Allongée sur sa couchette, Héloïse ne cessait de repenser aux paroles de Pernelle. Elle avait beau tenté d’éloigner cette peste de son esprit, elle revenait toujours sournoisement s’y glisser. La blonde se surprenait à éprouver autant de colère et d’animosité envers une personne. Certes elle avait déjà ressenti cela à l’égard de Lydia, mais ce sentiment avait mis plusieurs années avant de se cultiver dans son esprit. Elle était la sœur de l’homme de sa vie et elle tentait d’être le plus conciliante possible. Elle avait essayé à maintes reprises de l’amadouer, mais avec une telle tête de mule, l’entreprise était perdue d’avance.
Cependant, pour Pernelle, la chose était toute autre et elle ne parvenait à s’expliquer pourquoi. La jalousie l’avait piquée comme une lance en plein cœur et elle avait jeté des paroles acerbes à la jolie blonde sans réfléchir. Ce ne fut que lorsque l’impulsivité fut passée qu’elle comprit qu’elle était peut-être allée trop loin. Elle était prête à s’excuser de son comportement et à demander plus d’explications quand elle la provoqua de plus belle. Héloïse n’eut alors pas besoin de plus de preuves pour l’accabler de tous les crimes.
Lui jeter un verre de champagne en plein visage l’avait soulagée sur le moment mais ce geste ne parvenait pas à refermer la plaie béante que Pernelle avait laissée dans son cœur.
Maintenant, elle savait que Jack avait tourné la page et qu’une nouvelle relation s’offrait à lui sous les traits de Pernelle. Mais alors, à quoi tout cela rimait ? Pourquoi le jeune homme était-il soudain sorti du silence, se repentant de ses actes pour ensuite de se pavaner aux bras d’une autre ? Essayait-il pas un odieux stratagème, de lui faire payer tout le mal qu’elle lui avait fait ? Tous les mensonges qu’elle avait inventés au cours des années pour masquer sa réelle identité ? Elle ne pouvait le croire aussi lâche et méprisable, malheureusement, les événements ne jouaient pas en sa faveur et la blonde se trouvait encore plus blessée par cette affreuse trahison. Jack avait été le seul qui avait réussi à lui redonner la fois en la gente masculine, et voilà qu’il écrasait toute sa dignité sous sa botte. Désormais, il n’avait pas plus de valeur que le comte à ses yeux.
Elle avait pourtant accepté l’invitation du jeune homme au restaurant. Pendant un instant, elle avait cru que tout serait possible mais elle était tenaillée par la peur et l’angoisse. A tel point qu’elle n’avait pu croire les paroles de Jack. Elle avait voulu le croire sincère, mais elle ne pensait qu’à la machination démoniaque qui se cachait derrière chacun de ses mots. Comment pouvait-elle lui faire confiance ? Qui devait-elle croire quand Jack lui disait que Pernelle n’était qu’une simple amie ? La jeune femme avait pourtant laissé clairement supposer le contraire.
Héloïse fit taire les larmes de rage qui menaçaient la lisière de ses yeux. Elle ne supportait pas cette situation ! Pas plus que de s’astreindre à rester enfermée de peur de croiser Jack ou Pernelle. Quant à Lydia, elle semblait tout à coup une moins grande menace pour elle.
Rageuse, elle s’extirpa finalement de son lit dans un grognement. A quoi bon se morfondre ! Elle irait où elle voudrait aller et peu importait qui elle croiserait. Elle se sauva donc de sa cabine d’un pas décidé. Elle ne savait pas encore où elle voulait se rendre jusqu’à ce qu’elle se rendre compte que ses pas la menaient vers les premières classes. Recherchait-elle la compagnie de Peter pour apaiser son esprit comme il parvenait maintenant à le faire depuis un an ? Après tout, c’était peut-être la meilleure solution. Il lui fallait quelqu’un à qui parler et se défouler.
Elle continua donc son chemin dans les couloirs, s’avançant vers la porte qui menaient aux escaliers, quand soudain, elle vit une chevelure blonde émerger du couloir. Pernelle ! Ce navire se moquait-il d’elle ? Il était pourtant suffisamment grand, alors pourquoi fallait-il qu’elle la croise au détour d’une allée. Héloïse tourna les talons, rebroussant chemin. Elle n’avait aucune envie de la voir ou de lui parler. Mais visiblement ce n’était pas le cas de la jeune femme qui l’appelait et lui courait après.

« Je n’ai aucune envie de vous écouter. Gardez votre venin pour d’autres. »

La blonde força l’allure et décida de prendre les ascenseurs pour gagner le niveau des premières. Elle rentra dedans mais à peine commença-t-elle à refermer la grille que Pernelle se glissa à l’intérieur. Il fut trop tard pour qu’Héloïse puisse suspendre son geste et la cabine d’ascenseur démarra, enfermant les deux jeunes femmes à l’intérieur sans possibilité de fuir cet entretien.

La première personne que j’avais rencontrée à mon réveil suite à ma mort avait été Jack Cooper. Les manières respectables du jeune homme combiné à la beauté de ses traits avaient créé un sentiment de désir en moi. Pendant les premiers jours de cette nouvelle vie, il était vrai que j’avais pensé à cet homme, la vieille femme que j’avais été trop longtemps ayant souffert du manque d’amour d’un homme. Le premier évènement mondain auquel j’avais participé ne s’était pas très bien terminé puisque, toujours sous le charme de Jack, j’avais laissé sous-entendre des choses fausses et exagérées à un groupe de femmes avec qui j’avais passé une agréable soirée, sans savoir que l’une d’elle était l’ancienne amoureuse de l’objet de mes désirs. Leur relation n’étant pas facile, j’avais, involontairement, augmenter les doutes de la belle sur son compagnon…Non…en fait, j’avais volontairement été méchante avec Héloïse. Au lieu de la rassurer immédiatement, j’avais joué l’égoïste et lui avais dit des paroles qui signifiaient clairement qu’elle devait se méfier de moi. L’alcool que j’avais bu n’avait pas aidé ma conduite même si nous ne pouvons pas juger cela comme une excuse valable. Ensuite, Héloïse, détruite par mes paroles, avait réagi comme n’importe quelle femme en peine d’amour et m’avait jeté le contenu de sa coupe de champagne au visage. La colère que j’avais alors éprouvé envers la belle blonde m’avait convaincu de ne pas rechercher la paix et peut-être que mon opinion n’aurait pas changé si je n’avais pas revu Marcus et que je n’avais pas rencontré Nayah au concert. Lors du concert, j’avais vu le jeune homme dont j’étais éperdument amoureuse en compagnie d’une très belle femme et je m’étais senti jalouse. Alors que j’avais oublié Jack, Héloïse m’était revenu en tête et j’avais compris ce qu’elle avait dû ressentir à l’idée que son amoureux voit une autre femme et même que cela devait être pire puisque je n’avais en rien aidé à ses doutes. Bref, j’avais discuté avec Nayah et lui avais demandé pardon, mais comme la jolie brune me l’avait fait remarqué, c’était à Héloïse que je devais demander des excuses et à personne d’autre. Promettant que je le ferais même si pour cela je devais écraser mon orgueil, j’étais bien déterminé à le faire le plus tôt possible.

La journée commençait à peine et pourtant le Titanic grouillait de vie. Sans but précis, je me promenais sur les différents ponts du navire, cherchant un quelconque sujet de distraction lorsqu’au tournant d’un corridor je vis Héloïse au loin. C’était le moment ou jamais de l’aborder! Accélérant le pas dans sa direction, la blonde me vit aussi et tourna aussitôt le dos afin de repartir dans la direction qu’elle arrivait. Je savais qu’elle tentait de me fuir alors je m’étais mise à lui courir après, appelant son prénom afin qu’elle se décide enfin à me laisser une chance de lui parler. Sans s’arrêter, la blonde m’avait dit qu’elle ne voulait pas m’attendre, qualifiant même ce que je pourrais lui dire de venin. Je fus insulté de ces paroles, mais je devais la comprendre. La jeune femme avait entreprit de me fuir dans une cabine d’ascenseur, mais j’avais réussi à me faufiler dans cette dernière avant qu’elle ne réussisse à fermer les grilles. Nous étions donc toutes deux dans l’ascenseur et Héloïse n’avait d’autre choix que de m’écouter ou du moins, de m’entendre parler si elle ne voulait pas coopérer.

Reprenant mon souffre, je fixais la jeune femme qui levait le nez sur moi comme si je n’avais été rien d’autre qu’un caca de chien avec des cheveux et une robe. Mon cœur battait rapidement et j’avais le trac à l’idée de parler. Je savais qu’il ne serait pas aisé de rétablir la situation avec la belle blonde, mais je devais tenter le coup. « Si j’avais su que je devrais courir ce matin, j’aurais enfilé des chaussures plus confortables… ». Phrase idiote que celle-ci, mais elle m’avait semblé, pendant un bref instant, la meilleure pour briser la glace. Souriant doucement, comme si je pouvais me faire reprocher ce sourire à tout moment, j’avais tourné les yeux vers le mur à ma gauche. La situation était beaucoup plus difficile que je l’avais pensé. « Héloïse, je sais que vous n’avez aucune envie de m’entendre parler, mais je crois que vous devriez tout de même m’écouter…J’aimerais vous parler de Jack… »

Héloïse se trouvait dans une horrible situation, du moins, elle ne pouvait lui semblait pire. Elle aurait encore préféré se retrouver coincée dans cet ascenseur avec Lydia, qui ne désirait que la voir morte, plutôt que de se retrouver avec cette horrible jeune femme qui suscitait toute sa jalousie. Jamais ce sentiment ne l’avait autant rongé qu’à cet instant. Elle avait perdu Jack à cause d’elle et son cœur saignait. Mais comme à chaque fois que la blonde souffrait, elle ne montrait sa douleur que par le biais de la colère. Elle haïssait ce que la jalousie faisait d’elle, un être uniquement dirigé par sa rage et son désir de vengeance. Elle avait la sensation de se retrouver des nombreuses années en arrière, lorsqu’elle vivait encore avec le Comte, le pire monstre sur terre dont elle avait souhaité avec ferveur le trépas chaque jour. Finalement, la mort avait été sa sentence.
Bien entendu pour Pernelle, ses sentiments n’allaient pas aussi loin mais lui mettre son poing dans la figure ne lui aurait pas déplu pour autant. Qu’avait-elle bien pu faire avec Jack ? Quelle place avait-elle dans son cœur ? Tant de question qui la torturaient et lacéraient son âme. Elle avait l’impression de devenir folle, rongé par le chagrin et la colère. Jack lui avait pourtant soutenu que Pernelle n’était pas plus qu’une amie, mais il fallait qu’il se rendre à l’évidence. Apparemment, elle semblait bien plus aux dires de cette dernière. Et même si le blondinet n’avait peut-être pas encore compris les desseins de cette revenante, elle ne tarderait pas à lui faire découvrir. Et là, que se passerait-il ? Déciderait-il de se jeter dans ses bras pour se consoler de cette situation infernale qu’ils traînaient depuis le naufrage ? Héloïse n’avait strictement aucune idée de la manière dont Jack pourrait réagir si une femme bien entreprenante venait à le courtiser. Après tout, Pernelle était une femme qui avait connu presque l’intégralité du vingtième siècle. Elle avait entendu dire que les tabous avaient beaucoup changé et désormais, la condition de la femme était toute autre. Il n’était nullement déconvenue qu’une fille montre sans honte ses sentiments et son attirance à un homme. Et puis si aux premiers abords, la légèreté et la naturelle de la revenante lui avaient plu, maintenant, elle ne pouvait trouver ce comportement plus irritant.
Quelle plaie de se retrouver ici avec elle !
Ayant dû courir après la troisième classe, Pernelle reprenait désormais son souffle à l’intérieur de la cabine. Héloïse se contentait de la jauger avec un souverain mépris. Puis la jeune femme crut bon de faire un petit trait d’humour. Etait-elle donc qu’une simple sotte ? Croyait-elle pouvoir détendre l’atmosphère par une ridicule cabriole ? C’en était pathétique.
La troisième classe répondit par un rire moqueur, levant les yeux aux ciels. Elle ne lui accorderait aucune chance.

« Vous portez des chaussures ? Voilà bien une première ! »

Héloïse avait été odieusement sarcastique, faisant référence à leur première rencontre où la jolie s’était rendue à la soirée Poker pieds nus. Cette rencontre se passait sous les meilleurs auspices si la blonde n’avait pas soudain évoqué Jack. Les hommes resteraient toujours le principal sujet de discorde entre les femmes.
Mais Pernelle continuait d’arborer un sourire léger qui eut pour don d’intensifier l’exaspération de l’ancienne Comtesse. Elle la regarda quelques instants balader son regard sur l’ascenseur comme une enfant contemplant un objet merveilleux. Qu’attendait-elle maintenant pour parler ? Elle ne l’avait tout de même pas suivie jusqu’ici pour le simple plaisir de sa compagnie !
Et enfin, elle prit la parole. Les paroles de Pernelle la jetèrent dans une rage et une tristesse encore plus profonde. Ce fut les yeux brillants qu’elle lui répliqua :

« En effet, je n’ai aucune envie de vous écouter et certainement pas pour vous entendre vous vanter de votre relation avec Jack. Il me semblait pourtant évident qu’après ce qu’il s’était passé à la soirée, il n’était pas la peine de réaborder le sujet ! »

« En effet, je n’ai aucune envie de vous écouter et certainement pas pour vous entendre vous vanter de votre relation avec Jack. Il me semblait pourtant évident qu’après ce qu’il s’était passé à la soirée, il n’était pas la peine de réaborder le sujet ! » Avait la jeune femme, les yeux brillant et avec émotion. Fronçant les sourcils, je regardais Héloïse, à la fois, sans comprendre pourquoi elle s’emportait ainsi avant même de savoir ce que j’allais lui raconter, s’imaginant même que je lui avais couru après pour me vanter d’une relation inexistante avec l’homme qu’elle aimait, et en même temps, je la comprenais parfaitement. J’étais complètement amoureuse de Marcus et ce, sans avoir une quelconque relation avec lui, alors qu’entre Héloïse et Jack, il y avait eu quelque chose de fort. Sa réaction était donc largement justifiée. Quoi qu’il en soit, cette colère mélangée à la tristesse ne m’aidait en rien. « Vous me croyez donc à ce point méchante? » Baissant les yeux, j’avais soupiré un bon coup avant de reprendre la parole : « C’est vrai que je l’ai été lors de cette soirée…mais votre haine soudaine envers moi alors que je ne comprenais même pas de quoi il s’agissait m’a mis en colère et oui, je souhaitais vous causer du tort… » Levant les yeux vers la jolie blonde, j’avais envie de tout lui raconter du début; ma rencontre avec Jack, la soirée, l’échange que j’avais eu avec Nayah, cette rencontre dans l’ascenseur, tout! « Si Jack et moi étions effectivement plus que des amis, je ne crois pas que j’aurais eu le courage de m’enfermer dans une cabine d’ascenseur avec vous…je ne l’ai déjà pas et ce que j’ai pourtant à vous dire ne devrait pas signer mon arrêt de mort… »

Pourquoi était-ce donc si difficile de simplement dire à Héloïse que je lui demandais pardon pour mon comportement et pour les fausses idées que je lui avais enfoncées dans la tête? La situation dans laquelle je m’étais engouffré par mon étourderie était pénible et pourtant j’étais coupable d’aucun crime grave. Si le Titanic n’avait jamais coulé et qu’Henry et moi étions retournés ensemble en Europe, ce n’est pas devant une Héloïse que je me serais retrouvé, mais face à la femme de ce dernier et ses enfants. Si j’avais éprouvé du désir pour Jack à un certain moment, j’avais fait pire avec mon ancien amant.

« Jack a été la première personne que j’ai vu à mon retour sur le Titanic et nous avons parlé… » Je savais que mes explications ne seraient probablement pas suffisantes à régler le conflit qu’il y avait entre Héloïse et moi. Peut-être même que tout cela avait causé des problèmes à Jack et sa belle et que tout était de ma faute. Je devais donc faire attention à ce que je disais et m’assurer qu’à la fin de cet entretien, il n’y aurait plus de mal entendu.

« Vous me croyez donc à ce point méchante ? »

Les paroles de Pernelle laissèrent Héloïse quelques instants muette et si stupéfaite qu’elle en oublia de regarder méchamment la blonde. A vrai dire elle n’en savait rien. Pour elle, elle était simplement la femme qui était en train de dérober le cœur de celui qu’elle aimait. Elle était celle qui générait sa jalousie la plus profonde. La jeune femme avoua ensuite qu’elle avait en effet eu un comportement fort déplaisant vis-à-vis d’Héloïse, mais que c’était tout de même la colère de cette dernière qui l’avait principalement motivée. La blonde leva les yeux aux ciels et se mordit l’intérieur de la joue, irritée. Certes, Pernelle n’était pas la seule fautive dans cette histoire, mais la troisième classe avait bien du mal à le reconnaître. Pour elle, toutes les fautes accablaient la revenante.

« Et oui, je souhaitais vous causer du tort… »

Le sang de la blonde se figea dans ses veines. Comment osait-elle ? Pourtant elle ne répliqua pas mais les éclairs dans ses prunelles en disaient long. En y songeant bien, Pernelle lui rappelait assez que les jeunes femmes que le comte avait pour habitude de ramener chez eux. C’était toujours des demoiselles un peu cruches qui cherchaient leur intérêt dans une relation avec un homme aussi riche qu’était Henri de Neuveille. Quelques fois, lorsqu’il gardait longtemps une compagne à ses côtés, celle-ci se donnait alors de grands airs et elle était persuadée qu’elle deviendrait la future madame de Neuveille. Elles se trompaient bien alors car le Comte n’avait jamais pris épouse. Néanmoins, pleines d’ambitions, elles s’employaient toujours à s’accaparer la fortune de ce puissant homme. Mais il y avait une chose qui enrayait toujours les plans de ces jeunes femmes : Héloïse. Elle était la fille du Comte, et c’était elle l’unique héritière de sa fortune colossale. Elle devenait donc un insecte qu’il fallait écraser au plus vite, un insecte incommodant. Mais heureusement, elles ne parvenaient jamais à leur fin et c’était bien grâce à Héloïse que les demoiselles finissaient par être rejetées par le Comte. Manœuvrant dans l’ombre, la petite fille blonde avait toujours trouvé le moyen de les écraser avant qu’elles ne l’écrasent. Et c’était toujours le sourire aux lèvres, qu’Héloïse les regardait partir au loin, leurs valises sous le bras et la mine amère.
Quiconque essayait de causer du tort à la blonde, finissait inéluctablement par le payer. Durant des années, cela avait été sa devise. C’est pourquoi, elle voyait Pernelle comme une personne qui ne lui voulait que du mal et pour cela, elle se servait de Jack. Héloïse était bien tentée de la faire taire car elle ne voulait en aucun cas l’entendre parler, mais lorsque son regard croisa le sien, elle se ravisa. Après tout, elle verrait bien de quelle manière elle comptait se défendre. D’ailleurs, elle poursuivit en usant d’arguments plutôt convaincants. La blonde lui concéda au moins cela. Pourtant, la dernière phrase de celle-ci provoqua chez elle un peu rire amer.

« Vous ne songez tout de même pas sérieusement que je pourrai vous tuer Pernelle ? Bien que l'idée ne soit pas déplaisante, je n'ai pas autant de bassesse.»

Mais la blonde poursuivit en entamant des explications qui étaient censées apaiser la colère d’Héloïse. Toutefois, la manière dont elle débuta son récit laissait entrevoir autre chose qu’une relation amicale. Le sang de la blonde ne fit qu’un tour. Cette idiote se payait-elle sa tête ? Le regard de la blonde se durcit de nouveau. Vivement que cet ascenseur arrive pour qu’elle puisse enfin se soustraire à cet entretien. Elle n’avait pas besoin de supporter les venimeuses facéties d’une enfant visiblement pourrie gâtée.

« Et alors quoi ? Une magnifique idylle dont je ne peux cerner le sens est née entre vous ? Il ne vous a fallu que d’un regard pour que vous tombiez éperdument amoureux l’un de l’autre ? » fit agressivement Héloïse avec une pointe de désespoir dans la voix. « Allez-y Pernelle ! Ne me cachez plus rien, vous en avez trop dit désormais. » ajouta-t-elle en la défiant du regard.