallait de toutes manières car comme nous ne savons pas si nous allons rester comme ça éternellement, j’ai préféré être tout de même heureux parce que c’est bon pour la santé même si je suis déjà mort. Les Égyptiens prenaient soin de la tombe des morts car ils croyaient que leur âme continuait encore à vivre en quelques sortes, mais dans un autre endroit. C’est un peu ce qui nous arrive, et je n’allais pas être tout le temps malheureux.

Je continuais à marcher sur le pont quand d’un coup, je voyais Marcus, que je reconnu. À vrai dire, il est assez connu ici, enfin pas vraiment dans le bon sens du terme. D’ailleurs, pour être franc, je ne l’aime pas trop, étant un peu trop proche des femmes. Je trouvais qu’il les traitaient mal, et quand il s’agissait de Bridget et je voulais à tout prix la protéger, la considérant comme ma petite soeur. Je savais que ma présence lui déplaisait, c’est sûr qu’il aurait préféré une femme, mais manque de chance, ce n’est pas le cas. « Disons que comme vous le savez, vous êtes assez connu dans ce domaine. Je n’ai pas peur de vous cher Marcus, et si je vous vois encore auprès de Bridget, je n’hésiterais pas à agir ». Je voulais vraiment lui faire comprendre qu’il était inconcevable qu’il s’en prenne à ma petite Bridget, sinon il entendra parler de moi. Je n’étais pas comme lui, et il y avait qu’une femme dans mon coeur, qui malheureusement pense à un autre.

Nous sommes maudits et on ne peut rien faire. Certains s’occupent comme ils peuvent, d’autres ne font rien. Moi, je ne sais pas quoi faire. Je pense en avoir trop fait justement. Ce Marcus, il s’occupe comme il peut en charmant toutes les belles femmes qu’il voit. Moi, je m’étais occupé à protéger ceux que j’aime, mais ils me fuient maintenant. Je parlais de Georgiana en fait. Elle était partie sur l’île et ne voulait plus me voir. Cependant, je n’allais pas laisser tomber Bridget. Elle représentait beaucoup de chose pour moi, et était comme une petite soeur. J’avais remarqué qu’un certain Marcus s’approchait trop d’elle en ce moment. Comme je me baladais sur le pont de promenade des secondes et troisièmes classes à mon habitude, j’en profitais pour le lui faire rappeler que je suis là. Je ne sais pas si je dois dire par chance, mais je le voyais au loin. Je n’avais donc pas hésité à lui parler. Il a bien compris de qui je voulais parler et c’était le but d’ailleurs. On ne savait pas pendant combien de temps on allait errer ici sur ce bateau alors il fallait que je règle cette situation avant qu’il n’arrive quelque chose que je n’ose imaginer. Bref, comme si on avait besoin d’une personne comme lui en ce moment. Comme si on n’avait pas assez de problèmes, le tout avec l’arrivée de cette maudite île. En tout cas, je ne pouvais pas supporter le fait qu’il tourne trop autour de Bridget et il fallait que je lui dise. Bon, c’est vrai, j’ai un peu exagéré en utilisant le terme victime, mais c’est presque ça quand on y pense. Quelques femmes passaient à côté de nous sur le pont de promenade des secondes et troisièmes classe, mais étonnement, Marcus ne se retourna pas. D’un point de vue extérieur, on aurait dit que nous sommes deux amis, discutant tranquillement. Mais la nature de notre conversation était toute autre. Ce n’est pas aujourd’hui que je voudrais devenir ami avec Marcus. Je suis trop protecteur pour ça. Je n’étais pas agressif, non, mais ce que je disais ne plaisait pas, et j’en avais conscience. C’était même le but, cependant, je ne voulais pas me battre, loin de là. Je suis un homme respectable, j’espérais juste que Marcus serait du même avis.

« Oui, c’est ça, vous l’avez bien compris. C’est tout simplement votre attitude qui me fait penser que peut-être un jour vous pourriez faire du mal à Bridget. Non, je ne suis pas comme ça. Je ne suis pas comme vous Marcus. »
Non, je n’appréciais pas vraiment ce qu’il avait dit, mais je pense aussi que c’était le but.

En montant sur ce bateau, je n’avais jamais imaginé tous ces évènements. Normal, c’est très surprenant et irréaliste. Je sais que je n’étais pas le seul. Pourtant, après une année comme ça, on a pu s’y faire. Apparemment ça n’a pas dérangé Marcus, il s’occupe comme il peut, mais à sa façon. Seulement, ça ne plaît pas forcément à tout le monde. Moi le premier, c’est pour cela que je n’ai pas hésité à lui dire le fond de ma pensée. Pendant le séjour sur le bateau, j’ai rencontré beaucoup de personnes, vraiment merveilleuses, et nous étions soudés comme une famille. Aujourd’hui, je n’ai pas tellement l’impression que c’est toujours le cas. C’est bien dommage parce que je tiens à eux. Je suis très protecteur, pas comme Marcus. La situation a beaucoup changé depuis. Certains éléments ont tout chamboulés, et on se fait forcément des ennemis. Mes ennemis étaient ceux qui s’en prenaient à ceux que j’aime. Marcus regardait un peu trop Bridget et j’avais peur qu’il lui arrive quelque chose. Bridget est comme une petite soeur pour moi. Pour ma part, j’aime trop ce bateau pour partir sur l’île, donc j’aime me promener sur le Titanic, et errer tel un fantôme. Cependant, en avertissant Marcus, je me demandais si justement il n’allait pas aller la voir pour me montrer qu’il se fichait de ce que je disais. Il avait quand même un esprit tordu, d’après ce que j’entendais. Je fus cependant surpris de ses paroles. Il n’était point agressif, bien au contraire, et je n’allais pas être violent.
“Vous pourriez quand même vous trouver d’autres occupations non ? Vous et moi ? Laissez moi rire, nous sommes bien trop différents pour cela, cher Marcus. Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Je suis heureux ainsi.” En y réfléchissant, avais-je menti sur ce point ? Georgiana avait quitté le bateau et voilà qu’elle ne voulait plus me voir pour le moment. Puis voilà qu’il me complimente maintenant. Je ne savais pas quoi penser. Voulait-il se servir de moi ? Cependant, je pourrais quand même se servir de lui pour attirer l’attention de Georgiana.
“Mais, je ne vous cache pas que votre proposition pourrait m’intéresser. Laissez-moi réfléchir un instant”.
Je ne voulais pas faire d’erreur, sinon, j’allais tomber bien bas dans l’estime de Georgiana et de Bridget. J’allais peut-être les décevoir en changeant d’un coup de comportement. Mais c’est ce qu’avait fait Georgiana dernièrement, seulement, je ne voulais pas la perdre.