J'oublierai ton nom De mille façons Pour les mêmes raisons qui m'ont fait t'aimer Parce qu'il fallait bien vivre avant d'oublier
Adossé contre le mur, Jack était assis sur son lit, la cabine plongé dans le noir. Seule la lune éclairait la chambre d'une faible lueur blanche: Jack pouvait voir la silhouette endormie de sa sœur, l'habitacle sommaire de la pièce. Toutefois, là ou son regard se portait, il ne voyait rien, son esprit était ailleurs. Il repensait encore et encore à ce qui venait de se produire et à cette douleu qui terrassait sa poitrine. Elle lui avait menti. Encore une fois et peut être celle de trop. Celle qui faisait qu'actuellement il tournait en rond dans sa cabine. Depuis hier, ou plutôt depuis ce matin alors qu'il faisait encore bien nuit, Jack s'était retrouvé dans le fumoir pour une partie de poker avec des amis. Et alors, qu'il s'était retrouvé tout seul, profitant d'un moment de sérénité, il avait eu la désagréable surprise d'être rejoint par Peter, cet homme qui tournait autour d'Heloise depuis le naufrage. Les deux s'étaient, tout d'abord, ignorés, puis quelques mots avaient été échangés, laissant place à un entretien empli de colère et de haine mutuelles. Jusqu'à ce que le Lord révéla qu'il était le fiancé d'Heloise et ce, depuis un moment. Des années même, bien avant que le joueur de poker ne fasse la connaissance de la comtesse. Jack était resté impassible, ne voulant croire ce qu'il lui révélait. C'était impossible, la blonde aux yeux bleus lui avait pourtant dit qu'il n'y avait rien entre eux lorsqu'il s'était retrouvé dans la cale des automobiles. Peter mentait! L'entretien entre les deux ennemis avait fini par s'écourter et Jack avait rejoint sa cabine ou se trouvait sa sœur, Lydia, paisiblement endormie. Il n'avait fermé l'œil de la nuit ressassant les paroles du noble. Et la vérité était apparue, cruelle, tranchante et froide: Héloise avait laissé sous entendre qu'elle était fiancée lorsqu'ils s'étaient retrouvés tous deux dans la voiture de luxe. Jack n'y avait prêté attention, il s'était dit qu'il s'agissait d'un mariage de raison et non d'un mariage d'amour, aussi ne pouvait-il lui en tenir rigueur. Mais maintenant que le fiancé n'était autre que Peter, il était forcé d'admettre que son ancienne compagne lui avait, encore une fois, menti. Sa confiance en elle avait été, à nouveau, bafouée. La souffrance qu'il ressentit cette fois encore ne pût l'aider à s'endormir, au contraire, il rumina, seul, laissant la colère l'envelopper petit à petit: une fureur telle qu'il se sentait le besoin d'aller la voir et de mettre les choses au clair. Malheureusement, Jack se savait impulsif et sous le coup de la colère, des paroles malheureuses risquaient de partir sans pourtant qu'elles soient pensées par le jeune homme. Aussi, préférant prendre sur lui, il resta allongé jusqu'à ce que le jour se leva sur une nouvelle journée. Sa colère n'était toujours pas redescendu et ses pensées l'empêchaient de réfléchir raisonnablement. Peut être qu'il était temps de percer l'abcès une bonnes fois pour toute. Il était peut être pour la jeune femme de savoir ce qu'elle voulait, elle ne pouvait décidément jouer ainsi avec le cœur des deux hommes ainsi que leurs sentiments. Elle ne pouvait aller voir Jack et ensuite se pavaner avec Peter sans qu'il y ait une souffrance d'un côté comme de l'autre. Le blondinet n'était pas idiot, il savait que son ennemi éprouvait des sentiments à l'égard de la danseuse. Mais à l'inverse du joueur de poker, il n'avait rien vécu avec Héloise, il y avait tant de choses qu'il n'avait jamais connu et cela mettait Jack, hors de lui, quand il se permettait de tenir des propos déplacés lors de leur entrevue dans le fumoir. Il voulait la guerre? Très bien, il allait l'avoir.
Cette dernière pensée rendit le blondinet encore plus furieux et il se leva de son lit soudain et se mît à faire les cent pas dans la cabine. Il ruminait, trop même. Ce n'était pas bon de garder cette colère enfouie en lui, il fallait qu'elle s'extériorise. Pourtant, s'il croisait Peter, un nouveau cadavre verrait le jour tandis que s'il croisait la femme ayant partagé sa vie, il allait s'énerver et anéantir la fragilité de leurs rapports actuels: ils se parlaient enfin, ce n'était pas le moment de tout gâcher... " Frangin... Va courir ailleurs... " grommela Lydia en s'enfouissant dans les couvertures. Les pas furieux de Jack semblait l'avoir réveillée. Sans dire mot, le joueur de poker quitta la cabine. Il se remit en marche et instinctivement, ses pas le guidèrent vers la cabine qu'Heloise partageait avec Lisbeth, enfin elle était seule depuis la mort de l'intrépide aventurière. Il avait un besoin soudain vital d'aller retrouver son âme sœur, il avait besoin d'explication, il avait besoin de comprendre le pourquoi du comment. Il avait besoin d'une vérité. Il ne voulait plus de mensonges, cela lui déchirait trop le cœur. Le chemin fut plus rapide qu'il ne le pensait et en quelques minutes, il fut devant la porte de la cabine d'Heloise. Son cœur avait accéléré sa cadence folle, et il se sentait toujours aussi furieux. Inspirant plusieurs fois, le jeune homme entreprit de se calmer mais c'était peine perdue. Aussi, ignorant cette fureur bouillant de l'intérieur, Jack toqua à la porte, affichant un visage impassible et ne trahissant aucun chamboulement émotionnel dont son esprit était victime en ce moment. Même sa voix fut posée quand il héla Héloise: " C'est Jack... Je peux entrer? "
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Ven 27 Déc - 18:17
Si l'espoir est une flamme, la mienne s'est
éteinte pour toujours..
Héloïse courait à en perdre haleine. Son souffle était court, le rythme des battements de son cœur effréné et ses cheveux en bataille. Ses prunelles d’azur cherchaient désespéramment à trouver une issue à cet enfer. Une fois encore, elle se retrouvait dans ce manoir maudit, à tenter d’échapper aux hurlements qui brisaient ces tympans, à l’obscurité qui ne cessait de croître et à ses poursuivants. Ce n’étaient plus que des formes indistinctes, privées de toutes caractéristiques humaines. Elles semblaient seulement être des ombres qui se mouvaient à une vitesse effrayante et qui ne cherchaient qu’à inspirer la peur et lui nuire. La blonde tentait de la combattre avec toute la hargne dont elle était capable, mais elle ne parvenait à faire taire l’angoisse qui la submergeait. Cette dernière prenait de plus en plus de place dans son cœur et menaçait de le faire lâcher à tout instant. Autour d’elle, des répliques d’elle-même se faisaient égorger sous ses yeux par les créatures maléfiques qu’elle fuyait. Bientôt, ce serait son tour. Elle ne voulait mourir, pas comme la dernière fois. Elle ne voulait encore revivre cette douleur. Elle se prit soudain la tête entre les mains, fermant les yeux pour ne plus supporter ce genre de vision. Tout ce sang autour d’elle… Ces visages déformés par la douleur. Son visage… Elle rentra tout à coup en collision avec quelque chose. Elle crut bien que c’était un mur, mais la surface qu’elle avait percutée n’était pas assez dure pour que ça en soit un. En réalité, cela avait tout l’air d’un corps humain, mais elle n’osait ouvrir les paupières, de peur de tomber sur une réplique d’elle-même en train de se faire assassiner.
« Tu m’as tuée. » s’égosilla une voix familière à Héloïse. « MEURTRIERE ! MEURTRIERE ! »
La blonde releva instantanément le regard et ses yeux s’écarquillèrent d’horreur. Son cri s’étrangla dans sa gorge en avisant la silhouette qui lui hurlait dessus avec colère. Le Comte ! Son expression n’était qu’une grimace effrayante, funeste tandis qu’il s’approchait de sa fille. Ses lèvres étaient parsemées de bile et de bave, comme s’il avait tenté de régurgiter le poison que la blonde lui avait fait avaler. Ses yeux donnaient l’impression de sortir de leurs orbites tant il l’observait avec démence et rage. Sur sa poitrine grossissait une épaisse tâche de sang à l’endroit même où une lame était plantée en plein cœur. La jeune femme recula, tremblante de peur. Elle prit finalement ses jambes à son cou et courut en sens inverse, devant toujours faire face à la série de meurtres qui sévissaient autour d’elle. Mais à peine fut-elle partie dans une autre direction, qu’une autre silhouette se dressait devant elle dans l’ombre. Héloïse recula, terrifiée tandis que la créature s’extirpait des ténèbres pour apparaître à la lumière des chandeliers. Mais ce n’était nul autre que Lisbeth. La blonde étouffa un hurlement en voyant une partie de son crâne écrasée par un coup qui avait dû lui être fatal.
« Pourquoi ne m’as-tu pas sauvée ? Pourquoi n’as-tu pas été là pour moi ? » se désola son amie en s’avançant vers elle. « Je suis morte par ta faute. »
« Non… non. Je ne savais pas. Je n’ai pu… je… » bredouilla faiblement la blonde en reculant.
Mais déjà, elle heurtait quelqu’un d’autre. Elle se retourna vivement, craignant que ce ne soit le Comte. Malheureusement, une vision bien plus déchirante s’imposa à elle. Ses yeux s’emplirent immédiatement de larmes en observant le sang qui coulait de la poitrine de la personne.
« Maman ? » hoqueta-t-elle, n’osant y croire. « C’est vraiment toi ? »
La blonde aurait voulu la prendre dans ses bras, goûter à nouveau à l’étreinte de son corps, à ses baisers sur son visage, mais l’expression de sa mère restait indéchiffrable. Elle avait le même regard dénué d’éclat que Lisbeth.
« Pourquoi ne m’as-tu pas sauvée ? Pourquoi es-tu restée dans l’ombre ce soir-là ? » lui reprocha Fiona d’une voix éteinte. « Je suis morte par ta faute. »
Le cœur d’Héloïse sombra tout à coup dans sa poitrine. Son expression devint désespérée. Elle fit un pas vers sa mère.
« Mais je… je ne pouvais pas. Je n’étais qu’une enfant… je ne comprenais pas ce qu’il se passait… » tenta de se défendre la jeune femme d’une voix tremblante. « Mais je t’ai vengé maman ! J’ai rendu justice en tuant le Comte afin qu’il paye enfin son crime ! J’ai restauré ta mémoire ! »
La Comtesse fit un pas de plus vers sa mère, mais un éclat dans le regard de la danseuse la dissuada d’aller plus loin. Elle se rendit soudain compte que le Comte et Lisbeth l’encerclaient aussi. Ils resserraient les rangs, étouffant Héloïse au centre du cercle.
« MEURTRIERE ! » hurla soudain sa mère, puis les voix de Lisbeth, Henri et des ombres se mêlèrent à la sienne. « MEURTRIERE ! MEURTRIERE ! MEURTRIERE ! »
Ces cris martelèrent l’esprit de la blonde qui se mit à gémir, ne pouvant en supporter davantage. Elle plaqua ses paumes contre ses oreilles afin d’étouffer les hurlements, mais rien à faire. Accablée, elle se laissa tomber à genoux sur le sol. Des larmes brûlantes coulaient sur ses joues.
« ASSEZ ! ARRÊTEZ ! » hurla-t-elle. « JE N’EN PEUX PLUS !! »
Comme par enchantement, les cris se turent tout à coup et ne laissèrent place qu’à un silence de pesant. Un silence de mort. Héloïse releva ses prunelles baignées de larmes et fut éblouie par l’éclatante blancheur des lieux. Ici, les ténèbres n’avaient plus leur place. Sa mère, le Comte et Lisbeth avaient disparu, ainsi que les ombres et tout le sang dans lequel ils baignaient. Tout n’était plus qu’immaculée blancheur. La blonde se redressa alors, sondant l’horizon alentour, lorsque tout à coup, quelque chose attira son regard. Au loin, dans le vide de lumière, trônait un berceau solitaire. Héloïse le détailla longtemps avant d’oser s’approcher. Elle s’avança finalement, d’un pas lent et mesuré. Elle avait bien trop peur que cet objet ne se transforme soudain en vision d’horreur. Arrivée devant le berceau, elle remarqua tous les voilages qui dissimulaient l’intérieur du couffin. D’une main tremblante, elle écarta les pans de toile qui dévoilèrent bientôt un tout petit nourrisson perdu au milieu d’une montagne de couverture. Il semblait endormi, sa poitrine se soulevant au rythme régulier de sa respiration. L’esprit de la blonde s’apaisa quelque peu et elle tendit une main afin de caresser le visage du bébé. Mais au moment même où ses doigts allaient rentrer en contact avec sa peau, l’enfant ouvrit les yeux. Son cœur rata un battement lorsqu’elle avisa le bleu limpide de ses prunelles. Cet azur qui s’était posé dans son regard et qui donnait une intensité mystique à ce nourrisson. L’enfant observa Héloïse avec étonnement avant qu’un sourire n’apparaisse sur ses lèvres. Dans un babillement incompréhensible, elle tendit sa petite main potelée vers la blonde. Les larmes montèrent immédiatement à ses yeux tandis qu’elle touchait les doigts de ce bébé qu’elle avait la sensation de connaître depuis toujours. Car cet enfant…c’était le sien.
Des cognements l’extirpèrent soudain de son sommeil perturbé. Elle était encore secouée par toutes les images qui défilaient dans sa tête et surtout par cette dernière vision, qui avait des accents de vérité aux yeux de la blonde. Lentement, les morceaux se recollaient dans son esprit. Les rouages étaient en train de se réenclencher. Il fallut de nouveaux coups pour qu’elle réagisse enfin. Puis la voix de Jack se fit entendre de l’autre côté de la porte. Elle se redressa immédiatement sur sa couche, s’étant accordée une brève sieste tant ses nuits étaient emplies de cauchemars. Elle s’approcha alors de la porte, non sans frissonner en passant devant le lit vide de Lisbeth. Elle se raccrocha au mur, encore ébranlée par ces vérités qui s’imprimaient peu à peu en elle. Finalement, elle ouvrit la porte et vit le jeune homme qui se tenait devant elle.
« Qu’est-ce que tu fais ici ? » s’étonna-t-elle en voyant l’expression indéchiffrable de son visage. « Il y a un problème ? »
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Dim 29 Déc - 22:35
"J'oublierai
ton nom"
J'oublierai ton nom De mille façons Et cette certitude Me fait plus mal encore J'aimais cette blessure C'était toi encore
Son cœur battait la chamade, son stress était à son comble. Il était tellement furieux et puis en même, temps, la peur le tétanisait sur place. Sans doute craignait-il de ne pas réussir à se calmer, à se contenir. L’impulsivité le terrassait complètement dès lors qu’il était énervé, il devenait tellement difficile à calmer. Il était fort probable que cette fois ci, Héloise ne puisse canaliser cette rage comme elle avait su si bien le faire depuis tant de temps. Combien de fois le jeune homme s’était-il emporté et la blonde avait su trouver les mots justes, les bons gestes. Mais en ce matin d’hiver froid ou la neige avait recouvert le paquebot et l’île de son manteau blanc, sa fureur avait atteint des sommets. Le jeu avait assez duré. À force, le joueur de poker était complètement perdu, et plus que jamais. Les révélations de Peter n’avait pas été de toute aide pour arriver à son état actuel. Il avait besoin d’entendre de sa bouche ces vérités dissimulées. Encore une fois, sa confiance en elle avait été mise à rude épreuve et cette fois-ci, il lui devenait difficile de passer outre ce mensonge. Pourquoi lui mentir ? Pourquoi lui cacher ? Le faisait-elle exprès ? S’amusait-elle de créer ces souffrances inutiles ? Tant de questions qui traversaient son esprit depuis hier… Tant d’interrogations qui lui faisaient si mal, lacérer son cœur, emprisonner son âme dans une spirale de noirceur. Quand est ce que tout cela allait cesser ? Quand ?
Oh Héloise. Dis moi quand tout cela cessera. Dis moi que ce que je vis n’est qu’un horrible cauchemar. Vais-je un jour me réveiller et me rendre compte que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve… ?
Il attendait que la jeune femme lui ouvre et en attendant, plusieurs fois, il inspira profondément cherchant un apaisement. Jack se répétait sans cesse, mentalement : Calme-toi, Jack. Garde la tête froide et ton sang froid. Se répétant inlassablement ces paroles, le joueur de poker essayait de chercher des raisons de ne pas s’emporter. Mais à chaque fois, ses pensées revenaient à cette révélation et elle lui faisait si mal. Pourquoi lui ? Pourquoi toute cette souffrance ? Il avait fait des erreurs mais certainement, ne méritait-il pas tout cela ? Entendant soudain du remue ménage dans la cabine de l’Ancienne Comtesse, son stress augmenta d’un cran soudainement. Avec une fébrilité certaine, Jack eut soudain envie de s’enfuir, de reporter cette discussion à plus tard. Mais maintenant qu’il était là, reculer ne servait plus à rien. Tu resteras calme, tu ne vas pas t’énerver Songea t-il cherchant un moyen de faire apparaître un visage neutre. Il la connaissait trop bien. Si elle s’apercevait de son état, elle refuserait de lui parler, ou pire, elle prendrait la fuite comme elle savait si bien le faire, comme elle l’avait fait tant de fois. Le joueur de poker tenait tant à cette conversation qu’il lui fallait donc conserver au mieux son calme.
La porte s’ouvrit et le visage angélique d’Héloise apparut dans l’embrasure. La jeune femme parut surprise de le voir et semblait sortir tout droit de son lit : il était encore tôt ce matin, sans doute sa visite venait-elle de la réveiller. Lui demandant ce qu’il faisait ici, l’ancienne danseuse s’inquiéta d’un problème quelconque. Son visage toujours indéchiffrable, Jack lui répondit calmement : « Est-ce que je peux entrer ? » Répondre à une question par une interrogation. Ce n’était sans doute pas très rassurant. Aujourd’hui n’était peut-être pas le bon jour pour les politesses. Et puis, au diable les bonnes manières ! Jack n’en avait jamais vraiment eu avec la jeune femme. Leurs relations en avaient été des plus harmonieuses et des plus sincères. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait changer. Il ne deviendrait pas un étranger aux yeux de la jeune femme et de sa sœur : il resterait toujours le même. Durant un instant qui lui sembla bien trop long, Héloise se dégagea afin de le laisser entrer. La suivant derrière, Jack se retourna seulement pour refermer la porte de la cabine. Il voulait être seul à seul avec elle. Il y avait des choses auxquelles il ne tenait pas à cela soit entendu dans ce bateau. S’adossant contre la porte, Jack regarda la jeune femme dans les yeux, son visage indéchiffrable, aucun sourire n’apparaissait. Seul un calme olympien le dominait. Pourtant, intérieurement, la guerre des sentiments faisait rage. Pourquoi me fais-tu ça, Héloise ? Pourquoi, me causes-tu autant de souffrances ? Ne t’ai-je pas offert tout mon amour ? Ne t’ai-je pas prouvé maintes et maintes fois que je t’ai aimé et que je t’aime encore ? D’un côté, il y avait cette colère irrationnelle qui lui donnait des envies de meurtre contre elle, contre son satané Peter, contre tant d’autres passagers du bateau. Il avait horreur d’être pris pour un idiot, encore plus, quand il s’était donné corps et âmes pour une cause, une personne. Et puis, il y avait cet Amour surdimensionné qui faisait battre son cœur. Il y avait cette personne, Elle. La seule qui ait pu chambouler sa vie, son âme. Il était déchiré entre ces sentiments. Etre seuls dans cette cabine n’arrangeait rien. Encore une fois, il sentait ce même courant électrique parcourir son échine, transcender sa colonne vertébrale et ce, rien qu’en la regardant. Cette alchimie qui était née le soir de leur rencontre, ne s’était jamais éteinte. Il aurait tellement aimé pouvoir la prendre dans ses bras, pouvoir l’embrasser, effleurer ses lèvres, sentir son corps contre le sien, tant de sensations et il ne suffisait, peut être que d’un simple pas, d’un simple geste, d’une simple parole.
Elle t’a menti… Encore une fois… Sans doute, passerait-elle sa vie à le faire ? Elle te prend peut être pour un idiot. Peut être n’étais-tu que la bouée de sauvetage dont elle avait besoin avant de retrouver son vaurien de Peter
Jack ravala cette boule qui serrait sa gorge. Son regard n’avait décroché celui de la blondinette. Encore une fois, elle ne cessera jamais de te mentir. « Dis moi… » Il prit une pause, essayant de retenir sa colère, de rester calme et impassible. « Ce qu’il s’est passé dans la cale, la dernière fois… » Me souvenir des jolies choses. Sentir me prendre dans tes bras et en faire de même avec toi, me dire que je t’ai manqué, que ton absence avait été une cruelle souffrance pour moi, me dire que tu m’aimes encore. T’embrasser et t’aimer encore et encore, pour toujours… Pour l’éternité. Jack détourna les yeux le temps d’une seconde, le temps de prendre conscience de la terrible vérité s’offrant à lui : « Etais-tu sincère avec moi ?
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Lun 30 Déc - 22:19
Si l'espoir est une flamme, la mienne s'est
éteinte pour toujours..
Héloïse ne pouvait extraire toutes les visions d’horreur qui apparaissaient dans son esprit, ni les hurlements, les accusations terrifiantes qui résonnaient encore à ses oreilles. Elle ne pouvait s’empêcher de croire voir dans le coin de l’œil, sa propre personne assassinée, plus laissée agonisante sur le sol. Tout ce sang… ce même sang qui recouvrait la poitrine du Comte et de sa mère… et puis la tête de Lisbeth. Ils l’avaient accusée. Elle était responsable de leur mort à tous ! Pourquoi n’avait-elle pas pris plus garde à la vie de son amie ? Pourquoi ne pas avoir su protéger sa mère alors qu’elle assistait à la scène de loin ? Elle aurait pu intervenir ! Si elle s’était mise entre le Comte et sa mère, elle aurait sans nul doute pu la sauver de la mort qui l’attendait. Henri de Neuveille n’aurait jamais tiré sur celle qu’il croyait être sa fille, il ne lui aurait jamais fait subir le meurtre de Fiona s’il savait qu’elle en était témoin. De toutes les choses qu’Héloïse n’avait jamais voulu s’avouer sur le Comte, c’est qu’il n’aurait jamais pu souhaiter sa mort. Imaginer que les choses auraient pu prendre un tournant différent si elle ne s’était pas lâchement cachée lui retournait l’estomac et lui serrait le cœur, comme si quelqu’un l’empoignait soudain avec force.
Et puis bien entendu, elle était responsable du trépas du Comte, une mort qu’elle avait souhaité ardemment durant des années. Et voilà qu’aujourd’hui, elle se surprenait à … regretter son geste ? Non ! C’était impossible. Son acte était juste, légitime ! Elle l’avait tué pour venger sa mère, elle n’avait rien à se reprocher à ce sujet. Alors pourquoi toute cette culpabilité ? Pourquoi son esprit se révoltait-il contre elle-même ? N’aurait-elle pas pu vivre auprès du Comte ? Apprendre à le tolérer ? Se marier avec Peter et ne jamais avoir à provoquer autant de peine auprès des gens qu’elle aimait autrefois ? Elle aurait pu faire de sa vie des bals et des réceptions, être une épouse parfaite, avoir des enfants pour qui elle rêverait d’un avenir qui serait dans les traces de leur père. Elle aurait pu vivre heureuse avec Peter car c’était un homme bon et qu’elle n’osait s’avouer que dès le premier soir, il lui avait plu. Après tout, le Comte n’avait jamais cherché que son bonheur et son pardon durant des années… Mais cette haine, cette rancœur, cette souffrance. Elle n’avait pu les bannir de son cœur. Elle avait été trop lâche pour lui accorder son pardon et éviter à ses amies les souffrances d’une séparation sanglante. Elle n’était guère plus qu’un monstre, un être abominable. Une meurtrière.
Elle ouvrit finalement la porte, et c’est devant Jack qu’elle se retrouva. Une nouvelle pensée s’imprima alors dans son esprit. Si elle n’avait tué le Comte, sa route n’aurait jamais croisé celle de Jack et de Lydia. Elle n’aurait pas causé toute cette douleur et le mensonge ne les aurait pas détruits. Jack ne serait pas mort à bord du Titanic en voulant fuir des dettes de jeu qu’il avait accumulé par sa faute. Il n’aurait pas laissé Héloïse mourir tant il était accablé par la trahison. Et puis… il y avait autre chose. Une chose qui effleurait sans cesse l’esprit de la blonde, mais qu’elle ne parvenait à saisir. A chaque fois qu’elle croyait arriver à le prendre, il s’échappait, comme de la fumée entre ses doigts. Toute cette douleur… L’attitude de Jack ne fut guère rassurante et Héloïse le laissa finalement rentrer dans sa chambre. Elle était encore toute chamboulée par son cauchemar et elle avait du mal à rassembler ses esprits pour porter son attention sur le joueur de poker. Elle doutait qu’elle pourrait entretenir une conversation très construite entre eux. Il pénétra dans la chambre après Héloïse et referma la porte derrière lui. Il resta néanmoins adossé contre la porte. Craignait-il qu’elle s’enfuit ? Aurait-elle des raisons de vouloir s’enfuir en fonction de ce dont il voulait l’entretenir ? L’angoisse monta en elle en avisant son expression indéchiffrable, dure et sévère. Son regard glacial était braqué sur elle et cela la mit mal-à-l’aise. Ce fut elle qui détourna ses prunelles bleues dans un autre coin de la pièce. Elle alla s’adosser contre le mur à l’autre bout de la cabine. Certes, elle n’était pas bien grande, mais tous ses instincts la poussaient à vouloir mettre le plus de distance entre elle et Jack. Le silence s’éternisa, pesant. Elle ne savait si c’était à lui ou à elle de prendre la parole. Négligemment, elle jouait avec les plissures de sa robe. Puis tout à coup, elle se résolut à parler. Toutefois, ce fut d’une petite voix penaude.
« Tu avais quelque chose à me dire ? »
C’est à ce moment-là qu’il se décida enfin à ouvrir la bouche. La blonde aurait voulu souffler de soulagement, mais les paroles de Jack ne furent pas très rassurantes. Elle en vint même à regretter son silence. Il évoqua leur entrevue dans la cale et puis les paroles qu’elle lui avait dites. Son sang se glaça dans ses veines lorsqu’il lui demanda si elle était sincère. Que cherchait-il à savoir par ces questions ? Qu’attendait-il d’elle ? Elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils, soupçonneuse. Elle était sur un terrain glissant, et la moindre parole pourrait peser dans la balance. Il fallait qu’elle les mesure avec précaution. Cependant, elle n’était guère avancée de jouer ainsi à l’aveuglette. Si elle ne connaissait pas les pensées de Jack, il lui serait sans doute difficile de ne pas répondre à côté.
« Oui. Bien sûr. » répondit-elle d’une petite voix comme si cela pouvait permettre à Jack de réagir de manière moins virulente en cas de mauvaise réponse.
Elle détestait se retrouver en position de faiblesse, d’autant qu’il était venu la trouver au mauvais moment. Elle finit par se ressaisir et prendre un peu plus de contenance.
« Ecoute Jack. Je n’aime pas avancer à l’aveugle dans cette conversation. Alors j’aimerai savoir à quoi rime toute cette histoire et cette question ! Qu’es-tu venu faire ici ? »
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Mar 31 Déc - 14:37
"J'oublierais
ton nom"
J'oublierai ton nom De mille façons Et cette certitude Me fait plus mal encore J'aimais cette blessure C'était toi encore
" Étais tu sincère avec moi...? "
Sa question lui avait brûlé son être tout entier. Il avait si mal. Remettre en question cet instant passé avec elle était une réalité difficile à admettre. Depuis cette étreinte partagée dans la cale, depuis cette conversation à cœur ouvert, leurs rapports étaient devenus bien meilleurs, plus doux. Petit à petit, cet amour avait fini par ressurgir par des faits ou des gestes. À commencer dans le fumoir lors de ce rêve étrange, ils s'étaient réveillés blottis dans les bras l'un de l'autre, Jack se souvenait encore trop bien avec quelle ferveur Héloise s'était agrippée à lui et ô combien elle fut troublée en s'apercevant qu'il ne s'agissait pas d'un songe mais de leur monde réel. Durant ce laps de temps passé dans ce lieu, leurs routes s'étaient croisées plusieurs fois et il y avait toujours ces regards, ces gestes, ce même amour qui brûlait depuis tant de temps. Il suffisait d'un pas, d'un mot pour que tout puisse s'arranger et repartir comme avant. Et puis, il y avait eu ce débarquement et là encore, la jeune femme s'était jetée dans ses bras, ils étaient restés blottis l'un contre l'autre et puis la foule les avait engloutie mettant fin à leur étreinte. Mais il y avait des regards qui ne trompaient pas et l'amour était là encore plus puissant que jamais. Pourtant tout n'était pas si simple, tout était même très compliqué. Mais Jack y croyait dur comme fer, ils s'aimaient et c'était bien plus qu'une simple évidence. Ce fait fut encore plus accentué quand l'ancienne comtesse fut tué dans le manoir durant cette fête. Elle avait été égorgée et Jack en avait été désemparé à l'idée qu'elle ne puisse se réveiller. Son corps avait été emmené sur le bateau à l'infirmerie. Et alors, qu'il avait voulu s'y rendre pour la voir, pour lui dire qu'il avait eu terriblement peur de la perdre, qu'il voulait tout reprendre à zéro avec elle, un autre homme s'était déjà empressé d'aller courir à son chevet: et cet homme n'était autre que Peter.
Et puis, les deux ennemis avaient fini par se retrouver, plus tard, dans ce fumoir. Et la terrible vérité avait été éclatée.
Pourquoi, Héloise?
La situation avait assez duré. Le joueur de poker était à bout de nerfs. Il suffisait d'un rien pour que sa rage explose, il suffisait d'un peu pour qu'il abandonne définitivement. Mais il avait besoin de savoir pour pouvoir être en paix avec lui même. Quand il regardait la blonde en cet instant même, la curieuse impression de voir une étrangère ne le quittait pas. Ou était la femme des premiers soirs? Ou était cette princesse aux yeux remplis d'amour qui ne cessait de clamer qu'elle l'aimait, qui prenait soin de lui quand il était malade, qui passait son temps à l'enlacer, à rire. Ou étaient ces temps heureux?
Ou est-elle mon Héloise à moi? Est-elle morte avec le Titanic? A t-elle disparu pour laisser place à cette bourgeoise sans cœur prête à tout pour me faire mal, me faire saigner?
La petite voix penaude d'Heloise s'éleva dans la petite chambre bien silencieuse. Oui, elle affirmait avoir été sincère avec lui.
Menteuse...
Elle lui mentait le regardant droit dans les yeux. Peut être bien qu'elle avait toujours dit des mensonges depuis leur rencontre. Peut être que Lydia avait raison et qu'il n'avait été qu'un bouche trou? Peut être qu'il lui avait fallu jouer un rôle pour continuer à avoir un toit et à manger? Mais pourquoi attendre quatre ans? Pourquoi tout ce temps. Cela n'avait strictement aucun sens.
Menteuse... Tu mens comme tu respires. Encore et toujours... Ça suffit!
Il n'avait dit mot à sa réponse continuant à la fixer d'un regard indéchiffrable. Il avait espoir qu'elle se ressaisisse et que finalement, elle lui avouerait ce qu'elle cachait. Mais non, au lieu de cela, elle s'enfonça encore plus, lui demandant ce qu'il lui voulait, elle ne supportait pas son regard froid, elle ne supportait pas avancer à tâtons dans cette conversation sans savoir pourquoi, soudainement, il lui posait cette question. Adossée contre le mur en face de lui, Héloise semblait vouloir mettre le plus de distance entre elle et lui.
Jack émit soudain un rire. Froid et sans aucune joie apparente. Il s'était redressé de contre la porte et s'était avancé vers Héloise rompant les quelques pas de distance qui les séparaient. Il fut devant elle, lui imposant et grand et elle, toute petite et frêle. Il se pencha légèrement afin que leurs regards soient à la même distance. Ses yeux bleus, si beau quand ils pétillaient, étaient froid et ternes. Il n'y avait plus aucune chaleur, juste une froideur sans équivoque. Et encore une fois, Jack ne répondit aux questions de la blonde:
" Il serait peut être temps que tu arrêtes de me prendre pour un ... " Jack accentua son dernier mot y mettant toute la froideur dont il était capable de transmettre : " Imbécile! "
Et il se redressa la toisant, la regardant de haut. Le jeu avait assez duré et la blonde semblait assez interloqué de ce que venait de dire Jack. De toute manière, ce dernier ne lui laissa pas en placer une.
" Hier soir, je jouais au poker avec des amis. C'était vraiment une journée de merde, vois-tu? Tu étais morte la veille, égorgée et j'avais vraiment cru t'avoir perdu. J'avais donc besoin de me vider la tête. " Jack alla alors vers la porte pour s'y adosser à nouveau non sans continuer à parler : " J'ai tenté d'aller te voir à l'infirmerie mais tu avais déjà de la visite. Et qu'elle ne fut ma "joie" quand ton "visiteur" est venu me rejoindre dans le fumoir ou j'étais le soir même. " Son regard se durcit : " Ah et au cas ou, tu n'as pas compris... je parle de Peter. "
Tu n'es qu'une menteuse !
" De là, nous avons parlé. " Jack lui fit un sourire moqueur ajoutant : " je te rassure, je ne l'ai pas touché.. Je ne voudrais pas amocher ton Peter chéri! " Si tu savais combien j'avais envie de le tuer à ce moment là, lui et toutes les personnes qui étaient chères à ses yeux. J'avais tant de haine en moi, Héloise
" Et là. J'ai appris que vous étiez fiancés! conclua t-il d'une voix faussement joviale.
Jack tremblait de rage, ses yeux bleus lançaient des éclairs envers la blondinette. Menteuse, menteuse, MENTEUSE!
" Alors?! Que dois je dire?! lui invectiva t-il sur un ton haineux. " Félicitations?! Mes vœux de bonheur?! Tu veux peut être que je te donne un coup de main pour les préparatifs? Tu veux peut être que je change les draps de ton lit pour votre nuit de noce?!
Tu as été une de mes plus grandes sources de joie et une de mes plus grandes souffrances. T'aimer me fait trop mal désormais.
" Bordel, Héloise! Pourquoi, tu me mens encore? C'est quoi ton problème? " lui lança t-il, le regard toujours furieux.
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Mar 7 Jan - 20:10
Si l'espoir est une flamme, la mienne s'est
éteinte pour toujours..
La visite de Jack arrivait sans doute au pire moment, d’autant qu’elle ne semblait avoir rien d’une simple visite de courtoisie. Il paraissait vouloir parler sérieusement et Héloïse n’était pas d’humeur à entretenir une discussion profonde ou posée. Ses pensées étaient confuses, s’emmêlant sans cesse avec les images de ses cauchemars, de sa mort traumatisante au manoir lors de la dernière réception. Elle était à fleur de peau, réagissant au moindre mouvement, mal-à-l’aise. Puis elle avait toujours ce poids qui lui pesait et nouait ses entrailles. Non, il n’avait définitivement pas choisi un bon moment. D’autant qu’il lui posait désormais des questions où elle avait la sensation qu’il n’y avait pas vraiment de bonnes réponses. Elle avait la sensation de marcher à l’aveugle sur des braises ardentes et qu’elle allait poser son pied au mauvais endroit où qu’elle aille. Ce genre de situation ne lui plaisait pas car elle se sentait prise au piège, sans moyen de s’échapper. Il n’y avait pas d’issue et elle se sentait étouffer. Elle avait toujours eu besoin d’être libre et elle n’avait pas l’impression qu’elle pourrait être libre de ses paroles, ni de ses réactions, et vue que Jack se tenait adossé contre la porte, elle ne pourrait pas y échapper physiquement non plus. Il commençait à connaître les tactiques de la jeune française et il ne risquait pas de s’y faire prendre à deux fois. Maintenant, il prenait ses précautions. Tout cela n’avait rien de bien rassurant. Elle s’essaya alors à une réponse passe partout, répondant affirmativement à sa demande. Tant pis pour le mensonge, elle n’en était plus à un près et puis si cela pouvait calmer son irritation. Toutefois, il sembla que ce fut l’effet inverse qui se produisit chez le jeune homme. Alors qu’elle s’attendait à une expression soulagée comme elle lui connaissait d’ordinaire, il resta de marbre, la dévisageant de loin. Merde ! Mauvaise réponse… Elle l’entendit soudain émettre un rire qui n’annonçait rien de bien réjouissant, et qui, à vrai dire, était presque malveillant à son égard. La blonde se souvenait l’avoir déjà vu en colère, mais jamais contre elle, pas de cette manière-là. M anifestement, tout son être s’accordait à dire qu’elle avait fait un très très mauvais choix en répondant par un « oui ». Elle soutint toutefois son regard. Elle ne voulait plus paraître faible face à lui et se sentir vulnérable comme elle l’avait été autrefois. Elle avait tant souffert de son silence durant un an, qu’elle avait presque oublié de lui en vouloir de l’avoir laissée mourir sans s’expliquer de son crime, et puis il y avait aussi cette chose… cette chose qu’elle avait décidé d’oublier il y a déjà fort longtemps mais dont elle ne se souvenait plus. Après, à chaque personne à qui elle avait son histoire, personne n’avait pris parti pour Jack et tout le monde lui avait conseillé de l’oublier. Sans doute étaient-ils dans le vrai. Il libéra soudain la porte et s’avança lentement vers elle. Loin de se laisser démonter, elle l’observa avancer la tête haute, mais intérieurement, elle n’en menait pas bien large. Il se posta devant elle, la surplombant de toute sa hauteur mais cela ne l’intimida pas. Le Comte usait autrefois de la même tactique mais Héloïse ne jouait pas dans la même cour. Elle ne se laissait démonter aussi facilement. Elle releva la tête vers lui, ancrant son regard d’azur dans le sien et croisa les bras. Pourtant, au fond d’elle, elle souffrait de ce regard de glace qu’il lui adressait. Mais tout redevenait comme avant. Elle se reconstruisait peu à peu sa muraille de solitude, elle s’éloignait, s’isolait et rendait son cœur aussi dur que la pierre pour tenir à distance la souffrance. Jack ouvrit finalement la bouche, articulant des mots d’une voix dangereusement basse. Si Héloïse ne laissait rien transparaître, ses entrailles étaient nouées d’angoisse.
« Il serait peut être temps que tu arrêtes de me prendre pour un ... Imbécile! » « Je te demande pardon ? » rétorqua-t-elle sur un même ton dur et froid, fronçant sourcils.
Sans savoir réellement pourquoi, elle faisait exprès d’attiser la colère de Jack par ses paroles et ses attitudes. Elle s’enfonçait un peu plus dans son mensonge comme si elle désirait la haine du jeune homme, comme si elle désirait que ce soit lui qui prenne la décision de s’éloigner d’elle pour ne plus souffrir. Elle était maudite. C’est alors qu’il reprit la parole et qu’il se lança dans le récit de ce qu’il avait fait la veille. Une soirée de poker afin de se détendre de sa mort. Bon sang ! Qu’il en vienne aux faits ! La tension d’Héloïse redescendit quelque peu lorsqu’il s’éloigna pour retourner à la porte. De ce fait, elle ne voyait que son dos, n’ayant pas l’occasion de voir l’expression cinglante sur son visage. Ce ne fut que lorsqu’il se fut à nouveau adossé qu’il commença à parler de son passage à l’infirmerie. Peter ! La blonde se mordit la lèvre inférieure en comprenant tout de suite à qui le joueur de poker faisait référence et ce qui l’avait empêché de venir la voir. Son réveil brutal s’était fait dans les bras de son fiancé et Jack avait sans nul doute assisté à un bout de la scène. Elle voulut rétorquer mais elle le laissa plutôt poursuivre. Chaque nouvelle parole qui s’échappait de sa bouche était comme une lame qui s’aiguisait au fur et à mesure et bientôt, il allait porter le coup franc. Ainsi donc, Peter et Jack s’étaient parlés la veille. Elle ne doutait pas que la conversation avait dû être des plus apaisées. Elle espérait que le pauvre première classe n’ait pas trop souffert du caractère impulsif du jeune homme, mais elle avait appris que le lord avait plus de ressources qu’il n’en avait l’air. Comme s’il avait lu dans ses pensées, Jack ajouta moqueusement qu’il ne lui avait fait aucun mal. Héloïse ne put s’empêcher de secouer la tête, atterrée face à l’attitude du joueur de Poker et de ce qu’elle entendait. Elle fit claquer sa langue de mécontentement, un sourire nerveux de peignant sur son visage.
« Et là. J'ai appris que vous étiez fiancés ! Alors?! Que dois-je dire?! Félicitations?! Mes vœux de bonheur?! Tu veux peut être que je te donne un coup de main pour les préparatifs? Tu veux peut être que je change les draps de ton lit pour votre nuit de noce ?! »
La blonde serra les poings de mécontentement, s’obligeant à l’écouter déblatérer toutes ses conneries. Son expression était crispée tant elle était prête à exploser à tout instant. La fureur qui montait en elle était comme un volcan qui allait bientôt déferler toute sa colère.
« Bordel, Héloise ! Pourquoi, tu me mens encore? C'est quoi ton problème ? » « La ferme ! » hurla-t-elle soudain par-dessus le cri de Jack. Elle n’en pouvait plus de l’entendre dire ce genre d’inepties. « Tais-toi au lieu de balancer toutes ces conneries ! Tu perds la raison mon pauvre ami ! »
Son regard d’azur était devenu incandescent, comme si les flammes mêmes de sa fureur y brûlaient. Elle s’était décollée du mur, n’ayant pas peur de faire quelques pas dans sa direction.
« Tu es malade de venir hurler dans ma chambre à cette heure pour une histoire pareille ! Dois-je te rappeler que je ne t’ai jamais caché que j’avais eu un fiancé du temps où j’étais Comtesse ? Et si tu m’avais bien écouté, tu aurais aussi su que ce n’était ni plus ni moins qu’un mariage arrangé par le salaud qui a détruit ma vie ! »
La peur qu’elle avait pu ressentir un peu auparavant s’était évanouie pour faire place à une fureur monstrueuse et dévastatrice. Œil pour œil, dent pour dent. Elle ne lui ferait pas de cartier.
« Et puis si tu y tiens tant que ça, parlons-en de Peter ! Tu sembles avides de connaître tous les détails alors je ne vais pas te les épargner. » fit agressivement Héloïse en pointant un doigt accusateur dans la direction de Jack. « Tu veux savoir une chose sur Peter ? Je vais t’en apprendre une bonne : il ne m’a jamais laissée tomber et pourtant, crois-moi que je ne lui ai jamais laissé entendre que cette amour qu’il nourrissait pour moi était réciproque. Tu penses peut-être que c’est légitime de m’avoir laissé mourir parce que tu avais été trahi ? Pauvre petit ! Sache que Peter m’a vu le soir du meurtre. Il m’a vu tuer le Comte et pourtant, il n’a jamais rien dit et il m’a laissé m’enfuir ! Et quand ta garce de sœur a eu la merveilleuse idée de me balancer à TES créanciers pour éponger TES dettes et que tu as gracieusement accepté l’offre, il m’a aidé sans se poser de questions ! Il a même essayé de me sauver du naufrage ! Il ne m’a jamais tourné le dos et pourtant, sache que tu as su bien avant lui pourquoi j’ai tué le Comte. »
Elle brisa finalement la distance qui la séparait de Jack et malgré sa petite posture, elle se mit bien en face de lui et braqua son regard dans le sien.
« Alors oui ! C’est Peter qui était à mon réveil quand je suis morte. Mais peut-être que si tu n’avais pas été un sale lâche en me vendant aux truands pour sauver ta peau et que tu ne m’avais pas évitée pendant un an, les choses auraient été différentes et que tu aurais pu te trouver à la place de Peter. »
Elle le jaugea ensuite de haut en bas, l’observant presque avec dégoût avant de secouer le tête de dépit et de s’écarter lentement de lui.
« Mais ça n’est pas le cas et le seul responsable ici c’est toi. Alors ne viens pas hurler à la face du monde que j’ai un problème parce que le réel problème ici… c’est toi ! »
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Mer 8 Jan - 0:18
"J'oublierais
ton nom"
J'oublierai ton nom De mille façons Et cette certitude Me fait plus mal encore J'aimais cette blessure C'était toi encore
Il était peut être temps pour lui de cesser de se voiler la face. Il était peut être temps d'arrêter de croire que tout pouvait s'arranger. Après tout, si réellement les deux parties l'avaient voulu, une réconciliation n'aurait -elle pas eu déjà lieu? Pourquoi tout ce temps, toute cette gêne? Il devait y avoir une raison. Depuis trop longtemps, ils avaient été dans leur bulle de bonheur: Jack l'avait même crue indestructible, capable de résister à tout. Mais il fallait arrêter ce mensonge : une seule vague et tout avait été emporté semant un chaos sans fin sur son passage. Sa vie n'avait été qu'un enfer depuis un an et demi, il avait tellement cru à leur histoire et à cet espoir de pouvoir vivre à nouveau avec elle, à ses côtés. Mais c'était une erreur, une très très grosse erreur. Il n'y aurait pas de lendemain, c'était une évidence bien trop douloureuse. Pourquoi à Southampton, tout avait marché sur des roulettes. Alors pourquoi sur le Titanic tout allait de travers. Jack était dans une colère noire qu'il n'avait jamais connu avant. Même Lydia qui connaissait son frère mieux que personne aurait été incapable de citer une date durant lequel le joueur de poker avait été dans cette furie haineuse. Et toute cette rage, toute cette haine se reportait envers Heloise: les mensonges avaient assez duré, ses fiançailles avec Peter avaient été la goutte d'eau ayant fait déborder le vase. Ses propos bien qu'incroyablement mauvais et puérils témoignaient de ce mal être qu'il avait au fond de lui. Cet amour était un cadeau et à la fois une malédiction. Elle le faisait sortir de ses gonds, le transformant en un homme qu'il n'était pas: tout ce que Jack voulait, c'était de l'aimer de cet amour tellement sincère et beau dont il avait toujours fait preuve envers elle. Et voilà, qu'elle même avait tout foiré, tout ça pour une bande de greluches entourées de diamants et de billets qui avaient certainement du lui monter la tête: elle se prenait désormais pour celle qu'elle était avant, comme si Jack et Lydia n'avaient jamais existé. Elle recevait des Lords à l'infirmerie après avoir été proche du troisième classe ces derniers temps. Son comportement transmettait de la douleur tout en étant indécent. Tout cela faisait surgir ce mépris dans ses yeux, dans lequel son ton glacial résonnait dans la petite cabine. Se connaissant, des paroles malheureuses allaient surgir et blesser la blonde. Peut être même qu'elle fondrait en larme, voudrait prendre la fuite ou bien se transformerait en lionne. Tout était aléatoire avec elle. Et naturellement, elle explosa de colère lui intimant de se taire et de cesser ces inepties. Elle sembla hurler pendant des secondes qui semblèrent être des heures pour Jack. Il ne dit mot tandis qu'elle lui rappela qu'elle lui avait déjà dit qu'il était fiancé.
Oui, tu l'as dit mais tu n'as jamais parlé de Peter. Parce que tu sais que je n'aurais pas apprécié que tu le côtoies. Et pourtant tu l'as fait. Tu essayais de me parlais tandis qu'à côté, tu lissais tes plumes et allais glousser à ses côtés, bordel Heloise!!!
Il lui jeta un regard haineux tandis qu'elle continua à expliquer les raisons de la présence de Peter. Ses paroles résonnaient telles des coups de couteaux plantés dans le dos. Il avait mal, il avait envie de hurler, de pleurer en même temps comme s'il était soudain redevenu un petit garçon. Tout ce qu'elle lui renvoyait au visage était tout simplement ignoble.. Et complètement contradictoire. Dans la cale des automobiles, elle avait pourtant compris les raisons de cette ignorance durant cette année. Jack avait pourtant été très clair. Il le lui avait révélé et elle l'avait compris. Cela prouvait bien une chose, c'est qu'Heloise était à court d'argument. Toutefois, faire ressurgir les événements du naufrage n'allaient en rien apaiser la colère du jeune homme. Au contraire, ses phalanges s'étaient contractées tant il était dans une colère sans nom. Il commença à murmurer faiblement : " Ça suffit... " Mais elle continua piquant là ou ça faisait le plus mal, rappelant qu'il l'avait livré aux truands, insultant sa sœur, vantant la bravoure de son Peter cheri. Tandis qu'il avait à nouveau murmuré " ça suffit... ", sa colère grandissant encore plus. Mais elle en avait pas fini et elle s'approcha de lui. La proximité d'habitude lui procurait des frissons, aujourd'hui, c'était des envies de meurtre qui le traversaient. Elles s'accentuèrent sur les avant dernières paroles de la comtesse. Il avait été remplacé comme l'on changeait une chemise. Elle avait choisi Peter mais continuait à lui faire croire un possible retour en arrière.
le jeu est terminé, tu t'es assez joué de moi!
Confortant son idée d'avoir été pris pour un idiot depuis quelques années, le joueur de poker serra encore plus les poings jusqu'à ce que les dernières paroles de la blonde le rendit furieux tandis qu'elle s'était progressivement éloignée de lui. Tout explosa et Jack ne pût se contenir. Il hurla soudain :
" ÇA SUFFIT! " tandis qu'en deux pas, il bondit vers Heloise et posa avec force sa main sur sa bouche pour la faire taire, tandis qu'il s'écriait : " Ça suffit! Tais toi! Ne dis plus rien! Ferme ta ... putain de ...grande .....gueule! " ajoutât-il tandis que son avant bras s'était posé sur le torse de la jeune femme la poussant contre le mur accentuant la poussée à chacun des mots prononcés. Il se moquait éperdument de lui faire mal, tout ce qu'il comptait, c'est qu'elle lui en avait trop dit et qu'il était à bout de nerf. Son regard plongé dans le sien, haineux, Jack essaya de parler d'une voix calme mais c'était peine perdue, seule la colère la faisait trembler:
" Le problème ne vient pas de moi mais bien de toi!. Pourquoi ressasses tu ce qu'il s'est passé il y a un an et demi déjà? Il me semble qu'on en avait déjà discuté dans cette cale, non? Il me semble que je t'avais expliqué les raisons de mon ignorance, non? Si ma mémoire est bonne, tu étais désolée de ce qui était arrivé et je l'étais également. Alors pourquoi radotes tu? Pourquoi me reproche tu ça? " la questionna t-il, ne lâchant sa main de son visage, son avant bras toujours adossé contre son torse. " Rien de ce que j'ai dit dans cette voiture n'a changé depuis! À l'inverse de toi, j'ai toujours été sincère, moi!! Alors oui, je me suis planté voulant vous offrir un toit à toutes les deux. Mais je tiens à te rappeler que si tu avais été honnête avec moi, les choses se seraient passées autrement. Et puisque tu tiens à rappeler ces joyeux souvenirs, je te demande de t'imaginer trente secondes être à ma place et voir ce que ça te ferait de savoir que la personne que t'aime avait bien peu de considération envers toi pour oser te mentir durant quatre ans!! Parfois même, je me demande si tes sentiments ont été sincères, et tes paroles dites à l'instant même me confortent dans cette idée Jack émit un rire sans joie : " Car oui, tu parles de moi mais je ne pense pas que ton comportement ait été correct et je ne m'en démordrais pas. J'ai foiré notre avenir, je l'admets mais tout aurait pu être différent. Mais il y a Peter et ces gens autour de toi et je me dis que tout ce monde empli de paillettes te montent bien la tête contre moi! " Sa colère explosa un peu plus tandis que ses mains quittèrent le visage et le torse d'Heloise pour se poser sur ses bras, les empoignant avec force, tandis qu'il s'approcha un peu plus de son visage et qu'il lui marmonna la voix emplie d'une haine profonde : " Il suffit de voir combien tu es froide et hautaine. L'existence de pauvre ne te convenait plus. Tu préférais ce monde là, celui dans lequel tu n'aurais plus besoin de faire semblant. "
Pourquoi nous en sommes arrivés là. Depuis quand as tu cessé de m'aimer? Entre l'existence bourgeoise et celle de Southampton, laquelle aurait été le plus heureuse? Avec nous ou avec eux? Tu faisais semblant, voilà la seule explication plausible.
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Lun 20 Jan - 17:23
Si l'espoir est une flamme, la mienne s'est
éteinte pour toujours..
L’amour était un sentiment fragile. Il pouvait mettre des années à être forgé avec application, ou encore bâti en un seul regard, mais il suffisait d’une fêlure, d’une simple brèche pour qu’il se brise en un instant. La haine et l’amour étaient des sentiments si contraires, et pourtant si proches. Lorsque l’on avait aimé quelqu’un et que soudainement la fissure apparaissait, tout s’effondrait et seule la haine, grande et dévastatrice faisait son œuvre. Et c’était bien ce qui était en train de se produire dans cette cabine, entre les deux amants maudits. La haine était un sentiment aussi grisant que l’amour. Et si les mots d’amour pouvaient apaiser, les mots de haine pouvaient être aussi blessants qu’une lame plantée en plein cœur. Faire mal, tout dévaster sur son passage avec le pouvoir de ses paroles, voilà ce qui animait l’être d’Héloïse à cet instant même. Il lui avait fait tant de mal, il l’avait trahie, laissée tomber. Il lui reprochait des choses qu’elle avait faites alors que tout n’était que dans le but de les préserver. Qui était-il pour la juger ? Qui était-il pour décider de sa vie ici après tout ce qu’il lui avait fait subir ? A ses yeux, il ne valait soudain pas plus que le Comte et si c’était le cas, il connaitrait le même châtiment cruel durant des années. Sa froideur, son indifférence, son dédain, son souverain mépris seraient les choses qu’il allait recevoir désormais. Alors oui, elle frappait là où cela faisait le plus mal Héloïse savait pertinemment que l’un des pires défauts de Jack était la jalousie. Elle allait être sa meilleure arme dans le duel qui s’engageait entre eux. Pas de pitié, pas de cartier. Perdue dans son déversement de haine, elle faisait même pas attention à la fureur de Jack qui montait progressivement dans son être. Sans doute aurait-elle dû s’en méfier bien plus car soudain, il éclata tout à coup, hurlant à plein poumons. Elle eut un mouvement de recule lorsqu’elle le vit fondre sur elle. Comptait-il la frapper ? Mais il plaqua brutalement sa main contre la bouche de la blonde qui n’eut pas le temps et la force de résister comme elle l’aurait souhaité, bien trop tétanisée par son attitude.
« Ça suffit ! Tais toi ! Ne dis plus rien ! Ferme ta ... putain de ...grande .....gueule ! »
Les prunelles de la française s’écarquillèrent, ne l’ayant jamais vu aussi énervé de toute sa vie. Jack ne cessant de la pousser, elle finit par heurter violemment le mur de sa cabine. Elle eut une grimace de douleur. Elle chercha à se débattre, mais en relevant le regard, ses membres se glacèrent d’effroi, incapable de bouger. Ces yeux, cette haine, cette rage meurtrière… Ces yeux la, elle ne les connaissait que trop mais si autrefois, c’était le Comte qui portait ses prunelles, aujourd’hui, c’était Jack qui en était le cruel détenteur. Une détonation de revolver résonna soudain dans l’esprit de la blonde, la ramenant à ce terrible jour où Henri de Neuveille avait tué ses parents. Quelque chose se brisa alors en elle. Elle qui avait cru durant quatre ans que Jack était différent des autres hommes, voilà qu’elle se fourvoyait totalement. Elle n’avait trouvé qu’une pâle copie du Comte en le joueur de poker qui semblait pourtant être un homme bon. Sans qu’elle ne s’en rende compte, ses yeux s’emplirent de larmes alors qu’il lui hurlait au visage. Elle ne faisait même plus attention à ce qu’il disait, voyant seulement les traits du joueur de poker être déformés par la rage et prendre la forme de ceux d’Henri. Il la maintenait toujours fermement plaquée contre le mur, n’accordant aucune importance à la douleur qu’il lui infligeait. Un nouveau flash s’imposa à la blonde, retrouvant dans sa mémoire l’image de sa mère que le Comte brutalisait jusqu’à la faire ployer sous sa force. Il se mit à lui reprocher son monde d’autrefois, ces gens riches qui l’entouraient et cette personne qu’elle était depuis qu’elle les côtoyait. Il empoigna ses bras avec force et son regard se fit plus acéré alors qu’il se rapprochait d’elle. Elle détourna le visage, fermant les yeux pour faire face à ces paroles haineuses
« Il suffit de voir combien tu es froide et hautaine. L'existence de pauvre ne te convenait plus. Tu préférais ce monde là, celui dans lequel tu n'aurais plus besoin de faire semblant. »
Un frisson lui parcourut l’échine. Sortant de son immobilité, elle se dégagea brutalement de l’emprise de Jack. Elle se mit à reculer, cherchant à mettre le plus de distance entre eux deux. Son regard était braqué sur lui, l’observant de haut en bas, comme si elle ne le reconnaissait pas, éberluée.
« Tu n’as donc rien compris à tout ce que j’ai pu te dire… Je pensais pourtant que tu aurais compris mais visiblement, je me trompe depuis le début sur toi. Je ne suis pas hautaine et froide parce que j’ai retrouvé des connaissances de mon ancienne vie. Cela n’a jamais été le cas, ma vie de Comtesse n’a jamais déformé mon esprit car je l’ai rejetée dès le premier jour. Apprendre l’étiquette, les bals, les réceptions, les mariages arrangés… Crois-tu que cela me faisait rêver ? Crois-tu que je désirais une existence que quelqu’un avait choisie à ma place ? La seule raison pour laquelle j’étais de glace, c’est parce que je souffrais, parce que j’étais en colère, que j’avais soif de vengeance et de justice ! Je ne suis pas née mauvaise Jack ! C’est la vie qui m’a faite ainsi ! C’est le Comte qui m’a transformée et qui a fait de moi ce monstre que j’ai été durant des années ! Si j’avais souhaité me satisfaire de l’argent, je n’aurais pas tué le Comte, je me serai mariée avec Peter et j’aurai continué à jouer à la dînette avec les autres femmes de mon rang ! Je ne me serai pas amourachée d’un homme recouvert de dettes de jeu et je n’aurai pas choisi de le suivre jusqu’en Amérique ! » s’écria-t-elle, planquant sa main contre son cœur. « Ne me dis pas que je n’ai pas été sincère car c’est faux. Quand je t’ai rencontré je t’ai cru différent et je soutiens que tu m’as rendu meilleur. J’avais confiance en toi, et je t’aimais tellement que j’avais peur de te perdre en t’avouant mon forfait d’autrefois ! Pour moi, mon passé n’avait pas d’importance parce que c’était mon présent et mon futur avec toi qui m’importait ! Cette femme avec qui tu as vécu pendant quatre ans c’était moi Jack ! C’était la vraie Héloïse ! Mais tu l’as détruite ! Tu l’as réduite en charpie, tu l’as écrasée sous ta botte sans lui laisser la moindre chance ! Tu croyais qu’en revenant après un an tu allais parvenir à réparer ce que tu avais brisé ? La vie n’est pas aussi simple Jack ! Tout ce que tu as réussi à faire de moi, c’est la pâle copie de ce que j’étais avant. Tu m’as fait redevenir cette personne froide et glaciale parce que je souffre ! Je souffre par ta faute ! »
Les larmes commençaient à parler le long de ses joues échauffées. Elle ne s’arrêtait plus de parler, ayant du mal à respirer entre chaque phrase tant les mots se pressaient dans sa gorge.
« J’avais confiance en toi mais tu ne vaux pas mieux que le Comte. Tu m’as détruite comme il l’a fait avec moi. Alors maintenant qu’est-ce que tu comptes faire ? Tu veux te venger c’est ça ? Tu vas faire comme lui ? Vas-y, deviens comme lui et venge-toi en me tuant et en tuant Peter. Cela n’a plus aucune importance car tu n’en vaux plus la peine ! L’un et l’autre nous nous sommes trompés sur notre compte. Notre amour n’était basé que sur un mensonge et aujourd’hui, il vient de s’effondrer ! Ce n’est pas d’honnêteté dont nous avions besoin pour survivre, c’était d’amour. »
Elle détourna finalement la tête, son regard s’abîmant dans la contemplation d’une fissure au sol. Elle resta silencieuse plusieurs secondes, jusqu’à ce qu’elle relève ses prunelles brillantes de larmes vers lui. Elle s’approcha finalement de lui, n’étant plus qu’à quelques centimètres de son visage fuyant.
« Cette femme, c’est ce que tu as fait de moi. Je suis cette femme Jack. Alors je veux que tu la regardes. Je veux que tu regards ce que tu as fait de moi. Regarde-moi Jack ! REGARDE-MOI ! »
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Dim 26 Jan - 12:00
"J'oublierais
ton nom"
J'oublierai ton nom De mille façons Et cette certitude Me fait plus mal encore J'aimais cette blessure C'était toi encore
Quelque chose s’était brisé en lui, en milliers d’éclats tel un vase en porcelaine fragile. Désormais, les morceaux se trouvaient autour de lui, petits et tranchants. A chaque fois qu’il faisait un pas, les pépites de glace lui entaillaient profondément les pieds, le faisant souffrir comme jamais. Elle l’avait brisé de ses propres mains, le soir ou la vérité avait éclaté, sur ce bateau, juste avant le naufrage. Tout avait explosé et à chaque fois que Jack tentait de recoller les morceaux, il se faisait mal, s’entaillant encore plus qu’il ne l’était déjà. Lydia lui faisait comprendre depuis si longtemps que plus rien ne valait le coup de se tuer à la tâche ainsi. Elle ne le méritait pas qu’elle disait. Pourtant ce que souhaitait réparer Jack n’était autre que sa vie… C’était aussi simple que ça et pourtant, il n’y arrivait pas. Peut-être bien que cette histoire n’était pas sa vie, peut –être bien qu’Héloïse n’était et ne serait qu’un simple chapitre de sa vie. Il devait réaliser cela, il se forçait même quand son être entier hurlait qu’il l’aimait, qu’il était amoureux d’elle, que cet Amour si dévastateur soit-il, était l’une des plus belles choses qui ait pu arriver dans sa misérable vie. Et pourtant…. Il devait l’oublier. La jeune femme qu’il avait connu n’était plus, elle avait été effacée par cette froide statue de glace qui le regardait de haut, avec indifférence, n’hésitant pas à frapper là ou ça faisait le plus mal. Jack savait ou il pouvait attaquer s’il voulait réellement l’atteindre. Et pourtant, il se taisait, se faisait violence face à ces attaques incessantes. Elle touchait son être, sa famille, son intégrité en tant qu’homme, son amour pour Elle. Héloïse ne comprenait pas. C’était peut-être incompréhensible après tout. Toute chose avait une fin et Jack estimait avoir assez souffert. Se voir comparé à Peter lui faisait si mal. Il fallait comparer ce qui était à dire. Ils aimaient peut-être la jeune femme mais le degré d’Amour était tout simplement différent, leur histoire avait été si intense. C’était certainement sa dernière phrase qui le fit sortir de ses gonds, le poussant à la plaquer violemment contre le mur, ignorant son cri de douleur, laissant apparaître cette soudaine douleur face à une émotion nouvelle qu’elle n’avait jamais vu.
Tu vois Héloïse, regarde ce que tu as fait de moi… Regarde ce que je suis devenu. Regarde ce monstre enragé que tu as créé de toutes pièces. C’est ta faute, ta faute… Ta faute !!!
Il lui avait hurlé dessus, ignorant son visage qui se décomposait. Pourtant, il sentit quelque chose se briser en lui quand il vit ses yeux se remplir de larmes. Jack détestait pourtant la voir pleurer ainsi, automatiquement, il savait que sa colère redescendrait : il n’aimait pas être le vecteur d’une tristesse. Le jeune homme ne voulait pas que les choses se passent ainsi. Mais elles étaient là et il ne pouvait plus reculer. Jugeant qu’il avait dit ce que la blonde devait savoir, il enleva sa main de cette bouche tant de fois embrassée et la saisit par les bras, s’attaquant cette fois ci à ses « amis », ceux qui le regardaient de haut, tous ces bourgeois puant le mensonge. Peut-être que la seule qui l’avait salué un jour avec chaleur, n’était autre que Mary Abbot. A moins, qu’il ne s’agissait que d’une minable tentative d’hypocrisie. Leur milieu était ainsi. Je te fais la bise mais en retour, je te plante un couteau dans le dos. Et jack n’avait jamais fonctionné ainsi, quand il avait quelque chose à dire, il le disait. Il était franc et sincère, tout comme sa sœur : ça pouvait plaire comme ça pouvait révulser. Et Héloïse semblait aimer ce nouveau monde. Ou plutôt, chassez le naturel, il revient au galop ! Et il était revenu, du moins, il ne l’avait jamais quitté, poussant Jack à se remettre totalement en question comme il ne l’avait jamais fait. C’était à un point inimaginable, il avait si mal. Le jeune homme sentit son cœur se tordre quand la jeune femme se dégagea de son emprise, reculant, la mine effrayée et atterrée, comme si elle faisait face à un inconnu. Durant un court instant, Jack crut qu’elle allait fondre en larmes, qu’elle avait s’enfuir face à sa colère, elle pouvait, il n’était plus devant la porte. Mais non, elle déversa encore plus son venin, frappant encore plus là ou ça faisait mal. Dès lors qu’elle avait reculé, son regard ne l’avait pas quitté, l’avait accompagné jusqu’à l’endroit ou elle se trouvait, en l’occurrence près de son lit. Ses yeux bleus la contemplaient froidement tandis qu’elle l’accusait froidement d’avoir tout foutu en l’air, de l’avoir détruite. Être comparé au Comte le blessa profondément, ses propos empreints de méchanceté étaient tout simplement odieux. Et puis, elle se rapprochait de lui, son visage n’était plus qu’à quelques centimètres. La blondinette le somma de la regarder, de voir ce qu’il avait fait d’elle, de son être.
Alors Jack la regarda sans prononcer un seul mot, fixant la colère dans ses iris azurs. Alors elle lui hurla dessus afin qu’il la dévisage encore. Le jeune homme sentit alors sa gorge se nouer, ses entrailles se tordre. Il la détestait tellement en ce moment là, son égo avait touché, sa fierté avait été mise par terre sans ménagement, le poussant à devenir furax, complètement hors de lui. « Tu veux que je te regarde ? » La questionna t-il sur un ton froid. « Pas de problème ! Tu veux que je te dise ce que je vois ? » S’approchant encore plus de son visage. Il voyait chaque cils courbés et surplombant ses yeux, dont le bleu ne pétillait plus, dont la tristesse avait laissé place à des larmes ne demandant qu’à se déverser. Le regard d’Héloïse se renvoyait au sien, aussi douloureux à regarder. « Je te regarde et je ne vois qu’une menteuse tout juste bonne à semer la désolation là ou elle passe. » Lui répondit-il en insistant sur chacun de ses mots prononcés. « Je ne vois qu’une femme qui m’a menti. Je ne vois qu’une pauvre fille m’ayant pris pour un imbécile. Tu m’as fait tellement mal en me cachant toute la vérité et tu veux que je porte la responsabilité de mes actes envers toi ? » Jack recula, le visage toujours aussi froid. « Alors écoute-moi bien. Ton mensonge m’a détruit, m’a poussé à entremettre des actions qui n’étaient pas les miennes habituellement. Tu as fait de moi un homme brisé par un secret. Tu m’as poussé à t’ignorer parce que j’étais mal des conséquences de tes actes ! » s’exclama t-il en reculant vers la porte. Cette fois ci, c’était lui qui partirait. Il ne voulait plus la voir. C’était fini. C’était trop injuste qu’il puisse endosser l’entière responsabilité de l’échec de leur histoire. Tout était parti d’elle pourtant, et de la révélation sur sa véritable identité. En reculant, son épaule heurta alors l’armoire située à côté de la porte. De nombreuses boites tombèrent dont une en particulier qui retint alors son attention. Elle était immaculée, blanche et couverte d’une profonde poussière mais dessus, il reconnaissait parfaitement l’écriture d’Héloïse.
Son prénom y était écrit…
Sans dire un mot, le blondinet se pencha, curieux de savoir ce qu’il s’y trouvait dedans. Qu’était-ce donc ? Son cadeau de noël ? La blague ! Il ouvrit la boite et fut glacé de stupeur quand il vit le contenu. C’était deux chaussons de laine. Un bleu, un rose…
Jack les effleura du bout des doigts, leur taille était minuscule, exactement ceux d’un nouveau né. Il les prit délicatement comme s’il avait peur de les abîmer et laissa tomber la boite à ses pieds. Il n’avait toujours pas dit un seul mot. Sa colère était redescendue, sa haine s’était stoppée, toutes ces émotions s’étaient figées à la découverte de ces petits chaussons. Une immense tristesse l’avait envahi, parce qu’il avait compris ce que cela signifiait. Dès l’instant ou ses doigts avaient caressé la douce laine bleu, il avait deviné et un sentiment d’horreur venait se mêler à sa peine si immense soit-elle. Relevant les yeux, il croisa le regard d’Héloïse, il ne savait que dire, comment réagir, il avait tout simplement envie de s’enfuir.
Il l’avait tué.
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Dim 9 Fév - 21:34
Si l'espoir est une flamme, la mienne s'est
éteinte pour toujours..
La fureur, grandissante et douloureuse, grondait en Héloïse. Elle consumait sa poitrine de rage, la renvoyant à cet être froid et glacial qu’elle était autrefois. Ce personnage calculateur et dédaigneux que sa haine avait su forger par le passé. Elle se sentait seule, plus que jamais. Autrefois, le monde ne lui avait pas offert la possibilité d’avoir confiance en qui que ce soit. Il l’avait privé de l’amour d’une mère et d’un père, il l’avait arrachée sa tendre France, il l’avait jetée dans les bras du plus odieux des pères. La solitude avait été son crédo et elle avait tout affronté avec panache, érigeant une épaisse muraille de glace autour de son cœur pour se protéger des nouvelles afflictions de la vie. Le destin possédait une ironie bien à lui et elle ne souhaitait pas en faire les frais. Certes, l’enfant s’était liée d’amitié et parfois, ces amies avaient bien failli briser sa muraille. Mais malgré le temps passé et les assauts de ses camarades, elles n’avaient réussi qu’à gratter d’une fine pellicule de glace. Offrir sa confiance à quelqu’un ? Hors de question ! Révéler ses secrets, donner sa confiance, se confier… tout ça n’était que de purs actes de faiblesse. Elle se voulait plus forte, plus dure, plus brave. Elle affronterait son avenir comme elle avait vécu : seule. Si elle devait pleurer, ce serait seule. Si elle devait souffrir, ce serait seule. Si elle devait tuer, ce serait seule. Et si elle devait mourir, ce serait seule aussi. Durant les brefs instants où la blonde avait songé à son devenir après avoir tué le Comte, elle en était arrivée à la simple conclusion qu’elle ne se souciait guère de son destin. Il lui fallait accomplir sa vengeance, et si dieu le voulait, elle parviendrait à s’enfuir. Mais se faire prendre ne lui faisait pas peur, pas plus que de paraître en justice. Ainsi, elle pourrait hurler à la face du monde quel monstre le Comte était. Elle pourrait crier à l’univers entier qu’elle n’avait fait que rétablir l’équilibre des choses en punissant un meurtrier. Peu importait qu’on la croie ou non, peu importait la sentence. Les regards accusateurs ne lui feraient pas peur. Elle ne craindrait pas le jugement de ses proches. Elle affronterait la mort avec panache. Elle accueillerait la corde autour de son cou comme une vieille amie et elle accepterait sa mort, car elle aurait le contentement d’avoir pu emmener le Comte avec elle dans la tombe. Mais le destin en avait décidé autrement, il avait choisi de faire taire Peter. Quand Héloïse songeait à la réaction du lord, elle avait parfois la sensation que quelqu’un lui avait jeté un sort, l’avait envoûté afin que sa bouche reste close à jamais. Etait-ce le pouvoir de ses yeux ? Des forces supérieures qui avaient souhaité la faire survivre pour qu’elle meure au moment le plus opportun, au moment le plus tragique ? Qu’elle se retrouve enfermée sur ce paquebot maudit et qu’elle contemple les ruines de son existence pour l’éternité ? Il n’y avait là guère de justice. Puis le destin lui avait offert un présent : Jack. Mais à y réfléchir, la jeune femme aurait dû plus s’en méfier. Ce n’était qu’un cadeau empoisonné. Seulement, dans son amour qui avait molli son intransigeance, elle s’était laissé prendre au piège de sa naïveté. Et aujourd’hui, elle ne pouvait que s’en mordre les doigts. C’était sans restriction qu’elle lui avait offert son amour et sa confiance. Elle avait bâti la nouvelle Héloïse à travers Jack, la forgeant grâce à l’amour que Jack lui prodiguait chaque jour. Elle l’avait façonnée avec application et elle avait fini par aimer sa propre création. Son « je » solitaire était devenu un « nous » plein d’espoir avec lequel elle comptait briser toutes les frontières. Il était la main lumineuse tendue dans les ténèbres de son existence. Son arrivée avait été presque prophétique, comme si elle avait été écrite dans les pages du grand ouvrage de la vie. Il avait été l’exception qui avait tout changé. Elle l’avait choisi pour l’accompagner dans sa nouvelle existence, cet être nouveau qu’elle avait sculpté avec dévotion. Elle était une autre femme aux côtés de Jack, et pourtant, elle n’avait jamais eu autant l’impression d’être elle-même. Puis le cruel destin avait fait son œuvre en la privant de tout ce qu’elle possédait, de tout ce qu’elle avait construit, de l’être qu’elle était par la main de Jack. Il s’était mis face à cette sculpture, exemptée de ses cicatrices et de ses imperfections, et il l’avait poussée. Il l’avait renversée et elle s’était écrasée sur le sol en une multitude de morceaux éparses et en poussière. Et aujourd’hui, il lui avait fait tant de mal qu’il ne pouvait plus que contempler la ruine de son être, de cette personne qu’elle avait créé pour lui plaire. Dans les ténèbres de son âme, elle était parvenue à se retrouver, mais elle avait tout perdu en un instant. Et comme de la fumée entre ses doigts, la nouvelle Héloïse s’était échappée et menaçait de ne jamais revenir. « Tu veux que je te regarde ? Pas de problème ! Tu veux que je te dise ce que je vois ? Je te regarde et je ne vois qu’une menteuse tout juste bonne à semer la désolation là où elle passe. » Le souffle court et la gorge douloureusement nouée, Héloïse fit bravement front au regard inquisiteur du jeune homme et aux paroles acerbes qui se déversaient d’entre ses lèvres. Elle voulut parer ses prunelles d’une froide lueur de mépris, mais la souffrance ne cessait de poindre dans son regard. A jamais, il avait annihilé toute la confiance qu’elle avait pu avoir en quelqu’un. N’importe qui aurait pu la tuer, la torturer, la laisser mourir, lui infliger les pires sévices, tout cela n’aurait été rien à côté de ce qu’elle ressentait depuis que sa main avait lâché la corde le soir du naufrage. « Je ne vois qu’une femme qui m’a menti. Je ne vois qu’une pauvre fille m’ayant pris pour un imbécile. Tu m’as fait tellement mal en me cachant toute la vérité et tu veux que je porte la responsabilité de mes actes envers toi ? » Héloïse se détourna brusquement, sentant les larmes menacer la lisière de ses yeux. Non ! Elle se refusait à offrir à Jack le contentement d’un tel spectacle. « Alors écoute-moi bien. Ton mensonge m’a détruit, m’a poussé à entremettre des actions qui n’étaient pas les miennes habituellement. Tu as fait de moi un homme brisé par un secret. Tu m’as poussé à t’ignorer parce que j’étais mal des conséquences de tes actes ! » Il poursuivit encore et à mesure que ses paroles s’enchaînaient, elle s’approcha du mur de sa cabine contre lequel elle s’appuya. Elle apposa son avant-bras contre le métal froid et reposa son front sur lui, de dos à Jack. Elle risqua un bref regard vers l’arrière et vit qu’il s’engageait vers la sortie. Oui, qu’il parte. Qu’il la laisse seule. Qu’il la laisse se faire dévorer par ses démons, qu’il la laisse se reconstruire pleinement sa muraille glacée et impénétrable, car aujourd’hui, elle comportait encore des fêlures. Elle ne pouvait plus se permettre d’être aussi faible et vulnérable. Elle devait prouver au monde qu’elle pouvait tout affronter seule comme elle l’avait déjà fait par le passé. Le bruit de boîtes tombant sur le sol la tira de son mutisme. Que faisait-il ? Après avoir saccagé son cœur, il fallait maintenant qu’il saccage sa cabine ? Elle se retourna, comptant lui en faire vertement la remarque quand son sang se glaça dans ses veines sans qu’elle ne puisse s’expliquer pourquoi. Il détenait entre ses doigts une boîte. Héloïse n’aurait su dire ce qu’il y avait dedans mais pourtant elle le savait. Elle avait toujours su quelle était la plus grande source de sa douleur, mais elle avait été si atroce, que la seule manière de l’encaisser avait été de l’oublier. « NON ! JACK ! ARRÊTE ! » s’écria Héloïse en s’élançant vers Jack mais il était déjà trop tard. A la vue de ces deux petits chaussons qu’elle avait autrefois confectionnés avec amour, elle suspendit sa geste, rompant son élan. Son respiration se coupa instantanément comme sous l’effet d’un choc violent. L’étendard de ses souvenirs claqua bruyamment au vent de sa mémoire. Son bébé. Son petit bébé qui grandissait en elle. Comment avait-elle pu l’oublier ? La blonde se sentit soudain suffoquer. Ses yeux s’emplirent de larmes qui se déversèrent sur son visage pétris d’une douleur innommable. Lorsque ses yeux rencontrèrent ceux d’un Jack désemparé, elle sentit son cœur se lacérer dans sa poitrine. Elle porta une main à son cœur, le sentant se serrer douloureusement dans sa poitrine tandis qu’elle plaquait sa main contre sa bouche pour étouffer ses gémissements. Les sanglots se pressaient à une telle vitesse dans sa poitrine qu’elle ne parvenait à les contenir. Tout son corps, son être et son âme se mirent à trembler. Sa vue ne parvenait à se décrocher de ces deux petits chaussons qui auraient dû être son futur, sa plus grande source de bonheur. Ses jambes ne la tinrent bientôt plus et elle se laissa choir sur le sol, enfouissant son visage entre ses mains. « Mon bébé… » hoqueta-t-elle. La souffrante était insoutenable. Elle lui déchirait les entrailles, meurtrissait sa chair, anéantissait son âme. Elle ne se sentait plus le goût de vivre car elle n’en avait plus la raison. Son enfant était mort.
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Sam 15 Fév - 17:45
"J'oublierais
ton nom"
J'oublierai ton nom De mille façons Et cette certitude Me fait plus mal encore J'aimais cette blessure C'était toi encore
Ses doigts tremblaient faisant frémir la fine laine. Bleu et rose. Le résultat de ce présent était très clair à ses yeux. Quiconque ne connaissait pas Héloise n'aurait pas pu comprendre la signification de ces petits bouts de tissu tricotés avec amour. Mais Jack... Jack connaissait la jeune femme par cœur comme elle savait tout de lui même. Et il savait ce que cela voulait dire, c'était tout à fait le genre de nouvelle que la jeune femme annoncerait d'une telle manière. Malheureusement, rien ne se passerait comme elle l'aurait souhaité. Voilà bientôt deux ans qu'ils étaient là, deux ans qu'ils essayaient de recoller les morceaux, deux ans que cette boîte était rangée en haut de cette armoire et que le présent allant avec cette annonce n'avait jamais vu le jour. Ce présent, son enfant... Son bébé... Un bout de lui et un bout d'elle. C'était le franchissement d'un cap important dans leur histoire, c'était l'envie de créer une famille. Bien qu'il ne se serait attendu à une telle nouvelle, Jack était certain qu'il l'aurait pris l'heureuse surprise avec beaucoup de bonheur et de délicatesse. Il aurait vu ce bébé comme un cadeau du ciel, comme la concrétisation de son histoire d'amour avec Heloise. Si le paquebot était arrivé à bon port, le jeune homme aurait certainement pu lui pardonner son mensonge et accueillir l'arrivée de son bébé comme il se devait. Mais au lieu de cela, au lieu d'une joie immense, le joueur de poker était tétanisé, figé sur place, son regard allant des chaussons à Héloise qui semblait désemparée comme lui. La barrière de glace qu'elle était sembla se fissurer parce qu'elle s'écroula au sol, pleurant et murmurant d'une voix faible:
" Mon bébé... "
Son désarroi fit frissonner le jeune homme. Rien n'était plus dur que de la voir si faible. Ses pleurs le déchirait au fond de lui et lui faisait tellement mal. Au fond, Jack n'avait jamais voulu ça, il n'avait jamais été un homme méchant. Tout ce qu'il avait voulu c'était de construire un avenir meilleur pour sa sœur et sa compagne. C'était là l'envie de montrer qu'il était capable de les protéger et de les nourrir, c'était l'envie de prendre soin de sa famille. Jack n'était pas un être méchant mais ses différents avec Héloise avaient fini par avoir raison de sa bonté le transformant en un être hargneux, le poussant à dire des paroles qu'il ne pensait nullement et pourtant, il les avait dites: la jeune femme avait fini par se détourner de lui, préférant cacher la souffrance que causait ses paroles. Et pourtant, jamais il n'avait voulu cela. Mais c'était ainsi, c'était son destin et le jeune homme était certain que leur histoire venait de mourir d'une manière bien tragique, de même, il avait l'impression que plus rien n'était possible entre eux: il n'y avait plus d'espoir.
Jack était affligé et n'osait faire le moindre geste. Il regardait Héloise mais ne se dirigeait pas dans sa direction. Il était encore plus mal que lorsqu'il était arrivé dans sa cabine. Il éprouvait tellement de colère contre elle encore. Parce qu'il avait l'impression que cette annonce lui avait été caché depuis le début. Depuis leur renaissance sur le bateau, Jack pensait qu'Heloise lui avait caché la mort de leur bébé. Pourquoi? Il était incapable de le savoir et les réactions de la jeune femme lui étaient devenues étrangère, il ne la comprenait plus. Alors forcément, il avait l'impression de se retrouver face à deux femmes différentes. Celle de son passé et celle de son présent qui gisait par terre, sanglotant de toutes ses forces. Il n'avait esquissé un geste de réconfort, il était resté là, de marbre. Et puis, se disant qu'il n'avait plus à rien faire là, Jack avait pivoté pour se diriger vers la porte. Il ne voulait plus rester ici une seconde plus, cette histoire ne méritait plus d'exister, cette femme devenue une étrangère ne méritait pas qu'il puisse l'aimer. À l'amour se mélangeait ce sentiment de haine bien tenace. Ce sentiment s'était d'autant plus amplifiée depuis la découverte de ses chaussons. Il était encore stupéfait d'une telle nouvelle: il n'osait y croire et pourtant c'était bien réel, son enfant était mort
" Jamais je ne t'aurais cru capable de me cacher une chose pareille... " Murmura t-il ses yeux perdus devant la blancheur de la porte. Sa voix était nouée, douloureuse. C'était une sensation terrible qu'il ne souhaitait à personne de vivre. Lui cacher une telle chose dépassait tout entendement à la raison. Sa voix s'érailla quand il ajouta d'une voix emplie de douleur : " Tu me dégoutes... " Et sans dire mot, sans attendre une réponse de la blonde, il ouvrit la porte et sortit de la cabine laissant la jeune femme à son propre désarroi.
D'un geste rageur, il s'essuya rapidement les yeux et traversa le couloir sans faire attention à qui il croisait. Tout ce qu'il pensait était à cette conversation, à ces paroles, à cette révélation, à ces chaussons. C'était fini. Leur histoire n'avait pas survécu au naufrage du Titanic. Quatre ans. Quatre ans d'une vie emplie d'amour, d'un coup de foudre surdimentionnel. Quatre ans ou Jack avait cru qu'il avait trouvé son âme sœur, certain qu'il avait trouvé la personne avec qui il voulait partager sa vie jusqu'à ce que la mort puisse venir le prendre. Ils avaient été dans leur bulle de bonheur et la moindre difficulté avait balayé leur couple sans pitié. Jack avait besoin d'aller le plus loin possible, loin d'Heloise, loin de cette souffrance qui lui lacerait le cœur. Aussi, il prit l'un des canots et se rendit sur l'île: la solitude lui ferait du bien, l'aiderait à se calmer. Il avait toujours les chaussons avec lui et durant la traversée du bateau jusqu'à l'île, il ne cessa de les contempler. Son bébé, leur enfant... Cette pensée lui était tout simplement insupportable...
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom " Ven 21 Fév - 17:27
Si l'espoir est une flamme, la mienne s'est
éteinte pour toujours..
La douleur, intense et intolérable, broyait son cœur, son âme allant même jusqu’à faire souffrir sa chair. Comme si son enfant était encore en elle, elle éprouvait une souffrance insoutenable qui meurtrissait son ventre. Elle avait cette terrible sensation qu’une main griffue arrachait avec violence le fœtus de ces entrailles. Elle en suffoquait, étranglée de sanglots. Sa bouche était tordue sur expression de douleur mais elle ne pouvait formuler aucun mot, aucun cri. Ses lèvres ne parvenaient à formuler aucun son. Pétrie de chagrin, ses larmes dévalaient ses joues comme un torrent intarissable. Elle se sentait tellement coupable d’avoir pu oublier une telle chose. Comment une mère digne de ce nom aurait pu oublier une telle chose ? Pourquoi avait-elle renié la mémoire de cet enfant qui grandissait au cœur même de ses entrailles. Intérieurement, elle hurlait, suppliait son bébé de la pardonner, de ne pas lui en vouloir. Elle comprenait désormais d’où venait son châtiment. Ce paquebot, ces événements affreux qui se succédaient… elle n’était pas punie pour avoir menti, pour avoir pu formuler vengeance et haine. Non. Elle était punie pour avoir pu oublier son enfant. Pour avoir caché son souvenir dans les méandres de sa mémoire, enfouissant l’existence perdue de cet être dans une petite boîte qu’elle n’avait plus jamais touché. Elle l’avait renié, la douleur était bien trop grande, trop intense, trop insoutenable. Aujourd’hui, toute cette douleur qu’elle aurait dû ressentir dès lors de son arrivée sur le paquebot après sa mort, elle en était affligée. Elle n’en était d’autant plus grande qu’elle s’était accumulée depuis près de deux ans sans s’être montrée. Ils n’auraient pas déjà été tous morts, qu’Héloïse aurait souhaité mourir à l’instant même pour éloigner la douleur et rejoindre son enfant. La sentence était d’autant plus cruelle, qu’elle ne pouvait être réunie avec son bébé, elle ne pouvait le tenir dans ses bras. Elle était condamnée à passer une éternité en songeant constamment au fait qu’elle aurait pu donner naissance à cet être mais qu’il ne verrait jamais le jour. Cet enfant qui n’aurait dû être que bonheur et joie devenait le pire de ses supplices. Les souvenirs lui revenaient en mémoire, chacun étant comme une gifle brutale. Elle se rappelait du jour où elle l’avait appris, le médecin lui confirmant ce qu’elle savait déjà. Elle se souvenait du fait qu’elle souhaitait l’annoncer à Jack de la plus belle des manières possibles. Elle souhaitait qu’il puisse pleinement apprécier la merveilleuse nouvelle car une nouvelle page de leur vie allait s’ouvrir. Même lorsqu’elle avait dû reporter l’annonce de sa grossesse, elle avait pris sur elle. Elle attendrait des jours plus propices et quand ils s’étaient retrouvés sur le Titanic, elle avait été persuadée que leurs problèmes étaient désormais derrière eux. Elle était portée par l’espoir que l’Amérique serait un rêve, un merveilleux recommencement. Elle se voyait déjà à vivre là-bas, Jack ayant un vrai travail, Lydia et elle ayant une relation plus apaisée, puis une nouvelle maison pour accueil cette famille qu’ils allaient composer. Elle trépignait d’impatience à l’idée d’en parler à Jack alors qu’ils se trouvaient sur les ponts des troisièmes classes. Puis les truands étaient arrivés et ils avaient réduit tous ses espoirs à néant, puis Lydia avait tout détruit et Jack avait pris sa suite. « Jamais je ne t'aurais cru capable de me cacher une chose pareille... Tu me dégoûtes... ». Les mots de Jack la glacèrent immédiatement sur place. Son cœur rata un battement et ses yeux s’écarquillèrent, s’osant même pas comprendre ce qu’il venait de dire. Il ne pouvait croire une chose pareille ? Il ne pouvait pas réellement lui avoir dit ça ? Elle voulut se relever et le frapper, le battre jusqu’à la mort tant elle se sentait tout à coup souillée dans son honneur. Un trou béant sembla se former dans son cœur. Jack, comme une ombre menaçante, venait de lui arracher le cœur, de la piétiner sous son pied. Tout cela lui rongeait l’âme. Elle se sentait tout à coup salie, écrasée par le poids de toute cette situation. Elle se redressa vivement dans un brusque élan de rage mais le jeune homme s’était évaporé. Folle de rage, elle attrapa la boîte qu’il tenait entre les mains quelques instants plus tôt et la jeta furieusement sur la porte de la cabine. « JE TE HAIS ! » hurla-t-elle, la voix éraillée de sanglots. Elle le voyait désormais comme l’être qui avait causé sa perte, qui avait tué son enfant. Une personne dont elle devrait se venger et qu’elle devrait faire souffrir. Elle refusait qu’il s’en sorte de cette manière, qu’il s’en aille en bafouant sa mémoire. Non. Il ne méritait pas de poursuivre son existence comme ça. Elle allait se venger, le punir et sa sentence serait terrible. Une éternité de tourments où il serait emprisonné à jamais.
Fin.
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Sujet: Re: " J'oublierai ton nom "
" J'oublierai ton nom "
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