Sujet: Re: "Etre une femme." ♣ VIOLET Sam 14 Sep - 18:26
A malin, malin et demi. C’était bien cela l’adage, n’est ce pas ? Ou encore tel et prit qui croyait prendre. Ces deux petites expression s’appliquaient et s’appliqueraient à la perfection au sujet de Charles Wellington. Oh, il se croyait très intelligent et incroyablement rusé. Il avait de quoi, après tout. Il avait passé sa vie à manipuler et à mentir sans le moindre remords. Je devais bien avouer qu’il était très habile à ce jeu là. Après tout, j’avais été la première à croire à ses belles paroles et à mettre les pieds dans le plat. Etais-je si stupide ? N’avais-je pas pu voir le vice dans ses prunelles qui se prétendaient aimantes ? J’avais été aveuglée. Ou simplement trop dinde pour oser déceler la pourriture derrière la façade si attrayante du réalisateur. Il avait tout pour plaire. Riche, célèbre, doué, ambitieux et d’une gentillesse sans limite. J’aurais dû pouvoir y déceler le piège. J’avais côtoyé des dizaines d’hommes prétendant être ce qu’ils n’étaient pas. Ils se disaient nobles, bourgeois, révolutionnaires en fuite, riches en mal d’amour... Leurs dires résonnaient terriblement faux à mes oreilles. Mais j’étais payée pour les croire. Alors, je faisait mine d’être impressionnée, sous la charme, surprise ou encore effrayée de leurs paroles. C’était facile de jouer la comédie. Et je me croyais rodée dans l’art de découvrir ceux qui incarnait un rôle. Quelle imbécile j’avais été.
Mais il était maintenant temps de montrer à Charles que nous n’étions pas que des pipelettes écervelées. Il pensait s’être bien joué de nous et il pensait juste. Mary-Ann disait que tout était prévu, dans les plans diaboliques du réalisateur. Mais j’espérais vraiment qu’il ne s’attendait pas à voir le retour de bâton lui arriver dans le coin de la figure. Ce ne serait que justice, après tout. Il méritait également de souffrir comme il nous avait fait souffert. Pour cela, nous devions en apprendre plus. Sur sa vraie vie. Sur ses craintes. Sur sa fuite. Sur son meurtre.
Je ne pouvais imaginer l’étonnement et la terreur de Mary-Ann lorsqu’elle avait vu Charles parader sur le paquebot. Pire, je ne pouvais imaginer son incompréhension lorsqu’elle m’avait vue au bras de son ancien compagnon, tout aussi stupide que j’étais. Peut-être était-ce ce sentiment de trahison, brulant que vous déchirait le coeur.
Lorsque l’actrice accepta ma proposition, j’en fus agréablement surprise. Petit à petit, nous nous organisions pour la vendetta. Jamais, au début de cette conversation, je n’aurais pu imaginer que les choses tournent ainsi. D’ailleurs, jamais je n’aurais pensé croiser l’actrice Mary-Ann Fleming, compagne de Charles Wellington, alors que je me rendais pour la première fois aux Bains Turcs. Jamais je n’aurais pu imaginer ne serait-ce que le centième des révélations qu’elle venait de me faire. Comment l’aurais-je pu ? J’avais l’impression d’être une autre Violet. Sans que je sache expliquer comment, je me sentais différente. Plus vieille, peut-être. Je n’en étais pas le moins du monde abattue. J’avais vite rangé ce sentiment néfaste de côté pour me concentrer sur quelque chose d’autrement plus important.
_Vraiment ? m’exclamais-je. C’est fantastique !
D’une réprimande mentalement, je m’ordonnais de calmer mon entrain. Je me raclais la gorge, tachant de prendre un ton plus professionnel. Nous étions en pleine investigation, après tout.
_Ensemble, je suis sûre que nous arriverons à faire éclater la vérité. Charles mérite bien qu’on fouille un peu sa vie, qu’on mette le nez dans ses sales affaires. Après tout, nous avons le droit de savoir pourquoi nos vies ont terminé comme ça, noyées à bord du RMS Titanic.
Je me rappelais dans un frisson de la nuit du 13 ou 14 avril 1912. Surement pas le souvenir le plus gai de ma petite vie. Et j’avais dû vivre cette horreur, éprouver toute cette terreur à cause d’une seule personne, d’un seul homme : Charles Wellington. Alors, si je pouvais, ne serait-ce qu’au moins comprendre ses raisons, cela m’aiderait à passer à autre chose. Sinon, je m’en savais incapable. Je ne ferais que ressasser encore et encore les faits et mon malheur en tachant d’oublier. Or, l’oubli n’était pas la meilleure des solutions. Mieux valait franchir les obstacles plutôt que de les effacer ou de les contourner comme s’ils n’existaient pas. Si par chance, l’occasion d’une petite vengeance sans grave conséquence m’était donnée, je saisirais sans doute l’opportunité. Je ne voulais pas faire souffrir Charles. Du moins, je ne le désirais plus. Je souhaitais simplement lui faire savoir que je savais tout et que je lui avais rendu la monnaie de sa pièce.
_Devrions-nous commencer par le commencement ? Faire une liste de toutes les choses que nous savons sur le sujet ?
J’avais l’impression d’être l’héroïne d’un roman d’espionnage et d’enquête policière. C’était amusant. Cela me changeait un peu les idées. Et puis, partager cela avec Mary-Ann avait quelque chose d’étrange et d’excitant. Comme si nous étions toutes les deux en mission secrète contre un abominable ennemi machiavélique.
_Je pense que vous savez plus de choses sur lui que moi... Je ne connais qu’un pan de sa vie, les quelques années qu’il a passé en Angleterre. Il s’est échoué là où... là où je travaillais il y a quelques années. Il est revenu plusieurs fois sans jamais dire un mot. Je crois que je ne savais que son prénom. Il semblait très malheureux. Puis, il a disparu avant de réapparaitre quelques temps après. Je travaillais alors dans une petite troupe de théâtre. Je ne sais pas comment il m’a retrouvée, si cela était dû au hasard ou non. C’est là qu’il m’a révéler son identité et qu’il m’a proposé de m’emmener aux Etats-Unis à bord du Titanic. Je crois que c’est tout ce que je sais... Pas grand chose, en somme.
Je lâchais un petit soupir. Je n’étais pas d’une grande aide. Charles ne m’avait jamais parlé de sa vie. De ses amis, de sa famille, de ses problèmes. Je devrais surement creuser un peu plus profondément dans mes souvenirs pour les détails. Mary-Ann pouvait surement en dire plus.
Mary-Ann J. Fleming
ETRE MERE ❧ le plus beau rôle qu'il y a au monde.
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PROFIL♌ Double Compte : Georgiana, Esther & Scarlett ♌ Prénom ou Pseudo : Mari-Jane ♌ Signaux de Détresse : 1196 ♌ Points : 9 ♌ Jour d'embarquement : 17/11/2012 ♌ Age du Personnage : 35 ans ♌ Profession : Actrice ♌ Crédits : Love ♌ Photo :
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Sujet: Re: "Etre une femme." ♣ VIOLET Ven 20 Sep - 17:50
Avant d'être une mère, il faut être une femme.
Aux bains turcs. Année 1913
Vérité, mensonge, les non-dits, les paroles cachées, Mary-Ann Fleming voulait par-dessus tout savoir ce que Charles cachait. Le bonheur de ses enfants étaient comptés et la mère de famille voulait par-dessus tout, savoir si l’homme était fiable ou non. Charles Wellington était un homme charmant, un parfait illusionniste qui pouvait montrer le beau alors que tout était pourri. C’était comme si on donnait de beaux habits à un homme sans manière, d’un côté il pouvait être physiquement parfait, mais à l’intérieur il était toujours la même personne. Tout n’était qu’illusion. Charles avait le charme, l’argent, mais au fond qui était-il ? Derrière ses mensonges Mary-Ann ne savait plus qui il était et encore moins comment il avait fait pour en arriver là. Violet aussi avait connu le même homme, un charmeur qui lui avait promis des merveilles pour l’amener avec lui pour Dieu sait quoi. La jolie prostituée avait sûrement toujours rêvée de pouvoir voler de ses propres ailes, de pouvoir vivre une vie plus saine et son rêve avait été d’être actrice. Charles avait fini par lui promettre de pouvoir lui donner ce rêve, ainsi, elle l’avait suivi sur le Titanic, pensant pouvoir tout avoir, mais le naufrage avait changé la donne, durant celui-ci Charles avait tout perdu, Violet, mais aussi sa famille qu’il avait abandonné dix ans auparavant. Mary-Ann s’était toujours demandée quelle réaction l’homme avait pu avoir en découvrant dans les journaux que sa célèbre actrice était morte en compagnie de ses jumeaux, surtout à bord d’un navire dans lequel il voyageait aussi. Découvrir la nouvelle avait dû être compliqué pour l’homme, il n’avait jamais pu connaître ses enfants et du jour au lendemain il les perdait. Mary-Ann ne cherchait pas à l’excuser, l’homme lui faisait juste pitié à cause de sa lâcheté. IL avait tout pour être heureux, mais à cause des mauvais choix qu’il avait fait, il avait tout perdu. L’actrice aurait pu l’aimer et faire en sorte que tout aille bien pour eux, mais Charles était parti, la repoussant et rejetant leur histoire, qui était pourtant si belle. Violet semblait heureuse d’avoir trouvée une alliée dans sa quête de vérité et Mary-Ann elle-même était soulagée d’avoir quelqu’un à ses côtés, être deux pour cette affaire, ça ne serait jamais trop, surtout avec un cas comme Charles qui avait passé toute sa vie à mentir à tout le monde. La mère de famille ne savait pas encore comment elle s’y prendrait, mais elle finirait par trouver, Charles ne pourrait pas fuir trop longtemps, c’était impossible, surtout quand la vérité ne tenait qu’à lui. Assumer ses actes était ce qu’il y avait de plus important, surtout quand on avait deux enfants.
« Je pense aussi que ça ne lui fera pas de mal, il est temps qu’il assume ses actes et je dois enfin savoir à qui mes enfants ont affaire, je ne voudrais pas qu’il les fasse souffrir à cause de sa lâcheté. » Disait l’actrice très rancunière à propos de l’homme.
Violet était morte à cause de Charles, pour Mary-Ann, elle passait prioritairement, la jeune femme avait besoin de savoir pourquoi elle était morte et surtout pourquoi le faux réalisateur avait pu lui faire cela. De son côté, l’actrice avait passé dix années en croyant l’homme mort, elle n’était plus à quelques jours voir semaines prêts, elle pouvait très bien attendre, puisque si elle s’était retrouvée à bord du Titanic, ce n’était pas pour Charles. Par contre, elle le juge pour le fait de ne pas avoir été là pendant toutes ces années, de l’avoir laissé seule avec les enfants, alors qu’ils méritaient d’avoir un père. A bord de ce navire, c’était avec eux qu’il aurait dû se trouver, non pas en troisième classe en jouant les gentlemen avec des femmes qui n’étaient pas la sienne. Avant le pardon, c’était sûr, Charles aurait beaucoup de choses à se faire pardonner. La jeune prostituée proposa alors à Mary-Ann de commencer par le commencement et de voir ce qu’elles pouvaient rassembler sur la vie du menteur.
« Je ne suis pas sûre que savoir ce qui est faux ou vrai, mais je suis certaine que Charles a été réalisateur, peut-être pas si doué que cela, mais il l’a été. Je l’ai rencontré sur l’un de mes tournages, il était ami avec l’homme qui dirigé le film sur lequel je travaillais. C’était un homme riche, mais après je ne sais pas d’où l’argent pouvait sortir, mais il coulait à flot. Nous avions même pour projet de nous faire construire un chalet. Sinon, je n’ai jamais rencontré sa famille et le jour de sa soit disant mort, je me suis occupée moi-même des funérailles. Donc je suppose qu’après s’être fait passé pour mort, il a dû partir en Angleterre, là-bas personne n’aurait pu le retrouver. » Soupira la mère de famille.
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Sujet: Re: "Etre une femme." ♣ VIOLET Mer 23 Oct - 22:52
Fouiller dans une illusion avait quelque chose d’à la fois étrange et troublant. C’était comme si je levais lentement le voile opaque d’un mirage, recouvrant une vérité trop éclatante pour mes yeux habitués à l’obscurité et à la noirceur d’encre de l’âme de Charles. Mais la réalité était-elle si lumineuse ? Si éclatante ? La vraie vie du réalisateur... Qu’en était-il de sa vraie vie ? Pourquoi tous ces mensonges ? Précautionneusement, il avait tissé ce qui serait son existence, inventée de toutes pièces. Il s’était construit un personnage charmant, tout droit sorti de son imagination tordue. Comme un petit papillon perdu, je m’étais laissée prendre de ces fils, joyeusement et naïvement emmêlée dans sa toile. Que je le veuille ou non, ma vie était maintenant liée à la sienne. Tout comme ma mort. Je craignais réellement de ce que nous pourrions découvrir, Mary-Ann et moi. Maintenant que nous étions tous coincés dans ce huit-clos oppressant, l’actrice n’aurait d’autres choix que de croiser son ancien compagnon. Devra-t-elle s’expliquer avec lui ? Son foyer était brisé depuis plus de dix ans. Mais peut-être que la vérité réparerait tout ? Peut-être comprendrait-elle tout, au final ? Les raisons du départ de Charles, ses mensonges, ses infidélités... ? Ou peut-être l’issue serait-elle bien différente. La famille Fleming risquait d’être à jamais déchirée. Un mensonge édulcoré valait-il mieux que l’atroce et horrible vérité ? La question ne se posait pas vraiment ici. En effet, le mensonge était loin d’être édulcoré. Les enfants du couples, eux, par contre risquaient probablement d’être ravis, si leur mère se rapprochait de leur père.
_Je comprends votre amertume, Mary-Ann, chuchotais-je, compatissante. Vos enfants sont-ils au courant des... histoires de leur père ? Je me doute que non. Ils sont jeunes...
Ils ne devaient pas l’avoir connu. Quelle tristesse. Pour ma part, je ne pouvais imaginer ma vie sans ma famille. Comment aurais-je pu devenir celle que j’étais sans eux ? Mes parents m’avaient tout appris. Les moments de douleur, de tristesse et de désespoir, je les franchissais en pensant à eux. Je ne sais pas s’ils auraient été fier de ce que j’étais devenue. Ici, le mensonge coloré valait mieux. Au moins, dans leur mémoire, j’étais cette jeune fille volontaire et travailleuse, rêvant de paillettes, de scène et de public euphorique. Je n’étais pas la prostituée arpentant les rues, le ventre vide et les jambes dénudées. Quelle horreur, s’ils l’avaient appris.
Je ne mettais pas en question l’éducation de Mary-Ann. Elle avait du très bien les élever. C’était une femme respectable et aimante, je l’avais su au premier coup d’oeil. Mais tout enfant avait besoin d’un père. Ou d’une figure paternelle. Enfin, je n’étais pas vraiment objective. J’avais grandi dans un foyer chaleureux. Et combien de filles avais-je vues chez Madame Hawk dont la famille était incomplète ? Il était clair qu’un drôle de complexe les poussaient à fréquenter des hommes plus âgés, à la recherche d’un modèle masculin. Je ne les jugeais pas. C’était ainsi.
Une autre chose m’étonna. L’actrice ne semblait pas posséder beaucoup d’informations sur son compagnon. Elle n’avait jamais rencontré sa famille, ni poser de questions quant à l’argent... Moi même, je n’étais pas d’un naturel suspicieux, mais c’était l’homme qui partageait sa vie. Charles avait dû jouer ses cartes d’une main de maître pour manipuler cette femme de la sorte. Après, avec les dizaines de mensonges dont il s’était enturbanné, difficile de distinguer le vrai du faux.
_Faire la lumière sur tout ça risque d’être un peu ardu, soupirais-je dans un sourire. Charles est un sacré loubard. Il va falloir mettre les bouchées doubles. Qui sait, peut-être que nous nous découvrirons un talent caché pour l’enquête ! On nous aurait embauché à Scotland Yard, dans une autre vie.
Je doutais un peu de cela, mais il aurait été amusant de nous voir en tant que détectives officielles. Nous avions été si naïves... Faciles à berner comme des gamines de six ans. Ma propre crédulité m’étonnait.
Je me rendis soudain compte de la fatigue qui commençait à m’étreindre. Entendre toutes ses vérités et ma rencontre avec Mary-Ann m’avaient complètement vidée. J’étais épuisée et déjà, mes paupières papillonnaient pour me tenir éveillée. Après tout cela, j’avais besoin d’une bonne nuit de sommeil pour réussir à avaler tout ce qui avait été dit. Je me redressais en prenant soin de bien serrer la serviette autour de moi. J'avais l'impression de porter le poids du monde sur mes épaules.
_Je vais prendre congé de votre compagnie, souris-je. Je suis éreintée. C’est un choc qu’il va me falloir assimiler. Je vous remercie pour votre franchise et votre bon coeur, vous m’avez ouvert les yeux et je vous en suis redevable.
Au moment où j’allais sortir des bains turcs, je me retournais une dernière fois, oubliant une chose d’une importance capitale.
_Oh et j’allais oublier, j’essayerais de nous dégoter des calepins, vous savez, comme les enquêteurs. Pour que nous notions tous les indices !