« Et quand un oisillon vient se poser sur le nid de la proie »

Appartement de Scarlett ♦ Seule dans sa cabine, Scarlett se laissait aller aux plaisirs de la lecture. Nonchalante, elle était assisse dans un fauteuil Louis XV, les jambes étendues dessus. Thomas était absent, il avait fini par abandonner la compagnie de sa femme si agaçante. Durant toute la matinée, la belle avait pris un malin plaisir à lui gâcher sa journée, si bien que l’homme était parti. Sa servante n’était pas présente non plus, Scarlett lui avait laissé sa journée, pour mieux pouvoir jouir de sa solitude. Les cheveux lâchés, elle n’avait rien d’une noble, mais plus l’apparence d’une paysanne dans un costume de noble. Mais Scarlett en a cure, elle savait où était ses valeurs et elle n’avait surtout pas envie d’abandonner sa liberté et même enchainé avec un mari, elle n’abandonnerait pas se plaisir. Plongée dans son roman, les Hauts de Hurlevent, dont elle avait du mal à s’en détacher, elle prenait plaisir à regarder la déchéance de ce couple, Catherine et Heathcliff. Depuis qu’elle avait croisé James Robinson en train de lire ce roman, elle n’avait eu qu’une envie, le relire à nouveau. Par chance, elle le possédait dans sa petite bibliothèque, l’une des premières éditions, qu’elle avait dénichées chez un libraire à Edimbourg. Après plus d’une heure de lecture, la jeune femme ferma son livre et se leva pour boire un verre d’eau. C’est à ce moment-là qu’elle entendit du bruit dans le couloir, un bruit pas très important, mais qui l’alerta. Cela ne ressemblait nullement aux jacassements des bonnes et encore moins à ceux des nobles, peut-être y avait-il un voleur ? Après tout à bord du Titanic, tout pouvait arriver. Scarlett ne se préoccupa point de sa tenue et finit par sortir pour mieux trouver un jeune homme aveugle presque au pas de sa porte. Tout de suite l’homme se mit à se confondre en excuse, ce qui fit d’autant plus sourire la veuve noire, qui se rendait bien compte que ce jeune homme paraissait très timide.

« Mais que vois-je, un oisillon sur le pas de ma porte. Dit-elle d’une voix charmeuse. Elle s’aperçut alors que l’homme qui c’était présenté comme étant musicien, n’avait pas d’instrument entre les mains. Un musicien sans instrument, mais de quoi voulez-vous jouer alors auprès de cette noble dame ? »

Une seconde se passa à peine, avant que l’homme ne répondit une excuse, d’après lui, la dame avait déjà un instrument dans sa cabine. Jamais Scarlett n’avait encore fait appel aux services d’un musicien pour la distraire, peut-être ferait-elle une autre exception pour lui, il était si mignon. Elle en ferait bien son quatre heure, surtout depuis que Dantes ne lui donnait plus aucunes nouvelles. Le musicien jouait du violon, un instrument que la belle prisant particulièrement en dehors du piano. D’ailleurs, à force de détailler ce jeune homme, elle se rappelait de l’avoir vu dans le restaurant et aussi dans quelques réceptions à bord. Il jouait merveilleusement bien, pour le plus grand plaisir des oreilles. Avant qu’elle ne puisse répondre à nouveau, l’homme se confondit à nouveau en excuse, il s’apprêtait même à partir, avant que la belle ne l’arrête.

« Jeune homme, vous ne m’importunez point. Disait-elle en se rapprochant de lui, elle lui attrapa alors le bras. Venez-vous restaurer dans ma cabine, vous me semblez bien troubler. Vous ne pouvez décemment pas jouer auprès de cette noble dame sans boire un verre d’eau. »

Une fausse excuse bien sûr, mais Scarlett était vraiment intriguée par cet homme qui venait de tomber comme par magie dans son nid. Elle voulait en savoir plus, mais aussi dérober ce jeune homme, comme elle l’avait déjà fait à tant d’homme. La veuve noire n’en avait décidément jamais assez, en ce qui concernait les hommes, surtout quand elle se sentait par un homme, pour qui elle avait des sentiments.